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L'Enseignement classique à Nantes pendant Révolution et jusqu'à l'ouverture du Lycée en 1808

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L'Oratoire. - Le Collège de Nantes - L'Institut National.

I.

L'enseignement secondaire, au moment où éclatait la Révolution, était donné dans notre ville par les Pères de l'Oratoire.

Leur établissement datait de 1621.

Il constituait la Faculté des Arts, l'une des trois qui formaient l'Université de Nantes ; les deux autres étaient la Faculté de théologie et la Faculté de médecine.

L'enseignement de l'Oratoire était donné suivant le programme qui, dans ses grandes lignes, a été suivi pendant le XIXème Siècle. Les classes étaient au nombre de huit, à savoir : la physique, la logique, la rhétorique, seconde, 3ème, 4ème, 5ème et 6ème.

La communauté possédait une fortune en biens fonds évaluée à 500,000 livres, mais la rente de cette somme ne suffisait pas pour subvenir aux besoins de la maison, et la ville lui accordait une subvention de 5,500 livres. Les Pères de l'Oratoire se laissèrent entraîner dans le courant des idées nouvelles et, le 21 janvier 1791, le préfet et les douze professeurs se présentaient devant la municipalité pour prêter le serment civique.

La loi du 11 octobre 1791 prononça la dissolution des congrégations religieuses, mais elle laissa aux congréganistes la faculté de continuer leur enseignement à titre privé.

Les Pères maintinrent donc leur établissement et se bornèrent à modifier leur programme, de manière à donner satisfaction aux idées du jour.

Il n'est pas sans intérêt d'entrer dans quelques détails sur ce programme, pour les différentes classes :

Sixième. - Pour être admis dans cette classe, il fallait avoir déjà une teinture de la langue latine.

On y enseignait la religion, la Constitution mise à la portée des enfants, les premiers éléments de la géographie, l'histoire sainte, l'orthographe et les principes des langues française et latine.

Cinquième. - La religion, le catéchisme de la Constitution, la géographie de l'Asie, l'histoire ancienne, l'orthographe et les principes des langues française et latine.

Quatrième. - La religion, le catéchisme de la Constitution, la géographie de l'Afrique, l'histoire romaine, l'orthographe, les principes des langues française et latine avec les éléments de la versification latine.

Troisième. - La religion, la Constitution decrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le Roi, la géographie de la France par provinces, l'histoire de France depuis les Francs dans les Gaules jusqu'à François Ier, les langues française et latine, la versification.

Seconde. - La religion, la Constitution, l'histoire de France, depuis François Ier jusqu'à Louis XVI, premier Roi constitutionnel de France, la géographie de la France par département, les principes des lettres et de versification françaises. On perfectionne les élèves dans la connaissance des langues latine et française.

Rhétorique. - La religion. La Constitution, l'éloquence, la poésie.

Logique. - La religion, la Constitution, les mathématiques.

On donne en français les leçons de logique, métaphysique et morale.

Physique. - La religion, la Constitution, la physique et les mathématiques.

Nous avons tenu à donner le texte même du prospectus pour bien fixer les idées au sujet de l'enseignement tel qu'il était donné au moment de la Révolution.

Quelques articles du prospectus sont intéressants à citer.

La pension alimentaire est de 500 livres, y compris les frais de la Bibliothèque uniquement consacrée à l'usage de MM. les Ecoliers, y compris les plumes, papier, encre, chauffage, lit, poudre et façon des cheveux, gages des femmes qui peignent tous les jours chaque pensionnaire.

Ces derniers doivent apporter une malle garnie des effets nécessaires, un couvert et un gobelet d'argent, deux paires de drap, deux peignoirs et deux peignes.

Le pupitre est payé 9 livres, et on se charge du blanchissage moyennant 21 livres par an.

MM. les pensionnaires peuvent tous les quinze jours aller diner en ville chez leurs parents ou correspondants, mais ils doivent rentrer le soir à 5 heures en hiver et à 7 heui es en été.

Le prospectus fait mention de Fouché comme principal du collège.

Messieurs de l'Oratoire, comme on appelle les anciens Pères, vivent comme par le passé, en bonne intelligence avec la municipalité. Celle-ci, toujours fidèle aux traditions, délègue deux de ses membres pour assister aux examens trimestriels. Le Maire préside la distribution annuelle des prix.

Le registre des délibérations de la municipalité rend compte en ces termes de la distribution des prix qui eut lieu le 31 août 1792.

Le Maire et plusieurs membres du Conseil, qui s'étaient rendus à l'Oratoire pour assister aux exercices et à la distribution des prix, sont rentrés avec ceux de Messieurs les éléves qui ont obtenu les prix d'honneur.

Ils étaient précédés d'une musique militaire et accompagnés d'un nombre prodigieux d'habitants.

Chacun ayant pris place, les noms des élèves ont été proclamés et inscrits en leur présence sur le registre de la commune.

Prix d'Honneur

MŒURS.

Philosophie: H. Giraud.

Rhétorique : Pierre La Cantrie.

Seconde : François Boucher.

Troisième : Le Lasseur.

Quatrième : Laurent Baudry.

Cinquième : J.-B. Demolo.

Sixième : J.-B. Palloy.

TALENTS.

Philosophie : Joseph de la Ville.

Rhétorique : Pierre La Cantrie.

Seconde : François Boucher.

Troisième : Pierre Douillard.

Quatrième : P. Lasalle, Louis Demolon.

Cinquième : J.-B. Demolon.

Sixième : François Perrois.

Le Prix d'Honneur pour les mœurs était accordé à l'élève qui avait exécuté le plus exactement les règlements du Collège, qui avait montré l'application la plus suivie et s'était le mieux concilié l'estime de ses condisciples par sa franchise, sa générosité, sa douceur et sa politesse.

Le Prix d'Honneur pour les talents était donné à l'élève qui paraissait le plus instruit dans les principes de la Religion, de la Morale, de la Constitution, et qui, en un mot, avait donné le plus de preuves signalées et soutenues de talents et de connaissances.

Comme on le voit par la distinction du Prix d'honneur en prix de mœurs et prix de talents, on faisait une grande part à l'éducation, une part égale à celle qui était accordée à l'instruction, et le fait tout matériel de mettre au premier rang les prix des mœurs est un indice non équivoque des tendances que l'on avait de mettre les qualités du cœur et la valeur morale au-dessus des qualités de l'esprit et de la valeur intellectuelle.

II.

La loi du 11 octobre 1791, en même temps qu'elle prononçait la dissolution des Congrégations religieuses, mettait leurs maisons d'enseignement classique sous l'autorité des autorités départementales.

C'était donc à ces administrations qu'il appartenait désormais de réformer cet enseignement et de le modifier, en vue de répondre aux idées du jour et aux besoins de la nouvelle société.

Le 27 juillet 1792, la municipalité est saisie par l'autorité supérieure d'un projet de programme dont Fouché est l'auteur, et charge de l'examiner une Commission dont font partie Giraud, maire ; Soulastre, Lefèvre et Delaville.

Dans la séance du 1er août, cette Commission donne connaissance de son rapport et du plan d'études qu'elle propose.

L'autorité supérieure y introduit quelques modifications et, dans la séance du 19 octobre, quelques jours avant la réouverture du collège, la municipalité approuve le plan définitif qui lui est soumis et dont voici les principales dispositions :

L'année scholastique (sic) est divisée en deux semestres. Le premier va du 11 novembre au mardi de la Semaine-Sainte ; le deuxième, du mercredi après Pâques, jusqu'au 1er septembre (art. 1 et 3).

Les mathématiques, étant la meilleure logique qu'on puisse offrir à l'enfantement de la raison, seront enseignées dans toutes les classes. Loin de retarder la marche des autres sciences, elle la rendra plus sure et plus rapide en donnant l'intelligence plus de méthode et plus de perfection (art. 7).

Il y a congé dans l'après-midi du diner le mardi et toute la journée du jeudi (art. 9).

Il n'y a de congés extraordinaires que les quatre jours qui précédent le premier vendredi de Carême ; le congé de la Liberté, fixé pour le département au 20 juin le congé de la Fédération, le 14 juillet, et le congé de l'Egalité, le 4 août (art. 11).

Toutes les punitions corporelles sont supprimées (art. 13).

Tous les trois mois, le principal, accompagné du suppléant et du professeur, visite chaque classe et l'examine sur toutes les parties des études, sur la Religion, la Morale et la Constitution. Il est dressé procès-verbal devant deux membres au moins de la municipalité des résultats de ces examens et les résultats sont proclamés au jour de la distribution des prix (art. 17).

Les élèves de philosophie, de rhétorique et de seconde rendent compte de leurs travaux dans des examens publics annuels (art. 18).

Les pièces dramatiques sont supprimées (art. 20).

Le programme de l'enseignement comprend :

Un premier et un deuxième cours de mathématiques pour les élèves qui se destinent à la marine, et un troisième pour ceux qui veulent embrasser la carrière commerciale.

Un cours de chimie et de physique expérimentale.

Un cours de logique et de morale, auquel se trouvent réunis les principes de la Religion et le développement des Droits de l'Homme.

Des cours d'histoire naturelle, littérature française, éloquence, histoire, géographie.

Deux cours de langue française.

Trois cours de langue latine.

Enfin un cours de commençants.

Ces divers cours sont répartis entre huit professeurs.

Le citoyen Noyer, qui remplace comme principal Fouché, nommé membre de la Convention Nationale, est chargé des suppléances. Appointements 1.800 fr.

Le citoyen Brayer doit suppléer soit le principal, soit l'un ou l'autre des huit professeurs. Ses fonctions exigent une activité continue. Appointements ; 1.800 livres.

Le citoyen Petit est chargé des cours suivants : Logique, morale, développement des Droits de l'Homme, principes de la religion et premier cours de mathématiques ;  1.800 livres.

Le citoyen Deperret : Chimie, physique expérimentale, deuxième cours de mathématiques ; 1.800 livres.

Le citoyen Lachaux : Littérature française, éloquence ; 1.800 livres.

Le citoyen Giraud Histoire, géographie, principes de la religion ; 1.800 livres.

Le citoyen Biscarat : Troisième cours de langue latine, deuxième de langue française ; 1.600 livres.

Le citoyen Defaye : Histoire naturelle, troisième cours de mathématiques ; 1.600 livres.

Le citoyen Ruelle : Deuxième de langue latine, commençants, principes de la religion ; 1.400 livres.

Il y a quatre cours par jour : deux le matin, de 8 à 11 heures, et deux le soir, de 2 à 5 heures.

La Commission ne cache pas son contentement de l'œuvre qu'elle a produite et du plan d'enseignement qu'elle a conçue, et son rapporteur s'exprime ainsi qu'il suit :

L'instituteur, en s'emparant de l'ouvrage de la nature, doit oser, pour ainsi dire, en retoucher la forme et les proportions.

Il faut que, sans effacer les traits originaux, il les adoucisse pour la société.

Il faut que l'homme indépendant ne soit plus, en sortant de ses mains, qu'un citoyen libre.

Le même instituteur doit donc apprendre aux élèves ce qu'ils doivent à la société et ce qu'ils sont en droit d'exiger d'elle.

La nouvelle distribution des diverses parties de l'instruction commune présente un caractère frappant d'utilité.

Jusqu'ici, l'étude progressive du latin a semblé faire l'unique objet de l'enseignement.

Désormais, la division des divers objets de l'enseignement sera telle qu'ils pourront ne s'appliquer qu'aux sciences relatives à leur goût et à leur destination.

Vous aurez, citoyens, à vous féliciter d'avoir les premiers fait disposer un système d'éducation qui, de jour en jour, contraste davantage avec nos mœurs renouvelées et le progrès de nos lumières.

L'instruction ne consistera plus dans des notions vagues et insignifiantes.

Les élèves du département, et spécialement de notre cité, apprendront dans leur enfance ce qu'ils doivent savoir étant hommes.

Ils acquerront les connaissances solides et d'un usage effectif.

Vous aurez encore à vous féliciter d'avoir fait tout ce qu'il était en votre pouvoir pour disposer la jeunesse à se rendre digne des fonctions importantes auxquelles la Patrie les destine.

Leurs parents, attendris, béniront leurs magistrats de les avoir fait jouir d'une des plus précieuses ressources que doit leur offrir la société.

Ils y trouveront la compensation des sacrifices qu'ils ont si généreusement faits pour la Patrie.

Les instituteurs, sensibles au tendre intérêt que vous leur avez témoigné, aux soins touchants que vous avez pris d'exciter l'émulation de leurs jeunes élèves, n'oublieront pas qu'on leur prescrit de grands devoirs.

Vous cherchez encore à leur procurer l'inestimable avantage de se rendre plus utile.

Comme on le voit par cet emphatique exposé, l'enseignement ainsi réorganisé par nos administrations locales est l'objet d'une nouvelle orientation. Les mathématiques y prennent, au détriment des belles lettres, une large place, une place qui leur avait été refusée jusqu'à ce moment, et lui donnent un caractère plus utilitaire que classique.

C'est d'ailleurs dans cet esprit, dans ce courant d'idées, que la réforme de l'enseignement national est étudiée dans les sphères gouvernementales.

La rentrée a lieu le 11 novembre 1792 (21 brumaire an II).

Le Collège de l'Oratoire est réquisitionné pour le service de l'armée des côtes de Brest, et les écoliers doivent se contenter, pour recevoir leurs leçons, des appartements de l'hôtel d'Aulx, qui est un bien national.

Le principal, Noyer, ne tarde pas à être remplacé par le professeur Poirier, puis par Praslon.

Entre temps, le Collège de Nantes change de dénomination et reçoit celle d'Institut national.

La carrière de l'établissement se poursuit sans incident, comme sans grand éclat.

Son existence est des plus précaires. Il est misérablement subventionné. Une somme de 400 fr. seulement lui est allouée par an pour les frais d'entretien. Le personnel se réduit au concierge, qui touche un salaire de 400 fr. Une subvention de 400 fr. est accordée pour les prix de l'an II. Il n'est dépensé que 381 livres 10 sols, et l'excédent est absorbé par les besoins du cabinet de physique.

La distribution des prix est toujours l'objet d'une certaine solennité et, suivant la tradition, la liste des lauréats continue à être imprimée et affichée sur les murs de la ville.

L'Institut national ferme ses portes le 10 messidor an IV.

Une Ecole centrale, fondée en conformité de la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), est prête à recevoir les élèves pour la rentrée des classes.

Les anciens Membres de l'Oratoire, qui avaient continué à professer, réclament qu'il leur soit fait délivrance des effets que la loi du 18 août 1792 reconnaît être leur propriété. La municipalité, dans sa séance du 14 février 1793, leur accorde trois paires de draps et un couvert d'argent.

Société polysophique.

Avant de poursuivre plus avant notre tâche, il y a lieu de revenir à notre point de départ, pour faire connaissance avec un essai assez fantaisiste de réforme scolaire.

En présence du bouleversement si radical dont l'état social et l'état politique du pays venaient d'être l'objet, le régime de l'enseignement ne pouvait manquer d'être l'objet de quelques tentatives de la part des novateurs.

Un certain Trioche, professeur de langues et maître de mathématiques, s'inspirant d'un essai pratiqué à Paris, essai qui rompait avec les traditions sévères des anciennes congrégations, a l'idée de fonder dans notre ville une Société polysophique ou Ecole des sciences agréables et utiles.

Le 10 mars 1790, le dit Trioche se présente devant la municipalité et lui expose son programme de réforme. scolaire. Il reçoit un accueil très favorable et une Commission est nommée pour examiner le prospectus, qu'il dépose sur le bureau, et en présenter un rapport.

Aucune démarche n'est négligée par Trioche qui, le 4 août suivant, met le Directoire du département au courant de sa tentative. Une lettre des plus encourageantes lui est adressée par l'autorité départementale. Elle est conçue en ces termes :

Il est bien digne d'un citoyen aussi patriote que vous, Monsieur, de s'occuper d'un objet d'une utilité aussi reconnue que celui de refaire l'éducation publique, lorsque notre bienfaisante Constitution crée un nouvel ordre de choses. Il est nécessaire, sans doute, qu'il se forme une nouvelle marche dans l'instruction sociale.

Depuis longtemps, la raison s'élève contre le cours des études actuelles.

Il faut s'attendre que des hommes ramenés à la liberté s'empressent de faire jouir la postérité naissante des avantages précieux qui pourront leur apprendre à la détendre et à la conserver.

Nous désirons, Monsieur, bien sincèrement que votre projet obtienne le succès qu'il mérite.

Il ne dépendra pas au moins de nous qu'il soit bien accueilli, et vous pouvez être assuré que nous le seconderons de tous nos efforts.

Recevez nos remerciements de la communication que vous nous en faites et l'assurance du sincère attachement avec lequel nous sommes, Monsieur, vos très humbtes et très obéissants serviteurs.

Les Membres du Directoire de département : ANNE-PlERRE COUSTARD, Président ; PIERRE GREFFIER, assesseur.

La Société des Amis de la Constitution, à laquelle, dans la séance du 11 août, Trioche donne lecture de son projet de Société ou Académie polysophique, consigne, dans son procès-verbal, qu'elle applaudit à cette tentative, qui présente « les moyens d'étendre et perfectionner à peu de frais l'éducation publique en cette ville, et qu'elle fait des vœux pour une prompte exécution ».

Le prospectus, qui expose le nouvel enseignement, est largement répandu en ville. En voici le préambule :

Le flambeau de la saine philosophie vient enfin de dissiper les ténèbres épaisses dans lesquelles la France était plongée depuis tant de siècles.

L'homme reconnaît ses droits et la plus belle Constitution vient d'effacer pour jamais cette ligne humiliante de démarcation qui fixait des distinctions absurdes entre le citoyen et le citoyen, entre le frère et le frère.

La voix de la raison, si longtemps étouffée par les cris tumultueux des préjugés et de l'erreur, se fait entendre avec force, et l'auguste Sénat que nous avons mis à notre tête vient de poser sur les ruines de l'esclavage la base éternelle de la liberté et de l'égalité françaises.

Le sous-titre d'école de toutes les sciences utiles et agréables que Trioche donne à sa Société polysophique est pleinement justifié, comme on peut en juger par la copieuse énumération des cours variés qu'il se propose d'organiser :

Lundi, mercredi et vendredi :

- de 9 h. 1/2 à midi : Littérature, langue française, mathématiques, flûte, allemand, composition.

- de midi à 2 heures : Ecriture, arithmétique, tenue des livres, latin, langue italienne, armes, violon.

- de 3 h. 1/2 à 6 heures : Physique générale, géographie, clarinette, violoncelle, forte piano.

- de 6 heures à 9 heures : Le lundi : concert. - Le mercredi : assaut général. - Le vendredi : répétition de danse.

Mardi, jeudi et samedi :

- de 9 h. 1/2 à midi : Logique (en français), dessin, langue hollandaise, cor, hautbois.

- de midi à 2 heures : Ecriture, arithmétique, tenue des livres, latin, langue espagnole, alto, danse.

- de 3 h. 1/2 à 6 heures : Physique expérimentale, histoire, basson, harpe, chant.

La réforme est complète. Le mot de pension ne figure pas dans le prospectus et il n'y est plus question que d'un abonnement.

Cet abonnement est fixé a 200 livres, et les cent premiers abonnés reçoivent le titre d'abonnés fondateurs et ne payent que 150 livres.

On peut s'abonner à la bibliothèque seulement et on ne paie que 30 livres par an.

Pour un abonnement aux concerts, c'est 36 livres, et, poursuivre un seul cours, le tarif est de 12 livres par an.

Un comité formé, par 5 commissaires désignés par les souscripteurs fondateurs et par 5 des maîtres, doit avoir pour mission de discuter les questions ayant pour objet le bon ordre de la Société et la recherche des moyens de la rendre plus utile et plus intéressante.

L'ouverture de l'Académie polysophique a lieu le 29 novembre. La municipalité s'empresse de déférer à l'invitation qui lui est faite d'y assister et, pour témoigner à Trioche toute sa sympathie, désigne neuf de ses membres pour le représenter.

Trioche, toujours soucieux de se concilier les bonnes grâces de l'autorité municipale, soumet à son approbation, dans la séance du 14 février 1791, un règlement de police intérieure. Ce règlement ne semble pas être bien efficace, car il se voit dans la nécessité de faire appel au concours de la municipalité pour aplanir les difficultés qu'il a avec des abonnés. La municipalité se borne à lui donner acte de sa démarche, ce qui prouve qu'elle commençait à se désintéresser de l'œuvre, laquelle, d'ailleurs, ne semble avoir eu qu'une existence éphémère.

Nous n'avons en effet trouvé aucun document relatif au fonctionnement de cette institution.

Les Etrennes nantaises, de Vve Despilly, pour les années 1792 et 1793 en font toutefois encore mention, mais c'est une indication qui n'est pas de nature à être invoquée comme un document bien sincère.

Cette institution fantaisiste avait élu domicile dans l'hôtel de Bec-de-Lièvre, rue Bossuet (rue de Briord).

 

Ecole Centrale.

L'Ecole Centrale de Nantes a été l'objet d'une étude approfondie d'un de nos regrettés collègues, M. Morel, dans les Annales de 1882.

Nous nous bornerons donc, pour ne pas laisser une lacune dans notre travail, à ne traiter la question que dans ses grandes lignes, non sans présenter quelques documents nouveaux.

Un décret du 7 ventôse an III (25 février 1795) portait établissement d'écoles centrales pour l'enseignement des sciences, des lettres et des arts. Ce décret, qui constituait la première œuvre du pouvoir législatif en fait d'enseignement secondaire, ne fut l'objet d'aucune tentative de réalisation dans notre département.

Un autre décret, celui du 3 brumaire an IV (25 octobre 1793), qui avait pour objet la réorganisation générale de l'enseignement, consacrait un de ses titres à une nouvelle réglementation dont nous donnons ci-après les principales dispositions :

Article premier. - Il sera établi une Ecole centrale dans chaque département.

Art. 2. - L'enseignement sera divisé en trois sections.

Art. 3. - Les élèves ne seront admis au cours de la 1ère section qu'après l'âge de 12 ans ; aux cours de la 2ème section qu'après l'âge de 14 ans ; aux cours de la 3ème section qu'après l'âge de 16 ans accomplis.

Art. 4. – Il y aura, près de chaque Ecole centrale, une bibliothèque publique, un jardin, un cabinet d'histoire naturelle et un cabinet de chimie et de physique expérimentale.

Art. 5. - Les professeurs des Ecoles centrales seront examinés et élus par un jury d'instruction publique.

Art. 7. - Le salaire annuel de chaque professeur est le même que celui d'un administrateur de département.

Il sera, de plus, réparti entre les professeurs le produit d'une rétribution annuelle qui sera déterminée par l'Administration du département, mais qui ne pourra excéder 25 livres par chaque élève.

Art. 8. - Pourra néanmoins l'Administration du département exempter de cette rétribution un quart des élèves de chaque section, pour cause d'indigence, etc., etc.

L'Administration départementale désigne, pour faire partie du jury institué par l'article 5, 0. de Gay, ingénieur de la marine, président ; Laënnec, secrétaire ; Richard, Athenas, Cantin, Marion, Peccot, Crucy aîné, Gedouin, J.-B. Huet.

Le corps des professeurs se répartit l'enseignement ainsi qu'il suit :

1ère Section.
Histoire naturelle : Lemeignen.
Langues anciennes : Bonnement.
Dessin : Lamarie.

2ème Section.
Mathémathiques : Baret.
Physique et chimie : Darbefeuille.

3ème Section.
Histoire : Mellinet aîné.
Grammaire générale : Poirier.
Littérature : Renou.
Législation : Rollin.

Bibliothécaire : Bonnard.

Le préfet, par arrêté en date du 17 prairial an IV, affecte aux cours de l'Ecole centrale les bâtiments de l'ancien couvent des Ursulines, et adresse au Ministère les plans et devis des réparations et aménagements nécessaires.

L'installation des professeurs a lieu le 1er messidor suivant.

L'Administration départementale avait chargé Poirier, professeur de grammaire générale, du soin d'organiser la séance d'installation et lui avait écrit en ces termes :

L'Administration désirerait donner à cette installation une solennité convenable, mais les circonstances l'obligent à renoncer à toute pompe étrangère et à abandonner aux arts le soin de leur propre gloire.

Professeur d'une science qui les embrasse toutes, c'est à vous qu'il appartient de leur ouvrir la carrière et de célébrer ce jour où le gouvernement leur consacre un temple au milieu de nous.

Les professeurs sont installés au cours de la séance publique de l'Administration départementale.

La séance est présidée par Francheteau, président de l'Administration départementale, lequel est assisté de Clavier, Légal, Gourlay et Poton. Est présent le citoyen Letourneux, commissaire du Directoire exécutif.

Le président Francheteau, le premier, porte la parole, puis se font entendre le citoyen Rollin, au nom du jury d'instruction publique, et enfin le professeur Poirier.

Sur réquisition du commissaire du Directoire, l'Administration départementale décide que les trois discours seront imprimés, adressés au Ministre de l'Intérieur, à tous les départements de la République et distribués aux membres des autorités constituées du ressort et aux citoyens composant le jury pour l'Ecole centrale et les Ecoles primaires.

Dès les premiers mois du fonctionnement de la nouvelle école, on reconnut que l'innovation n'était pas heureuse et que la réforme était manquée.

La direction et la surveillance de l'enseignement appartenaient, sous le contrôle de l'Administration départementale, au jury de l'instruction publique, dont la mission était des plus difficiles à l'égard du personnel enseignant.

En outre, les professeurs étaient tous placés sur le même rang et n'avaient d'autre tâche que celle de donner leurs leçons. Un seul avait une attribution spéciale et de tout second ordre, celle de tenir le registre des inscriptions. Il n'y avait donc pas dans la direction de l'enseignement l'unité de vue et d'action qui s'impose. D'un autre côté, c'était l'autorité départementale qui, directement, au moyen de ses bureaux, s'occupait de la partie administrative. C'était elle qui prenait toutes les décisions que réclamaient les réparations de l'immeuble, les acquisitions, les aménagements, etc. C'était, elle qui avait sous ses ordres immédiats le personnel de l'école, lequel, pour notre ville, se réduisait au bibliothécaire, au jardinier et au portier.

Etant donné l'anarchie qui régnait dans les affaires du pays, aucun effort ne fut tenté par le Pouvoir central pour porter un remède à la situation. Tout fut laissé à l'abandon. L'affectation définitive des bâtiments des Ursulines ne put, malgré les instances de l'autorité départementale, être consacrée par une mesure législative. Chacun en prenait à son aise, les professeurs comme les élèves. Le registre des inscriptions n'était pas même tenu à jour. Sur la réclamation des parents, la rétribution des élèves fut abaissée de 25 à 16 livres. Les ressources manquaient pour parer aux dépenses les plus indispensables. Les professeurs étaient payés d'une façon fort irrégulière et certains durent implorer l'appui de l'autorité supérieure pour se soustraire aux rigueurs du fisc pour non paiement de leurs contributions.

Le programme de l'enseignement même était conçu dans un ordre d'idées tout différent de celui qui avait été suivi par les anciennes Congrégations. Il ne présentait aucun plan d'ensemble, aucun ordre méthodique, aucune suite nécessaire. Les matières enseignées n'avaient entre elles aucune corrélation forcée, de sorte que les pères de famille avaient toute facilité pour diriger l'instruction de leurs enfants et la doser à leur convenance ou suivant les circonstances.

Les enfants, pourvu qu'ils eussent l'âge requis, pouvaient se faire inscrire pour le cours de la 2ème section sans qu'ils aient suivi ceux de la 1ère ; pour ceux de la 3ème sans avoir passé par ceux de la 1ère et de la 2ème. Ils avaient même faculté de ne suivre qu'un seul cours d'une section.

Aussi l'enseignement humanitaire fut-il entièrement sacrifié au profit de l'enseignement utilitaire. Les cours dont les matières étaient demandées pour l'entrée de certaines carrières furent tout particulièrement recherchés ; alors les classes où se donnait l'enseignement classique, cet enseignement si cher à la génération précédente, furent abandonnés.

On peut facilement se rendre compte de la fausse orientation qui fut ainsi donnée à l'instruction de la jeunesse par le tableau suivant.

Les chiffres qui le composent sont ceux qui figuraient sur les palmarès des prix :

Dessin : 150 ; AN VIII : 153 ; AN XI : 114.

Langues anciennes : 55 ; AN VIII : 46 ; AN XI : 43.

Histoire naturelle : 12 ; AN VIII : 37 ; AN XI : 9.

Mathématiques (arithmétique, géométrie, algèbre, statique) : 122 ; AN VIII : 123 ; AN XI : 102.

Physique et chimie : 25 ; AN VIII : 19 ; AN XI : ....

Grammaire générale : .... ; AN VIII : 25 ; AN XI : 12.

Belles-Lettres (littérature, éloquence, poésie) : 25 ; AN VIII : 15 ; AN XI : 27.

Dans certaines années, comme on le voit, il n'y eut pas de prix pour quelques cours, faute d'un nombre suffisant d'élèves. Il y eut même des cours, comme ceux d'histoire, de géographie, de législation, qui furent à peine professés, par suite du manque d'élèves.

L'avènement du Gouvernement consulaire vint enfin mettre un terme à ce triste état de choses et, grâce à la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802), les traditions de l'ancien enseignement furent reprises.

Cette loi, en effet, instituait deux catégories d'établissements, les lycées et les écoles secondaires, en même temps qu'elle ordonnait la suppression immédiate des écoles centrales.

La fermeture de l'école centrale de Nantes eut lieu le 1er messidor an XI, sans même attendre la fin de l'année scolaire.

Plusieurs des professeurs obtinrent du préfet l'autorisation de continuer leurs cours jusqu'au 30 fructidor, terme de l'exercice scolaire.

Ils ne réclamaient aucune rémunération, mais ils pensaient se désigner par cet acte de désintéressement à l'attention des autorités universitaires lorsque le moment serait venu d'organiser les lycées et de former le corps de leurs professeurs.

 

Les Ecoles secondaires.

La suppression susdite de l'école centrale ne laissa pas, en effet, les pères de famille dans l'embarras. Si la loi du 10 floréal resta lettre morte pour notre ville pendant plusieurs années au sujet de la création d'un lycée, elle fut, par contre, mise en application presque immédiate au sujet des écoles secondaires, et un arrêté des Consuls du 5 frimaire an XI érigeait en écoles secondaires six maisons d'éducation fondées par des particuliers, lesquelles avaient fait leurs preuves.

Nombreux avaient été les parents qui n'avaient pas eu confiance dans l'orientation nouvelle donnée par l'Ecole centrale à l'enseignement, et qui restèrent fidèles aux traditions du passé.

Des maisons d'éducation s'étaient formées pour recevoir leurs enfants. Il suffisait aux fondateurs de ces maisons de prêter le serment d'adhésion à la Constitution de l'an III et de jurer haine à la royauté et à toute espèce de tyrannie.

L'une de ces maisons, l'Institut des Amis réunis, acquit une grande notoriété. Sa création remontait à l'an IV, à l'époque où fut formée l'Ecole centrale. Cinq professeurs de talent : Dufo, Guenier, Masure de la Lande, Villenave et Baret en furent les fondateurs. Ils reçurent de l'Administration un accueil d'autant plus sympathique qu'ils s'engageaient à recevoir gratuitement quatre enfants présentés par elle.

L'institut donna pleine satisfaction aux familles, et l'Administration apprécia à ce point les services qu'il rendait, qu'elle lui accorda, au cours de l'an VIII, la jouissance avec bail de l'immeuble des Oratoriens, devenu disponible. C'est l'hôtel de la Gascherie, rue de la Commune, qui avait vu les débuts de cette institution.

L'établissement, si on en juge par la variété et le nombre des prix donnés chaque année, sembla ne le céder en rien à l'Ecole centrale. La distribution des prix était, d'ailleurs, fort solennelle. La municipalité y déléguait plusieurs de ses membres et, comme pour l'Ecole centrale, le palmarès était imprimé sous forme de placard et affiché en ville.

La loi du 11 floréal an X ne contenait que des dispositions sommaires au sujet des écoles secondaires. Elle ne faisait guère qu'en établir le principe.

Aux termes de l'article 6, devait être considérée comme une école secondaire toute école établie, soit par les communes, soit par les particuliers, où l'on enseignait la langue latine et française, les premiers éléments de la géographie, de l'histoire et des mathématiques.

Le gouvernement (art. 7) s'engageait à encourager ces écoles, soit par la concession d'un local, soit par la distribution de places gratuites dans les lycées et par des gratifications aux 50 maîtres de ces écoles qui auraient eu le plus d'élèves admis dans les lycées.

Les 6 établissements particuliers que l'arrêté de frimaire an XI érigea en écoles secondaires étaient les suivants :

1° L'Institut des Amis réunis, qui avait acquis une véritable notoriété, et qui, pour ne pas porter ombrage à l'Ecole centrale, école officielle, se contentait du titre d'école intermédiaire entre l'école primaire et l'Ecole centrale ;

2° L'école du Bon-Pasteur avec pensionnat et demi-pensionnat, rue Galilée (rue du Calvaire), dirigée par Darbefeuille aîné, ancien professeur du collège d'Ancenis ;

3° L'école de Conan et Guenezec, rue Vandick, 50 (rue Rubens) ;

4° L'école Tulève ;

5° L'école Rouzic, 4, rue Sully ;

6° L'école Etienne et Guenier, rue Paré, 18.

On peut regarder ces établissements comme ayant, au milieu de la période révolutionnaire et en dépit des tentatives des réformes officielles, maintenu dans notre ville les traditions de l'enseignement classique.

Quelques mois après leur érection en écoles secondaires, en floréal an XI, le préfet procédait à une inspection. Les Amis réunis comptaient 130 élèves ; Tulève, 40 ; Rouzic, 60 dont 45 pensionnaires. A ce moment, l'Ecole centrale était encore ouverte, ses élèves étaient au nombre d'environ 200.

Deux décrets du 19 vendémiaire an XII vinrent réglementer d'une façon plus précise que ne l'avait fait la loi de l'an X, les conditions d'existence et de fonctionnement des écoles secondaires, que l'opinion publique avait accueillies favorablement et qu'il importait d'organiser, car bien des difficultés se présentaient pour une mise en marche immédiate des lycées.

Le premier de ces deux arrêtés se bornait à exiger qu'une école secondaire devait, pour être reconnue, avoir au moins trois professeurs dont l'un pouvait être le directeur, et 50 élèves, pensionnaires ou externes.

Le deuxième arrêté ne contenait pas moins de 60 articles.

L'école devait être dirigée par un Conseil d'administration que devaient composer les autorités locales et quelques notables.

Un pensionnat pouvait être adjoint à l'école, mais il devait être mis à la charge du directeur dans les conditions déterminées par le Bureau d'administration.

Il devait y avoir une place gratuite par 25 pensionnaires.

Les vacances commençaient le 15 fructidor pour finir le 15 vendémiaire (du 7 septembre au 7 octobre).

L'enseignement, tant pour les lettres que pour les mathématiques, était divisé en six classes, savoir 6ème, 5ème, 4ème, 3ème, 2ème et 1ère.

On devait faire deux classes par année et deux examens de passage avaient lieu, l'un au 1er germinal, l'autre au 15 fructidor.

Quand l'école était réduite au minimum de personnel, c'est-à-dire à 3 professeurs, l'enseignement ne pouvait comporter que les classes suivantes les 6ème et 5ème de lettres, qui étaient faites par un premier professeur ; les 4ème et 3ème de lettres, qui étaient professées par le deuxième maître, et enfin les 6ème et 5ème classes de mathématiques qui étaient faites par le 3ème professeur.

Un quatrième professeur donnait droit à l'ouverture des 2ème et 1ère classes de lettres.

S'il y avait cinq professeurs, on pouvait joindre au programme ci-dessus les 4ème et 3ème classes de mathématiques (géométrie, astronomie, statique).

Les belles-lettres étaient enseignées quand l'école comptait six professeurs.

Avec sept professeurs, on avait la faculté d'établir les 2ème et 1ère classes de mathématiques ou plutôt de sciences (éléments d'algèbre et de chimie, trigonométrie, application de l'algèbre à la géométrie, éléments de minéralogie, physique, électricité, magnétisme).

Quand on atteignait le chiffre de huit professeurs, l'enseignement était le même que celui des lycées.

Les élèves pensionnaires portaient un uniforme : habit ou redingote en drap vert doublé de la même couleur, avec collet et parement de couleur ponceau et boutons blancs en métal, chapeau rond jusqu'à 14 ans, et après cet âge, chapeau français.

A la fin de l'année, il y avait des examens publics. La distribution des prix avait lieu le 14 fructidor.

Un décret impérial du 31 janvier 1806 érige en école secondaire particulière la maison d'éducation tenue à Machecoul par le sieur Dubuisson.

L'ouverture de l'école a lieu le 30 avril 1806.

Sur la demande de Dubuisson, le préfet, le 11 juin 1807, institue conformément à l'arrêté du 12 vendémiaire an XII un Bureau d'administration.

Le règlement adopté par ce Bureau d'administration renferme quelques détails qui donnent sur l'état des esprits et les mœurs scolaires de l'époque des renseignements dignes d'être mentionnés.

Le prix de la pension est de 400 livres par an. Les parents peuvent, s'ils le veulent, laisser leurs enfants au pensionnat pendant les vacances.

Le prix de la demi-pension est de 180 livres. Les externes paient 6 et 3 francs, suivant qu'ils apprennent ou non le latin. Les enfants ne sont pas gâtés sous le rapport de la nourriture, ils ne boivent du vin que dans les grandes circonstances ou en signe de réjouissance, le jour de la rentrée, le jour des prix et toutes les fois que le tribunal de paix a siégé sans prononcer de punition.

Tout up chapitre du règlement est consacré au code pénal. On y détermine les cas précis dans lesquels doivent être appliquées les diverses punitions inscrites au code, et qui sont le pensum, la privation d'une récréation ou d'un mets, le repas à la table dite de correction, l'habillement de correction (sorte de chemise de toile qui recouvre les vêtements), amende d'une partie ou totalité de l'argent de la semaine, arrêt, privation de décoration, destitution de fonctions ou d'emploi, enfin le renvoi.

Le tribunal de paix, dont il a été parlé dans les précédentes lignes, ne saurait être passé sous silence. C'était une institution qui, au point de vue de l'éducation et de la formation des caractères, ne pouvait manquer d'avoir son intérêt.

Les membres de ce tribunal (le président et les quatre assesseurs) étaient désignés par le Directeur et les maîtres.

Les élèves qui s'étaient querellés, comme ceux qui avaient commis quelque peccadille à l'égard de leurs camarades, étaient traduits à la barre de ce tribunal et le produit des amendes prononcées était destiné à former une réserve avec laquelle on distribuait un prix de vertu, consistant en un habillement, aux jeunes filles du pays qui s'étaient distinguées par leur sagesse et leur bonne conduite.

Le prix du temps était estimé et les vacances ne duraient que 15 jours, du dernier jour de septembre au 16 octobre.

Nota : Le retard apporté à l'ouverture des lycées permit aux écoles secondaires de passer quelques années prospères, mais cette situation se modifia lorsqu'on mai 1808 le gouvernement se décida enfin à remplir ses promesses et à doter notre ville de Nantes d'un établissement qui, à juste titre, vu sa population, lui était dû.

(F. LIBAUDIERE).

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