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L'ancienne église paroissiale de Mûr-de-Bretagne

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L’église actuelle de Mûr a été bâtie en 1873 à peu près sur l’emplacement d’une ancienne église dédiée aussi à Saint Pierre, elle s’étend un peu moins vers le nord, mais elle descend plus au sud sur le terrain de l’ancien cimetière.

De savants archéologues pensent qu’en Bretagne les églises dédiées à Saint Pierre sont les plus anciennes et ont été établies par Saint Clair évêque de Nantes à la fin du premier siècle de l’ère chrétienne ; en admettant cette théorie, la paroisse de Mûr serait une des premières paroisses Bretonnes, il nous semble toutefois difficile que l’édifice primitivement construit, ait pu durer jusqu’à nos jours ; plus probablement la vieille église que nous avons connue avait elle-même remplacé un monument ancien. Dans tous les cas, si elle n’avait pas dix-sept siècles d’existence elle remontait tout au moins à une époque fort reculée, plusieurs détails de sa structure ne laissent pas de doute à cet égard ; sa vétusté était apparente : malgré les nombreuses réparations et modifications qu’elle avait subies au dix-huitième siècle, elle menaçait ruine de tous côtés, les reprises mal faites produisaient des tassements, on ne pouvait plus tirer parti de l’édifice, il fallut procéder à une reconstruction totale. D’ailleurs l’église n’avait plus aucun style ; il n’est pas supposable qu’elle ait jamais pu passer pour un monument remarquable, elle avait dû cependant offrir un certain caractère, mais ce caractère lui avait été enlevé au dix-huitième siècle : à l’extérieur on avait modifié la physionomie de la façade en supprimant la sacristie circulaire, à l’intérieur on avait rompu les proportions en allongeant le choeur, on avait enlevé tout le style de l’édifice en supprimant l’arcade séparative du choeur et de la nef ; la destruction de la chapelle de Launay-Mûr, dont l’ouverture avait été murée sans ménager de fenêtre, avait achevé de la déformer, l’église n’était plus qu’un long vaisseau uniforme, mal éclairé, sans ornementation ; en supprimant l’arcade centrale, on s’était probablement douté de la monotonie qu’on allait produire, et pour y remédier on fit ouvrir une chapelle au sud, on avait projeté d’en faire autant au nord, mais on se heurta contre une difficulté qu’il eût été facile de prévoir : la chapelle aurait barré le chemin unique qui longeait l’église et qu’on ne pouvait reporter au midi, le cimetière occupant toute l’étendue du plateau qui se trouvait de ce côté.

L’ancienneté de l’église est encore prouvée par ce fait qu’en 1824, en réparant la flèche qui menaçait de tomber, on constata que les bois étaient vermoulus dans leurs assemblages, il avait fallu bien des années pour que la charpente couverte par des feuilles de plomb fut détériorée à ce point.

D’un autre côté, nous trouvons que l’église était déjà en état de vétusté au commencement du dix-septième siècle : le 28 décembre 1616, un contrat est passé pour la réparation du porche ; en 1623, Jacques Jan, maître maçon et tailleur de pierres, donne quittance du prix d’un marché passé avec la fabrique pour démolir et reconstruire le pignon du choeur où est la maîtresse vitre [Note : La réfection du pignon du choeur et par suite de la maîtresse vitre au commencement du dix-septième siècle est encore prouvée par ce fait qu’un aveu de la Roche-Guéhennec en 1549 contient une description partielle de la maîtresse vitre et que cette description ne concorde pas avec celle du dix-huitième siècle. On peut en conclure que la vitre a dû être modifiée entre le seizième et le dix-huitième siècle, l’époque de cette modification concorderait ainsi avec les travaux exécutés par Jacques Jan en 1623] ; des quittances datées de 1629 et 1631 nous font connaître que Jean Guiomar, maître charpentier, refit à cette époque la charpente du choeur.

Ancienne église de Mûr-de-Bretagne

Le dimanche 13 février 1718, le général de la paroisse convoqué par messire Olymant de Querneguez, recteur de Mûr, s’assemble dans la sacristie et délibère sur la question de procéder à la réparation de l’église et à son agrandissement : il s’agit de faire démolir le pignon du grand autel où se trouve une vitre armoriée et de l’avancer de sept à huit pieds vers le levant, de relever le pignon couchant où est la grande porte et entrée principale ; les délibérants reconnaissent la nécessité de ces travaux, y consentent et invitent le recteur à présenter une requête au siège ducal de Pontivy afin de faire état et procès-verbal des indigences de ladite église et des droits honorifiques appartenant aux seigneurs. Les travaux seront soldés avec les deniers qui se trouvent dans la caisse des églises et chapelles de la mère paroisse et de ses trèves, les habitants feront des charrois et contribueront suivant leur pouvoir et suffisance.

Les 8 et 9 Juin 1718, sur la requête de la paroisse présentée le 4 avril précédent, en présence de M. Guilbaud, procureur du procureur fiscal de Pontivy, le sieur du Bois, juge ordinaire au même siège, assisté d’un greffier et du sieur Le Corre dit Dupont, peintre, constate que l’église paroissiale menace ruine, il rédige un procès-verbal des armoiries, chapelles, bancs, enfeux, etc., existant dans l’église, afin de réserver les droits appartenant à diverses familles qui se font représenter à cette opération.

On reconnaît les droits du duc de Rohan, premier prééminencier ; Louis-René Le Séneschal, marquis de Carcado, baron du Bot, Brohais, en Mûr, etc., demeurant en son château de Carcado, paroisse de Saint-Gonnery, évêché de Vannes, fait soutenir ses droits par le sieur de la Chesnaye et M. Abelle Baron, avocat ; M. le comte de Noyan, par M. Jouhannic, procureur fiscal de sa seigneurie de la Roche-Guéhennec ; M. et Madame du Parc Quercadou, par le sieur Le Vieulx, procureur fiscal de Launay-Mûr, Coethuan-Mur et Botpléven ; les pièces de procédure indiquent que Jean du Parc, seigneur comte de Quercadou, conseiller honoraire au parlement de Bretagne a épousé dame Péronnelle-Angélique de la Villéon, dame douairière des terres et seigneuries de Coethuan-Mûr, Launay-Mûr et Botpléven ; M. Claude Le Moenne, seigneur du Quellennec, se présente lui-même ; le procureur fiscal de Pontivy, Jean-Gabriel Rioux, sieur du Quérisouët, en privé nom pour lui et ses consorts, fait prendre acte des droits de sa seigneurie de Querguichardet.

Tous consentent à l’agrandissement de l’église sous réservation de leurs droits.

Il est constaté que les deux pignons menacent ruine et prompte chute, celui du choeur est tout penché en dehors et appuyé d’une croix de bois par un pontillon dans la muraille ; le pignon du bas fait ventre au milieu et menace aussi prompte chute et ruine ; le corps de l’église ne peut contenir et renfermer tous les paroissiens et autres peuples qui assistent aux offices divins ; comme il est question de démolir le maître-autel, la fabrique demande à avancer ledit maître-autel de sept à huit pieds, le terrain qui est derrière paraît être une dépendance du cimetière et du circuit de l’église, la sacristie occupe même une partie de ce terrain.

Les dimensions de l’église sont par le dehors 86 pieds de longueur, par le dedans 72 pieds, du pignon d’en bas à celui d’en haut ; la largeur est de 25 pieds. La sacristie est construite en cul-de-lampe ; aux quatre coins se trouvent des écussons non armoriés, elle a 46 pieds 1/2 de rotondité ; sa porte d’entrée est du côté de l’épître. Le pignon du reliquaire donne du côté de l’entrée de la porte d’en bas, ce reliquaire est attenant à la longère de l’église et a en dehors onze pieds, le devant du reliquaire est attenant au porche, il a 16 pieds 1/2 ; le porche joignant à la tour par un pan de muraille [Note : Cette phrase manque de clarté ; on aurait dû dire ; le porche est séparé du clocher par un pan de mur, il y avait en effet un vide entre les deux, et dans cet espace on construisit plus tard une chapelle où furent placés les fonds baptismaux], a par le dehors 26 pieds de long ; au haut de son portail se trouve un écusson sans armoiries. La maîtresse vitre, placée dans le pignon d’en haut, est vitrée en trois montants, elle a 7 pieds 11 pouces de largeur sur 16 pieds de hauteur ; elle porte en supériorité deux écussons des Rohan, l’un de gueules à sept macles d’or, et l’autre de Rohan au franc quartier de Navarre. On passe ensuite à la description des autres écussons qui se trouvaient sur la maîtresse vitre, le peintre Dupont en relève le dessin ; outre les armoiries, la vitre était ornée de deux crucifix et de figures de saints. Puis on décrit plusieurs pierres tombales qui se trouvaient à l’entrée du sanctuaire et sur lesquelles on voyait des traces d’écussons presque toutes illisibles, l’une d’elles était attenante d’un côté au marchepied du grand autel, de l’autre à l’autel saint Sauveur [Note : Cet autel saint Sauveur appartenait à la seigneurie de la Roche-Guéhennec dans un aveu rendu à René de Rohan le 19 février 1549, Christophe du Fou expose que : « lui appartient de tout temps le tout du marchepied de ladite église, du chanceau d’icelle et jusques audit pignon de haut » et qu’il possède « contre le sacrére et pignon du haut dudit chanceau un autel pour faire dire et célébrer messe par ses chapelains lorsque bon lui semblera .... et a droit .... de faire ouverture du côté de l’église et du côté de l’évangile et jouxte son dit autel pour faire construire et bâtir une chapelle et emplacements (tombes) pareillement prohibitifs à tous autres. ... et tenir un banc et accoudoir prohibitifs sur ledit marchepied et au chanceau de la dite église du côté devers l’évangile auquel lieu et place ledit seigneur de la Rocheguenet a pouvoir et puissance de faire bâtir et édifier ladite chapelle comme dit est »]. Du côté midi, en haut de l’église, se trouvait une chapelle dont la maîtresse vitre large de 3 pieds, haute de 5, portait à son sommet les armes de Rohan, tout le reste de la vitre était maçonné ; un enfeu, dans la longère midi de cette chapelle, était surmonté d’une vitre de 8 pieds de haut sur 3 de large portant deux écussons : l’un à gauche écartelé aux premier et quatre d’azur à une croix engrelée d’or, aux deux et trois de gueules au lion d’or ; l’autre à droite : au premier d’azur une croix engrelée d’or, au trois de gueules au lion d’or, partie d’or à deux faces de gueules accompagnée de cinq merlettes aussi de gueules. deux, deux, et une ; sans autre armoirie sur la dite vitre ; cette chapelle avait une porte de sortie sur le cimetière.

Environ à moitié de la nef, joignant l’autel du rosaire, se trouvait dans la longère nord une vitre d’un pied et demi de large sur cinq de haut dans laquelle était un écusson portant de gueules à une croix ancrée d’argent à trois hermines de sable, au chef de gueules chargé d’une macle et demie d’or.

Trois bancs à accoudoirs se trouvaient dans l’église l’un au-dessous de l’autre et se joignant : le premier et le dernier étaient ornés d’écussons non armoriés ; à la tête du second était une pierre de taille de trois pieds de long et un demi-pied de haut portant deux écussons en bosse chargés de sept macles chacun.

Le marquis de Carcado soutient que ses armes se trouvaient en éminence sous forme de deux écussons, en figure ronde écartelés de sinople et d’or ; des deux côtés de la rose de la grande vitre, les experts déclarent qu’aux emplacements désignés par le réclamant ils ne trouvent pas trace d’armoiries, mais seulement des ornements de ladite vitre.

Une délibération du 9 janvier 1719, relative au paiement des frais d’un procès entre la paroisse et messire du Fou, gouverneur de Pontivy, fait connaître incidemment qu’à cette époque on exécutait l’agrandissement et les réparations projetées en 1718 ; il y est dit que la grand'messe paroissiale et dominicale a été célébrée en la chapelle de notre dame sainte Suzanne. attendu que l’église paroissiale n’est en état présentement. Les comptes des fabriciens nous apprennent qu’en effet on s’était mis à l'oeuvre peu après la rédaction du procès-verbal : on démolit la vieille sacristie, on agrandit le choeur, on construit une sacristie nouvelle en appentis ; un lambris fut fait sur le choeur.

Le retable du grand autel, dont nous référons plus loin la description, fut exécuté par Pignart menuisier, sculpté par Olivaux, peint par Dupont qui fit en même temps un tableau de la cène et le plaça au maître-autel. Ces travaux furent soldés en 1723 et 1725 ; Tugdual Le Denmat fit trois confessionnaux. En 1729 on termina le tabernacle, Dupont vint achever la décoration et dorer le retable moyennant le prix de 647 livres.

Le 10 juin 1737, le général constate de nouveau que le pignon d’en bas menace ruine et décide qu’on procédera à une expertise ; cette formalité est remplie le 25 du même mois à la requête de Guillaume Le Capitaine, de Rossuliet, fabrique en charge : en présence de M. Le Vieulx procureur fiscal de Mûr, Mathurin Le Maître charpentier et Thomas Bertho maçon constatent que le pignon d’en bas ne présente aucune trace d’armes, ni écussons en bosse ni sur la vitre ; il n’y a pas de tombeau voûté ni autre droit ; le tout est en simple maçonnage de pierre froide [Note : Par pierres froides, il faut entendre pierres ardoisières. Ici on a mis semble-t-il, pierres froides, pour désigner une pierre d’ardoise très commune à Mûr et par conséquent peu coûteuse, par opposition au granit qui revient à beaucoup plus cher], sauf la grande porte d’entrée appelée l'ordal qui est composée de pierres de taille en forme de demi moulure, ayant son ouverture au couchant, elle a quatre pieds de large, sept pieds de haut, le seuil est de pierre froide ; au-dessus de la porte est une vitre en forme de palme composée de pierres de taille grises, de simple ouvrage, sans forme d’écusson ni autre structure, vitrée de simple verre, sans blason, peinture ni figure ; sa hauteur est de cinq pieds deux pouces, sa largeur deux pieds trois pouces ; à chaque coin du pignon, à la naissance de l’aiguille sont deux figures de mâtins en pierres de taille grise. Les dimensions du pignon sont en dehors trente-et-un pieds et trois pouces de large, en hauteur vingt pieds et quatre pouces hors de terre ; la largeur à l’intérieur est de vingt-quatre pieds sept pouces. Les experts déclarent que ce pignon menace prompte ruine, le haut de l’aiguille penche vers le couchant de quatre pieds et la boisure est déplacée de plus d’un demi-pied, le pignon ne tient plus que par le coin nord qui le rattache à la nef, lequel a conservé un peu d’aplomb quoique penché et froissé ; dans le milieu il y a des crevasses, le tout menace de tomber.

On refit le pignon : les comptes rendus par les fabriciens en 1740 et 1741 constatent le paiement d’ouvrage fait pour la garniture de la sacristie et de frais pour le marché du pignon de l’église. Le 28 avril 1743 le recteur déclare au général qu’il y a encore besoin de réparer l’église et le prie d’appuyer une demande qu’il présentera à l’évêque de Quimper à l’effet d’emprunter mille livres à la fabrique de sainte Suzanne. Cet emprunt fut réalisé et employé : dans la réunion du général du 12 août 1744 on constate qu’il y a besoin de faire les réparations commencées dans l’église, mais qu’il n’y a plus d’argent et on demande à contracter avec sainte Suzanne un nouvel emprunt de six cents livres.

Le 17 juin 1768 le duc de Rohan fait assigner la paroisse de Mûr afin de rendre aveu de l’église et de la chapelle de sainte Suzanne ; le 26 du même mois le général choisit M. Julien Videlo comme procureur à cet effet ; le 31 juillet le comte de Noyan requiert de son côté qu’il lui soit rendu aveu ; le général s’assemble le 14 août et charge M. Videlo de rendre aux deux seigneurs l’aveu qu’ils réclament, sans néanmoins vouloir par là disputer les droits d’aucun, étant indifférent de qui dépendre ; on recherchera les titres des archives afin que lesdits seigneurs décident entr'eux ; les délibérants obéiront à qui sera jugé, et comme ils ne peuvent pas s’assembler et être toujours présents en corps à la perquisition des titres, d’autant plus que pour la plu­part ils ne savent pas lire, ils nomment pour y assister Julien Pensivy, Jean Le Mouël et René Corniquel, priant le sieur recteur de les accompagner, sauf se consulter, si besoin est, dans la suite.

Le conflit entre le duc de Rohan et le comte de Noyan fut réglé par une transaction en date des 17 février, 17 mai et 14 octobre 1769 : le comte de Noyan reconnaît que le duc de Rohan est le seul seigneur patron et fondateur de l’église de Mûr et de ses dépendances et qu’à ce titre il jouira seul à l’avenir comme au passé de tous les droits et honneurs dus au seigneur patron et fondateur ; il déclare se désister et renoncer à toute prétention contraire réservant seulement ses droits de seul prééminencier pour sainte Suzanne, et la chapelle de la Roche-Guéhennec [Note : Il y a là une inexactitude à cette époque le comte de Noyan n’avait pas de fait une chapelle dans l’église de Mûr en qualité de seigneur de la Roche-Guéhennec : à ce titre il avait droit à une chapelle prohibitive au côté gauche du chanceau, mais cette chapelle ne fut jamais bâtie ; un autel dédié à saint Sauveur, situé dans le sanctuaire même, était réservé à la seigneurie de la Roche-Guéhennec en attendant la construction de la chapelle ; cet autel n’avait pas été rétabli lorsque le chœur fut modifié en 1718. Ces droits sont constatés par un aveu de 1549 précédemment cité. D’un autre côté le comte de Noyan en 1769 époque de la transaction avec le duc de Rohan était possesseur d’une chapelle prohibitive réellement existante, située au sud du chœur et dédiée à sainte Anne, c’était la chapelle de Launay-Mûr, le comte de Noyan l’avait acquise en 1740 avec la terre de Launay-Mûr, ainsi que le constatent son contrat d’acquêt et la prise de possession que nous relatons d’autre part] qu’il a en l’église ; de son côté le duc de Rohan abandonne toute prétention sur la chapelle de sainte Suzanne, il reconnaît que M. de Noyan en est seul patron et fondateur, consent qu’il jouisse de tous les droits attachés à celui de fondateur, réservant néanmoins la qualité de seigneur supérieur de ladite chapelle et le droit d’avoir en cette qualité ses écussons et armoiries en supériorité.

L’aveu réclamé fut présenté à l’audience publique du duché de Rohan au siège de Pontivy le 21 février 1772. Il indique les dimensions de l’église de Mûr à cette époque : cent pieds de long par le dehors, vingt-cinq pieds et demi de large par le dedans ; au delà du pignon levant et joignant le maître-autel est construite la sacristie, de la même largeur que l’église, et ayant treize pieds de long ; joignant la longère sud de l’église et de la sacristie, est le cimetière cerné de murs, le tout contenant sous fond vingt-neuf cordes et demie.

En comparant les deux descriptions de 1718 et 1772 on se rend facilement compte des travaux effectués entre ces deux dates : l’église a été allongée de quatorze pieds, la sacristie circulaire a été démolie et remplacée par un bâtiment de treize pieds de long sur une largeur égale à celle de l’église, l’agrandissement a été fait du côté levant, le nouveau chœur a englobé une partie de l’an­cienne sacristie circulaire.

Le 6 avril 1777 messire Hervé Le Coq, recteur de Mûr, réunit le général de la paroisse. Les délibérants constatent la nécessité de réparer l’église et décident que, sauf agrément du duc de Rohan, on abattra le pignon qui se trouve au milieu de l’église, on déplacera les autels du Rosaire et de la Trinité ; il sera fait dans les longères de petites croisées et deux vitres de la même grandeur que celle du maître-autel, l’une au-dessus du confessionnal de M. le curé, l’autre plus bas que le Rosaire ; Yves Le Basser et Guillaume Henrio sont chargés de prendre et surveiller des ouvriers à la journée ou au marché et de choisir telles personnes qu’ils jugeront à propos pour donner les plans et devis.

M. le recteur fait remarquer la mauvaise situation des fonds baptismaux, il serait à propos de faire une petite chapelle à la place du reliquaire pour y placer les fonds ; on descendrait le reliquaire plus bas dans le cimetière. Le 10 septembre 1777, le duc de Rohan donne son consentement ; le 10 octobre suivant, le conseil de paroisse demande à la cour de Pontivy qu’il soit dressé procès-verbal de l’état de l’église avant de commencer les travaux qui auront pour objet de faire disparaître le pignon du milieu de l’église contre lequel sont jointes et adossées deux chapelles dédiées au Rosaire et à la Trinité, reporter ces chapelles à l’endroit où seront faites les croisées destinées à les éclairer et décorer, transformer le reliquaire en une chapelle pour les fonds baptismaux, faire un nouveau reliquaire. La cour désigne Pierre-Antoine Duchesne, maître sculpteur et Vincent Guillaume, maçon, pour assister le sénéchal, le procureur fiscal et le greffier qui dresseront un rapport au sujet des changements à faire dans l’église de Mûr. Le 12 novembre 1777, le sénéchal Le Vaillant, accompagné des autres fonctionnaires et des experts procède à la visite de l’église, il en constate les dimensions : 91 pieds sur 26 de large ; la distance du pignon levant à l’arcade qu’on veut démolir est de 46 pieds, la distance entre ces deux bases est de 13 pieds 4 pouces ; chacune d’elles a 3 pieds 4 pouces d’épaisseur, elles font saillie de chaque côté dans l’église de 6 pieds 6 pouces ; elles sont de forme cannelée à cinq grosses moulures avec couronnement à la hauteur d’à peu près un tiers du cintre ; celui-ci est formé en voûte de pierres de taille ; la face levant de l’arcade est complètement dégarnie et ne présente aucune trace d’écusson ; du côté couchant deux autels sont appliqués contre les saillies de droite et de gauche, celui à droite dédié à la sainte Trinité est composé de quatre colonnes, sans fond avec deux gradins peints ; le retable au-dessus composé aussi de quatre colonnes avec architrave et corniche ; le tout surmonté de trois niches ; celle du milieu contient les figures de la sainte Trinité, les deux autres saint Corentin et saint Paterne ; un tableau représentant une descente de croix forme le fond du retable. L’autel du Rosaire, à gauche, côté de l’évangile, est composé de quatre colonnes et deux gradins dont l’un est peint ; au milieu de l’autel une niche renferme une figure de la sainte Vierge ; au-dessus est un retable composé de deux colonnes avec corniches et modillons surmonté d’une niche dans laquelle est une statue de la Vierge ; de chaque côté se trouve un tympan avec deux figures représentant des anges. Le fond du retable est conforme à celui de l’autel parallèle, si ce n’est que le tableau représente le Rosaire. Il n’y a aucune trace d'armoirie ni sur l’arcade ni sur les autels. La chaire appliquée contre la base gauche de l’arcade est ornée de sculptures et de peintures tant sur la carcasse que sur le chapeau, il s’y trouve diverses macles parsemées en peinture. Dans la longère sud, joignant l’autel de la sainte Trinité se trouve un vitrail ; c’est là qu’on se propose de faire une ouverture pour communiquer à la nouvelle chapelle dont la construction est demandée et qui sera placée entre le mur de la tour et celui du porche ; cette fenêtre élevée à six pieds trois pouces au-dessus de terre a cinq pieds de hauteur sur dix-huit pouces d’embrasure, elle est fermée par un petit vitrage en plomb. Sur le frontispice du portique, il y a deux écussons sans armoiries ; un petit dôme posé sur le portique est couvert en plomb et orné de plusieurs figures en forme de macles. Dans la longère nord près de l’autel du rosaire, une fenêtre de dimensions pareilles à celle de la longère midi, lui faisant face, est aussi formée de petits vitrages en plomb ; dans les panneaux du milieu, il y a un écusson rond chargé d’armoiries à deux quartiers, celui de droite est fond argent à deux hermines noires dans le haut, la partie basse est chargée de plomb ; on ne peut savoir ce qu’elle contenait ; l’autre quartier fond de gueules à une demi-croix d’argent ancrée. Il n’y a pas d’autres armoiries sur la vitre ni dans toute l’étendue de la longère. Les experts déclarent ensuite que les ouvrages projetés peuvent se faire facilement et sans inconvénient ; la charpente ne porte pas sur l’arcade, mais sur des montants qui surmontent de trois à quatre pieds la pointe de l’aiguille de cette arcade. Dans l’intérieur de l’église, au bas de la longère nord, à deux ou trois pieds de la balustrade du sanctuaire, il y a deux écussons en pierres de parpaing aux armes de la maison de Rohan [Note : Nous croyons que cet écusson était non pas celui de Rohan, mais celui du Quellennec dont les armes portent aussi des macles et peuvent être prises pour celles de Rohan lorsqu’elles ne sont pas coloriées, ce qui est le cas ici puisqu’il s’agit d’armoiries sculptées sur pierre. Le procès-verbal de 1718 décrit ces écussons, et mentionne que ledit seigneur du Quellennec en réclame la propriété et offre d’en justifier ; cette explication doit être la plus exacte] ; outre ces armes sont placés deux bancs ; le supérieur joignant la balustrade a un accoudoir armorié et appartient à la seigneurie de la Roche-Guéhennec, l’autre au seigneur du Quellennec. Dans le grand vitrail au-dessus du maître-autel sont peints en supériorité deux écussons de la maison de Rohan ; au-dessous se trouvent diverses armoiries ; dans les boiseries du retable il n’y a pas d’armoiries ; il n’est pas possible de vérifier s’il y en a sur les pierres du pignon, la sacristie y étant adossée. Au-dessus de la grande porte d’entrée de l’église, au pignon couchant, est l’écusson aux armes pleines de Rohan sculpté en bosse.

Une expertise faite en septembre 1780 à l’occasion d’un procès entre le recteur et la fabrique au sujet de réparations à faire dans le choeur, nous fournit une description détaillée du choeur à cette époque : le sanctuaire a vingt-et-un pieds de long ; le rétable de l’autel est décoré de six colonnes isolées et de huit pilastres d’ordre corinthien, posé sur un soubassement à la hauteur du tombeau de l’autel, et couronné d’un entablement dont la corniche est décorée ; l’entablement se termine par deux médaillons, deux vases et deux figures, il est surmonté d’un attique formant niche au vitrail supérieur.

Dans le milieu est un tableau représentant la cène ; dans les niches latérales se trouvent : du côté de l’évangile un Ecce Homo ; du côté de l’épître une statue de saint Pierre ; ces deux niches sont couronnées par des cornets d’abondance accompagnés de guirlandes soutenues par des chérubins, amorties aux extrémités par des consoles décorées d’ornements dorés : le tabernacle, orné de colonnes composites ainsi que ses accompagnements, est surmonté d’un dôme amorti par une figure de saint Jean-Baptiste ; le tombeau de l’autel est décoré d’une peinture représentant le bon Pasteur. Le lambris est semblable à celui de la nef, il paraît être de la même époque et n’avoir jamais été peint ; les sablières formant corniche de chaque côté ont été peintes de divers ornements semés d’hermines.

Le rapport d’experts du 21 septembre 1780 explique qu’à cette époque il était facile de reconnaître l’importance de l’agrandissement de 1718 par la différence de construction et en raison de l’existence d’une porte qui conduisait autrefois au bas du choeur ; la longueur de l’ancien choeur est de trente-quatre pieds.

En confrontant les différents documents énumérés ci-dessus, en les complétant l’un par l’autre, on peut se rendre un compte exact de ce qu’était l’église avant d’avoir subi les modifications opérées au dix-huitième siècle.

En 1718, avant toute réparation, l’église se composait d’une nef et d’un choeur de même largeur mais moitié moins long, séparés l’un de l’autre par une arcade dont les deux bases formaient chacune une saillie de six pieds six pouces à l’intérieur ; la chaire était placée au pied de cette arcade ; nous pensons qu’elle avait remplacé un jubé établi dans l’ouverture de l’arcade suivant l’usage des temps anciens ; nous croyons même que les débris de ce jubé existent encore : il y a dans la chapelle de sainte Suzanne, au haut du mur ouest de l’aile nord, un bas-relief en bois plein représentant des scènes de la passion ; sa disposition et quelques ornements qui y sont encore attachés indiquent nettement qu’il a servi de balustrade. Ses dimensions correspondent à celles de l’arcade de saint Pierre ; il y a lieu de penser que c’était la balustrade du jubé de saint Pierre ; en 1780 les autels de la sainte Trinité et du Rosaire étaient adossés au pignon central, leur situation rendait peu probable l’hypothèse d’un jubé dont le balcon n’était certainement pas limité à la largeur de l’ouverture, il devait avancer en retour sur chacun des piliers, et n’aurait pas permis de placer en cet endroit les retables des chapelles, mais les comptes de Burlot, fabricien en 1725 nous font connaître que ces autels ont été déplacés pendant qu’il était en charge ; or la position constatée en 1780 est la seule conforme aux règles liturgiques et à l’utilité du service. Si avant 1725 les autels n’étaient pas dans leur situation normale, c’est qu’un obstacle avait empêché de les placer ainsi autrefois ; cet obstacle ne peut être que le jubé.

M. l’abbé Daniel, le savant archéologue et architecte auquel la paroisse de Mûr doit sa belle église actuelle professait la théorie suivante : dans les églises primitives de Bretagne le choeur et la nef étaient séparés par un jubé, c’est-à-dire par une grande grille surmontée d’un balcon sur lequel le clergé montait pour lire les livres saints (épîtres, évangiles), faire les publications et annonces ; le choeur se subdivisait en deux parties : le sanctuaire réservé au clergé, où avaient seuls accès le souverain et le fondateur de l’église, le chanceau ou choeur des chantres et des privilégiés [Note : M. l’abbé Daniel avait souvent manifesté l’intention de reproduire cette disposition dans l’église qu’il a construite ; il voulait faire un jubé. mais diverses considérations l’arrêtèrent ; la disposition du choeur tel qu’il existe se ressent de cette idée : il y a deux parties distinctes ; le sanctuaire surélevé de deux marches et une partie basse entre le sanctuaire et la table de communion. Plus tard cette disposition a été détruite lors de la réfection du parquet du chœur en 1903]. L’analyse des descriptions de l’ancienne église donne un exemple de cette distribution : la partie comprise entre la maîtresse vitre et l’arcade, autrement dit le choeur, se subdivise en deux portions : l’une surélevée limitée à l’est par la maîtresse vitre, à l’ouest par la Table de communion, forme le sanctuaire ; la partie basse est le chanceau, comprise entre la table de communion et l’arcade du jubé ; elle renfermait les bancs des seigneurs de la Roche-Guéhennec et du Quellennec ; la chapelle de Launay-Mûr, chapelle du fondateur, s’ouvrait directement sur le sanctuaire par une arcade ogivale et avait une porte extérieure.

Il est facile de reconstituer par la pensée l’aspect extérieur de l’église avant qu’elle eût été modifiée : sa face principale était au sud ; le clocher formait le point central sans être exactement au milieu ; à l’ouest le porche couvert d’une coupole, surmonté d’un dôme, comme explique l’acte du 12 novembre 1777, faisait pendant à la sacristie circulaire sise à l’ouest et qui en raison de sa configuration devait aussi être couverte en forme de coupole et porter un clocheton ou dôme pour abriter une petite cloche dont l’existence est signalée par les comptes d’un fabricien en 1692 ; entre le clocher et la sacristie se trouvait la chapelle de Launay-Mûr ; entre le pignon d’en bas et le porche, le reliquaire.

En 1718 on allonge l’église de quatorze pieds huit pouces, on supprime la sacristie circulaire, on la remplace par un bâtiment en appentis derrière le choeur.

En 1778 on supprime l’arcade qui séparait le choeur de la nef, on construit une chapelle pour les fonds baptismaux ; au lieu de la faire sur l’emplacement du reliquaire comme on en avait manifesté l’intention, on l’établit dans l’espace vide qui se trouvait entre le porche et le clocher ; des deux autels adossés à l’ancienne arcade depuis 1725, l’un (Trinité) est reporté dans la chapelle neuve avec la même orientation ; l’autre (Rosaire) sera tourné contre la longère nord à peu près à la place qu’il occupait, mais avec l’orientation qu’il avait avant 1725.

Ces autels étaient dans cette situation en 1872 lorsqu’on a démoli l’église, mais il paraît qu’on avait tardé à les mettre en place, car les experts qui dressent un procès-verbal en 1780 constatent qu’il n’y a d’autre autel dans l’église que le maître-autel et celui de Launay-Mûr.

La chapelle des fonds fut assez mal construite : le 13 mai 1781 le général s’occupe déjà de faire opposer la pluie de tomber dans la chapelle des fonds baptismaux.

Le 1er et le 22 juillet 1781 le général charge Mrs. Moigno et Lostys de veiller aux ouvrages de l’église et de faire, avec la permission du seigneur de Noyan, une aile suivant le plan qui sera dressé par un ouvrier à marché ou autrement, comme ils aviseront le plus à propos ; le 18 novembre il donne ordre de suivre le procès-verbal de l’évêque de Quimper qui ordonne des réparations et la pose, pour clore les fonds baptismaux, de l’ancien balustre qui y était ci-devant, fermant à clef.

Le 16 mars 1783, le général donne de nouveau l’ordre de construire une chapelle couverte en pavillon pour placer l’autel du Rosaire au-dessus de la vitre où sont les armes de Kerichardet [Note : Le général de la paroisse a commis une erreur en attribuant les armes en question à la seigneurie de Kerichardet, c’étaient les armes d’un seigneur de Launay-Mûr], au désir du plan que l’ouvrier dressera ; en même temps il invite le fabricien en charge à faire poser l’autel et retable de la Trinité dans la chapelle des fonds. Cette dernière partie de la décision fut exécutée, mais la chapelle du Rosaire n’a jamais été construite, et de fait la disposition du terrain rendait cette construction impossible. Elle eût été entièrement en saillie sur une rue déjà étroite qu’elle aurait rendue impraticable.

Le 27 avril 1783, le général remet à Le Drogo, fabricien, trois cents livres pour payer l’ouvrage fait par Dubot sur l’autel de la Trinité et continuer les réparations de l’église ; le 8 mai de la même année, le sieur Magudo, peintre, prend connaissance d’un devis dressé le 12 septembre 1780, examine le retable du maître-autel, et demande trois cents livres pour faire les réparations ; le général demande à réfléchir. Le 18 avril 1784, ordre est donné au fabricien en fonctions de faire placer incessamment au long et contre le mur nord de la nef de l’église, plus bas que la chaire, l’autel et le retable du Rosaire avec des balustres ; le 13 juin, on décide qu’il sera fait deux vitres convenables dans le mur, une à chaque côté du Rosaire. L’autel fut placé, mais les balustres restèrent à l’état de projet : Mgr Caffarelli, évêque de Saint-Brieuc, en 1810, invita encore à clore cette chapelle ; on n’en fit rien, et en 1872, lorsqu’on démolit l’église, il n’y avait pas encore de balustrade.

Le 22 janvier 1786, le général ordonne de faire un confessionnal propre et commode ; le 23 juillet suivant les fabriciens qui présentent leurs comptes nous font connaître qu’on a fait placer l’autel du Rosaire et terminé le confessionnal.

Le 20 mai 1787, le recteur se charge à forfait de décrasser le maître-autel moyennant deux cent cinquante livres. Le 12 août le général décide de faire peindre et mettre en couleurs le plus décemment possible les retables, tableaux et autels du Rosaire et de la Trinité, même la chaire étant dans la nef, ainsi que les saints et boisures qui sont au porche et la croix de mission près de la sacristie ; le 14 octobre il vote une somme de cent cinquante livres pour peindre le lambris du porche en bleu céleste avec des étoiles en blanc, les lambris de la Trinité en blanc avec des étoiles en jaune, la balustrade de la Trinité couleur bois, la grande porte au bas de l’église et celle du porche en gris, la pierre des fonds en marbré ; on peindra aussi les bois des fonds et le chandelier qui est en pendant au milieu de l’église. Le 9 décembre on décide de peindre les poutres et sablières de la nef, faire boucher les trous qui se trouvent dans le tableau du Rosaire.

Un acte des 19-22 avril 1741 fournit des détails sur la chapelle seigneuriale située au sud de l’église : cet acte relate la prise de possession des droits appartenant aux seigneurs de Launay-Mûr, Coethuan, Botrain, dans l’église paroissiale de Mûr ; le comte de Noyan, seigneur de la Roche-Guéhennec venait d’acheter du marquis de Coetlogon lesdites seigneuries ; il fit prendre possession par noble homme Jean-François Haraut, seigneur de Launay, demeurant à Guéméné ; rapport fut dressé par le sieur Mat, notaire, rue de Neuillac à Pontivy et Le Bris, notaire au village de Lanrivaux, trève de saint Connec.

Cet acte relate que M. Haraut de Launay, accompagné des deux notaires, se présenta en la demeure de noble et discret messire Yves Le Berre, vicaire général de l’évêché de Quimper et recteur de la paroisse de Mûr, au bourg de Mûr, à côté de l’église et lui fit connaître l’objet de sa mission. Le recteur, après avoir déclaré n’avoir aucun moyen empêchant, se rendit à l’église, revêtit surplis, étole et chape et entouré des prêtres de la paroisse dont l’un tenait la grande croix d’argent et l’autre le bénitier, il vint recevoir, sur le seuil de l’entrée principale, les envoyés de M. de Noyan. MM. de Launay et Mat répètent « à haute et intelligible voix, tant en français qu’en breton, attendu la multitude de peuple qui y est accourue au son actuel des cloches » l’objet de leur mission, le recteur saisit l’aspersoir, en bénit M. de Launay et les assistants, lui présente la croix à baiser ; la procession se forme et rentre dans le sanctuaire au chant du Veni creator, une messe est dite pour l’heureuse prospérité du comte et de la comtesse de Noyan, on chante le Te Deum, puis on constate les droits, acte est pris des écussons existant dans la maîtresse vitre qui sont ceux de Coethuan et de Launay-Mûr, puis on procède à la reconnaissance d’une chapelle prohibitive à la seigneurie de Launay-Mûr sise du côté de l’épître et dédiée à sainte Anne : dans la vitre de cette chapelle sont les armoiries de la seigneurie de Launay-Mûr et quelques fragments d’autres pareilles ; il y a un enfeu enlevé de terre, couvert d’une grande pierre de grain (granit), qui paraît avoir servi de tombeau au seigneur de Launay-Mûr ; après accomplissement des formalités requises, acte est dressé et signé par le recteur Yves Le Berre, par Yves Le Bihan, curé de Mûr, Yves-René Le Guyader, Olivier Le Ralle, Jean Valy prêtres, Launay-Haraut, Mat procureur, Le Bris et Mat notaires.

Le 18 mai 1788, M. de Noyan fit demander au général de la paroisse l’autorisation de démolir sa chapelle prohibitive qui se trouvait en grande indigence de réparations : n’ayant plus aucun château habitable, il ne se servait jamais de cette chapelle et trouvait la réparation trop coûteuse ; il proposa donc de la supprimer, de fermer à ses frais l’arcade qui la mettait en communication avec l’église et de reporter sur ce point le tombeau des anciens seigneurs de Launay-Mûr qui se trouvait dans la chapelle, stipulant que, cela fait, la paroisse se chargerait du nouveau mur, que ses armes et celles de Launay-Mûr y seraient placées, réservant au surplus tous ses autres droits. M. Le Coq recteur déclare consentir à la proposition, le duc de Rohan donne pareillement son consentement.

Le 28 août 1788, M. Paul Le Vaillant, sénéchal de la juridiction de Pontivy, assisté du sieur Mathurin Monier sous-ingénieur des ponts et chaussées dresse procès-verbal de l’état de cette chapelle, sise à la droite en entrant, dédiée à saint Yves [Note : Cet acte est le seul qui désigne saint Yves comme patron de la chapelle de Launay-Mûr, nous pensons qu’il y a là une erreur : il y avait près du village du Neveist une chapelle dédiée à saint Yves, cette chapelle est tombée en ruine depuis très longtemps, elle se trouvait sur le territoire de Launay-Mûr, il est vraisemblable que, quand elle a été détruite, la statue de saint Yves qui s’y trouvait a été transportée dans la chapelle que la seigneurie de Launay-Mûr possédait en l’église paroissiale. Les experts, voyant cette statue, ont conclu à tort que saint Yves était un des patrons de la chapelle dans l’église paroissiale] et à sainte Anne comme pour la chapelle du Guer ou de la seigneurie de Launay-Mûr, attenante à l’église paroissiale du côté midi ; l’ouverture du côté de l’église est formée par une arcade gothique ayant douze pieds entre ses pieds droits qui ont eux-mêmes six pieds huit pouces de hauteur et six pieds de montée ; la chapelle a dans oeuvre huit pieds de longueur sur onze pieds de largeur ; le mur au couchant est adossé à celui du clocher et n’a que vingt pouces d’épaisseur ; celui au levant et le pignon midi ont chacun trois pieds d’épaisseur ; dans le coin ouest du pignon midi est une ouverture voûtée en pierres de taille avec porte et serrure à clef ; au milieu du pignon se trouve un vitrail gothique au haut duquel sur une même ligne de niveau on remarque deux écussons. Sous l’appui de ce vitrail est un tombeau voûté pris dans l’épaisseur du mur au niveau du pavé de la chapelle ; la voûte a sous clef quatre pieds et demi de hauteur ; le pavé est de grandes pierres plates ardoisières ; le tombeau est élevé d’un pied au-dessus du pavé, large de vingt-et-un pouces, long de six pieds, et couvert par une pierre de même nature que le pavé ayant six pouces de saillie ; l’autel est adossé au mur levant dans lequel se trouve un vitrail gothique qui est bouché par de la maçonnerie ; il y a un grand vide entre le comble et l’arcade qui relie l’église et la chapelle ; cette arcade surplombe, les voussoirs sont cassés, quoique faits de pierres dures ; au milieu de la poutre près du mur couchant il y a un écu sculpté propre à recevoir des armoiries, mais on ne peut rien distinguer, il ne paraît même pas qu’il y en ait jamais eu ; le mur du pignon. midi surplombe considérablement en dehors, au-dessus du vitrail, et menace d’une ruine prochaine.

Après ce procès-verbal rédigé presque à la veille de la révolution, la chapelle fut-elle démolie, ou bien tomba-t-elle d’elle-même pendant le temps où les édifices restèrent sans réparations ? il est difficile de le savoir ; en tous cas, dans le dernier état de l’église, les murs de la chapelle sainte Anne, restés debout jusqu’à une hauteur de deux mètres, formaient un petit enclos, et les débris des parties hautes amoncelés sur place pour la plupart annonçaient plutôt un écroulement qu’une démolition intentionnelle ; la muraille sud de l’église, au point où se trouvait l’ancienne chapelle, avait été relevée à la suite d’une détérioration produite par la fonte des neiges en 1820, et ce travail avait fait disparaître les indices qu’on aurait pu trouver en confrontant l’état du mur avec les conditions arrêtées pour la fermeture de l’arcade en 1788.

Que devint l’église pendant la révolution ? Un prêtre assermenté y fût installé, mais la tradition rapporte que les paroissiens lui refusèrent toute confiance ; un prêtre non assermenté célébrait les offices en cachette. M. Hemery, qui faisait partie de la municipalité et fut maire provisoire, avait fait ou laissé cacher dans son grenier la statue de sainte Suzanne et quelques-uns des objets indispensables au culte. Le registre des délibérations du général s’arrête en 1790 ; il y avait encore quelques feuillets, ils ont été déchirés, rien n’indique s’ils étaient remplis ou restés en blanc. Le registre du conseil municipal est commencé le 28 fructidor an VIII (15 septembre 1799) : il nous fait connaître que le 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800) la municipalité célébrant la fête de la République se rendit escortée de la gendarmerie, au temple décadaire, et y prononça des discours patriotiques ; quelque temps avant, le 14 thermidor an VIII (3 août 1799) le sous-préfet de Loudéac avait fait publier un ordre du jour du lieutenant d’armée de Belle recommandant aux maires de ne pas forcer les prêtres qui viennent dans leurs communes à prêter serment, mais seulement de leur demander la justification d’un serment prêté ailleurs.

Le 17 prairial an IX (7 juin 1800) le sous-préfet envoie au maire pour remplir et adresser au citoyen Caffarelli nommé évêque du département, un état des ecclésiastiques ci-devant réguliers ou séculiers. assermentés ou non, déportés ou non, résidant sur le territoire de la commune de Mûr (aujourd'hui Mûr-de-Bretagne). Cet état fut dressé, le sous-préfet en donne récépissé le 8 nivôse an IX (29 décembre 1800), il contient deux noms :

1°. Ropert, René-Joachim, né à Mûr, âgé de quarante-cinq ans, ci-devant vicaire de Sainte-Tréphine. curé d’office de Mûr, n’a été ni assermenté, ni soumissionnaire, ni déporté, réside depuis messidor an III (juin, juillet 1794), est valide, exerce le ministère, n’a pris aucune part aux troubles de la chouannerie, a de la science, de bonnes mœurs et les vertus nécessaires à un curé.

2°. Le Vieulx, Jean-Louis, né à Mûr, trente-neuf ans, sous-diacre, non assermenté, ni soumissionnaire, ni déporté, valide, résidant depuis 1791. Il vécut jusqu’à un âge assez avancé, mais ne fut jamais prêtre. Il habitait, disait une tradition, la chambre qui existe au-dessus de la petite chapelle de Notre-Dame de Pitié et à laquelle donnait accès un escalier de pierre extérieur.

Cet état confirme la tradition ; le maire indique, avec toute la clarté possible, que l’abbé Ropert a exercé les fonctions de curé de Mûr depuis messidor an III, il n’a pas quitté Mûr, c’est lui qui conformément au souvenir des habitants n’a cessé d’administrer les sacrements, même à l’époque de la terreur. Mûr était situé à l’extrémité Est du Comté de Poher et du diocèse de Quimper, son territoire accidenté était peu accessible, les routes étaient rares et mauvaises ; la municipalité était restée aux mains de personnes honnêtes, le district de Loudéac auquel on l’avait rattaché était dirigé par des modérés ; la paroisse resta en dehors du mouvement révolutionnaire, les habitants ont seulement vu quelques escarmouches aux confins de leurs landes, quelques incursions de pillards, ils n’ont même pas toujours su à quel parti appartenaient ces bandes [Note : Les registres de l’état civil mentionnent 3 décès qui paraissent avoir pour cause des faits de guerre civile . 1° Le 6 brumaire an III, Joseph Le Denmat, de Boconaire, de 18 ans, mourut dans la lande du Herlan ; 2° Le 12 vendémiaire, an IV, Yves Le Péchoux fut fusillé sur la grande route de Mûr à Corlay ; 3° Le 24 thermidor, an 7, Joseph Le Rall, juge de paix et percepteur, âgé de 40 ans, mourut au Rohanno, en une pièce de terre au bord de la grande route de Corlay à Mûr : la tradition rapporte qu’il avait été précipité du haut de la tour de sainte Suzanne par deux bandes de pillards qui voulaient le forcer à livrer la caisse de la commune. Les indications de l’acte de décès relatives au champ où se trouvait le cadavre correspond à la désignation d’une prairie qui existe encore en face de sainte Suzanne].

Monsieur Ropert fut maintenu à la tête de la paroisse ; un arrêté préfectoral du 3 prairial an XI mit l’église de saint Pierre à la disposition de M. l'Evêque de Saint-Brieuc pour servir d’église à la cure de Mûr ; c’était un premier effet du concordat qui, signé l’année précédente, n’avait été solennellement publié que cette année le 18 avril, jour de Pâques : heureuse coïncidence de résurrection.

En 1815, on fit repeindre le porche, la chaire et l’autel du Rosaire par Blévin, peintre à Loudéac, qui restaura dans le même temps les chapelles de sainte Suzanne et de saint Jean.

En 1816, M. Le Moël curé, Henrio maire et les membres du conseil de fabrique font établir un devis pour la restauration des peintures de l’église : la mise à prix est de deux mille francs ; une seule soumission sans rabais fut présentée par le sieur Blévin qui se chargea de peindre tous les lambris et d’y représenter les douze apôtres debout, en grandeur convenable, les quatre évangélistes en médaillons au-dessus avec leurs attributs et quelques ornements, le tout sur le choeur, cette portion terminée par une arcade séparant le chœur de la nef ; le reste des lambris sur la nef, les fonds baptismaux et le porche, seront peints en bleu ciel avec des nuages, des chérubins, et des étoiles en or espacées à dix-huit ou vingt pieds l’une de l’autre ; on repeindra et dorera à neuf le retable du maître-autel, les statues du Sauveur, de saint Pierre, de la sainte Vierge, le tableau représentant saint Jean avec le Christ qui se trouve au-dessus du retable ; le tableau du retable sera raccommodé et restauré, les pilastres et colonnes marbrés, les confessionnaux et la porte d’entrée seront peints. On ajoute au devis, pour la somme de vingt-quatre francs, un saint Isidore en costume du pays.

Ces travaux furent exécutés, et Blévin donna quittance le 10 février 1817.

Trois ans plus tard, le 19 janvier 1820 (ainsi que le constate un rapport de M. Poterel-Maisonneuve, architecte, en date de Pontivy, 11 mars de la même année), la neige tomba abondamment et vint s’accumuler dans la noue qui reliait la toiture de l’église au clocher ; la surcharge qui en résulta brisa la charpente sur une longueur de trente pieds, et poussa au vide une partie de la longère sud ; la lampe du choeur et un bénitier furent brisés (un reçu d’une somme de huit francs, en date du 2 juillet 1821, signé Kerichard, constate ce fait) ; il fallut refaire la partie de muraille détériorée et la toiture. Des reçus de 1820 constatent l’achat de bois au Quellennec, de matériaux, le paiement de main-d’oeuvre ; les comptes de 1821 mentionnent diverses dépenses faites à l’occasion des charrois de bois, de granit et autres pierres ; puis Blévin vint réparer les dommages faits à sa peinture, ainsi que le constate le fragment d’une quittance signée de lui à la date du 24 mars 1823.

Une lettre du sous-préfet de Loudéac au maire de Mûr, en date du 11 août 1824 établit qu’à cette époque « si la tour n’est pas promptement réparée, sa ruine pourrait causer les plus grands malheurs ». L’architecte-voyer du département, Lecor, fût chargé de dresser un rapport et procéda à cette opération le 25 septembre 1824 : il constata que la flèche en bois menace d’une ruine prochaine ; la toiture composée entièrement de feuilles de plomb n’est supportée que par des bois vermoulus dans leurs assemblages, l’inclinaison est principalement sur le cimetière, mais la chute pourrait aussi avoir lieu sur le porche. Il conclut à la démolition immédiate et à l’établissement d’une toiture surbaissée au lieu de la flèche, pour éviter à la commune la dépense d’une flèche mieux proportionnée, la fabrique n’ayant pas les ressources nécessaires.

Dans sa séance du 12 mai 1825, le conseil municipal reçoit communication du rapport de l'architecte-voyer, il reconnaît avec lui l’urgence de la réparation, mais n’accepte pas son projet de reconstruction ; il demande que la tour conserve sa hauteur, offre de vendre le plomb qui la couvre pour aider à payer les frais et de couvrir en ardoises la nouvelle flèche.

Ancienne église de Mûr-de-Bretagne

On se décida pour la restauration la plus coûteuse, la flèche fut relevée avec ses dimensions anciennes, et on la recouvrit de plomb comme auparavant. Au budget de 1830 on inscrit : « pour relever la tour de saint Pierre lorsqu’elle est tombée, mille francs ».

Au budget de 1831 est portée une somme de mille francs pour un autel et plancher du choeur et de la sacristie (le choeur était autrefois dallé).

A partir de cette époque, on reconnaît que l’église menace de toutes parts en raison de sa vétusté ; abandonnant l’idée de la restaurer, on se contente d'y faire les réparations absolument indispensables, en économisant le plus possible pour arriver à une reconstruction totale. Economiser fut l'oeuvre patiente et féconde de MM. de Quelen, et Le Bihan. M. Hélary classa les archives et mit en vente les biens de l'Eglise. Reconstruire fut l'oeuvre de M. Daniel.

Et vraiment quand on songe au mauvais goût qui a régné dans l’architecture religieuse pendant le premier tiers et même la première moitié du XIXème siècle, on ne peut que féliciter la paroisse de Mûr de ne s’être pas trouvée plus tôt en mesure de bâtir.

La magnifique église qu’elle possède aujourd’hui et qui fait l’admiration des visiteurs n’est pas pour le lui faire regretter.

(René Le Cerf).

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