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ABBAYE NOTRE-DAME DE MELLERAY

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Terres et Revenus de Melleray.

Revenons maintenant eu arrière et faisons connaître de quoi se composait, au point du vue temporel, l'abbaye de Melleray, telle que l'avaient dotée les nombreux seigneurs des environs.

L'abbaye de Melleray relevait du duc de Bretagne, puis du roi de France, en ses domaines de Rennes et de Nantes. — du baron de Châteaubriant, à cause de sa seigneurie de Vioreau, — enfin du baron d'Ancenis. Malheureusement, nous n'avons pu retrouver d'aveux rendus à ces deux derniers seigneurs.

Nous savons seulement par ailleurs, que la paroisse de Moisdon et sa trêve de Melleray faisaient partie de la baronnie de Vioreau, et que les religieux de Melleray possédaient, en 1540, « cinq ou six hommées de pré estant ès Grandes Ripvières, près la Brocherelle, prochement tenues du baron de Chasteaubriant, que ja piecza lesdits abbé et couvent acquirent de Cyprien Nepvou, 0llivier Rouxel, Jamet Juhel et aultres » (Archives de la Loire-Inférieure, B. 64). De plus, ils étaient obligés de venir célébrer la messe de minuit dans la chapelle du château de Châteaubriant, et l'on en dressait tous les ans procès-verbal. Celui de 1761 nous montre des officiers de la baronnie de Châteaubriant, prétendant même obliger les moines de Melleray à venir en cette occasion à Châteaubriant au nombre de cinq, savoir un prêtre devant chanter cette messe, un diacre et un sous-diacre pour l'assister, et deux chantres pour lui répondre ; cette prétention était évidemment exagérée, puisque le monastère ne renfermait que huit religieux, aussi l'abbé ou le prieur de Melleray se contentaient-ils ordinairement de députer au château de Châteaubriant, la nuit de Noël, un prêtre muni de leur procuration (Archives municipales de Châteaubriant).

Quant au baron d'Ancenis, l'abbaye de Melleray tint de lui, quelque temps la métairie et la grange de la Meilleraye, et jusqu'en 1789 la moitié de l'Etang-Neuf, « entre les chemins de la ville de Melleray à Candé et au chasteau de Joué » (Archives de la Loire-Inférieure, B. 64).

Dans le domaine de Rennes, l'abbaye de Melleray tenait du roi une grange et une aire à battre le grain au bourg du Teil, et certaines dîmes levées dans les paroisses du Teil, de Tourie et de Bourgbarré (Archives de la Loire-Inférieure, B. 64 — Archives municipales du Teil).

Mais la plus grande partie des biens possédés par les religieux de Melleray relevait du roi, sous son domaine de Nantes, « en fief franc et amorty et à debvoir de prières et oraisons seulement ». Nous avons d'eux un certain nombre d'aveux que nous allons analyser ici, notamment ceux rendus en les années 1540 et 1678 (Archives de la Loire-Inférieure, B. 64).

L'abbé et les religieux avouent donc posséder « un lieu nommé le Vieil-Melleray, auquel est à présent assis et situé le moustier et abbaye dudit lieu de Nostre-Dame de Melleray, consistant en son église, cloistre, dortoir, réfectoire, greniers, pressoirs, jardins, prés, fuye, colombiers et autres logements, avec deux garennes joignant ladite abbaye, le tout cerné de haies et fossez, fors lesdites garennes... contenant en tout dix journaux de terre ou environ ».

Les moines avaient, en outre, en 1678, « les deux bois de haulte fustaye du Fief-Gestin et du Toullou, contenant soixante arpents de terre ; — le pré au Bastard, situé près la ville de Melleray, contenant trois journaux ; — et deux clos de vigne contenant vingt arpents » [Note : En 1730, les moines n'avaient plus que treize arpents de vignes produisant, années communes, 28 barriques de vin valant 15 livres la barrique].

Quant au Bois taillis de l'Abbaye, situé près du monastère, il était considérable en 1678, « s'étendant en Moisdon, Melleray, Joué, Riaillé et Abbaretz, et contenant environ sept cents arpents de terre ».

En 1540, cinq étangs, dont trois avec moulins, dépendaient du monastère : « l'estang de l'Abbaye, avec son moulin à bled ; — l'estang du Pas-au-Chevreuil, en la paroisse de Joué, avec deux moulins, l'un à bled, l'autre à foulons [Note : Et un fourneau affermé en 1693 environ 900 livres] ; — un aultre estang et moulin appelés Tennerect ; — enfin un aultre estang sans moulin appelé l'Estang-Neuf, — et encore un aultre estang appelé Cuffat ».

« Item, confessent tenir lesdits abbé et convent de leur dit souverain seigneur (le roi), un moulin à vent ô son detroict estant près laditte ville de Melleray », et le moulin de Quiheix, en Nort.

Vient ensuite l'énumération des métairies appartenant à l'abbaye, elle est précédée de cette notion d'ensemble : « et généralement tout ce que lesdits abbé et convent tiennent d'héritages ès paroisses de Joué et de Maydon [Note : Il est à remarquer qu'au XVIème siècle, comme au XIIème et XIIIème, on appelle invariablement, dans les actes publics, Maidon ou Maydon, la paroisse de Moisdon], entre le chemin par lequel on va de la ville de Melleray à Candé, nommé le chemin Bernard d'une part, et aultre chemin par lequel on va de ladite ville de Melleray au chasteau de Joué d'autre part, et aultre chemin par lequel on va dudit chasteau de Joué à Saint-Julien de Vouvantes ». Il y avait de plus, dépendant du monastère, d'autres terres en Melleray, « entre ledit chemin Bernard, la haye de Daille et la fontaine aux Bacheliers, en se rendant au bas coin du fossé du Boullay ».

Entrant dans les détails, voici quelles étaient les métairies, — au nombre de treize en 1693 — appartenant à l'abbaye de Melleray :

Le Breil-Gautier, contenant 45 arpents de terre et affermée 264 livres. — Portalon, contenant 55 arpents, affermée 300 livres. — La Grange-Neuve, contenant 55 arpents, affermée 360 livres. — La Maison-Neuve, contenant 45 arpents, affermée 220 livres. — Cuffat, contenant 45 arpents, affermée 320 livres. — Le Touillon, contenant 25 arpents, affermée 212 livres [Note : Toutes ces métairies sises en Moisdon, Melleray et Joué]. — Sainte-Marguerite, « aultrement la Grange d'Abbaretz, ayant une chapelle au bout de sa cour, » contenant 45 arpents, affermée 300 livres. — La Frégetaye, aussi en Abbaretz, contenant 30 arpents, affermée 150 livres. — La Verrie, en Joué, affermée 280 livres. — Quiheix, en Nort, affermée 500 livres. — La Poupinière, aussi en Nort, affermée 200 livres. — La Rivière-ès-Simons, affermée 200 livres. — Enfin l'Isle-en-Joué, dont noua ignorons les revenus.

Dans cette énumération figurent deux petits manoirs, la Grange d'Abbaretz et Quiheix ; comme ce dernier était chef-lieu d'une seigneurie particulière, nous remettons à en parler par ailleurs, plus loin. Quant à la Grange d'Abbaretz, c'était une terre donnée à Melleray en 1230 par Brient Le Boeuf, seigneur d'Issé ; les religieux, ayant reçu vers le même temps une partie des dîmes d'Abbaretz, y construisirent une grange dîmeresse qui donna son nom à la terre. Les abbés de Melleray en firent à leur usage, plus tard, une sorte de maison des champs, et bâtirent un petit manoir avec sa cour fermée de murailles et son « portail de pierres de taille » ; à côté s'éleva une chapelle dédiée à sainte Marguerite, sur le plaçis de laquelle fut établie une foire au jour de la fête patronale ; un bois futaie et des jardins entourèrent ce qu'on appela la « Maison-à-l'Abbé », enfin les métairies de la Grange et de la Frégetaye, ainsi que la prairie du Houx, « contenant sept hommées », en devinrent les dépendances. Malheureusement, la guerre de la Ligue dévasta cette propriété de l'abbé de Melleray, ruina complètement le manoir, et ne laissa subsister que les métairies et la chapelle.

L'abbaye de Melleray posséda aussi pendant quelque temps une autre terre, dont il n'est point fait mention en 1693, parce qu'elle avait été depuis longtemps déjà aliénée du temporel du monastère. Nous voulons parler de la Meilleraye, en Riaillé, donnée vers le milieu du XIIème siècle à l'abbé Guitern, par Hugues de Petit-Mars, qui joignit à cette donation celle d'un droit d'usage dans les bois voisins lui appartenant. Dès l'an 1427, la Meilleraye n'appartenait plus aux religieux, et se trouvait entre les mains d'un chevalier appelé Jean du Pont. Elle devint ensuite la propriété du trésorier Pierre Landais. C'était une hante justice (De la Borderie, Géographie féodale de la Bretagne, 97), relevant de la baronnie d'Ancenis « à debvoir chaque année d'une paire de gants ».

La similitude des noms a fait croire parfois que l'abbaye de Melleray, ou tout ou moins le bourg de Melleray, relevaient de la seigneurie de la Meilleraye, en Riaillé : c'est une erreur accréditée par la belle conduite de Mme Rousseau de la Meilleraye, en 1817. A cette époque, en effet, lorsque les Trappistes achetèrent l'abbaye de Melleray, cette noble dame vint saluer le nouvel abbé, dom Antoine, et lui offrit les deux métairies de l'Isle et de la Verrie, anciennes dépendances du monastère, qu'elle n'avait achetées, dit-elle, que pour les rendre à des moines, quand il plairait à Dieu d'en ramener à Melleray (Vie du Père Antoine, 107).

Pour compléter l'ensemble du domaine proche de l'abbaye de Melleray aux siècles derniers, mentionnons les salines qu'elle possédait au territoire de Guérande : c'était « la saline de Melleray, contenant 63 oeillets, » en Guérande, et une partie de la saline de Guégois, en Batz ; le tout, en 1693, était affermé 900 livres (Archives de la Loire-Inférieure, H. 76).

Les religieux de Melleray avaient un certain nombre de rentes, soit en argent, soit « en chapons, poules et oisons », dans les paroisses de Moisdon, Joué, Riaillé, Abbaretz, Nort, Guérande, et même à Nantes et à Angers. Les principales de ces rentes étaient 1.000 livres, sur la maison des Trois-Rois, à Nantes ; 200 livres sur celle du Petit-Melleray à Angers ; 60 livres sur les Carmélites d'Angers ; 100 livres sur la baronnie d'Ancenis, etc. Les autres petites rentes atteignaient ensemble environ 152 livres en 1693.

D'autres rentes leur appartenaient aussi à Nantes ; elles étaient levées sur les navires apportant du sel en cette ville et sur les droits d'octroi ou de coutumes. Voici comment l'Aveu de 1540 les décrit dans son pittoresque style :

« Confessent lesdits religieux tenir de leur souverain seigneur un droit leur deub, et qu'ils ont accoustumé prendre et lever en la provosté et port de Nantes, qui est par chacun vaisseau portant sel venant d'aval audit port, un quarteau de sel, quel debvoir peut valoir, commun an, cent sols de rente ;

Item, un aultre debvoir appelé coustume auxdits abbé et couvent, et que de temps immémorial eux et leurs prédécesseurs ont accoutumé par leurs fermiers, commis et députez lever et prendre, à la porte Saint-Pierre de Nantes, de toutes les marchandises qui doibvent coustume, sçavoir une tierce partie dudit debvoir et à leur souverain seigneur les deux tierces parties ;

Item, soixante sols de rente à la Chandeleur, sur les fermes et recettes ordinaires de Nantes ;

Item, un denier parisis deub sur chacun vaisseau portant marchandises sur la rivière de Loire, reçu à l'endroit de la seigneurie de l'Epine-Gaudin » [Note : La châtellenie de l'Epine-Gaudin se trouvait de Saint-Julien de Concelles].

L'abbaye de Melleray levait des dîmes dans vingt-cinq paroisses dont les noms suivent, avec l'indication de la valeur de chaque dîme en 1693 : Nort (180 livres) — Grandchamp (80 livres) — Saffré (150 livres) — Les Touches (250 livres) — Mazé, en Anjou (350 livres) — Vritz (240 livres) — Varades (92 livres) — Trans (40 livres) — Rougé — Ruffigné — Soudan (110 livres) — Abbaretz (294 livres) — Mouzeil (230 livres) — Issé (220 livres) — Saint-Vincent-des-Landes (230 livres) — La Torche en Béré (120 livres) — Saint-Aubin-des-Châteaux (70 livres) — Teillé (90 livres) — Pannecé (300 livres) — Belligné (100 livres) — Freigné (60 livres) — Auverné (360 livres) — Tourie — Bourgbarré — et Le Teil (pour ces trois paroisses, 700 livres). Comme le revenu des dîmes de deux paroisses manquent ci-dessus, on peut évaluer le total de toutes les dîmes de Melleray à environ 4.500 livres (Archives de la Loire-Inférieure, H. 76).

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Seigneuries de Melleray et de Quiheix.

Féodalement, l'abbaye de Melleray jouissait de deux seigneuries, dotées chacune d'une haute justice et relevant prochement, à l'origine, l'une de la baronnie de Vioreau, l'autre de la baronnie de la Roche-à-Nort ; mais aux siècles derniers, l'abbé de Melleray rendait aveu directement au roi pour ces deux juridictions.

La première de ces seigneuries était Melleray elle s'étendait en Moisdon et en Melleray, sa trêve, et s'était naturellement formée des fiefs offerts en aumône aux premiers religieux de Notre-Dame de Melleray.

La seconde, nommée Quiheix, se trouvait dans la paroisse de Nort.

Quiheix est un lieu fort ancien : dès la fin du XIIème siècle, Ameline, femme d'Ebon de Saffré, donna au monastère de Melleray une rente de six écus à prendre sur les revenus de la coutume de Quiheix ; en 1248, Alain de la Forest abandonna à la même abbaye tous ses marais de Quiheix ; en 1287, Alain, seigneur du Moulin, en Nort, ajouta au don précédent un bois et d'autres marais ; enfin, en 1402, Pierre du Moulin, seigneur de Casson, vendit aux moines de Melleray ses « héritages, rentes, seigneurie et juridiction de la Morinière et de l'île de Quiheix » (Voir Inventaire des titres de la terre de Quiheix). A la suite de ces diverses donations et acquisitions, l'abbé de Melleray se créa à Quiheix un manoir dans le genre de celui d'Abbaretz, mais plus important à cause de sa juridiction seigneuriale. Au fond d'une cour, fermée de murailles et cernée de douves, s'éleva un logis abbatial avec colombier ; autour, se trouvèrent un moulin à vent, un bois futaie et des « refuges à connils ». Trois métairies, Quiheix, la Poupinière et la Rivière-ès-Simons accompagnèrent cette résidence champêtre, agréablement assise sur les rives de l'Erdre.

A cause de leurs seigneuries de Melleray et de Quiheix, les Cisterciens nommaient pour exercer les juridictions, des officiers tels que sénéchaux, alloués, notaires, greffiers, etc. Ils avaient aussi droit d'avoir des fourches patibulaires, c'est-à-dire une potence pour y faire pendre les condamnés à mort, et des ceps et collier pour punir les malfaiteurs, et particulièrement les blasphémateurs. Enfin, les droits ordinaires de tous les seigneurs justiciers, « espaves, gallois, ventes et lods, rachapt, successions de bastards, déshérences, etc. », leur appartenaient [Note : Toute cette description de la seigneurie de Melleray est faite d'après les Aveux rendus par les abbés de Melleray aux XVIème et XVIIème siècles].

Louis XIV avait accordé à l'abbaye de Melleray, vers l'an 1670, le droit de tenir deux foires près du monastère, l'une à la fête de la Décollation de saint Jean-Baptiste (29 août), et l'autre le jour Saint-Clair (11 octobre). Toutefois, il semble que plus anciennement, les moines avaient quelque droit analogue de foire ou de marché au bourg même de Melleray, car ils possédaient encore, en 1540, une rente sur « une maison ô ses courtils et rues, sise en la ville de Melleray, prés le Pastiz, icelle maison nommée la Cohue-aux-Moines ». On sait qu'au moyen-âge, le mot cohue est synonyme de halle.

A cause de leur seigneurie de Quiheix, les religieux de Melleray jouissaient d'un droit de « peschage en la rivière d'Erdre, en l'endroit du lieu de Quiheix, en la paroisse de Nort, ô saynes et toutes autres manières de retz et tissures ».

Ils avaient aussi dans leurs vastes bois droit de « chasse à grosses bestes et aultres ô retz, tissures, hayes et aultres choses convenables à ce faire, à suite, à cor et à voix, avec droit de forestage et sergent franc en leurs fiefs ».

Enfin, l'abbaye de Melleray avait sur certains de ses vassaux un droit de quintaine.

On sait que la quintaine était un exercice d'adresse fort en usage dans la Bretagne ; c'était ordinairement les hommes mariés dans l'année précédente qui devaient, certain jour fixé, se réunir pour fournir une course, faite le plus souvent à cheval, devant an poteau appelé quintaine. A l'origine, ce poteau supportait un mannequin représentant, dit-on, un turc nommé Quintan (De Barthélemy, Revue de Bretagne et de Vendée, III, 534), destiné à recevoir les coups des coureurs, armés chacun d'une lance en bois à pointe de fer. Cela rappelait le temps des croisades, alors que le Sarrazin était considéré comme le type de l'ennemi mortel de tout soldat Chrétien. Mais dans la suite des siècles, cette figure de turc fut remplacée par une simple pièce de bois plantée en terre, surmontée de l'écu seigneurial de celui qui jouissait du droit de quintaine, et munie d'une sorte de planche pivotant sur le poteau et représentant grossièrement les bras du turc primitif.

Les coureurs de quintaine devaient, en passant au galop de leur cheval devant le poteau, le frapper exactement en son milieu, de façon à engager leur lance, qui parfois n'était qu'une gaule, dans une fente de ce poteau ; faute d'y bien frapper, ils faisaient pivoter la planche sur son axe et celle-ci les atteignait eux-mêmes et parfois rudement en punition de leur maladresse ; quand, au contraire, ils rompaient bien leurs gaules dans cette fente du poteau, la machine demeurait immobile et ils passaient francs ; on doit bien penser que les rieurs ne manquaient pas à cette course de la quintaine, qui devenait une vraie fête de village. Nous ignorons si les religieux de Melleray exigeaient qu'elle fût faite sur leurs terres ; il était de ce droit comme de celui de chasse à courre, rien n'obligeait les moines à en user. Mais il est vraisemblable, qu'avant la réformation du monastère au XVIIème siècle, ils purent être tentés souvent de chasser dans les bois qui les entouraient, et peut-être même d'éprouver l'adresse de leurs vassaux. En tous cas, ces droits féodaux étaient surtout chers aux abbés commendataires et c'était eux qui maintenaient dans leurs seigneuries ces privilèges de la noblesse du temps.

Nous n'avons pu retrouver de sceau bien ancien de l'abbaye de Melleray ; le seul venu à notre connaissance est appliqué à des actes de 1628 à 1688 (Archives de la Loire-Inférieure, H. 76), il est formé d'un écusson, présentant à son centre, la figure de la sainte Vierge, debout, son divin enfant entre les bras ; sur les flancs de l'écu, on lit : à senestre N. D. DE et à dextre MELLERAY, écrit de haut en bas.

Telle était la seigneurie de l'abbaye Notre-Dame de Melleray, telle que l'avaient faite l'esprit féodal et la suite des siècles ; elle subsista avec ses fiefs, ses privilèges et ses usages jusqu'au moment de la Révolution.

 

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Partage en trois lots des revenus de Melleray.

 

En 1693, Jean-Baptiste 0llier de Verneuil, abbé commendataire de Melleray, fit avec ses religieux un concordat relativement à la jouissance des biens de l'abbaye.

Ces biens furent divisés en trois lots : le lot de la mense abbatiale, — le lot de la mense conventuelle, — le tiers lot laissé à l'abbé pour entretenir les bâtiments de l'église et du monastère.

Le premier lot, laissé à la libre disposition de l'abbé, comprenait ce qui suit : la seigneurie et le manoir de Quiheix, en Nort, avec ses trois métairies de Quiheix, la Poupinière et la Rivière-ès-Simons et le moulin de Quiheix, — les maisons des Trois-Rois à Nantes, du Petit-Melleray à Angers, et de l'Abbatiale de Melleray ; — la rente des Carmélites d'Angers, — les dîmes des paroisses de Nort, Grandehamp, Saffré, Les Touches, Mazé, Trans, Vritz, Varades, Rouge et Ruffigné. Le total des revenus de la mense abbatiale atteignait en 1730 la somme de 3.674 livres 18 sols.

Le deuxième lot, formant la mense conventuelle laissée aux religieux de l'abbaye pour leur propre entretien, consistait en ceci : le pourpris du monastère contenant les jardins, les vignes, dix journaux de prairies et trois étangs avec leurs moulins ; — les bois futaies et les bois taillis ; — le rôle entier et les casuels de la seigneurie de Melleray (les droits honorifiques de cette seigneurie appartenant seuls à l'abbé) ; — le fourneau du Pas-au-Chevreuil et les métairies du Breil-Gaultier, de Cuffat, de la Grange-Neuve, de Portallon, de la Verrie, de Touillon et de la Maison-Neuve ; — les dîmes des paroisses d'Abbaretz, Mouzeil, Moisdon et Soudan. Tout le revenu de cette mense conventuelle était, toujours en 1730, de 4.449 livres 2 sols.

Enfin le troisième lot laissé à l'abbé pour l'entretien du monastère de Melleray et l'acquit des charges communes comprenait les métairies de Sainte-Marguerite et de la Frégetaye, en Abbaretz ; — la rente due par la baronnie d'Ancenis ; — les salines de Guérande ; — les rentes dues par la provôté de Nantes et par les officiers du domaine du roi ; — enfin les dîmes des paroisses d'Issé, Saint-Vincent-des-Landes, Béré, Saint-Aubin-des-Châteaux, Teillé, Pannecé, Belligné, Auverné, Freigné, Tourie, Bourgbarré et Le Teil. Le total du revenu était, en 1730, pour ce lot, 3.700 livres.

Or voici quelles étaient les charges incombant à l'abbaye : décimes de la mense abbatiale 734 livres 19 sols ; — décimes de la mense conventuelle 556 livres 2 sols ; — pension d'un oblat 300 livres ; — réparations annuelles faites aux bâtiments 500 livres ; — charges régulières du monastère, c'est-à-dire entretien de vases sacrés, d'ornements sacerdotaux, de linge et de luminaire, honoraires du petit garçon servant les messes, frais de l'infirmerie et de la bibliothèque, réception des hôtes, etc., en tout 670 livres ; — suite des procès et gages des officiers pour tenir les audiences de la juridiction 450 livres ; — frais de régie 200 livres ; — distribution à la porte du monastère, faite aux pauvres tous les mercredis, de pain provenant des quatre-vingt-dix boisseaux de seigle dus par la cure d'Auverné ; aumône tous les jours de la semaine de deux liards à chaque pauvre qui se présente, le tout évalué 450 livres. En résumé, les charges étant de 3.861 livres 2 sols 4 deniers, et le tiers lot n'ayant de revenu que 3.700 livres, on voit, qu'il était insuffisant et que l'abbé ou les religieux devaient prendre quelque chose de leurs menses pour acquitter leurs obligations.

Il résulte des tableaux qui précédent, que le revenu total de l'abbaye Notre-Dame de Melleray se trouvait en 1730 monter à 11.824 livres (Archives de la Loire-Inférieure, H. 76).

Mais quand la Révolution vint ruiner l'abbaye de Melleray, les revenus de ce monastère atteignaient 13.539 livres, que les charges réduisaient à 11.312 livres. Sur ce total du revenu, la mense abbatiale prélevait 6.184 livres, et il restait 7.365 livres à la mense conventuelle (Abbé Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790, 2ème partie, 19) (Guillotin de Corson). 

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