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LES GRANDES ÉPIDÉMIES QUI ONT RÉGNÉ A NANTES.

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De la nature des maladies épidémiques que les historiens ont désignées sous la dénomination générique de pestes. — De la première peste qui apparut dans le monde.

I.

Depuis les temps les plus reculés, et jusqu'au XVIIème siècle, Nantes a été fréquemment décimée par des épidémies et des maladies contagieuses, désignées sous la dénomination générique de pestes. Quelle était la nature de ces maladies ? Ces pestes successives ont-elles été identiques entre elles, ou a-t-on entendu sous ce nom des affections différentes ? Les maladies que les historiens nantais ont appelé pestes, présentaient-elles réellement les symptômes qui caractérisent cette affection, ou ce mot servait-il à désigner une épidémie grave ?... Il nous serait bien difficile de décider cette question, si nous ne savions que, de toutes les épidémies dont le lugubre souvenir s'est conservé chez les peuples, la peste d'Orient est celle qui a gravé les impressions les plus terribles et les plus durables ; qu'après avoir étendu plusieurs fois ses ravages sur tout le globe, son nom seul, métaphoriquement employé d'âge en âge pour qualifier les grandes calamités publiques, s'offre à nous comme une tradition, comme un écho fidèle des frayeurs et des désastres que cette maladie causa aux générations passées.

Il nous a été impossible, faute de renseignements suffisants, de retracer une histoire de la plupart de ces épidémies désignées sous le nom de pestes qui ont régné à Nantes. Nous avons trouvé des documents historiques qui apprennent bien l'époque à laquelle ces épidémies ont éclaté, leur durée, leur intensité, et quelquefois des évaluatious du nombre de personnes qui y ont succombé, et surtout les démonstrations religieuses de la ville et du clergé pour arrêter le fléau et appaiser le ciel ; mais nous n'avons pu lire de détails médicaux, et si nous ne possédions pas un rapport d'un docteur-régent de l'École de Médecine de Nantes, sur les malades qu'il vit pendant l'épidémie de 1602, nous n'aurions aucune preuve positive de l'apparition à Nantes de la véritable peste, la peste d'Orient..... Elle régnait cependant en Europe dans les temps anciens, comme nous le prouvent les ouvrages de quelques historiens qui ont décrit ses caractères principaux, en mentionnant les bubons aux aînes, aux aisselles…………. Grégoire de Tours, entr'autres, l'appelle la maladie inguinaire, et il raconte les ravages qu'elle fit en Touraine..... Il ajoute qu'elle fut apportée d'Espagne à Marseille par un navire en 583 ; qu'elle devint si funeste pour cette ville que son enceinte fût convertie en un vaste tombeau, et que la récolte manqua, faute de cultivateurs. Suivant le même historien, la peste parcourut la France jusqu'en 590 et dépeupla Paris.

II.

Parmi les opinions qui ont été émises sur l'origine de la peste, admettrons-nous celle de Pariset, et dirons-nous avec ce savant médecin que ce fut en 542 de l'ère chrétienne que ce fléau apparut pour la première fois dans le monde ; que la peste sortit de l'Egypte ; que, dans sa marche progressive à travers les peuples, elle a déployé le caractère des maladies transmissibles ; qu'elle se répandit en Europe par les voies de la guerre et du commerce ; que son origine, dans l'Egypte, doit être attribuée à la putréfaction des corps, qui ne sont plus embaumés comme dans l'antiquité, mais déposés négligemment à quelques pieds au-dessous du sol ou dans des caveaux mal clos ..... Dirons-nous, au contraire, avec Papon et Lassis, que la peste s'est manifestée partout où se sont trouvées des causes puissantes d'insalubrité, qu'il y ait eu ou non communication entre ces pays et ceux d'où on l'a supposée venir ; que cette maladie était très fréquente à Rome, dans des temps où cette ville n'avait absolument aucun rapport avec l'Egypte ? Mais, étaient-elles bien de véritables pestes, ces maladies qui ont été mentionnées avant 542 par les historiens ? Ne doit-on pas admettre avec plus de raison que la petite vérole, le typhus et les fièvres intermittentes ont régné fréquemment dans ces temps reculés, et que, sous le nom de pestes, les historiens ont désigné des affectious tout-à-fait différentes ?............. Ou comprendra facilement l'importance de cette distinction ; car si l'on ne peut prouver que la véritable peste, la peste à bubons, ait régné en Europe avant 542, époque de son apparition en Egypte, on admettra alors avec assez de vraisemblance que toutes les vraies pestes qui ont sévi à Nantes, comme dans les autres villes de l'Europe, ont été transmises du foyer général : l'Egypte. Les épidémies, certes, devaient être fréquentes dans les temps antérieurs à 542, car alors toute l'Europe était plongée dans les ténèbres de la barbarie ; l'agriculture y était négligée ; partout on y trouvait des eaux marécageuses ; les guerres y étaient presque continuelles et elles y entretenaient la dévastation la plus affreuse………. Mais rien ne nous prouve que l'épidémie que faisait naître cet état de choses fut la peste, puisque nous n'avons vu nulle part de description exacte de cette maladie avant l'an 542, alors que les sciences et les arts florissaient en Egypte……

Bientôt les situations changèrent dans ce pays : de sages usages de salubrité relatifs aux inhumations furent abandonnés. La croix montée sur le trône, le système des sépultures fut renversé. Ce qu'un zèle inconsidéré faisait faire depuis longtemps à Rome, à Constantinople et dans les autres villes principales, malgré les défenses réitérées des empereurs, on le fit en Egypte : les corps des martyrs et ceux des fidèles furent enterrés dans l'intérieur des églises et des monastères, dans l'enceinte et aux portes des villes, dans les maisons particulières, comme le font encore les Coptes d'aujourd'hui, enfin dans les environs des villages et toujours à une petite profondeur, afin de préserver ces corps des atteintes du Nil. En un mot, tout le système des sépultures fut renversé ; on cessa d'embaumer les animaux et les hommes ; leurs restes corrompus firent désormais partie du sol habité, et c'est ainsi, dit le docteur Bariset, que, de la plus dangereuse des innovations, est venue dans le monde la plus dangereuse des maladies.

(Gabriel Le Borgne).

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