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LES GRANDES EPIDEMIES DE PESTE A NANTES.

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LES GRANDES ÉPIDÉMIES QUI ONT RÉGNÉ A NANTES DEPUIS LE VIème JUSQU'AU XIXème SIÈCLE.

Plusieurs historiens, et particulièrement mon confrère et ami le docteur Guépin, avaient présenté quelques tableaux sur les épidémies qui ont régné à Nantes ; mais comme ils ne traitaient pas ce sujet d'une manière spéciale, ils durent se borner à quelques considérations générales…… Pénétré de l'importance de ce travail, je m'y consacrai, et je regardai comme un objet de recherches curieuses d'étudier dans le passé les formes de ces grandes épidémies, leur influence sur la santé des populations, les mesures que leur opposa la civilisation et l'action qu'elles eurent sur le moral des hommes.

Ces recherches sont divisées en deux parties.

Dans la première, retraçant le tableau de ces grandes épidémies que les historiens nantais ont désignées sous la dénomination générique de pestes, j'en ai recherché les causes et fait connaître les moyens qui ont été mis en usage, à différentes époques, pour les combattre et pour s'en préserver...

Envisageant ces tristes temps, où au règne du fléau succède la guerre ; à la guerre, la famine ; à la famine, l'épidémie, — j'étudie les rapports qui pouvaient exister entre les maladies qui décimaient alors Nantes, et les influences matérielles et morales qui devaient les faire naître ou augmenter leur intensité...

Mentionnant aussi certaines maladies de la peau qui ont existé jusqu'au XVIème siècle, je rappelle les mesures de rigueur que la peur de la contagion dictait à l'ignorance barbare de cette époque contre les malheureux qui en étaient atteints ; et, suivant la marche progressive des connaissances humaines, je fais voir Nantes qui se délivre des pestes à mesure qu'avance la civilisation.

La deuxième partie est intitulée : le Typhus à Nantes en 1793.

C'est un triste épisode de la vie de Nantes que l'histoire de cette épidémie qui moissonna tant de monde, et qui disputa à Carrier une partie des nombreuses victimes qu'il avait vouées à la mort !...

Ce tableau est sombre ; cette page de l'histoire de Nantes met à nu la position malheureuse dans laquelle elle se trouva placée.... Forteresse de l'Ouest, au milieu de la Vendée, elle résistera aux efforts réunis, aux attaques réitérées de l'année royaliste, et elle ne saura se préserver de la maladie épidémique qui l'a décimée !... De pauvres prisonniers, dénués de tout, couchés sur la terre, et jetés les uns sur les autres dans des cachots infects, vont trouver la mort à laquelle ils sont voués en entrant dans ces lieux insalubres ; de braves militaires, entassés dans des hôpitaux, y seront atteints du typhus et trouveront, dans ces asiles consacrés au soulagement, des causes de destruction.... Pourquoi ? Parce que, uniquement occupée de l'ennemi qui combat les armes à la main, Nantes ignore qu'elle renferme dans son sein des causes de mort bien autrement puissantes que le fer des Vendéens !

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.

Les épidémies, ces maladies qui traduisent en quelque sorte, par leur fréquence et leur gravité, les divers degrés d'ignorance et de superstition où sont encore plongés les peuples ; ces calamités qui déciment, presque en même temps et dans le même lieu, un grand nombre de personnes de tout sexe, de tout âge et de toute qualité, le pauvre accablé de misère et le riche environné de toutes les aisances de la vie, éclatent tout-à-coup au milieu d'une province, d'une ville, d'un établissement public, et apparaissent de temps à autre, comme un avertissement, aux sociétés humaines, pour qu'elles recherchent et détruisent les grandes influences de mort qui existent encore dans leur sein.

Quoiqu'il règne une grande obscurité sur les causes qui donnent naissance à quelques épidémies, on sait que ces causes existent ou dans les hommes eux-mêmes ou dans les lieux qu'ils habitent, ou dans l'air qu'ils respirent, ou dans les aliments dont ils font usage, ou dans les influences météorologiques, et que ces maladies générales se déclarent principalement — là où de grandes agglomérations d'hommes traînent à leur suite la misère, et toutes les causes de débilitation possible ; — là où le pays est insalubre ; — là où manquent les récoltes ; — là où gouvernent des administrateurs inhabiles et insouciants ; — là où règne un excès de population relativement aux moyens d'existence dont elle jouit ; — là où le peuple est misérable ; — là enfin où manquent les lumières et la liberté ! ... C'est l'Egypte esclave et superstitieuse décimée par la peste ; c'est l'Irlande pauvre et ignorante ; c'est l'Italie et ses principautés sans esprit public, et où les fièvres promènent sans cesse leurs ravages, où l'on rougit devoir, à notre époque, transformées en vastes et horribles-foyers d'infection les côtes si belles, si riches de l'Adriatique et de la Méditerranée... et, en remontant dans le passé, — c'était le moyen-âge étendant sur l'Europe son vaste réseau féodal, marchant escorté de la dévastation et de la guerre intestine, forçant les populations à se presser dans d'étroites murailles, et y renfermant avec elles les épidémies les plus meurtrières ; — c'étaient la guerre et la famine jonchant de cadavres la surface du royaume, et l'agriculture négligée transformant la plupart des provinces en de vastes marécages ; — c'étaient les villes entourées de fossés, où les eaux croupissaient ; les rivières, inondant les cités, baignant les cimetières et remuant ces débris de matière animale en putréfaction ; les pluies dégradant et ouvrant les sépultures où les cadavres n'étaient recouverts que de quelques pouces de terre, séjournant dans des rues non pavées, et détrompant ces amas prodigieux d'immondices que le manque de réservoirs rendait si abondants.

Les hommes, en détruisant les causes d'insalubrité qui existaient autrefois, ont fait cesser ou rendues moins meurtrières les grandes épidémies qui effrayèrent les siècles passés ; et si l'Europe est moins affligée de ces grandes calamités dont nous entretiennent les historiens, c'est à l'élargissement des rues, au nettoiement et à l'entretien de la voie publique, à l'isolement des sépultures, au dessèchement des marais, etc., à des connaissances hygiéniques plus répandues enfin, que nous devons ces bienfaits. A mesure que l'ignorance à fait place aux lumières que répandirent sur toute l'Europe les connaissances physiques et chimiques, on a vu disparaître un grand nombre d'affections qui étaient entretenues par des causes locales ; et la civilisation a eu une action tellement appréciable, que l'on peut dire que c'est à elle que l'on doit le perfectionnement de la santé publique, puisque la mortalité a toujours marché en raison directe de la misère, de l'ignorance, et qu'elle marche encore de nos jours, dans les diverses classes de la société, en raison inverse du degré d'aisance dont elles jouissent... Oui, la mortalité, dans une contrée, est d'autant moindre que son état social est à un plus haut degré de perfectionnement, et les maladies épidémiques et contagieuses sont d'autant plus fréquentes que le pays qu'elles ravagent est moins civilisé...

Dans la vie des populations qui nous ont précédé, les grandes épidémies ont eu une influence remarquable, et qui, cependant, n'a pas assez fixé l'attention des historiens. Les maladies qui naissaient des nombreuses causes d'insalubrité, celles que la contagion portait partout, ont eu, par exemple, sur le moral des hommes du moyen-âge, une action qui les a entraînés vers les idées religieuses.

Ces idées, poussées jusqu'à la superstition, ont donné lieu à des affections bizarres caractérisées par une grande exaltation mystique ; ces idées, les portant vers l'intolérance et le fanatisme, les ont conduits, comme nous le verrons plus loin, à des actes cruels envers des hommes qui professaient une autre religion et qu'ils accusaient d'être la cause des fléaux qui décimaient alors le monde entier... Mais si ces grandes calamités entraînèrent les populations vers les idées mystiques, elles eurent aussi une influence évidente sur la dépravation des mœurs. Dans ces tristes temps, la vie paraissait si courte que l'on s'empressait de jouir des heures qui devaient bientôt finir... L'égoïsme, qui efface tous les sentiments de la nature, et qui, dans ces temps d'épidémie, faisait à l'époux fuir le lit de son épouse, au père celui de ses enfants mourants, fut aussi une des plaies morales qu'entraîna l'apparition de ces terribles fléaux.

 

Nantes n'a pas eu toujours l'aspect qu'elle offre aujourd'hui. Ses belles rues, ses places grandes et régulières, ses larges quais, ses somptueuses demeures n'existent, pour ainsi dire, que d'hier... Naguère, sans cesse menacée par des ennemis, exposée aux invasions des peuples barbares, assiégée par les rois de France et d'Angleterre, agitée par des guerres intestines, cette ville était entourée de remparts et de fossés pour la mettre à l'abri des attaques imprévues ou des coups de main qu'elle avait sans cesse à redouter. Resserrée, pressée par cette ceinture de pierres dont l'élévation était d'une indispensable nécessité pour la sécurité des habitants, Nantes se trouvait placée dans les conditions les plus défavorables d'insalubrité. L'air qui stagnait ainsi sans circulation dans ses ruelles fétides, véritables foyers d'infection, recevait encore des principes délétères de l'Erdre sur les bords marécageux de laquelle la ville était assise et dont les eaux croupissantes dans les douves de la cité laissaient échapper des effluves bien nuisibles à la santé, principalement à la fin de l'été lorsque l'eau de ces fossés avait été évaporée par la chaleur du soleil.

Que de progrès depuis dans l'hygiène publique ! Les rues mieux percées, plus larges, n'arrêtent pas la circulation de l'air ; — les maisons, mieux aérées, sont moins humides ; — les inhumations des corps ne se font plus dans les églises et dans de nombreux cimetières renfermés dans l'intérieur de la ville ; ces lieux lugubres et malsains, ornés des ossements dont on se plaisait à les décorer, ont disparu et ont été changés en des places ouvertes à un air pur et à un commerce actif ; —on ne voit plus de disettes, de famines ; — les habitants ont acquis une plus grande aisance, leur alimentation est meilleure ; leurs vêtements plus commodes, plus salubres... La civilisation a opéré tous ces miracles, et Nantes, ainsi que les autres villes d'Europe, a vu cesser, à mesure que les lumières se sont répandues, les graves épidémies qui la décimaient avant et pendant le moyen-âge ; et si, d'après les historiens, l'Europe a éprouvé quatre-vingt-dix-sept maladies pestilentielles depuis le commencement de notre ère jusqu'en 1680, quatorze durant le XVIIème siècle et huit dans le XVIIIème siècle, on ne saurait mettre en doute l'influence de la civilisation sur la diminution des épidémies.

L'homme peut donc modifier quelquefois les influences qui agissent sur lui d'une manière fâcheuse ; éclairé par l'hygiène, il peut donc assainir des lieux insalubres ?

Oui sans doute, et si nous voulions citer des exemples frappants de ce que peut l'homme sur la vie de l'homme, ils ne nous manqueraient pas ; il nous suffira de mentionner la diminution progressive qu'a subi la mortalité dans les prisons de l'Europe depuis plus d'un siècle..... Si les épidémies sont moins générales, moins meurtrières, c'est donc aux bienfaits de la civilisation que nous en sommes redevables ; c'est aux moyens de santé et de conservation qu'elle nous procure aujourd'hui que nous devons attribuer cet avantage. Que penser alors de ceux qui regrettent le passé ? ne doit-on pas les laisser se plaindre du présent, ingrats qu'ils sont des bienfaits qu'ils en reçoivent !

Si, envisageant ce sujet sous un point de vue plus général, je leur dépeignais, dans les temps d'épidémie, les villes d'Europe en proie à toutes les calamités : la disette forçant les habitants à se nourrir avec des substances malsaines ; les rues et les places jonchées de cadavres que l'on jette par les fenêtres ; les enfants à la mamelle gémissant dans leur berceau auprès du cadavre de leur mère ; le deuil général ; la peur de la contagion étouffant tous les sentiments de la nature : ces tableaux sans doute ne seraient pas vrais pour eux, où plutôt ils mettraient, comme au temps du moyen-âge, sur le compte de la vengeance divine, les maux que l'ignorance et la superstition engendraient dans ces malheureuses cités.... Oui, s'il y avait encore des hommes assez aveugles pour douter de bonne foi des progrès et des avantages de la civilisation, qu'ils lisent les historiens qui ont tracé le tableau des épidémies qui, dans les siècles passés, ravagèrent une partie de l'Europe, et pendant lesquelles les malades étaient abandonnés de leur famille, et dépouillés, vivants encore, par ceux-là même qui avaient mission de les soigner.

Qu'ils interrogent ceux qui ont vu, chaque année, la variole, l'une des plus effrayantes et des plus meurtrières épidémies, exercer ses ravages , — ils sauront que tous apportaient pour ainsi dire en naissant une tache originelle qu'il leur fallait laver ; que chacun, ainsi que le dit notre confrère le docteur Mahot dans des considérations pleines d'intérêt sur cette maladie ; que chacun, dis-je, devait, à un âge plus ou moins avancé, prendre part au combat à mort que cette terrible épidémie venait livrer dans sa ville ou dans son village, et que si, parfois, il en revenait vivant, souvent aussi il en sortait mutilé, défiguré, et la peau criblée de cicatrices indélébiles et difformes...

A ceux qui croiraient présenter une objection en nous énumérant les ravages que le choléra-morbus a fait dernièrement, nous répondrions qu'ils ignorent sans doute les grandes mortalités que les fréquentes et terribles épidémies d'autrefois ont déterminées dans notre France. Le choléra, d'ailleurs est-il né dans nos pays, sous l'influence de causes locales ? Non assurément ; il nous est arrivé nous ne savons par quelle voie ; mais ce qu'il y a de positif, c'est qu'en Europe l'influence des localités est nulle sur son apparition. Je ne dis pas sur son intensité, car l'on sait que plus il a trouvé les lieux insalubres, plus il y a exercé de ravages. Personne n'ignore aussi que c'est sur les indigents, et parmi les plus misérables, c'est-à-dire sur les classes qui participent le moins aux avantages de la civilisation, qu'il a le plus frappé...

Qu'on ne traite donc pas de vaniteuses illusions les améliorations hygiéniques amenées par les perfectionnements de la civilisation ; car on ignorerait les grandes mortalités des temps antérieurs dues à des causes locales, influences que nous avons déjà mentionnées, et dont nous ferons ressortir les effets dans tout le cours de ces recherches.

Terminons ces généralités par un fait bien important, parce qu'il renferme un enseignement directement utile, une leçon dont l'application est aisée, c'est la diminution de fréquence et d'intensité des épidémies par les progrès de la civilisation et par les connaissances plus répandues de l’hygiène publique. Faisons des voeux pour que cette grande vérité soit mise à profit, autant qu'il est possible, par les gouvernements, par les administrations, et par tous ceux que leur position appelle à travailler au bonheur des hommes (Gabriel Le Borgne).

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1° Peste Nantaise en 583, probablenent petite vérole. — Grégoire de Tours l'appelle " lues cum vesicis, pustulae " (De miraculis sancti Martini, III, 34).
Combien de victimes ? Quel traitement médical ? Quelles mesures administratives ? L'histoire se tait sur tout cela.

2° Peste en 591. — Processions ordonnées par l'évêque de Nantes NONNICHIUS.

3° Peste en 1160 .....

4° Peste en 1222, sous Pierre de Dreux. — Celle-ci dut être favorisée par un grand remuement de vases dans l'Erdre et la Loire, Pierre de Dreux ayant détourné ou seulement resserré le lit de l'Erdre, dans la traversé de Nantes, et creusé deux ports sur la Loire : 1°. le port de Pierre de France, près de l'église de Sainte-Radégonde aujourd'hui disparue ; 2°. le port de Briand-Maillard, du nom de l'entrepreneur, au bout de la rue de ce nom.

Grandes épidémies à Nantes  Les maladies épidémiques et contagieuses à Nantes

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5° Peste au XIVème siècle. — C'est la peste noire, appelée ainsi des pétéchies dont elle bleuissait la peau. Appelée encore la mortalega granda, la grande mortalité, avec raison, puisqu'on évalue ses victimes, en Europe, à 25.000.000. — Elle a dû sévir sur Nantes, comme sur toutes les autres grandes villes de France. Cependant, silence de nos historiens.

Grandes épidémies à Nantes  L'épidémie de peste noire à Nantes au XIVème siècle

6° Peste en 1404. — Le comté de Nantes est affligé d'une grande mortalité : « Mais le jour de la translation de Saint-Martin, qui est le quart de jour du mois de juillet, s'assembla le clergé de Nantes. Assemblée moult solemnelle et devote, car clercs et laiz etoient tous nus pieds et confez et portoient les reliques des saincts par toutes les églises de la cité ; après laquelle procession cessa le mal sur terre et au païs » (Le Baud).

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7° Peste en 1487 [Note : Qu'on ne perde pas de vue qu'il s'agit toujours ici que des GRANDES ÉPIDÉMIES, des grandes pestes. En plus de celles ici énumérées, l'histoire en mentionne beaucoup de petites], à la levée du siège de Nantes par le roi de France Charles VIII. — Probablement le typhus : « Le 16 août, année suivante, le conseil de la ville fit publier au bourg du Pellerin, à l'assemblée qui s'y tenait, défense à ceux qui étaient d'un lieu où il y avait de la contagion, de ne point passer par Nantes à leur retour » (Travers). Cette première et faible indice locale, de police sanitaire, donne occasion de rappeler que c'est du règne de Jean II, surnommé le Bon, que date en France la création de cette police sanitaire dont l'Italie eut cependant la glorieuse initiative ; car les premières ordonnances de salubrité publique furent publiées en 1374, par Bernabo Visconti, duc de Milan.

8° Peste en 1501. — « Audit temps, la peste eut cours et mourut 4.000 personnes et plus, et demeura Nantes quasi inhabitable de la plupart des gens de puissance... Les grands vicaires furent du nombre des fuyards... (Le Compte du Miseur). Bougie offerte à Saint-Sébastien, qui mesurait 2.000 brasses et faisait le tour de la ville ».

9° Peste en 1522. — François Ier était à Nantes. Deux sergents, gagés à 3 liv. par mois, sont chargés d'exécuter les précautions anti-épidémiquqs qu'en employait alors, et qui consistaient à faire évacuer les maisons dans lesquelles étaient morts des pestiférés et à les sceller du sceau de la ville, en signe d'interdiction.

10° Peste en 1529. — Précédée et occasionnée comme toutes les autres par une disette. (Guépin).

11° Peste en 1532. — Au typhus, qui fait de nouveaux ravages, se joint la syphilis dans toute l'horreur de sa première apparition. « Cette maladie fut occasionnée par le long séjour du roi François Ier à Nantes, tant la cour avait beaucoup de gens infectés du mal de Naples » (Travers). « Cette maladie était un présent que les Epagnols reçurent du Nouveau-Monde en échange des calamités qu'ils y portèrent... Naples surtout, où les Espagnols étaient alors très-puissants et très-nombreux, fut promptement infectée de la maladie ; c'est là que nos Français, pendant les guerres d'Italie, allèrent la chercher » (Meuret). — Les syphilitiques, les nouveaux pestiférés furent internés par ordre dans une maison louée, à cet effet, et appelée l'Anerye, qui devint par agrandissenent, le Sanitat du bas de la Fosse, démoli aujourd'hui et remplacé par l'hôpital de Saint-Jacques.

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12° Peste en 1545. — Aux sergents qui frappaient d'interdit les maisons fut ajouté un inspecteur. « Julien Martin fut commis, pendant dix-huit mois, pour visiter et faire le rapport des maisons de la ville et des fauxbourgs où il y avait contagion et des pestitérés » (Travers).

13° Peste en 1563. — « Item a esté achepté pour 43 sols 3 deniers de bonnes herbes, lesquelles estaient jettées et espendues chacun dimanche et bonnes festes, par l'Église, à cause de la maladie et qu'il sentait mal en la dite église » (Compte de Fabrique de 1562. Paroisse Saint-Nicolas).

14° Peste en 1569. — Celle-ci est la peste d'Orient avec son symptôme caractéristique : les bubons, MALADIE INGUINAIRE (Grégoire de Tours). Curieuse délibération municipale à ce sujet (Mardi, 10ème jour de mai 1569) où il est dit : « Il a esté proposé, etc.... que M. Pierre, demeurant à la Saulzaie, duquel en a esté pour de demande 200 liv., outre que les riches le paieront des drogues et pencemens qu'il leur administrera, et que il y a ung jeune homme au Marchix qui s'est offert à pencer les dits malades .... M. Roucaut le jeune examinera ledit jeune homme sur la théorique et la pratique ... afin que si on ne peult marchander avec ledit M. Pierre de la Saulzaie, on marchande avec ledit jeune homme ». La médecine au rabais ne date pas de nos jours, comme on le voit !

Julien Pesche, les autres chirurgiens ayant refusé de soigner les malades durant la peste, reçut en récompense, de la part de l'Administration : 1° la maîtrise ; 2° la place de chirurgien du Sanitat en cumul avec la place de chirurgien de la ville. Pour appointement il eut : « Le lieu, manoir, jardins, vignes, saulzaies, fruits et revenus, appartenances et dépendances de l'Asnerye.... aux conditions ..... entrautres qu'il ne pourra aller par la ville et forsbourgs quavec permission du gouverneur des poauvres et avec ... une grande écharpe rouge, et une grande verge blanche ... au bout de laquelle ... deux sonnettes de letton, et outre, criera et huchera Place !. Place ! ».

Grandes épidémies à Nantes  L'asnerye et le barbier-chirurgien Pesche à Nantes

15° Peste en 1582. — Julien Pesche succombe. Jean Piot le remplace aux conditions de 20 écus d'or par mois, payés d'avance. — Somme énorme, qui témoigne et de l'effroi général et du peu de bravoure des médecins d'alors.

Un arrêté, le plus ancien sur la matière, interdit l'inhumation des pestiférés dans l'intérieur des églises. « Es eglises parochiales ne seront ensepulturés aucunls morts de contagion de quelque qualité qu'ils soient ». « En outre, sera ordonné qu'aucunes immondices soient mises ou gestées sur les rues tenues nettes et mundes, sous peine d'un escu d'amende applicable au Sanitat .... ».

« Seront faicts feus publics jusques un mois les jours de dimanche, mercredy, et vendredy, sur les sept heures du soir, en chachun carrefour, et, pour cet effet, tous les habitans fourniront chachun un fagot de bois sec, à peine de cinq sols d'amende ». — « Chachun dizainier fera rapport promptement de ceux qui seront tombez malades en leurs dizaines auxquels commissaires du dit Sanitat. — Seront établis commissaires en chachun cartier, gens de bien et d'honneur pour avoir l'oeil à ce que les ordonnances cy devant soient gardées ».

« On ne peut donner trop de louanges à la vigilance et à l'étendue de la charité de nos anciens magistrats » dit à cette occasion Travers. Leur chirurgien, au Sanitat, était payé de 10 écus d'or par mois ; mais ils proposèrent en vain le double pour avoir un médecin.

16° Peste à Nantes en 1595, pendant la ligue. — Cette contagion se combina avec une disette, un froid excessif, et une inondation, et fut toutefois moins désastreuse que les antérieures. Elle devint le sujet de deux ouvrages, l'un par Gabriel Clément, médecin attaché à la maison du roi ; l'autre, par le sieur Mello, docteur-régent en la Faculté de médecine de Nantes (Mellinet).

17° Peste en 1597. — Les médecins s'assemblent et rédigent une consultation dans laquelle ils prescrivent : « De faire sortir de la ville tous les vagabonds et de brûler la vieille paille des lits de l'hôpital, de tenir les rues propres, et d'y faire, trois fois la semaine, deux feux à deux cents pas de distance, de défendre la vente du pain chaud, et tout ce qui serait susceptible de provoquer la corruption ; de ne point faire usage de fruits verts ; de concombres , etc. ; d'interdire la circulation des porcs dans la ville ».

18° Peste en 1602.« La frayeur est générale ; et ce n'est qu'à des conditions très-onéreuses que la ville engage un ecclésiastique pour porter aux pestiférés du Sanitat les secours, spirituels, et un homme de l'art pour les visiter ». Pierre Silvestre, maître chirurgien, accepte aux conditions ci-après : — un logement rue de la Boucherie, proche de la porte de Sauvetout ; 10 écus d'or d'ameublement, et 70 écus par mois payés d'avance. Plus, une promesse de gratification un mois après la cessation de la peste, de 80 écus d'or ... C'était la peste d'Orient ; elle fut des plus meurtrières. Silvestre en fut victime et on ne put lui trouver de successeur.

19° Peste en 1612. — Aux moyens préventifs ci-dessus s'ajoute une défense de la part du Chapitre de faire sermons le dimanche dans les églises. Les Capucins et les Récollets bravèrent seuls la contagion, et en furent victimes. Le chiffre des personnes atteintes fut considérable, si on lui donne pour mesure le chiffre des dépenses ; car la ville paya, rien que pour médicaments, la somme de 15.000 francs.

Grandes épidémies à Nantes  Traitement de la peste à Nantes au XVIIème siècle

19° Peste en 1631. — Toujours la peste d'Orient, qui sévissait cette année dans tout le Midi, apportée notamment à Montpellier par un capucin qui avait le charbon aux jambes.

Le traitement médicinal de cette époque est connu.
Vomitif avec : huile d'olive ou de noix battue dans de l'eau tiède et quelques gouttes de vinaigre.
Lit chaud et renouvellement de linge.
Boissons : de l'eau ou tisane de chardon bénit, de germandrée, etc., avec un peu de thériaque pour provoquer la transpiration. Puis, bouillon acidulé avec chicorée ou jus de citron.
Pansement des bubons avec cataplasmes d'oignons cuits dans la cendre, thériaque, levain de froment, etc.
Ouverture, et, au moyen d'une goutte d'huile bouillante, cautérisation des charbons ; puis, application d'un onguent fait avec jaune d'oeuf, huile et sel.

20° Peste en 1636. — Toujours celle d'Orient. Les remèdes, cette fois, restant inefficaces, le bureau de la ville, sur l'avis du procureur-syndic, proposa des prières publiques. L'épidémie continua jusqu'en 1641.

L'hôpital d'Erdre, dit encore Notre-Dame-de-Pitié, fut jugé par trop insalubre, environné qu'il était des eaux marécageuses de l'Erdre et des émanations de 3 cimetières : celui des Pauvres, celui des Suppliciés et celui des Calvinistes. En conséquence, fut décrétée l'érection d'un nouvel hôpital, prairie de la Magdeleine, justement l'Hôtel-Dieu actuel, qui doit lui-mêne, à son tour, être remplacé.

Il faut souligner que la peste était jadis un nom générique placé par nos ancêtres sur des épidémies extrêmement diverses, diverses de symptômes, de provenance, d'étiologie, de malignité, de traitement.

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Grandes épidémies à Nantes  Bureau de santé à Nantes et quarantaines lors de la peste de Marseille au XVIIIème siècle

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Note : Pour éviter ces épidémies, trois propositions seront mises en avant :
1° Modification architectonique de la ville de Nantes.
2° Suppression des inhumations au-dedans des églises.
3° Établissement des lazarets et des quarantaines.

MODIFICATION ARCHITECTONIQUE. — Pour passer de l'insalubrité féodale à l'hygiène des temps modernes. « Les murs et les portes qui resserraient la ville ont été abattus. Les remparts du moyen-âge et de la ligue ont disparu, l'air et la lumière pénètrent dans les rues étroites, sinueuses et sombres des siècles passés..... Elles vont être élargies et pavées, des égoûts vont être construits.... Sortant de sa vieille et triste enceinte, Nantes, qui n'est plus la capitale des ducs, mais qui est appelée à devenir une des capitales du commerce, s'étend sur son beau fleuve. La création de la nouvelle cité date de Gérard Meslier, magistrat populaire, si justement orgueilleux du plus beau titre que peut ambitionner un citoyen ».

INHUMATION A L'INTÉRIEUR DES ÉGLISES. — Fait significatif. - « Jusqu'en 1760 , trois paroisses faisaient leurs inhumations dans le seul cimetière de Saint-Clément, lequel n'avait que 170 pieds de long et 132 de large ». L'intérieur des églises servait comme de supplément forcé aux cimetières ; on enterrait beaucoup dans les églises paroissiales de Sainte-Radégonde, Saint-Laurent, Saint-Denis, Saint-Vincent. Le 10 septembre 1760, les recteurs et les délégués de ces paroisses font appel contre ces inhumations malsaines et délétères à l'autorité du duc d'Aiguillon. Mais l'opiniâtreté des usages et la divergence alors des Pouvoirs locaux ont fait qu'il n'a fallu rien moins que la révolution pour mener à fin cette réforme des sépultures.

LAZARETS ET QUARANTAINES. — La question des quarantaines a donné lieu à plusieurs polémiques sur leur abolition ou leur maintien. Les quarantaines contre la peste du Levant [Note : Sur cette peste du Levant, M. G. Leborgne met en présence deux opinions diverses : 1° Celle de Papou et Lassis, qui paraissent la confondre avec toutes les autres ; 2° Celle de Pariset, qui lui donne pour date précise d'apparition l'année 542 de l'ère chrétienne ; et pour cause génératrice, la putréfaction des corps qui cessèrent d'être embaumés comme dans l'antiquité, et ne furent plus qu'enfouis à peu de profondeur dans le sol ou dans des cavaux mal clos] et les bureaux de santé maritime furent établis à Nantes dès 1720 et 1721, par ordre du maréchal d'Estrées et sous l'administration Meslier.

(J. Foulon).

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