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UNE CHARTE DE CONAN III ET LE PRIEURÉ DE LA MADELEINE DES PONTS DE NANTES

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Au XIIème siècle, un seul pont jeté sur la Loire séparait ses deux rives, et l'on ne disait pas les ponts, mais bien le pont de Nantes, pons Nannetis. Entre le château du Bouffay, forteresse essentiellement gallo-romaine, puis féodale, tête de pont, et le bourg de Pilemil, maintenant Piremil (appellation dérivée vraisemblablement de PILA MILLIARIA, pierre milliaire, borne des routes romaines venant aboutir et converger à ce point), n'existaient alors ni ces îles nombreuses, successivement formées par les alluvions du fleuve, ni ces divers quartiers si populeux aujourd'hui. Les premières vues de Nantes ne nous offrent encore que de rares et petites habitations échelonnées sur ce long parcours. Le premier établissement de quelque importance, et le plus ancien sans contredit qui s'éleva sur le pont de Nantes, est le prieuré de la Madeleine, fondé en 1118. Puis, vinrent l'aumônerie de Toussaint, 1360 ; la chapelle de Bon-Secours, 1444 ; les Récollets, 1617, etc....

Située à l'extrémité sud de la chaussée de la Madeleine, en face de la bascule aux foins, la chapelle qui a donné son nom à une île importante et à la nouvelle église paroissiale que signale au loin une flèche légère et aérienne, va disparaître. Rien à l'extérieur n'indique ce modeste édifice, dont on aperçoit le toit aigu, beaucoup trop en avant de l'alignement sur le passage, déjà étroit pour la circulation, qui ne peut que gagner à cette démolition. Mais, avec lui, s'évanouit un vieux souvenir de sept siècles et demi... Aussi avons-nous cherché à retrouver et réunir le peu de renseignements qui s'y rattachent, afin d'en rappeler l'existence et d'en préciser l'emplacement.

Au sujet de la Madeleine, nous lisons dans l'abbé Travers, le guide le plus utile à consulter quand il s'agit du vieux Nantes « …. Cette même année (1119), le duc Conan lll, dit le Gros, par ses lettres du 9 octobre, fit la fondation du prieuré de la Madeleine, sur les ponts de Nantes, dans la prairie de Bièce, en faveur de Toussaints d'Angers, et y fonda un petit collége ou chapitre de chanoines réguliers qui subsistait en forme de communauté, avec chanoines, la fin du XVème siècle et même après. Les ponts de Nantes dont il est parlé dans la fondation, n'étaient alors que de bois jusqu'à Piremil. Ils n'ont été construits en pierre qu'un peu après le milieu du XVIème siècle. (Cartul. de Toussaints; Albert, titres de la Collég. de Nantes). On produit une charte de Conan qui donne au prieuré de la Madelaine toute la juridiction des ponts, depuis la sortie de la ville ou le quartier de la Saulzaie, jusqu'à Piremil. Cette pièce est trop évidemment supposée pour que l'on s'y attache, et le prieur n'a jamais joui des droits qu'elle lui donne. » T. I, p. 244.

Tel est le point de départ de notre prieuré, contre lequel l'historien des évêques de Nantes s'inscrit en faux. La raison qu'il donne de son appréciation, est que le prieur n'a jamais joui des droits énoncés dans la charte. Mais, s'il est juste de convenir que le prieuré n'eut effectivement aucune juridiction temporelle, il faut aussi admettre que toutes les autres prescriptions de Conan furent accomplies, comme l'apprennent les aveux de 1462, 1524, 1669, d'après lesquels le prieur « prant et leve la coustume sur les marchandises que aucune personne meneroit et traverseroit en vesseaulx entre la parouesse de Rezay, la parouesse de Saint-Sébastien et ledit prieuré ».

La justice était une attribution souveraine, dont les seigneurs se montraient excessivement jaloux, et il se peut que le Comte soit revenu sur ce sujet, en indemnisant les religieux d'une autre manière par l'abandon de la métairie du Cens, par exemple ?....

De ce que l'une des clauses d'un acte n'a pas été exécutée, s'ensuit-il pour cela que l'acte est apocryphe, quand surtout toutes les autres sont fidèlement suivies ?..... Qu'on veuille bien comparer notre charte avec celles émanées du même prince (D. Morice, Pr., t. I, col. 528, 559, etc….) ; il sera facile de se convaincre de son authenticité, en y retrouvant les mêmes pensées, les mêmes expressions. Les légères fautes de rédaction qu'elle présente, ne sont sans doute que le fait de copistes maladroits, qui n'ont pas transcrit avec une fidélité rigoureuse. D'ailleurs, l'original n'existe plus, et cette pièce, la plus ancienne relative au pont de Nantes, explique le but du fondateur de la Madeleine, les motifs et les circonstances qui le déterminèrent. Loin donc de la regarder comme « trop évidemment supposée, » selon l'expression de Travers, nous la tenons, au contraire, pour bonne, au moins quant au fond, et lui reconnaissons une véritable et sérieuse importance pour l'histoire locale.

Le duc Conan, jeune encore, éprouva une grave et sérieuse maladie qui le conduisit aux portes du tombeau : gravissima infirmitate et penè ab ipsâ morte liberatus [Note : D. Morice, Pr., t. I, col. 528] ; à peine échappé à la mort et au plus grand danger, dit-il dans une fondation à Saint-Nicolas d'Angers, dont la date peut être comprise entre 1115 et 1118. Quoi d'étonnant à ce que, réduit à cette extrémité, il ait songé à sa dernière heure et à recommander son âme à tous les saints ?....

Ainsi, le prieuré de la Madeleine serait, suivant nous, le témoignage de la piété d'un prince mourant, qui, revenu à la santé, donna à la Bretagne des jours heureux et prospères pendant un règne paisible d'environ 40 ans, 1112-1151.

CHARTE DU COMTE CONAN III, DONNANT AUX RELIGIEUX DE TOUSSAINTS D'ANGERS LES DROITS DE JUSTICE ET DE REVENUS QU'IL POSSÈDE SUR LE PONT DE NANTES. 1118 [Note : Nous ne pouvons oublier d'offrir à M. le baron de Girardot (secrétaire général de la Préfecture), si bon appréciateur de tout ce qui concerne les monuments historiques, nos remerciements pour l'aimable obligeance avec laquelle il a fait adresser aux archives départementales de la Loire-Inférieure, les quelques titres que possédaient, sur la Madeleine, les archives de Maine-et-Loire, Fonds de Toussaints, parmi lesquels se trouve la copie authentique de la charte inédite de Conan III].

Cum complacuit ei qui me segregavit ex utero matris meœ ut per gratiam suam oculos meos in beneplacito suo revelaret, illud Salomonis sequitur : Fili memorare novissima tua et in œternum non peccabis, flexi mentem ad intuendum ultimum examinis diem. Intelligens igitur, docente apostolo, quod in illa die, die calamitatis et miseriœ omnes stabimus ante tribunal Christi reddituri secundum quod unusquisque gessit in carne sua ; magno timore percussus fui, ignorans quid dicam aut quid faciam si nil boni perferam ante tantum judicem, in cujus conspectu astabunt omnes populi. Hac ergo consideratione spiritu Domini inspirante suscepta, in tanto discrimine reperi nullum potentius seu utilius quam omnium sanctorum si quomodo possem parare patrocinium, in quo et judicis et judicum utile visum est captare benevolentiam. Qua ratione inspecta, dedi ecclesiœ in honorem omnium sanctorum Andegavis fundatœ, ob remedium animœ meœ antecessorumque meorum, Hatani videlicet patris mei, Hermengardisque matris meœ aliorumque tam antecessorum quam successorum meorum pontem Nannetis per Ligerim a ripa in ripam, a Pilemil usque ad murum civitatis sine ulla interruptione porrectum ; sicut pater meus comes Halanus habuerat, sicut ipse habueram ; cum omnibus ad pontis ipsius redditus pertinentibus tam in aquâ quam in terra, quam in ponte, quam in piscatura, quam in moiundinis, quam in portibus ad eum pertinentibus ; vicariam totius pontis et omnium ad eum pertinentium eis in integro dedi, nullo jure in posterum, nisi hoc solo ut pontem facerent retento. Silvas etiam meas ubicumque canonicis in prefata omnium sanctorum ecclesia, domino servientibus fratribus meis ad omnem pontis ejusdem domorumque suarum necessitatem visœ fuerunt opportune, libere et quiete concessi. Ut autem hœc concessio firma et inviolabilis permaneret supradictis canonicis donavi sanguinem et justitiam, latrocinium et forifactum quocumque modo vel quocumque loco fuerit factum ; tali conditione ut causœ et placita ante eosdem canonicos agerentur et terminarentur. Si vero aliquis de hœredibus meis aut de aliorum hœredibus, confisus malo ingenio quod absit, hanc donationem et concessionem reclamare aut ad se retrahere aliquando voluerit precepio ut perenni anathemate feriatur et cum Juda proditore pœnam patiatur et malignus ipsius conatus ad effectum non ducatur. Signum conani + comitis. Signum Hermengardis + comitissœ. Actum Nannetis in aula videntibus istis conano comite. Roaldo Priore. Hermengarde comitissa. Mathelde uxore comitis. Haois sorore ipsius dantibus et concedentibus eumdem pontem. Herveo capellano. Harmel Mengith. Signum + Matheldis. Signum + Haois. Anno ab incarnatione Domini M° C° XVIII° epacte XXVI.VII Idus octob. Actum secundo et confirmatum feodo Redonico anno eodem Ludovico Francorum Rege. Conano Halani comitis filio Britanniœ duce. Quod ut inviolabile in perpetuum permaneret, signorum nostrorum impressione roboravimus, sigillique nostri impressione firmavimus.

Collationné et vidimé la présente coppie sur l'original en parchemin à nous représenté par vénérable et discret maistre Antoine Berthon, prestre chanoine regulier et procureur de l'abbaye de Toussaints de cette ville, y demeurant. Ce fait a luy rendu par les notaires royaux à Angers soussigné, le sixiesme jour d'aoust mil sept cent quarante-six. Signé Berthon, Follenfant. Lehoreau. Michel René Falloux du Lis, conseiller du Roy, lieutenant général en la sénéchaussée d'Anjou et siege presidial d'Angers, atteste la qualité des notaires.

Puisqu'il a plu celui qui m'a tiré du sein de ma mère que, touché par sa grâce, j'aie arrêté mes yeux sur son bienfait, selon les paroles de Salomon : Mon fils, souviens-toi de ta naissance et tu ne pécheras plus dans l'éternité, j'ai reporté ma pensée vers le dernier jour des hommes. Comprenant, ainsi que l'enseigne l'Apôtre, qu'en ce jour, jour de détresse et de misère, nous paraîtrons tous devant le tribunal du Christ, qui rendra à chacun suivant ses œuvres, j'ai été saisi d'une grande crainte, ignorant ce que je pourrais répondre ou ce que je pourrais faire si je n'avais aucune bonne action à présenter à ce juge redoutable, en présence duquel se trouveront tous les peuples. Mû par cette considération, inspirée par le Seigneur, j'ai pensé que dans un si grand danger rien ne pouvait être plus efficace et plus utile que de chercher à gagner la bienveillance et le patronage de tous les saints. En conséquence, j'ai donné à l'église d'Angers fondée en leur honneur, pour le salut de mon âme et de celle de mes prédécesseurs, savoir : le comte Alain mon père, la comtesse Ermengarde ma mère, et de mes successeurs, le pont de Nantes, jeté sur la Loire de rive en rive sans interruption depuis Pilemil jusqu'au mur de la ville, tel qu'il appartenait à mon père et que je le possède moi-même, ainsi que tous les revenus qui s'ensuivent, tant par eau que par terre, pêcheries, moulins, ports qui en dépendent ; la vicairie et tout ce qui en relève, sans me réserver aucun autre droit que celui de leur faire construire le pont. Je concède en outre aux chanoines de Toussaints la faculté de prendre dans mes forêts tout le bois nécessaire pour le pont et leurs maisons. Et afin que cette concession demeure ferme et inviolable, je leur donne le sang et la justice, le vol et les forfaits [Note : Le sang et le larron : « est à scavoir connoissance de mellée de débat fait à sang courant et du larron prins en icelle seigneurie posé qu’il doive estre pendu et estranglé ». Ducange, qui cite des actes de 1149, 1212, 1224, etc.], dans n'importe quel endroit ils auront été commis, pourvu cependant que les causes et les arrangements se plaident et se règlent devant eux. Si l'un de mes héritiers, ou quelque autre, se fiant dans son mauvais esprit, voulait réclamer contre cette concession ou revenir sur cette donation, je veux qu'il soit frappé d'un anathème éternel, qu'il soit puni avec le traître Juda et que ses malins efforts n'aient aucun résultat. Signe + du comte Conan. Signe + de la comtesse Ermengarde. Fait dans la cour de Nantes, en présence du comte Conan, de Roald le prieur, de la comtesse Ermengarde, de Mathilde épouse du comte, d'Havoise sa sœur, donnant et cédant ce même pont ; Hervé le chapelain, Harmel Mengith. Signe + de Mathilde, signe + d'Havoise. L'an de l'Incarnation du Seigneur 1118, épacte 26, le 7 des ides d'octobre.

Le silence se fait ensuite pendant deux cent quatre-vingt-quatorze ans sur notre prieuré. Nous ne pouvons, en effet, admettre la confirmation de l'acte précédent, attribuée à la duchesse Constance, en 1187, par Ogée, 1189 par Meuret, 1188 par Guépin et autres annalistes. D'abord, les titres du prieuré n'en font aucune mention ; Travers n'en parle pas davantage. Pourtant c'est sur lui que s'appuient les auteurs précités, qui, comme modèle d'exactitude, nous offrent cet extrait ou, si l'on veut, cette mauvaise traduction d'un acte qu'ils n'ont jamais vu, traduction, au reste, empruntée à la charte de Conan. « La duchesse Constance confirma aux religieux de la Madeleine la possession des ponts de Nantes, depuis Pirmil jusqu'à la ville, recommandant d’entretenir cette donoison, ou autrement qu’ils soient damnés à tous les diables et endurent la peine du trahiste Judas ».

En 1412, il y avait au prieuré de la Madeleine un collége de chanoines réguliers, dont le chantre dirigeait une école de musique et le scolastique une école de grammaire. Travers, t. I, p. 506.

Les archives départementales de la Loire-Inférieure contiennent trois aveux du prieuré exactement copiés les uns sur les autres. Deux se trouvent aux anciens aveux : le premier, en date de 1462, auquel sont empruntées les lignes suivantes ; le second, de 1524. Le troisième, du 36 mars 1679, existe dans la Réformation des domaines, vol. 5, fol. 157.

« Et premier le devoir de coustume que ledit prieur prant et leve au trespas dudict lieu de la Magdelaine sur les ponts de Nantes, des marchandises et choses qui ensuivent, savoir est :

Sur mercerie meslée estant sur cheval, ung denier.

Item sur chacun mercier portant a coul sa balle de mercerie, maille la sepmaine ; et s'il y a deux ou troys merciers ensemble portans chacun d'eulx sa balle de mercerie à coul, ung denier la sepmaine ; se y sont quatre merciers ou plus ensemble, deux deniers la sepmaine.

Item sur les vendeurs de pain qui ne sont point de la franchisse de ceste ville de Nantes, par somme de pain ou par somme de blé, ung denier.

Item sur les bouchiers de la ville de Nantes qui auront achaté bestes au pays de Poictou ; pour troys bœuffs, ung denier, et pour douzaine de chatoiz (pourceaux), quatre deniers.

Item sur chacune beste d'aumaille chevalline mise à paistre en la prée estant en l'église de la Magdataine appellée la Petite Hanne, estant vis a vis de ceste ville et chasteau de Nantes, par chacune beste, d'antrée deux deniers et d'yssue autres deux deniers.

Item pour chacune douzaine de chatoiz, qui seront mis a paistre en ladite prée, cinq deniers tant d'antrée que d'yssue une fois poyés combien qu'ils y soient mis à paistre par plusieurs foiz.

Item sur autres bouchiers qui ne sont point demourans en ladicte ville de Nantes, passans et menans bestes tant d'aumailles que chevalline, par devant ledit lieu et prieuré de la Magdetaine, ung denier par chacune bestes.

Item sur chacune charge de peaulx, tant de bœuffs, vaches et veaulx o leur poil, ung denier, et sur chacune charge de peaulx de mouton o tout le su, ung autre denier.

Item par chacun porc passant par devant ledit prieuré, ung denier.

Item sur chacune charge de fer, de liege ou d'acier, ung denier.

Item sur chacune somme de sel, ung denier.

Item sur chacune charge de cire, ung denier.

Item sur chacune charge de paillerie ou de cuyvre, ung denier.

Item sur chacune charge d'espicerie, ung denier.

Item sur chacune charge de poisson, tant sec, frays ou sallé, ung denier.

Item sur chacune chèvre, ung denier.

Item sur les marchandises que aucune personne meneroit et traverseroit en vesseaulx, entre la parrouesse de Rezay et ledit prieuré, et entre la parrouesse de Saint-Sebastien et ledit prieuré de la Magdalaine, prant et leve ledit prieur la coustume sur les marchandises ainsi que cy dessus sont déclarées et selon quil est conduict de marchandise, et le pourra recevoir ledit prieur et s'en faire poyer ou lieu que elle descendra.

Item sur chacune charge de draps, ung denier.

Item de chacun batelleur jouant de bateaulx passant par devant ledit prieuré, doivent ung tour de leur mestier, etc. etc... ».

Après l'énumération détaillée des droits inhérents au prieuré, il reste peu de choses à ajouter. Nous ne pouvons cependant passer sous silence le procès qui surgit à la mort du prieur, en 1732, procès dont les pièces forment en grande partie la liasse conservée aux archives d'Angers, maintenant déposée à celles de la Loire-Inférieure. Trois prétendants réclamèrent alors le bénéfice de la Madeleine. C'étaient S. É. Mgr le cardinal de Polignac ; Mgr François Fouquet, évêque d'Eleutheropolis, et frère Armand Le Couturier de Fournoue, chanoine régulier de Saint-Augustin. Le premier, choisi par l'abbé de Toussaints d'Angers, prit possession et toucha les fruits ; le second, nommé par le Pape, commença la procédure ; tandis que le troisième, sur le refus de la Cour de Rome de lui accorder l'investiture, se pourvut devant le grand conseil du Roi, Paris, et obtint un arrêt d'appel comme d'abus. Pour terminer ce différend, le cardinal se démit enfin en faveur de l'évêque d'Eleutheropolis, lequel transigea à son tour, moyennant une pension de 400#, avec M. de Fournoue, qui reçut alors ses provisions du Souverain Pontife et de l'évêque de Nantes, et prit possession du prieuré en 1736.

Les revenus de la Madeleine, que le pouillé général de la province de Tours, 1648, porte 400#, étaient ainsi fixés en 1750 :

1° La communauté de ville payait au prieur, en remplacement des pêcheries détruites en 1711 : 540#.

2° La maison et dépendances près le prieuré, affermées avec le droit de pacage et de péage dans la prairie de la Madeleine : 230.

3° Vingt-un journaux de pré, prairie au Duc, affermés : 200.

4° La métairie de la Madeleine, près le pont du Cens : 205.

Total : 1175# .

Les charges étaient :

1° Pour le décime : 150#.

2° Au chapellain qui deservait le prieuré : 45.

Total : 195, ci.. 195.

D'où il suit que la part du prieur était de 980#.

La chapelle mesurait quinze mètres soixante-dix centimètres de longueur, sur six mètres cinquante-cinq de largeur, intérieurement. Le chevet était formé par trois pans coupés appuyés aux angles par quatre contre-forts. Dans chaque pan de côté était percée une large fenêtre, dont les restes de moulures accusent le XVIème ou tout au plus la fin du XVème siècle. La charpente, en beau bois de chêne, remontant à cette époque, avait été fort soignée. L'autel, refait d'après un dessin de Hénon, en 1756, avait coûté cent francs.

La création d'une place dégageant l'entrée du pont de la Madeleine, du côté de la ville, et la construction du quai qui borde le côté sud de l'île, sont d'heureuses mesures, dont il faut savoir gré à la municipalité nantaise. L'intérêt qui s'attache au prieuré est trop minime pour s'y arrêter davantage. Aussi, en écrivant ces lignes, nous n'avons eu d'autre but que celui de constater l'origine et les particularités qui déterminèrent la formation et le choix du nom de toute cette partie du faubourg des ponts de Nantes.

NOMS DE QUELQUES PRIEURS.

Prioratus perpetuus sine cura, conventusque carens, et personalem residentiam non requirens, beatœ Mariœ Magdalenœ vulgo la Magdeleine, super ponts nannetenses.
1463. Guillaume de Vallée.
1524. Jehan Daniello.
1580. Arthur Avignon.
1679. Jacques de Tanouarn.
1679. Joseph Armand du Cambout, évêque d'Orléans, cardinal, grand-aumônier de France.
1729. Anne-Francois-Guillaume du Cambout, évêque de Tarbes, aumônier du roi.
1739. Mathurin Herbereau de la Chaise, prieur-curé de Gée (en Anjou).
1732. Le cardinal de Polignac.
1736. Missire Armand Le Couturier de Fournoue.
1771. François Minault de la Charbonnerie, chanoine régulier de l'ordre de Saint-Augustin, congrégation de France ; 1er assistant du révérendissime père général abbé de Sainte-Geneviève et prieur de ladite abbaye.

(Stéphanie de la Nicollière).

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