|
Bienvenue ! |
L'ANCIENNE PRISON DE LOUDEAC EN 1803. |
Retour page d'accueil Retour Page "Ville de Loudéac"
Jollivet : Les Côtes-du-Nord, tome 4, Guingamp, 1859, p. 283, décrivait l'ancienne prison de Loudéac comme « Un vieil et sordide édifice, auquel la mémoire des hommes n'assignait aucune date. (Il) occupa jusqu'au commencement de ce siècle, le beau milieu de la ville de Loudéac, répandant autour de lui les miasmes infects dont il était le foyer (...). Il se composait du logement du concierge, accolé à un cachot fétide et d'une seule et unique chambre... La nuit cependant, les femmes étaient transférées dans un espace sans nom à peine abrité ». Cet état des lieux subsista jusqu'à la Restauration. Lenôtre dans la Mirlitantouille (édition de 1952) (p. 149-150) rapporte que Joséphine de Kercadio y fut incarcérée... comme bien d'autres. La pièce suivante du 11 frimaire an 12 (3 décembre 1803) témoigne que la description de Jollivet n'était pas exagérée.
« Pétition de la mairie
de Loudéac pour la construction d'une nouvelle prison. ».
« Au Préfet des
Côtes-du-Nord — Citoyen Préfet — Depuis plusieurs années l'administration
municipale de Loudéac et le conseil de la commune ont demandé la translation de
la prison civile de ce chef-lieu dans un autre terrein communal, leurs motifs
étoient :
1° que cet édifice ne consistant que dans un embas de cinq mètres
trois décimètres en carré, servant de demeure au concierge, d'une chambre au
dessus, de même grandeur, pour maison d'arrêt et prison civile et d'un cachot à
côté de l'embas pour les criminels, contenant deux mètres six décimètres de
largeur, sur cinq mètres trois décimètres de longueur, il se trouvait trop
reserré pour le nombre des détenus qui s'y trouvaient habituellement et que les
deux sexes s'y trouvoient confondus et entassés, pèle-mèle, faute de local
séparé.
2° que la prison n'ayant aucune issüe et située au milieu d'une
petite place et entourée de maisons, il n'étoit pas possible de faire prendre
l'air aux détenus, ce qui tous les ans occasionnoit des maladies épidémiques
dont bientôt les voisins étoient atteints et qui se répandoient ensuitte dans
toute la commune.
3° que le nombre des prisonniers
étant habituellement de trente à quarante et souvent plus, les lieux d'aisance
sont continuellement pleins et engorgés ; que les matières fétides s'extravasent
au travers des murs ; répandent des odeurs pestilentielles qui infectent les
habitans des maisons voisines, corompent l'air et contribuent aux épidémies.
4° que la rüe passant derrière cet édifice est si étroite qu'un roulier ne peut
y passer pour pénétrer dans la rüe au dessous dite notre dame...
Le Conseil d'arrondissement dans sa dernière session, reconnoissant que la prison de Loudéac est celle de tout l'arrondissement, et qui a intérêt que des citoyens quelquefois soupçonnés, sans être coupables, et des détenus pour cause de dettes, ne soient pas confondus avec des criminels ; que des femmes ne soient pas mèlées avec des hommes ; que tous enfin, s'ils ont le malheur d'être privés de la liberté, respirent au moins un air pur et sain, a demandé la construction d'une nouvelle prison, et a être autorisé pour faire face à la dépense, à lever sur tout l'arrondissement une somme de trente mille francs et ce dans le terme de trois ans... ».
« Cependant, Citoyen Préfet, il est intéressant, il est
instant même que (l'autorisation du gouvernement) nous soit promptement
accordée :
1° parceque cette prison n'appartient pas à la commune mais au
citoyen Rohan-Chabot, ci-devant seigneur de Loudéac, et qui récemment a vendu
tous ses biens.
2° parceque par le plan de la Ville et la nouvelle grande
route de Paris à Brest, laquelle doit traverser Loudéac, la prison doit
disparaître entièrement.…
4° parce que le grand nombre des détenus
auxquels on ne peut faire respirer l'air, occasionne fréquemment des maladies
épidémiques ».
« Elle existe encore cette épidémie, et depuis le premier frimaire courant, sept détenus en sont morts, dix huit sont à toute extrémité et tous les jours quelqu'un en est atteint Si elle est considérable dans la prison, elle ne l'est pas moins dans toute la commune, et particulièrement dans le chef-lieu. Le registre des décès prouve que depuis le premier vendémiaire dernier, quatre vingt-dix sept individus sont morts, ce qui donne pour deux mois dix sept jours, plus que le tiers des morts ordinaires dans l'année. Celui de l'an onze prouve également un excédent de plus d'un tiers sur la mortalité des années communes... ».
« En Mairie à Loudéac ce onze frimaire an douze de la république française. » (signé) Mahé, maire.
© Copyright - Tous droits réservés.