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L'ASNERYE ET LE CHIRURGIEN PESCHE A NANTES.

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Peste. — On traite les malades à l'Asnerye. — Disette. — Affluence de pauvres à Nantes. — Maladie épidémique. — La ville récompense Julien Pesche, barbier-chirurgien. — Acte qu'elle passe avec lui. — Obligations qu'on lui impose. — Maladies contagieuses. — Défense d'enterrer le jour et dans les églises. — Articles de la police contre la peste. — Honoraires du chirurgien du Sanitat.

XX.

Depuis plusieurs années, des épidémies décimaient la population, et, en 1535, la peste n'avait pas encore cessé ses ravages... Des sergents fermaient les maisons des pestiférés lorsqu'ils y restaient, ou les en faisait sortir pour les conduire à l'Asnerye. Les riches payaient pour s'y faire traiter, et les pauvres recevaient des soins aux dépens de la ville. A cette époque, elle tenait cette maison en ferme ; mais peu de temps après, elle en fit l'acquisition, l'augmenta de nouveaux bâtiments et la rendit propre à recevoir un grand nombre de malades.

En outre de cet établissement, la ville posséda, quelques années plus tard, une autre maison pour les pestiférés, auprès du cimetière de Sainte-Catherine, sur le terrain de la Commanderie... Je n'ai pas besoin de faire remarquer l’insalubrité de cette situation.

XXI.

Les disettes n'étaient ni moins générales, ni moins fréquentes ; et tandis que les frairies et les classes riches de la ville étaient imposées pour la subsistance des pauvres, la commune achetait, en 1543, pour 2,227 livres de blé et de fèves, qu'on distribuait aux indigents des campagnes.

En 1545, la disette se fait encore sentir, et la ville est obligée d'emprunter pour vivre.

Cette ordonnance du Dauphin, duc de Bretagne, et qui devint Henri II, fait bien voir la profonde misère dans la quelle était plongée Nantes... « Vu les représentations faites par les habitants de Nantes sur la stérilité de l'année précédente, des grandes impositions et charges qu'ils ont à supporter ; sur la disette de toute espèce de vivres, et qu'ils n'ont pas le moyen de nourrir les pauvres, de façon que plusieurs ont esté et sont chaque jour trouvez par les champs morts de faim, au moien de quoy iceulx supplians es meux de pitié et pour pourveoir que à l'occasion de ce ne se ensuivit une pestilence et mortalité, auraient commencé à faire une aumosne généralle à laquelle se trouvoient chacun jour dix ou douze mille paouvres personnes, pour laquelle aumosne et donnée généralle faire, lesdits bourgeois, manans et habitans se sont, cottisez esgallement, sans espargner leurs biens, meubles et héritaiges, et plusieurs d'iceux engaigez et venduz pour subvenir à l'alimentation et substantacion des dictz paouvres, à quoy ils ne pourroient plus fournir et satisfaire, si de nostre part il ne nous plaisoit leur aider et secourir, etc. ».

L'affluence des pauvres à Nantes ; l'encombrement qu'occasionna ce surcroît de population ; la mauvaise nourriture que le peuple fut obligé de prendre pour ne point mourir de faim, voilà certes des causes bien suffisantes pour faire naître les maladies épidémiques qui se déclarèrent à cette époque.

XXII.

La peste sévit dans les derniers mois de 1545, et, par intervalle, pendant les trois années suivantes... Julien Martin fut commis, pendant dix-huit mois, pour visiter et faire le rapport des, maisons, de la ville et des faubourgs, où il y avait de la contagion et des pestiférés (Travers).

XXIII.

La disette des grains se fit encore sentir en 1549 et attira beaucoup de pauvres à Nantes. La ville vint en aide aux malheureux, en faisant faire des travaux publics.

En 1552, la disette plongea de nouveau les habitants dans la plus grande gêne. Une maladie contagieuse, dont ordinairement la famine est suivie, dit Travers, commença à désoler Nantes dès le mois d'avril... Tous les malades, sans distinction de paroisses, de ville et de campagne, sont reçus à l'hôpital... Leur nombre fut grandet occasionna un surcroît de dépenses. On fit des quêtes pour leur soulagement dans toutes les églises du diocèse.

XXIV.

L'année 1563, la maladie contagieuse reparut à Nantes, et dura plusieurs mois. La paroisse Saint-Nicolas, fut la plus maltraitée... Les jours d'assemblée, on étendait une grande quantité d'herbes odoriférantes dans l'église, pour purifier l'air, comme nous le prouve ce compte de fabrique de 1562 à 1563 :

« Item a esté achepté pour quarante trois sols trois deniers de bonnes herbes, lesquelles estoient jettées et espendues chacun dimanche et bonnes festes par l'Eglise, à cause de la maladie et qu'il sentoit mal en ladite Eglise………. ». Le meilleur moyen pour substituer un air pur à l'air altéré que l'on respirait dans, des églises trop petites, encombrées de tombes et situées dans des lieux trop resserrés avec des fenêtres faites de façon qu'on ne pouvait jamais les ouvrir ou du moins difficilement, eut été de laisser libres les ouvertures ordinaires, d'en pratiquer de nouvelles, si celles qui existaient étaient insuffisantes.... A cette époque, on avait aussi une grande confiance dans la désinfection de l'air par des senteurs, et on avait recours à la combustion de résines, de baumes, de plantes aromatiques ; à la volatilisation des huiles essentielles, du camphre... Ces fumigations, masquaient les mauvaises odeurs sans les détruire ; mais elles n'avaient aucune action sur les miasmes contagieux répandus dans une chambre, dans une église, dans un hôpital. Elles ne pouvaient être utiles que comme excitants de l'organisation et tendant ainsi à empêcher l'absorption et l'action septique des émanations... C'est aussi de cette manière qu'agissent les substances âcres, amères et aromatiques tenues en dissolution dans le fameux vinaigre des quatre voleurs.

Durant l'épidémie, on fit, comme c'était l'usage, des processions à Saint-Sébastien, pendant trois lundis, et on y porta un cierge de 8 livres en forme de bougie et d'une longueur à faire le tour de l'église...... Le chapitre arrêta « d'envoyer les enfants de chœur à Sautron, où il n'y avait point de peste, et il donna cez aux chanoines jusqu'à l'Assomption, et double assistance aux chanoines qui dans cet intervalle assisteraient à l'office. (Travers) ».

XXV.

A la guerre civile au dedans et au dehors avec toutes ses terribles conséquences, un autre fléau vient s'ajouter. Une maladie contagieuse se déclara encore dans la ville, au printemps de l'année 1569, et fit de nombreuses victimes……. « L'esprit de parti, qui profite de tout, se servit de cette calamité publique pour augmenter l'exaspération populaire contre les calvinistes, et particulièrement contre la noblesse qui s'était jetée avec le plus d'ardeur dans la réforme de Calvin .... La milice bourgeoise, pour empêcher les collisions, dut, jour et nuit, être sous les armes. (Mellinet) ».

La peste régnait alors dans le midi de la France, où elle avait été apportée de l'Orient. Elle s'était déclarée à Paris en 1568 avec son symptôme caractéristique : les bubons.

Le 10 mai, la ville de Nantes gagea un chirurgien, pour traiter les pestiférés, et acheta une maison pour les loger, comme on le voit par la délibération suivante :

« Mardi 10 jour de mai 1569.

Il a été proposé comme par cy devant il est besoin de trouver un barbier et chirurgien pour pencer les malades de la contagion sur ce que M. Pierre demeurant à Saulzais, duquel on a esté pour de demande, 200 liv. oultre que les riches le paieront des drogues et pencemens qu'il leur administrera et que il y a ung jeune homme au Marchix qui s'est offert à pencer lesdits malades ; il a esté ordonné que M. de Gesvres et M. Arnollet prieront M. Roucautle jeune d'examiner le dit jeune homme sur la théorique et la pratique dudit estât pour scavoir s'il est capable afin que si on ne peult marchander avec ledit M. Pierre de la Saulzais, on marchande avec le dit jeune homme.

Et pour trouver une maison la plus commode, et pour l'avoir que l'on fera assemblée où seront appelés M. de Nantes et MM. de la justice et aultres et sera si besoin est présenté requestre à M. de Bouillé, lieutenant général au gouvernement de ce pays afin d'avoir le dit lieu de Chezine ou autre comme l'on advisera, à ce qu'il use de puissance et de l'autorité du roy, si on ne peut avoir composition avec ceulx a qui appartiennent les dits lieulx, attendu qu'il est question du bien public ».

La peste continuait encore au mois de septembre : « Le chapitre, dans la crainte d'en être attaqué, arrêta le 20 de ce mois, de n'aller à l'église qu'à sept heures du matin et de faire de suite toutes les offices. (Travers) ».

XXVI.

Julien Pesche, chirurgien, avait montré beaucoup de zèle dans l'exercice de ses pénibles fonctions, les maîtres chirurgiens ayant refusé de soigner les malades durant la peste qui avait sévi les années précédentes. L'administration, pour le récompenser de son dévouement, lui donna la maîtrise le 27 janvier 1571, le nomma chirurgien de l'hôpital des pestiférés, et le continua chirurgien de la ville. Voici le traité que l'on fit avec lui :

« Par acte passé par Guillaume Davy et Jehan Bizeul, notaires royaux, le 16 août 1572, les maire, eschevins, gouverneurs des peauvres et habitans de Nantes ont baillé, cessé, quitte et délaissé, à Julien Pesche, maître barbier et chirurgien de la dite ville, le lieu, manoir, jardins, vignes, saulzaies, fruicts et revenus, appartenances et dépendances de l’Asnerye situé à la Fosse dudit Nantes, acquis par le dit maire et eschevins pour mestre et retirer les pestiférés au temps de contagion aux conditions et charges, entr'autres, que le dit Julien Pesche ne pourra aller et venir par la ville et forsbourgs au, temps de contagion sans permission des dits sieurs gouverneurs des poauvres, et lorsqu'il lui sera permis d'y aller sera tenu et contraint porter sur soy et en lieu aparent sans avoir manteau, une grande écharpe rouge, tenant à sa main une grande verge blanche, au bout de laquelle il y aura deux sonnettes de letton qu'il sonnera ordinairement, et outre crira et huchera à haute voix ces mots : Place, place, et autres mots semblables pour induire le monde à se retirer de bonne heure de luy ; et ne pourra passer en quelque lieu que ce soit ou y aura gens assemblés, qu'il n'y ait la largeur d'une grande charrette entre le peuple et luy, ce que lui a été ainsi interdict par les dits sieurs sous peine de punition corporelle ; lesquelles escharpe, verge blanche et sonnestes il ne pourra delaisser et abandonner, jusques a avoir congé et permission de ce faire des dits sieurs gouverneurs et jusqa certain temps après ladite contagion, sur les dites peines et outre de privation de ses gaiges qu'est de la jouissance d'une année, du dit lieu et appartenances de l'Asnerye ».

XXVII.

La position de Nantes était triste.... Ce n'était pas assez de la guerre au dehors, du désordre au dedans, la peste se montra de nouveau au commencement du mois d'avril 1582, et continua dans les mois suivants.

Félix Plater rapporte qu'un message venant d'Italie, où la peste sévissait, la communiqua à Bâle. Ozanam dit qu'elle régnait aussi à Lyon en 1581. Cette circonstance nous fait penser que la maladie contagieuse que mentionnée par les historiens nantais était réellement la peste.

Par ordre du bureau de la ville, ceux qui succombent sont enterrés, pendant la nuit, dans les cimetières de leurs paroisses, et l'inhumation dans les églises est expressément défendue....

« Les morts, dit l'ordonnance, seront enterrez de nuit es cimetières de chacune de leurs paroisses où il y en aura, et où il n'y en aura es préaux ou cloistres par permission et le congé des religieux sinon es cimetières du Champ-Fleuri et de Sainte-Catherine et non dans les églises ».

Dans cet arrêté, il y avait certes un grand progrès : on défendait d'inhumer le jour, dans la crainte probablement que ce tableau n'eût impressionné les habitants et donné plus d'intensité aux causes épidémiques qui agissaient sur eux ; et, en empêchant d'enterrer les corps dans les églises, on détruisait une influence délétère, car la chaleur qui s'y faisait sentir quelquefois devait favoriser l'action des miasmes qui s'élevaient de cadavres placés à peu de profondeur. Mais, une fois que la peste eut cessé ses ravages, on continua, comme par le passé, à inhumer dans les temples.

Julien Pesche, atteint de l'épidémie, succombe, et le nommé Jean Piot, apothicaire-chirurgien, est chargé de le remplacer pendant trois mois. On lui donne vingt écus d'or par mois, qu'on lui paie d'avance.

La peste continua d'exercer ses ravages, la police, afin d'en arrêter les progrès, prescrivit de — tenir les rues propres, — d'allumer le soir des feux dans les carrefours, — de cesser les inhumations dans les églises, — de purifier les maisons où il y avait eu des pestiférés, — d'envoyer au sanitat les malades pauvres.

L'arrêté défendait aussi aux pestiférés, sous peine d'amende et du fouet, de paraître en public avant le quarantième jour après leur convalescence.

Il enjoignait encore à tous les serviteurs de l'hôpital de porter des gaules blanches auxquelles devaient être attachées de petites cloches pour avertir les personnes de s'éloigner d'eux.

Voici cette ordonnance :

Articles de la police contre la peste.

Pour prévenir moiennant la grâce de Dieu à la contagion qui pullule et s'accroist de jour en jour en ceste ville ont esté arrestés les articles cy après en l'assemblée générale de la dite ville en l'hôtel commun pour être inviolablement gardés.

En premier lieu est et sera ordonné à tous habitans de ceste ville et forsbourgs de tenir les rues nettes et mundes, chacun en droit, soy sans y mettre ou gester ou souffrir qu'aulcunes immondices de quelque qualité qu'ils soient ou puissent estre, y soient mises ou gettées de jour et de nuit par eux, leurs domestiques ou autres quelconques, soit des curures des places, charrées de buées, eaux putrides et infectes et aultres ordures et infections sur peine d'un escu d'amende exécutible sans deport applicable au sanitat, paiable par celuy audevant duquel seront trouvées les dits immondices sauf son recours contre tiers qui les y auraient mis ou getté qui seront condamnez en ce cas en telle amende paiable pour une moitié au dénonciateur et oultre en tous dépens, domaiges et intérêts. Et aussi commandé à toutes personnes qui n'ont privez en leurs maisons de faire faire dedans ung mois et sur peine de saesie de sa présent apposée sur les maisons esquelles n'y a privez, et de la somme de dix escus d'amende, et à tous ceulx qui ont des privez, caves latrines ou garde robes effrondées et des eaux en leurs caves de les faire netoier promptement et de nuit à commencer à dix heures du soir et finir à deux heures au plus tard ce dedans huistaine pour toutes profexions et délais sur peine de 10 escus d'amende exécutible contre le seigneur et propriétaire ou son principal fermier sauf à repeter contre les propriétaires, applicable audit sanitat, et pendant le temps dudit nétoiement seront les logeix parfumez d'encens et aultres parfums odoriférans à ce que les demorans esdits logeix ou aultres passans ne soient infectez.

Seront faicts feus publics jusques un mois les jours de dimanche, mercredy et vendredy sur les sept heures du soir en chacun carefour et pour cet effet tous les habitans fourniront chacun un fagot de bois sec à peine de cinq sols d'amende exécutible sans déport contre chacun desdits habitans qui n'auront obéi pour estre emploie en achat d'aultres bois et à ce que les dits ordonnances soient gardées et exécutées seront commissaires establis deux en chacune rüe, avec puissance d'exécuter ceux qui ne tiendront leurs rües nettes jusques à 60 auxquels commissaires et chacun d'eulx sera ordonné de s'acquitter fideslement au faict de la dite commission sur peine de 10 escus d'amende exécutoire sans déport aussi applicable au sanitat.

Les maisons qui ont pestiférées au passé en ceste ville et forsbourgs seront recherchées à heure en aultres et celles qui n'ont été purifiées le seront de l'ordonnance des gouverneurs des poauvres ou commissaires du sanitat par hommes fidelles qu'ils nommeront à cette fin, ne conversant avec les autres laquelle purification se fera de nuict entre les dix heures du soir et trois heures du matin aux charge despans des propriétaires desdits logeix ou leurs fermiers. Seront les députez à ladite fin accoutrez de bougrain croisé de deux croix blanches, l'une devant et l'autre derrière et porteront chacune une verge blanche.

Pour l'advenir sera député un médecin et chirurgien demeurant en ville pour visiter et secourir ceux que Dieu visitera de la contagion. Les malades qui ne seront frapez de ladite contagion ains d'autres maladies se pourront faire traipter et medicamenter par tel médecin et chirurgien députez à la dite fin.

Les infectez de la contagion si sont poauvres seront incontinant menez au sanitat et la maison cadannée, en laquelle seront enfermées personnes pour incontinant purifier la dite maison de l'ordonnance des dits gouverneurs des poauvres ou commissaire du dit sanitat par les moiens qui seront trouvez plus propres pour purifier.

Et quand aux malades de contaigion ayant moien demeureront en leurs maisons et en icelles se feront traiter si bon leur semble à leurs despans parce qu'ils seront cadannés et en icelles avecque leurs gens et serviteurs qui y vouldront demourer et à leurs frais se feront administrer et vivres et toutes choses nécessaires et aura le chirurgien qui les traictera la clef du cadane pour aller et venir es dits maisons pestiférées, et servir et medicamenter les dits contaigieux.

Sera aussi en l'option des hommes riches de se retirer au Sanitat ou aux champs pour se faire medicamenter à leurs despans, et en tous cas seront leurs maisons cadanées et purifiées le plus promptement que faire se pourra en la forme prescrite.

Les pestiférés, ayant moien prendront les médicaments chez tel apothiquaire que bon leur semblera et neantmoins sera nommé un apotiquaire certain pour le service du sanitat qui tenant ses comptes fournira de l'ordonnance du médecin et chirurgien et chargera ses parties du nom de celui y pour lequel il les aura fournies.

Sera tenu fidelle registre des noms et surnoms de tous ceux qui seront menez au sanitat, et qu'elles maisons ils seront sortis, par les despancier et chirurgien du sanitat, à peine de payer les frais en privé nom.

Le médecin député pour visiter les malades de contaigion trois fois la sepmaine se transportera en lieu certain près le dit sanitat pour ordonner ce qu'il sera requis aux malades y estant et suivant les ordonnances du chirurgien domestique traictera les dits malades sur les peines qui en tel cas es absent.

Tous malades qui auront esté frapez de contagion ne fréquenteront en publicq que quarante jours, après leurs reconvalescences sur peine de 100 escus et du fouet à faulte de payer comptant et à pareil ne seront ouvertes leurs maisons que XL jours après la purification d'icelles. Est par exprès ordonné à tous les demorans en maisons visitées de contaigion de faire prompte déclaration aux commissaires du Sanitat de leurs malades sur peine de 100 escus d'amende exécutoire sans déport sur leurs biens applicable au Sanitat, et à tous médecins, apotiquaires et chirurgiens en advertir lesdits commissaires sur semblable peine, et administrer à chacun médicament et secours.

Le chirurgien domestique du Sanitat et tous les serviteurs d'icelluy porteront des gaules blanches et de petites cloches au bout d'icelles et de loing se mondront toutes les personnes de se retirer sur peine de punition corporelle, et oultre sera ledit chirurgien accousté de quelque accoustrement et bougrain croisé comme dessus, et les personnes contaigieuses seront menées audit Sanitat par les ruelles sur le soir et non en plein jour comme il s'est faict le passé et sera faicte une chaise propre pour les malades qui ne se pourront soutenir d'eulx-même pour la vehemense de la maladie, et est défendu aux serviteurs dudit Sanitat d'en user autrement sous peine du fouet. Auxquels serviteurs dudit Sanitat et aux députez pour lesdites purifications est défendu de prendre, enlever, ni dérober aucune chose des maisons esquelles ils entreront sur peine d'estre pendus et es estranglez.

Es églises parochiales ne seront ensepulturés aucunls morts de contaigion de quelque qualité qu'ils soient.

Chacun dizainier fera rapport promptement de ceux qui seront tombez malades en leurs dizaines auxquels commissaires dudit Sanitat ou aux dits médecins et chirurgiens, et des contraventions qui seront faictes aux susdites ordonnances sur peine de s'en prendre à eux.

Seront establis commissaires en chacun cartier gens de bien et d'honneur pour avoir l'œil à ce que les ordonnances cy-devant soient gardées à chacun desquels est ordonné pouvoir d'exécuter les ordonnances cy-dessus contre les contrevenans.

Ces articles, donnés le 26 mai, furent observés exactement et avec tant de succès, dit Travers, que la ville eut la consolation d'apprendre un mois après qu'il n'y avait plus de malades de la peste au Sanitat... On ne peut donner trop de louanges, continue le même historien, à la vigilance et à l'étendue de la charité de nos anciens magistrats. Rien ne fut épargné pour soulager les pauvres pestiférés, ni les remèdes ni les bons soins.

La ville paya tous les frais qu'occasionna la peste ; et elle eut au Sanitat un chirurgien aux appointements de 10 écus d'or par mois. Elle proposa le double pour avoir un médecin ; mais, chose incroyable, personne ne voulait accepter à ces conditions ; ils demandaient davantage, tant la charité qui donne volontiers sa vie pour ses frères était alors refroidie dans les médecins. La vüe des biens éternels dont Dieu récompense la charité ne les touchait pas (Travers)......

Enfin, continue le même historien, dans l'assemblée de ville du 10 août 1591, sur le refus du maître chirurgien servant à l'hôpital des pestiférés d'y continuer ses services à 60 liv. de gage qu'on lui donnait par mois, on proposa qu'il serait bon d'y mettre un garçon chirurgien qui, après quatre ou cinq ans de service, serait reçu maître.... Les chirurgiens et les médecins présents au bureau accueillirent la proposition ; elle n'eut point d'exécution alors, la ville ayant consenti à donner 40 liv. d'augmentation d'appointements au chirurgien ordinaire. Ce jour-là, on reçut deux médecins, pour visiter les malades de l'hôpital des pestiférés, sans autre traitement que l'exemption de leur service de la garde pendant l'année ainsi qu'ils l'avaient demandé.

(Gabriel Le Borgne).

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