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LILLEMER |
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La commune de Lillemer ( Enez-Veur) fait partie du canton de Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine. Lillemer dépend de l'arrondissement de Saint-Malo, du département d'Ille-et-Vilaine (Bretagne). |
ETYMOLOGIE et HISTOIRE de LILLEMER
Lillemer vient de "Isle-Mer" ou Lislemer (île entourée d'eau).
Le bourg de Lillemer occupe une butte rocheuse qui domine de 9 m un marais (marais de Dol) qui constitue le fond asséché de la baie du Mont-Saint-Michel : « Lislemer est située sur une montagne dans les marais de Dol et l’on ne peut en sortir que par le moyen des bateaux (Ogée – Dict. p. 391) ».
Lillemer, insula Meur, c'est-à-dire l'île Grande, tire son nom de sa situation sur une hauteur escarpée au milieu des marais de Dol. M. de la Borderie en a raconté les origines d'une façon fort intéressante. « Comme plusieurs autres îles, comme certaines forêts, comme bon nombre de lieux écartés, déserts et infréquentés, — dit cet auteur, — l'île Meur fut pendant longtemps sans faire partie d'aucune paroisse, et dans la seconde moitié du XIIème siècle elle dépendait encore immédiatement, au spirituel comme au temporel, de l'évêque et du Chapitre de Dol. C'était là, d'ailleurs, un domaine peu productif. Aussi en 1184, Robert de Thorigné, abbé du Mont Saint-Michel, ayant témoigné le désir de l'avoir pour en faire une dépendance du prieuré de Montdol, le prélat et les chanoines dolois s'empressèrent de le lui céder, à la condition que le moine qui en jouirait et y ferait résidence s'il le voulait, paierait à l'Eglise de Dol une redevance annuelle de trois livres d'encens à la fête de saint Samson, et de trois gros cierges d'un fort poids à celle de la Purification. A ce prix, qui ne semble guère onéreux, l'évêque et le Chapitre donnèrent au Mont Saint-Michel en toute propriété, sans aucune réserve, « l'île qui est appelée Lillemuer (insula que dicitur Lillemuer) avec toutes ses dépendances en terres, eaux, bois, pescheries et toutes autres appartenances » (Semaine Religieuse de Rennes, VI, 825 - Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 774 - Blancs-Manteaux, XLV, 98, et LXXXVI, 772). Cette île était-elle alors habitée et cultivée? M. de la Borderie ne le pense pas. Dans la charte de donation, rien ne l'indique. Au contraire, s'il y avait eu dans le domaine cédé — soit des habitants, soit des cultures, l'acte aurait nécessairement réglé la question des dîmes, soit pour les donner aux moines avec le reste, soit pour les réserver à l'Eglise de Dol, soit pour les partager de façon ou d'autre entre les cessionnaires et les cédants. Or, le mot de dîmes n'est même pas écrit dans l'acte ; preuve concluante que l'île Meur était encore en 1184 déserte et inculte. « Sans doute l'abbé Robert, l'un des hommes les plus distingués de son époque, avait dessein de la faire défricher pour en faire une dépendance du prieuré du Montdol, dont les revenus étaient assez maigres. Mais Robert étant mort deux ans après, en 1186, ses successeurs, jugeant cette oeuvre trop difficile ou trop onéreuse, la négligèrent, puis, par une conséquence naturelle, cessèrent peu à peu de payer à l'Eglise de Dol la redevance convenue. Cette convention inexécutée, l'Eglise de Dol rentrait de plein droit en possession du domaine cédé, qu'elle ne tarda point de donner à l'abbaye de Notre-Dame du Tronchet. De là entre le Tronchet et le Mont Saint-Michel un petit procès qui prit fin, au commencement du XIIIème siècle, par un accord portant que le Mont Saint-Michel renonçait à tout droit sur Lillemer, à condition que le Tronchet paierait à l'Eglise de Dol les trois cierges et les trois livres d'encens, et au Mont Saint-Michel une redevance annuelle fixée à 2 mines de froment et 8 deniers d'argent. Si Lillemer avait été cultivé, c'est sur son territoire évidemment que la redevance en question eût été assise. Il n'en fut rien : pour en assurer le paiement, le Tronchet y affecta deux rentes d'égale valeur qu'il avait dans les paroisses du Vivier et de Montdol » (M. de la Borderie, Semaine Religieuse de Rennes, VI, 826). Quoique les Bénédictins du Tronchet semblent avoir fondé un petit prieuré à Lillemer, ils ne tardèrent pas cependant à abandonner ce petit coin de terre, et l'île revint encore une fois aux mains des évêques de Dol. Ceux-ci parvinrent enfin à en faire entamer le défrichement, et vers le milieu du XIIIème siècle, Etienne, qui occupa le siège épiscopal de Dol de 1243 à 1265, donna à son Chapitre les dîmes des terres novales, c'est-à-dire nouvellement cultivées, de l'île Meur. « En se développant, la culture amena sur ce sol des habitants, et bientôt la population fut assez forte pour que l'évêque de Dol songeât à ériger ce territoire en paroisse, ce qui eut lieu effectivement sous l'épiscopat de Thibaud de Pouencé, de 1280 à 1301. Le recteur de cette nouvelle paroisse et le Chapitre de Dol furent bientôt en discussion au sujet de la donation de la dîme des novales, faite aux chanoines par l'évêque Etienne. Dans une paroisse tout nouvellement défrichée, toute terre à peu près était novale, toute dîme, dîme de novale ; par là, le Chapitre prenait tout, le recteur rien. C'était trop peu. Le recteur réclama énergiquement, et enfin, en 13O7, une transaction intervint entre les parties, suivant laquelle les dîmes des novales restèrent au Chapitre ; mais celui-ci s'engagea à payer au recteur une rente annuelle de cinq mines d'orge et de cinq mines de seigle, outre quelques autres concessions qui mirent fin au procès » (M. de la Borderie, loco citato). Cette transaction fut l'oeuvre de Thibaud de Moréac, évêque de Dol, et l'on voit dans l'acte que le recteur de Lillemer s'appelait alors Nicolas Heichenoul ; il y a tout lieu de voir en lui le premier pasteur de cette paroisse («Theobaldus de Moreac dirimit controversiam inter Capitulum Dolense vendicans sibi decimam novalium de Insula Mauri, ex donatione Stephani quondam episc. Dol., antequam ecclesia parrochialis ibi esset extruta a Theobaldo de Poenceyo, et rectorem dictœ parrochiœ, etc. » - Hévin, Analyse du Livre Alanus). En 1790, le recteur, M. Pigeon, déclara qu'il jouissait du presbytère avec son jardin et son colombier, le tout estimé 30 livres de revenu, et d'une pension congrue de 500 livres ; il desservait, en outre, quelques fondations (Archives du district de Dol). Comment l'abbé de Saint-Florent de Saumur obtint-il le droit de présenter le recteur de Lillemer? Nous n'en savons malheureusement rien ; mais nous allons voir à l'instant que cet abbé exerça plusieurs fois sans conteste ce droit durant le XVIIIème siècle (Pouillé de Rennes).
Un prieuré y est fondé par les bénédictins de l'abbaye du Tronchet (fondée vers 1150) vers la fin du XIIème siècle. L'évêque de Dol, Roland, fait don de cette île de Lillemuer aux moines de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel en 1184 : ils en font une dépendance du prieuré de Montdol avant de la céder à nouveau à l'abbaye Notre-Dame du Tronchet (en Plerguer).
Au XIIème siècle, Lillemer « ne faisait partie d’aucune paroisse et dépendait immédiatement au spirituel et au temporel de l’évêque de Dol ». L’érection de Lillemer en paroisse se situe entre 1280 et 1301. Au XIIIème siècle une paroisse du nom de "Insula-Maër" (île de mer) est érigée. En 1648, il existe sur le territoire de Lillemer une maladrerie où sont soignés les lépreux. La paroisse de Lillemer faisait jadis partie de l'archidiaconé de Dol.
On rencontre les appellations suivantes : Lillemuer (en 1184), Insula Muer (au XIIIème siècle), Insula Meur (au XIVème siècle), Insula Maris (au XVème siècle), Lille-Mer et L'Isle-Mer (en 1513), Lislemer (en 1516).
Note 1 : Le Pouillé de la province de Tours, imprimé en 1648, dit qu'il existait en la paroisse de Lillemer, au diocèse de Dol, une « maladrerie, de fondation commune ».
Note 2 : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Lillemer : Nicolas Heichenoul (en 1307), Guillaume Aubin (en 1575), Blaise Hunault (1585 à 1601), Pierre Le Prince (vers 1604), Jean Placier (en 1606), Julien Baron (1617 à 1619), Pierre Baron (1619 à 1648 ; décédé en 1648), Louis Portalier (il fut présenté par le Chapitre de Dol le 20 mars 1648), Jacques Le Poitevin (1657 à 1662), Jean Massé (1662 à 1676), Jean Jacques Bazin (1676 à 1681), Antoine Thebault (1681 à 1707), François Hamon (1706 à 1712), Etienne Cosnard (il résigna en 1713), Joseph Alain (1713 à 1747 ; prêtre de Rennes, présenté par l'abbé de Saint-Florent le 29 mars 1713, il fut pourvu par l'évêque et pris possession le 20 ; décédé en 1747), Jean Faixant de Beaumont (1747 à 1748 ; prêtre de Rennes, présenté par l'abbé de Saint-Florent le 6 avril 1747, il fut pourvu le 29 et prit possession le 30 ; il permuta avec le suivant), Joseph Gallon, curé (en 1748), Louis Jouano (1748 à 1750 ; précédemment recteur de Calorguen, pourvu en cour de Rome, reçut son visa le 3 décembre 1748 de l'archevêque de Tours, sur le refus de l'évêque de Dol, et prit possession le 17 janvier 1749 ; il permuta avec le suivant), Nicolas Lebeurier ou Le Beurier (1750 à 1763 ; prêtre de Dol, précédemment chapelain de la Ville-au-Bel, en Saint-Guinoux, fut pourvu le 31 août 1750 ; décédé en 1763), Jean-Joseph-Julien Pelé (1763 à 1787 ; vicaire à Rimou, pourvu le 25 juillet 1763, prit possession le lendemain ; décédé en 1787), Charles Saint-Pez, curé (vers 1776), Joseph-Anne Pigeon (1788 à la Révolution ; prêtre de Dol et vicaire à Lanvallay, présenté par l'abbé de Saint-Florent le 3 janvier 1788, fut pourvu le 22 et prit possession le 24 ; il fut réinstallé en 1803 ; décédé en 1808), Augustin Delalande (en 1791), Joseph Pigeon (1803 à 1808), Jean-François Artur (1808 à 1818 ; décédé en 1818), François-Jean Durocher (1818 à 1832 ; décédé en 1832), Félix Marqué (1832 à 1861), N... Monnier (1861-1865), Julien Lebret (1865 à 1867), Emmanuel Dupont (1867 à 1872), Jean Chauchix (à partir de 1872).
Voir aussi " Cahier de doléances de Lillemer en 1789 ".
PATRIMOINE de LILLEMER
l'église Saint-Eloi (1837), édifiée en remplacement d'un édifice religieux datant du XIIIème siècle et détruit en 1836. Saint Eloy est le patron de l'église de Lillemer, très-fréquentée par les pèlerins à l'occasion de sa fête ; on y amène même des chevaux, comme en Basse-Bretagne. Jadis le marquis de Châteauneuf laissait des droits de seigneur supérieur, fondateur et prééminencier à Lillemer, et il y avait dans l'église ses armoiries et sa litre. L'édifice actuel, construit en style néo-grec en 1837, a été bénit l'année suivante ; il présente un attique sur sa façade principale (Pouillé de Rennes). Le chœur, oeuvre de l'architecte Jean Gabriel Frangeul et du sculpteur Joseph de Rochefort, date de 1838. Les stalles datent de 1838 ;
l'ancien prieuré Notre-Dame, aujourd'hui disparu, et jadis membre de l'abbaye du Tronchet. En 1277, l'official de Dol attesta qu'une femme appelée Odie, et surnommée Labinete, avait donné, du consentement de son fils Pierre, au prieuré et au prieur de Lillemer, « prioratui et priori B. M. de Insula Mauri », le produit d'un clos de vigne situé en Miniac et les dîmes d'un fief tenu par Jean et Raoul, son frère (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). Cette donation faite en faveur des religieux du Tronchet prouve que ces derniers avaient fondé un petit prieuré à Lillemer. Nous verrons, en effet, plus tard que l'évêque de Dol céda Lillemer d'abord aux moines du Mont Saint-Michel, puis à ceux du Tronchet. Il ne parait pas que les premiers s'y soient établis, et il semble que les seconds n'y firent qu'un court passage, car dès la fin du XIIIème siècle il n'est plus question d'eux à Lillemer et le prieuré de ce nom n'apparaît plus dans les chartes locales (abbé Guillotin de Corson) ;
la croix de mission (1899) ;
l'ancien manoir de la Roche, situé sur la route de Roz-Landrieux. Propriété de la famille de Lorgeril en 1500 ;
le colombier (XVIIème siècle) du presbytère ;
2 moulins dits de Lillemer ;
A signaler aussi :
la découverte de plusieurs objets (grattoirs, pointes de flèche,…) de l'époque néolithique sur la butte de Lillemer ;
ANCIENNE NOBLESSE de LILLEMER
Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence d'aucun noble de Lillemer.
Lors d'une réformation de l'évêché de Dol en 1513 (rapport fait en partie par Guillaume Collet, Guillaume Le Marchant et Jamet Plainfosse, élus), sont mentionnées à Lillemer (Lille-Mer ou L'Isle-Mer) les personnes et maisons nobles suivantes :
Guillaume Busnel, homme roturier qui se dit noble parce qu'il a épousé une demoiselle ;
Jean Saillart, qui se dit noble ;
Jean de Rieux, tuteur de Jeanne de Rieux, possède la métairie des Hautes-Mottes ;
Jean Cadiou, par cause de Françoise de Launay, sa compagne, sortie de la Ville-Armaye, possède le manoir de Malletasse ;
Noble homme Guillaume Le Bouteiller, juveigneur de la maison de la Chesnaye en Roslandrieuc, a acquis terres et rôture, dont jouit à présent Guyon du Cartier, se disant gentilhomme, et sa vacation est de se mesler des affaires des gentilshommes du pais ;
Michel Le Bouteiller, frère du sieur de Maupertuix, a acquis terres en rôture, dont jouit Jean Le Bouteiller, sr. de Maupertuix ;
Etienne Le Fils-Hus, sieur de la Fresnaye, qui se dit noble, a acquis terres de rôtures.
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