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HISTOIRE DU CHÂTEAU DE LOYAT |
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HISTOIRE DU CHATEAU DE LOYAT.
La principale fonction du seigneur dominant, au moyen-âge, était le devoir militaire. Il nécessitait la construction d'une forteresse à l'abri de laquelle les hommes liges pouvaient, en cas d'attaque, trouver un abri. La vicomté de Loyat eut-elle sa forteresse ?
Le premier château de Loyat fut bâti par son premier vicomte, un fils, gendre ou cousin du comte de Porhoët. Sa construction, selon toutes les probabilités, coïncida avec l’origine de la vicomté fondée entre 1153 et 1185.
Nous sommes portés à croire que cette maison (elle s'appelait Loyat ou Pentavouët [Note : Voir aveu de Samson Chomel à Amaury de Fontenay (1414), série E, titres de Loyat, arch. d'Ille et-Vilaine] fut une forteresse, car on voit encore au midi des douves assez bien conservées [Note : Vers 1855, Mme de Champagny, alors propriétaire du château, employa les pierres appareillées de ces douves à construire l'avenue qui va du manoir à la route de Josselin. Jadis existaient aussi derrière le château des fossés profonds, aujourd'hui comblés par une immense terrasse (Voir lettre de M. Delourme, architecte du château actuel, à M. de Coëtlogon, 8 octobre 1712)]. De plus, dans les anciennes réformations de l'évêché de Saint-Malo [Note : Éditées par M. des Salles], 1426, p. 57. — 1513, pages 198 et 1517 (suite), le vicomte de Loyat a un droit de guet de 36 livres. Or ce droit indique le château fort.
Le second château a été construit à l'emplacement du premier, vers 1500, par Béatrix de Rostrenen. Son nom de « Pandonnet » viendrait, dit-on, de ce que la dame de Loyat, Béatrix de Rostrenen, veuve de Jean III d'Acigné, donnait, en guise de salaire, du pain aux ouvriers, d'où « pan donné ». D'après M. Rosenzweig [Note : Dictionnaire topographique du Morbihan, p. 306], ce nom ne fut accolé a celui de Loyat qu'au XVIème et au XVIIème siècle pour désigner particulièrement le château de cette seigneurie.
Ce manoir noble était une grande et forte maison avec salles, chambres, antichambres hautes et basses, cabinets, pavillons, escaliers, offices, cuisine, boulangerie, écuries, grange et autres maisons à l'entour du château, four, puits, jardin bas et haut, parterres, terrasses, cour de cuisine, basse-cour et ménagerie, le tout clos et fermé de murailles et contenant par fond huit journaux. Au-dessous du jardin, un verger planté d'arbres fruitiers en palissade de plein vent [Note :Déclaration de Louis de Coëtlogon, 21 juin 1680, faite aux commissaires du roi pour la réformation des domaines. Registre terrier, série : déclarations B-1999, archiv. de la Loire-Inférieure. Voir aussi ibidem aveu de Jean d'Acigné, 1529].
Une chapelle située au-devant du château, du côté vers soleil couchant, mesurait trente-cinq pieds de longueur sur vingt-cinq de large.
Vis-à-vis la chapelle la fuie et colombier, au haut de l'ancienne avenue qui allait de la porte d'entrée du château jusques à l'étang de Garel.
A la fin du XVIIème siècle, le manoir de Béatrix de Rostrenen menaçait ruine. Son propriétaire, René-Charles-Elisabeth de Coëtlogon, entreprit de le rebâtir de fond en combles.
Il commence par la basse-cour, sa clôture et les deux pavillons. Les métayers de la Porte (ferme du château), de Kérétaux, de Létéhan [Note : Kerboquelion ne fait partie de la propriété du château que depuis la Révolution : cette terre fut achetée par M. de Champagny], en Loyat, de Travoléon et de Bresleau, en Ploërmel, charroient la pierre de taille, le bois, les ardoises (1713) [Note : Pour les travaux de cette construction et son ameublement, nous avons consulté le « livre de raison » écrit de la main de René-Charles-Élisabeth de Coëtlogon (1713-1730), plusieurs quittances de lui et sa correspondance avec son architecte M. Delourme, de vannes. (archiv. du château de Loyat)].
Le 9 mai 1718, on jette les fondations de la nouvelle demeure seigneuriale. M. Ollivier de Lourme, architecte et négociant à Vannes, au nom de Messire Alain-Emmanuel de Coëtlogon, vice-amiral de France, pose la première pierre [Note : Le devis s'élevait à 27.000 l. « pour l'accommodement du corps du logis ». Nous ignorons à combien montaient les dépenses totales. Quoi qu'il en soit, à défaut de talent, M. Delourme était animé des meilleures intentions. Le 16 juin il écrivait à M. de Coëtlogon : « J'ai votre bâtiment plus à cœur que vous ». En 1712 le même architecte avait dressé le plan de l'église actuelle de Loyat avec la tour]. Monsieur de Coëtlogon, vicomte de Loyat, y fait encastrer une plaque de cuivre rouge dont le coût, y compris l'inscription, se monte à soixante-six livres. Ce jour-là, tous les ouvriers reçurent un double salaire.
Nous voyons par son livre de raison, autrement dit de dépenses, que M. de Coëtlogon multiplie ses aumônes et ses actes de piété, afin d'attirer sans doute les bénédictions de Dieu sur son entreprise. C'est, qu'en effet, bâtir à cette époque un château important à Loyat, n'était pas une mince affaire, à cause de la difficulté des charrois et des moyens de communication.
Nous pouvons très bien nous rendre compte de ces difficultés, puisque les chemins du moyen-âge, et on peut dire jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle [Note : Dans une séance du 15 janvier 1854, le conseil municipal de Loyat vote une somme pour rendre praticables les rues du bourg], existent encore dans le bourg et les villages tels du moins pour le tracé que dans les aveux du XIVème et du XVème siècle.
La route de Ploërmel à Loyat passait par le tertre au-dessus du pont, suivant le chemin de la Chapelette entre le prieuré et ses dépendances à l'est, pour se continuer jusqu'à Guilliers par les grées de Tréguier, deuxième tertre non moins rocailleux, aussi inaccessible aux charrettes que le premier.
Une autre route, celle de Paimpont, Concoret, Néant, Josselin, avant de traverser notre bourg, aboutissait au chemin de sous la voie appelé vulgairement « sous le Heil ». Là, les chevaux et les bœufs pouvaient trouver des ornières, le voyageur, l'ombrage en été, mais en hiver, la boue, l'eau, l'obscurité.
Que dire des chemins de village ! Les registres de la juridiction nous apprennent que, à la fin du XVIème siècle, ceux de Kersamson et des Quilly à Trégadoret sont en si mauvais état « qu'il est impossible d'y passer ny repasser à pied ny à cheval ». Avant de servir de tremplin électoral, les chemins ruraux furent de tout temps la source de grosses difficultés.
Le château de Loyat eut son chemin propre (soit dit sans jeu de mot), car ce chemin qui prenait au pont de Loyat, gauche, traversait les marécages de Poulhouen puis un terrain sans consistance entre les « bandes » [Note : On appelle bandes, à Loyat, de grands domaines formés par la réunion des champs des particuliers] de Poulhouen et de la Vallée.
Si, pour conduire des villages un fut de cidre au bourg ou à la ville voisine Josselin, Ploërmel, il fallait deux chevaux, et pas encore des haridelles ! quels obstacles les charretiers ne durent-ils pas rencontrer à mener le sable, les pierres de taille, les arbres ?
Ajoutez à cela les déplacements de M. de Coëtlogon aux Etats, à Paris, à la cour, une santé précaire (M. Moreau, médecin à Rennes, lui fait assez souvent des saignées, tandis que M. de la Bletterie, apothicaire en la même ville, se contente de saigner la bourse de son noble client) ; les lenteurs de l'architecte à fournir ses plans et devis, absorbé qu'il était par son commerce, des restaurations à l'abbaye de Prières, la construction du château de Kerguéhennec [Note : Occupé vers 1909 par M. le Comte Lanjuinais, président de « l'Association Bretonne »] ; la difficulté de trouver des harnais ; en 1713, (M. de Coëtlogon faisait bâtir depuis 1707,) quantité de bestiaux crèvent faute de nourriture ; le foin qui se vendait d'ordinaire 10 francs les 1.000 livres, monta à 30 francs : toutes ces raisons expliquent facilement que la construction du château ait traîné en longueur [Note : Notons en passant les infidélités du bureau de poste de Ploërmel qui gardait parfois les lettres de M. de Coëtlogon à son architecte un mois durant (lettre de M. Delourme à M de Coëtlogon, 20 mars 1708)].
Maître Pottier leva le plan du terrain, de la maison, de la cour, etc. L'architecte du bâtiment fut M. Delourme, l'entrepreneur M. Lucas. Taupont fournit une équipe de maçons.
Ils essemillèrent la pierre de la corniche et de l'entablement sous la direction de la Bonté. De tout temps cette paroisse a compté un grand nombre de prêtres et de maçons. D'où le proverbe : « Qui ne peut faire un prêtre à Taupont, de son gars fait un maçon ».
Le moellon ou schiste vert provient de Loyat ; le granit des carrières de Coélo et de Sainte-Catherine [Note : Près Josselin. M. de Coëtlogon demandait à M. de Lesquen une autorisation écrite de tirer du granit en sa carrière. Le Vicomte de Loyat reçut cette noble réponse : « MONSIEUR, ..... Comme j'ai l'honneur d'être gentilhomme, je ne sais ce que c'est que l'intérêt à l'égard des gens de qualité. Ainsi. vous pouvez faire travailler sur ma parole dès qu'il vous plaira..... » « A Carmené, le 23 Septembre 1708 »], les ardoises sortirent du Blosseau en Ploërmel, de Callac et de Rochefort-en-Terre, le fer des forges de Paimpont. Les superbes poutres en chêne de futaie furent tirées de la forêt de Lanouée ; pour la charpente on employa un grand nombre de chênes achetés dans la paroisse, au bourg, aux villages de Trégadoret, Cantomheuc, Kerboët, Penhoët. Les cordes destinées à monter les matériaux venaient d'une corderie de Guilliers [Note : Guilliers était renommé pour ses cordes dès le XVIème siècle. (Voir registres de la Fabrique de Loyat, 1527-1603, Archiv. d'Ille et Vilaine)]. M. de Coëtlogon se procura la latte à Coëtlogon, quelques bois de menuiserie à l'Hermitage, les boiseries et ouvertures en Hollande. Ces bois exotiques, plongés depuis longtemps dans l'eau salée, finissaient par acquérir une dureté excessive, ne gondolaient plus et offraient une grande résistance aux intempéries des saisons.
La chaux arrivait par l'Oust à Saint-Servan [Note : Près Josselin]. En 1723, quarante chevaux allèrent un jour en chercher. Hélas ! il n'y avait qu'une barrique. Pour le prix de la barrique et le voyage des chevaux, M. de Coëtlogon versa 68 livres.
Avec les ouvriers M. de Coëtlogon sait quelquefois bourse délier en leur faveur. Aux charpentiers, il fait un présent en argent, aux perréyeurs il offre du tabac, aux maçons il donne des gratifications pour célébrer par quelques rasades leur fête patronale de l'Ascension. Ce grand seigneur avait un cœur généreux pour les humbles : paie-t-il un quincailler, un tapissier ? Un pourboire est réservé aux garçons.
En 1728 l'intérieur du château n'est pas terminé. Son propriétaire achète du plâtre aux Augustins de Malestroit. Il paie 54 livres à Madame Julien Ollivier et à son garçon pour avoir placé les sonnettes. Le peintre la Violette et le serrurier Tacquet — deux noms propres à leur métier — travaillent dans le manoir.
René-Charles-Elisabeth de Coëtlogon ne délaissait point les ouvriers du pays : c'était façon à lui de résoudre un point de la question sociale. Il a recours, c'est vrai, aux maréchaux de Ploërmel, Berruyer et Delisle, pour ferrer les chevaux de selle et de carrosse, mais les outils sont fabriqués chez Pierre Pigot, maréchal au bourg, ou chez un forgeron de Penhoët ; nous trouvons également des mémoires signés de le Bastard, sellier au bourg. Thibaudeau, chandelier au même lieu, vend du suif, de la graisse, de la cire, pas de chandelle, croyons-nous. Rochefort, épicier, également au bourg, fournit café, sucre, poivre, un boucher de la Villehein de la viande naturellement.
Un fait tout à l'honneur du vicomte de Loyat : les harnois qui amenaient des matériaux pour la construction du château, avaient passé sur les terres de Perrine Roulin de Caulne en 1721. M. de Coëtlogon lui fit remettre 4 livres 18 sols pour réparer le dommage.
Le 13 janvier 1731 M. de Coëtlogon reçoit sous forme de lettre, une quittance générale de ce qui était dû aux perréieurs de Coélo. Nous la citons parce que caractéristique de la politesse du temps.
« MONSIEUR,
Vous, voudrez bien que j'ai l'honneur de
vous souhaiter à vous et à Madame la comtesse de Coëtlogon une heureuse année et
tout ce qui vous fait plaisir. La dernière fois que les perréieurs
furent vous trouver, vous me fites l'honneur de m'écrire. Vous me marquiez que
vous les aviez payés définitivement. Je ne les ai point vus depuis. Pour moi
j'étais en avance de quatre livres et quelques sous. Madame de
Coëtlogon me les fit tenir par Monsieur Prieur, recteur de Saint-Servan. Ainsi je ne vous demande rien que
l'honneur d'être à vous et à Madame, Monsieur, votre très-humble et
très-obéissant serviteur. KERVOYER DE KERHEL ».
Voici encore relative au château une note de fournisseur, mais dont le ton contraste singulièrement avec cette politesse presque exagérée que nous sommes habitués à trouver sous la plume des plus humbles commerçants de l'époque. L'auteur, un gars de la Poterie, parle sans gant ni forme au seigneur. Nous respectons scrupuleusement le style et l'orthographe :
« J'ay donné au nommé Sallemont dis barique de chaux pour Monsieur
le compte de Coëtlogon qui mon couté quarante cinq sous la
barique qui est de très bonne chaux que j'ay fait faire exprès et fait mesurer
devan moy, mais il ne faut pas que Monsieur le Conte croye retrouver sont
conte la, car cela se diminue beaucoupt dans les chareste.
A la
Poterie [Note : Près de Redon], le 5 aoust 1732.
Michel LÉVESQUE ».
Le marchand avait prédit juste ; au bas de la feuille on lit : reçu à Loyat neuf barriques de chaux et un tiers.
M. de Coëtlogon n'avait pas attendu que son château fût
terminé pour songer à son embellissement intérieur. En 1714, il achète des
meubles à Coëtlogon [Note : Côtes-du-Nord, près la Trinité-Porhoët] 400 l. 10 s.
et une tapisserie 564 l.
1719 : 18 aunes de
damas ........ 596 l. 10 s.
1729 : à Paris, un fauteuil chez
les sœurs de S Agnès ..... 25 l. 10 s.
Un meuble de Damas cramoisi, lit avec galons
d'or,
tapisserie, un sofa et 6 fauteuils ....... 1500 l.
Autre lit de
brocart doublé de satin ...... 816 l..
D'autre part, nous savons par les quittances de ses tailleuses, que Madame René de Coëtlogon avait un goût très marqué pour les robes de satin et de damas, Son marie, dans la circonstance, allait donc au-devant de ses désirs.
En prenant livraison de sa marchandise, M. de Coëtlogon paya aux garçons tapissiers 3l., pour douane et port au messager 78 l., emballage et caisses 72 l., port jusqu'à Rennes 105 l. 7 s. 6 d.
Jean Paradis (nom prédestiné) messager deliennes à Mauron, transporte toutes les commissions de Rennes au château de Loyat. Il indique comme aux messageries royales, la nature, la qualité, le poids du colis. Le tout est pesé au poids au duc et le tarif fixé à 6 deniers par livre.
Le nouveau château fut en outre pourvu de belle vaisselle : flambeaux à médaille, cuillers et fourchettes en argent, plats en belle porcelaine du Japon. En 1730, la luxueuse vaisselle du maréchal de Coëtlogon vint enrichir la table seigneuriale.
Le château bâti par René-Charles-Elisabeth de Coëtlogon présente l'aspect d'un vaste hôtel privé de tourelles, avec deux ailes légèrement accusées et des fenêtres sans nombre [Note : 94 fenêtres]. Il est plus remarquable par ses dimensions que ses qualités architecturales. M. de Coëtlogon désirait un vaste perron devant son château. A quoi M. Delourme [Note : On trouve dans la correspondance : de Lourme et Delourme] répondit par une lettre du 10 janvier 1708 :
« MONSIEUR,
Je vous dirai que je ne suis point du
sentiment de mettre des perrons à la façade des bâtiments. Il n'y a rien, à
mon goût, de si désagréable et qui soit moins dans les règles de
l'architecture, surtout quand ces appendices atteignent la hauteur que vous me
proposez. Je vous en citerai un exemple sur le plus bel ouvrage de la province :
le Palais de Rennes ; un second : la maison épiscopale de Vannes. Ces monuments
seraient fort beaux si les perrons ne les aveuglaient pas. Quant au perron de la
maison de ville à Vannes, c'est moi qui l'ai fait exécuter ; il est en fer à,
cheval, mais non tel que le marque vôtre figure ».
M. de Coëtlogon ne trouvait pas assez riche le plan d'élévation. Son désir était d'ajouter à la face du vestibule, un ordre d'architecture. — Dans sa lettre du 2 mars 1709, M. Delourme lui fit ces remarques : « Ce genre de sculpture, vous seriez obligé de le mettre tout autour du bâtiment ou au moins de la façade, ce qui entraînerait une dépense supplémentaire de plus de 5.000 l. .... Mettre seulement un morceau d'architecture à une pièce me paraît aussi ridicule qu'un colifichet ou un justaucorps dont les manches seraient de drap fin et le rest de gros drap ».
Depuis sa construction, ce manoir a été le témoin morne de bien des vicissitudes en France... En 1792, son propriétaire Emmanuel-Louis de Coëtlogon étant mort sans enfant, Loyat fut sequestré, pillé ; des vandales mutilèrent les armes de la façade.
Vers 1890, des poteaux de sapin étayaient le fronton crevassé qui supporte les armes des Coëtlogon ; un écartement considérable des murs s'étant produit, l'édifice menaçait ruine. C'est alors que M. Delprat, son propriétaire, prenant conseil de M. Regnault, architecte à Rennes, fit chauffer d'immenses barres de fer transversales. Leur refroidissement simultané détermina sur toute la longueur des murs un rapprochement de la verticale en même temps qu'une stabilité suffisante. Dès lors, les parties supérieure et centrale de la muraille devenaient faciles à consolider. Les travaux furent poussés activement et les armes des Coëtlogon réparées avec un goût exquis. Elles sont de gueules à trois écussons d'hermine posés 2 et 1. Deux hermines au naturel avec le mantel attaché au cou flottant et herminé supportent l'écu. Il est timbré d'un casque au fond grillé et damasquiné d'or, assorti des lambrequins de gueules et d'hermine et surmonté d'une couronne de marquis. La devise qui accompagne ces armes est : « de tout temps » en breton « a peb amzer ».
Durant près de 25 ans les nouveaux propriétaires du château vont consacrer à sa restauration et à son ameublement un zèle inlassable. Les parties les plus remarquables sont le vestibule à l'extrémité duquel se trouve une chapelle intérieure, l'escalier en ressaut avec une rampe de fer forgé, le grand et le petit salon ornés de tapisseries anciennes, la salle à manger où se voit un très beau portrait du cardinal de Fleury peint par Rigaut.
Des étangs poissonneux, des prairies verdoyantes, des bois superbes, giboyeux, sillonnés d'avenues spacieuses, font de l'habitation seigneuriale un séjour délicieux au premier soleil du printemps. Ces allées sont en majeure partie l'œuvre de M. Delourme, l'architecte du château. Dans son intention, elles devaient transformer le bois en bosquets, ménager d'agréables points de vue et afin permettre de ravissantes promenades, même en carosse, sous le frais ombrage des avenues prolongées jusqu'à l'étang de Garel et sur la lande de Crénion.
(P. Martin).
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