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La Chapelle de l'Immaculée-Conception.

 

Les Origines de la Chapelle.

C’est en 1469 que fut commencée la chapelle que devaient occuper les religieux de saint François de Paule, dits les Minimes, c’est-à-dire, les très humbles et très petits. Le dernier duc de Bretagne, François II, n’avait pas craint de se mettre à bâtir ce monument alors qu’il était préoccupé pourtant par la façade de la cathédrale Saint-Pierre, et par les agrandissements de son château de Nantes.

C’est qu’aussi bien sa première femme, la douce Marguerite de Bretagne, venait de mourir : elle s’était recommandée, dans ses derniers moments, au puissant Saint Antoine de Padoue. Dans sa délicate fidélité, le duc endeuillé ferait élever une chapelle en l’honneur de ce saint ; peut-être y pourrait-il faire venir des religieux franciscains qui prieraient pour la noble défunte.

Le terrain choisi, à l’est de La Motte-Saint-Pierre, était un petit enclos entouré de quelques logis appelés à devenir célèbres. Derrière le domaine ducal, où l’on creusait les fondations du nouveau monument, s’élevaient la Malvoisine, Bellevue, La Colleterie, qui deviendraient au XVIIème siècle, le couvent des Ursulines et le séminaire diocésain : ils sont vers le milieu du XXème siècle le lycée et le jardin des plantes. Au nord se voyait la Mironnerie, où s’établieront les Visitandines en 1632 : c’est en 1946 une caserne.

En 1481, la première partie de la chapelle était terminée ; par lettres patentes du 6 juin, le duc François II y fondait une chapellenie dotée de cinq messes par semaine et d’une rente annuelle de quatre-vingts livres. « Désirans, disait-il, des biens temporels faire comutation en biens spirituels, prières et oraisons pour le salut de notre âme et de nos prédécesseurs, avons fait construire une chapelle es faubourg de notre ville de Nantes, laquelle désirons être dédiée... à l’honneur de Monsieur Saint Antoine de Pade ».

La duchesse défunte n’est pas nommée ici. C’est que son corps reposait aux Carmes. Et puis, depuis quelque dix ans déjà, elle était remplacée par cette Marguerite de Foix, dont on coucherait l’image sur le tombeau des Carmes, que l’on voit actuellement dans la cathédrale de Nantes.

Auprès du duc François II, en cette année 1481, l’on voyait sa fille Anne, alors âgée de quatre ans, destinée à devenir deux fois reine de France. Non loin de lui vivait, retirée près de la Chartreuse, l’ancienne duchesse de Bretagne, Catherine de Luxembourg, troisième femme d'Arthur de Richemond. Et dans le carmel des Couëts, au sud de la Loire, se cachait une autre duchesse encore, Françoise d'Amboise, la veuve de Pierre II. Tout ce monde pieux dut se réjouir de la nouvelle fondation qui leur assurait des prières.

La partie de la chapelle, construite au XVème siècle, se reconnaît facilement à la pureté de son style flamboyant. Elle forme le chevet de la nef centrale, les pignons des nefs latérales, et les trois nefs elles-mêmes jusqu’à la moitié de leur longueur actuelle. Une ruelle, qui descendait vers les prairies du Seil, empêchait alors de prolonger le monument. La partie basse de cette ruelle est devenue la rue Coustou. Quant à la chapelle même, on ne saurait trop admirer la délicatesse de son architecture, où la pierre se plie aux caprices des flammes et des soufflets, où les nervures des arcs s’épanouissent sous les voûtes comme de souples rameaux jaillis de leur tronc.

La chapelle avait trois autels : à droite du maître-autel, du côté sud, était l’autel de Notre-Dame de Lorette ; à gauche, vers le nord, était celui de Saint-Sébastien. De délicates verrières, où le blanc et le jaune abondaient, représentaient le duc François et la duchesse Anne, ce qui fait supposer qu’elles furent posées quelques années plus tard, au temps d'Anne de Bretagne, après 1488. On y voyait aussi, avec les armoiries du duché, un Saint-Yves, un Saint-Dominique, et surtout un crucifix avec la Vierge et saint Jean.

 

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Les Desservants de la Chapellenie.

Pour desservir la chapellenie de Saint-Antoine de Padoue, le duc avait nommé le prêtre Raoul Tual, qui était aussi, d’ailleurs, son confesseur et son médecin. Tout ceci, évidemment, n’était fait qu’avec l’assentiment de l'évêque de Nantes, Messire Pierre du Chaffaut, illustre par sa science et son énergie. C’était le temps où celui-ci faisait poser, au portail de sa cathédrale, de fameux vantaux de bronze, et où il éditait le premier missel nantais imprimé.

Deux ans après cette fondation de la chapellenie de Saint-Antoine de Padoue, un saint passa sur les bords de notre Loire : saint François de Paule, ermite de Calabre, appelé par Louis XI, vint à Plessis-les-Tours. On l’appelait familièrement le Bonhomme ; aussi bien ses disciples furent-ils connus dans le peuple sous le nom de Bonshommes ; mais le saint leur avait imposé le qualificatif de Minimes.

Saint François ne venait que pour un temps, pensait-il, auprès du roi de France qui lui demandait de le guérir et que le digne ermite prépara seulement à la mort. En fait, François de Paule demeura en France. Il fut mis en relation, entre autres, avec notre duc de Bretagne, François II. Celui-ci, plein d’admiration pour l’ermite calabrais, lui légua verbalement, en mourant, sa chère chapelle de Richebourg. C’était en 1488.

Trois ans plus tard, la duchesse de Bretagne, Anne, et son mari, le roi Charles VIII, rappelèrent cette donation dans leur charte de 1491 : « Faisons savoir, disaient-ils, que feu notre cousin le duc François ..., auparavant son trépas, ... donna une chapelle édifiée sous le nom de Monsieur Saint-Antoine de Pade, avec les maisons et jardins ..., à notre cher frère François de Paule, hermite ... ». La donation devenait donc officielle.

Et cependant les religieux Minimes ne purent s’y établir aussitôt. La Ville s’opposait à l’établissement d’un couvent si près des fortifications de l'Est ; cela gênerait la défense de la cité sur le point où elle était le plus vulnérable, et cela favoriserait singulièrement l’approche de l’ennemi qui s’y camouflerait.

 

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Contestations et Tribulations.

On peut soupçonner, en outre, que le chapelain de Saint-Antoine ne voyait pas d’un oeil désintéressé la venue de ces ermites dans sa chapelle. La puissance royale dut s’incliner. Et la reine Anne, en guise de compensation, octroya aux Minimes, en 1498, trois journaux et demi de terre sur la Fosse, devers le cours Henri IV actuel. Mais là encore les religieux se heurtèrent aux particuliers qui habitaient ce quartier et qui ne voulurent point leur céder la place. Et saint François de Paule étant mort en 1507, l’affaire sembla s’éteindre tout à fait.

Un siècle plus tard, elle se ralluma. Les Minimes se rappelaient la donation faite par le duc François et homologuée par la reine Anne, de la chapelle Saint-Antoine et de ses dépendances. Ils se rappelaient, au surplus, que la dite reine leur avait acheté, sur la Fosse, le terrain de Conrad Spinosa, dit le comte d'Espinose à Nantes. Ils réclamaient leurs biens.

L’évêque d’alors, Philippe du Bec, prit en main leur cause. Il les établit provisoirement sur la Fosse, là où viendront les remplacer les Capucins en 1629, entre lés rues dites actuellement Gresset et de l’Héronnière. Et il intervint près du roi de France, Henri III, pour leur faire obtenir la chapelle de Richebourg. Le roi la leur donna, par nouvelles lettres patentes, en 1590, et les religieux s’y établirent enfin.

Ils n’en étaient pas, d’ailleurs, les seuls occupants. Le chapelain de Saint-Antoine y demeurerait jusqu’à sa mort. Un second chapelain, dit de Saint-Gilles, s’y était installé et demeurerait de même : ce deuxième chapelain y desservait la confrérie de Saint-Gilles, fondée jadis en Cotentin par Jeanne de Montfort et rentée à Nantes sur les salines de Mesquer.

Mais cet état de choses allait bientôt se simplifier. Le chapelain de Saint-Gilles, messire Alain de Nyelle, vint à mourir. Celui de Saint-Antoine, messire Michel Cosson, se perdit dans les aventures et la politique : il était partisan du roi huguenot Henri de Béarn. Le duc de Mercoeur, Emmanuel de Lorraine, gouverneur de Bretagne et chaud partisan de la Ligue, ne le put supporter : dans une lettre patente, il le déclara « incapable » désormais de desservir la chapelle et « présenta les Frères Minimes... à Sa Sainteté et à son Légat... pour obtenir tant la chapelle de Saint-Antoine que celle de Saint-Gilles ». Ce qui fut accompli.

Quand le duc de Mercœur se fut soumis au roi Henri IV devenu catholique, Michel Cosson essaya de revenir à sa chapelle. Mais on releva, alors, un fait grave contre lui : il était rentré dans le monde et s’était marié à Blois : il dut s’effacer définitivement.

Mercœur, entre temps, avait fait bâtir un couvent aux Minimes : il en sera félicité hautement par saint François de Sales, en 1602, lors de ses funérailles, à Paris, sous le règne de Henri IV.

 

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La prise de possession officielle par les Minimes.

L’oeuvre fut donc continuée, et, le 27 octobre 1604, les constructions étant achevées, les Minimes en prirent officiellement possession : les Pères Vincent et Royer furent introduits dans l’église, ouvrirent et fermèrent les portes, sonnèrent la cloche, firent du feu dans la maison, cueillirent des fruits dans le jardin, toutes coutumes qui marquaient leur acquisition comme propriétaires.

En tant que religieux, les Minimes avaient besoin d’un choeur pour la récitation de l’office : des stalles seraient posées, à droite et à gauche du sanctuaire ; elles déborderaient nécessairement dans la nef. Ce qui resterait de celle-ci serait bien court. Aussi bien songea-t-on tout de suite à l’agrandissement de la chapelle. Le roi Henri IV, poursuivant l'oeuvre de Mercœur, accorda aux Minimes une rente annuelle de trois cents francs pour neuf ans. Cette rente fut toujours renouvelée. La Ville, de son côté, se montra bienfaisante pour eux. Aussi, dès 1613, les voyons-nous installer dans leur beffroi de nouvelles cloches : l’une d’elle serait connue sous le nom de la Grotte.

A partir de 1630, c’est la nef que l’on continue jusqu’à sa façade actuelle. La façon dont sont bâtis les piliers et les voûtes indiquent une époque différente de celle où fut construit le chevet : la base des piliers n’est souvent qu’un dé chaufreiné ; une collerette de feuillage, dans le haut, joue le rôle de chapiteau : celui-ci manque totalement dans les deux premières travées.

Les chapelles latérales furent mises en oeuvre sans retard, sur le côté nord où l’on avait le terrain nécessaire pour les bâtir. La plus proche du choeur fut celle de la Confrérie de Jésus-Marie-Joseph ; elle avait son érail, sa salle de réunion, au delà, entre le sanctuaire et la sacristie.

La seconde chapelle fut dédiée à saint François de Paule : elle recevrait plus tard l’enfeu de Hutteau de Burons, conseiller du roi et président à la Chambre des Comptes de Bretagne.

La troisième fut celle de Saint-Julien, dont on avait reçu de Rome les précieuses reliques. Les de Gouyon de La Ville-aux-Oiseaux et les Carris y auraient un jour leur enfeu.

D’autres enfeus parsèmeraient la chapelle, d’ailleurs, selon la coutume du temps : la famille de Monti de la Grand'Noë recevrait sépulture devant l’autel de Saint-Sébastien ; celle de Florimond Hus de la Giraudière, devant l’autel de Lorette ; celles des Le Loup du Breil et des Verdier du Ponthereau, devant le maître-autel. D’autres familles nobles, comme les Bernardin d'Espinose, les Coupperies des Jonchères, les Charette de la Dennerie, les Burot du Clos, les Lelong du Dréneuc, sans y avoir leur enfeu, y créeraient des fondations de messes, d’obit, de stabat, etc. On voulait s’assurer les suffrages des « Bonshommes », et la protection de saint François de Paule.

Entre temps, dans le cours de ce XVIIème siècle, les moines continuaient l'oeuvre de leur chapelle qui serait bientôt achevée. C’était l’époque où, tout près de là, on couvrait de ses voûtes, le vaisseau central de la cathédrale, et où l’on allait entreprendre le bras sud du transept. Les goûts avaient changé depuis le XVème siècle : le classique romano-grec s’infiltrait un peu partout. On le vit se mêler au gothique de la chapelle Saint-Antoine.

Sur le côté sud de la nef, on voit encore, après les remaniements répétés au XIXème siècle, le plein-cintre, les piliers massifs et les corniches rectilignes.

La façade, exécutée en dernier lieu, vers 1680, ne fut alors qu’un pignon modeste, flanqué de deux contreforts surmontés de pyramides. Le portail d’entrée, conçu à la romaine, fut une ouverture de plein-cintre accostée de deux piliers en méplat, surmonté d’un imposte aveugle et d’un fronton grec. La fenêtre centrale, au-dessus de cette porte, était mieux traitée, dans le style général de la chapelle. Le pignon n’était qu’un mur plat, couronné d’un arc surbaissé avec aigrette et acrotères ; il ne s’élevait pas au-dessus du toit. On y lisait, dit-on, la devise des Minimes : Cha-ri-tas.

 

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Grands et petits événements.

Définitivement et exclusivement propriétaires de la chapelle Saint-Antoine, dotés d’un couvent convenable avec cloître et dépendances, les Minimes commencèrent de mener leur vie de silence, de prière et de charité. Peu d’événements sensationnels mirent en vedette leur maison, durant ses deux siècles d’existence.

On a souvent rappelé le mariage de Gaston, duc d'Anjou, puis duc d'Orléans, frère du roi Louis XIII, avec Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, contracté le 5 août de l’an 1627. En réalité cette union, bâclée en un tourne-main, n’eut que sa clôture aux Minimes. Le cardinal de Richelieu fit les fiançailles, vers cinq heures du soir, dans la chambre occupée par le roi au château. Le mariage lui-même fut contracté et bénit, vers onze heures du soir, à l’hôtel de la Mironnerie, qui deviendrait la Visitation cinq ans plus tard, et qu’habitait la reine-mère du roi, Marie de Médicis. Ce n’est que le lendemain matin, 6 août, que la messe de mariage fut célébrée par le cardinal aux Minimes, parce que c’était là qu’habituellement le roi venait entendre la messe, en allant du château des ducs à la Mironnerie, pour y saluer sa mère.

Néanmoins, ce dut être un spectacle fastueux que cette cour de France réunie inopinément dans la chapelle Saint-Antoine, qui n’avait pas encore reçu son agrandissement.

Un siècle plus tard, en 1728, un procès fut intenté aux Minimes par le chapitre de la cathédrale, à propos d’ormeaux abattus sur la Motte Saint-Pierre. Les religieux furent condamnés. C’est qu’aussi bien demeuraient-ils tributaires du chapitre, du fait que leurs bâtiments occupaient partiellement la censive de celui-ci : chaque année ils devaient verser trente sols aux chanoines. Parce qu’ils demeuraient sur la paroisse Saint-Clément, et privaient celle-ci de quelques ressources, ils devaient aussi trente sols de rente au curé de Saint-Clément, pour avoir le droit de recevoir des offrandes dans leur chapelle.

 

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La Mort du Monastère.

Et sans plus de bruit, l’on arrive à la mort du monastère. Le 25 février 1791, le département de la Loire-Inférieure porte l’arrêt suivant : « ... Vu qu’il ne reste plus dans la maison conventuelle des Minimes ..., que six religieux, qu’il conviendrait pour la Nation que cette maison fût évacuée, parce qu’elle serait avantageusement employée ou vendue ; qu'en réunissant les religieux dans un couvent où il y aurait déjà un certain nombre de réguliers, ils seraient plus à lieu de conserver l'esprit qui convient à leur état, ordonne qu’ils se rendront au couvent des Bénédictins de Bourgneuf ... ».

Le décret resta inappliqué, puisque, le 7 avril suivant, un second arrêté disait : « Considérant que les religieux confirment d’habiter leur maison, ce qui ne peut être toléré, ordre est donné de mettre sans délai les dits religieux à la porte ».

Ainsi fut-il fait. Et la chapelle Saint-Antoine devint tour à tour atelier de serrurerie et parc à fourrage, tandis que le monastère serait filature de coton, puis raffinerie de sucre.

 

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La Résurrection de la Chapelle.

La chapelle devait ressusciter au XIXème siècle. En l’année 1849, en effet, le 19 septembre, elle put être achetée par le vénérable abbé Mathieu Lusson, ancien curé de Saint-Jacques. Sous la direction de l’architecte M. Théodore Nau, elle fut nettoyée et mise en un état assez convenable pour être inaugurée dès le 8 décembre par Mgr Jaquemet, nouvel évêque de Nantes. Le maître-autel, œuvre de Thomas Louis, fut consacré le 22 septembre 1852. La chapelle reçut le vocable de l'Immaculée-Conception. L’abbé Lusson ne devait pas rester longtemps chapelain unique de céans. Le 24 juin 1855, en effet, toute une communauté y disait la messe avec lui : c’était celle des missionnaires de Saint-François. Cette communauté, fondée en 1820, par Mgr d'Andigné de Mayneuf, s’était établie dans un immeuble de la rue du Bocage ; elle y avait bâti, dès 1825, sous la direction de l’architecte M. Blon, cette chapelle dédiée à saint François de Sales, qu’on a démolie en 1913. Or, en 1855, pour laisser le local de la rue du Bocage à l'Externat des Enfants-Nantais, né depuis quatre ans, les missionnaires diocésains se transportèrent, sur ordre épiscopal, près de la chapelle de l'Immaculée-Conception, et, du coup, en prirent le nom. M. Nau, l’architecte, et M. l’abbé Richard, le futur archevêque de Paris, venaient de leur bâtir là une maison appropriée à leur genre de vie.

La vénérable chapelle demeure donc debout. Sinistrée par les bombardements du 15 juin 1944 qui avaient détruit les vitraux et les meneaux des fenêtres, elle vient même d’être rajeunie, et ornée magnifiquement. Le maître-autel a été débarrassé du rétable qui l’encombrait ; les arcatures de Thomas Louis, jolies et menues comme les lacis d’une dentelle, continuent d’habiller le tombeau ; mais elles portent désormais une imposante table de marbre vert, qui fut consacrée par Mgr Villepelet le 24 avril 1946 ; il porte un tabernacle aux lignes très sobres mais composé de riches matériaux. A droite, l’autel de Notre-Dame de Lourdes remplace celui de Notre-Dame de Lorette ; une fresque de Gouézou l’ornait jusqu’à ces temps derniers ; elle est remplacée maintenant par une fresque de M. l’abbé Bouchaud. Les fenêtres adjacentes avaient des vitraux de Denis, représentant le premier pèlerinage nantais à Lourdes en 1872. Elles possèdent maintenant des verrières de Janin, de facture moderne. Les anciens vitraux contenaient les portraits des principaux pèlerins de 1872. Entre les deux verrières se dresse un monument commémoratif du chanoine Jubineau, supérieur des missionnaires et promoteur des pèlerinages à Lourdes.

A gauche du maître-autel, l’autel de Saint-Joseph remplace celui de Saint-Sébastien. Il possède un tableau représentant la mort du saint patriarche.

Tout près, l’on voit le monument funéraire de M. l’abbé Lusson, dessiné par le chanoine Rousteau et sculpté par M. Potet. Une urne funéraire mortuaire contient le coeur du défunt, mort en 1865.

Les trois chapelles qui flanquent le déambulatoire du nord méritent une visite. La première, dédiée au Sacré-Coeur, contient une magnifique apparition à sainte Marguerite-Marie, par le peintre Gouézou. Le même artiste a orné la chapelle suivante de l’impossible représentation du purgatoire ; sur cette toile, au surplus, les tons commencent à s’atténuer et le dessin même s’estompe : « les plus belles choses ont leur pire déclin ».

La troisième chapelle est celle des souvenirs : saint Antoine de Pade et saint François de Paule y ont leurs statues, et, à côté de saint François de Sales et du Bienheureux Louis de Montfort. Saint Julien était patron de cette chapelle : son souvenir était rappelé dans les anciens vitraux. L’autel actuel, oeuvre de Potet, fut dessiné par le chanoine Rousteau en 1868.

La chaire à prêcher (XIXème siècle) est digne d’une attention particulière : la tribune et son abat-voix, fouillés à l’excès, sont ornés de statuettes représentant les douze apôtres. Sur le dossier, une peinture reproduit l’image du Christ enseignant. La rampe de l’escalier, d’une facture différente, et plus sobre de détails, raconte quelques faits de l'histoire angélique : saint Michel et l'Ange Gardien conduisent à l'Ange qui offre à Ezéchiel un livre à dévorer ; l'Archange Gabriel, enfin, fait l’annonce prodigieuse à Marie.

 

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Les Vitraux Modernes.

Reste à contempler, pour finir, ce qui vient d’enrichir et d’illuminer magnifiquement la chapelle de l'Immaculée : l'incomparable série de vitraux dont elle vient de se parer. M. Rault, peintre-verrier de Rennes, a su faire de chaque baie une tapisserie lumineuse où les fées du soleil folâtrent de mille façons du matin au soir. C’est qu’aussi bien, abandonnant la vieille technique de la peinture couchée sur le verre et cuite avec lui, il a suivi hardiment les procédés modernes du vitrail, lesquels renouvellent d’ailleurs le façonnage des très anciennes verrières.

M. Rault, donc, a taillé les verres épais, de toute couleur et de toute nuance, où le coloris fait corps avec la pâte vitrifiée. Il a patiemment agencé les milliers de folioles ainsi obtenues, mariant les teintes ou les heurtant, de manière à former un dessin, comme font les pierres dans une mosaïque. Ainsi son ingéniosité créa-t-elle ces riches manteaux, ces robes chatoyantes, ces vêtures luxueuses qui étalent partout leurs soies et leurs velours.

Au surplus, il a serti, dans le réseau serré des plombs, de gros cabochons de verre coloré, à cent facettes rugueuses et irrégulières : ces masses transparentes absorbent la lumière solaire et la projettent de mille façons, comme feraient d’énormes rubis ou topazes ou améthistes : l’artiste obtient ainsi ces passementeries de pourpre ou de safran, ces auréoles de braise ardente, cette flore mauve ou dorée, qui allument partout, dans la Verrière, des foyers chauds et lumineux.

Reste à retoucher au pinceau les figures, à souligner parfois les ombres, à sertir certaines étendues monotones, et à remettre le tout au four pour une dernière cuisson. Dans cette question de visages, il convient de se souvenir qu’on n’a pas, dans le vitrail, un tableau de chevalet, mais une féerie de couleurs : l’artiste y forcera les tonalités pour traduire les sentiments ou pour indiquer l’emplacement : la joie, la colère, l’amour illumineront la figure jusqu’à la rendre rouge feu ; la tristesse, l’envie, la haine l’assombriront jusqu’à la rendre bleue ou violette. Si le personnage est en pleine lumière, il éclatera comme un soleil ; s’il est dans l’ombre, il s’estompera de mauve ou de gris. Tout s’y traduit par les vibrations lumineuses, lesquelles doivent être poussées à l’excès, comme il arrive en toute oeuvre artistique. Ainsi s’expliquent, pour qui sait lire, ces faces rouges et ces mains vertes qui déconcertent d’abord les regards non avertis.

Toutes ces richesses se trouvent réunies dans les multiples et vastes vitraux qui réchauffent désormais la chapelle de l'Immaculée et y chantent harmonieusement la gloire et la puissance de Marie.

 

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L'Examen détaillé de chaque verrière.

Après avoir donné un coup d'oeil sur l’éclat éblouissant qu’offre l’intérieur, maintenant que les verrières l’inondent de lumière colorée, le visiteur fera bien d’en poursuivre l’examen détaillé. Qu’il commence par le côté nord, à sa gauche en entrant. Le mur du fond est ajouré de deux fenêtre : l’une d’elles chante l’entrée de la Vierge au temple ; ici le tapis que foule l’enfant est une rutilante mosaïque ; une flore abondante de lys et de roses garnit les soufflets dans le haut, et réjouit vraiment l'œil. L’autre fenêtre présente le spectacle de l'Annonciation ; une tapisserie qui orne le fond est ici encore d’une richesse incomparable. C’est dommage que le verre demeuré blanc laisse apercevoir les maisons voisines.

Dans le mur septentrional, c’est l'adoration des Anges : comme dans les tableaux sur toile, le peintre a revêtu les rois avec une magnificence inouïe ; l’étoile de Noël, les anges ajoutent encore à l’éclat des coloris : il y a là un poème de teintes vives, un chant joyeux de lumière, comme il convient à la Nativité de l'Enfant-Dieu.

La chapelle suivante (chapelle dite du Suffrage) retrouve la crucifixion qu’y avait placée le peintre Ely au XIXème siècle et qui rappelle par ce sujet la verrière de l’abside du XVème. Là, la coloration s’est justement assombrie : ce sont les demi-ténèbres du Golgotha. Ce qui est poignant, c’est l’attitude des personnages ; la Vierge-Mère, spécialement, joint ses mains sous son manteau en un geste douloureux ; deux anges, au bas, considèrent avec effroi la couronne d’épines qu’ils tournent entre leurs mains.

Plus haut, la chapelle du Sacré-Coeur s’enjolive d’une verrière qui est toute de feu : c’est qu’on y acclame la descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte : les flammes ardentes ne pouvaient qu’allumer ici un foyer brûlant. La Vierge domine l'assemblée, grave et bonne comme toujours.

Et voici la féerie du sanctuaire, avec ses trois tapisseries lumineuses, dont les tons s’amenuisent à mesure qu’ils montent. En bas, dans un registre limité, l’on voit, à droite, le sombre spectacle de la chute d'Adam et d'Eve, au milieu, quelques faits de la vie de la Vierge, à savoir, la fuite en Egypte, le recouvrement de Jésus, la rencontre sur le chemin du calvaire et la dormition de Marie ; à gauche, on a le tombeau vide de la Vierge, qu’entoure les disciples étonnés. Tout ceci n’est que secondaire et devrait demeurer dans l’ombre.

Au-dessus, ce sont les calmes images de l'Immaculée qui descend vers nous, de la Vierge ressuscitée qui monte vers le ciel, et surtout de la Reine-Mère couronnée par son Fils. Celui-ci, assis sur son trône, drapé de feu, se prépare à poser la couronne d’or sur le front de celle qui s’agenouille à ses pieds, enveloppée d’un manteau d’azur aux parements dorés.

Et, dans le haut des trois verrières, les Anges voltigent, ou bien se tiennent au garde à vous, dans une atmosphère très éthérée : c’est le royaume de la lumière.

En contemplant ce chevet entièrement illuminé, où chante pareille symphonie de couleurs, où le rouge carmin des ailes troue violemment l’opacité des verts et des violets, l’on se prend à regretter moins les beaux vitraux du XIXème siècle, dessinés par Joseph Gouézon, exécutés par le verrier nantais René Echappé, et qui représentaient les mêmes sujets.

Le visiteur peut maintenant, toujours se tenant dans l’allée centrale, examiner les verrières du côté sud. Voici d’abord, en haut de la nef latérale, la figuration de Marie Médiatrice. Dans le bas, et sans qu’elle soit séparée du reste, on a l’image d'Esther implorant le terrible Assuérus, et obtenant le salut de ses compatriotes enchaînés ; c’est là une prophétie en action. Plus haut, c’est la Vierge elle-même, implorant son divin Fils, le Christ-Roi, soit pour l’humanité souffrante en ce monde, soit pour les âmes qui expient dans le Purgatoire. Celles-ci, désincarnées, sont des squelettes revêtus seulement de leur peau. De l’autre côté, ce sont les membres souffrants de Jésus-Christ, donc les enfants de la Mère du Christ, pour lesquels celle-ci implore pitié.

La travée du milieu s’égaie de l’arbre de Jessé, stylisé largement. De l'ancêtre Jessé, jusqu’à Saint Joachim et à Sainte Anne, les rois se succèdent, nombreux et divers : on y distingue spécialement le chantre-prophète David et le fastueux Salomon. La série aboutit à la fleur de choix qui donnera au monde le fruit du salut : « flos de radice ejus ascendet ».

Dans le bas du vitrail se tiennent très heureusement le duc François II, bâtisseur de la chapelle, et sa fille, la duchesse Anne, donatrice de la chapelle aux Minimes. Ainsi se trouvent reproduites, en style moderne, les images des mêmes personnages qui ornaient les verrières du XVème siècle.

Et enfin, l’on voit, dans le bas de la nef, la Vierge au manteau déployé, qui abrite le monde chrétien tout entier, depuis le laboureur et l’ouvrier jusqu’au pape et au cardinal : elle est la grande protectrice de tous ceux qui consentent à demeurer ses enfants. Autour du manteau protecteur, le démon et ses affidés, les sept péchés capitaux, rôdent furieux et voraces : gare à quiconque renoncerait à l’abri de toute sûreté ! On a ici, traduite en un concert de tons riches et variés, la célèbre vision de Sainte Gertrude, nous assurant l’aide maternelle et efficace de Marie. A remarquer l’arbre de la tentation qui a grandi avec les siècles et qui porte toujours des fruits alléchants. Les démons se cachent dans son plantureux feuillage et les pommes rouges scintillent au soleil.

Reste le vitrail qui surmonte la porte d’entrée. Celui-ci a été consacré aux souvenirs historiques de la chapelle. Voici le vénérable abbé Lusson, en chappe d’apparat, qui offre la chapelle restaurée à la Vierge Immaculée. Sur la droite s’étagent le cardinal Richelieu, le Bienheureux Montfort, qui visita probablement la chapelle des Minimes, et Saint Antoine de Padoue, qui en fut le premier titulaire. A gauche se succèdent Saint François-de-Paule dont les fils desservirent la chapelle, le Bienheureux Eymard qui y prêcha les Quarante-Heures et le roi Louis XIII qui y vint souvent ouïr la messe : celui-ci tient en ses mains sa couronne ; il fait don de son royaume à Marie. Dans les flammes que forme la pierre, en haut, sont posées les armoiries de France, de Bretagne et de Nantes : la grande et la petite patrie se trouvent unies dans leur piété envers l'Immaculée.

Si, maintenant, le visiteur veut bien se transporter deci, delà, dans la chapelle, il embrassera souvent, d’un même coup d'oeil, plusieurs verrières à la fois. Il jouira même de l’ensemble, parfois, et alors son âme chantera d’elle-même, parce qu’elle s’unira naturellement à la profonde et merveilleuse symphonie qui remplit désormais les trois nefs depuis l’entrée jusqu’au chevet, depuis le pavement jusqu’aux nervures des voûtes. Si le poète Saint François de Sales revenait par là, il pourrait redire la phrase élogieuse qu’il prononça, le samedi 27 avril 1602, devant le cercueil du duc de Mercoeur : « Il a bâti à ses dépens le monastère des Minimes de Nantes ; ... il n’a pas peu obligé la Bretagne d’y avoir planté cette pépinière de sainteté et de piété » (Chanoine J.-B. Russon).

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