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HISTOIRE DE NANTES SOUS LA RESTAURATION.

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Histoire de Nantes sous la Restauration.

Les événements de 1815.

Quelques dates, appartenant à l'histoire du pays, doivent être tout d'abord rappelées pour l'explication des faits qui se passent à Nantes.
18 juin. — Bataille de Waterloo.
21 juin. — Abdication de Napoléon.
23 juin. — Proclamation, par les Chambres, de Napoléon II, empereur des Français.
3 Juillet. — Suspension des hostilités avec les puissances alliées.
6 Juillet. — La Commission du Gouvernement est informée que les Alliés ont décidé le rétablissement de Louis XVIII sur le trône.
7 Juillet. — Ordonnance de Louis XVIII, par laquelle il enjoint aux fonctionnaires de l'ordre administratif et judiciaire et aux commandants et officiers de la Garde nationale en fonctions au 1er mars de reprendre immédiatement leurs fonctions.
8 juillet. — Entrée de Louis XVIII à Paris.

 

SOMMAIRE. — L'avènement de Napoléon II — L'armée vendéenne. — Troubles et agitation des esprits. — Le drapeau blanc est arboré. — Le maire du Fou. — Le préfet de Brosses. — Fête du 30 juillet. — Le duc de Bourbon. — Les élections législatives. — Les Prussiens. — La légion de la Loire-Inférieure. — Les ordonnances du Vicomte de Cardaillac. — Destruction des insignes impériaux. — La Garde nationale. — La Compagnie départementale. — Secours aux Vendéens blessés.

Dans les jours pendant lesquels se poursuit la courte campagne qui se termine par la fatale journée de Waterloo, notre ville est en proie à une grande agitation et en même temps sous le coup de vives alarmes.

Comme dans toutes les autres villes de l'Empire, les autorités déployent toute leur activité et toute leur énergie pour lever et diriger sur Paris et sur la frontière les hommes que le département est encore susceptible de fournir pour contribuer à la défense nationale.

La ville est en outre exposée à un grand péril. La Vendée est soulevée et le souvenir de la surprise de la ville en 1799 met en éveil les autorités et les force à prendre des mesures en vue de mettre la ville en état de défense.

L'armée du général Lamarque réduit facilement à l'impuissance les troupes vendéennes, mais la ville est privée de garnison et le soin d'y maintenir l’ordre et la tranquillité repose tout entier sur la gendarmerie et la Garde nationale.

Les tristes nouvelles qui se succèdent : désastre de Waterloo, abdication de Napoléon, ne provoquent aucun mouvement et tous les citoyens ne songent qu'à s'unir pour un suprême effort en vue de combattre l'invasion.

La reconnaissance de Napoléon II est proclamée par le gouverneur Hogendorp, le 25 juin, en présence de la Garde nationale assemblée sur le cours Saint-Pierre. Le préfet Bonnaire adresse une circulaire aux sous-préfets et maires et demande leur concours au nom du gouvernement de Napoléon II.

Une convention pour la suspension des hostilités est conclue entre le général Lamarque et les chefs vendéens ; et ceux-ci, sur le bruit que les alliés ont l'intention de démembrer la France, lui proposent leur concours pour combattre avec leurs soldats dans les rangs de l'armée régulière.

Au reçu du Moniteur, qui contient l'ordonnance de Louis XVIII du 7 juillet, le préfet, baron Bonnaire, remet, le 11 juillet, l'Administration départementale entre les mains d'Allot, doyen des conseillers de préfecfecture, et le baron Bertrand Geslin, maire de Nantes, fait connaître à l'autorité qu'à minuit il abandonne ses fonctions.

Le baron du Fou, maire de Nantes au 1er mars, refuse de prendre immédiatement possession de la mairie. Il ne veut entrer en fonctions que le jour où le gouvernement de Louis XVIII sera officiellement reconnu à Nantes.

Plusieurs autres chefs d'administration tiennent le même langage et, pendant quelques jours, certains services sont en pleine anarchie.

Sur le refus renouvelé de Bertrand. Geslin de continuer ses fonctions, Allot délègue, le 13 juillet, à Etiennez, secrétaire en chef de la ville, la signature pour l'expédition des affaires municipales.

La cessation des hostilités avec la Vendée provoque un mouvement des troupes du général Lamarque vers l'intérieur du pays. Ces troupes, qui viennent de combattre le drapeau blanc en Vendée, montrent peu de sympathie pour le gouvernement de Louis XVIII et leur passage à travers la ville y provoque des manifestations tumultueuses.

Les affiches de l'autorité relatives aux pourparlers du Gouvernement provisoire avec les diplomates des puissances alliées sont lacérées. Allot n'ose faire connaitre, par voie d'affiche, la nouvelle de l'entrée du roi Louis XVIII à Paris, et c'est seulement le 19 juillet, après le départ des dernières troupes du général Lamarque, que le drapeau blanc est arboré sur les monuments publics.

Comme il s'y était engagé, le baron du Fou prend le même jour, possession de la mairie. Son premier acte est de prendre deux arrêtés, l'un relatif au maintien de la tranquillité au théâtre, l'autre au respect des afiches de l'autorité. Les officiers du 65ème, qui tient garnison à Nantes, les fédérés, les volontaires de l'Ouest entretiennent un vif mouvement d'opposition. La soirée du 19 est signalée par des troubles et le café Grandseau, qui est le quartier général des mécontents, est fermé le lendemain, par ordre administratif.

Des adresses de félicitations et les protestations d'attachement et de fidélité sont envoyées au Roi par les corps constitués.

La cocarde blanche est arborée par les troupes. Un ordre du jour du 22 juillet, du gouverneur Hogendorp porte à la connaissance de la garnison la décision prise à cet égard par le maréchal de France prince d'Eckumhl, commandant en chef des armées de la Loire et des Pyrénées.

La navigation devient libre. L'amiral Nothan, que commande la flotte anglaise, ancrée dans la baie de Quiberon, dépêche vers le commissaire de la marine de Nantes un officier pour lui faire connaître qu'il a reçu l'ordre de cesser les hostilités contre tout navire battant pavillon blanc.

Le préfet, comte de Brosses, est, le 26 juillet, installé avec toute la pompe en usage.

Une fête est organisée le dimanche 30 juillet, pour célébrer le retour du Roi. La Garde nationale est passée en revue sur le cours Saint-Pierre. Un Te Deum solennel est chanté à la Cathédrale. Le soir, des feux de joie sont allumés sur diverses places. La population illumine. Des transparents expriment son allégresse. Des orchestres, sur les cours, à la Bourse, entraînent, jusqu'à une heure avancée de la nuit, les danseurs dans leurs joyeux ébats. Un banquet est donné par le commerce, dans la salle de la Bourse, aux autorités et aux généraux. L'officier anglais porteur du message de l'amiral Nothan est au nombre des invités.

Les royalistes s'enhardissent et prennent des allures parfois provoquantes. L'autorité militaire se plaint des insultes et vexations dont les soldats sont l'objet de la part de certains habitants.

Le maire prend, le 2 août, un arrêté défendant les attroupements, de quelque nature que ce soit, et informant les citoyens que les commissaires de police et les chefs de patrouilles de la Garde nationale ont recu l'ordre de les disperser et d'arrêter les délinquants.

Aux cent jours, les douaniers, sur la côte du pays de Retz et du côté de Guérande, avaient été désarmés par les troupes royalistes et renvoyés, soit a Paimbœuf, soit à Nantes. Le préfet, le 1er août, les réintègre dans leurs postes, mais il est impuissant à disperser, comme le prescrit l'ordonnance du 21 juillet, les volontaires royaux qui couvrent encore une grande partie de l'arrondissement de Nantes, les environs de Châteaubriant, d'Ancenis et de Guérande.

Les chefs vendéens, en présence de l'attitude provocatrice et des fanfaronnades des officiers, et soldats licenciés de l'armée régulière et chauds partisans du régime impérial, et se rendant compte des ressources offraient, au Roi pour se maintenir au pouvoir, ne semblent pas disposés à déposer leurs armes et à licencier leurs troupes. Les autorités civiles et militaires prennent, dans l'arrondissement de Nantes, de grandes précautions pour ne pas froisser leur susceptibilité et se trouvent dans la nécessité non seulement de leur laisser toute liberté, mais encore de compter avec eux pour l’administration de la region qu’ils occupent et dont les pouvoirs réguliers ne peuvent être absolument les maîtres qu'en septembre ou octobre.

Aux termes de la convention militaire passée avec les alliés, les troupes étrangères doivent occuper une partie du territoire français.

Notre ville est désignée pour recevoir une garnison prussienne. La population est, à cet égard, dans une grande anxiété, car elle apprend que l'armée d'occupation s'avance chaque jour vers notre contrée.

Le Maire, à la date du 9 août, fait connaitre aux habitants qu'aucune nouvelle officielle ne lui est parvenue sur la date de l'arrivée des Prussiens. Il les informe qu'une Commission consultative est constituée pour s'occuper du logement et de l'installation de ces soldats et les engage à prendre leurs mesures en vue de préparer des lits et de pouvoir au premier ordre les mettre à la disposition de l'autorité.

Le duc de Bourbon, gouverneur de Bretagne, arrive à Nantes le 9 août ; il arrive par les Sorinières, où le Préfet et les autorités militaires le reçoivent.

A l'entrée de la ville, le Maire le complimente. Le cortège passe par les ponts et les quais, traverse le centre de la ville (place Royale, place Graslin) et, avant d'arriver à l'hôtel Daux, qui est aménagé pour le recevoir entre à la Cathédrale, où il entend le chant de Te Deum. Le soir, le Duc reçoit à sa table les autorités.

Le 10 août, à midi, ont lieu les réceptions officielles. La soirée se passe au théâtre. En rentrant, le Duc voit la ville toute illuminée.

Le lendemain, le Prince quitte nos murs par la route de Paris. Les élèves du Séminaire le saluent à son passage et une pièce de vers lui est remise.

Le séjour du Prince, qui voyage sans grand apparat, ne contribue en rien à ramener la tranquillité et à en imposer aux turbulents partisans du régime déchu.

Ceux-ci donnent une preuve de leur patriotique audace le lendemain mème de son départ et la soirée du 12 août est troublée par une manifestation tumultueuse contre les officiers prussiens qui se trouvent à Nantes pour se concerter avec le Maire en vue de l'occupation. Au moment où ces officiers entrent au théâtre, ils sont accueillis par des vociférations et des cris de : « Vive l'Empereur ! Vive l'honneur ! ». La force armé doit intervenir pour disperser les attroupements et rétablir l'ordre.

Les officiers du 65ème, qui tient garnison à Nantes, ne sont pas les moins ardents à entretenir ces sentiments patriotiques ; aussi le régiment et les détachements des troupes régulières, pour se conformer aux stipulations de la convention militaire, sont-ils, dès le lendemain, envoyés au-delà de la Loire, dans le quartier Saint-Jacques et sur la côte Saint-Sébastien. Leur départ est l'objet d'une nouvelle manifestation et les soldats quittent la ville aux cris de : « Vive Napoléon II ! ». Un poste de police est établi à Pirmil et reçoit la consigne de ne laisser entrer aucun soldat en ville. Le matériel d'artillerie qui se trouve au château est envoyé dans les bâtiments de l'abbaye de Saint-Jacques. Les poudres partent par mer pour La Rochelle.

La mise en présence des troupes régulières et des volontaires royaux, qui occupent les environs de Nantes, fait craindre des rixes. Sur le bruit que le 65ème fait des préparatifs de campagne, les paysans, soulevés, se mettent sur la défensive et un moment on peut craindre une collision.

Une ordonnance du 13 juillet avait dissous la Chambre des Députés et convoqué les collèges électoraux pour les 14 et 22 août.

Les opérations du collège d'atrondissement durent quatre jours, du 14 au 17 août. Elles ont lieu dans la salle du cirque du Chaperon-Rouge. Ce collège désigne pour candidats à la députation : Baron du Fou, maire de Nantes ; Richard jeune, médecin ; Juchault des Jamonnières, président du collège ; G. Barbier, négociant ; de Couëtus ; Bernard jeune, négociant. Les collèges des arrondissements d'Ancenis, Châteaubriant, Paimbœuf, Savenay procèdent de leur côté aux mêmes opérations et dressent chacun une liste distincte de six candidats.

Le scrutin pour la nomination des députés occupe quatre séances, les 22, 23, 24 et 25 août. Il se tient à la salle du cirque. Six députés doivent être nommés. Trois doivent être choisis sur la liste dressée par les collèges des cinq arrondissements. Trois peuvent être pris indifféremment sur cette liste ou en dehors. Sont nommés députés : Richard jeune, Gaspard Barbier, Cte Cambout, de Coislin, H. de Sesmaisons, Ant. Peyrusset et de Barante.

Les trois premiers appartiennent à la liste des collèges d'arrondissement. De Coislin avait été désigné par le collège de Savenay. Les trois autres n'avaient pas été portés par les électeurs au second degré. La nomination de Peyrusset indique de la part du collège départemental un grand esprit de conciliation, car cet honorable député appartient à la religion protestante.

Ces élections passent inaperçues, car le nombre des votants est fort restraint. Sur les 177 électeurs du collège d'arrondissement, 133 seulement prennent part au vote. Les électeurs du collège du département sont au nombre de 210 et le nombre des votants varie entre 162 et 155.

Tous les députés élus sont des partisans sincéres et dévoués de la royauté.

Les électeurs du grand collège, dans leur dernière réunion, avant de se séparer, votent une adresse, au Roi, que le president Du Fou est prié du lui remettre de sa main propre.

Un banquet est offert par eux à leur Président, le 27 août.

Le pays de Retz est témoin d'une scène de terreur blanche, la seule d'ailleurs que notre département connaît. Le notaire Sauvaget, maire de Saint-Père-en-Retz sous l'Empire, loin de dissimuler ses tendances napoléoniennes, s'applique avec ses partisans à braver et provoquer les populations de cette région, dévouées à la cause royaliste. Le 29 aoùt, pendant qu'il est absent, 300 à 400 volontaires royaux de Vue, Frossay, Rouans, accourent à Saint-Père-en-Retz pour procéder au désarmement des bonapartistes et des fédérés. Des perquisitions sont faites dans plusieurs maisons ; celle de Sauvaget est livrée au pillage, les dossiers de son étude sont dispersés et en partie détruits.

Le 3 septembre, les habitants, sont informés par le Maire de l'arrivée prochaine des Prussiens et invités de nouveau à faire des préparatifs pour les recevoir.

Dans les mêmes jours, le général comte de Tanentzein, commandant du 6ème corps prussien, adresse une proclamation aux habitants des départements de la Loire-Inférieure, de l'Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), du Morbihan et de la Manche, dans laquelle, il les rassure, leur promet le respect de leurs personnes, leurs biens.

La Commission consultative, instituée dès le 8 août n'est pas restée inactive. Les casernes et divers locaux, les corderies entre autres, sont aménagés pour recevoir les hommes et les chevaux. Le logement des offiers dans les maisons particulières est préparé ; des, traités sont passés avec des fournisseurs pour les approvisionnements en denrées, en bois, en foin, etc. Elle estime à 410.000 fr. la somme à laquelle s'élèveront les dépenses d'occupation et, pour se la procurer, propose une contribution extraordinaire de 50 % sur le principal de la contribution foncière et de la patente et de 10% sur les loyers. Cette dernière imposition doit être portée à 20 % quelques jours après.

Le Maire annonce, le 6 septembre, l'arrivée des Prussiens pour le 10. De nouvelles et instantes recommandations sont adressées aux habitants pour faire porter aux casernes les lits qu'ils sont requis de fournir. Des avis sont donnés sur les lieux de distribution des diverses denrées.

Le commandant de place, le major Von Sommerfield, fait connaître les obligations de la population, la nature et la quantité de vivres auxquels auront droit les soldats logés chez les habitants. Il proteste de son désir et de ses intentions de soulager autant qu'il le pourra la population dans les charges qui lui incombent.

C'est la 23ème brigade du 6ème corps prussien qui doit occuper le département. Elle se compose de trois régiments d'infanterie, d'une batterie d'artillerie, de trois régiments de cavalerie, d'un train d'équipage, d'une ambulance.

Le Préfet fixe aux troupes leurs cantonnements. Le Croisic, Batz et Saint-Nazaire se partagent un bataillon. La Roche-Bernard et Guérande un autre bataillon. Nantes a pour garnison six bataillons d'infanterie, quatre escadrons de cavalerie et partage avec Chantenay et Doulon l'artillerie, l'ambulance, le train d'équipage. Ancenis doit être occupé par un bataillon. Couëron, Saint-Etienne, Indre, Saint-Herblain, Savenay, Pontchâteàu, Blain Ingrandes, Nozay, Nort, Oudon, Varades sont désignés pour recevoir des escadrons ou détachements de cavalerie.

D'autres troupes, appartenant à un autre corps, doivent tenir garnison à Châteaubriant, Derval, Rougé, Saint-Julien-de-Vouvantes et Moisdon-la-Rivière.

Les 8 et 10 septembre, quelques détachements prussiens viennent occuper la ville.

Le maire, le 11 septembre, annonce l'arrivée du contingent assigné à la ville ; il adresse aux habitants ses dernières recommandations et renouvelle ses avis pour remplir leurs obligations.

Le 12, les troupes commandées par le comte de Horn, entrent dans nos murs. Aucun incident ne signale leur arrivée.

Une sévère discipline est maintenue dans l'armée prussienne. Les troupes vont tous les jours s'exercer sur la prairie de Mauves. Les officiers suivent assidument les représentations du théâtre. Des mesures sévères sont prises par le major prussien commandant de place à l'égard des officiers et soldats de l'armée française domiciliés en ville. Les patriotes ne se laissent pas intimider. La tranquillité du théâtre est chaque jour troublée par eux à la moindre occasion que prêtent certains passages des pièces.

Le 17 septembre, l'ordre est gravement compromis sur plusieurs points de la ville. Des corps de garde et des patrouilles sont insultés et attaqués. Le maire, le lendemain, s'empresse de recommander le calme et engage les habitants, au cas où ils auraient à se plaindre des soldats étrangers, à porter plainte au commandant de la place.

Le major Von Sommerfield tient un langage menaçant ; il déclare que tout citoyen qui porterait des armes cachées serait traité comme un assassin. Il assure les habitants qu'il est prêt à leur rendre toute justice si les postes ou patrouilles excédaient leur consigne ou l'exécutaient avec brutalité ou violence. Cette journée n'a pas de suite.

D'une façon générale règne une bonne entente entre les citoyens et les étrangers, et la veille de son départ, le général Horn, comme le major Sommerfield, remercie la population de l'accueil hospitalier que l'armée d'occupation a trouvée à Nantes.

Les troupes étrangères quittent la ville le 24 septembre, se dirigeant vers la Normandie.

Un certain nombre de soldats prussiens retenus à l'hôpital rejoignent leur corps à Montdidier. A leur arrivée, le 14 novembre, le général Horn adresse au maire de Nantes une lettre de remerciements pour les soins dont ils avaient été l'objet. Ces sentiments de reconnaissance sont sanctionnés par un témoignage flatteur du Roi. Pelloutier, consul de Prusse, remet solennellement, le 27 janvier 1816, au maire Du Fou, une lettre dans laquelle Fréderic-Guillaume le remercie chaleureusement et lui confère la croix de l'Aigle-Rouge de 3ème classe. Une médaille est également remise, au nom du Roi, à la soeur supérieure de l'hôpital.

Sur la demande du Roi, à l'occasion de l'ouverture des Chambres, des messes du Saint-Esprit et des prières sont prescrites par les vicaires capitulaires aux curés de tout le diocèse.

Conformément aux stipulations de la convention passée avec les puissances, l'armée est licenciée, puis il est procédé à sa réorganisation sur les bases fixées par l’ordonnance du 3 août. La nouvelle armée doit comprendre : 86 légions d'infanterie, 47 régiments de cavalerie et 12 régiments d’artillerie. Ces divers corps portent les noms des départements où ils se forment.

Le département de la Loire-Inférieure est désigné pour l'organisation d'une légion d'infanterie. Les conseils d'examen pour son recrutement se tiennent du 3 au 12 octobre. Les soldats ne montrent pas un grand empressement pour répondre à cet appel. Toutefois leur nombre est assez grand pour permettre une organisation provisoire. Le 12 octobre, un piquet est fourni pour le service du théâtre, qui jusqu'à ce moment était confié à la gendarmerie et à la Garde nationale. Des circulaires sont adressées aux maires pour stimuler leur zèle et les inviter à agir sur les soldats en vue de hâter leur incorporation. Un dernier délai est fixé au 15 novembre et les familles des réfractaires sont menacées de recevoir les garnisaires. Les partisans du régime napoléonien tentent à détourner les soldats de leur devoir, et pour y introduire des éléments dévoués aussi nombreux que possible les anciens combattants de l'armée royaliste sont admis avec une taille au-dessous de celle qui est réglementaire. Grâce à ces mesures, la légion offre les meilleures garanties de fidélité et son effectif est porté à un chiffre plus élevé que celui primitivement fixé. Le 1er janvier 1816 a lieu la reconnaissance des officiers et la prestation du serment.

Le Gouvernement, à mesure qu'il sent son autorité s'affermir, montre son intention d'en finir avec l’opposition irréductible des partisans du régime déchu. Le code ne fournit pas aux Tribunaux des armes suffisantes pour mettre un terme aux manifestations par lesquelles ils bravent l'autorité et perpétuent dans les esprits le trouble et le désordre. Le ministère demande aux Chambres les moyens de détruire ces germes de résistance, et pour répondre aux exigences de la situation, sont votées la loi du 29 octobre prescrivant des mesures de sûreté générale, et celle eu 9 novembre relative à la répression des cris séditieux.

Ces mesures d'ordre général sont complétées par l'institution de commissaires spéciaux de police, qui sont envoyés dans plusieurs villes, plus particulièrement travaillées par les meneurs bonapartistes. Notre ville est de ce nombre et, dans les derniers jours de novembre, le vicomte de Cardaillac est désigné pour y venir exercer des pouvoirs presque discrétionnaires.

Ce puissant policier se met immédiatement à l'oeuvre, et, à la date des 25, 27 et 30 novembre, rend une série d'arrêtés dans lesquelles il se montre résolu à remplir sa mission d'une façon implacable.

Les ex-fédérés, les officiers et soldats des corps improvisés dans les cent jours, ainsi que les officiers de l'ancienne armée restés sans emploi, sont l'objet de ses premières rigueurs et des mesures sont prises pour les contraindre à se retirer immédiatement dans leurs domiciles de naissance comme d'ailleurs l'avaient prescrit les ordonnances précédemment rendues à cet effet.

Les hôteliers, aubergistes, logeurs en chambres garnies sont tenus à des formalités très strictes. Les habitants, qui reçoivent des étrangers, ainsi que les concierges des maisons généralement inhabitées dans lesquelles des personnes viennent séjourner quelques jours, doivent remplir certaines prescriptions.

Une surveillance très étroite est exercée sur les cafés, cabarets, billards.

Tout détenteur de fusils, même pour sa défense personnelle, est tenu à une déclaration immédiate devant le maire, lequel doit l'inscrire sur un registre. Les récalcitrants sont menacés de la prison.

Ordre est donné aux armuriers, arquebusiers, marchands d'armes, de tenir un inventaire des fusils achetés ou fabriqués et de ceux vendus. La même formalité est imposée pour les fusils en réparation ; les noms de leurs propriétaires doivent être consignés sur le registre.

Défense est faite de fabriquer des armes à feu du calibre de guerre, des couteaux de forme poignard, des pistolets de poche, des cannes à épées, des bâtons ferrés, des fusils ou pistolets à vent, etc, etc.

Toutes ces mesures extraordinaires sont complétées par le rétablissement des cours prévôtales, dont l'ordonnance du 20 décembre règle l'organisation et le fonctionnement et fixe l'existence à trois années.

Une ordonnance du 14 janvier 1816 institue la cour prévôtale de Nantes. Elle désigne pour la présider Baron, président du Tribunal civil, et pour remplir les fonctions de prévôt Bascher des Mortiers, ancien officier des armées vendéennes. Ferval, conseiller à la cour de Rennes, le 4 mars suivant, procéda, en grande pompe, au Bouffay, à l'installation de ce tribunal d'exception.

Le gouvernement ne s'en tient pas à ces mesures extrêmes, mesures que peuvent trouver leur explication dans la nécessité de réduire des factieux à l'impuissance. Il s'attaque même aux objets matériels rappelant le régime déchu, et l'ordre est donné (ordonnance du 24 novembre) de détruire tous les insignes que rappellent le souvenir de l'Empire.

Les fonctionnaires de tout ordre s'empressent de rechercher les drapeaux, statues, bustes, emblèmes, etc., relégués dans les coins ou cachés dans les caves et greniers, pour les livrer aux flammes ou les mettre en morceaux. A Nantes, à Paimboeuf et dans quelques autres localités, il est procédé à de véritables autodafé, en présence des autorités et avec un certain appareil militaire. Les cachets, les sceaux des notaires, des tribunaux, des justices de paix, des administrations sont compris dans la proscription. Leur dénaturation est opérée dans les forges des serruriers et procès-verbal est dressé de l'état informe auquel ils ont été réduits. Les préfets, sur l'ordre du Ministre, agissent auprès des chefs des administrations et même de leurs employés pour qu'ils usent de leur influence ou de leurs relations de famille, pour entrer dans les vues du Gouvernement et faire disparaître dans les maisons particulières les insignes proscrits d'une façon si officielle et réputés séditieux.

La Garde nationale, qui était sous les armes pendant les cent jours, n'offre pas toutes les guaranties de fidélité et de dévouement que le nouveau régime peut exiger. Sa réorganisation s'opère conformément aux ordonnances des 16 juillet 1814 et 7 juillet 1815. Le colonel Fresneau, qui était à sa tête sous la première Restauration, en reprend le commandement dès les premier jours du nouveau Gouvernement. On procède à de larges épurations et le Conseil veille à n'inscrire sur les contrôles que des hommes dont les sentiments et les opinions répondent de leur attachement à la cause royale.

La milice citoyenne réorganisée se compose de deux bataillons d'infanterie à six compagnies chacune, du bataillon des sapeurs-pompiers et d'une compagnie à cheval. Un arrêté préfectoral du 7 décembre consacre cette organisation et investit de leurs pouvoirs les officiers choisis provisoirement par le colonel Fresneau.

Le dimanche 27 décembre, a lieu sur le cours Saint-Pierre la prestation solennelle du serment. Les officiers prêtent le serment devant le Préfet, entouré de toutes les autorités, et chaque capitaine reçoit de ses compagnies le même serment de fidélité au Roi et à la dynastie des Bourbons. La journée se termine par un dîner offert par le Préfet aux officiers et aux principaux fonctionnaires.

La Garde nationale, malgré toute la confiance que lui accorde l'autorité, ne peut, dans certaines circonstances, rendre les services que l'on est en droit de demander à un çorps organisé d'une façon permanente. Les quelques agents de police municipale et la gendarmerie, en présence de l'état des esprits et des menées audacieuses des bonapartistes, ne peuvent d'autre part suffire à la pénible et lourde tâche d'assurer le maintien de l’ordre et de la tranquillité.

Un nouveau corps est institué sous le nom de Compagnie départementale. Il a pour mission de prêter son concours aux autres corps chargés du service de la police urbaine. La création de cette compagnie n'est pas spéciale à notre cité. Une ordonnance en prescrit la formation dans les principales villes de France. Ces compagnies n'ont qu'une existence temporaire ; elles sont supprimées en 1818.

Le Roi Louis XVIII, en montant sur le trône avait une dette de reconnaissance à acquitter envers les défenseurs de la cause dans la guerre de la Vendée.

Lors de sa première rentrée en France, il avait donné des instructions pour rechercher ces vaillants soldats et donner des secours à ceux que leurs blessures avaient réduits à l'indigence.

Une Commission centrale avait été nommée. Des Commissions départementales avaient fonctionné. 1.142 vendéens se présentèrent devant celle de la Loire-Inférieure 668 d'entre eux furent proposés pour des gratifications représentant un total de 59.640 fr. et 215 seulement pour les pensions représentant une dépense annuelle de 41.255 fr.

Le retour de Napoléon ne permit pas de donner suite à ces propositions.

Dans les premiers mois du deuxième retour du Roi, les états de proposition sont rétablis. L'année 1816 se passe sans qu'aucune détermination ne soit prise et c'est seulement au budget de 1817 qu'est inscrit un crédit de 250.000 fr. pour secours aux armées de l'Ouest. Une somme de 31.100 fr. est sur ce crédit attribuée à la Loire-Inférieure.

(Félix Libaudière).

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