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ABBAYE NOTRE-DAME DE MELLERAY

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L'abbé Geffroy et la consécration de l'église abbatiale.

RICHARD était abbé de Melleray, lorsque accablé d'infirmités et sentant sa fin prochaine, le baron d'Ancenis résolut, en effet, de faire aux moines de Melleray une dernière donation qui leur rappelât dans les siècles futurs son souvenir, et les invita à prier à perpétuité pour le repos de son âme. Il fit venir près de lui le nouvel abbé, Richard, qu'accompagnèrent Haimard, abbé de Pontron, et Philippe, abbé de Clermont ; là aussi, se trouvèrent Simon de Héric et Guillaume, seigneur d'Oudon. Sur son lit de douleur, Geffroy Ier d'Ancenis voulut que désormais tous les ans, après sa mort, au jour de son service anniversaire, les religieux de Melleray reçussent vingt-quatre lamproies ou aloses, prises dans les écluses ou pêcheries de la seigneurie d'Ancenis (Maillard, Histoire d'Ancenis, 546).

Peut-être dans la même circonstance, et en tous cas vers le même temps, Geoffroy, baron d'Ancenis, donna au même abbé Richard une métairie que sa femme Marguerite avait créée dans le bois de la Cognée, sur une terre qu'elle avait achetée d'un certain soldat appelé Rolland, et qu'elle destinait à Melleray ; Guihenoc d'Ancenis approuva encore volontiers cette pieuse aumône de ses parents (Maillard, Histoire d'Ancenis, 207).

Ce fut au monastère de Melleray, le jour du Vendredi-Saint, dans la maison de l'Hôtellerie, que l'abbé Richard reçut de Geffroy de Tresvesche deux sols de rente annuelle sur ses revenus d'Issé ; ce don fut fait par Geffroy, non seulement peur le salut de son âme, mais encore pour celui de l'âme de son oncle Guihonoc. Les témoins en furent Herbert, prieur de Melleray, Robert d'Issé, Geffroy de Moisdon, Roger le Charpentier, Martin et André, qui semblent tous être des moines de l'abbaye (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75).

D'autres religieux de Melleray, nommés Jean et Thomas, assistèrent également à une nouvelle aumône faite à leur abbé Richard ; ce fut vingt sous de rente annuelle que donna Guillaume de Oudon, avec l'assentiment de sa femme Millésent ; cette rente fut assise sur les revenus d'une métairie que le seigneur d'Oudon avait achetée d'avec Guillaume de Saint-Philbert [Note : Archives de la Loire-Inférieure, H. 75. — Plus tard, après le décès de Guillaume d'Oudon, son fils Geffroy confirma la donation paternelle en présence de Robert, évêque de Nantes (1170-1185), et de Maurice de Liré].

Sage administrateur, l'abbé Richard ne cherchait que les moyens de répandre facilement autour de lui en aumônes les revenus des biens qu'on offrait à son monastère. Ayant reçu près de Rennes, en la paroisse de Chanteloup, les terres de Caran et du Vieux-Martigné, il jugea ces métairies trop éloignées de Melleray, et il les vendit à Etienne, évêque de Rennes (1168-1178) [Note : Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I. 672. — Ce sont peut-être ces terres qu'avaient données à Melleray Guérin et Brient du Puits, du consentement de leur seigneur Jean de Chanteloup, dans le fief duquel elles se trouvaient].

Ce dernier prélat avait, au reste, une haute opinion de la sagesse et de la piété de l'abbé de Melleray ; ayant eu quelque dissension avec les religieux de l'abbaye Saint-Melaine de Rennes, il choisit pour arbitre l'abbé Richard, qui vint prendre place à Rennes, en 1169, dans une assemblée d'abbés convoqués à cet effet (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I. 659).

Vers cette époque, furent vraisemblablement faites deux donations, non datées, qui méritent d'être signalées.

Maurice, seigneur de Craon en 1182, donna à Notre-Dame de Melleray et aux moines servant Dieu en ce lieu béni, deux setiers de froment à prendre sur sa terre de Champtocé ; il voulut qu'on employât ce grain à confectionner les hosties devant être consacrées à la sainte messe. Cette aumône fut confirmée plus tard par Maurice, seigneur de Craon, fils et successeur du donateur, et par Hélise, sa femme.

De son côté, Geffroy de Trent donna une certaine quantité de vin chaque année, à perpétuité, à prendre dans ses vignes, pour subvenir aux besoins des messes chantées par les religieux. Haimon, chevalier, et Hugues ses frères, aussi bien que Marie, femme de ce dernier, approuvèrent cette donation, dont furent témoins Melaine de Joué, Alain et Janvier, ses frères, et Heimeric, gendre d'Haimon de Trent (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75).

D'après les Actes des Blancs-Manteaux, Richard eut pour successeur sur le siège abbatial de Melleray, un religieux du nom de PIERRE Ier (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 868), mais nous n'en savons pas plus long sur son compte.

En 1177, l'abbé de Melleray était GEFFROY Ier, frère de Rainauld de Beaumont. Cette année-là, Guihénoc, seigneur d'Ancenis, et fils du baron Geffroy Ier, du consentement de Mahot, sa femme, et de leurs enfants, offrit en aumône aux religieux de Melleray, pour le repos des âmes de ses père et mère, une maison située dans sa ville d'Ancenis (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75).

L'abbé Geffroy fit aussi confirmer par Robert, évêque de Nantes, la donation première du Vieux-Melleray, faite par Haimon Le Bigot et Alain de Moisdon, afin d'assurer à jamais la légitime propriété de sa communauté (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75).

Geffroy Ier reçut encore deux petites aumônes l'une de dix-huit sous de rente que lui offrit Olivier de Vritz, du consentement de son seigneur suzerain, Rainauld de la Cornouaille ; l'autre de deux sols seulement de rente, assise sur le fief Herdebert Le Monner, et donnée par un nommé Leigart pour le repos de l'âme de sa soeur défunte. Les témoins de la première donation furent Haimard, abbé de Pontron, et Gestin, abbé de Saint-Gildas-des-Bois ; ceux de la seconde furent Simon de Héric, Robert Crespin et Gaudin de Saint-Médard (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75). Un peu plus tard, le même seigneur de Vritz offrit, aux moines de Melleray une portion de ses dîmes de Vritz et de Saint-Mars-la-Jaille, et la rente d'un setier de froment sur le moulin de Saint-Mard ; Béatrix, sa femme, leur donna, de son côté, une métairie voisine du Loroux-Bottereau.

Mais le fait principal de l'abbatiat de Geffroy Ier fut la consécration de l'église Notre-Dame de Melleray.

Ce temple vénérable, dont la majeure partie subsiste encore vers 1894, témoigne par son élévation de voûtes, ses longues fenêtres romanes et la simplicité de sa construction, du soin qu'avaient mis les moines de Melleray à se conformer, même en architecture, aux idées chères à saint Bernard : solidité et grandeur de l'édifice élevant l'âme vers Dieu, absence complète d'ornementation, puisque la pauvreté doit régner dans le monastère, conjointement à la mortification.

La cérémonie de la dédicace de l'église abbatiale de Melleray se fit solennellement le 7 août 1183 [Note : Cette date du mois ressort d'un acte du cinquième jour après la dédicace, jour correspondant au troisième des Ides d'août (Voy. D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I. 696)] ; deux évêques y prirent part, Robert, évêque de Nantes, et Guihénoc, évêque de Vannes ; l'abbé Geffroy Ier venait après eux. On voyait aussi là Alain, archidiacre de Nantes, Bernard Le Roux, chapelain de Bernard archidiacre de la Mée, et plusieurs seigneurs des alentours, tels que Hervé de Ruffigné, Vivien de Petit-Mars, Merhen et Hugues du Meix et beaucoup d'autres.

Toutefois, au premier rang de ces nobles laïques, figurait le petit-fils du fondateur de Melleray, Bonabes, seigneur de Rougé [Note : Fils d'Yvon de Rougé, et d'Anne Le Bigot, qui était fille d'Haimon Le Bigot, seigneur de Moisdon] ; il était venu à la fête accompagné de son fils Geffroy, mais pleurant encore un autre fils nommé Esgaré, enlevé par la mort à son affection et dont le corps reposait à l'ombre de monastère. En souvenir de cet enfant, et en quelque sorte pour continuer les nobles et pieuses traditions de sa famille, le sire de Rougé voulut, en ce jour solennel, faire une aumône aux moines de Melleray ; il leur donna donc, d'accord avec son fils Geffroy, tout ce qu'il recueillait de dîmes dans la paroisse de Saint-Aubin-des-Châteaux.

Cinq jours après, un autre de ses fils, Olivier de Rougé, se trouvant en la maison de la Tresvesche, confirma cette donation au moine Rainauld du Désert, en présence de Regnault de la Chapelle, Péan de Taslie et René de Gastines (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 696).

En 1191 Geffroy Ier, abbé de Melleray, reçut pour son monastère une rente de vingt sous, que lui donna Olivier, seigneur de Châteaufromont, avec l'acquiescement d'Oicie sa femme. Maurice, évêque de Nantes, approuva ce don, dont furent témoins Jean, supérieur [Note : Probablement prieur, car Main était alors abbé da Buzay] de Buzay, Rainauld, chantre de Melleray et deux chevaliers, nommés Bernard de Boley et Rainauld de la Cornouaille (Archives de la Loire-Inférieure, H. 75).

Enfin le nom de l'abbé Geffroy nous apparaît une dernière fois en 1192. A cette époque, certaines difficultés s'étant élevées entre Herbert, évêque de Rennes, et Mainier, abbé de Saint-Florent de Saumur, le prélat rennais choisit Geffroy pour être l'un des témoins de l'accord conclu entre les parties adverses (Hauréau, Gallia Christiana, XIV, 868) (Guillotin de Corson). 

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