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LES FRERES MINEURS OU CORDELIERS DE BODELIO A MALANSAC |
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Bodélio est un village de la paroisse de Malansac, situé dans le parc de ce nom, dit aussi parc de Rochefort.
C'est là que Jean III, seigneur de Rieux et de Rochefort, fonda un couvent pour les Observantins ou Cordeliers.
L'acte de fondation étant perdu depuis longtemps, il y a hésitation sur la date véritable : Albert le Grand donne 1440 et Ogée 1441 Or, à ces deux dates, Jean III ne vivait plus ; il était mort depuis le 8 janvier 1431. C'est donc au plus tard en 1430 qu'eut lieu la fondation.
Quant à la dotation, on ne la connaît pas d'une manière positive, mais d'après les comptes fournis par le dernier gardien en 1790, les seigneurs de Rochefort payaient au couvent 102 livres par an, et lui fournissaient annuellement 13 perrées de froment et 12 cordes de bois ; il y avait de plus la jouissance de l'enclos, du jardin et d'une prairie.
On trouve dans le compte du trésorier général de Bretagne pour l'année 1501, la mention d'une somme de « 50 livres aux Cordeliers de Boudelieu, et 50 livres aux Cordeliers de Bernon » (Pr. III. 857). Pour ces derniers, c'était une rente annuelle ; en était-il de même pour les premiers ? — C'est à présumer, mais la preuve fait défaut.
Les Frères Mineurs de Bodélio sont mentionnés en 1480, avec ceux de Bernon, du Blavet et de Pontivy, dans une lettre d'Olivier de Kerriec, vicaire général de l'évêque de Vannes, à propos d'un monitoire.
En 1598, le Fr. Julien de Langle était gardien de Bodélio. Ces deux mentions sont tout ce qu'il a été possible de donner pour le XVIème siècle, les archives de la maison ayant disparu au moment de la Révolution. Fr. Jacques Huau était gardien en 1603.
L'église de ce couvent fut refaite ou au moins réparée en 1631. Ce qui le fait croire, c'est qu'on a trouvé en 1855, dans les ruines de cet édifice, les fragments de la pierre fondamentale de l'autel, portant cette date, avec plusieurs sentences tirées de l'Écriture sainte.
On avait gravé sur cette pierre deux écussons, représentant, l'un trois pommes de pin et l'autre trois trèfles avec une molette en abîme. Or ces armes se rapportent à Valentin de Talhoët et à Jeanne Le Lagadec, sa femme, seigneur et dame de la Grationnaye en Malansac depuis 1630. Voilà deux bienfaiteurs connus, grâce à leurs armes.
Vingt-deux ans plus tard, on refit le cloître. Sous un des piliers on a trouvé une pierre portant l'inscription suivante en capitales romaines.
« Au nom du Père et du Fils et Saint Esprit, première et fondamentelle pierre de cet édifice, posée ce 20 janvier 1653 par Messire Charles du Mas, âgé de 16 ans, fils aîné de haut et puissant seigneur Messire René du Mas, marquis du Brossai, compte de Mesnil, baron du Cartier, seigneur de Montogé Fontenaille, mareschal de camp, et d'illustre dame Gillonne de la Marzellière ».
Sur la dite pierre était gravé un écusson, parti au premier fretté, avec un chef échiqueté, au second à une fleur de lys et demie : ce sont les armes en alliance de René du Matz et de Gillonne de la Marzelière. Voilà deux nouveaux bienfaiteurs du couvent.
Les Frères Mineurs de Bodélio ne paraissent pas avoir accepté la réforme des Récollets : on ne les voit jamais en rapport avec eux, et ils ont conservé jusqu'à la fin le nom de Cordeliers.
Au XVIIIème siècle, le couvent devint une maison de force, où l'on recevait tous ceux qui étaient présentés avec des lettres de petit cachet.
Outre la dotation mentionnée ci-dessus, les religieux avaient des fondations et des rentes, figurées dans le tableau suivant, dressé par le gardien en janvier 1791.
« Fondation de Troteminard, payable au 9 janvier. 6
livres.
Fondation des Castellan, aux Fougerêts. 5 livr.
Fondation dê Jeanne Béguilloux. 7
livr. 10
Fondation de Jacques de Bodéan. 20 livr.
Fondation de Messire Evenard. 6
livr.
Fondation de Mademoiselle de Cavaro. 12 livr.
Fondation de Henri de Couessin. 9 livr. 7
Fondation de
M. du Faouédic, en grain, vendu. 44 livr. 16
Fondation de Catherine Le Meignan, en
grain. 40 livr.
Fondation de Jean Buinard, en grain, vendu. 40 livr.
Fondation de
Jacquette Chevrel, en grain, vendu. 23 livr.
Fondation de Mademoiselle de la Planche.
15 livr.
Fondation de Mademoiselle Boccan. 10 livr.
Total : 238 livres 13.
Rente sur Jean Mahé, de Malansac. 6 livres.
Rente sur une maison à Bedon. 3
livr.
Rente sur une
autre maison à Redon. 38 livr.
Rente sur les Aides et la Gabelle. 40 livr.
Rente pour une
fondation royale. 25 livr.
Rente sur les forges de Paimpont. 8 livr.
Rente sur Louis Meny
et consorts. 7 livr.
Rente sur M. Rocher, de Sixt. 12 livr.
Rente sur Julien Sérot, de
Rieux. 6 livr.
Rente sur trois particuliers. 8 livr.
Rente sur Michel Le Tertre et
consorts. 5 livr.
Rente sur Julien Dando, de Ruffiac. 5 livr.
Rente sur Julien Guinais, de
Saint-Jacut. 8 livr. 10.
Rente sur Jean-Louis Guilloux, de Caro. 15 livr.
Constitut sur
Gloux et consorts, de Malansac. 27 livr. 11.
Constitut sur Jean Méaude, de Malansac. 8
livr. 6.
Constitut sur Jean Poirier, de Malansac. 6 livr.
Constitut sur les enfants
Gousset, de Molac. 40 livr.
Vente du foin de la prairie. 60 livr.
Total : 328
livrres 7.
Arrêté à Bodélio, en janvier 1791. Fr. Jérôme de Haudressy, gardien ».
Note : L'ordre de Saint-François d'Assise, fondé en 1209, a subi dans le cours des siècles plusieurs réformes partielles. La plus considérable et la plus célèbre de toutes les congrégations réformées fut celle qu'on nomma de l'Observance régulière. Fondée en Italie par Frère Paulet de Trinci en 1368, elle passa en France en 1388 et s'étendit graduellement sur tout le territoire. Elle obtint en 1444 d'être gouvernée par un vicaire général, qui fut tout d'abord saint Bernardin de Sienne ; il y eut même bientôt deux vicaires généraux l'un pour les provinces de l'Italie, l'autre pour les autres contrées. Ces vicaires généraux étaient simplement confirmés par le ministre général de l'Ordre ; mais dans leur administration ils ne relevaient que du Saint-Siège. En 1517, cette congrégation, devenue très nombreuse, fut érigée en famille distincte, et eut son propre ministre général. Les religieux portent une robe brune et un cordon blanc ; ils sont appelés tantôt Observantins, tantôt Cordeliers de l’Observance, et aussi Franciscains ; ce dernier nom est aujourd'hui le plus usité. Ils ont eu quatre couvents dans le diocèse de Vannes, savoir : l'île Sainte-Catherine dans le Blavet, Bernon en Sarzeau, Bodélio en Malansac, et enfin Pontivy. Une autre réforme, issue de la précédente, et dite de l’étroite observance, s'introduisit en France en 1584. Les religieux de cette congrégation, appelé Récollets, eurent des supérieurs provinciaux, mais ils restèrent soumis au ministre général de l'Observance ; celui-ci pouvait être pris, tantôt chez eux, tantôt chez les Observantins. Ils s'étendirent rapidement, soit en fondant de nouvelles maisons, soit en occupant celles des Observantins qui demandèrent à embrasser leur réforme. C'est par ce second moyen qu'ils s'introduisirent dans le diocèse de Vannes.
Jh.-M. Le Mené.
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