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Etat de la Ville de Nantes au début du XVIème siècle. L'Avènement de la Bourgeoisie

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La bourgeoisie nantaise, qu'un commerce de plus en plus étendu a enrichi, accroît peu à peu ses privilèges ; la cité s'organise et se pare de quelques beaux monuments ; mais les épidémies y causent de grands ravages.

Les Etats de Bretagne votent les impôts. — Lorsque les Etats Généraux du royaume se réunissaient, la Bretagne n'y envoyait point de députés, car elle avait ses Etats à elle, les Etats de Bretagne.

Réunis à Nantes, en 1087, sous le duc Alain Fergent, ils ne comprenaient point alors de délégués du Tiers-Etat. Les bourgeois y eurent une place en 1309, quand le duc eut besoin de leur argent et de leur appui ; mais ils ne représentèrent jamais qu'une infime minorité de la population.

Convoqués d'abord très irrégulièrement, les Etats tinrent ensuite séance tous les ans, et aucun impôt ne devait être perçu dans le duché avant d'avoir été voté par cette Assemblée.

Ils exerçaient avec le duc les pouvoirs législatif et judiciaire ; mais ce dernier leur fut enlevé en 1485 et donné au Parlement qui siégea à Rennes.

Aux réunions des Etats, le comte et l'évêque de Nantes figuraient aux premières places ; la ville y avait des déléguée.

L'administration de la ville est compliquée. — Dans la ville de Nantes, l'administration était exercée par le gouverneur dont l'autorité s'étendait sur toute la province, et qui avait au-dessous de lui le capitaine de la ville et du château.

Un sénéchal avait pour principale fonction de rendre la justice : mais il ne s'occupait que des causes concernant, la noblesse. Celles qui intéressaient les classes roturières étaient soumises au jugement du prévôt, lequel était en même temps chargé de la police et de la perception des revenus de la ville. Ces fonctionnaire existaient à Nantes dès le XIIème siècle.

Vers 1400, on nomma un connétable qui eut à s'occuper du guet, de la garde et du commandement des milices.

Les attributions de chacun de ces personnages étaient assez mal définies. Jaloux les uns des autres, ils furent en perpétuel conflit jusqu'au moment où leur autorité, affaiblie d'abord par les concessions des ducs aux bourgeois, fut définitivement absorbée par le pouvoir municipal.

Les ducs accordent des privilèges aux bourgeois. — Nantes ne fut point touchée par le mouvement qui, du XIIème siècle au XIVème siècle entraîna de nombreuses villes françaises à revendiquer des libertés communales. Les comtes et les ducs surent s'attacher les Nantais en se faisant les protecteurs de leur commerce et en leur accordant peu à peu des privilèges.

La première réunion du Conseil des Bourgeois, dont notre histoire fasse mention, remonte à 1333. A partir de 1345, les séances de ce Conseil deviennent plus régulières. Il comprend alors 5 ou 6 bourgeois pour arrêter, de concert avec le capitaine de ville, diverses mesures concernant la cité, notamment l'entretien des fortifications.

Les Nantais obtiennent une organisation municipale régulière. — Supprimés en 1365 par Jean de Montfort, les privilèges des bourgeois nantais furent rétablis en 1397. Leur développement prit alors une marche plus rapide. Ce fut d'abord la création d'un « miseur » ou comptable, d'un « jaugeur de tonneaux » ; puis l'ordonnance de Jean V (1411) donna aux Nantais le pouvoir de, entre eux et à la majorité des voix, « choisir, constituer, ordonner un ou deux procureurs pour poursuivre, garder leurs droits, franchises, libertés et prérogatives, besoigner, agir pour eux aux choses qui touchent les faits et négoces de la ville do Nantes et desdits bourgeois et habitants ».

Le capitaine de ville resta bien président du Conseil des bourgeois, mais, pour la première fois, un chef élu put agir au nom de la cité. Cet embryon d'organisation municipale régulière fut complété par l'ordonnance de 1420 qui indique les matières de la compétence des bourgeois : 1° perception des droits affectés à l'entretien des fortifications, des rues et des ponts ; 2° exécution des travaux nécessités par ces entretiens ; 3° surveillance de l'emploi des deniers de la ville ; 4° défense des droits, privilèges et intérêts de la communauté.

L'assemblée générale des habitants, qui comprenait ceux à qui la fortune ou la naissance donnaient une certaine considération, devait élire un Conseil de 10 ou 12 membres qui choisirait lui-même son chef, le procureur des bourgeois.

Les Nantais développent leurs libertés municipales. — Ces concessions libérales se heurtèrent souvent au mauvais vouloir dee gens en place : sénéchal, connétable, prévôt, qui sentaient le pouvoir leur échapper. Le duc François II, la duchesse Anne, le roi Charles VIII, malgré cette opposition, confirmèrent et étendirent encore les prérogatives accordées aux bourgeois par leurs prédécesseurs. Les Nantais purent avoir chez eux, sans payer de redevances, des fours, des moulins, des balances, des mesures (1466). Leur Conseil et leur procureur eurent bientôt à assurer les services d'hygiène et de police, à garder les portes, à organiser la réception des princes.

Une Université et des écoles sont fondées à Nantes. — Jean V avait voulu établir une Université en 1414, mais le projet ne fut réalisé que sous François II, en 1461, après autorisation du Pape. Cette Université comprenait des facultés de théologie, de médecine, d'arts et de droit. Elle ne brilla jamais d'un très vif éclat.

Dans les couvents et chez des particuliers existaient des écoles de grammaire, sortes de petits collèges.

L'enseignement primaire n'était guère dispensé alors que par l'écolâtre qui, attaché à la cathédrale, apprenait aux enfants, moyennant salaire, le chant, la musique, l'alphabet, la lecture. Cet écolâtre eut pendant longtemps le privilège exclusif d'enseigner ces matières dans la ville de Nantes.

L'école de la Psallette formait des enfants de chœur.

L'état sanitaire est déplorable. — La situation sanitaire de la ville était déplorable : sa position, les inondations, les marécages de l'Erdre, l'étroitesse et la malpropreté des rues, l'entassement des malheureux dans des logis sordides, la famine, le manque absolu de précautions hygiéniques expliquent les ravages que la peste fit à Nantes eu 1501 (4.000 personnes périrent sur moins de 40.000 habitants), en 1522, en 1523, en 1529. Contre de tels maux, le corps municipal avait souvent recours à un pèlerinage à Saint-Sébastien.

Les lépreux étaient nombreux en Bretagne, et François II prit plusieurs ordonnances contre eux ; on les soignait à Nantes dans la léproserie de Saint-Lazare, sur les Hauts-Pavés.

Les hôpitaux ou aumôneries ne manquaient pas à Nantes. Dans l'enceinte fortifiée, on trouvait ceux de Saint-Julien, de Saint-Jean, de Notre-Dame de la Pitié, de Sainte-Catherine, de l'Erail ; en dehors des murs, ceux de Toussaint, sur les Ponts, de Notre-Dame, près de Saint-Clément.

De 1503 à 1511, on construisit l'hôpital de l'Erdre (rue du Vieil-Hôpital) pour remplacer celui de Notre-Dame de la Pitié.

La Cathédrale et le Château sont commencés. — Les constructions furent nombreuses à Nantes au XVème siècle. Nous devons à cette époque les deux plus célèbres monuments de notre ville : la Cathédrale et le Château.

La Cathédrale avait été commencée en 1434. Les premières dépenses furent payées au moyen de dons volontaires et d'une imposition sur les vins. Ces maigres ressources ne permirent d'édifier au XVème siècle que la façade et les deux tours. En 1525, pour activer les travaux, arrêtés faute de fonds, on eut recours à une vente d'indulgences qui rapporta peu. L'édifice fut continué aux siècles suivants ; il n'a été achevé qu'en 1891.

Un prince aussi puissant que François II ne pouvait se contenter du Château de la Tour-Neuve, où il se trouvait trop à l'étroit, et qui n'était pas capable d'offrir une résistance suffisante à des ennemis aussi redoutables que le roi de France. Le duc en ordonna la reconstructien en 1466. Sous son règne furent élevés la façade actuelle, le grand logis intérieur, toute la partie occidentale. Anne de Bretagne continua l’œuvre de son père. Le Château de Nantes, avec ses hautes tours, ses épaises murailles, ses douves profondes, au pied battu par les eaux du fleuve, était, au début du XVIème siècle, une imposante forteresse, et ses aménagements intérieurs témoignaient du goût artistique des derniers souverains bretons.

Nantes est fortifiée et embellie. — François II fit aussi relever et compléter les fortifications de la ville.

De belles maisons furent construites à cette époque, entre autres celle de Pierre Landais (actuellement hôtel de Briord, rue de Briord) ; mais la plupart des habitations étaient en bois, chaque étage faisait saillie sur le précédent. On peut encore en voir quelques spécimens dans le quartier Sainte-Croix. Les plus curieuses ont été démolies, mais on a heureusement sauvé de la destruction les piliers en bois sculpté qui sont exposés au Musée Dobrée.

Des édifices du XVème siècle, il reste encore la chapelle des Minimes (1468).

Mathelin Rodier et Michel Columb nous donnent des chefs-d'œuvre. — Parmi les artistes de cette époque, deux noms sont à retenir pour les Nantais : Mathelin Rodier et Michel Columb. Mathelin Rodier, c'est le « maître d'œuvres », l'architecte, qui, après Guy de Donmartin, dirigea les travaux de la Cathédrale et ceux du Château. A Michel Columb," tailleur d'images " nous devons un des chefs-d'œuvre de la Renaissance française, le tombeau de François II. Ce monument placé d'abord dans l'église des Carmes, fait aujourd'hui l'ornement de notre Cathédrale.

Nantes élargit ses relations commerciales. — François II, en faisant de Nantes sa principale résidence et le siège de sa cour, y attira des étrangers. Les fêtes étaient nombreuses ; on dépensait des sommes considérables dont le commerce local profitait. L'éloignement d'Anne de Bretagne compromit cette source de bénéfices ; mais la création d'une foire qui durait 15 jours, et où les marchands de tous pays pouvaient acheter et vendre, sans payer aucun droit, favorisa les échanges. Notre commerce avec les provinces environnantes (Anjou, Poitou, Normandie) prenaît peu à peu une grande extension. L'Angleterre, la Hollande, les pays du Nord signaient avec nous des traités de commerce : mais c'était surtout avec l'Espagne que nos relations étaient importantes. Une sorte d'association unissait même les négociants de notre port à ceux de Bilbao : c'était la Contractation.

Malheureusement le commerce maritime de Nantes était surtout fait par des navires étrangers.

La marine nantaise est victime de la piraterie. — La navigation, était rendue difficile par les écluses à pêche et les bancs de sable qui encombraient déjà le lit de la Loire. Mais le fléau de la marine était la piraterie. Des galères royales étaient chargées de la police des côtes, mais elles pillaient souvent les navires qu'elles devaient protéger ; les seigneurs riverains du fleuve se livraient à toutes sortes d'exactions ; le gouverneur et ses lieutenants prélevaient à leur profit des droits abusifs. Malgré toutes ces entraves, le mouvement de notre port se développa au début du XVIème siècle. Des chantiers de construction furent établis au Port au Vin (place du Commerce), un quai ayant été construit à la Fosse (1516) où ne s'élevaient alors que des cabanes de pêcheurs, des négociants commencèrent à s'y installer. Le port de Nantes allait connaître des jours prospères.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

1. — Vieilles maisons à Nantes.

Avant la Révolution, notre ville était riche en maisons de bois, armées de sculptures ; 1793 a détruit une grande partie des sculptures et les hôtels bourgeois, bâtis depuis mil huit cent quinze, ont fait tomber un bon nombre des maisons dont les façades rappelaient les habiles imagiers du Moyen-Age ; nous pouvons cependant, par ce qui reste, juger de ce qui fut autrefois. Les maisons en bois à deux ou trois étages au plus, dont tous les étages avancent sur la rue par des saillies successives, sont les seules qui aient possédé des sculptures et qui méritent d'être étudiées. Dans ces maisons, les marchands occupaient habituellement le rez-de-chaussée. Les sculptures des piliers leur servaient fréquemment d'enseignes .... Les escaliers de ces maisons étaient tous très mal disposés et très obscurs, ceux-là mêmes qui conduisaient aux appartements des plus grands seigneurs de l'époque. La distribution des appartements n'était pas savante. Le plus souvent les chambres se commandaient mutuellement, de grandes alcôves diminuaient la gêne qui en résultait et remplaçaient tant bien que mal les corridors qui desservent aujourd'hui les diverses pièces d'un appartement. Parfois les greniers de cinq ou six maisons bâties à la même époque n'avaient point de séparation ; parfois aussi, surtout chez les petits bourgeois, des ponts couverts servaient à mettre en communication les deux côtés de la rue, mais alors c'était sur le derrière de la maison qu'avaient lieu ces communications d'une rue à l'autre. (Dr GUÉPIN).

II. — Épidémies à Nantes au XVIème siècle.

En 1501, la peste règne à Nantes et fait périr 4.000 personnes (la population ne s'élevait pas encore à 40.000 habitants). La ville, pour en arrêter les progrès, ordonne une procession à Monsieur Saint Sébastien, dans laquelle on porta un cierge du poids de 20 livres. Les sergents reçurent, en outre, l'ordre de faire sortir les malades de leurs maisons et d'apposer les sceaux sur les portes. En 1522, nouvelle épidémie qui dura deux mois peur recommencer en 1523. En 1525, grande cherté de grains. Famine en 1527. En 1529, la misère est extrême et bientôt à la porte de l'hôtel de Briord, à celle de l'évêque, autour des maisons des principaux bourgeois, se presse une foule affamée qui demande du pain : c'est au mois de décembre, le froid et l'humidité se réunissent encore contre cette populace pour l'exterminer. Les galetas, les lieux publcs où s'assemblent les malheureux sont bientôt remplis de malades ; partout où ils se trouvent entassés, l'odeur putride de leurs vêtements en lambeaux qu'ils sèchent à la chaleur de la foule, et la présence d'un grand nombre d'individus suffisent pour vicier l'air et le rendre mortel à ceux qui le respirent. Quelques jours encore et l'on voit couchés pêle-mêle sur une paille fétide des hommes sains, mais fatigués par les privations, des malades dont les yeux fixes et caves dénotent l'extrême faiblesse, la position sur le dos, l'odeur infecte d'excréments indiquent la fâcheuse situation, et des cadavres qui respiraient encore il n'y a qu'un instant. Les fossoyeurs ne suffisent plus ; dès lors, à l'insalubrité des rues sales et tortueuses, larges quelquefois de 7 à 8 pieds, souvent moins, aux habitudes arriérées de l'époque, se réunit l'infection de maisons remplies de morts et de mourants et celles des immondices jetées par les fenêtres, dont les émanations sont toujours plus dangereuses pendant les épidémies. Les classes les plus élevées souffrent à leur tour. La contagion gagne, s'attaque aux riches bourgeois, aux nobles et au clergé. Les uns, pour détourner ce fléau, adressent au ciel des prières impuissantes ; d'autres quittent la ville ; la communauté des bourgeois s'occupe presque seule des mesures de salubrité. Par ses ordres on fait sortir des malades pour Les conduire aux hospices ; l'on enferme sous cadenas ceux qui veulent rester chez eux, on enterre les cadavres, et toutes les maisons pestiférées sont scellées du sceau de l'Etat, mais rien de plus. Aucune mesure de propreté n'est employée, les porcs mêmes peuvent encore vaquer en liberté dans les rues. Cependant la violence de l'épidémie diminue et déjà on se félicite des succès obtenus ; mais bientôt le mal que l'on avait cru vaincre en le limitant dans quelques localités avec des mesures juridiques, reprend des forces ; l'infection concentrée dans ses prisons s'échappe par mille issues, et l'année suivante l'on est réduit à décréter la peine de mort contre les malades et les convalescents qui se présenteraient en public. (Dr GUÉPIN).

 

A voir : Au Musée Dobrée : Sculptures et pans de bois du Vieux-Nantes ; Quartier Sainte-Croix : vieilles maisons du XVème siècle ; façade de la Cathédrale et tombeau de François II, Château, église des Minimes ; 43, rue Grande-Biesse : Plaque rappelant le souvenir de l'Aumônerie de Toussaint.

Bibliographie : De la Nicollière-Teijeiro : Marine bretonne aux XVème siècle et XVIème siècles ; Delattre : Voyage de dévotion à Saint Sébastien ; Durville : Etudes sur le Tombeau des Carmes ; — Ouvrages sur le Château et la Cathédrale.

(F. Guilloux).

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