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LE PRIEURE SAINT-JACQUES DE PIRMIL

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Origines. — Chapelle. — Fonctions hospitalières et spirituelles. — Vicaires résidants. — Décadence. — Religieux de Saint-Maur. — Restauration. — Revenus et charges.— Spoliation.

Origines.

Sans en préciser l'époque, Travers pense que la communauté de Saint-Jacques avait été fondée par un seigneur anglais, parce que le nom de Saint-James est donné à la chapelle conventuelle de Pirmil.

Dans un passage tiré des titres de la paroisse de Saint-Nicolas, il est dit que « Pierre Drouet en 1472, parmi les 400 messes qu'il demandait après sa mort, en voulait 100, en l'église de Saint-James de Pirmil, où étaient ses prédécesseurs enterrés ».

Nous retenons la date de cet acte, 1472, mais, nous ne croyons pas trouver là une preuve que la fondation soit due à un seigneur anglais.

Dom Lobineau se contente de dire (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, VI, 611) : « Le prieuré de Saint-Jacques de Pirmil, dont le date de fondation n'est pas connue, remontait à une époque antérieure au XIII siècle ». Dans un accord de Pont-Rousseau (en 1643) entre la maire de Nantes et le prieur de Pirmil, il est dit formellement que « le prieuré est fondé d'antiquité par les ducs de Bretagne ». Nous nous en tenons-là, sauf meilleure preuve.

Il paraît difficile d'établir à quelle époque la prieuré de Pirmil devint le suffragant de l'abbé de Saint-Jouin de Marne (ou Saint-Jouin de Marnes) [Note : Cette abbaye appelé Sancti Jovini Marnense vel de Marnis, vel Hensionense, vel ensionense monasterium, est situé, près de la ville de Marnes (aujourd'hui Saint-Jouin-de-Marnes), non loin de Thouars, entre deux rivières : le Poué et le Dive qui se jettent dans la Loire. Fondée vers 300-500, la communauté adopta la Règle bénédictine en 507 - Voir Annales bénédictines].

Les écrits de cette abbaye, fondée en Poitou vers 342, par Jovinus, frère de Saint Maximin, premier évêque de Trèves, ont entièrement disparu et c'est là seulement qu'on aurait pu trouver la vérité.

M. Léon Maître atteste avoir vu quelques débris du cartulaire de Saint-Jouin. Nous demeurons donc incertains entre l'opinion qui fait le Prieuré de Saint-Jacques suffragant de Saint-Jouin de Marne au IX siècle et l'assertion d'Ogée qui dans son dictionnaire parle d'une enquête de 1206, où le prieuré de Pirmil est mentionné comme une dépendance de l'abbaye de Vertou. Peut-être lui était-il lié, seulement comme annexe ?

 

Chapelle du Prieuré.

La chapelle des bénédictins du prieuré de Pirmil, aujourd'hui l'église paroissiale, a été bâtie, au témoignage des savants, entre le XIème et le XIIème siècle, probablement sur les ruines d'une autre plus ancienne. Ce qui le donne à penser, c'est que, en 1842 et 1850, quand on démolit un contre-mur élevé en 1484, en avant des parties conservées de l'ancienne construction, on trouva des restes de constructions romanes.

Quoi qu'il en soit, « le millésime 1180, tracé au-dessus de la grande arcade de l'entrée du choeur, en raison des chiffres arabes qui le composent, et qui ne furent employés que plus tard pour les suscriptions monumentales, peut laisser matière à quelque doute » (Note de l'abbé Vié, curé de Saint-Jacques). En 1484, l'évêque de Dol, Thomas James restaura l'église qui tombait de vétusté. Les armes de ce prélat furent mises au-dessus de la porte avec cette inscription en lettres capitales : Rdus IN Xto Pr DNS THOMas EPS - DOLEN PRIOR PERPETUS COMEDA - TARIUS S. JAC. A. HAC AECLA PROPE - DIEM. PENE COLABEDA - SUMA DILIGIA ET IMPENSA - A FUNDAMENTIS RESTITUIT - ANNO SALUTIS MCCCC IIIIxx IIII (Dictionnaire d'Ogée, article sur Saint-Sébastien). 

Voici la traduction : « Le Révérend Père et seigneur en Jésus-Christ, Thomas, évêque de Dol, prieur perpétuel commendataire de Saint-Jacques apôtre, a relevé depuis les fondations, à grands soins et à grands frais, cette église qui d'un jour à l'autre allait tomber. L'an du salut 1484 ». Est-il vrai que l'église fut alors entièrement rebâtie par Thomas de Dol ? Nous ne le croyons pas, ou alors il faudrait supposer que, désireux de refaire l'église romane telle qu'elle avait été auparavant, opinion que n'autorise aucun document, il fit un miracle d'habileté et de somptuosité, en bâtissant, avec les ouvriers da XVème siècle, un monument d'une architecture appartenant complètement au XIIème siècle.

On doit conclure qu'il releva à partir des fondations, un mur et peut-être, plusieurs parties de mur sans refaire la façade ni les voûtes et pleins cintres qui accusent infailliblement la structure du style de transition.

 

Fonctions hospitalières et spirituelles des moines.

Il paraît certain, d'après les usages anciens, que le prieuré de Pirmil eut tout d'abord pour mission de servir d'hôtellerie. Laissons la parole à M. Léon Maître :  « Je crois, dit-il, que les moines de Pirmil ont été appelés, dans le principe, pour assister les nombreux voyageurs qui en tout temps affluaient sur la rive gauche de la Loire. Les ponts de Nantes ont été jusqu'à notre époque le passage le plus commode et le plus sûr pour se rendre de Vendée en Bretagne. Plusieurs routes viennent y aboutir à chacune de leurs extrémités, il n'est donc pas admissible que Pirmil ait été dépourvu d'une aumônerie. Cet endroit présente de grands avantages et sa salubrité est telle qu'on l'a choisi de nos jours : (en 1836) pour y fonder un hospice général ». (Assistance publique de la Loire-Inférieure avant 1789, p. 267). Ces réflexions militent également en faveur du lieu choisi pour établir la citadelle de Pirmil. En 1684, nous trouvons, au livre des Procès-verbaux des visites pastorales, une preuve que ces fonctions hospitalières existaient depuis longtemps, et qu'elles étaient une des principales attributions des moines :

« Le Prieuré est chargé de l'office canonial et de donner le pain de.. (illisible) septiers de bled, seigle, aux pauvres de la paroisse et autres, s'il y en a à suffire, lequel le paye à présent, au bureau de la charité, établi audit Pirmil, possédé en commande par le sieur de Bezons ».

A cause de l'agglomération croissante de la population et de l'éloignement de l'église paroissiale, le Prieuré fut chargé de la partie du service religieux, dévolu ordinairement aux succursales, et la chapelle fut, en conséquence, pourvue des appropriations que ces fonctions rendent nécessaires. Il s'y voyait des fonts baptismaux devant l'autel de Saint-Crespin, presque au milieu du bras de croix sud-ouest. 

Ils étaient en granit, ainsi que les degrés qui les contournaient. Ogée dans son dictionnaire en parle avec éloge. Il n'en reste aucun vestige. Quelques débris de vitraux appartenant aux fonts baptismaux se voyaient encore à la fenêtre du transept avant la Révolution  (Note de M. Vié, curé de Saint-Jacques).

 

Cimetières.

Il y avait trois petits cimetières où se faisaient les inhumations.

L'un occupait une partie de la place Saint-Jacques, devant l'église, et s'étendait sur le périmètre de la maison Vouverve ; un autre, le long de la façade latérale de l'église, au côté sud entre le mur latéral de l'église et la route de Clisson ; un troisième était à l'entrée du chemin de Vertou (rue Frère Louis) sur l'espace occupé depuis (1898) par l'école de Charité pour les petites filles, avant son transfert de l'autre côté de la rue.

En 1684, le cimetière le plus éloigné de l'église servait seulement pour les enfants morts sans baptême (Archives départementales. Procès-verbaux des visites pastorales).

Lors de la visite pastorale de 1684, voici quel était l'état du personnel des moines. « Dom Rév. Maurice Battaille se disant sous-prieur et sacriste ... p. (prêtre). Dom Rév. Pierre Leroux qui se dit être ancien religieux de la maison de Vertou et en ce lieu par obédience. Dom Rév. (illisible) Vignancour novice, qui ayant paru à la visite, en habit court et grande perruque, le susdit sous-prieur nous aurait déclaré qu'il ne demeurait pas régulièrement dans le prieuré, mais la plupart du temps dans le bourg de Pirmil. A l'endroit, a été déclaré qu'il y avait d'ordinaire quatre religieux audit Prieuré, pour en acquitter les charges, et qu'il n'y en aurait plus que trois. A l'endroit a été déclaré que les susdits religieux ne font plus que psalmodier les matines et qu'ils ne chantent plus les petits offices, et qu'en un mot ils ne chantent plus que les grand'messes, vêpres et complies ».

Evidemment, il y avait décadence, ce qui explique la transformation que nous constaterons dans le personnel du Prieuré.

Les moines chantaient tous les jours leur grand'messe à 11 h., les vêpres à 3 heures, les complies à 7 heures.

Depuis M. Langlois, les complies furent toujours suivies de la prière du soir, excellente pratique qui se continue en 1898.

 

Dévotion au Saint-Sacrement.

C'étaient les moines qui faisaient l'office du Saint-Sacrement, la procession et le salut ; à cette époque seulement ils donnaient le salut.

Les dimanches et jeudis on chantait la messe du Saint-Sacrement et on donnait le salut, à l'issue des vêpres de la communauté.

La procession solennelle du Saint-Sacrement avait pour stations : la chapelle de Bonne-Garde, la chapelle des Filles de la Sagesse, en Dos-d'âne ; puis deux reposoirs : l'un sur la place Pirmil, et l'autre aux Récollets.

Les moines faisaient aussi les processions des Rogations dont chacune avait son parcours déterminé (Notes de M. Vié).

 

Vicaires résidants.

En 1684, il y avait à Pirmil deux vicaires résidants, cinq prêtres et un diacre. Les vicaires résidants desservaient pour le spirituel, le quartier de Pirmil peuplé dès lors, en grande partie, de tisserands attirée en ce lieu par l'attrait des franchises et immunités dont ils jouissaient sous le patronage des moines, seigneurs du faubourg.

Les principales fonctions des vicaires résidants, étaient : la célébration de l'office divin, le dimanche, à l'autel placé dans la grotte du bras de croix (est), appelé l'autel de Notre-Dame-de-Vie ; l'administration du sacrement de baptême, l'instruction des enfants du catéchisme, la présidence et célébration des sépultures.

Les mariages et premières communions avaient lieu dans l'église paroissiale de Saint-Sébastien. Ils jouissaient de plusieurs bénéfices peu considérables situés dans la rue Saint-Jacques (D'après les actes capitulaires du prieuré).

 

Décadence du Prieuré.

En 1684 le Prieuré tombe en ruines. On voyait encore les restes d'un cloître dans la cour. La maison à laquelle il était attaché, avait ses murs lézardés, une toiture pourrie et tombante. Les fenêtres étaient sans croisées et sans vitres. Cependant le logement du sous-prieur et des autres religieux était mieux entretenu, quoique les places fussent décarrelées (D'après les actes capitulaires du prieuré).

 

Religieux de Saint-Maur.

En 1684, Claude Bazin de Bezons, conseiller et aumônier du roi, hault justicier du prieuré, provost de Guérande, voulut avoir la succession de J.-B. Bazin de Bezons, abbé de Resson, qui venait de mourir prieur de Pirmil.

Après beaucoup d'efforts inutiles près de Rome et du Parlement, il se vit nommer évêque d'Aire.

Il y eut un compromis entre lui et l'abbé de Saint-Jouin de Marne (Saint-Jouin-de-Marnes) qui nomma prieur de Pirmil J.-B.-Pierre Guillon (ou Guyon), prêtre religieux profès de la congrégation de Saint-Maur.

1693, 27 décembre. — Le maire perpétuel du Port de la Vigne et les échevins de la ville délibèrent sur la demande faite par les religieux de la congrégation de Saint-Maur, établis à Blanche-Couronne près de Savenay, depuis peu d'années, de s'installer dans un faubourg de la ville [Note : Les religieux de Blanche-Couronne songeaient depuis quelques années à venir à Nantes, à cause du mauvais état dans lequel était leur maison sous tous les rapports].

Le conseil consent à ce qu'ils s'établissent au seul prieuré de Pirmil, pour remplir les stalles des quatre religieux non réformés, qu'ils supposent vacantes, bien que par le fait, elles ne le soient pas... à condition qu'ils ne s'étendront pas davantage et qu'ils n'enseigneront pas la grammaire aux séculiers.

1694, 16 mars. — Inventaire des papiers du prieuré, en présence du R. P. Dom Louis Le Maignen, prieur de Saint-Martin de Vertou, en l'absence de Dom Guyon, prieur de Pirmil.

1695, 1er novembre. — Prise de possession du prieuré de Pirmil par les religieux bénédictins réformés de Saint-Maur, au nom du R. P. J.-B. Guyon.

1896, 19 novembre. — Le R. P. Hardouineau établit l'observance régulière. Il rappelle que la congrégation de Saint-Maur a pris possession le 1er novembre 1695.

1699, Juillet. — Le R. P. Dom Gilles Drouet, nommé prieur de Pirmil par le chapitre général de l'Ordre, tenu à Marmoustiers (Marmoutiers) le 10 juin, est institué dans la manière ordinaire et reçoit l'obédience de tous les Frères.

1703, 22 janvier. — Dom Gilles Drouet exprime le désir qu'on fasse au prieuré de grandes répartitions et appropriations afin d'y établir la vie religieuse dans toute son étendue. Il rappelle au chapitre, qu'après avoir échoué dans le désir de s'établir à Nantes, leur congrégation a pris possession à Pirmil, sous le titre de prieuré au nom du R. P. Dom J.-B. Guyon (Voir les actes capitulaires du prieuré).

On peut déduire de ce qui précède plusieurs réflexions. Les religieux réformés de Saint-Maur voulaient s'établir ailleurs qu'à Pirmil ; ils acceptent à contre-coeur cette résidence, !a seule que leur offre la ville ; enfin, ils ne se décident à faire des réparations, que huit ans après, quand ils voient qu'il leur faut y demeurer.

 

Restauration du Prieuré.

1706, Septembre. — Pour se procurer les ressources nécessaires à la réalisation du projet de restauration, le prieur propose d'étendre le titre collectif de prieuré, et de réunir à la mense de leur couvent les revenus et droits de seigneurie.

1707, 2 mai. — Le roi accorde des lettres patentes pour la réunion.

1711. — Nomination du prieur Dom Etienne Deschamps. Il s'entend avec deux entrepreneurs de Saumur : Etienne Gasnier et Jean Biermant, alors occupés à construire la grande arche du pont de Pirmil.

Voici les conditions du marché : Les entrepreneurs demandent la somme de 4.200 livres, pour la façon des gros murs de face et de refend, des naissances des voûtes et des cheminées, à condition qu'on leur fournira les échafaudages et les matériaux sur les lieux, et qu'on nourrira les entrepreneurs, pendant qu'ils feront travailler au bâtiment qu'ils s'obligent d'achever dans deux ans.

La somme d'argent demandée devait se payer en quatre termes : mille livres, en commençant ; mille livres, six mois après ; mille livres, après dix-huit mois, et les mille deux cents livre de reste, à la fin de l'ouvrage (Voir les actes capitulaires du prieuré).

Les entrepreneurs furent fidèles aux conditions du marché, car, deux ans après, en 1713, nous voyons les religieux de Pirmil s'occuper de la toiture du nouveau bâtiment [Note : Ce bâtiment existe encore en 1898, près de l'église, dans l'hospice. Il forme une équerre à laquelle fut ajouté au commencement du XIXème siècle, un troisième côté. De légères différences dans l'exécution de la corniche, font reconnaître cette construction plus récente] et de l'achèvement des voûtes du cloître.

Voici les emprunts contractés par les prieurs de Pirmil, pour acquitter les frais des constructions et réparations.

1716, 29 août. — Les calvairiennes de Nantes prêtent pour la seconde fois 1.000 livres à cause du refus du monastère du Mont-Saint-Michel d'accorder les 1.000 livres votées, à leur charge, par la diète de l'ordre.

Les soeurs de Savenay prêtèrent 2.000 livres.

Une demoiselle Marguerite Aubron avait donné 1.000 livres et M. Guillaume Le Hir, 1.000 livres.

Les religieux trouvent à emprunter 5.000 livres moyennant 200 livres de rentes, puis 3.000 autres livres.

En 1720, les religieux contractent une troisième dette sans intérêts, pour acquitter les autres.

En 1753, les religieuses de Savenay prêtent encore 1.200 livres. L'hôpital de Pornic, en 1754 et 1755 prête aussi 8.000 livres. En 1766, les Carmes de Nantes avancent 1.000 livres.

Ce ne fut qu'en 1767 que le monastère put déclarer qu'il n'avait plus de dettes (Voir les actes capitulaires du prieuré).

1729. — Le roi défend aux religieux qui adhèrent à Monseigneur de Senez, Janséniste, de figurer à la diète de l'ordre, tenue à Marmoustiers (Marmoutiers). Dom René Caro se démet de la charge de prieur, à cette occasion.

Malgré les désordres du règne de Louis XV, l'autorité civile veillait encore à l'intégrité de la foi catholique.

1782, 23 mars. — Les religions s'appuyant sur le droit de juridiction qu'ils possédaient sur tout le fief de Pirmil, mettent opposition à des travaux que la ville de Nantes voulait exécuter sur le terrain de cette juridiction. Ils sont déboutés (Archives de la Mairie).

 

Revenus et charges du Prieuré en 1787.

Voici quel était l'état des finances du Prieuré de Pirmil.

Rentes du Prieuré (2.909 livres) ; rentes en Vertou (1.070 livres) ; rentes en Rezay (362 livres 12 sols) ; rentes du prieuré de Maisdon (1.900 livres). Total : 6.241 livres 12 sols.

Charges du Prieuré : pour l'abbaye de Saint-Jouin (16 livres) ; pour l'abbaye de Saint-Florent (12 livres) ; pour les décimes (1.093 livres 14 sols) ; pour les frais de poursuites (200 livres) ; pour les frais de sacristie (250 livres) ; Réparations ... église et métairies (700 livres) ; Dessertes, prieuré de Maisdon (33 livres) ; Médecins (250 livres) ; Aumônes, sans compter le blé (150 livres) ; 5 domestiques (690 livres) ; Taxes annuelles imposées par les supérieurs pour l'entretien général (420 livres) : Total : 3.814 livres et 14 sols.

Plus 27 septiers de seigle pour distribuer à la porte du monastère, les jours de la Pentecôte et de Saint Jean-Baptiste.

Recettes : 6.241 livres 12 sols ; Dépenses : 3.814 livres 14 sols. Avoir : 2.427 livres (Voir les Actes capitulaires du prieuré).

 

Période révolutionnaire.

Cependant, le mouvement révolutionnaire s'accentuait. Il fallait réformer tout, d'après les idées nouvelles.

Une assemblée nationale allait être nommée, pour discuter et régler les affaires publiques.

Afin de ménager les susceptibilités, plus, peut-être, que par esprit de justice, on voulait que les religieux prissent part au vote comme les autres citoyens.

C'est pour cette raison que le prieur Sébastien Bonnard fut délégué le 1er avril 1789 à l'assemblée diocésaine, composée de 40 membres, qui devait élire les députés de l'assemblée nationale [Note : C'était le suffrage au second degré]. Cette élection partielle eut lieu aux Jacobins de Nantes, les 2 et 3 avril. Le prieur prêta serment, et, par cet acte, porta le dernier coup, semblerait-il, à son monastère de Pirmil, car, il en fut le dernier dignitaire.

1790, 17 juillet. — La mairie de Nantes offre d'acquérir du gouvernement les « biens dépendants des bénédictins, à Saint-Jacques ; vignes et prés en Saint-Sébastien ; et deux grandes pièces de vigne en Vertou, pour 128.000 livres sur la valeur réelle 138.000 livres... ».

Il parait que l'affaire n'eut pas de suite, car, nous voyons le 15 décembre 1790, le détail d'une nouvelle estimation de ces biens de la communauté de Pirmil.

L'église et les trois cimetières contenant ensemble 13.406 pieds carrés, estimés, avec la sacristie : 7.400 livres. La maison principale avec la cour, la basse-cour, jardin, contenant 134.244 pieds carrés, estimés 20.000 livres. Deux prairies contenant ensemble 11 journaux. 71 cordes, estimés 9.504 livres. Et le revenu 432 livres. Total : 36.904 livres. Cette dernière estimation bien au-dessous de la vérité, n'excita pas la convoitise de nos pères, ce qui leur fait grand honneur.

Ce ne fut qu'en 1791 le 23 mai, que ces biens, sauf l'église, les cimetières et la sacristie, furent vendus pour la somme de 60.100 livres. Il est vrai que l'acquéreur peu délicat s'empara, sans les payer, de la sacristie et de deux cimetières, le troisième étant devenu la place publique. Mais il y eut réclamation ; et, les héritiers furent contraints en 1808, de restituer ces biens et de donner un dédommagement.

1791, 25 mai. — L'église Saint-Jacques, ancienne chapelle du Prieuré, est déclarée église paroissiale, et on arrête l'achat d'une maison curiale.

Le 29 mai suivant, les officiers municipaux reçoivent le serment du curé de Saint-Jacques nommé Tiret. Voici, d'après le procès-verbal officiel, comment se fit l'installation de cet intrus, qui, grâce à la prestation du serment, continua d'exercer les fonctions sacrées, pendant les troubles révolutionnaires.

N'oublions pas que six jours auparavant, les biens du Prieuré ont été vendus et aliénés, sauf l'église, qui, seule demeura en dehors de la vente, et servit au curé constitutionnel.

« En 1791, le dimanche 29 mai, fut installé curé constitutionnel de Saint-Jacques, Julien-Donatien Tiret, élu, par le corps électoral du district de Nantes, le 15 février 1791. L'évêque Minée lui donna la (prétendue) institution canonique. Les officiers municipaux lurent dans l'église ces deux pièces officielles (nomination et institution canonique) et le sieur Tiret fit ensuite le serment. Il annonça aux fidèles que Jean-Pierre Botteau prêtre, devenait son premier vicaire. Celui-ci, alors levant la main prêta le serment ». Tiret chanta la grand'messe à la fin de laquelle il prononça un discours, où ont éclaté les sentiments religieux et patriotiques (Voir les Papiers de M. Vié, curé de Saint-Jacques). C'est passablement burlesque...

 

Spoliation.

1792, 16 octobre. — Un citoyen est nommé par la municipalité pour aller faire l'inventaire à Saint-Jacques, conformément aux décrets de l'assemblée du 19 octobre 1790 et du 3 mars 1791, déclarant « qu'il sera fait inventaire de l'argenterie des églises et que tout ce qui sera regardé comme inutile sera envoyé aux monnaies ».

Le 17 octobre le curé intrus le reçoit et déclare que l'argenterie provient de la communauté des Bénédictins et des Récollets.

Il était laissé pour le service de la paroisse : un ostensoir, un ciboire, deux calices d'argent, dont un doré, une custode. L'inventaire comprenait : une croix de procession d'argent, et son bâton, un bénitier et son goupillon, deux encensoirs, deux navettes et une cuiller, deux paires de burettes et un bassin.

1792, 27 septembre. — Le, municipalité ordonne que les scellés soient mis dans les couvents le 1er octobre suivant, et, qu'on fasse exactement la liste des religieux et religieuses, de leur âge, de leur pension.

1793, 29 décembre. — Le citoyen .... est nommé par le Directoire pour aller enlever à l'église Saint-Jacques les vases sacrés et prendre le compte des ornements et des effets (Archives de la Mairie).

La Révolution suit toujours le même programme. N'est-il pas vrai qu'en 1880, on a mis sous scellés les chapelles des religieux ? N'est-il pas vrai que depuis lors, on a dressé la liste de tous les religieux et religieuses ? N'est-il pas vrai qu'à la fin du XIXème siècle, on veut prendre leurs biens, sous le prétexte d'un impôt habilement calculé, véritable loi d'exception, au refus duquel, se lanceront sur ces maisons : huissiers, commissaires-priseurs, acquéreurs véreux ? (A. R.)

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