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LA BOURGEOISIE MORLAISIENNE EN 1481

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Les 4 et 5 septembre 1481, tous « les nobles, ennobliz et autres subjects aux armes de l'Evesché de Tréguier » firent « montre » à Lannion, c'est-à-dire se présentèrent devant le comte de Coetmen, Rolland de Rostrenen, seigneur du Pont-Chastel, et Ollivier Le Moenne, maréchal des logis de l'hôtel du duc, commissaires désignés à cet effet. Chacun des comparants devait être pourvu d'un équipement militaire en rapport avec le revenu qu'il possédait en terres nobles et qu'il avait été tenu de déclarer au préalable. Une ordonnance ducale spécifiait minutieusement l'appareil et l'armement qui correspondait à tel ou tel chiffre de rente. Il était donc facile de vérifier si les gentilshommes présents à la montre n'avaient point cherché à faire des économies sur leur harnachement guerrier. Ceux qui se trouvaient en faute étaient sévèrement gourmandés et recevaient l'injonction de se présenter à la prochaine revue en meilleur équipage, sous peine de voir leurs biens saisis et confisqués. La même sanction atteignait les défaillants.

Nous constatons qu'à cette montre comparurent, tant de la ville-close de Morlaix que de la paroisse de Saint-Mahé (Saint-Mathieu), soixante-dix nobles anoblis ou tenant fiefs nobles. Ce nombre ne représente l'effectif que des deux paroisses trégorroises de la ville, Saint-Mathieu et Saint-Melaine, la paroisse de Saint-Martin faisant partie de l'évêché de Léon. Mais on retrouve dans leur liste à peu près tous les noms notables de la vieille bourgeoisie marchande et aisée, dont les ducs se plaisaient à reconnaître les services par de fréquents anoblissements et qui comptait d'ailleurs parmi ses membres plusieurs gentilshommes de vieille race, cadets de famille travaillant à redorer leur blason, soit en commerçant, soit en exerçant quelque charge judiciaire ou municipale. Une rapide étude de cette aristocratie morlaisienne du commerce ou de la judicature à la fin du XVème siècle ne paraîtra pas sans doute à nos lecteurs, indigne d'intérêt.

Le plus riche de la ville était Paul Pinart, seigneur du Val, en Saint-Mathieu, qui possédait 240 livres de rente en terres nobles. Il présenta pour lui son frère cadet, Rolland Pinart, archer en brigandine escorté d'un second archer. Cet équipage parut insuffisant aux commissaires et ils exigèrent que le seigneur du Val servît désormais par homme d'armes, c'est-à-dire un cavalier couvert d'une armure complète et accompagné de deux ou trois autres combattants. Le manoir du Val-Pinart existe encore près de la route de Callac ; son aspect ne donne pas une très haute idée de la puissance de ses anciens seigneurs. Il est vrai qu'il a subi bien des mutilations et qu'il ne doit remonter qu'à la fin du XVIème siècle, d'après l'écu mi-parti de Pinart et de Kersauson sculpté sur son pignon haut-enfaîté.

Ensuite venait, avec 150 livres de rente, Richard Quintin, sieur de Coatamour, en Ploujean. Il faisait un grand négoce sur mer et il envoya, en 1487, ses trois ou quatre navires coopérer à la défense de Nantes assiégée par les Français. La duchesse Anne l'en récompensa par des lettres d'anoblissement comprenant aussi son fils François. C'est celui-ci qui comparut pour son père en archer en brigandine, à la montre de Lannion. La famille Quintin a tenu jusqu'au XVIIIème siècle un rang éminent à Morlaix et a formé plusieurs branches dont l'une, celle de Kercadio (en Louargat), subsiste encore. La branche de Coatamour s'est fondue dans Lollivier, de Lochrist. Avant la réfection de l'église Saint-Melaine, en y remarquait une pierre tombale aux armoiries de Quintin : un lion accompagné de trois mollettes d'éperon. Leur blason se distingue encore en mi-partie dans un vitrail de la petite chapelle de la Clarté, en Plouigneau, jadis dépendant du manoir de Trévidy.

Presque aussi fortunés, avec leurs 140 livres de rente, étaient Jacques Toulgoet et Yvon Quintin. Le premier tirait son origine de la maison noble de Toulgoet, en Penhars, près de Quimper. Ses biens se trouvant en Cornouaille, il entendait faire montre dans cet évêché. Son fils ne comparut point et fut jugé défaillant. Les Toulgoet se sont habitués à Morlaix. Ils ont possédé plusieurs manoirs aux environs, entre autres Kerochiou, en Ploujean, où leur quintefeuille héraldique, alliée au lion des Porzpozen et aux trois croissants des Forget, timbre encore le portail, et Traon-ar-Vélin, en Saint-Martin-des-Champs, dont la petite chapelle de Sainte-Anne, convertie en habitation et blasonnée aussi de la quintefeuille des Toulgoet, subsiste seule aujourd'hui. Quant à Yvon Quintin, il semble avoir été l'auteur des branches de Kerscao et de Penanrue, en Ploujean. Il se fit remplacer par son fils Alain, en archer, auquel on commanda d'avoir avec lui un second archer.

C'est seulement au quatrième rang qu'apparaît l'opulent armateur Nicolas Coetanlem. Il avait déclaré 120 livres de rente et se fait suppléer par un modeste archer en brigandine, Marc Le Lagadec. Ses capitaux se trouvaient alors engagés dans son négoce et ne lui avaient pas encore permis d'acquérir toutes les terres nobles, Keraudy, Triévin, Kerivalen, en Plouézoch ; Penanrue et le Styvel, en Ploujean, etc..., dont il devait richement doter ses quatre filles. Il n'aurait pu, en 1481, comme il le fit vingt ans plus tard, sacrifier 10.000 livres de sa fortune — qui ne lui furent jamais remboursés paraît-il — à « l'avituaillement » de la célèbre caraque « La Cordelière », pour cette expédition de Méthelin ou Mitylène à laquelle Panurge se vantait d'avoir assisté. Enfin, on peut supposer qu'un aussi rusé compère, qui « roula » au cours de son aventureuse existence tant de marchands anglais, flamands et austrelins, sans parler de ses compatriotes, qu'il ne lui fallut pas moins de 5 mètres de parchemin pour mettre à l'article de la mort sa conscience en règle, n'ignorait déjà aucune des finesses de l'art de dissimuler ses revenus.

Cent livres de revenu formaient l'avoir des terres nobles de Philippe et Jean de Coetquis, d'Yves Tuomelin et d'Alain Pinart. Ce dernier, sieur de Bréventec, en Saint-Martin, et cadet de la maison du Val, comparut en personne, escorté d'un page. Maître Yves Tuomelin était juge ou avocat, fils de Pierre Tuomelin, seigneur du dit lieu (aujourd'hui Tromelin) et du Cosquer, en Plougasnou, qui avait rempli, de 1451 à 1460, la charge de contrôleur des finances municipales de Morlaix. Maître Philippe de Coetquis devait être un vieillard, car on le rencontre procureur syndic de la ville dès 1450 et 1451, puis lieutenant de la juridiction ducale en 1475. Il était seigneur de Kernéguès en Saint-Mathieu et issu d'une famille qui s'enorgueillissait d'avoir produit, avec un évêque de Rennes, puis de Tréguier, mort en 1464, un prince de l'Eglise, Philippe de Coetquis, archevêque de Tours et cardinal d'Avignon, mort en 1441. Anatole France, qui a rencontré le nom de ce théologien et orateur de grand mérite dans l'histoire de Jeanne d'Arc, a trouvé plaisant d'en affubler le héros d'une de ses nouvelles érotico-philosophiques. Maître Philippe était sans doute le filleul du cardinal. Trop âgé pour comparaître, il présenta Thomas Morice, archer, auquel on enjoignit d'être accompagné d'un page. Son fils, Jean Coetquis ne se présenta pas à la montre. Les deux derniers Coetquis étant morts étudiants à Paris, en 1644 et 1645, leur sœur Françoise apporta, par mariage, en 1645, l'héritage de sa maison dans la famille de Kergadiou.

Jean Goezbriant, Christien Le Garrec et Yvon de Quélen, n'accusent qu'un revenu de 80 livres. Le premier était sieur de Roscoat, en Tréduder, et donna naissance, par son fils cadet, Hervé, qui comparut en son lieu et place, à la branche des Goezbriant du Roslan, en Plougasnou, fondue en 1651 dans Kermenguy. Christien Le Garrec, sieur de Coatmenguy, en Ploujean, avait été procureur-syndic et député de Morlaix aux Etats de Bretagne, en 1465. Jean Le Guenec, en archer et muni d'une pertuisane, le représenta à la montre. Cette famille Le Garrec possédait dans la Grand'Rue une maison qui fut démolie vers 1900 ; une pierre en provenant, armoriée du blason des Le Garrec : de sable fretté d'or de 6 pièces au franc canton d'or chargé d'un lion de sable armé et lampassé de gueules, brisé en abyme d'un trèfle de sinople, est demeurée longtemps gisante près de la Fontaine des Anglais. Yvon de Quélen devait appartenir à la branche de Kermadéza, en Plougasnou, car c'est un Yvon Kermadéza qui, précisément, le remplaça.

Cinq bourgeois jouissaient d'un revenu de 70 livres. Salaün ou Salomon Kergournadech décèle par ce prénom emprunté au légendaire Salaün-ar-Foll, son origine léonaise. Il était, semble-t-il, seigneur de Kermorvan ou de Kerastan, en Plougasnou, et comparaît en archer avec page. Bizien Méryan, seigneur de Kerambarz, en Plouégat-Guerrand, cumulait avec sa charge de miseur ou receveur principal, en vertu de laquelle il acheta à Nantes, en 1483, huit serpentines et quatre coulevrines pour garnir les nouvelles fortifications de Morlaix, celle de capitaine du navire de guerre « La Françoise », du port de 250 tonneaux et montée par 120 combattants dans l'escadre bretonne. L'armement de cette nef, fait à Morlaix en 1481-82, coûta 1.280 livres. Guillaume Méryan comparut pour sou père, en archer. Jean Kerloaguen, défaillant, devait être un cadet de la maison de Rosampoul, en Plougonven, peut-être un sieur de Lesven dans la même paroisse.

Rolland Chauchard appartenait à une famille sur laquelle la Chronique morlaisienne et les Nobiliaires de Bretagne sont muets. Il se présenta monté à 2 chevaux, ce qui était fort rare dans sa catégorie. Le dernier, Jean Portzal, était seigneur de Kérivault, en Plougasnou. Il avait 45 ans lorsqu'il déposa comme témoin dans l'enquête sur les bornes de la ville de Morlaix qui eut lieu en 1455, en vue de la réformation du domaine ducal. Trop âgé pour servir en personne à la montre de 1481, il envoya à sa place Yvon Derrien, archer en brigandine, avec voulge (sorte d'épieu), mais comme le dit Derrien n'avait pas une apparence robuste, les commissaires le rebutèrent en enjoignant à son commettant de servir « par meilleur homme ».

Les possesseurs de 60 livres de rente sont au nombre de sept. Le premier, appelé Olivier Le Blonsart, comparait par son fils Jean, archer en brigandine. Cet Olivier, fils d'autre Olivier et de Gilette de Coetquis, était seigneur des Isles, en Guimaëc, et de Kersabiec, en Plounévez-Lochrist. Il représentait la branche aînée de sa famille, fondée vers le milieu du XVIème siècle dans Kerouzéré, tandis que son frère cadet Yves, époux de Tiphaine Le Borgne, fut l'auteur des branches du Bois de la Roche et de Kertanguy, de Garlan, dont la première subsiste encore.

Guillaume Le Borgne, cadet de la maison de Parc-ar-Provost, en Plougasnou, avait pour frère aîné Jean Le Borgne, sieur de Kerguidou, procureur du Duc à Guingamp et auteur des Le Borgne, de Lesquiffiou.

Nicolas de la Forest commandait un des navires de guerre de la marine bretonne, « La Barque de Morlaix ». Aussi ne se présente-t-il pas à cette revue des terriens où Bernard Le Gaudu, armé d'une voulge et harnaché d'une brigandine tient sa place.

Guillaume Le Clerc semble être un cadet de la maison de la Tour, en Saint-Vougay.

Alain Le Quenquizou, marié à Perrine de Goezbriand, était sénéchal de Lanmeur et seigneur de Mezanrun, en Taulé. Il avait dû naître au manoir de Kernoter, en Plouézoc'h, où les armes de sa maison : d'or fretté de sable se déchiffrent en relief sur le manteau d'une cheminée.

Enfin Jean Le Borgne était probablement le sieur de Kerguidou dont j'ai parlé plus haut.

Au chiffre de 50 livres correspondait deux seuls noms, l'un et l'autre peu connus, Pierre Le Gras et maître Jean Coetgarn, celui-ci Léonard.

Les bourgeois nantis de 40 livres de rente sont au contraire assez nombreux.

Olivier Le Gluydic, qui sera miseur de Morlaix en 1487, présente pour lui Jean Jagu, mais les commissaires le refusent « pour ce qu'il n'est bon personnage », c'est-à-dire qu'il paraît d'allure chétive.

Pezron Calloet, maître d'hôtel de la maison et seigneurie de Penhoet, possède la terre noble de Lanidy, en Plouigneau. Son fils Thomas, archer en brigandine comme tous les autres, le remplace à la montre et sera après lui seigneur de Lanidy, en laissant une postérité éteinte seulement au début du siècle dernier dans Le Rouge de Guerdavid et du Marchallach. J'ai consacré, en mai 1931, un article à la famille Calloet et au manoir de Lanidy, très pittoresquement posé au versant d'une futaie dans la vallée du Jarlot.

Un autre Peznon ou Pierre Calloet, dit le jeune pour le différencier du précédent, était l'époux de Catherine Tariec, dame de Kerangouarec, en Taulé. On voit encore dans le dallage de la chapelle de Saint-François de Cuburien leur pierre tombale armoriée.

De Vincent Tronezon, je n'ai rien à dire, sauf qu'il sortait d'une famille du Bas-Léon.

La veuve de maître Hervé Kerlan, quoique tutrice de son fils, n'a envoyé personne à la montre, ce qui la fait signaler comme défaillante.

Olivier Le Citaran comparaît muni d'une « arbalestre » pour maître Philippe de Kerret, avocat ou juge, d'une ancienne lignée, issue des vicomtes de Léon, mais déjà quelque peu en décadence.

Maître Auffroy-Perrot, sieur de Kerriou, en Locquénolé, sera en 1487 lieutenant du contrôleur de la communauté, Olivier de la Forest.

Henry de Bérien tient le manoir de Kerulgan, en Plouézec, au ressort de Goello, par partage de la maison de Keraznou, en Brennilis, dont il est cadet.

Jean La Marant est seigneur de Penanvern, en Plourin. Ses armoiries sont toujours visibles, alliées à celles des Le Vover et des Mériadec, sur l'unique enfeu de l'église des Jacobins de Morlaix qui ait échappé aux dévastations révolutionnaires. Il se présente armé d'une voulge et escorté d'un page, luxe que, dans sa catégorie, il est le seul à s'offrir et déclare se « monstrer » aussi à Plourin.

Je sais seulement d'Alain Bidéguen qu'il avait un lieu noble à Kerrechneder, en Lanmeur, et d'Yvon Clerc qu'il devait être parent de Guillaume Clerc susmentionné. Il est d'ailleurs renvoyé se « monstrer » en Léon.

« Les trente livres de rente » constituent une petite escouade de 9 personnes, dont deux appartiennent au beau sexe, la fille Jean Forget et Jeanne Autret. La première, héritière du manoir du Plessis, en Sainte-Sève, que le Duc Jean V avait affranchi, en 1429, en faveur de son grand'père Jean Forget, était sous la tutelle de son oncle Pierre Forget, sieur de la Fontaine-Blanche, qui comparait pour elle.

Elle épousa un Guicaznou. Jeanne Autret fut représentée par Olivier Estienne, voulgier en brigandine.

L'élément masculin comprenait Philippe Colin, Jean Marec, Michel Thibault, Jean Le Mignot, Hervé Kerigout, Jean Simon et Alain Morvan. Le premier était d'une vieille maison de bourgeoisie commerçante qui prétendit pendant deux siècles à la noblesse sans pouvoir y atteindre et finit cependant, à force de persévérance, par décrocher un arrêt favorable du Conseil du Roi en 1701.

Jean Marec était seigneur de Lavalot, en Taulé ; ses armoiries : deux badelaires (sabres) passés en sautoir, se distinguaient au XIXème siècle à l'intérieur du clocher de Saint-Melaine où un plancher les dissimule aujourd'hui. Son fils Jean parut pour lui en équipage d'archer en brigandine avec page.

Michel Thibault ou mieux Thépault possédait le manoir de Léinquelvez, en Garlan, mais fit défaut à la montre.

Je ne sais rien de Jean Le Mignot.

Hervé Kerigou avait une ascendance léonaise, sortie probablement du manoir de Kerigou, au Minihy de Léon.

Yves Simon devait tenir le manoir de Keropartz, en Lanmeur.

Alain Le Morvan, aussi Trégorrois, était seigneur de Kerloaguen-Plourin et comparut par Jean Le Névez en brigandine et voulge.

Jean Le Mousteru avait déclaré 25 livres de rente. Il les tirait sans doute du lieu noble de Mousterou, en Ploujean, dont il portait le nom. J'y ai vu encore un tronçon de manoir gothique, près de la jolie chapelle de Sainte-Geneviève.

Jean Le Voyer devait son revenu de 22 livres à un manoir qui m'est inconnu, peut-être Feunteunspeur, en Henvic.

Les possesseurs de 20 livres forment un gros contingent d'une douzaine entière. J'y note un Jean Corre, sieur de Kerlavarec, en Plougasnou, un Yvon Goezbriand, qui ne se présente point, un Guillaume Pasquiou et un Guillaume Le Moign, aux noms restés obscurs, un Guillaume Colin, apparenté au Philippe ci-dessus, la veuve d'Alain Le Rumeur, tutrice de ses enfants pour qui fit montre Bastien Le Saux, en brigandine et voulge, un Jean Luorzou, sieur de Kerbiquet, en Plougasnou ; un Jean Kerlehouarn, originaire vraisemblablement du lieu de ce nom, en Plougasnou, et un Guyomarc'h, Le Borgne. Trois autres restèrent invisibles et furent jugés défaillants : Roland Pinart, Me Thomas Perrot et Martin Lénoret, sieur de Kerlaouénan, dont le blason : un losange cantonné d'un dextrochère, est sculpté à la base d'un des piliers de l'église de Saint-Melaine à droite du chœur.

L'unique bourgeois à 15 livres, Jacob Le Mercier, ne jugea pas non plus à propos de comparaître. Il devait être apparenté aux Le Mercier de Beaurepos, en Guipavas, manoir où subsistent du vieux temps un charmant moulin seigneurial à lucarne pointue et une porte Renaissance accostée de colonnes.

Les derniers sembleraient n'être que du menu fretin, avec leur humble revenu de 10 à 12 livres de rente, si l'on négligeait de considérer que tous ou presque tous sont pourtant d'excellente maison. Olivier Le Beuzit (ou de la Boixière) procédait du lieu noble de ce nom, en Plourin. Il dit se « montrer » en Saint-Brieuc et en effet j'ai remarqué que l'arrière façade d'un logis de la rue Fardel en cette ville les armes des la Boixière-Plourin : un buis senestré d'un poisson en pal.

Jean Kergus, auteur des sieurs de Mezambez, en Guimaëc paraît en archer en brigandine.

Olivier de Quélen et Jean de La Forest ne se présentent point, comptant sur leur médiocrité pour échapper aux sanctions.

Plus scrupuleux, Bertram Le Borgne, sieur de Kerbridou, en Plouzéoch (?), fait archer en brigandine et Jean du Trou (An Tnou ou du Val) paraît couvert d'un jacque et muni d'une voulge. Ces du Val, seigneurs du dit lieu, en Saint-Mathieu, se sont continués chétivement, mais noblement, jusqu'au XVIIIème siècle. Ils expliquaient leur peu de fortune en assurant que leurs riches voisins, les seigneurs du Val-Pinart, avaient autrefois usurpé le patrimoine de la maison du Val-Val, qui, dans le principe, dépassait en antiquité et en opulence les plus qualifiés de la paroisse. Il est certain que leur blason : « d'azur un cerf passant d'or » figurait en honorable place dans les vitraux et sur les tombes de l'ancienne église de Saint-Mathieu, reconstruite en 1824.

Les plus gueux de la bande, J. Martin, prétexte de ce qu'il n'a que trois malheureuses livres de revenu, pour comparaître à pied alors qu'une monture quelconque, courtaut, roussin ou bidet, était de rigueur. Aussi se fait-il dédaigneusement renvoyer et la montre des nobles bourgeois de Morlaix se clôture par l'exclusion de ce pauvre diable qui ne dut pas s'en montrer autrement fâché, puisqu'elle l'exonérait d'un service ennuyeux.

(L. Le Guennec).

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