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ABBAYE NOTRE-DAME DE MELLERAY

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Donations faites au premier abbé Guitern.

GUITERN ou GUNTARN [Note : Ces deux noms, Guiternus et Guntarnus, se retrouvent indifféremment dans les premières chartes de Melleray] était le nom du premier abbé de Melleray. Sous son habile direction, un vrai monastère s'éleva bientôt dans les bois, en l'honneur de la très sainte Vierge ; la construction s'en trouva à peu près terminée en 1145 [Note : Chronicques annaulx (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 103)], sauf l'église abbatiale qui ne fut consacrée que beaucoup plus tard (en 1183, comme nous le verrons plus loin).

Entrée de l'abbaye de Melleray

C'est vers cette époque que, selon la tradition, saint Bernard se rendit à Melleray. L'on sait, en effet, que le glorieux abbé de Clairvaux vint au moins deux fois dans le pays nantais : une première fois en 1136, lorsque fut fondée, en la paroisse de Rouans, l'abbaye de Buzay ; une seconde fois à la fin de 1143 ou au commencement de 1144, quand le Bienheureux visita les monastères de Bretagne, déjà nombreux, qui avaient adopté sa règle. C'est durant ce second voyage que saint Bernard dut venir voir le nouvel abbé de Melleray [Note : On conservait, dit-on, jadis, une charte, où l'abbé de Buzay avait signé conjointement avec celui de Melleray et saint Bernard. — Il faut toutefois remarquer que si Buzay est une fille de Clairvaux, Melleray se trouve une fille de Cîteaux] ; il encouragea si bien ses efforts que l'installation convenable des religieux se trouva en peu de temps réalisée. Dieu bénissait visiblement la fondation de Notre-Dame de Melleray.

Le gouvernement de Guitern fut, comme celui de tous les fondateurs de monastère, fécond en donations. Ces actes de pieuse charité envers la nouvelle abbaye de Melleray méritent d'être étudiés avec détails à un double point de vue. Non seulement ils nous révèlent l'esprit profondément chrétien qui animait alors la société tout entière, mais encore ils nous font connaître la plupart des familles importantes de notre contrée à cette époque. Presque  tous les Actes qui suivent sont empruntés à un recueil manuscrit, bien fâcheusement disparu aujourd'hui, le Cartulaire de Melleray [Note : Ce cartulaire figure dans l'Inventaire des archives de Melleray dressé en 1792, il y est ainsi désigné : « Un livre en écriture gothique, nommé la Savante, dans lequel sont décrits les titres de l'abbaye de Melleray »]. Heureusement que les Bénédictins bretons, ces maîtres dans la science historique comme les Cisterciens le sont dans l'agriculture, firent copier à la fin du XVIIème siècle, de nombreuses pages de ce précieux manuscrit. C'est à l'aide de cette copie, existant encore à la Bibliothèque Nationale, dans le fonds dit des Blancs-Manteaux (tome XXXVI des Mémoires de Bretagne) [Note : M. de la Borderie a fait don au Dépôt des Archives de la Loire-Inférieure d'une copie de cette copie des Blancs-Manteaux ; elle porte à Nantes la cote H 75], que nous allons nous rendre compte du mouvement de sympathie que firent naître autour d'eux les premiers religieux de Melleray.

Mais avant d'aller plus loin, notons que Guitern voulut mettre son monastère sous la protection du Saint-Siège ; ce fut à Châlons, et en 1147, qu'à sa prière le pape Eugène III accorda cette faveur à l'abbé de Melleray et à ses religieux. Plusieurs années auparavant, dès le début de l'établissement des moines à Melleray, Brice, évêque de Nantes (1113-1140), avait béni leur oeuvre et leur avait fait l'aumône d'un boisseau de sel pris chaque année dans ses salines de Guérande [Note : Archives de le Loire-Inférieure, H 75. — Plus tard, Robert, évêque de Nantes de 1170 à 1185, confirma cette donation de son prédécesseur (ibidem)].

Voici quelques extraits de la bulle adressée par le Souverain Pontife aux religieux de Melleray [Note : Nous empruntons cette traduction à une Etude historique manuscrite sur Melleray, oeuvre du R. P. Hermeland, religieux de ce monastère, qui a bien voulu nous la communiquer] :

« Eugène, Evêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils Guntarn, abbé de Melleray, et ses frères tant présents que futurs, professant la vie régulière.

……… Nous voulons bien accéder à vos justes demandes et placer le monastère de Melleray, dans lequel vous vacquez au service de Dieu sous la protection du Bienheureux Pierre et la Nôtre, vous faisant savoir que par le privilège formulé dans le présent écrit, Nous avons décidé que tous les domaines et biens que possède actuellement ledit monastère, selon les règles de la justice et de l'Eglise, et ceux qu'il possédera dans l'avenir, demeurent inviolables et assurés à vous ainsi qu'à vos successeurs.

Nous décrétons que nul de vos frères, après avoir fait sa profession, ne puisse, sans la permission de l'abbé et de ses frères, quitter le cloître, de même qu'aucun n'essaie de retenir celui qui vient de le quitter.

Que nul ne prétende exiger de vous la dîme sur les pâtures des animaux ou sur les revenus qui sont le fruit du travail de vos mains, ou encore sur ceux que vous recueillez à vos frais.

Qu'aucun homme n'ait l'audace d'inquiéter ledit monastère, de prendre quelque chose de ce qu'il possède, de retenir ce qu'on lui offre, d'y soustraire, de lui causer quelque désagrément ou vexation que ce soit ; mais que tout lui soit intégralement conservé pour le soutien et le gouvernement de ceux au profit desquels ces biens ont été concédés, pour tout usage qu'ils en voudront faire, étant sauvegardés l'autorité du Siège Apostolique et les droits accordés par l'Eglise à l'Evêque du diocèse.

Si donc il arrivait que quelque clerc ou séculier eût l'audace de tenter sciemment quelque chose de contraire à ce que nous venons de statuer, si, après un deuxième et un troisième avertissement, il néglige de faire réparation par une satisfaction convenable, qu'il soit privé de tous les pouvoirs et honneurs de sa dignité, et qu'il sache qu'il encourt le jugement de Dieu à cause de l'iniquité qu'il a commise, qu'il soit éloigné du très-sacré corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, et qu'il soit enfin livré au rigoureux et suprême tribunal de la ven­geance divine …… ».

Parmi les premiers bienfaiteurs de Melleray, il faut compter Foulques, seigneur de Candé, et Marguerite, sa femme ; ils donnèrent en présence de Foulques, abbé de Pontron, et conséquemment avant 1146, un bourgeois de leur ville nommé Josler l'Abbé.

Péan de Moisdon, fils d'Haimon Le Bigot, voulut aussi compléter la donation de son père ; de concert avec Agathe, sa femme, Bernard de Moisdon, son fils, et Mabile, femme de ce dernier, Hugues, Guillaume et Geffroy, ses autres fils, et Bigote, leur soeur, il donna à Guitern, abbé de Melleray, tout ce qu'il possédait au-delà du chemin Bernard (limite première de l'enclos abbatial) jusqu'à la filerie de Daille ; son fils, Bernard de Moisdon, ajouta à ce don celui d'une terre appelée le Breil-Gautier. Les témoins de ces actes de générosité furent Haimard, abbé de Pontron ; Geoffroy, baron de Châteaubriant, Clarembaud et Geffroy de Moisdon, Pierre d'Erbray et plusieurs autres. Cette donation fut confirmée plus tard par Geffroy de Moisdon, qui vint trouver l'abbé Richard en l'église de Notre-Dame de Melleray, et qui investit ce religieux des terres données à sa communauté, en lui remettant la ceinture de cuir qu'il avait sur lui (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 609). Un autre bienfaiteur de Melleray lui donna aussi, par l'investiture d'un livre posé sur l'autel, le droit d'usage en la forêt d'Auverné ; il se nommait Guihonée de Pésas, et prit à témoin Guillaume de Guémené.

Ce fut encore à Guitern que Hugues de Petit-Mars abandonna sa grange ou métairie de La Meilleraye, et le droit d'usage dans ses bois voisins. Ce seigneur étant mort, ses frères, Philippe et Briant de Petit-Mars, cherchèrent querelle aux moines au sujet de cette donation, mais Bernard, évêque de Nantes, les apaisa et les amena à confirmer l'aumône faite par le défunt ; ils y consentirent en présence du sénéchal Guillaume, fils d'Haimon, et de plusieurs seigneurs des environs, tels que Daniel du Pont, Main de Derval, Rouault le Vicomte, Guibert de Pannecé et Geffroy d'Ancenis [Note : Archives de la Loire-inférieure, H. 75. — Plus tard, Vivien de Petit-Mars, fils de ce Hugues, et Aaliz, sa femme, donnèrent à Melleray la dîme de deux moulins qu'avait fait construire cette dame ; ce qu'approuva leur petit enfant nommé Jacques « adhuc puerulus » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 609)].

Ce dernier seigneur, baron d'Ancenis de 1132 à 1147, était d'ailleurs un des bienfaiteurs insignes de l'abbaye de Melleray, aussi bien que sa femme, nommée Marguerite. De concert avec leur fils Guihenoc, ils donnèrent à Guitern et à ses religieux de Melleray, tout ce qu'ils possédaient au-delà du territoire de Joué. A cette donation, assistèrent Haimard, abbé de Pontron, Briant de Varades et Albéric son frère, Guibert de Pannecé et Maurice son frère, Geffroy de Saint-Martin, Millésent, femme de Guillaume d'Oudon, etc. (Maillard, Histoire d'Ancenis, 546).

Cette même Marguerite, dame d'Ancenis, donna, en outre, à Melleray, du consentement de son mari, sa vigne de la Clochère « vineam suam de la Clochère » (Maillard, Histoire d'Ancenis, 547).

Le premier abbé de Melleray, Guitern, dut mourir vers 1147, car nous allons voir à l'instant son successeur Richard, recevoir des aumônes de Geoffroy Ier, seigneur d'Ancenis, décédé lui-même en 1147 (Guillotin de Corson). 

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