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LA VISITE DE NAPOLEON Ier EN VENDEE (1808).

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L'arrivée de l'Empereur à Nantes était fixée au 8 août 1808, dans l'après midi, et l'on comptait les heures, les instants qui devaient s'écouler jusque-là. Déjà les estafettes arrivaient, et l'on savait que Sa Majesté avait quitté Niort le 6 août 1808 et était entrée dans la Vendée. Bientôt même l'on apprit que dans cette Vendée, théâtre récent de tant de déchirements, de courage et de malheurs, la vue de l'Empereur avait comme partout excité le plus vif enthousiasme.

Quelques craintes avaient été répandues à cet égard, et Napoléon en avait été instruit ; mais il n'avait pas hésité un instant et il avait voulu voir de près cette population simple, remplie de foi et qui avait soutenu ses convictions dans une guerre que lui-même, qui s'y connaissait, appelait une guerre de géants.

Sa confiance n'avait point été trompée ; les Vendéens s'étaient serrés autour de lui, et l'avaient hautement salué, comme le réparateur de leurs maux et l'espoir de leur avenir. Le Clergé lui-même s'était rendu l'interprète de ces sentiments. Nous ne pouvons résister au plaisir de donner ici, dans toute son étendue, le discours qu'adressa à l'Empereur M. Herbert, pro-vicaire général, en présentant à Sa Majesté les Curés et Desservants du diocèse de la Vendée. Il y a, dans ces simples et éloquentes paroles, l'expression fidèle et vraie de la pensée qui animait alors toute la population vendéenne.

« SIRE,
Le Clergé de la Vendée qui depuis tant d'années, n'avait à retracer que les tristes images de la Religion opprimée et gémissante, vient aujourd'hui, la reconnaissance et la joie dans le coeur, montrer à Votre Majesté cette même religion toute couverte de la gloire qu'elle doit à votre protection.

Après une longue et funeste oppression, avec votre règne, Sire, elle commença à renaître ; avec vous, elle monta sur le trône ; nous comptons les années de son accroissement et de sa liberté, par les années de votre puissance, et c'est sous le plus florissant Empire du monde que nous avons l'espoir de la voir aussi plus florissante que jamais.

Si elle se souvient encore de ses malheurs passés, ce n'est que pour mieux goûter le parfait bonheur dont vous la faites jouir. Elle est sans agitation et sans crainte à l'ombre de votre autorité ; elle est même, j'ose le dire, sans désirs, puisque votre zèle ne lui laisse pas le temps d'en former, et que votre bonté va souvent au-delà de ses espérances.

Nous laissons, Sire, à vos autres sujets le soin de louer le conquérant de l'Égypte, le vainqueur de Marengo, d'Austerlitz, d'Iéna, de Friedland, le pacificateur de l'Europe, le père de tous les peuples. Partageant leur admiration, le Clergé jette surtout ses regards et fonde ses plus chères espérances sur cette piété si naturelle à Votre Majesté et qui vous rend attentif, même au milieu de vos victoires, aux plus petits intérêts de la Religion, n'omettant rien de ce qui peut contribuer à la relever, l'étendre ou l'affermir.

De là tant de séminaires établis, où les jeunes élèves du sanctuaire, loin de la corruption du monde, croîtront désormais à l'ombre et dans la pratique de la vertu ; de la tant d'hôpitaux relevés pour servir d'asile à l'humanité souffrante ; de communautés autorisées où se formeront, pour la patrie, des mères vertueuses et chrétiennes.

Il était bien juste, Sire, que la France vous devant déjà son salut et sa gloire, l'Église gallicane vous dût aussi sa victoire et son triomphe ; sans cela votre règne, que le ciel a voulu faire un règne de merveilles, aurait manqué de son plus bel ornement. Et c'est sans doute ce respect pour la religion de nos pères que la postérité regardera toujours comme la source de votre prospérité et le comble de votre gloire.

Tant de bienfaits vous sont, Sire, un sûr garant de la reconnaissance et de l'amour du Clergé de la Vendée et des efforts qu'il fera toujours pour entretenir ces sentiments dans le coeur des peuples qui lui sont confiés.

Comblé de joie d'avoir eu le bonheur de vous voir et de vous admirer, chacun de nous redoublera ses soins pour faire de tous ses concitoyens de fidèles sujets, en en faisant de bons chrétiens ; nous redoublerons tous ensemble nos prières et nos voeux pour que le ciel redouble ses bénédictions en faveur de Votre Majesté.

Nous ne vous demandons rien, Sire, pour le Clergé ; s'il a quelques besoins, vous les connaissez, et cela nous suffit ; mais, nous vous en supplions, Sire, daignez jeter un regard favorable sur votre bon et malheureux peuple de la Vendée ; jamais il ne fit la guerre qu'à l'anarchie ; il vous aima dès qu'il vous connut et vous regarda toujours comme l'homme de la droite de Dieu, le ministre de sa Providence, envoyé pour cicatriser ses plaies et guérir ses maux.

Il ne s'est pas trompé, Sire, dans son attente ; aussi n'est-il aucun département de vos vastes Etats qui vous soit plus respectueusement attaché que celui de la Vendée ; il n'est aucun de ses habitants qui ne s'estimât heureux de répandre jusqu'à la dernière goutte de son sang, pour la défense de votre personne et la gloire de votre nom ».

Napoléon se montra très-sensible à l'expression de ces sentiments. Il estimait, du reste, la Vendée, et il l'avait prouvé en donnant son nom à la vieille ville de la Roche-sur-Yon. Il eut voulu même y créer un véritable centre de population et lui donner l'importance d'une grande ville. A cet effet et pour réparer aussi des désastres qu'il avait pu apprécier, par décret du 8 août, daté de Napoléon-Vendée même, il voulut assurer à la ville et au département des ressources et des avantages aussi larges que sagement répartis.

Un crédit de six millions était ouvert pour des travaux à exécuter dans la ville de Napoléon et la confection de nouvelles routes dans le département de la Vendée.

Une exemption de contributions, pendant quinze ans, était accordée à toute maison reconstruite.

Une prime du quart de la valeur de chaque maison, jusqu'à concurrence de 800 francs, était également accordée aux propriétaires des deux mille maisons qui seraient reconstruites les premières.

Une somme de 300.000 francs était en outre donnée pour la reconstruction et les réparations des Églises et Presbytères du département.

Comme on le voit, c'était là une munificence vraiment réparatrice.

Au reste, depuis son départ de Bayonne, Napoléon en avait agi ainsi partout. Dans chaque ville où il s'arrêtait, il tenait à ce que les Administrations locales eussent accès près de lui ; il provoquait lui-même leurs réclamations, la manifestation de leurs désirs et de leurs besoins ; et si, d'un coup-d'oeil, il jugeait ce qu'il y avait de bon et d'utile à faire, d'un trait de plume aussi, les moyens d'exécution étaient créés et ordonnés.

Et c'est ainsi que, dans ce voyage à travers la France, si Napoléon, recevait des populations les témoignages les plus simpathiques d'amour et de respect, il savait aussi, par ses bienfaits, inspirer chez elles les sentiments les plus mérités de souvenirs et de reconnaissance.

(M. J.-C. RENOUL).

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