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L'histoire de la Faculté des Arts de Nantes

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Après les développements auxquels je me suis livré, au chapitre des collèges de Nantes, il me reste peu de détails à ajouter ici pour faire connaître ce qu'était la Faculté des Arts. En citant les professeurs qui occupèrent les chaires des collèges de Saint-Jean et de Saint-Clément, j'ai par là même, indiqué les docteurs qui furent chargés de distribuesr son enseignement. Le cercle de connaissances, que nous désignons aujourd'hui sous le nom d'humanités, composait tout le programme des arts libéraux : il débutait par le latin et le grec, se continuait par la rhétorique et la géographie, et se terminait par l'histoire naturelle et la logique. Aucune de ces matières ne pouvait être enseignée ailleurs que dons les collèges reconnus par l'Université ; il n'y avait pas d'exception même pour les couvents les mieux famés. Ainsi, les Dominicains de Nantes ayant essayé de faire un cours de philosophie, reçurent, en 1686, l'ordre de cesser leur entreprise (Arch. de la mairie, BB 54).

L'évêque, lui-même, en fondant un séminaire, n'avait pas le pouvoir de fonder une chaire de philosophie, sans que la Faculté des Arts s'y opposât. Il envoya ses séminaristes aux cours de l'Oratoire, jusqu'au jour où, rompant, toutes les entraves, les lettres patentes du Roi lui rendirent sa liberté d'action (Lettres patentes de 1724. - Arch. départ., G 290).

A l'égard des étudiants, les statuts de l'Université contenaient des dispositions non moins formelles ; on exigeait d'eux, à leur arrivée, le serment de respect et de soumission avec la promesse d'assister aux processions. Tout récipiendaire payait un devoir de 5 sous au receveur, de 10 sous au procureur et de 10 sous aux bedeaux. Les externes acquittaient un réal environ par an. Quiconque se présentait au baccalauréat, attestait qu'il avait étudié au moins une année les livres ordinaires de logique et trois des sciences naturelles. Il payait à son préparateur un demi écu pour droit de régence.

Pour être admis à l'épreuve de la licence, il était nécessaire d'avoir 18 ans accomplis, d'être d'une taille convenable et de répondre préalablement aux interrogations des maîtres de la Faculté, dans deux séances publiques. On s'y préparait en étudiant dans les cours ordinaires les catégories de Porphyre et d'Aristote, les deux premiers livres et les deux derniers, les quatre premiers livres des Topiques et des Sommaires. En philosophie, les questions s'étendaient sur les huit livres des sciences naturelles, sur les trois du Ciel, les deux de la Création, les trois de l'Astronomie, les trois qui traitent, de l'Ame, sur les chapitres des Sens, de la Sensation, de la Mémoire, du Souvenir, du Sommeil, etc. La métaphysique comprenait six livres, et la philosophie morale, six livres des Ethiques, le traité de la sphère et une partie d'Euclide (Statuts de l'Université de 1462, p. 72). Si le candidat à la licence était vainqueur, il revêtait pour insigne le manteau court à capuchon, et ne prenait le bonnet rond que le jour où il devenait docteur. La qualité de licencié était indispensable pour enseigner en seconde, et les docteurs seuls pouvaient prétendre aux chaires de rhétorique, de philosophie et aux positions de principal ou de préfet des études. Un régent ne prenait pas possession de sa chaire sans avoir subi de nouvelles épreuves, et l'usage voulait qu'il fût présenté par le procureur général. C'est ainsi qu'il entrait au collège Saint-Jean ou au collège Saint-Clément. Il ne jouissait de tous les privilèges concédés aux suppôts de l'Université que le jour où les agrégés, réunis en assemblée, accueillaient sa demande d'incorporation [Note : Les frais des actes publics étaient très modiques, cependant la Faculté retirait encore 444 livres, en 1789, des écus de collège et de la délivrance des lettres de maître ès-arts. (Déclarations de 1790. Arch. départ., Q)].

Après avoir été longtemps répartie entre les maîtres de deux établissements, l'autorité de la Faculté des Arts se trouva concentrée tout entière sur la tête des prêtres de l'Oratoire, quand ceux-ci devinrent les gouverneurs de l'unique collège de Saint-Clément. On a vu comment ils s'emparèrent peu à peu de la position qu'ils ambitionnaient et quelle habileté ils déployèrent contre la défiance de leurs adversaires. On avait voulu limiter leurs voix délibératives, et il arriva que la Faculté tomba complètement entre leurs mains, tant et si bien que les règlements n'existaient plus pour eux. Ils devenaient suppôts de l'Université au XVIIIème siècle, sans prendre aucun degré. La robe et le collet leur suffisaient pour être de plein droit bacheliers, licenciés, maîtres et docteurs. « C'est un abus, disent leurs adversaires, contre lequel on réclame le secours du Ministère public. Le seul titre d'Oratorien suffit pour les autoriser à prendre ces qualités ; l'Université n'a point d'autre garant de leur capacité que leur soutane et leur bonnet » (Mémoire de 1766).

C'est le penchant commun de tous ceux qui exercent une puissance quelconque de tendre à l'omnipotence et à la domination exclusive de leurs inférieurs : les Oratoriens ne surent pas résister à cet entraînement et cherchèrent à amoindrir leurs rivaux lorsqu'ils furent en possession définitive du collège Saint-Clément. Il est bien constaté qu'après avoir présenté, en 1654, 17 candidats pour être immatriculés, comme maîtres ès arts, sur les registres de la Faculté, ils s'abstinrent ensuite de toute autre présentation, pour avoir la prépondérance dans les délibérations. Ils avaient eu soin, en 1669, de déclarer, devant le commissaire enquêteur, qu'ils exerçaient seuls la Faculté des Arts, ils renouvelèrent, en 1704, dans une assemblée générale de l'Université, cette affirmation. L'assistance protesta, en déclarant qu'on pouvait recevoir d'autres maîtres ès arts, et soutint que l'examen de l'acte d'incorporation des Pères de l'Oratoire ne justifierait pas leurs prétentions. Lorsqu'on ouvrit le coffre des archives déposé dans la bibliothèque des Oratoriens, le concordat avait disparu, ainsi que le registre de l'année 1625 (Mémoire de 1768). L'acte se retrouva cinquante ans plus tard, et prouva qu'ils gardaient trop sévèrement l'entrée de la Faculté des Arts.

On a vu comment la Congrégation se défendit contre les partisans de la liberté d'enseignement qui voulaient entamer le monopole de son collége ; elle ne lutta pas avec moins d'opiniâtreté contre les rivaux envieux de son influence et de ses privilèges. Le Parlement lui prêta son appui en prononçant trois arrêts en sa faveur, mais l'Université ne voulut pas donner complètement la main aux Oratoriens.

Il y avait alors à Nantes plusieurs maîtres ès arts, autorisés à enseigner les belles-lettres, qui se plaignaient de partager les fatigues de l'enseignement publié sans être admis à participer aux privilèges et immunités accordés aux suppôts de l'Université. Le 31 juillet 1765, ils présentèrent une requête, dans laquelle ils demandaient à être incorporés à l'Université, en vertu des droits que leur conférait leur qualité de maître ès arts. Les membres des facultés prirent leur temps, nommèrent des commissaires rapporteurs, vérifièrent les titres et statuts, et conclurent, après examen, que l'Université pouvait immatriculer dans la Facultè des Arts d'autres maîtres que les régents de l'Oratoire ; mais elle ne publia sa décision qu'après avoir réglé les conditions de l'admission des nouveaux maîtres, car on voulait ménager scrupuleusement la susceptibilité et les droits des Oratoriens. L'Université leur conserva les honneurs, les préséances et tous les profits ; elle arrêta que le décanat dans la Faculté des Arts appartiendrait toujours à un Oratorien, que les maîtres admis ne dépasseraient jamais le nombre de dix, et prit en quelque sorte l'engagement de choisir de préférence ceux des maîtres qui auraient déjà obtenu d'eux l'approbation d'enseigner.

Il est fâcheux que la congrégation de l'Oratoire ne se soit pas contentée des concessions honorables qui lui étaient faites ; elle aurait épargné à ses amis et à ses membres la tristesse de voir sa conduite dénoncée devant une Cour du royaume comme une suite d'intrigues, et sa réputation ébranlée par des insinuations malveillantes. Au lieu de continuer paisiblement sa mission, elle voulut protester contre les délibérations de l'Université, du mois d'août et du mois de novembre 1765, et forma opposition, lorsque le recteur voulut faire homologuer la résolution nouvelle par le Parlement de Bretagne, prétendant que le collège de Saint-Clément et ses directeurs étaient seuls fondés à composer la Faculté des Arts exclusivement à tous autres. L'Université, en 1768, répliqua que la grâce qu'elle avait bien voulu faire à l'Oratoire en l'incorporant dans la Faculté des Arts, ne lui avait pas donné le droit exclusif qu'elle revendiquait, et, pour mieux le démontrer, elle passa en revue toute l'histoire de la Faculté des Arts, dans un long mémoire rempli de traits acérés qui devaient plaire aux contemporains de Voltaire. En cette occasion, elle affirme encore son attachement au gallicanisme. « Rien n'est plus éloigné, dit-elle, des mœurs et de l’esprit des Universités du royaume que ce qui peut tendre à y faire dominer les ordres et les congrégations tant régulières que séculières. Il est de l'avantage de l'Église, de l'Etat et des Universités qu'il règne une liberté entière dans les délibérations, et que l'on soit attentif à la conservation des anciennes maximes du royaume ».

Du Parlement l'affaire fut portée au Conseil du Roi, que rendit un arrêt dont je n'ai pu retrouver le texte. Quoi qu'il en soit, l'esprit qui régnait dans cette compagne est assez connu pour qu'on se persuade qu'elle inclina du côté des doctrines de l'Université et enregistra les résolutions prises à l'égard des maîtres ès arts.

(L. Maître).

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