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L'EGLISE SAINTE-CROIX (à Nantes)

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L'ÉGLISE SAINTE-CROIX

Placée au centre même de Nantes, l'église Sainte-Croix n'est ni la plus belle, ni la plus grande des églises de la ville ; mais elle est bien la plus intime et la plus fréquentée de toutes, surtout depuis que le culte à Notre-Dame de Bon-Secours s'y est transporté.

A quelle époque remonte le centre culturel établi en ce lieu ? Nul ne peut le dire ; mais les plus savants de nos historiens présument qu'il fut l'un des oratoires dont fut semée notre ville au Vème siècle, comme Saint-Saturnin, Saint-André, Saint-Clément, Saint-Vincent, Saint-Laurent, etc. En tous cas, l'église actuelle de Sainte-Croix est assise sur des murs gallo-romains enfouis profondément dans le sol ; son emplacement était le coeur même de la cité des Nanmètes, et c'était là qu'aboutissait la « grand'rue » qui descendait de Saint-Pierre jusqu'au port.

Est-ce en cette église que le comte Alain Fergent reçut la croix, avec ses multiples compagnons de croisade, des mains du Bienheureux Robert d'Arbrissel, en 1096 ? c'est possible, encore que ce ne soit pas prouvé.

Eglise de Sainte-Croix de Nantes

Les Bénédictins

L'histoire bien établie de Sainte-Croix commence au XIème siècle, avec la charte qui confie cette église aux Bénédictins de Marmoutier-les-Tours. Comme beaucoup de « bénéfices » ecclésiastiques d'alors, l'église Sainte-Croix était tombée, aux siècles de fer, entre les mains des laïcs qui se la passaient comme un bien séculier. Ne pouvant supporter cette injuste détention, la comtesse Ermengarde, épouse d'Alain Fergent, fit remettre ce centre religieux, avec les biens-fonds qui servaient à son entretien, à la puissante abbaye de Marmoutier ; l'évêque de Nantes d'alors, Benoît, approuva cette donation. Quelques contestations s'étant élevées bientôt à ce sujet, le pape Innocent II, consulté, maintint les Bénédictins dans leur possession, moyennant un accord entre ceux-ci et l'évêché ; le duc Conan III, en 1137, confirma cet accord.

L'église Sainte-Croix, en ce temps, n'occupait que la surface de la nef centrale actuelle ; l'emplacement des nefs latérales était utilisé comme cimetière paroissial, et le choeur actuel était un terrain vague.

Le Prieuré

Chargés de la paroisse Sainte-Croix, qui s'étendait sur les îles de la Saulzaie et de Bièce (jusqu'au ruisseau des Récollets), les moines de Marmoutier établirent sans retard un petit Prieuré près de l'église ; ce Prieuré avait son entrée sur la rue de la Bâclerie, sa chapelle Saint-Martin à l'emplacement du choeur actuel, son cimetière et son cloître dans le jardinet de la cure : ses bâtiments ont traversé les siècles : on peut les voir encore, dix fois remaniés, près de la sacristie, avec cour intérieure, puits, caves, etc. L'ensemble portait le nom de Cloître-Saint-Martin, et occupait sensiblement le terrain compris entre l'église, la rue de la Bâclerie, celle de la Poulaillerie (du Bouffay) et la rue Belle-Image.

Les Bénédictins cessèrent d'occuper le prieuré de Sainte-Croix, au XVIIème siècle, vers 1620, mais ils en gardèrent la propriété, et firent desservir la paroisse par un « vicaire perpétuel » : celui-ci était un prêtre séculier choisi par eux et agréé par l'évêque.

L'église actuelle

Or, c'est dans ce même XVIIème siècle que fut bâtie la majeure partie de l'église actuelle. La précédente tombait en ruines ; au surplus, elle était notoirement trop étroite, bien qu'on eût fait de la chapelle de Toussaint, en grande Bièce, une chapelle vicariale pour les gens de ce quartier [Note : Une aumônerie, dite de Toussaint, avait été créée sur les Ponts, en 1362, par Charles-de-Blois, pour soigner les lépreux et pour héberger les voyageurs pauvres ou malades. La chapelle demeura succursale de Sainte-Croix jusqu'en 1790]. En 1669, on se mit résolument à bâtir : fut alors élevée la partie de l'édifice qui va des autels latéraux actuels jusqu'à la tribune ; à la nef centrale, qui occupe à peu près l'emplacement de l'église du Xlème siècle, on ajouta les deux basses-nefs, prises sur le terrain du cimetière au Nord et au Sud. L'édifice se terminait, à l'Orient, par un mur droit, auquel était adossé le maître-autel, comme le sont les autels secondaires de la Vierge et de Saint-Joseph jusqu'à maintenant.

De cette reconstruction, une inscription rappelle la date et les responsables, que l'on peut lire sur le pilier du milieu, dans la nef, à la gauche des assistants.

Voici ce qu'on a gravé sur le granit :

Cette église a esté rebâtie en l'an 1669, pendant que Messire M. Jacque Peillac, sr de la Hibaudière, (conseiller) coner du roy en son Préal (présidial) de Nantes, M. Louis Jouneaulx, procureur au dit Préal, et honble Alphonce Térien, marchand, estoient fabriqueurs de cette église parochiale de Ste-Croix.

Eglise de Sainte-Croix de Nantes

Le style adopté

C'était l'époque où, dans la cathédrale de Nantes, on achevait la chapelle de Notre-Dame de la Pitié, selon le style gothique de l'édifice commencé au XVème siècle. Il n'est donc pas surprenant qu'on ait employé à Sainte-Croix cette manière de construire : piliers à nervures prismatiques qui accrochent la lumière et y tracent de grandes ombres verticales ; fenêtres qui s'assouplissent mollement pour dessiner des flammes ; celles-ci tantôt se tiennent droites et forment un dessin monotone, et tantôt se penchent comme si le vent soufflait dessus. C'est encore le style qualifié flamboyant, mais arrivé à sa dernière période, doté d'une grâce un peu languissante.

Des voûtes en pierre étaient prévues ; il fallut y renoncer quand on eut constaté, en posant la charpente, que ni les piliers, ni les murs latéraux ne pourraient les supporter. On fit alors cette voûte en berceau ou en demi-berceau sur les côtés, composée de lattes de bois recouvertes d'une toile marouflée et peinte en blanc. Des arceaux de bois subdivisent le berceau à l'endroit des piliers, et en rompent la monotonie.

La façade

Dès 1685, on entreprit la construction de la façade. Et voici que, à vingt ans d'écart, les goûts avaient changé. Sous l'influence, de l'architecte Vignole, on s'était engoué des styles grecs et romains. Le château de Versailles était commencé, et Perrault alignait sa colonnade du Louvre ; le jésuite Etienne Martellange avait appris à superposer les ordres grecs dans ses monumentales façades. Les bâtisseurs de Sainte-Croix suivirent le mouvement, et l'on eut alors cette façade majestueuse qui a été complétée au XIXème siècle.

Les maîtres d'oeuvre de 1685 connaissaient l'art de bâtir. Au rez-de-chaussée, ils posent, sur des socles sévères, des colonnes doriques et des pilastres plats avec chapiteaux composés seulement de lignes horizontales. Des niches, d'allure classique, décorent les surfaces nues. Colonnes et pilastres portent l'entablement grec complet : l'architrave qui remplace la poutre jetée d'un pilier à l'autre ; la frise ornée de triglyphes et même de rosaces au milieu : la corniche enfin portée sur des corbeaux et suffisamment saillante pour rejeter en avant du mur les eaux de pluie. Au dessus de la porte centrale, un fronton triangulaire figure les rampants du toit ; il est orné, dans son milieu, du motif qui s'impose : les trois clous de la croix et la couronne d'épines.

Le deuxième étage

Et c'est là, en principe, que devrait se terminer l'édifice : le toit y est posé figurativement. Mais, de fait, la voûte intérieure s'élève beaucoup plus haut : il faut, pour la clore, surhausser le pignon. Et, selon le style jésuite, on construit un second étage, qui sera de l'ordre ionique. De nouveaux pilastres sont posés sur leurs dés rectangulaires, et se haussent jusqu'au second entablement : cette fois, ils sont couronnés d'oves et de coussins qui se replient en volutes de chaque côté. Ils portent, à leur tour, architrave, frise et corniche ; la frise, ornée de rinceaux, rappelle, en son milieu, la dédicace de l'église : « Divœ Cruci dic (atum) Templum », c'est-à-dire : Temple dédié à la sainte Croix. Les surfaces planes, entre les pilastres cannelés, sont agrémentées de niches encore, avec socles en saillie pour les statues de la Vierge douloureuse et de sainte Madeleine. Sur les côtés extérieurs du pignon, des ailerons amortissent les verticales et s'appuient sur des piles coiffées de médaillons où s'inscrit la croix.

La seconde corniche souligne naturellement le fronton qui indique une seconde toiture : celle-ci est supposée formée d'un segment d'arc très surbaissé. L'arc porte actuellement un socle épais surmonté de la croix qu'entoure une couronne passée en sautoir. Deux anges adorateurs se tiennent agenouillés de part et d'autre du socle. Tout ceci ne date d'ailleurs que du XIXème siècle. En revanche, l'œil-de-bœuf qui perce le fronton existait dès 1686 ; il a été seulement enjolivé de plantureuses guirlandes.

Le Campanile

Telle fut la façade de l'église jusqu'en 1860. A cette époque, le curé entreprenant que fut M. Guilbaud résolut de coiffer cette façade d'un campanile qui porterait le beffroi de la ville. On s'affairait, en effet, depuis 1848, à démolir la tour du Bouffay, toute voisine : le beffroi en métal, oeuvre du XVIIème siècle, en avait été descendu ; l'horloge à plusieurs cadrans en avait été enlevée. Dès 1850, les habitants du quartier déploraient de ne plus pouvoir lire les heures, et de ne plus entendre la grosse cloche les sonner. Pendant dix années, des tractations longues et pénibles se continuent entre la paroisse et la mairie. Enfin, on arrive à un accord où l'on se partage les frais, et M. Guilbaud se met à l'oeuvre, sous la direction de l'architecte Driollet, qui venait de construire, tout près de là, la belle poissonnerie disparue récemment.

Une énorme tour carrée continue la façade du XVIIème siècle : on adopte naturellement, dans ce troisième étage, l'ordre corinthien avec ses chapiteaux à feuilles d'acanthe ; une large fenêtre en plein-cintre répète la fenêtre du second étage ; des niches trouent les surfaces planes ; les pilastres extérieurs portent des urnes funéraires avec flamme ; un troisième entablement surmonte le tout, dont la frise est très fouillée sous la corniche qui regarde l'Ouest. Tel est le campanile où se balancent les cloches.

Restait à bâtir la chambre de l'horloge, M. Driollet conçut ici un charmant ouvrage qui permet aux cadrans de faire face aux quatre points cardinaux. Pour chacun d'eux, une archivolte ornée de roses, et posée sur piliers d'ordre ionique, forme un cadre des plus seyants. Le tout s'équilibre à la perfection et forme une ferme assise pour le beffroi.

Le beffroi

Celui-ci se pose très naturellement sur la tour centrale ; au-dessus de l'appui-main en fer forgé, les anges soufflent dur dans leurs trompettes pour porter au loin les sons martelés par l'horloge. Un entablement encore, avec corbeaux, architrave, frise ornée de clous et corniche ourlée de têtes d'angelots, et il n'y a plus qu'à poser sur la calotte du beffroi la croix qui doit tout dominer : c'est l'église Sainte-Croix. Magnifique demeure pour abriter l'ancienne cloche du Bouffay de 1663, la plus volumineuse des cloches de Nantes, car elle pèse 8.096 kilos.

Dans les niches supérieures, quatre prophètes montent la garde constamment, ce sont les quatre annonciateurs principaux de la Passion du Christ : à l'Ouest, David et Daniel ; au Nord, Jérémie, et, au Sud, Isaïe. Au surplus, sous le cadran occidental, deux personnages sont à demi couchés, comme au tombeau de Julien de Médicis ; mais ce ne sont ici ni le Jour ni la Nuit ; on reconnaît la Foi qui tient la croix et la Charité qui berce un enfant.

Telle quelle, cette façade de Sainte-Croix est bien l'une des oeuvres architecturales de Nantes qui soient les plus parfaites. Et c'est avec justice qu'on a posé au-dessus de la porte centrale, l'inscription suivante : Ce portail, érigé l'an MDCLXXXV, a été complété d'un clocher et d'un beffroi mal l'an MDCCCLX. F. Favre sénateur-maire, Guilbaud curé, Driollet architecte en chef.

Ajoutons que les deux niches du rez-de-chaussée étaient destinées à recevoir des statues en pied ; on y a posé sur des socles inattendus les bustes de saint Pierre et de saint André, les deux apôtres crucifiés.

Eglise de Sainte-Croix de Nantes

Au temps de la Révolution

Avant que ne fut complétée la façade, l'église Sainte-Croix avait eu à subir de multiples avanies aux temps révolutionnaires ; toutefois le monument ne semble pas avoir été gravement endommagé en ces années de trouble.

Le 23 janvier 1791, le prieur-curé, M. Clair Delaville, eut la faiblesse de prêter le serment schismatique exigé par la loi du 27 novembre précédent. Mais il ne tarda pas à rétracter ce serment dans une lettre du 9 mars écrite de son lieu d'exil. En conséquence, il fut traité comme démissionnaire et remplacé par l'un de ses vicaires, M. Guibert, élu par le peuple et installé le 11 décembre 1791.

L'église Sainte-Croix fut néanmoins dépouillée de ses vases sacrés et de son argenterie le 16 octobre 1792, et finalement fermée en novembre 1793.

On sait comment elle devint aussitôt le siège du Club Vincent-la-Montagne : le 16 novembre, Carrier y pérora, et Minée y renouvela son abjuration. C'est à la suite de cette séance du 16 novembre qu'eut lieu, sans délai, la première noyade de prêtres en Loire.

Dans la suite, l'église fut employée comme prison ; puis en juin 1795, elle fut de nouveau livrée au culte schismatique, jusqu'à ce que le Concordat de 1802 la ramenât au culte catholique en y installant comme curé M. Maisonneuve qui allait réparer les dégâts de la Révolution.

Celui-ci réorganise son Conseil de Fabrique : on y voit Daniel de Kervégan, Bonaventure Dufou, etc... Il fait réparer et remonter le maître-autel par le sculpteur Bertrand, et consulte, pour l'ameublement de son église, les grands architectes du temps, Crucy, Ogée, Ceinerai.

Pendant ce temps, M. Guibert, réhabilité, devient curé de Saint-Jacques : il y transporte la statue de la Vierge que l'on connaît et qui est une oeuvre de XVIIIème siècle. Quant à M. Delaville, revenu d'exil, il est nommé curé de Marly, au diocèse de Versailles ; il y mourra en 1820, âgé de soixante-seize ans. Il avait tenu la cure de Sainte-Croix de 1774 à 1791.

En 1813, devient curé de Sainte-Croix M. Réveillé de Beauregard, qui continue d'entretenir et de meubler son église.

En 1819, il achète une cloche, qui coûte douze cents livres et qui est l'oeuvre du fondeur Lambert.

Réparations

En 1822, l'entrepreneur Chaigniau ravale les murs intérieurs de l'édifice, qu'il couvre ensuite de tuf et de plâtre ; il refait le « lambris » des voûtes latérales et les peint de couleur blanche : le tout coûte six mille francs. Le même, en 1823, est chargé de refaire le pavage de l'église : il y emploie du granit d'Orvault qu'il baigne dans un mortier ; dans le choeur, il entre-mêle au granit de la pierre d'ardoise : tout est terminé en 1825 [Note : Ce pavage de granit, « qui allait de la table de communion à la grand'porte », a été relevé en 1903 : on l'employa alors à paver le chemin qui conduit au Sud de l'église, du presbytère à la sacristie : on peut l'y voir encore]. Dans les mêmes temps, la grosse poutre de bois qui soutient la tribune était changée. Et l'on rêvait de supprimer les échoppes qui déshonoraient le portail d'entrée, sur la place, et aussi de prolonger la nef centrale vers l'Orient, au-delà du mur plat qui la fermait de côté : un nouveau choeur ferait bien en la place de la chapelle. Saint-Martin qui servait de sacristie.

Ces rêves vont devenir des réalités sans retard, car, en 1826, M. Guilbaud devient curé de céans. Immédiatement il s'efforce d'acheter les terrains et maisons qui entourent l'église ; les circonstances le favorisent du côté de la sacristie ; pour les « masures » accolées à la façade, il aura beaucoup plus de peine à les faire disparaître. L'urbanisme ne jouait pas pour la municipalité ; celle-ci ne consentait à payer que le terrain qui serait récupéré et annexé à la place. Le conseil de fabrique ne voyait dans l'achat de ces boutiques qu'une dépense en pure perte. Ce ne fut qu'après 1835 que les « masures » furent enfin abattues.

Le choeur

La grande oeuvre de M. Guilbaud allait être la construction du choeur. Il eut la chance de rencontrer, à Nantes même, un grand architecte, M. Théodore Nau, qui, d'ailleurs, n'avait pas encore révélé tout son talent. M. Nau avait suivi avec intérêt les travaux d'Arcis de Caumont concernant les arts du Moyen-Age ; il voyait, de plus, Viollet-le-Duc restaurer la Sainte-Chapelle de Paris et étudier la Madeleine de Vézelay ; et, sous ses yeux, l'architecte Saint-Félix Séheult commençait d'édifier le bras Nord du transept de la cathédrale de Nantes. Hardiment il résolut de construire le choeur de Sainte-Croix dans ce style flamboyant qu'on avait employé pour la nef en 1669. Toutefois, il prendrait ce style à sa belle période du XVème siècle [Note : L'église Saint-Nicolas de Nantes, qui passe pour la première église gothique édifiée en France, ne fut commencée qu'en 1844 par Lassus, élève de Viollet-le-Duc ; elle fut achevée en 1854].

Les plans étant faits, les dessins achevés, l'on put procéder à l'adjudication des travaux en 1838. L'exécution de l'oeuvre fut confiée à un maître consciencieux, M. Sauvaget, qui habitait Chaussée de la Madeleine.

La voûte

Le travail ne demanda que deux années : commencé en juillet 1839, le choeur vit tomber, le 30 mai 1841, la cloison qui le séparait de la nef. Et l'on put enfin voir alors cette construction qui fit l'admiration des contemporains. Trois travées de voûte se succédaient, l'une au-dessus de l'extrémité orientale de la nef ancienne, les deux autres abritant le nouveau choeur. Chaque travée est divisée par deux arcs de plein-cintre qui se coupent en diagonale : ce sont les arcs-ogifs ; au surplus, de la clef s'échappent des liernes qui se dédoublent en tiercerons. Ainsi soutenue, chaque voûte est subdivisée en douze voûtains quasi d'égale surface.

L'abside, de plan polygonal, offre un dessin de voûtement plus compliqué, cinq des liernes se trouvant branchés de tiercerons : on y obtient ainsi dix-sept voûtains.

Pour soutenir les poussées obliques de cette voûte, M. Nau s'est contenté de solides contreforts, le terrain ne lui permettant pas de l'étayer par des arcs-boutants. Pour donner plus de stabilité à ces contreforts, il les a surmontés de pinacles qui constituent un tas de charge et qui enjolivent singulièrement cette abside extérieure, ces pinacles étant rejoints les uns aux autres par un appui-main ajouré de flammes.

Les fenêtres

Le fenestrage dessine également des flammes selon le style adopté. Pour le rendre plus attrayant, l'architecte fit tout de suite fermer les baies par des vitraux coloriés, qui furent l'oeuvre d'un grand maître verrier d'alors, M. Thevenot, de Clermont : celui-ci s'était fait connaître avantageusement en posant les verrières de Saint-Germain l'Auxerrois. Il réalisa, en effet, un bel ensemble selon le mode du temps, chaque personnage y étant entouré d'une architecture compliquée. — Ces vitraux, ayant été pulvérisés par les bombes en 1944 ont été assez fidèlement reproduits par la maison Rault, de Rennes. On y voit, comme jadis, la Vierge et saint Jean qui furent les assistants principaux du Calvaire ; sainte Hélène qui découvrit le bois de la croix et saint Saturnin dont l'église touchait presque celle de Sainte-Croix à Nantes ; on y a mis aussi saint Michel, titulaire de la chapelle du château du Bouffay, et enfin saint Roch qui fut tant invoqué dans le Vieil-Hôpital tout voisin.

Inauguration

Le 10 juin 1841, en la fête du Très-Saint-Sacrement, eut lieu la solennelle bénédiction du nouveau choeur par Mgr de Hercé, qu'accompagnaient M. Vrignaud, les chanoines Dupaty et Litou, et un nombreux clergé. Le maire, Ferdinand Favre, le lieutenant-général Drouet d'Erlon, le colonel de Bréa, étaient présents, ainsi que M. Fournier, curé de Saint-Nicolas, qui dut rêver devant ce que chacun qualifiait de chef-d'oeuvre.

Le maître-autel

Un tel sanctuaire méritait d'être meublé d'un bel autel : celui-ci lui fut tôt donné. Le 3 janvier 1843, le Conseil de Fabrique passa marché dans ce but avec le sculpteur Thomas Louis, qui bientôt réparerait les bas-reliefs que l'on voit au bas de la cathédrale et y dresserait les quatre statues placées devant la tribune.

Le projet de Louis a été conservé : on y prévoit un autel de marbre blanc « de forme gothique, avec un bas-relief, au milieu, représentant le Christ au tombeau, la Sainte Vierge et des anges en adoration... Sur les côtés, des piédestaux hexagones seront ornés de petits encadrements avec sujets religieux en marbre... Le tabernacle, rectangulaire, sera décoré de frise, niches, aiguilles, et de deux petites statues en marbre : saint Pierre et saint Paul... Au-dessus du tabernacle, une exposition en forme de dais gothique avec flèche de trois mètres de hauteur..., avec des fonds à jours et deux petits anges au pied des colonnettes... ».

Tout ceci se trouve réalisé. Toutefois, rétable, flèche et dais, qui devaient être exécutés en marbre, l'ont été en bois doré. Aux statuettes des deux apôtres, devant le tabernacle, on en a ajouté deux autres : un évêque et un moine. Aux anges adorateurs qu'on devait placer sous les fastueux dais, sur les côtés, on a substitué les statues de la Vierge douloureuse et de saint Jean. La porte du tabernacle, où devait figurer le Bon-Pasteur, présente le corps inanimé du Christ soulevé par un ange.

Il est juste d'ajouter qu'avec Thomas Louis travaillèrent à la confection de cet autel « le sieur Pierre Delaunay, marbrier, et le dessinateur M. Hersard ». Ce dernier, spécialement, dessina le rétable qui fut exécuté en bois de chêne du nord. Thomas Louis en fut le sculpteur. Sur les piédestaux des extrémités, il logea, dans de charmantes niches, de délicieux bas-reliefs ; du côté de l'évangile, on a les quatre évangélistes et sainte Madeleine ; de l'autre côté on voit sainte Véronique, un pape, un ermite et deux évêques. L'un de ceux-ci paraît être saint Augustin.

Ainsi construit et ouvragé, le splendide autel fut consacré le 1er septembre 1844, par Mgr de Hercé, accompagné de M. Vrignaud, vicaire-général, de M. Audrain, curé de Saint-Pierre, de M. Gély, maître des cérémonies et de M. Raguideau, sacriste de la cathédrale. Il demeure dans toute sa beauté, sauf qu'il dût être redoré en 1879 et, de nouveau, au XXème siècle [Note : L'autel ancien était « à la romaine », donc surmonté d'un dais porté par quatre colonnes de marbre noir. M. Maisonneuve, en 1805, fit mettre les colonnes sur une même ligne, obtenant ainsi un haut retable qui masquait la fenêtre du fond, fenêtre qui avait été endommagée par l'explosion de la poudrière du Château en 1800. — En 1844, autel et colonnes disparurent de Sainte-Croix, achetées par la Fabrique de la cathédrale ; celle-ci les revendit aussitôt à la Communauté de Saint-Gildas des Bois ; mais l'une des colonnes ayant été brisée dans le transport, le ciborium ne put être remonté au-dessus de l'autel. Les colonnes, sciées, portent actuellement des statues dans le cloître].

La sainte table

Devant l'autel, fermant le sanctuaire, est dressé l'appui de communion, improprement appelé la sainte-table. C'est une oeuvre remarquable, en marbre blanc, dessinée par M. Estève, architecte, et ciselée par M. Joseph Vallet, le sculpteur émérite de Nantes en la fin du XIXème siècle ; elle fut posée là en 1903 par le soins de M. Jolie, l'actif curé qui régit la paroisse de 1902 à 1911.

L'orgue

Derrière l'autel se dresse le buffet de l'Orgue. Celui-ci aurait une histoire longue et compliquée à raconter : projeté dès l'ouverture du choeur, en 1842, il fut posé en 1853 par M. Darche, facteur d'orgue à Paris. On hésita beaucoup à le placer le long du mur du chevet, car se trouvait accroché à cet endroit un grand tableau représentant le Christ en croix. D'aucuns rêvaient d'adjoindre à ce Tableau deux autres toiles racontant le départ d'Alain Fergent pour la croisade et la délivrance de Nantes, en 936, par Alain Barbe-Torte ; le peintre Gouézou eut oeuvré dans ce sens. D'autres préféraient voir là l'Invention et l'Exaltation de la sainte Croix : c'est ainsi qu'opinait le chanoine Rousteau. D'autres encore proposaient de demander au peintre, M. Viau, de décorer seulement les murailles du choeur. L'orgue eut alors été placé, soit dans la tribune, soit sur un côté du sanctuaire, près d'un des autels latéraux. Finalement, l'instrument créé par M. Darche fut posé au fond de l'abside. L'organiste était M. Hignard.

Plusieurs fois il a été repris et complété : dès 1863, M. Lelogeais le restaurait, et de nouveau en 1873. En 1886, M. Debierre s'en occupait activement, stimulé par l'organiste, M. Odion. En 1923, M. Mainguy, curé depuis 1911, le fit notablement compléter, y ajoutant les tuyaux placés de biais à droite et à gauche : il fallut pour cela supprimer les statues de saint Michel et de sainte Jeanne d'Arc qu'on avait posées sur culs-de-lampe devant les murs latéraux de l'abside. Actuellement l'orgue compte dix-sept jeux complets ; il est tenu par M. Joël Bernier.

Les stalles

Autour du choeur sont rangées les stalles traditionnelles : elles sont une oeuvre du XVIIème siècle, semble-t-il. Dès 1808, M. Maisonneuve, le premier curé concordataire de Sainte-Croix, les plaçait comme il pouvait de part et d'autre du maître-autel relevé en 1805 ; celui-ci adossé au mur plat du chevet, avait un haut retable à quatre colonnes : il s'harmonisait ainsi parfaitement avec les autels latéraux que l'on a conservés.

Après longues discussions, ces stalles ont été posées logiquement à droite et à gauche du choeur, quitte à obturer les belles portes de la sacristie créées par M. Nau. L'une de celles-ci, d'ailleurs, au Nord, ne pouvait qu'être murée, puisqu'elle donne sur le dehors. L'autre a été remplacée par une ouverture pratiquée en avant du sanctuaire.

Reste à noter, dans ce sanctuaire, les deux statues du Sacré-Coeur et de Sainte-Anne, juchées sur des socles accrochés à la muraille. On avait d'abord songé à leur donner pour support une colonne ouvragée ; on y renonça pour n'encombrer pas le passage près de l'autel.

La chaire

Dans la nef, le meuble le plus précieux est sûrement la chaire : les lignes. sinueuses de la tribune, la draperie et les glands qui frangent l'abat-son, les ailerons qui se réunissent, au-dessus, pour dresser la croix, la rampe en fer forgé de l'escalier, tout y indique une oeuvre très soignée du temps de Louis XV, du temps où l'on forgeait les balcons des hôtels de l'île Feydeau. Elle est toute en acajou massif.

Le Chemin de la Croix

Il faut remarquer le Chemin de la Croix, en bois de chêne : il fut l'oeuvre de prédilection d'un sculpteur soigneux, M. Honoré Lebreton, qui y besogna de 1882 à 1885. Le Conseil de Fabrique le jugea pourtant sans aménité, trouvant « l'encadrement de mauvais goût, et l'exécution non irréprochable ». On l'apprécierait davantage aujourd'hui, surtout si le bois y était apparent.

C'est du même sculpteur que sont les confessionnaux offerts à l'église par M. Lévesque, ils furent construits sous le rectorat de M. Boucard, curé de 1869 à 1890. M. Jolie, en 1903, les fit enfoncer dans les murs pour gagner de l'espace.

Les vitraux

Les vitraux, oeuvre toujours fragile, eurent une histoire mouvementée. Largement réparés en 1803, ils demandent à être changés dès 1823 ; on projeta sérieusement, alors, de remplacer les meneaux de pierre par de simples barres de fer posées horizontalement. Cette mutilation fut évitée de justesse. En 1847, M. Echappé, peintre verrier de Nantes, pose une verrière coloriée dans la chapelle des fonts baptismaux. Le Conseil des fabriciens l'accepta, trouvant l'oeuvre « satisfaisante, sans cependant être à l'abri de critique, tant sous le rapport des couleurs trop foncées, que pour celui du style adopté par l'artiste ».

Dès 1848, on parle de poser des vitraux coloriés dans toute la nef, ou, au moins sur le côté Sud ; M. Nau s'en occupe, mais sans aboutir.

En 1861, M. Lebrun, curé depuis un an, ferme les baies par ces grisailles très soignées qui sont demeurées jusqu'à maintenant. Le fils et successeur de M. Echappé, jugeant médiocre l'oeuvre de son père, propose de refaire la verrière des fonts baptismaux en 1865. De cette verrière ont été conservés les trois médaillons qu'on y voit encore et qui ont trait à la vie de saint Jean-Baptiste.

Beaucoup plus important est le vitrail qui éclaire la tribune et qui figure la croix présentée par les anges jugement dernier. Il est du peintre M. Réby, et fut mis en place pour le 15 Août 1872. Lui aussi fut critiqué par le Conseil d'alors qui jugea « les personnages trop petits et les couleurs trop claires ». On en fait aujourd'hui l'éloge plus intégralement.

Au-dessous de la tribune, couronnant la porte de façade, un vitrail de Meuret raconte, en de vives couleurs, comment le sanctuaire de Notre-Dame de Bon-Secours fut affilié, en 1864, à celui de Lorette en Italie, par le pape Pie IX. Il fut donné par M. Guilloux, ancien vicaire, et posé en 1889, sous le rectorat de M. Boucard. On y voit la santa Casa portée par les anges au-dessus de la campagne romaine.

Après les bombardements

Après le désastre du 16 septembre 1943, M. Luneau, curé de Sainte-Croix, alerta les bureaux de la Reconstruction nationale, qui se mit à l'oeuvre en 1947. En huit mois de travail, le choeur, meurtri par les bombes, fut judicieusement réparé, sous la direction des architectes Ménard et Ferré, par les soins des entrepreneurs Bouet et Dupuis, grâce à l'activité du vieux tailleur de pierre, M. Reveillère, et à l'habileté du maître-sculpteur Auguste Pichaud. On a vu que le verrier de Rennes, M. Rault, avait posé, dans le même temps, les immenses verrières qui garnissent les baies. Ainsi fut recréé le beau chevet construit en 1840 par M. Théodore Nau. Quant aux vitraux de la nef, ils furent réparés par la maison Uzureau dans la même année 1947.

La tribune elle-même, jugée défectueuse dès 1846, fut refaite en 1861 ; elle est entièrement en bois ; l'ancienne balustrade a été conservée ; l'escalier d'accès fut alors supprimé, l'escalier de la tour étant jugé suffisant pour y monter.

L'éclairage

L'éclairage de l'église a suivi les progrès réalisés sur ce sujet, pendant le XIXème siècle : les lampes à huile sont encore utilisées en 1853 ; on calcule longuement le prix que coûtera l'installation du gaz à becs papillonnants, et en 1876 on commence timidement de s'en servir. Après 1895, M. Dauffy, curé depuis 1890, réalise un gros progrès en admettant les becs-Auer à manchons incandescents. L'électricité a tout remplacé au XXème siècle ; mais les angelots qui soutiennent les globes lumineux, d'un bout à l'autre de la nef, soulèvent encore la lumière un peu à contre-sens.

Sous les pieds des visiteurs, il y a le pavage. Celui-ci a changé un bon nombre de fois, comme on l'a vu. En 1903, M. Jolie dota son église de ces carreaux en silex verni qui garnissent partout le sol avec des variétés diverses pour marquer les allées ou pour enrichir le sanctuaire.

L'autel Saint-Joseph

Chaque nef latérale, à Sainte-Croix, fait face à un autel du XVIIème siècle. Celui du Sud, a gardé son intégrité : tombeau de lignes sévères avec croix de Malte : tabernacle en bois doré ; chutes de feuillage sur les côtés ; majestueuses colonnes de marbre noir, d'ordre dorique, qui soutiennent l'entablement du rétable. Au-dessus de la corniche, des ailerons portent le dais et la croix ; sous le dais s'abrite, tout rayonnant, le monogramme du Christ. Et comme toujours un tableau forme le fond du rétable, représentant le mystère de la Pentecôte ; cette toile est très ancienne, car, en 1812, on eut quelque peine à en réparer la vétusté.

L'autel de la Très Sainte Vierge

L'autel du côté Nord était de tout point semblable au premier. Toutefois sa toile, en 1812, fut jugée irréparable ; M. Maisonneuve, curé, en fit peindre une nouvelle. Or, en 1805, il avait établi dans son église la confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel : il commanda donc, pour l'autel de la Vierge, un tableau représentant le don du scapulaire au Bienheureux Simon Stock, tableau qui demeura en place jusqu'au début du XXème siècle ; il est conservé à la cure.

En 1903, en effet, l'autel de la Vierge fut profondément modifié : on creusa dans le mur du fond cette niche où fut dressé le trône de Notre-Dame de Bon-Secours qu'on y voit actuellement.

Notre-Dame de Bon-Secours

Pendant la première moitié du XIXème siècle, une statue en bois représentait la Vierge de la Saulzaie que l'on avait perdue. Cette statue, transportable, était souvent déplacée, spécialement au temps de la neuvaine rétablie en 1852 par M. Guilbaud. Son successeur, M. Lebrun, résolut de doter son église d'une nouvelle statue : celle-ci serait de marbre de Carrare ; un artiste de premier ordre, M. Cabuchet s'offrait à la sculpter ; dès 1862, il envoyait un modèle réduit de la Madone qu'il rêvait. Après tergiversations, le Conseil de Fabrique passa commande ferme en 1864. Le sculpteur se mit à l'oeuvre sur un bloc de marbre, qu'offrait l'empereur Napoléon III ; dès le milieu de 1865, il pouvait exposer son oeuvre dans son atelier parisien : la Presse en fit grand éloge. Aussi la statue fut-elle admirée de tous quand elle fut bénite à Sainte-Croix, le 15 août 1865, par M. Laborde, vicaire-général, qui deviendra évêque de Blois en 1877.

Voici comment la décrit M. le chanoine Larose, dans son bel opuscule sur Notre-Dame de Bon-Secours et Sainte-Croix de Nantes : « Sur un trône, comme une Reine, la Mère de Dieu est assise, tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus. Sous la couronne, la chevelure, séparée au milieu du front, va mêler ses ondulations aux plis gracieux du voile léger qui encadre le visage. Les paupières abaissées, les traits fins et délicats, les lèvres exquissant un sourire très doux, la Madone retient son Fils de la main droite et tend discrètement la main gauche vers ceux qui viennent l'implorer. Le Bel-Enfant, retenant son équilibre en enfonçant le genou gauche dans le giron de la Vierge et en appuyant la main gauche sur le bras maternel, fait de sa droite un geste charmant de bénédiction. De la Mère et du Fils se dégagent une expression d'une douceur infinie, un rayonnement de royale et divine bonté, une apaisante sérénité ».

Niche et autel

Où allait-on placer cette splendide statue ? Dès l'an 1865, l'architecte M. Nau proposait de lui construire une niche derrière l'autel. En 1881, M. Ferronnière exprimait le même désir. En attendant, la « Vierge au Bel-Enfant » demeurait sous un dais de velours bleu, comme un campeur sous sa tente. Enfin, en 1903, fut réalisé le voeu des architectes par leur successeur M. Etève.

Pour compléter le trône royal, il convenait d'assortir l'autel aux richesses artistiques qui le surmontent. Ce fut l'oeuvre du sculpteur nantais, M. Joseph Vallet. Un tombeau à l'antique forme la table : des liens de marbre serrent le sarcophage et se terminent par des ongles de griffons ; de riches mosaïques ornent de fleurs la face du tombeau, mosaïques qui se retrouvent sur les gradins et le tabernacle, C'est imposant et gracieux.

Affiliation

Dans le même temps où il faisait sculpter la nouvelle statue de Notre-Dame de Bon-Secours, M. Lebrun obtenait pour son église un trésor spirituel : il la faisait agréger au sanctuaire de Notre-Dame de Lorette. On en peut lire le témoignage parmi les ex-votos qui tapissent la muraille :

Affiliation de l'église paroissiale de Sainte-Croix de Nantes à la basilique insigne de Notre-Dame de Lorette. — Indulgence plénière quotidienne.

Les armoiries du pape Pie IX sont comme la signature de cette affiliation précieuse, affiliation que proclama M. Richard, vicaire général et futur cardinal, à la clôture de la neuvaine de 1864.

L'antique statue

En 1920, une autre statue bien précieuse aussi, prit place en l'église Sainte-Croix : c'est celle-là même qui jadis reçut les hommages des pèlerins dans la chapelle de la Saulzaie. On la croyait perdue depuis la Révolution. En fait, elle était demeurée cachée dans la famille Pion qui l'avait sauvée. Découverte par M. l'abbé Brault, elle fut transportée dans l'église le 21 novembre 1920 : M. Richeux, vicaire-général, l'y reçut solennellement. On la peut voir, dans son cadre du XVIIIème siècle, le long de la muraille, à gauche de l'autel.

Couronnement

Cette statue, en tuffeau, fut gravement atteinte par les bombes de 1944. M. Luneau, curé de ce temps, l'a soigneusement fait réparer. Sait-on que c'est elle que permit de couronner le pape Pie XI ? Dans sa lettre pastorale du 2 février 1932, Mgr Le Fer de la Motte écrivait en effet : « Deux couronnes devront être préparées pour l'antique statue de l'île Feydeau... Mais nous avons demandé à Notre Saint Père le Pape que la magnifique statue de marbre blanc... soit couronnée en même temps ». Celle-ci ne l'a donc été que par concomitance.

Et donc, le dimanche 26 juin 1932, ce fut le couronnement solennel de Notre-Dame de Bon-Secours, au nom du Souverain Pontife, par Mgr Gaillard, archevêque de Tours, assisté des évêques de Nantes, de Laval, de Luçon et de Diégo-Suarez. Dès 1852, M. Guilbaud avait souhaité ce couronnement ; son rêve était réalisé.

Consécration

En 1957, le 15 juin, l'église Sainte-Croix a été consacrée par Mgr Villepelet, évêque de Nantes, qu'accompagnaient Mgr Ferrand, archevêque de Tours, et qu'entourait un nombreux clergé. Ce jour-là, Mgr l'évêque de Nantes accomplissait sa cinquantième consécration d'églises ou chapelles dans son diocèse.

L'autel de Notre-Dame de Bon-Secours a été consacré dans la même occasion : rien ne lui manquera plus pour être le « lieu saint » de la piété nantaise.

Ainsi se trouve sanctifié par les rites liturgiques ce monument construit au XVIIème siècle, complété d'un choeur au XIXème, largement et artistiquement réparé au XXème, sous la direction de M. Chaignon, curé depuis 1955, grâce à la bienveillance de la municipalité que préside M. Henri Orrion, grâce aussi à la générosité des paroissiens qui aiment leur église et en font le centre aimé de leur vie religieuse. (J.-B. RUSSON).

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