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LE COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE NANTES ET SES EXACTIONS.

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IV.

Mais avant de raconter la lutte de Phelippes contre les membres du Comité, il convient d'entrer dans le détail de leurs vols et de leurs exactions. En voici la liste, établie au moyen de documents de provenances diverses, dont les principaux sont :

1° Les déclarations faites par les spoliés sur un registre ouvert à la Municipalité, le lendemain de l'arrestation des membres du Comité ; abrév. : Déclarations.

2° Les comptes-rendus du procès du Bulletin du tribunal révolutionnaire, ou d'autres journaux du temps ; abrév. : Bulletin ;

3° Les procès-verbaux des séances du Comité révolutionnaire; abrév. : Comité ;

4° Divers comptes, fort incomplets, dressés par les membres du Comité, dans les jours qui précédèrent leur arrestation, et mentionnant certaines recettes ; abrév. : recette.

Allonneau ; vols nombreux d'argenterie à son domicile, par Ducoux, et autres membres de la compagnie Marat, le 22 brumaire ; Allonneau, emprisonné à l'Eperonnière le même jour. (Déclar. n°s 22 et 91). L'argenterie envoyée à la Monnaie le 18 nivôse.

Allotte, père. Don pour la salubrité, le 12 ventôse : 4.200 #
Pour le chemin de Chaux : (Déclar. n° 15) : 1.800 #

Anonymes :
Le 15 frimaire, par la citoyenne Rousseau, provenant d'un prêtre déporté : (porté en recette au 9 prairial). 300 #

Le 15 frimaire, argent saisi sur des brigands par Corra, gendarme au Loroux : (porté en recette au 9 prairial)… 516 #

De divers guillotinés : (Comité, 29 frimaire, f° 64) : 534 #

3 nivôse, saisi sur des brigands, en deux fois : (porté en recette au 9 prairial) : 3.167 #
4 nivôse ; de Barbier de Montaigu, brigand ; (en recette au 9 prairial) : 55 #

12 nivôse ; saisi avec un serment à Louis XVI : (Com.) : 450 #

14 nivôse ; argenterie reçue du directeur de l'hospice révolutionnaire ; (quantité non indiquée).

2 pluviôse : Reçu d'un anonyme : (Comité) : 650 #

5 pluviôse ; Reçu d'un anonyme : (Comité) : 1.500 #

6 pluviôse ; Reçu d'un anonyme : (Comité) : 400 #

7 pluviôse ; Reçu d'un anonyme : prix de vente de divers objets. (Recette au 9 prairial) : 132 #

9 pluviôse, d'un brigand. (Recette, au 9 prairial) : 28 #

21 pluviôse ; d'un brigand : (Recette, 9 prairial) : 12 #

Du capitaine de la chaloupe Le patriote : (Déclar., n° 11) : 3.510 #

17 ventôse ; vente de patates saisies : (Recette du 9 prairial) : 160 #

21 ventôse ; trouvé sur un prisonnier, et en dépôt aux mains de Forget, 35 louis en or : (comité f° 139) : 740 #

Ventôse ; de Picault, prix de bijoux saisis sur divers, et vendus les 17 et 30 germinal, (Comité, 17 germinal — Recette au 9 prairial) : 9.518 #

Autre vente de bijoux, suivant procès-verbal détaillé au journal : (?) (Recette, au 9 prairial) : 3.972 #

Sur la façon dont se faisaient ces ventes de bijoux, V. Le Sans-culotte Goullin, p .85, et Journal des lois, compte rendu du procès, n°s des 10 brumaire et 7 frimaire an III.

Armand, mis en état d'arrestation chez lui, jusqu'à ce qu'il ait fait un don proportionnel à sa fortune (Comité 7 ventôse).

Arrault ; a remis en don au Comité 150 liv. ; fut volé de 116 boucants de tabac, dont on ne lui a jamais tenu compte. (Déclarat., n° 126 bis) : 150 #

Babin ; de messidor, (Saint-Etienne-de-Montluc), pris chez lui ; (porté en recette ; et Déclar., n° 51) : 465 #

Babut ; veuve ; don au Comité : (Déclar., n° 51) : 2.000 #

Bailly ; versé par sa nièce Marie Lieutaud, le 13 ventôse : (Décl., n° 194. — Bull., VI, 302) : 5.000 #

Ballan ; rue Pigalle ; pris chez lui : (porté en recette au 3 nivôse) : 749 #

Baudouin ; au moment de son arrestation, on saisit sur lui : (Comité, 26 frimaire, f° 61) : 5.000 #

Le 21 pluviôse, il fit un don de : (Comité f° 110. Déclar. n° 56) : 3.600 #

Bedert, Jacques, ancien négociant, place de l'Egalité, maison Tarin ; arrêté par Coron, le 19 brumaire ; donna de suite 550 # pour le Comité, et 50 # pour le chemin de Chaux, et évita ainsi d'être compris au nom des cent trente-deux ; (Déclar., n° 27) : 550#

Béconnais, veuve, avait promis 20.000 liv. pour obtenir la liberté de son mari envoyé à Paris et donna : (Comité, 9 ventôse. — Déclar. , n° 52) : 10.000 #

Bellabre, dame de, saisi chez elle ; (porté en recette au 1er pluviôse) : 400 #

Bernard, l'aîné, don au Comité : Déclar. , n° 185. (Comité, 15 ventôse) : 1.000 #

Berthou-Laviollaye ; arrêté le 7 frimaire ; on lui prit chez lui : prit chez lui : 4.000 #

Il demanda, par requête du 28 germinal, la restitution de cette somme, et fut mis en liberté, le 11 floréal par ordre de Grandmaison et Bachelier, qui reconnurent qu'il avait été emprisonné par erreur. Affligé d'un tic nerveux, il s'était arrêté à lire des affiches patriotiques et ses gestes avaient semblé être un signe de désapprobation de ces affiches. Richard et Clément, membres de la Compagnie Marat, l'avaient mené en prison et lui avaient volé de nombreux effets à ce moment, sans parler de 4000 liv. qu'ils lui avaient prises. Ils lui offrirent sa liberté s'il voulait leur donner 2.400 liv. (Requête origin. Arch. dép. (Déclar. , n° 169).

Biarge et Brancourt, dames . Dans une perquisition faite chez elles, de nombreux objets furent saisis par Lévêque et Perrochaud, membres du Comité. Le 5 frimaire Pinatel, commissaire, remit à ces dames un reçu qui ne visait qu'une minime partie des objets enlevés. (Déclar. n° 82 bis). Sur le compte du 9 prairial, se trouvent comme portés en recette au 3 nivôse, 1595 # eu assignats et 80 # en argent : 1.675 #.

Le registre du Comité mentionne un reçu du directeur de la Monnaie relatif à l'argenterie de Mme Brancourt. (Com. 13 nivôse).

Bizeul, veuve ; a remis au Comité qui a porté en recette au 3 nivôse comme provenant d'un nommé Morin de Saint-Etienne-de-Montluc : 2519 #

Budan, veuve ; reçu d'elle et porté en recette au 3 nivôse : 904 #

Canal, Urbain, rue J. J. Rousseau 11 ; don au Comité : (Déclar., n° 123.) : 3.000 #

Caradeuc, Thomas, condamné à mort, le 9 frimaire ; Gourlay trouva sur lui une somme de 2376 # en or, remise au Comité. (Repert. des Emigrés, n° 822) : 2.376 #

Carheil, veuve de, volée à sa propriété qui fut pillée et incendiée en octobre 1793, par Pinart et sa bande qui lui prirent en assignats : (Bull. du trib. révol. VI, 351) : 4.000 #

Pinart prit aussi, le même jour, dans les poches de sa belle-sœur, Mlle de Carheil, 21 louis en or, et 150 # en papier, (Déclar., n° 258) : 554 #

Carrier versa à Perrochaud, pour le Comité, une somme de dix mille livres : (Notes d'audience de Bachelier et Bull. du trib. révol. VI, 246) : 10, 000 #

Chambellé d'Héry, saisi sur lui : (porté en recette, compte de prairial, au 9 pluviôse) : 560 #

Chamois, qui a déserté depuis ; porté en recette au 26 pluviôse comme reçu de lui : 50.

Chandenier, dame ; Mainguet et Gallon lui prirent, au moment de son arrestation, 78 marcs d'argenterie, des pierreries et des bijoux qui furent envoyés à la Monnaie, le 21 frimaire. (Déclar. de Fleurdepied, concierge du Bon-Pasteur).

Chapron, Jean, emprisonné aux Saintes-Claires ; on prit sur lui, au moment de son arrestation : 350 #

Charet-Meslier, veuve ; on saisit chez elle : (porté en recette au 15 frimaire) : 4.150 #

Chauvet, jeune, place Egalité, 9 ; don au Comité, par les mains de Thomas, chirurgien : (Com., 8 ventôse. Déclar., n°s 892 et 118) : 1.000 #

Chevigné de Boischollet, prêtre ; saisi chez lui, dans une cachette, or et argent : (porté en recette au 6 nivôse) : 1.770 #

Chiché. Dans une lettre adressée par lui à une personne de Blaye, et qui fut saisie à la poste, le Comité trouva et s'attribua le contenu s'élevant à : (Comité; 4 ventôse, f° 122) : 2.520 #

Clanchy. Cave de vins fins pillée par Gallon. (Déclar. de Coignard, n° 65).

Coudé, Marc, pris chez lui : (Recette au 25 pluviôse) : 107 #

Courson, veuve de ; dépouillée, le 16 ventôse, de toute son argenterie par des agents du Comité (Déclar.). n° 61).

Courtois, Jean, négociant, place de l'Egalité. Goullin l'avait taxé à 30.000 # ; il dit dans sa déclaration, qu'il paya : (Com., 21. ventôse, f° 139. Bull. VI, 299. Déclar. n° 87) : 6.000 #

Coutance, veuve de ; remise au Comité, par Perrochaud, d'un mandat de 600 #, sur la Caisse du District, trouvé dans une lettre adressée à Mme de Coutance, à ce moment emprisonnée au Bon-Pasteur. (Comité, 6 floréal, an II, f° 41) : 600 #

Voir sur les pillages dont Mme de Coutance fut victime : Le Sans-culotte Goullin, p. 80 et suiv. ; Phelippes, dans sa déposition, (Bull., VI, 236 et 247) dit qu'on a volé à cette dame plus de 50.000 # d'effets au porteur, et en argent, effets, bijoux peut-être trois cent mille livres. On avait pris notamment 800 # en écus de 6 fr. cachés dans un lit, lors de la vente arbitrairement ordonnée de son mobilier. (Emigrés, 26 prairial, an III, f° 165) : 800 #

Cruau, Pierre ; détenu au Sanitat ; envoyé, par Bouché, au Comité, « pour le soulagement des frais de la cité » : (Déclarat., n° 77) : 1.000 #

Dallais, prêtre, principal du collège de Thouars ; découvert à Couffé, par la Commission d'Enquête et de propagande, et fusillé aussitôt par ses ordres, le 15 germinal ; somme saisie sur lui, argent : 1610 #, assignats : 200 # ; le tout remis au Comité par Picault : (porté en recette au 17 germinal) : 1.810 #

Debrosses, dit Ménard, chirurgien, brigand, guillotiné ; le maire de la Chapelle-Basse-Mer trouva sur lui : porté en recette au 5 nivôse) : 268 #

Deloynes des Vareux, chef vendéen ; arrêté à Carquefou le 1er nivôse ; guillotiné : on trouve sur lui : (porté en recette au 5 nivôse) : 224 #

Deurbroucq, Piter; don pour la salubrité : (Com., 9 germinal) : 6.0000 #

Dhavelooze et Dumaine, négociants ; don au Comite : 2.000 # (f° 66) et 50 # pour le chemin de Chaux : (Déclar., n° 119) : 2.050 #

Doucet offrit, le 7 ventôse, 10.000 # au Comité pour obtenir sa liberté ; le Comité refusa le 17 ventôse ; offre de la même somme réitérée et refusée le 3 floréal ; (Comité, aux dates), donna, le 3 floréal, les 10.000 au citoyen Paimparay pour la frégate. (Déclar., n° 29).

Drouin ; don au Comité : 3.000 # et 300 # pour le chemin de Chaux, le 17 ventôse : (Com. et Déclar., n° 60) : 3.300 #

Drouin, Charles, rue Racine, 2, don au Comité : 1.000 # et 400 pour le chemin de Chaux : (Décl., n° 75) : 1.400 #

Dubois-Violette ; pour le chemin de Chaux : (Décl., n° 186) fut transféré de suite de 1'Eperonnière au Sanitat; et évita ainsi d'être envoyé à Paris. (Com., 3 frimaire, f° 40) : 2.000 #

Dumais, veuve du concierge de l'Entrepôt, a déclaré avoir déposé au Comité, provenant d'un prêtre d'Angers, noyé le 15 frimaire, 44 louis en or : (Bullet. VI, 268) : 1.056 #

Edelin ; au procès-verbal du Comité du 6 germinal, on lit : « n'a pas donné assez d'argent, quoiqu'ayant des moyens conséquents du côté de la fortune ; » avait sans doute donné quelque chose.

Fleury, Alexandre, demeurant au bas de la Fosse ; donna : pour le Comité, 4.000 # ; pour le chemin de Chaux, 2.000 #, et 2.362 # pour les voitures des incarcérés, (déclar. n° 116). Voici, d'après les Mémoires du greffier Blanchard, dans quelles circonstances ces sommes furent remises : « Le bonhomme Fleury, riche capitaliste, fut arrêté par la compagnie Marat, qui, à sa prière, le conduisit devant le Comité. Fleury., étant devant les membres de ce Comité, les pria de lui faire part des motifs de son arrestation afin de s'en justifier. Point de réponse. Pendant ce monologue, Goullin ne cessa pas d'écrire, sans donner attention à ce que disait Fleury. Celui-ci ne sachant plus que dire pour sa justification demanda enfin : Est-ce
Parce que je suis riche que vous m'arrêtez ? Alors, Goullin, sans lever les yeux de dessus son papier, répondit en souriant : le pauvre bonhomme connaît son faible. De suite, on conduisit le bonhomme en prison. Fleury fut pressuré avant de sortir de prison, où il fut atteint d'une maladie qui le conduisit au tombeau peu après sa sortie. »
. L'un des Drouin, en déposant dans le procès du Comité, a raconté cette anecdote sur Fleury à peu près de la même façon, avec cette variante qu'il attribue à Bachelier le rôle que Blanchard, avec plus de vraisemblance, attribue à Goullin. (Journal des Lois, n° du 26 brumaire an III) : 8.362 #

Forget, ancien parlementaire, demeurant quai Bouhier ; on saisit chez lui une grande quantité d'argenterie. (Déclar., de Juguet, commis aux écritures, n° 201).

Foucault ; 400 liv. , don au Comité ; (Com . 18 frim.), et 1250 liv. (Com. 4 nivôse). Total : 1.650 #

Frère offrit au Comité 5 écus de 6 liv., qu'il ne voulait pas conserver parce qu'ils portaient l'effigie de Capet : 30 #

Fruchard, père et fils ; don au Comité, le 23 pluviôse : (Com.) : 3.600 #

Fruchard, fils, le 8 ventôse : (Déclar., n° 59) : 1.750 #

Galbaud du Fort, dame Victoire ; pillée de toute son argenterie et de trois cents aunes de toile.(Déclar. n° 166).

Gautier père, remit au Comité, pour obtenir les effets de sa femme laissés au Bon-Pasteùr, et qu'il ne put obtenir qu'à cette condition : (Com. , 2 pluviôse ; Déclar., n° 168) : 650 #

Gelet, prêtre constitutionnel de Dijon, venu à Nantes où il fut condamné pour vol ; trouvé chez lui, dont 3150 en argent, (porté en recette au 3 nivôse) : 20.153 #

Gerbier aîné , pour les voitures des incarcérés : (Déclar., n° 70) : 100 #

Geslin père ; on lui confisqua deux cent mille livres de tabac. (Bull. du trib. révol. VI, 279). D'après une déposition, il aurait donné 30.000 liv. au Comité ; Bull. VI, 279). Bachelier, dans des notes d'audiences, reproduisant une affirmation de Goullin, a écrit que cette somme de 30.000 liv. aurait été donnée aux hôpitaux et à la Société populaire. Le président Dobsent affirma, au contraire, que Geslin, pour ne pas être envoyé à Paris, aurait donné 80.000 liv. ; acceptons seulement le chiffre de la déposition : 30.000 #

Geslin, René, donna une somme pour les voitures des incarcérés. (Déclar., n° 192).

Girard, remit, à un nommé Berry, une grande quantité d'argenterie. (Lettre de la Commission militaire, mentionnée au procès-verbal du Comité du 29 pluviôse, f° 117).

Gohin de Montreuil, frères, compris dans la noyade du Bouffay du 24 frimaire ; on avait, auparavant, dépouillé l'un d'eux d'une somme en or, qui fut remise au Comité par Bernard Laquèze, concierge du Bouffay, et qui s'élevait à : 801 # (Com. 29 frim., f° 64 ; porté en recette au 29 frimaire) : 801 #

Grollaud, ailleurs J. Claud, valet de chambre de Mme Grou, fut volé d'une somme de : (Déclar., n° 85) : 623 #

Grou dame veuve dut mourir en 1793 ; elle était représentée, à la fin de cette année, par M. et Mme Walsh, et par un Anglais nommé O'Schiell. Le pillage de sa maison fut célèbre. Un inventaire de son riche mobilier ayant été fait récemment, on put se rendre compte de l'importance des détournements. Tout fut volé, vins, linge, meubles, voitures. Un premier procès-verbal de perquisition, du 18 frimaire, constate la saisie d'une grande quantité d'argenterie, 187 marcs, et de quelques valeurs, qui furent dirigées, les valeurs, sur la Caisse du District, et l'argenterie, vers la Monnaie, à la date du 27 frimaire par les soins de Perrochaud. Au lieu de 3600 # en assignats saisis, on ne voit figurer à la recette que 1790 # au 5 nivôse, et 84 # en argent au 3 nivôse. (V. Emigrés, 4 nivôse an II, f° 135. Comité, 27 frimaire et 1er nivôse. Déclar., O'Schiell, n° 128) : 3.600 #

De nouvelles recherches dans l'appartement de la place Scevola, (Petite Hollande) firent découvrir, derrière une cloison élevé le long d'un mur, une cachette contenant des bijoux dont voici la liste : une paire de bracelets garnis de gros diamants, dans l'un portait une miniature de Mme Grou, et l'autre le chiffre : A. W. dessiné en diamants sur une pierre bleue ; un Saint-Esprit en diamants ; trois bagues ; un solitaire en diamants ; un gros rubis et de belles tabatières, dont l'une en lapis lazzuli etc. Le Comité donna l'ordre à Gallon d'apporter ces trésors à son bureau avec la boîte qui les contenait. Les membres du Comité se firent, pendant quelque temps, un plaisir de montrer ces bijoux à leurs amis. La rumeur publique grossit l'importance de ce trésor. Forget, le concierge de Saintes-Claires, en déposant au procès du Comité, ajouta, aux objets énumérés ci-dessus, une certaine boite d'or, que l'on appelait, dit-il, la botte du prétendant (Bul. du trib. révol., VI, 294). Ces bijoux furent ainsi confiés à Gallon, et une dame les vit chez lui en prairial. (Déclar. Lacanterie, n° 221) bien que l'ordre eût été donné, par le Comité à Bollogniel, le 12 ventôse (Com. f° 130). de les remettre au receveur du District. Ces bijoux ne figurant point dans la liste imprimée des objets remis à la Monnaie, un bijoutier nommé Jutard. signala cet oubli à la Municipalité par une déclaration en date du 26 prairial an II.

Mme Walsh, détenue à l'hospice de la Réunion (Sanitat), tandis que son mari l'était à la maison de Lusançay, réclama ses bijoux par une requête du 7 messidor, dans laquelle elle exposait qu'ils avaient été cachés pour les soustraire au pillage des brigands, à une époque antérieure à la loi qui attribuait à la République tous les objets précieux cachés et découverts. Il est fort douteux que Mme Walsh soit rentrée en leur possession ; une lettre du District, du 29 vendémiaire an III, mentionne, à cette date, leur envoi à la Trésorerie générale de Paris (Reg. Correspond. District. an III).

Guertin et Lorette ; don au Comité, pour les détenus de Nantes et pour les frais de l'envoi des détenus à Paris : (Déclar. n°s 20 et 50) : 1.500 #

Guibert, trouvé chez lui : (porté en recette au 22 ventôse) : 1.119 #

Guibourg, dame ; trouvé sur elle, au moment de son emprisonnement : (porté en recette au 29 pluviôse) : 1.888 #

Guillon père, demeurant, 5, rue Contrescarpe, remit à Barras, commis du Comité, pour les blessés : (Déclar. n° 98) : 3.000 #

Pour la salubrité de la ville, par les mains de Fonbonne, le 9 pluviôse : (même déclar. et déposition de son gendre Lacour, dit Labigne, Bullet., VII, 11) : 9 2001 #

Guillon, fils ; Don au Comité : (Com. 4 pluviôse f° 95) : 9.000 #

Hallin, rue du Milieu ; saisi chez lui en argent : (porté en recette au 18 ventôse) : 139 #

Hernault, horloger ; quoique très patriote (il est accusé d'avoir joué un rôle très louche dans le voyage des Cent-trente deux Nantais) (V. Les Cent trente-deux, par A. Lallié, p. 34 et 100) son magasin et son mobilier furent pillés. (Bullet. VI, 287, et 323 ; Declar., n° 39) Goullin, au procès, déclara ignorer absolument ce qu'étaient devenus les bijoux dérobés à Hernault. (Journ. des Lois du 7 brumaire an III, p. 3). On a porté en recette, au 5 ventôse, comme ppovenant de chez lui : 132 #

Hervé de la Bauche ; Pinart commissaire du Comité révolutionnaire, vint à sa propriété, située en Sucé, le 18 nivôse, (7 janvier 1794) et l'arrêta, ainsi que sa famille. Pinart s'empara de trente-cinq tonneaux de froment, de trois cents barriques de vin, et d'assignats pour une valeur de : (Bullet. VI, 234 et 254) : 4.000 #

Hervouet et Garreau, brigands guillotinés ; trouvé sur eux : (Com., 29 frimaire, porté en recette au 7 pluviôse) : 303 #

Le premier était Hervouet de la Robrie père, le second, ancien notaire et ancien procureur de la Commune de Saint-Colombin ; condamnés par le tribunal de Phelippes le 22 brumaire (La Justice révol. à Nantes et dans la Loire-Inférieure. p. 87).

Jaquier, Dominique, rue Crébillon 18, a offert en don au Comité dans les premiers jours de germinal, mille livres, et cinq cents pour le chemin de Chaux : (Déclar., n° 6) : 1.500 #

Jogues, François, né à Orléans, 72 ans, Ile-Feydeau, n° 1 ; fort riche ; propriétaire de la terre de la Sauzinière. Il avait été emprisonné, par ordre du Comité, le 16 frimaire, « pour sa négligence à porter secours à la République selon sa fortune et l'incertitude de son civisme ». Traduit devant la Commission Lenoir, il avait été acquitté, le 29 pluviôse. Le don de cinquante mille livres, qu'il fit au Comité par les mains de sa femme Anne-Thérèse de Tollenare, est attesté en divers endroits. (Com. 21 pluviôse, f° 110. Déclarat. de sa femme, n° 94 — Bullet. VI, 246, 299, 300).

Entre les Jogues et les Tollenare il y avait une double alliance, car sa sœur s'appelait de Tollenare-Budan. Mainguet, membre du Comité, a rapporté dans sa déclaration (n° 124) que Philippe-Auguste de Tollenare, demeurant rue du Puits-d'Argent, l'ayant invité à dîner ainsi que Perrochaud, Mme de Tollenare-Budan, la soeur de Jogues, avait, durant le dîner, offert à Perrochaud, pour le Comité, une somme de cinquante mille livres, si son frère recouvrait sa liberté ; il ajouta qu'il ignorait si cette offre avait été réalisée : 50.00 #

Jouet, de la Chapelle Basse-Mer (provenant de), porté en recette le 28 germinal : 3.510 #

Joyau, née Marchesse, dame, du Pellerin ; trouvé, dans du fumier chez elle 650 (porté en recette au 29 pluviôse et Déclar, n° 224). Jolly, même déclaration, trouva chez une autre personne, au Pellerin, au Pellerin certain nombre de pièces d'or et d'argent. (Indéterminé) : 650 #

Labouchère, négociant, place Graslin, 1 ; don au Comités, le 27 ventôse : (Déclar. n° 64) : 1.000 #

Labourdonnaie (de), veuve du général tué au service de la République ; Boulay, membre de la compagnie Marat, a déclaré qu'on avait tout volé chez elle, or, argent, bijoux, assignats, (Déclar. n°s. 107 bis et 177. Bull., VII, n° 4, 14).

Laënnec, Guillaume-François, docteur en médecine ; don au Comité, 13 ventôse : (Déclar. n° 81, Bulletin du trib., VI, 22) : 1.000 #

Lamaignère, Jean, aîné, a compté à Barras et à Proust, pour le Comité, le 22 ventôse : 10.000 #
et pour le chemin de Chaux : (Com. 22 ventôse, et déclar. n° 110) : 1.000 #

Lamaignère, jeune, quai Tourville ; on lui avait demandé 16.000 # ; il en offrit 10.000, en donna 3.000, et on le fit déclarer, plus tard, que cette somme serait pour le chemin de Chaux (Comité, 22 ventôse, f° 141, et déclar. n° 82) : 3.000 #

La Métairie, Dlles de, guillotinées le 29 frimaire, possédaient divers bijoux qui furent remis à Perrochaud ; le même saisit en même temps sur une domestique des Couets, une somme de : (Déclar. de Fleur de Pied, concierge du Bon-Pasteur, n° 86) : 250 #

Langevin, veuve, quai Brancas, 6, don à la patrie le 15 ventôse (Com. F° 132 ; Déclar. n° 239) : 800 #

Laubry, Eugène; on lui demanda, le 9 ventôse, 30.000 # et le lendemain il remit : (Déclar., n° 80 bis) : 2.000 #

Laurency ; (Le Bulletin du trib. révol. 341, porte Lavercey.) Proust, voilier, a déclaré qu'on avait pris à Laurency vingt-sept marcs d'argenterie, dont personne, depuis, n'a entendu parler.

Laville (de) ; on lui avait pris 258 marcs d'argenterie, déposés chez lui, et appartenant à un de ses amis, mais comme il avait obtenu un reçu de Bollogniel et de Goullin, cette argenterie se retrouva plus tard. (Déclar. n° 38, et diverses pièces aux archives).

Lebreton de Gaubert, curé constitutionnel de Saint-Similien ; on lui prit son argenterie, (Déclar. n° 147) et de plus : (porté en recette au 29 pluviôse) : 300 #

Lecestre, demeurant rue Mably, 13. Le 7 ventôse, on lui fit savoir qu'il devait verser au Comité une somme de 32000 # ; il refusa ; nouvelle demande le 12 ventôse. Dans l'intervalle il avait consulté le représentant, et il répondit que le représentant avait approuvé son refus ; à cette réponse, les personnes, qui lui avaient fait la réclamation se retirèrent fort mécontentes (Déclar. n° 34). Les représentants présents à ce moment étaient Dubois Crancé, Prieur de la Marne et peut-être Garrau. Ils n'ignoraient point ces exactions, ne pouvaient les approuver, mais ils laissaient le Comité les commettre.

Lejeune, veuve, née Marie-Angélique Mercier ; tout fut pillé chez elle et on lui prit en assignats : (Déclar. n° 548) : 4.700 #

Lelièvre ; trouvé chez lui, en or et en argent : (porté en recette au 23 vendémiaire) : 1.561 #

Lelong de Bougon, dame ; trouvé chez elle et porté en recette au 7 nivôse : 3.907 #

Leloup ; Leloup de la Biliais certainement ; on prit chez lui, lors de son arrestation, 1062 # en argent : (porté en recette au 8 frimaire), et plus tard, une autre somme de 1016 # portée en recette au 18 germinal) : 2.078 #

Lemoine paya à Durassier, de la Compagnie Marat, pour n'être pas emprisonné : (acte d'accusation Bull. VI, 222) : 2.500 #

Leray, Pierre Mathurin, rue J.-J. Rousseau ; don au Comité : (Déclar. n° 31 ; Com. 3 germinal) : 1.200 #

Leroux ; très riche tanneur l'un des 132. On saisit chez sa femme divers lingots d'or et d'argent, dont elle exigea un reçu de Papin et de Gallon. (Déclar. n° 101. Indéterminé).

Leroux des Ridellières arrêté le 23 brumaire ; il fut conduit à l'Eperonnière ; ceux qui l'avaient arrêté revinrent faire perquisition chez sa mère, qui leur remit 40.437 #. Bouvier membre de la compagnie Marat, (Déclar. n° 30) a dit que cette somme, qu'il évalue à 42.000 # et qui était en assignats, était enveloppée dans une taie d'oreiller. M. Leroux fut, par ordre de Lévêque, membre du Comité, transféré au Sanitat, ce qui le sauva de l'envoi à Paris. Mis en liberté le 4 pluviôse, il déclara qu'il abandonnait au Comité la somme saisie. (Déclar., n° 89 et 113).

Durant le procès, l'un des Naux reconnut qu'il avait eu cette somme entre les mains, et qu'il l'avait remise au Comité ; Goullin affirma qu'elle avait été portée en compte, ce qui était inexact. (Bull. VI. 364) : 40.437 #

Lieutaud, J.-B., ancien lieutenant d'amirauté ; prié de passer au Comité, y envoya son fils, le 13 ventôse. Goullin lui dit que le Comité était chargé de lever une somme de trois millions, pour être employée au nettoiement des rues, à la salubrité de l'air, et aux dépenses des refugiés, et que Lieutaud pourrait bien donner cent mille livres qu'il réduisit à soixante. Le 23 ventôse, Lieutaud fils apporta 24.000 # en assignats. Goullin lui dit qu'il ne taxait personne, qu'il provoquait seulement des dons, et refusa de lui donner un reçu. (Déclar. de Lieutaud, fils, n° 84. V. aussi Déclar. n° 47 et 130. Bull. VI, 299 et 313).

Lincoln, Pierre-Joseph, négociant, rue J. J. Rousseau 2, a déclaré qu'il avait offert de son plein gré en don (Déclar.) : 600 #

Loaizel, père, et ses deux filles ; le 8 frimaire, le père fut conduit à l'Eperonnière, et ses deux filles au Bon-Pasteur. L'une d'elles avait dans son portefeuille 5000 # qu'on lui saisit avec cent et quelques livres en argent. (Déclar. n° 146) : 5.100 #

Maillard, de Mortagne, chevalier de Saint-Louis ; on a saisi sur lui : (porté en recette, au 7 nivôse, et Com, 27 nivôse, f° 88) : 250 #

Mallet, veuve, née Desguiot, commerçante ; on lui prit, en l'incarcérant au Bon-Pasteur, 700# qu'elle avait sur elle, et on lui saisit 70.000 # de tabac, que le District fit vendre au prix du maximum. (Emigrés, 12 frimaire, an II, f° 117). Mise en liberté le 2 nivôse, après une détention de cinq semaines, elle fut de nouveau emprisonnée pour avoir protesté avec trop de violence contre la dilapidation de ses marchandises. D'après un rapport du 8 thermidor, du Comité de surveillance, Mme Mallet était innocente des accusations de « calotinocratie et d'accaparement » qui l'avaient fait emprisonner, mais le Comité conclut, néanmoins, à son renvoi devant le Tribunal révolutionnaire de Paris. Transférée à Paris, elle fut, peu après, mise en liberté par ordre du Comité de sûreté générale. (Bull. du trib. rév. VI, 277. — Journ. des lois du 5 brumaire an III. Déclar., n° 261). Sa sœur, Jeanne Desguiot, avait été également emprisonnée sans motif : 700 #

Marchand, Nicolas-André, décédé aux Saintes-Claires le 17 frimaire an II, laissant une somme de 2.852 #, qui fut remise au Comité par Jean Boyé, marchand de blanc. (Décl., n° 13) : 2.852 #

Massion, Louis, aîné, quai Bouhier, 8, le 22 pluviôse, offrit 400 # ; Chaux fit écrire que cette somme était donnée « pour les frères d'armes, et pour les mesures révolutionnaires : » (Com., f° 110, et Déclar., n° 107) : 400 #

Maublanc ; on lui prit, le 23 brumaire, une somme de 1.848 #, appartenant à un réfugié : il ne réussit qu'à se faire rendre 948. (Déclar., n°s 75 et 109) : 400 #

Mechtler, Paul, rue du Bignon-Lestard, (actuellement Scribe) s'est vu enlever par des commissaires, trente-sept douzaines de peaux de veau corroyées. (Déclar., n° 180).

Menou, veuve de, née de Maurepas, ayant été emprisonnée à l'Eperonnière, on saisit sur elle : (Déclar., n° 265) : 4.050 #

Merlaud ; pris sur lui : (porté en recette au 25 pluv.) : 252 #

Pallard, détenu aux Saintes-Claires ; on prit sur lui : (Déclar., n° 276) : 400 #

Pâris, veuve, née de Chevigné ; chez elle toute son argenterie fut saisie ; conduite au Bon-Pasteur, on prit sur elle : 2.800 #

Peigné, Madeleine, maîtresse d'école ; on saisit chez elle 1628 #, et on l'emprisonna au Bon Pasteur. (Com. 17 brumaire f° 26. Déclar., n° 268) : 1.628 #

Perrotin, divers dons à la patrie. (Com. 26 frimaire, f° 61) : 19.456 #.

Picault, Marguerite Rose, demeurant à la cure de Saint-Similien ; de la Salle, de la Compagnie Marat, lui prit des objets eu or, de l'argenterie, et, en assignats : (Bull. VI, 353 et 354. Déclar., n° 143 et 147) : 300 #

Poulain, demoiselles, emprisonnées au Bouffay ; on prit sur elles : (Com. 7 nivôse, f° 71) : 200 #

Querrion, veuve, d'Orvault ; les commissaires Chatelier et Nicolon lui prirent son argenterie, et, de plus, une somme de : (portée en recette au 4 germinal. Déclar., n° 150) : 730 #

Richard, rue du Marchix. De la Salle et Pinatel, de la Compagnie Marat (Déclar., n°s 151 et 177) ont reconnu avoir saisi, chez lui, 5,214 # en assignats, et 96 # en écus : 5.310 #

Richeux, Louis-Antoine, rue J.-J. Rousseau, a offert au Comité, et on lui a donné reçu : 1.000 #

Ricordel, don au Comité (Déclar., n° 121) : 1.000 #

Robard, femme morte au Bon-Pasteur, le 12 brumaire. Fleurdepied a déclaré que son portefeuille, contenant 300 #, fut remis à Perrochaud. (Décl., n°86) : 300 #

Rodrigues n'obtint son certificat de civisme qu'en acquittant un billet de 5.000 # souscrit par Chaux, (déposit. de Joseph Leroux, notes d'audience de Bachelier). Cette somme n'entra pas dans la Caisse du Comité.

Rousseau des Muloteries, négociant ; l'un des Cent-trente-deux ; fut pillé de la plupart de ses marchandises. Le bruit courut qu'il avait caché dans sa cave, cent mille livres en numéraire. Le Comité (17 ventôse, f° 135), ordonna des fouilles qui furent dirigées par Grandmaison, et qui ne produisirent aucun résultat.

Saint-Pern, de, trouvé chez lui : (porté en recette au 5 nivôse) : 509 #

Schweighauser, avait donné 28.000 # qui lui furent rendues. Le procès-verbal du Comité du 12 pluviôse mentionne cette restitution sans en indiquer la cause.

Sigoigne, Albert, place Egalité, 9, (Com., 11 nivôse) don au Comité provenant d'intérêts sur le navire le Tyrannicide : 2.400 #

Simon, André, et Legoux ; saisi sur eux : (porté en recette au 2 nivôse) : 450 #

Stapleton, propriétaire des Dervallières ; des vols nombreux de meubles et denrées furent commis et tout aurait été enlevé sans l'intervention de Bettinger, maire de Chantenay. On prit aussi en assignats (Déclar. n°s 152 et 187) : 6.000 #

Thébaud, mort probablement aux Saintes-Cairres : Forget a déclaré (n° 97) avoir déposé au Comité, comme provenant de lui, sept louis en or : 168 #

Thoinnet, frères. Les frères Jean-Baptiste et Jacques-Eutrope Thoinnet marquaient, à cette époque, parmi les plus riches négociants de Nantes. Leur crédit et leurs relations d'affaires leur avaient permis de rendre à la ville de grands services en l'approvisionnant de grains. Une délibération du District, du 3 janvier 1793, (f° 194) ordonne le payement aux Thoinnet d'un acompte de six cent mille livres sur le million qui leur est dû pour les grains qu'ils ont fait venir. Patriotes modérés, et ne donnant aucun prise à l'accusation de royalisme, ils avaient servi dans la cavalerie de la Garde nationale, et avaient pris part, dans ses rangs, à diverses rencontres avec les insurgés. Les scellés avaient été néanmoins apposés sur leurs magasins à la fin de novembre 1793, par ordre du Comité révolutionnaire. Ils eurent peur, et se cachèrent pendant plusieurs semaines. Leur absence ayant été remarquée, ils craignirent d'être inscrits sur la liste des émigrés et d'être, à ce titre, dépouillés de leurs biens. L'envoi à Paris des notables nantais leur avait montré le danger qu'ils couraient s'ils réapparaissaient à Nantes. Ils résolurent d'aller en Vendée rejoindre le corps du général Haxo, où se trouvaient d'autres Nantais, appartenant, comme eux, à la cavalerie de la Garde Nationale. N'ayant trouvé personne disposé à accepter le dépôt dangereux d'une somme de soixante mille livres, en or et en assignats, ils l'emportèrent avec eux dans leurs, valises. A leur passage, sur les Ponts, le 2 pluviôse, (21 janvier 1794) ils furent reconnue, arrêtés, et conduits devant le Comité révolutionnaire qui les envoya au Bouffay (proc. verb. f° 93). L'un deux fut transféré au Sanitat peu après. Jean-Baptiste mourut le 21 pluviôse, Jacques Eutrope, le 29 du même mois. On mit, on leva, on remit sept ou huit fois les scellés sur leurs magasins, leurs meubles et leurs coffres-forts. La citoyenne Carré femme de confiance chez eux, et qui avait été constituée gardienne des scellés, a raconté qu'un jour les citoyens Gallon et Labigne, s'écrièrent, en mettant la main sur un portefeuille : « Bon ! Voilà ce que nous cherchions ! ».

Le Comité porta en compte au 13 ventôse, comme ayant été trouvée dans les valises, une somme de 3,345 # or, argents et assignats démonétisés, mais Goullin fut forcé, au procès, de convenir que, seulement en louis d'or, il s'y trouvait plus de 3,000 # : (132 louis) et des assignats. Journ. des Lois du 5 an III. p. 2. (Déclar. de Vilmain, n° 71. de Trotreau, n° 11). Plusieurs dépositiens, concernant les vols dont les Thoinnet furent victimes, sé trouvent au Bull. du trib. révol. VI, 275, 307, 308 ; VII, 13. (V. aussi Déclar. de Marie Carré, n° 32, délibérat. du Conseil des représentants, n° 117, f°s 30 et 34 et Émigrés, 21 brumaire an III). La principale déposition est celle de Vilmain, leur proche parent. Les frères Thoinnet laissaient douze enfants mineurs, et Vilmain avait été nommé leur tuteur. Dans une requête, signée de ce dernier, en date du 25 prairial an II, lendemain de l'arrestation des membres du Comité, qui contient les renseignements donnés ci-dessus, il est dit qu'à Nantes, on leur a volé tout ce qui pouvait s’emporter ; on en fit autant à leur propriété de la Turmelière, en Liré, où on leur vola 227 barriques de vin d'Anjou, qui furent amenées à Nantes ; leurs récoltes de blé, leurs vaisselles, leurs chaudières de cuivre etc. Vilmain évalue à 120.000 liv. les valeurs monétaires et assignats saisis par le Comité révolutionnaire.

Goullin, interpellé à ce sujet, a prétendu que c'était la Caisse du District, c'est-à-dire la Nation, qui avait profité de la vente des objets mobiliers des Thoinnet, et que l'enlèvement de leurs valeurs monétaires avait été une confiscation qu'il appartenait au Comité révolutionnaire de faire ; qu'au surplus, il offrait d'en tenir compte. Le mot était joli de la part d'un homme qui, dans les mêmes jours, s'était vanté de ne pas posséder un seul assignat de cinquante sous dans toute la République.

Sur la dénonciation du Comité de surveillance de la Société Vincent-la-Montagne, un nommé Pimot, ajusteur, fut emprisonné aux Saintes-Claires, sous la prévention d'avoir favorisé l'évasion des Thoinnet en leur procurant des chevaux.

Un de leurs parents, Nicolas Thoinnet de la Boulaye, fut condamné à mort par le tribunal de Phelippes, le 21 nivôse, en même temps qu'un jeune Sagory, neveu de sa femme : 120.000 #

Thomas et Gigault, dames, conduites au Bon-Pasteur ; on les dépouilla de leurs portefeuilles qui contenaient : (Déclar. n° 261) : 5.000 #

Thouzelin de la Valtière, provenant de (porté en recette au 21 pluviôse, 311 #) d'après la déclaration n° 66, on lui aurait pris : 480 #

Tollenare, Philippe Auguste de, rue du Puits d'argent, don au Comité : (Com. 16 pluviôse, f° 106, Déclar. (n°76) : 4.000 #

Tollenare-Budan, dame de, sœur de Jogues, qui avait promis 40,000 # si son frère recevait sa liberté, donna dix mille livres : (Déclar. n° 242. - Bulletin, VI, 221, notes de Bachelier) : 10.000 #

Valton, Nicolas ; on lui a soustrait pour 5.000 # de valeurs au porteur, et, en plus, des assignats s'élevant à 1.525 # (Bull. VI, 312. Déclar. n° 226, 114 # en recettes) : 6.525 #

Vallée, négociant, don au Comité, le 12 ventôse : 6.000 # chemin de Chaux, mille liv. (Bull. VI, 312, Journ. des lois du 13 frimaire an III. Déclar., n° 9) : 1.000 #

Vay, (Mme de) femme de l'un des Cent trente-deux, fut volée par Bouvier, de la Compagnie Marat, d'une quantité d'objets de toutes sortes et de 32 marcs d'argenterie. (Com., 18 nivôse f° 81. Déclar., n° 21).

Vigeant. Un procès-verbal de Grandmaison, du 7 pluviôse, porte qu'il est allé au Chalonge, commune de Héric, lieu signalé comme un repaire d'aristocrates, qu'il n'a rencontré qu'une domestique, et qu'il a saisi une somme de : 564 #

Wilfelsheim et Authus, négociants, ont remis en don au Comité, 12.000 #, le 18 ventôse, et, un peu plus tard, pour le chemin de Chaux, 3.000 # (Déclar., n° 95) : 15.000 #

Vinsonneau-Codry, femme, demeurant rue Delisle, signala, chez une dame Bodreau, l'existence de l'argenterie de la Collégiale de Notre-Dame, le 30 vendémiaire. Cette argenterie fut saisie, et une prime fut promise à la dénonciatrice. On évalua la valeur de cette découverte à une somme considérable. Mais Chaux déclara à la Société populaire que le tout valait à peine vingt mille livres. (Declar., n° 48, et 95. Bull., VI, 296). Ce qui est bien certain c'est que cette argenterie ne fut pas remise à la Monnaie (V. aussi Le Sans-Culotte-Culotte, p. 84).

TOTAL : 586.918 #.

(Alfred LALLIÉ).

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