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NANTES : LA TOUR NEUVE DU CHÂTEAU.

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Nous n'avons point évidemment l'intention de presenter le précis historique, pas plus que de donner la description complète du château de Nantes. Plusieurs notices ont été déjà faites sur ce sujet, et le général Allard surtout a fourni des renseignements qu'on lit avec un véritable intérêt. Nous ajouterons, d'ailleurs, que les annales du duché et de la province de Bretagne sont assez connues, et que ce château y occupe une assez large place pour qu'il ne nous soit pas nécessaire d'entrer dans des détails déjà bien des fois reproduits. Nous nous contenterons donc de dire quelques mots sur la partie artistique du monument.

Nantes : la tour Neuve du château des ducs de Bretagne.

Construit aux XVème, XVème et XVIème siècles, le château de Nantes offre comme château féodal un ensemble des plus complets et du plus bel aspect. Il possède un magnifique corps de bâtiments à trois étages, dans un bon état de conservation et d'une grande richesse d'architecture. Ce corps de logis se relie vers la Loire, du côté du quai Maillard, à une longue courtine flanquée de deux tours avec riches machicoulis dans le style du XVème siècle.

A l'extrémité de cette courtine se trouvent quelques constructions intéressantes de la Renaissance, avec têtes de cheminées en briques et ardoises.

En retour, une autre courtine du XVIème siècle, symétriquement ornée de grandes croix de Lorraine, en granit, poursuit sa vaste et sérieuse enceinte jusqu'à l'entrée du château, qui a lieu entre deux belles tours bien conservées joignant le bâtiment principal dont nous venons de parler.

Un vaste fossé avec contrescarpe en belle maçonnerie, isole le château sur trois côtés ; le quatrième, on le sait, était autrefois baigné par la Loire.

La construction du château de Nantes est très ingénieuse et très remarquable. Elle consiste en assises alternées de granit et de schiste, ce qui produit un heureux effet et présente une extrême solidité.

Au XVIème siècle, lors des guerres de la Ligue, le duc de Mercoeur fit construire, du côté de la Loire, un bastion, qui prit son nom. Ce bastion, situé près de la contrescarpe, s'avançait au-delà du mur d'enceinte. Sans aspect monumental, il portait, cependant assez ingénieusement superposées les croix de Lorraine qui dénotaient son origine. Aucun document n'existait sur la manière dont il avait été construit, et son enveloppe de granit faisait naturellement supposer que la courtine cessait d'exister au point de jonction.

En 1850, la question du passage du chemin de fer sur nos quais avait été vidée ; mais, au moment dé l’exécution, on ne tarda pas à s'apercevoir que ce bastion rétrécissait tellement le quai, que l'établissement de la voie ferrée laisserait pour la circulation un espace évidemment insuffisant.

La ville s'adressa alors au ministre de la guerre et demanda la démolition du bastion Mercoeur, qui comme moyen de défense, était évidemment sans utilité. Une négociation s'ouvrit à cet effet et le Gouvernement consentit à ce que demandait la ville.

Suivant les instructions du ministre de la guerre du 30 juillet 1852, un projet établissant les changements à opérer fut dressé par le génie militaire. D'après ce projet, le bastion devait disparaître et la courtine être continué jusqu'aux fossés. La dépense était estimée 38.000 fr. ; le ministre des travaux publics la prenait à sa charge.

Les travaux de démolition commencèrent en 1853. Mais bientôt l'on fut tout surpris de rencontrer la crête d'une tour, que le bastion enveloppait entièrement et dont on ne soupçonnait pas l'existence. Cette tour, symétrique à celle déjà connue, se reliait à la courtine et se présentait en parfait état de conservation. Prévenue de cette découverte, l'Administration municipale s'empressa d'inviter le génie militaire à suspendre les travaux, car dès lors l'on pouvait se rendre compte du bel effet que produirait cette tour restaurée, venant s'harmoniser avec celle déjà existante et l'ensemble de la façade.

Nantes : la tour Neuve du château des ducs de Bretagne.

L'opinion publique s'émut elle-même et se prononça hautement pour que le premier projet fût abandonné et que l'on conservât cette tour, sortie comme par miracle du linceul où elle séjournait depuis plus à trois siècles. Une demande conforme à ce voeu fut donc adressée par l'Administration municipale au génie militaire, qui lui aussi partageait le désir général.

Le premier projet, comme nous, l'avons dit, consistait dans le simple reculement du mur de face du bastion. Le chef du génie, en étudia un autre, qui, avait pour résultat de démasquer entièrement la tour, et il voulut bien appuyer de toute son influence ce nouveau projet, près du Gouvernement.

Les ministres de la guerre et des travaux publics n’hésitèrent pas en effet à reconnaître tout le mérite de ce second projet ; mais pour ne point grever leur budget d'un surcroît de dépenses, ils décidèrent que la ville aurait à payer de ses deniers la différence des frais, soit 12.000 fr., et, qu'en cas de refus, suite serait donnée à l'exécution du premier projet.

L'affaire se trouvait ainsi réduite à une simple question d'argent, qui pouvait sans doute se débattre, mais qui, en réalité, ne pouvait être un obstacle à la réalisation de ce que chacun désirait.

Le Conseil municipal fut réuni en juin 1853, et tous les détails, concernant l'affaire, lui furent soumis.

Tout d’abord le Conseil jugea qu'aucune hésitation n'était possible et que l'intérêt de la ville commandait la conservation de la nouvelle tour. Toutefois, il fut observé qu’il s'agissait ici de la conservation d'un monument historique ; qu'au point de vue de l'histoire et de l'art, il était en France peu de monuments dans cette catégorie, qui offrit autant d'intérêt que le château de Nantes, qu'enfin le bâtiment appartenait à l'Etat qui autant et plus que la ville, devait désirer sa conservation et son embellissement. D'après ces considérations, il fut décidé qu'avant d'aller plus loin, l'Administration serait invitée à s'adresser au ministre d'Etat pour solliciter de lui le supplément de subvention jugée nécessaire.

Des demandes furent immédiatement faites dans ce sens, mais n'eurent point le succès qu'on était en droit d'en attendre. Par sa dépêche du 3 mars 1854, le ministre d'Etat répondit : « Que la conservation de la tour devant contribuer à l'embellissement de la ville, c'était à l'Administration municipale à pourvoir à la dépense qui devait en résulter, et à acquitter ainsi la somme de 12.000 fr. réclamée à cet effet ».

De nouvelles réclamations furent faites, mais sans résultat, et le ministre persista dans cette décision.

En présence de ce refus, il n'y avait plus qu'un parti à prendre, et dans sa séance du 5 avril 1854, le Conseil municipal vota les 12.000 fr. demandés, en témoignant toutefois le désir que le génie militaire s'adjoignit quelqu'un pour diriger la partie artistique du travail, afin de lui imprimer sévèrement le cachet de l'époque de la construction de la tour et de la courtine.

Ce vote du Conseil était la solution de l'affaire, et les travaux poussés avec activité et exécutés avec un goût réel, amenèrent bientôt la restauration complète de la seconde tour que nous possédons aujourd'hui.

(J.-C. Renoul).

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