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NAPOLEON Ier A NANTES (1808)

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Napoléon 1er

En 1808, Napoléon est allé à Bayonne arracher à Charles IV la renonciation pour lui et son fils au trône d'Espagne en faveur de Joseph Bonaparte. Il s’est engagé au retour à passer par la Vendée ; mais à Bordeaux, le 3 août, il apprend la capitulation du général Dupont à Baylen.

L’empereur entre dans une furieuse colère ; il hésite à poursuivre son premier dessein, voulant rentrer à Paris. Il craint que son abstention soit prise pour une marque de défiance ; aussi continue-t-il son voyage vers Nantes en brûlant les étapes. 

Il passe quelques heures à peine dans chaque ville, à la Rochelle, à Niort, à Fontenay, à Napoléon-Vendée (La Roche-sur-Yon), à Montaigu. Pendant tout le voyage la crainte d’un empoisonnement hante Napoléon 1er. 

A Montaigu comme à Fontenay, il refuse les mets préparés à son attention. A Montaigu se produisit un incident curieux. L’empereur, installé chez un avoué, fait appeler le sous-préfet et lui dit : « L’impératrice, après avoir bu un verre d’eau, vient de vomir. Qu’est-ce, Monsieur ? Voyez donc cette eau. — Sire, répond le fonctionnaire, que Votre Majesté n’ait pas la moindre inquiétude, elle est chez de très honnêtes gens. — Mais goûtez-donc, reprend Napoléon avec un geste brusque ». Le sous-préfet se saisit d’un verre plein et en avale le contenu. L’empereur parait rassuré.

A une heure du matin, le signal du départ de Montaigu est donné. La garde d’honneur du pays accompagne le souverain jusqu’au pont de Remouillé, frontière du Poitou et de la Bretagne. Là attendent, autour du préfet, des gendarmes et un détachement de la garde d’honneur nantaise composée de l’aristocratie nobiliaire et commerciale.

Epouse de Napoléon 1er

Marie-Joséphine, première épouse de Napoléon Ier.

Epouse de Napoléon 1er

Marie-Louise, deuxième épouse de Napoléon Ier.

Malgré l’heure tardive, une foule nombreuse stationne. Un paysan traverse les rangs, chapeau bas. Il demande à baiser la main de l’empereur. — « As-tu été républicain ou royaliste, dit celui-ci — Royaliste, et je me suis bien battu contre les Bleus ». L’empereur lui accorde ce qu’il demande. Une jeune fille se jette aux genoux de Napoléon et le supplie de sauver son fiancé de la conscription. L’empereur la relève, lui accorde ce qu’elle sollicite et lui remet quelques pièces d’or.

Napoléon 1er

Trois heures sonnent lorsque le cortège arrive à Nantes. On ne l’attendait plus. La ville s’éveille au bruit du canon. Les cloches s’ébranlent. Le maire offre les clés de la ville sur un plat de vermeil. Napoléon les rend et va s’installer à l’hôtel d’Aux (Place Louis XVI, hôtel du Corps d’armée).

Dès l’aube, une foule accourue de tous les points du département, se presse dans les rues. On danse, on chante. Un arc de triomphe de 12 mètres de hauteur décore le pont Rousseau ; il est destiné à célébrer : L’arbitre, le héros, le bienfaiteur du monde.

Un autre arc sur le pont de la Poissonnerie, élève un char de triomphe traîné par six chevaux ; il porte cet exergue : Au pacificateur de l'Ouest.

Au centre de la place Impériale (place Royale) se dresse un obélisque, haut de 18 mètres ; sur la place Graslin la foule admire le Temple des Muses : le buste de Napoléon trône sur un piédestal entouré des neuf Muses ; des inscriptions dithyrambiques figurent sur ces monuments.

A neuf heures, l'Empereur visite le port et les établissements publics. Rien sur sa figure impassible ne marque les sombres préoccupations que lui causent les affaires d'Espagne. Il questionne le Maire sur la guerre civile ; l’évêque l’assure de la fidélité de ses prêtres.

Le lendemain, 10 août, Napoléon s’embarqua à 4 heures du matin sur un joli canot, don des industriels nantais. Il visita Indret, Paimboeuf, Saint-Nazaire où Mathurin Crucy lui fit remarquer combien ce lieu serait propice pour l’établissement d’un port et d’un chantier naval.

A cheval, l'Empereur regagna Nantes. Pendant son absence, l'Impératrice avait reçu cent dames et quarante filles nantaises. Le soir la ville fut illuminée, et il y eut un grand bal. Ceux qui, avec l’héroïque Canclaux avaient repoussé les attaques vendéennes et ceux dont la famille avait été décimée par l’horrible Carrier, fraternisèrent dans les mêmes réjouissances.

Par décret, daté de Nantes, 11 août, Napoléon accorda aux Nantais l’aide qu’ils sollicitaient pour améliorer la Loire, achever la Bourse, reconstruire le théâtre brûlé en 1796, refaire les quais.

Généalogie de Napoléon 1er

L'Empereur, tourmenté par les évènements d'Espagne, abandonna son projet de pousser son voyage jusqu’à Rennes et reprit la route de Paris. En passant à Ancenis, il fut complimenté par les autorités ; mais il écoutait distrait, perdu dans son rêve. Comme les discours finissaient, brusquement, sans un mot de politesse, il dit au Maire stupéfait : « Combien pourriez-vous me fournir de milliers de paille ? ».

Le soir, il était à Angers (d’après E. Gabory, Napoléon et la Vendée, pp. 293 à 326).

 

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PASSAGE A NANTES DE S.M. L'EMPEREUR NAPOLÉON Ier (9, 10 et 11 août 1808).

Le passage à Nantes, en 1808, de Sa Majesté Napoléon Ier, ne fut évidemment point une de ces visites de courtoisie que les Souverains rendent parfois à certaines villes, comme simple témoignage d'intérêt.

En venant à Nantes, Napoléon avait en réalité un but plus grand, plus élevé. Il voulait étudier par lui-même les besoins d'une contrée qui avait eu tant à souffrir de nos discordes civiles ; il voulait calmer, par sa présence, certaines passions qui sommeillaient, mais n'étaient pas encore parfaitement éteintes ; il voulait, enfin, réunir dans un même sentiment national pour sa personne et le pays, ces opinions diverses qui avaient si profondément agité et divisé les esprits.

Le séjour à Nantes de Napoléon Ier fut donc un véritable événement.

Aussi, les écrivains qui se sont occupés de notre histoire locale, ont-ils pris grand soin de le mentionner d'une manière toute spéciale ; mais tous avaient un but plus large et n'ont pu s'y arrêter qu'un instant. Les renseignements qu'ils fournissent sont donc bien incomplets et manquent même parfois d'exactitude.

Mellinet, cependant, consacre à ce récit d'assez longues pages ; mais Mellinet lui-même se renferme presque uniquement dans les faits les plus saillants, que parfois même il colore des effets de son imagination. Il passe ainsi sous silence une foule de détails qui ont bien aussi leur importance et leur intérêt.

Nous avons donc pensé que l’on nous saurait gré de retracer avec fidélité et avec toutes ses phases, cet épisode de nos annales qui eut un si grand retentissement et remua si profondément notre population. Après un demi siècle on en parle encore souvent et l'on en parlera longtemps sans doute ; mais pour que la mémoire ne s'en altère ni ne s'en efface, il est utile, croyons-nous, d'en recueillir les diverses circonstances, afin d'offrir ce récit comme un souvenir que la ville de Nantes doit conserver de la manière la plus précieuse.

Et d'ailleurs, n'y a-t-il pas un certain à-propos aujourd'hui à consacrer ce souvenir ?

Sa Majesté Napoléon III vient de parcourir une grande partie de notre Bretagne, excitant partout le plus vif enthousiasme, recevant dans chaque ville, dans chaque village, les preuves les plus manifestes d'affection et de sympathie, mais en même temps aussi, recueillant, étudiant partout les moyens d'améliorations susceptibles de donner aux besoins de ces contrées une légitime satisfaction.

Lorsque pareille marque de sollicitude est donnée par celui qui préside aujourd'hui aux destinées de la France, lorsque chaque ville se fait gloire de recueillir et de conserver jusqu'au moindre détail des circonstances de ce passage, n'est-il pas d'une opportunité frappante de rappeler également au pays ce qui se passa à Nantes, il y a plusieurs années, lorsque le chef illustre de cette dynastie vint aussi séjourner quelques jours parmi nous ?

Contemporain et témoin nous-même de cet événement, bien des faits nous étaient particulièrement connus ; mais nous nous étions imposé la tâche de donner un récit exact et complet, et, pour y réussir, nous avons dépouillé nos archives et puisé à toutes les sources officielles qui pouvaient nous inspirer confiance. Nous n'avons pas même hésité à consulter ceux qui ont écrit avant nous sur ce sujet et à leur faire quelques emprunts, lorsque nous avons été en mesure d'en constater l'exactitude.

Du reste, nous le déclarons d'avance, aucun esprit de parti, aucune opinion politique ne nous a inspiré dans ce récit. Nous avons vu seulement dans ce passage à Nantes de Napoléon un fait important, qui jusqu'ici n'avait été qu'imparfaitement raconté, et nous nous sommes proposé de réparer cette omission. Nous serons donc simplement historien, et nous montrerons même sobre de réflexions. En tous cas, celles que nous pourrons faire nous seront toutes personnelles, et nous n'avons pas la ridicule prétention d'imposer à personne notre manière de voir et de penser.

A l'époque où nous nous plaçons, août 1808, Napoléon avait quarante ans, et il était dans toute la maturité de l'âge. Il était, sans contredit aussi, au sommet de sa gloire et de sa puissance.

Depuis la paix de Tilsitt, la Russie s'était complètement ralliée à sa politique.

La Prusse, vaincue, subissait la loi qui lui avait été faite et en était en quelque sorte réduite à demander, comme faveur, le maintien de sa nationalité.

L'Autriche avait également été amenée à accepter la paix, et ostensiblement du moins, elle manifestait le désir de la conserver.

Des autres États de l'Allemagne, la plupart avaient accepté le protectorat de la France, et suivaient la direction qu'ils en recevaient.

Ainsi, bien que les troupes françaises occupassent toujours une grande de partie de l'Allemagne et de la Prusse, le canon avait entièrement cessé de gronder sur le Rhin et la Vistule.

La Hollande, le Danemark, la Sicile, la Turquie, avaient également avec la France des rapports d'amitié.

L'Angleterre seule, ennemie déclarée, soutenait contre France une lutte acharnée.

Sans parler de la guerre maritime, pour laquelle elle n'épargnait aucun sacrifice, au Nord, elle donnait son appui à la Suède, contre la Russie notre alliée, dans la guerre de Finlande. Récemment aussi ses flottes avaient bombardé Copenhague, sous le prétexte aussi banal qu'injuste, que le Danemark n'avait pas voulu accepter son alliance.

Mais c'était surtout au Midi, en Espagne et en Portugal qu'elle faisait peser son influence et qu'elle combattait même avec ses hommes et surtout avec son argent.

Les armées françaises avaient bien envahi toute la Péninsule, après de nombreux et brillants succès, mais la lutte continuait toujours, et c'était chaque jour de nouveaux combats, contre une insurrection qui se renouvelait aussi sans cesse.

Cependant, l'Empereur qui, depuis le mois de juin, avait séjourné à Bayonne, venait enfin, après une longue et difficile négociation, d'obtenir un succès d'une haute portée et qui semblait devoir entraîner les conséquences les plus impurtantes.

La Junte espagnole, réunie également à Bayonne, avait reconnu Joseph Napoléon pour Roi des Espagnes.

Le 7 juillet, Joseph prêtait serment à la nouvelle Constitution, et, de son côté, la Junte elle-même tout entière, prêtait serment à son nouveau souverain. Le 10, Joseph, suivi d'une cour nombreuse, mettait le pied sur le territoire espagnol, et, le 20, il faisait son entrée à Madrid.

Notre intention n'est évidemment point d'entrer dans plus de détails sur les graves événements de cette époque. Qu'il nous suffise de dire qu'après avoir séjourné encore quelque temps au château de Marsac pour y suivre les événements et apprendre l'arrivée à Madrid du Roi Joseph, Napoléon, accompagné de l'Impératrice Joséphine, quitta Bayonne le 21 juillet pour se rendre à Pau.
Que le 23, il était à Tarbes ;
24, à Auch ;
25, 26 et 27, à Toulouse ;
29, à Montauban ;
30, à Agen ;
31 Juillet, 1er, 2 et 3 août, à Bordeaux ;
4 août, à Saintes ;
5, à Rochefort ;
6, à la Rochelle ;
7, à Niort ;
8, à Napoléon-Vendée ;
et que le 9, au matin, Leurs Majestés étaient aux portes de Nantes.

Ce voyage de l'Empereur, à travers la France, n'était du reste ni imprévu, ni improvisé.

Jusque-là, occupé presque exclusivement des soins de la guerre, Napoléon s'était rarement montré en Souverain, à l'intérieur de la France. Son nom, sans doute, y était dans toutes les bouches, mais sa personne n'y était que fort peu connue.

Dans un but politique que l'on comprend facilement, il avait donc voulu visiter les principales villes de son Empire, pour en connaître les Administrateurs et se mettre en relations directes avec eux. Ecouter ainsi lui-même l'expression des besoins du pays, y satisfaire promptement et largement, était en effet un moyen sûr de cimenter son alliance avec la Nation d'une manière plus étroite et plus intime.

Dans ce but, il avait désiré surtout visiter les contrées de l'Ouest, la Vendée et Nantes, dont il voulait particulièrement étudier, l'esprit, et, s'il était possible, fermer les plaies.

Le premier avis de ce projet de voyage à Nantes, fut donné au Préfet du département, M. Decelles, par le Ministre de la police Fouché, qui, dans sa dépêche du 20 mai, s'exprimait ainsi :
« Il est probable, Monsieur le Préfet, que Sa Majesté visitera les départements de l'Ouest et par conséquent celui de la Loire-Inférieure. C'est à vous de préparer les esprits et de donner à l'opinion une direction juste et énergique. Si la France entière reconnaît qu'elle doit à l'Empereur son bonheur et son repos, combien ne lui sont pas encore plus redevables les départements qui furent si longtemps en proie aux horreurs de la guerre civile, dont seul il sut les délivrer. Cette considération suffira pour électriser toutes les âmes et pour engager vos administrés à recevoir Sa Majesté avec tout l'enthousiasme de la reconnaissance, de l'amour et de l'admiration. Je connais assez la ville de Nantes, pour être sûr que vous y organiserez avec la plus grande facilité une garde d'honneur ».

Cet appel officiel à l'enthousiasme, de la part du Ministre Fouché, était certes bien inutile. A Nantes, comme dans toute la France, le sentiment public était dans toute sa force pour la personne de Napoléon. Après la tempête révolutionnaire, il avait rendu la sécurité au pays, et c'était un bienfait dont tous les coeurs honnêtes lui étaient reconnaissants ; il s'était couvert de gloire, et cette gloire était comme un patrimoine national dont chacun était fier ; il avait su agrandir et consolider la puissance de la France, créer et améliorer sa législation, son administration ; à sa parole, des institutions utiles se fondaient, des travaux habilement conçus venaient donner la vie à chaque département, à chaque cité, et la France entière était pleine d'admiration pour un pareil génie, dont l'initiative, dont l'activité s'étendaient à tout, suffisaient à tout.

Aussi, à la première nouvelle du prochain passage de Napoléon à Nantes, se manifesta-t-il une profonde émotion, une vive allégresse dans tous les rangs de notre population, qui se promit aussitôt de recevoir avec les marques de sympathie et de dévouement, auxquelles il avait tant de droits, l'hôte auguste qui venait la visiter.

La dépêche du ministre Fouché fut immédiatement transmise au Maire par le Préfet, qui autorisa en même temps le Conseil municipal à se réunir.

Le Corps municipal de la commune se composait alors de la manière suivante :

M. Bertrand-Geslin, Maire.
J.-Arreau, adjoint.
L.-A. Savary, adjoint.
Fellonneau, adjoint.
Boismorin, adjoint.
H. Rossel, adjoint.

Conseil municipal.
H. Bouteiller.
Gicqueau.
Goyau.
Lincoln.
G. Berthault.
Baudot.
Landais aîné.
Cailliaud.
Neyrac.
J. Martin.
Saulnier de la Pinelais.
Dumaine.
L. Boistard.
J. Bodin-Desplantes.
J.–R. Lelasseur du Ranzay.
Félix Cossin.
A.-L. Guérin-Doudet.
L.-F. Richard aîné.
Leroux de Commequiers.
J.-L. Métois.
Fabré aîné.
Marion de Procé.
Lamaignère.
G. Paimparay.
J.-B. Cormier.
Allot fils.

A cette époque les membres de l'Administration municipale ne faisaient point partie du Conseil, et n'assistaient point aux réunions, sauf le Maire, qui présidait le Conseil et jouissait de toutes les prérogatives de la présidence. En cas d'absence, il était remplacé par l'un des Adjoints, qui avait alors les mêmes attributions que le Maire.

Cette séance du Conseil eut lieu le 2 juin et fut présidée par M. Boismorin ; le Préfet et le Secrétaire général de la Préfecture y assistaient.

Le Préfet annonça qu'il n'était plus permis de douter que Sa Majesté l'Empereur et Roi n'honorât la ville de Nantes de sa présence ; qu'en conséquence, la commune devait s'occuper au plus tôt des dispositions nécessaires pour la réception de ce grand Monarque.

Le Conseil reçut cette ouverture avec les manifestations de la plus vive reconnaissance. Et, délibérant sur la proposition du Préfet, « il considéra que, malgré l'état de pénurie de ses finances, la commune ne devait rien négliger pour recevoir dans ses murs Sa Majesté, et qu'encore bien que les fonds formant l'excédant de l'exercice 1807, fussent destinés à des besoins urgents, il ne pouvait en être fait un meilleur usage, qu'en les employant à la réception du Monarque législateur et régénérateur de l'Europe ».

En conséquence, il fut arrêté :

« Qu'il serait mis à la disposition de la Mairie, une somme de soixante mille francs, pour être employée aux dépenses nécessaires dans une circonstance aussi heureuse pour les Nantais. Cette somme serait délivrée par M. Mouton, receveur municipal, sur les ordonnances de la Mairie, et prise sur les fonds de l'exercice 1807.

Pour donner plus d'appareil et d'ordre dans tout ce qui serait relatif à la réception de Sa Majesté, le Conseil était d'avis que le Maire n'arrêtât son plan qu'après avoir invité tous les artistes de la commune à en fournir un, avec le devis qui y serait annexé ; cette invitation devait être faite par un avis dans les deux feuilles imprimées à Nantes.

Un concours serait établi pour juger auquel des plans on donnerait préférence.

Cette préférence serait surtout donnée au plan qui présenterait les objets les plus durables et pourrait perpétuer le plus longtemps le souvenir du bonheur des Nantais.

Le Maire était invité à faire insérer l'avis aux artistes dans le plus bref délai, et au plus tard sous trois jours.

Tout ce qui serait susceptible d'être mis en adjudication, serait exécuté par cette voie ».

Le Conseil arrêta en outre :

« Qu'il serait rédigé un mémoire, pour être présenté à Sa Majesté, et dans lequel on mettrait sous ses yeux les besoins de la ville et les secours sans lesquels ils ne pourraient être remplis.

Une Commission était nommée pour la rédaction de ce mémoire ; cette Commission était composée de MM. Bouteiller, Bodin-Desplantes, Paimparay, Fabré et Goyau, et devait s'entendre avec le Maire ».

Cette Commission se mit aussitôt à l'oeuvre, et nous donnerons plus tard le résultat de son travail.

La délibération du Conseil fut immédiatement approuvée par le Préfet, sous sa responsabilité personnelle ; soumise à la sanction du Ministre de l'intérieur; elle reçut pareillement son approbation le 9 juin.

Mais, en descendant dans les détails de la dépense, l'Administration municipale ne tarda pas à se convaincre, que le chiffre de 60.000 fr., voté par le Conseil, serait évidemment insuffisant. Dans l'intérêt des finances communales et aussi pour mettre sa responsabilité à couvert, le Maire, crut, devoir s'éclairer près du Ministre sur la distinction qu'il convenait d'établir entre les dépenses qui devaient être à la charge de la commune et celles que le département devait supporter.

La réponse ne se fit pas attendre, et, le 30 juin, M. Cretet, ministre de l'Intérieur, écrivait au Maire :

« Les communes sont chargées de pourvoir aux dépenses ralatives aux fêtes publiques, et la ville de Nantes doit faire les frais de celles qui auront lieu pour la réception de l'Empereur. Elle supportera aussi les dépenses de l'ameublement de la maison qui sera occupée par Sa Majesté. Mais je pense qu'il serait possible de trouver une maison toute meublée, qui put remplir cet objet, ou du moins qui exigeât peu de dépenses pour compléter le mobilier.

Au surplus, Monsieur, j'espère que vous montrerez, dans cette circonstance, le même zèle que vous avez fait paraître pour le bien de la ville de Nantes, et que vous concilierez ses intérêts avec les témoignages d'empressement et de respect qu'elle doit à Leurs Majestés ».

En présence de pareilles instructions, la question d'argent s'effaçait. Il n'y avait plus à hésiter ; il fallait marcher.

L'opinion à Nantes est en effet vivement surexcitée, et, de toutes parts, l'on ne songe qu'aux moyens de faire au Chef de l'État une réception digne de lui.

Voir   Voyage de Napoléon Ier à Nantes " Organisation du voyage de Napoléon Ier à Nantes. "

Voir   Voyage de Napoléon Ier à Nantes " Napoléon Ier en Vendée. "

Voir   Voyage de Napoléon Ier à Nantes " Réception de Napoléon Ier à Nantes le 9 août 1808. "

Voir   Voyage de Napoléon Ier à Nantes " Visite éclair de Napoléon Ier à Indret, Basse-Indre et Paimboeuf. "

Le jeudi 11 août 1808, l'Empereur devait quitter Nantes.

Dès le matin, il fit appeler M. Maret, et après une conférence de quelques instants, il lui dicta le décret suivant :

« Nantes, le 11 août 1808.
NAPOLÉON, par la grâce de Dieu, Empereur des Français, Roi d'Italie, protecteur de la Confédération du Rhin,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Titre premiers
ETABLISSEMENTS PUBLICS.
ART. 1. Les travaux nécessaires pour la clôture, l'isolement et l'achèvement de l'Hôtel-de-Ville de Nantes seront continués conformément aux plans arrêtés.
ART. 2. Le bâtiment de la Bourse sera achevé. Les dépenses seront faites, moitié aux frais de l'État, moitié aux frais de la ville.
ART. 3. La salle de spectacle, brûlée en l'an IV, sera reconstruite. A cet effet, la ville de Nantes est autorisée à ouvrir un emprunt d'une somme de 400.000 fr. Ledit emprunt et les intérêts à 5 p. % seront remboursés et acquittés en six années, au moyen de centimes additionnels au tarif de l'octroi.

Titre II.
TRAVAUX PUBLICS.
ART. 4. Un pont sera construit sur l'Erdre au lieu dit des Petits-Murs pour établir une communication entre la partie Est et la partie Ouest de la ville.
La ville est autorisée à passer adjudication pour la construction dudit pont, au moyen de la concession d'un droit de péage et aux conditions de la soumission du 22 brumaire an XII.

Titre III.
CULTE.
ART. 5. L'Evêque de Nantes est autorisé à acquérir la maison dite Saint-Charles et le terrain contigu à ladite maison, pour rétablissement du Séminaire diocésain. A cet effet, une somme de 65.000 fr. sera mise à sa disposition et portée au budget du Ministre des cultes, moitié en 1809, moitié en 1810, pour pourvoir à l'acquisition et aux dépenses de construction et de réparations nécessaires.
ART. 6. Les sieurs Urien, curé d'Ancenis ; Massonnet, curé de Machecoul, et Douaud, curé de Savenay, sont élevés au rang de curés de première classe.

Titre IV.
DISPOSITIONS DIVERSES.
ART. 7. La pêche sera libre depuis le point où la marée se fait sentir dans la Loire jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans la mer. Le bail actuellement existant sera résilié.
ART. 8. Il sera accordé aux manufacturiers de la fabrique de Nantes, connue sous le nom de basin croisé, qui remplaceront cette fabrication par celle d'étoffes de laines croisées connues sous le nom de tiretaine et tricots, propres à l'habillement des troupes, une avancé de 60 fr. par tête d'ouvriers employés à ladite fabrication et sans intérêts. Cette avance sera remboursée par tiers, d'année en année, à dater du 1er janvier 1812.
ART. 9. La somme de 110.000 fr. nécessaire pour ladite avance, sera portée au budget du Ministre de l'intérieur, exercice 1809.
ART. 10. Nos Ministres de l'intérieur, des cultes et de la police générale, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

Signé NAPOLÉON. Par l'Empereur : Le Ministre secrétaire d'Etat, H.-M. MARET ».

C'est ainsi que Napoléon, juste appréciateur de ce qui pouvait être utile au pays, savait trancher les questions. Depuis douze ans, la salle de spectacle était détruite, et tous les efforts tentés pour sa reconstruction avaient échoué ; les travaux de la Bourse, ceux de l'Hôtel-de-Ville demeuraient également arrêtés. A sa parole, ce funeste provisoire cesse et la ville de Nantes sera dotée de monuments dont l'achèvement se faisait fatalement attendre.

Et de même, avons-nous dit, de toutes les villes où séjournait Napoléon, étaient datés des décrets créant, concédant des canaux, des routes, des établissements de bienfaisance ou d'utilité publique. C'était là évidemment de sa part un fait de haute et intelligente politique. Dans ces contrées qu'il traversait, s'il recevait un accueil chaleureux des populations, lui, de son côté, excitait leur agriculture, encourageait et facilitait leur commerce, assurait leur salubrité, leur créait des moyens de bien-être. Chacun payait ainsi noblement sa dette, et un avantage réel en demeurait acquis pour le pays.

Note : Napoléon avait eu l'intention de comprendre Rennes parmi les villes qu'il devait visiter. Cette intention avait même été signifiée à la vieille cité bretonne qui s'était empressée d'organiser ses préparatifs et avait, elle aussi, formé une garde d'honneur. Mais les événements d'Espagne étaient survenus, et Napoléon, qui désirait rentrer à Paris, avait supprimé Rennes de son itinéraire. 

(M. J.-C. RENOUL).

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