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MORTALITÉ DUE AU TYPHUS, A LA PESTE ET SIPHILIS A NANTES.

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Charles VIII, roi de France, assiège Nantes. — Le typhus se déclare dans la ville. — Mesures que l'on prend contre la contagion. — Epidémie. — Offrande de la ville à Saint-Sébastien. — Peste. — François Ier à Nantes. — Peste. — Famine. — Les mendiants affluent dans la ville. — Le typhus y fait des ravages. — La syphilis à Nantes.

XIII.

L'année 1413 fut remarquable par une grande mortalité.

Quoique les historiens nantais ne mentionnent pas de grande maladie épidémique depuis le commencement de ce siècle jusqu'à l'année 1486, nous sommes porté à croire cependant que Nantes a été frappée de la peste, en 1450, comme le reste de la France. Cette maladie contagieuse, qui a été décrite par Fernel, Quercetanus, Gemma, Forestus, etc., fit de grands ravages dans toute l'Europe : en deux mois, elle emporta 60,000 personnes à Paris. La frayeur et l'épouvante étaient telles que les malades s'enveloppaient d'un suaire dès qu'ils étaient atteints de l'épidémie, et mouraient subitement.

XIV.

En 1486 et 1487, Charles VIII, roi de France, attaque Nantes ; désespérant de s'emparer de la ville, il lève le siège le 6 août 1487.

Peu de temps après, une grave épidémie, cortège ordinaire de la guerre et des grands troubles civils, se manifesta dans la ville. Elle fît beaucoup de victimes. Le blocus de sept semaines qu'eut Nantes à supporter ; les privations que les habitants furent forcés de s'imposer ; le grand rassemblement d'hommes qui eut lieu à Nantes sont des influences qui nous font penser que le typhus, affection qui se déclare toujours lorsque les mêmes circonstances se présentent, a exercé ses ravages à cette époque... Ici encore, nous voyons des effets liés à des causes appréciables.

« On fut en garde, au mois d'août et dans les suivants de l'année 1490, dit Travers, contre les maladies contagieuses, en prenant les mesures que la prudence humaine peut suggérer pour les écarter, et en recourant à Dieu par les saints pour en être préservé. Le conseil de la ville fit publier, le 16 août, au bourg du Pellerin, à l'assemblée qui s'y tenait, défense à ceux qui étaient d'un lieu où il y avait de la contagion de passer par Nantes à leur retour, et il ordonna, le 13 du même mois, de porter à Monsieur Saint-Sébastien la ceinture en cire de la ville et du château de Nantes, pour y brûler devant l'image du saint. Cette bougie y fut portée le lendemain à la teste de la procession générale par huit chapelains qui y dirent la messe ».

Ces mesures inspiraient grande confiance dans ces siècles de foi religieuse. Nous sommes loin de blâmer l'emploi de ces moyens moraux, si nous pouvons les appeler ainsi, et nous ne dirons pas qu'il ne faille avoir recours qu'aux moyens d'action qui sont de l'ordre matériel ; que, pour qu'un remède agisse, il est nécessaire qu'il soit représenté par un corps, une substance ; que, si cette condition manque, le prétendu moyen d'action n'est qu'une grossière pratique, une superstition ridicule qui ne peut produire aucun résultat. Assurément, une idée qu'on éveille dans un malade peut en modifier favorablement l'état, et l'idée de la Providence qu'on implore, de Dieu qui va écouter les prières qu'on lui adresse, peut parvenir à retremper le courage si nécessaire dans les époques d'épidémies ! ... Dans nos temps modernes, nous voyons aussi des processions, nous entendons des prières publiques ; mais à ces démonstrations religieuses, on en ajoute d'autres purement matérielles sans lesquelles, il faut l'avouer, toutes les prières du monde ne parviendraient pas à rendre salubre un lieu qui ne le serait pas, à arrêter le typhus dans un établissement où régnerait l'encombrement, une épidémie de fièvres intermittentes dans une ville entourée de marais. Ces causes produisent nécessairement des effets dont on ne peut empêcher l'action qu'en employant des mesures que l'hygiène publique met à la disposition de l'administration. Les siècles antérieurs'étaient privés de ces moyens, parce que, ne cherchant pas à apprécier la cause qu'ils croyaient divine, ils s'adressaient aux saints pour obtenir de Dieu ce qu'ils auraient empêché à l'aide de la science ; mais le temps n'était pas encore arrivé où la physique et la chimie devaient éclairer de leur flambeau et renverser les causes occultes.

Entraîné dans cette marche rétrograde que nous avons mentionnée, le flambeau de l'hygiène publique ne jeta que quelques lueurs, dont la faible clarté se borna seulement à éclairer les hommes sur la nécessité de créer des asiles aux infortunés que décimaient d'affreuses affections de la peau, ou des maladies épidémiques et contagieuses, tristes mais inévitables fruits de l'ignorance générale, ainsi que de toute absence d'une police de santé.

Ce funeste état de choses ne frappait pas seulement Nantes : toute la France, toute l'Europe offraient le même tableau ; toute l'Europe subissait à d'assez courts intervalles le retour d'épidémies meurtrières, auxquelles on ne savait opposer que des prières et des processions !..... Mais si la France a partagé longtemps avec d'autres peuples contemporains l'ignorance des principes et des mesures propres à protéger la santé publique, elle peut aussi s'enorgueillir d'avoir, la première, donné l'exemple de tentatives pour sortir de cette funeste situation. Déjà, vers la fin du XIIIème siècle, on remarque quelques efforts isolés vers le mieux, mais ce n'est qu'avec le règne de Jean II, surnommé le Bon, que débute la création d'une police de santé,.... N'oublions pas de dire, cependant, que les premières ordonnances de salubrité publique rendues pour prévenir le retour de la peste datent de 1374 et qu'elles furent publiées par Bernabo-Visconti, duc de Milan. Cette ville, disent les historiens, se préserva quelque temps de la peste en 1348, en fermant ses portes et en barricadant trois maisons où la maladie avait éclaté.

XV.

Le XVIème siècle commence sous de funestes auspices. « Au-dit temps de l'an 1501, dit le compte du Miseur, la peste eût cours et mourut 4,000 personnes et plus ; et demeura Nantes quasi inhabitable de la plupart de gens de puissance et des louaigiers. Ils s'enfuissaient de nuict et lessaient les cleffs souls l'uys. Les grands vicaires furent du nombre des fuyards ». L'autorité ordonna de visiter les maisons et d'apposer les sceaux sur les portes. On eut recours aux processions et l'on porta solennellement, deux trompettes sonnant la marche, à Saint-Sébastien, une bougie de 2,000 brasses qui faisait le tour de la ville. Elle fut portée par des prêtres jusqu'à Pirmil, et puis conduite par eau jusqu'à l'église du saint..... Le voeu créateur de cette procession a été acquitté, jusqu'à la République, par les échevins de Nantes, le 20 janvier de chaque année, sauf la bougie. Il y eut une autre procession générale où l'on porta le saint-sacrement à la chapelle de Saint-Marc de l'hôpital Saint-Clément. Cette chapelle, qui n'existait plus à l'époque de Travers, était située au fond du collège entre le faubourg et les jardins.

Le progrès se fait sentir..... des mesures de salubrité sont prises par l'autorité pendant l'épidémie ; on ferme les lieux publics, les églises même ; on défend toute espèce de rassemblement sur les places et dans les rues... Ces moyens étaient insuffisants, sans doute ; ils pouvaient bien diminuer l'intensité de la maladie, mais ils ne pouvaient en interrompre le cours, et la contagion trouvait toujours des aliments assurés dans toutes les conditions d'insalubrité où était encore placée Nantes. Aussi aucune santé n'était assurée dans une ville où chaque quartier, chaque rue, chaque maison étaient de véritables foyers d'infection, entretenus par de puissantes influences : l'ignorance, la superstition et la misère du peuple !

XVI.

Pondant les mois de janvier et février de l'année 1518, la peste désola encore Nantes. Deux sergents, gagés à 3 # par mois, sont-chargés de faire évacuer les maisons infectées, de les fermer et de les sceller du sceau de la ville.

XVII.

En 1522, la peste recommença ses ravages et dura plusieurs mois. François Ier était à Nantes à cette époque.

La maladie sévit encore l'année suivante ; et la ville, pour empêcher l'épidémie de se propager, usa des précautions qu'on employait alors, et qui consistaient, comme nous l'avons déjà vu, à faire évacuer, par des sergents, fermer et sceller les maisons dans lesquelles étaient morts des pestiférés.

XVIII.

En 1525, les grains furent chers ; en 1527, la famine se déclare, et en 1529 la misère est extrême.

« Bientôt, à la porte de l'hôte de Briord, à celle de l'évêque, autour des maisons des principaux bourgeois, se presse une foule affamée qui demande du pain : c'était au mois de décembre ; le froid et l'humidité se réunissent encore contre cette populace pour l'exterminer. Les galetas, les lieux publics, où s'assemblent les malheureux, sont bientôt remplis de malades ; partout où ils se trouvent entassés, l'odeur putride de leurs vêtements en lambeaux qu'ils sèchent à la chaleur de la foule, et la présence d'un grand nombre d'individus, suffisent pour vicier l'air et le rendre mortel à ceux qui le respirent. Quelques jours encore, et l'on voit couchés pêle-mêle, sur une paille fétide, des hommes sains, mais fatigués par les privations ; des malades dont les yeux fixes et caves, l'extrême faiblesse, la position sur le dos, l'odeur infecte d'excréments, indiquent la facheuse situation, et des cadavres qui respiraient encore il n'y a qu'un instant. Les fossoyeurs ne suffisent plus ; dès lors, à l'insalubrité des rues sales et tortueuses, larges quelquefois de sept à huit pieds, souvent moins, aux habitudes arriérées de l'époque, se réunit l'infection des maisons, remplies de morts et de mourants, et celles des immondices jetées par les fenêtres, dont les émanations sont toujours plus dangereuses pendant les épidémies. Les classes les plus élevées souffrent à leur tour ; la contagion gagne, elle s'attaque aux riches bourgeois, aux nobles et au clergé. Les uns, pour détourner ce fléau, adressent au ciel des prières impuissantes ; d'autres quittent la ville ; la communauté des bourgeois s'occupe presque seule des mesures de salubrité. Par ses ordres, on fait sortir les malades pour les conduire aux hospices ; l'on enferme sous cadenas ceux qui veulent rester chez eux ; on enterre les cadavres, et toutes les maisons pestiférées sont scellées du sceau de la ville ; mais rien de plus : aucune mesure de propreté n'est employée ; les porcs mêmes peuvent encore vaguer en liberté dans les rues.

Cependant la violence de l'épidémie diminue, et déjà l'on se félicite des succès obtenus ; mais bientôt le mal que l'on avait cru vaincre en le limitant dans quelques localités avec des mesures juridiques, reprend ses forces ; l'infection, concentrée dans les prisons, s'échappe par mille issues, et l'année suivante, l'on est réduit à décréter la peine de mort contre les malades et les convalescents qui se présenteraient en public » (Dr GUÉPIN).

« Similien Turcand, barbier-chirurgien, fut nommé, avec un de ses confrères, pour saigner et panser les malades de l'aumônerie et autres. Le confrère succomba et il fut obligé d'exercer seul ses fonctions sans pouvoir trouver un second. La ville augmenta ses émoluments, qui étaient de 16 liv. par mois » (F.-J. VERGER).


XIX.

Dans ces temps de guerre, la misère était grande à Nantes... La disette de grains, qui se fait aussi sentir dans les campagnes, attire, en 1532, beaucoup de mendiants dans la villa : une maladie épidémique se déclara. Au typhus, qui fait de nouveaux ravages, se joint la syphilis.

Les ravages que fait cette affection, inconnue jusqu'alors à Nantes, sont effrayants. Le mal se présente sous mille formes, toutes plus horribles et plus cruelles les unes que les autres……… « Cette maladie, dit Travers, fut occasionnée par le long séjour du roi François Ier à Nantes, dont la cour avait beaucoup de gens infectés du mal de Naples. La communication de ce mal, dont on ne connaissait pas la nature, infecta beaucoup de gens à Nantes et fit établir le Sanitat pour les y traiter sous le nom de pestiférés ».

« On pense bien, dit Guimar dans ses Annales Nantaises, que toutes les mesures qui furent prises, quoique nécessitées par lefuneste voyage de la cour, ne s'exécutèrent pas immédiatement et sous ses yeux ; au contraire, la ville qui se doutait à peine de la nature des obligations qu'elle devait au cortège royal, se fit un devoir de lui fournir, pour s'en retourner, deux galiotes vitrées, qui le conduisirent, suivant les uns, jusqu'à Ancenis, et suivant d'autres, jusqu'à Tours ».

Laissons aussi parler M. Meuret…… « Après le départ du roi, la peste fit de nouveaux ravages à Nantes ; mais comme si ce fléau n'avait pas suffi pour désoler la ville, il s'en découvrit un autre, qui, par sa nature, resta quelque temps caché dans le secret des familles qui en furent les victimes. Les progrès de cette maladie inconnue furent d'autant plus effrayants qu'on prenait plus de soin de la dissimuler, et que les médecins ignoraient entièrement l'art de la traiter.... Cette maladie était un présent funeste que les Espagnols reçurent en échange des horribles calamités qu'ils avaient répandues sur les malheureux habitants du Nouveau-Monde. Ce fut le premier fléau dont le ciel se servit pour punir la férocité, des exterminateurs de ces peuples infortunés. Malheureusement, l'Europe entière en ressentit les suites désastreuses. Naples surtout, où les Espagnols étaient alors très puissants et très nombreux, fut promptement infecté de la maladie ; c'est là que nos Français, pendant les guerres d'Italie, allèrent la chercher ; plusieurs hommes de la suite du roi, qui en étaient atteints, l'introduisirent à Nantes ».

Les magistrats, effrayés de l'apparition de cette affection terrible qu'ils voient pour la première fois, font renfermer toutes les personnes infectées, la traitent comme une maladie contagieuse, et louent une maison pour y placer ceux qui en sont atteints. Ce lieu se nommait l'Asnerye : c'est l'emplacement et l'origine du Sanitat, cet ancien hôpital général, qui, lui-même, a disparu aujourd'hui pour faire place à un nouveau quartier. Voilà plusieurs siècles que la syphilis, cette contagion dévorante, cette maladie qui touche aux sources même de la vie, qui mêle aux plaisirs et aux joies faciles de si vives inquiétudes, règne à Nantes !.... Arrivera-t-on jamais à faire disparaître un fléau qui fait tant de victimes, à éteindre un mal qui attaque la population dans son germe, — par des règlements plus sévères, — une inspection plus fréquente et plus suivie , — et par une meilleure surveillance de la prostitution ?.... Ce n'est point à nous à parler des améliorations que l'on peut apporter à Nantes dans cette branche importante de l'hygiène sociale. Un autre pourrait, comme Parent Duchatelet, écrire tout ce qu'il a vu souffrir et rougir, et il aurait à écrire beaucoup de choses, de tristes choses.... Sous la robe de soie et la ceinture dorée de la courtisane, il nous montrerait la pauvre fille en haillons ; au bout de la table des orgies d'une nuit, il placerait la misère, qui attend pour le reste de sa vie la victime des égarements d'autrui ; il nous dirait les douleurs de son corps, les douleurs de ses entrailles et les douleurs de son âme ; et, d'une plume religieuse, comme Parent Duchatelet, il nous ferait un livre moral sur la plus ingrate des immoralités... On a reproché au médecin ce sujet ; comme si le doigt du médecin, dit Raspail, se salissait jamais en touchant à une plaie ; comme si nul, plus que lui, ne savait rester chaste au foyer, de la prostitution !

(Gabriel Le Borgne).

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