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Les Archives de la paroisse de Mûr-de-Bretagne

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Sous le nom d'archives, on comprend le trésor et les papiers.

A l'origine, les fabriciens emportaient chez eux la totalité des archives ; en 1692, nous voyons les fabriciens entrants assigner leurs prédécesseurs devant le siège de Ploërmel en remise des titres et enseignements de la paroisse ; les fabriciens sortants s'empressent de remettre les pièces pour éviter un procès. Des faits analogues se présentent souvent.

La cause de cet usage était le peu de sécurité offert par l'installation matérielle des locaux où les archives auraient dû être déposées. Marc Moigno, fabricien de sainte Suzanne, nous fait connaître cette situation ; il expose, dans ses comptes, que le 7 juillet 1722, il a demandé à déposer dans la caisse 3.244 livres qui lui étaient remises par son prédécesseur, mais le général s'y refuse, cette caisse n'étant pas sûre.

Le 9 mai 1756, le recteur invite le général à délibérer sur l'installation d'un coffre-fort pour servir à la paroisse afin d'y déposer le trésor et autres choses concernant ses affaires. On décide que ce coffre sera composé de soliveaux de six pouces et le restant de limandes et autres bois les plus forts et meilleurs qu'on pourra trouver ; sur lequel on placera ce qui est nécessaire de fer et autres choses pour la sûreté de ce qu'il renfermera ; l'ouvrage ne sera pas retardé, on s'y mettra dès demain : Joseph Le Ralle, fabricien, est chargé de se pourvoir de matériaux jointement avec Audren, maître menuisier.

Quelquefois les archives étaient inspectées : ainsi le 13 juin 1762, maître Allanic de Bellehère, procureur fiscal de Pontivy, requiert les clefs des archives pour vérifier si elles sont en ordre. inventorier les titres, contrôler le nombre, la qualité des délibérants, la date de leur entrée en fonctions, et prendre connaissance des affaires concernant le général. En présence de M. Joseph-René Mat, faisant fonctions de juge de la juridiction de Mûr, du sieur Seurot, procureur fiscal de la même justice, les clefs sont représentées ; on ouvre les archives ; en fait, elles ont été trouvées en mauvais ordre, même sans inventaire régulier des titres : il est décidé qu'on procédera à l’inventaire dans une prochaine réunion ; les clefs sont remises au procureur fiscal de Mûr.

Si le général tenait ses archives peu en ordre, il se préoccupait cependant de leur conservation ; il est probable que ses soins étaient plutôt motivés par la présence du trésor que par celle des vieux titres ; en tous cas, malgré les précautions prises pour la solidité du coffre, il craint les voleurs ; trouvant la sacristie, trop petite pour mettre un lit, il décide le 21 janvier 1776 que les archives seront déposées chez le recteur qui consent à les recevoir. On trouva bientôt des inconvénients à ce dépôt : le 18 janvier 1777, les délibérants donnent ordre de faire un lit dans la sacristie ; le 19 novembre 1780, Joachim Le Bourhis, sacristain, s'oblige à y passer les nuits à raison de trois livres par mois ; on lui fournira sous huitaine deux couettes et deux linceuls (draps). Les craintes du général sont justifiées par les évènements : peu après, des voleurs s'introduisent par les fenêtres dans la chapelle de sainte Suzanne, le fait est attesté par le fabricien qui porte à son compte de 1782-1783 : 14 livres 8 sols payées au vitrier pour raccommoder les vitres après les voleurs. Au lieu de tenir compte de cet avertissement, le général se départit de la surveillance, coûteuse sans doute, qu'il avait organisée dans la sacristie de l'église paroissiale, et celle-ci est à son tour visitée par les voleurs : on prit alors le parti le plus simple. On fit garnir de barreaux la fenêtre de la sacristie, et, pendant ce travail, Jean Valy, du bourg, veilla jour et nuit moyennant 15 sols par jour (nuit et jour compris) ; le compte de François Le Bigot en 1789 nous donne ces renseignements.

Il nous reste à rechercher maintenant ce que contenaient ces archives : outre l'argent, on y déposait tous les titres et documents intéressant la paroisse : on faisait quelquefois des inventaires ; même quand ces actes sont notariés, il y a des lacunes, et nous rencontrons fréquemment des déclarations complémentaires.

Le plus ancien inventaire que nous ayons trouvé est de 1683 ; il comprend :

1° Des contrats et pièces de procédure relatifs à la tenue convenancière que l’église possédait à Plussulien ;

2° Un contrat pour la frairie (confrérie) du saint Rosaire fondée en l'église paroissiale dudit Mûr en date du 18 décembre 1644 ;

3° Contrat sur vélin d'une rente de six sols tournois donnée à la fabrique par Louise Le Botscau, en date du 29 juin 1619 ;

4° Contrats d'affranchissement ou anoblissement de feux et quittances relatives à cet objet ;

5° Quittance en date du 26 janvier pour droits d'amortissement ;

6° Extrait du rôle des condamnations fait par la chambre souveraine le 16 mars 1641 ;

7° Contrat par Marigo, reconnaissant à l'église une rente de trois sols tournois sur une maison à domaine congéable ;

8° Contrat sur vélin pour la réparation du porche, du 28 décembre 1616. Lesquels contrats sont remis au recteur, messire Yves Gallerne et à messire Quinio, curé.

A la suite de cet inventaire, on ajoute d'autres pièces omises ou retrouvées plus tard :

1° Deux contrats sur vélin pour le pré du Clandy ;

2° Sentences au profit des paroissiens touchant une pièce de terre dite Parc Névé (1659 et 1660) ;

3° Déclaration de Jacques Denoual, touchant la tenue de Plusarec, en date du 17 juillet 1769.

Le 10 juin 1691, Pierre et Jean Le Bigot, fabricien et trésorier, procèdent devant notaire à l'inventaire des biens de l'église, ils se chargent des pièces relatées ci-dessus et en outre : de pièces de procédure relatives à la tenue Denoual, de Plussulien ; d'un accord sur vélin, en date de 1537 ; un extrait des registres du Parlement, en date du 18 mai 1600 ; un mandement du sieur Monnier, sieur de la Garotherie, du 10 mai 1640 ; acte paroissial du 20 décembre 1609, avec quittance du sieur de Kercado, en date du 9 décembre 1610 ; déclaration faite par Duaud et le Denmat aux paroissiens le 2 avril 1690 ; quittance de droits d'amortissement du 9 mai 1691.

Le 29 juillet 1691, on fait l'inventaire des rôles de fouages de 1641, 1646, 1648 ; des comptes de marguilliers de 1625 à 1681 ; du compte de Tanguy et Guillo, biffé et non signé avec un rôle rentier, non garanti, contenant treize articles ; d'un acquit présenté par M. Le Ralle, aux fins d'une transaction avec le recteur pour son logement ; sept copies de rôles de fouages ; trois quittances de rations fournies à la cavalerie légère à Carhaix et Quimper, en 1685 ; trois copies des fouages de 1685.

Un nouveau rôle rentier des biens de l'église fut dressé en 1727 ; Messire Le Berre, recteur à cette époque, était licencié en droit civil et canonique en l'Université de Paris ; sa présence est une garantie du soin et de l'exactitude qui durent être apportés dans la confection du rôle. Nous relatons ici les indications qui y sont portées en ajoutant les renseignements que nous avons pu trouver ailleurs touchant chacun des articles :

1° Parc Névé, situé aux dépendances du village de Kervo : 2 sols tournois. Le rôle indique que cette pièce de terre a été vendue à Louis Le Bihan, par messire Jean Pensivy, curé, suivant contrat du 29 mars 1693, au rapport de Le Ralle et du Vieulx, notaires. Elle avait fait, en 1659 et 1660, l'objet d'un procès, tranché au profit de la fabrique contre les consorts Lansoif ; en 1693, elle fit retour à la fabrique par suite du décès de Catherine Lansoif ; c’est alors qu’intervint l’acte relaté au rôle par lequel la fabrique vend à Le Bihan le Parc Névé à titre d'héritage roturier, sous réserve d'une rente annuelle et perpétuelle de deux sols et moyennant le prix de soixante livres tournois. En 1738, Jeanne Le Bihan décède sans héritiers et la pièce de terre fait encore retour à saint Pierre ; l'acte qui intervient indique que cette parcelle, transformée en pré, est bornée au midi par le grand chemin (c'est-à-dire l'ancienne route de Pontivy à Corlay, laquelle passait par Kervo et non par le bourg), elle est vendue aux enchères 219 livres à Olivier Vally et Françoise Guillaume, sa femme, à titre de convenant et domaine congéable, moyennant une rente de deux sols tournois, et à charge de soumission à la juridiction du marquis de Coëtlogon, seigneur fondateur de l'église paroissiale, sans autre obéissance ni corvée.

2° Sur une pièce de terre tant sous pré que sous lande, appelée Prat en Ilis (pré de l'église), située au village de Kervo, audit Mûr : 24 sols. Le rôle porte que cette parcelle est à domaine congéable, qu'il est dû en outre une poule et que, par une déclaration du 28 avril 1652, Yves Audren reconnaît devoir deux sols pour sa part de ladite poule. L'acte de 1652 est plus clair que cette mention portée au rôle : il y est dit qu'Yvon Audren déclare tenir à domaine congéable une pièce de terre sous pré et lande, qu'il tient de feue Catherine Le Bouedec, sa mère ; cette pièce, sise à Kervo, donnant d'un bout sur le chemin de la Villeneuve à Poulerlandy (actuellement Poulandy) (c'est l'ancienne route de Pontivy à Corlay), contient un journal et demi ; Audren déclare devoir de rente 24 sols, plus deux sols pour sa part d'une poule due tant sur cette pièce que sur d'autres terres appartenant à Le Carf, Le Mouël et Lansoif, de Kervo. Cette déclaration fait supposer que l'église était foncière d'une tenue sise à Kervo, composée de plusieurs parcelles, et devant une poule pour redevance annuelle ; puis cette tenue a été divisée ; Audren paie deux sols pour Prat en Ilis, et les consorts Lansoif paient aussi deux sols pour leur part qui est le Parc Névé dont nous avons parlé sous le n° 1 ; à une époque postérieure au partage, Audren ou ses auteurs auront offert à l'église de payer un supplément de 24 sols pour obtenir l'assurance de ne pas être congédiés avant un certain temps ; ce contrat d'assurance était très usité dans la majeure partie des pays de domaine congéable ; à Mûr (Mûr-de-Bretagne), il était excessivement rare.

3° Sur la tenue de Plusarec, en Plussulien, 12 livres payables en septembre, suivant déclaration du 17 juillet 1679, au rapport de Mercier, notaire. Cette tenue était à domaine congéable ; saint Pierre en avait les droits fonciers ; elle fut l'objet de très longues procédures ; deux fois les seigneurs dans le territoire desquels elle était enclavée prétendaient exercer à leur profit le droit de retour, quand une deshérence se produisit, mais finalement ce fût la fabrique de Mûr qui triompha. Les pièces de procédure relatives à ces deux affaires sont datées, les premières de 1612 à 1617, les secondes de 1754 à 1757 ; les comptes des fabriciens de saint Pierre en 1758 portent en recette 95 livres 5 sols 4 deniers, provenant des lods et ventes de la tenue Plusarec, de Plussulien, après avoir été obligé de payer les frais du procès que l’église a dû soutenir pendant longtemps pour conserver ses droits qui étaient très justes et très légitimes. Une délibération du général en date du 24 mai 1754 ayant pour objet d'instituer des mandataires pour ce procès, indique que l'église de saint Pierre possède les droits fonciers de cette tenue depuis plus de 200 ans, Une autre délibération du 6 juillet 1755 fait connaître que les détenteurs de la tenue avaient coutume de payer douze livres, au lieu qu'en réalité ils devaient plus ; effectivement, un aveu du 13 mars 1506, rendu par Jouhan Denoual au sieur Riant, porte une redevance de 25 sols, monnaie payable au jour de la saint Michel, quatre pairées avoine menue, mesure de Corlay et deux poules et demie par chaque an. A la fin du procès, le 10 mars 1758, on fit rendre aveu par le détenteur de la tenue, et on rétablit la redevance telle qu'elle devait être, en réduisant à deux, au lieu de deux et demie, la redevance en poules.

L'inventaire de 1683 indique que cette tenue avait été donnée à l'église par Yves Riant, suivant acte du 1er jour de janvier 1558.

4° Sur une maison et terres prises dans les communs de Mûr (Mûr-de-Bretagne), proche de Landroannec, 3 sols payables à la saint Jean, suivant contrat du 8 mai 1655, au rapport de Duaud et Jean, notaires, consenti par Guillaume Marigo. L'inventaire de 1683 indique en outre que par ce contrat de 1655, Guillaume Marigo, de Landroannec, reconnaît que la maison construite par lui est à domaine congéable sous la fabrique de Mûr. Les comptes de 1763 portent que cette tenue, appartenant à Guillaume Henrio, consistait en deux courtils et une maison arrasée, c'est-à-dire tombée en ruines, qu'on appelait Toul Ranec.

5° Sur la tenue que possédaient autrefois au village de Coëtnohen. René Jean et Suzanne Le Ralle, sa femme, 6 sols payables à perpétuité à la fête de saint Pierre, suivant déclaration du 1er octobre 1651, au rapport de Deshogues et Jean, notaires. L'aveu de 1651 se trouve aux archives, il ne donne pas de plus amples indications.

6° Sur un jardin et courtil appartenant autrefois à Louise Le Bosco, situés aux dépendances du bourg de Mûr (Mûr-de-Bretagne) ; suivant contrat du 29 juin 1619, au rapport de Mahéo et Kerdren, notaires : 6 sols payables à la saint Gilles, à perpétuité. Les inventaires de 1683 et 1721 relatent le titre sur vélin de ce contrat, le nom de la donatrice est écrit Le Botscauf ; la déclaration des biens de l'église du 8 juillet 1691 indique que la propriété grevée relève de la seigneurie de Coëthuan.

7° Sur le pré du Clandy, possédé autrefois par Le Carf, de Keriel et Julienne Le Puil, de Curlan : 26 sols. Cette pièce de terre fut probablement divisée en deux et l'une des parties chargée d'une plus forte redevance, fait que nous avons signalé déjà pour une autre parcelle : à partir de 1758, nous trouvons deux articles relatifs à des terres sises à Poulerlandy ou Poulliandy : on indique que ces parcelles se joignent et sont situées sur le chemin qui conduit du bourg de Mûr à Kervo et Keriel ; l'une est possédée par François Martin qui paie 13 sols, l'autre par les héritiers de Joseph Bodic qui paient 7 livres 13 sols ; ces deux articles correspondent à la redevance ancienne de 26 sols, plus 7 livres imposées à l'une des parcelles par suite d'une convention dont nous n'avons pas retrouvé la trace.

8° Contrat de constitut fait par Perrine Nicol en date du 13 novembre 1700, au rapport de Mahé, en faveur de l'église de Mûr (Mûr-de-Bretagne), portant 18 livres de rente annuelle dessus un pré appelé la garenne, aux appartenances de Kerbotin ; payable à perpétuité à la saint Michel. Les comptes des fabriciens nous apprennent que cette rente fut soldée régulièrement par Guillaume Henrio, époux de Perrine Nicol et ensuite par ses héritiers jusqu'en 1780, époque où la famille Henrio contesta les droits de l'église à ce sujet. Les arrérages de cette fondation étaient intégralement touchés par le fabricien de saint Pierre, mais il devait compte de deux livres à la confrérie du Saint Sacrement et deux livres à la confrérie du Rosaire.

9° Fondation de Jean Guergadic, portant trois livres, en date du 24 août 1699, au rapport de Mahé, notaire apostolique, payable à perpétuité, assise sur deux petites maisons nommées Porc’h er Botinet et les issues, jardins et champs qui en dépendent.

10° Fondation de Mathurine Pierre et de messire 0llivier Pierre, son frère, pour deux services que l'église doit faire célébrer, l'un le 29 juin, l'autre le 1er août de chaque an à perpétuité, portant 6 livres de rente annuelle pour les prêtres de Mûr, de laquelle somme il sera payé à l'église 2 sols, parce que pendant chacun des services on allumera une chandelle sur une tombe. [Note : Cette cérémonie n'est pas un fait isolé. Yves Le Balle, fabricien reconnaît dans ses comptes présentés en 1734, qu'il a reçu 55 sous de Françoise Le Bihan pour allumer une chandelle sur la tombe de sa mère pendant l'obit de son père]. La déclaration du 8 juillet 1691 nous fait connaître que messire 0llivier Pierre était prêtre de la paroisse de Mûr, que sa fondation était garantie sur le gage spécial d'une maison lui appartenant, située dans la paroisse de Merléac, et que les Messieurs prêtres de Mûr devaient faire annuellement un service solennel à l'intention du donateur au jour de la fête de Mgr. saint Pierre ; les fabriciens, auteurs de la déclaration, ajoutent qu'ils n'ont pas l'acte justificatif, mais que cet acte a dû être passé il y a dix-huit à vingt ans. La date de cette fondation serait donc aux environs de 1672.

Nous trouvons deux autres fondations qui ne pouvaient figurer sur le rôle de 1727, l'une parce qu'elle ne concerne pas saint Pierre, l'autre parce qu'elle est postérieure à la date du rôle :

I. — Le 29 juillet 1691, au porchet de l'église, devant notaires, Etienne Hamonic, sieur de Kergoric, demeurant à Kervo, fabrique été de la chapelle de Madame sainte Suzanne, remet à Jouanno, son successeur, un contrat du 12 juillet 1637 portant donation par Yvon Guillou, d'un petit emplacement de maison et dépendances, situés au village de Squiviec, en Mûr, avec l'acte de possession au pied ; un acte reçu par Chassin, notaire, le 30 août suivant, par lequel Jean Bottrel reconnaît devoir sur cette propriété une rente de 26 sols ; un aveu de François Bottrel, fils dudit Jean, en date du 25 avril 1665, passé devant Deshogues et Le Ralle, notaires, par lequel le déclarant s'oblige à continuer de payer à la fabrique une rente de 27 sols. Les comptes de sainte Suzanne de 1739, 1740 et 1741, relatant la perception de cette rente, indiquent qu'elle n'est pas sujette au prélèvement du tiers au profit du recteur et qu'elle est payée par Charles Audren ; le compte de 1765 mentionne que le paiement a été fait par les héritiers de Charles Audren.

II. — Le 11 août 1748, M. Louis Billon, notaire, et demoiselle Suzanne Corniquelle, son épouse, se présentent à la sacristie où sont réunis les délibérants de la paroisse. Ils montrent une copie de leur testament par lequel ils donnent à l'église de Mûr la propriété et la rente d'un convenant, sis à la Harmoye, paroisse du Bodéo ; la rente, due par les héritiers Thomas Robin, consiste en dix sols, deux boisseaux de seigle, six boisseaux d'avoine grosse, mesure de Saint-Brieuc, un chapon, un faucheur, un faneur et la dîme. Cette rente est échue au sieur Billon, en qualité d'héritier d'Hélène Blohio, dame du Bignon ; le sieur Billon remet un aveu sur vélin du 7 novembre 1654. Cette donation est acceptée ; elle est faite sous la condition que quatre services solennels seront célébrés pour les donateurs chaque année à jamais et à perpétuité, l'un le 11 août, jour de sainte Suzanne, vierge et martyre ; le second, le 25 août, fête de saint Louis, roi ; le troisième, pour la fête de saint Guillaume, évêque de Saint-Brieuc, le 25 juillet ; le quatrième, le 27 décembre, fête de saint Jean, évangéliste et apôtre. Quelques années plus tard, M. Louis Billon étant fabricien en 1754-1755 porte en compte le revenu de sa fondation avec l'annotation suivante : « La fondation faite par M. Louis Billon est à l'intention de l'âme de feu messire Guillaume Gallerne, en son vivant, curé de saint Guen, assise sur une tenue à domaine congéable à la Harmoye, paroisse du Bodéo ».

Une délibération du général en date du 17 juin 1764, nous fait en outre connaître que la paroisse avait possédé une rente de six sols sur une tenue sise à Coëtcorrec ; cette rente était ordinairement mal payée : une sentence de la juridiction de Mûr, en date du 4 avril 1764, avait condamné le colon Guillaume Trépied à rendre aveu au comte de Noyan pour un terrain usurpé sur ses domaines ; le général pense que ce terrain est peut-être le même que celui grevé de rente au profit de la fabrique ; il trouve que la valeur de la rente ne compenserait pas les frais d'un procès douteux et décide de faire abandon de la rente tant au profit de Trépied que du seigneur.

Comme objets d'orfèvrerie affectés au culte, les inventaires de la fin du XVIIème siècle mentionnent seulement une croix d'argent, un calice doré et un ostensoir. Les comptes des fabriciens indiquent que chaque chapelle avait au moins un calice ; l'église paroissiale en avait plusieurs : Guillaume Burlot, fabricien en 1726, mentionne qu'il a payé 150 livres pour refondre deux calices avec leurs patènes et les dorer. Il y avait aussi des ciboires ; le fabricien de la confrérie du saint Sacrement, dans son compte de 1728, déclare avoir acheté une robe pour le ciboire.

La croix d'argent avait été achetée en 1609 par messire Guillaume Riant, curé (desservant ou vicaire), chez un orfèvre de Morlaix ; elle coûta 631 livres 7 sols 6 deniers. Cette croix fut refaite à neuf en 1791, un reçu, signé Denamps, indique que Mathurin Henrio a payé 300 livres pour la façon et 105 livres 5 sous pour prix d'un mar sept onces cinq gros d'argent fourni par l’orfèvre ; la croix fût contrôlée à Pontivy, le 14 novembre 1791. On dit qu'elle fut cachée dans un puits pendant la Révolution : à l'appui de cette tradition, un bordereau de garantie délivré par Désury, orfèvre à Saint-Brieuc, le 24 prairial an XIII, fait connaître qu'à cette époque la fabrique de Mûr acheta ou fit refondre une croix en argent ; il est bien vraisemblable que ce bordereau s'applique à la refonte de la croix ; on ne comprendrait pas l'achat à cette époque d'une croix toute neuve : la paroisse était trop pauvre et avait trop de détériorations à réparer.

La paroisse ne devait pas être riche en chandeliers : une délibération du général en date du 17 septembre 1780 porte que les chandeliers de saint Pierre et de sainte Suzanne doivent servir indifféremment dans les deux endroits en cas de besoin ; la confrérie du saint Sacrement avait acheté en 1728 six chandeliers argentés ; en 1791, Antoine Lavaissière fournit à sainte Suzanne, pour le prix de 270 livres, six chandeliers de cuivre bronzé.

(René Le Cerf).

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