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PRÉVôTS OU SERGENTS FÉODÉS DE MORLAIX

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Les prévôts, sergents ou voyers féodés étaient des seigneurs, chargés spécialement du maintien de la tranquillité publique dans l’étendue du territoire qui leur était fixée [Note : C’était l’étendue du ressort de la juridiction ducale du lieu], et, particulièrement dans les villes, de veiller à la sûreté des chemins, d’arrêter les coupables, de pourvoir à leur exécution, de l’assurer dès qu’ils étaient condamnés par les tribunaux et de lever certains droits dus au duc, sur lesquels il leur était alloué une portion à titre de frais de perception, portion qui était prélevée en sus du droit sur les contribuables et qui montait à Morlaix au vingtième de la somme. Ces prévôtés voyeries féodées étaient attachées à des terres érigées en fief à cet effet. C’était le gage de l’exactitude et de la régularité du service au quel leurs propriétaires s’étaient soumis en les acceptant et le duc pouvait les saisir, si ce service n’était pas rempli d’une manière convenable. On en voit plusieurs exemples dans l’histoire de Bretagne, où cette espèce de fief est d’ordinaire appelé gage. Si le titulaire était un mineur ou une femme, il devait se faire remplacer par un homme capable de remplir son office.

Les plus grands seigneurs possédaient de ces sergenteries féodées, comme on peut le voir à l’appel qui en est fait au parlement tenu à Vannes, en 1462, par le duc François II [Note : Voyez les actes de Bretagne ou preuves de l’histoire de cette province par D. Morice, T. III col. ; voyez aussi T. II col. 755, 1602, 1583, 1700, et le T. 1er col. 409 pour les droits, le devoirs et les fonctions des prévôts et sergents féodés].

Mais à cette époque, ces seigneurs, trouvant pour la plupart, ces fonctions au-dessous d’eux, ou les exerçaient mal ou les affermaient et les faisaient exercer par des gens peu capables ou fripons qui volaient et pillaient le peuple qu’il était de leur devoir de protéger et de défendre. Aussi cet établissement qui tombait peu à peu en désuétude, finit par être totalement anéanti depuis l’union de la Bretagne à la France. Il s’est maintenu en Angleterre sous le nom de Shérifdom, avec la différence que ces fonctions sont personnelles et qu’elles ne sont point attachées à un fief, comme cela avait lieu en Bretagne. Lee shérifs jouissent en Angleterre d’une considération d’autant plus grande que leur place exige une grande fortune à raison de la dépense considérable à la quelle ils sont souvent tenus.

Il y avait à Morlaix un prévôt, dit de Bourret. Cette prévôté parait avoir été attachée à la terre et seigneurie de « l'Armorique » en Ploujean qui a été longtemps possédée par les seigneurs de la maison de Foucault de Lescoulouarn, elle passa ensuite dans la maison de Goëzbriand. On voit que ces fonctions consistaient à maintenir la sûreté et la tranquillité publiques, surtout lorsqu’il y avait de grands rassemblements de peuple. On sentait que cette circonstance exigeait une action plus vive et plus prompte que celle de la justice ordinaire. Le prévôt de Bourret avait la haute police des quatre foires qui se tenaient à Morlaix. La première était celle du lundi après la Pentecôte, c’était alors la plus considérable en elle s’appelait par excellence la foire de Morlaix ; la deuxième était celle de Saint-Augustin, le 28 août ; la troisième était celle de Sainte-Catherine, le 25 novembre ; et la quatrième, celle de Saint-Mathieu, le 24 février.

Voici ce qu’en dit la Réformation du domaine de Morlaix : « Est vroy que le duc a quatre foires l’an en ladite ville de Mourlaix, savoir : la première est la principale des dites foires, au lundi prochain après la Pentecouste, qui s’appelle la foire de Mourlais, tant à cause de la chair, que du pain, bestes vives et autres denrées ; ledit devoir appelé le tolleau, chait en la main du duc et en reçoit le devoir d’iceluy le fermier des quatre foires, en doublant iceux devoirs et coustumes sur tous marchands, excepté sur les nobles et gens privilégiés pour la provision de leur maison et les bourgeois et habitans du dit lieu de Mourlaix, les queuls ne paient rien dudit tolleau ».

La foire haute, qui est devenue depuis la principale, n’était pas établie alors. Il paraît que ces foires, ou du moins la majeure partie, se tenaient en Bourret. Huit jours avant la foire, le prévôt de Bourret allait en cérémonie prendre la verge de la Justice du duc, entre les mains du sénéchal ; dès ce moment, il avait l’entière administration de la justice pendant quinze jours, c’est-à-dire huit jours avant et huit jours après la foire. Il jugeait alors sommairement toutes les difficultés qui pouvaient s’élever ; se faisait payer les amendes, dont il devait compte au duc par écrit, signé de son sénéchal et de son clerc. Il avait le droit, pendant ce temps, de prendre le septième de tous les devoirs et coutumes de la foire, qui étaient doubles de ceux des marchés ordinaires, ainsi que le septième des droits de passage du pont de Bourret qui appartenait à des seigneurs particuliers à la charge de l’entretien : c’étaient, en 1455, les seigneurs du Garspern, de L’Esparler et de l'Isle. A l’expiration des quinze jours, il allait remettre la verge de justice au sénéchal du duc, et il devait fournir son siège de coussins. Nous voyons que dans ces cas d’affluence du peuple, on avait senti la nécessité de rendre la justice militaire et prévôtale, pour prévenir les désordres. Il avait des gens de pied armés ou archers, pour le maintien de la tranquillité, pour assurer le payement des devoirs, coutumes, péages et amendes.

Outre la prévôté de Bourret, il y avait encore la prévôté voyerie de Morlaix. Cette charge était attachée à la terre de Belizal [Note : Beli-sal signifie peut-être salle du bailli, qui était jadis militaire et qui est probablement devenu voyer de Morlaix], située sur le Mont-Relaix, au-dessus de l’emplacement de l’hôpital et du château ; le haut de la rue des Brebis en dépendait et ces maisons payent encore des rentes foncières au propriétaire de Belizal. L’une d’elles est encore connue sous le nom de maison du bourreau, et les autres servaient probablement de logement aux archers du prévôt-voyer. La terre de Belizal parait avoir eu d’abord ses seigneurs particuliers, mais, elle entra ensuite dans la maison de Coëtezlen ou Coëtezlan en Plourin, dont elle a été longtemps une annexe, jusqu’au moment où elle en a été séparée de nouveau et vendue, je crois par MM. de Kersauzon-Brezal à MM. de Goazillon-Kermorvan. M. de Kerbriand-Postic la possède en 1810.

Un seigneur nommé Derrien était bailli de Morlaix en 1180 ; Richard, chevalier, était voyer de Morlaix, en 1225, et Alain de Chasteaumen l’était, en 1300.

Les fonctions du prévôt-voyer de Morlaix consistaient dans le prélèvement de la rente censive due au duc par les habitants de Morlaix ; car ils étaient exempts de fouages, tailles, aides, emprunts auxquels était soumis le peuple des campagnes. Cette rente censive, appelée demande d’août, formait un capital de 30 livres 18 sols, somme qui paraît modique lorsque le marc ou demi-livre d’argent était évalué cinquante francs, mais qui était considérable lorsque le marc d’argent était à 9 livres 5 sols, comme en 1459 ; à environ 8 livres 10 sols, comme en 1457 ; à 7 livres comme de 1434 à 1442 ; à 6 livres 12 sols 6 deniers, comme en 1429 ; à 4 livres 8 sols, comme en 1270.

La demande d’août se répartissait de cette manière : au premier dimanche d’août, les habitants, sur l’avis du receveur du duc, se réunissaient pour choisir gens savants qui devaient faire l’assiette de cette somme, plus le vingtième en sus, qui était le salaire du voyer, ils devaient aussi former les rôles qui étaient remis à celui-ci pour en faire le recouvrement. Le receveur pouvait contraindre le voyer à lui en faire le payement. Mais si de la part des habitants, il y avait pour cet objet des réclamations, des oppositions, des pleigements, le receveur était tenu de les prendre en charge du prévôt-voyer, sauf au receveur à prendre son recours envers les répartiteurs, qui devaient faire la répartition bonne et solvable. Cette rente censive ne portait que sur les habitants tenant feu et lieu, et usant de bourse commune dans l’étendue de la banlieue de Morlaix. Aussi cette rente n’était à leur égard qu’une contribution personnelle et industrielle.

Le prévôt-voyer de Morlaix était tenu aussi à ses propres frais de garder les coupables condamnés, par la justice du duc à Morlaix, de payer l’exécuteur et donner ce qu’il fallait pour l’exécution : « lorsqu’un homme, dit la Réformation de 1455, est condamné à souffrir mort, le dit prévôt doit et est tenu à faire l’expédition à ses propres coust et despens et fournir de bourreau et autres choses à ce nécessaires, fors et excepté que le duc doit faire la mise, et faire dresser la justice patibulaire avecques des échelles, gants et cordaiges ».

On voit que les fonctions de sergents, prévôts et voyers féodés étaient à peu près les mêmes qu’ont exercées jusqu’à notre temps les prévôts de la maréchaussée et depuis les officiers de gendarmerie. Avant la Révolution, le peuple de Morlaix appelait encore archers les cavaliers de la maréchaussée. Le nom était resté, quoique les choses eussent changé, les archers étant d’ordinaire des gens de pied. On voit encore à Morlaix une rue des Archers : elle conduit de la place du Dossen à la rue Saint-Mathieu. Nous avons cru devoir entrer dans quelques détails sur ce sujet, nous l’avons fait surtout pour les personnes qui sont bien aises de comparer les institutions de nos pères avec les nôtres.

Dans la même Réformation, on voit que Lanmeur, qui est qualifié ville, payait annuellement au duc une rente censive du même genre que celle que payaient les habitants de Morlaix, mais plus forte puisqu’elle montait à cinquante livres. Elle était prélevée par le prévôt de Lanmeur, dont le gage était la seigneurie de Coatgrall en Ploujean, qui a appartenu longtemps à la maison de Guicaznou. Cette terre était, en 1455, entre les mains de Catherine de Guicaznou qui, ayant mis du retard à compter des sommes qu’elle avait prélevées, et de la négligence dans l’exercice de sa charge, était alors en procès, devant la cour de Morlaix, contre les officiers du duc qui avaient saisi le gage ; ils voulaient saisir aussi les biens qu’elle possédait dans la châtellenie de Lanmeur, en garantie des deniers qu’elle avait perçus, pu et dû percevoir. Cette prévôté était venue à la maison de Guicaznou par celle de Kerraoul.

La censive de Lanmeur plus forte que celle de Morlaix, donne lieu de penser que jadis la première ville était plus considérable que la seconde, ce que l’histoire et les anciennes légendes sembleraient confirmer ainsi que la tradition. (J. Daumesnil).

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