|
Bienvenue ! |
Histoire chronologique de Moncontour-de-Bretagne (partie 7). |
Retour page d'accueil Retour " Ville de Moncontour "
1800. JANVIER. — En prévision d'une attaque, le Commandant de la garnison établit sur le Martray un poste de la 1ère compagnie de la 82ème demi-brigade, et fait boucher les rues qui aboutissent du dehors à cette place.
MAI. — Les chouans du département font enfin leur soumission. Malheureusement le pays reste infesté de véritables brigands, résidu de la guerre civile. Parmi ceux-ci on cite quelques anciens chouans, comme René Duros, Boinet, Pédron, de nombreux déserteurs républicains et des gens sans feu ni lieu dont plusieurs étaient originaires de provinces éloignées et même de l'étranger.
Le pays reste troublé jusqu'en 1802. Les archives judiciaires font connaître un nombre incroyable de vols, incendies, attaques à main armée ou assassinats, dénués de toute couleur politique.
Le général Vallétaux, commandant à Lamballe, remplace le capitaine Millet, par le capitaine Nantois, dans le commandement de la place de Moncontour. Deux compagnies du 2ème chasseurs à cheval tiennent garnison en ville.
Dans le cours de cette année, on démolit les chapelles de Notre-Dame de la Porte, de Saint-Jean et de Saint-Laurent.
1801. JUILLET. — Cinq habitants de Saint-Carreuc et un habitant de Saint-Gilles-du-Mené sont assassinés par la bande de Duros.
SEPTEMBRE. — Les brigands tentent de mettre à contribution Mr. V.-D..., négociant à Moncontour, auquel l'Etat, son débiteur, avait remis des biens nationaux à défaut de numéraire.
Prévenu par des affidés que ce négociant devait passer, le 13 septembre, sur la route de Saint-Brieuc à Moncontour, Duros se poste avec quatre satellites dans un champ de genêts, voisin de la route et situé dans le vallon de la Ville-Tanet.
Mr. V.-D... étant survenu vers 5 heures du soir, accompagné du nommé Cadoret et de la femme Paturel, ces brigands se jettent sur lui et s'emparent de son cheval, de son bagage et de sa montre. Ils le préviennent qu'ils ne le rendront à la liberté que moyennant rançon de 150.000 francs en or, qui devra leur parvenir dans le délai de 12 jours, sous peine de la vie. Ils chargent la femme Paturel de transmettre ces menaces à la famille de leur prisonnier. Ce dernier est traîné à travers la campagne et interné successivement dans les communes de Plaintel, Plaine-Haute, Saint-Donan, Cohiniac et Boqueho. Finalement, sa famille n'ayant pu fournir la somme réclamée, il est, après 15 jours de captivité, mis à mort et enterré dans un lieu inconnu. Les recherches faites pour retrouver son corps sont restées sans résultat [Note : Aux dires d'un homme impliqué dans cette affaire, V.-D... aurait été mis à mort et enterré près des fermes de Coetrio et de Liscoat, en Boqueho. Un paysan, entendu au procès, déclare que ce négociant aurait été enterré dans la commune du Foeil, près de la rivière. Le 10 octobre, Duros eut plus de succès. Déguisé en gendarme, ainsi que ses compagnons, il arrêta à Bringolo M. de Tr.. et le rendit à la liberté après en avoir tiré 72.000 fr. (Arch. judic.). Ce dernier méfait semble démontrer que l'assassinat de Mr V.-D... n'avait pas un caractère politique, bien que Duros eût probablement l'espoir de le faire admettre] (Archives judiciaires).
OCTOBRE. — Le 26, à 11 heures du soir, Duros est surpris dans une auberge du bourg de Plédran par une colonne mobile. Il est tué en cherchant à se sauver par une porte de derrière. On trouve sur lui la montre en or de Mr. V.-D...
1802. Les actes de brigandage ne pouvaient longtemps durer, leurs auteurs étant traqués de tous côtés. Les mesures rigoureuses prises par Bonaparte assurent enfin la pacification du pays, mais Moncontour ne retrouve pas sa prospérité d'antan. Les guerres de la Révolution, en ruinant le commerce avec l'étranger, avaient porté un coup fatal aux industries des toiles et des cuirs, si florissantes avant cette époque.
Le 24 août, l'église est rendue au culte.
1804. On constate que le cimetière de Saint-Jean est encore utilisé.
1805. Achat du buste en argent de Saint-Mathurin, fourni par Désury, orfèvre à Saint-Brieuc, au prix de 1.167 francs.
Pendant les guerres de l'empire, Moncontour perd un assez grand nombre de ses enfants, surtout dans la guerre d'Espagne. L'un d'entre eux, Ruellan, lieutenant aux chasseurs à cheval, fait particulièrement honneur à la ville. Il est fait chevalier de la légion d'honneur pour sa brillante conduite. Après avoir reçu de nombreuses blessures dans le cours de ses campagnes, il est tué glorieusement en Italie dans une rencontre avec les Russes. Les officiers de son régiment expriment à la ville leur vive douleur et la haute estime dans laquelle ils tenaient Ruellan.
181... Démolition de l'étage supérieur de la tour du donjon.
1814. Pour célébrer le retour des Bourbons, M. de Trémargat donne, dans l'avenue des Granges, un banquet populaire suivi de chants et de danses.
1819. Décès, au château des Granges, de M. Maurice Geslin de Trémargat, général de brigade.
1820. En plantant un bois de hêtres au tertre de la métairie du Pré, sur l'emplacement des fourches patibulaires, on trouve en ce lieu quantité d'ossements humains provenant des corps des suppliciés.
1828. Edification de la chapelle de Saint-Michel sur l'emplacement de l'église du prieuré de ce nom.
1834. Mort à la Ville-Balbois, à l'âge de 74 ans, de Pierre Georgelin, connu au loin sous le nom de « grand Pierre de Moncontour » et célèbre par une force corporelle invraisemblable. Il avait une taille de six pieds moins un pouce et une énorme musculature, sans avoir les jambes disproportionnées des hommes de très grande taille. Il était surtout remarquable par la largeur de ses épaules. Roulier de sa profession, il passait sa vie à parcourir la Bretagne et les routes de l'Ouest, allant jusqu'à Bordeaux prendre des chargements de vin. Il chargeait seul et très facilement sa charrette en prenant les barriques par les jables. A Blaye, il transporta un paquet pesant 998 livres. A Plémy, voyant plusieurs ouvriers s'épuiser en maladroits efforts pour élever à l'aide de leviers une énorme croix de pierre, il saisit cette croix entre ses bras et la plaça seul sur son piédestal. Il portait sur ses épaules un cheval de belle taille. Il dégageait sa charrette embourbée en la soulevant sur les reins. Sa force avait tellement impressionné ses contemporains que le recteur de Plémy, sa paroisse, crut devoir, pour la postérité, consigner sur le registre des décès des renseignements détaillés sur cet homme extraordinaire.
Georgelin avait deux soeurs. L'une mourut à l'âge de 17 ans, ayant atteint la taille de cinq pieds cinq pouces. L'autre également de grande taille et très forte, eut, sans mélange de filles, dix-sept garçons de trois maris. Cette dernière avait eu douze de ses enfants en six couches et n'avait pas 40 ans lorsqu'elle mourut. Par contre, Georgelin, bien que marié à une femme grande et robuste, eut des enfants dégénérés, sauf un seul, qui semblait avoir hérité de la vigueur de son père et fut tué en Crimée.
1847. La trêve de Penguily est érigée en paroisse et M. le Bel de Penguily bâtit à ses frais l'église, le presbytère et plus tard les deux maisons d'école.
1848. Ouverture de la nouvelle route de Saint-Brieuc, rejoignant celle de Loudéac par les vallons d'Arondel et de Launay, et établissement de l'embranchement qui aboutit à la porte d'en haut.
1858. Le 17 août, à 1 heure de l'après-midi, passage de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice allant de Loudéac à Saint-Brieuc. Un arc de triomphe avait été dressé sur la route, à hauteur du pré au just, près de l'embranchement, et des relais avaient été établis en ce lieu. L'empereur s'arrête sous cet arc et reçoit les autorités sans descendre de voiture.
Le maire, le curé et le juge de paix prononcent des discours de circonstance. Ce dernier, doublé d'un agronome émérite, sollicite l'attention du souverain sur l'état précaire de la culture dans le Mené. L'empereur exprime sa satisfaction en quelques mots et promet de s'occuper de la mise en valeur des landes du pays. Il se fait ensuite présenter quelques médaillés de Sainte-Hélène et, le relai terminé, se remet en route sans traverser la ville [Note : Les acclamations ne furent pas très nourries, et les gens de la campagne se firent remarquer par leur absence. L'empereur, fatigué peut-être, fut assez froid et excita peu d'enthousiasme, tandis que l'impératrice, alors dans tout l'éclat de sa jeunesse, impressionna par sa grâce et sa beauté].
1868. On fait disparaître les derniers vestiges de la chapelle de la Magdeleine en nivelant le sol sur son emplacement. Au cours de ce travail, on trouve des monnaies de Charles-le-Simple et des comtes de Penthièvre, Eudon et Geoffroy Botterel II.
1870. Le pays paye un large tribut à la funeste guerre franco-allemande. S'il n'a pas à souffrir les affres de l'invasion, il ne ménage ni la peine, ni la vie de ses enfants.
Dès les premières défaites, les gardes nationaux de la ville sont exercés sur l'esplanade des Granges par M. Boury, capitaine en retraite.
Les jeunes gens du canton, dispensés de service dans l'armée active, font partie du bataillon de mobiles des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Ils choisissent pour chefs : MM. H. de Bélizal, capitaine, de Foucaud, lieutenant [Note : blessé à Montretout. Puis chef de bataillon au 74ème territorial] et Jouny, sous-lieutenant. Ce bataillon fait la campagne dans l'armée de Paris.
Les hommes au-dessus de 30 ans sont incorporés dans la garde
nationale mobilisée. Le canton forme le 5ème bataillon des
Côtes-du-Nord et fournit les officiers suivants à la formation :
Chef de bataillon : M. Espivent de la Villeboinet.
Porte-drapeau
: M. Lanoë.
Capitaines : MM. Mahé, du Plessix de Grénédan, Picot
de Plédran, du Plessix de Grénédan.
Lieutenants : MM. Raffray,
Belhomme, Vincent, Picot de Plédran.
Sous-lieutenants : MM.
Cornuel, André, Lagrée, Morcet, Lemoine.
Ces mobilisés sont envoyés au camp de Conlie où ils sont en proie à la misère et aux maladies. Quelques fractions en sont détachées pour être envoyées à l'armée de l'Ouest.
Les jeunes gens du canton qui meurent pour la patrie sont nombreux.
A citer pour la ville :
Henri Lebreton, Henri Serinet, Jean
Ruenne, Jérôme le Branchu, Victor Perrot, Olivier Thébaut, tués ou
morts en campagne,
Charles Houssaye, décédé dans ses foyers des suites de ses blessures. [Note : Nous devons cette liste, ainsi que de
nombreuses indications sur la ville, aux bons offices de Mr. J.-M.
Carlo, ancien secrétaire municipal de Moncontour].
Il n'a pas été possible de dresser le tableau des hommes des autres
communes du canton, tués ou morts en campagne en 1870-71, les
registres des décès ne donnant pas les renseignements désirables.
Toutefois, nous citerons, puisqu'ils nous sont connus :
Louis
Gouessant, de Penguily.
René Hervé, François Robin, Pierre
Coquin, de Bréhand.
Jean Delanoë, Julien Hervé, Jean Gaspaillard,
Jean Barbe, de Saint-Glen.
Paul Rouxel, de Hénon.
Gauthier,
Morcet, de Saint-Carreuc.
Hippolyte Boishardy, de Plémy.
Il faut remarquer d'ailleurs que le chiffre des victimes de cette guerre s'accroît de tous ceux si nombreux qui meurent dans le cours des années suivantes des suites des privations et des fatigues éprouvées pendant la campagne.
1878. M. le curé Belouino fait ériger sur la place, vis-à-vis l'église, une statue de Saint-Mathurin en granit bleuté. Quelques années plus tard, cette statue, gênante pour la circulation, est placée au sommet de la façade de l'église après avoir été dorée.
1890. Le pignon Sud-Ouest de l'église menaçant ruine, et les murailles des collatéraux s'étant fortement inclinées vers l'extérieur, on opère la réfection de l'édifice. Ces parties sont reconstruites sur l'ancien modèle et la couverture du vaisseau est refaite à neuf. Les anciennes verrières, classées au titre des monuments historiques, sont remises en place après avoir subi aux Beaux-Arts les réparations nécessaires. (A. Houssaye).
© Copyright - Tous droits réservés.