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Prieuré de Saint-Cyr et Rue Garde-Dieu

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La rue Garde-Dieu, ou plutôt, suivant sa première dénomination la rue de la Garde-Dieu, est ainsi appelée, depuis le XIVème siècle, d'un hébergement de ce nom que nous trouvons mentionné en 1329.

C'était le logement même du prieuré de Saint-Cyr et Sainte-Juliette, dont la prieure était, depuis le XIème siècle, dame d'une partie notable de la paroisse.

Notre acte de 1329 nous apprend que ledit « herbregement ès nonains de Saint-Cyr est aussi appelé publiquement la Garde-Dieu et des nonains » (Archives départementales, H. 341).

Après la destruction du premier prieuré de Saint-Cyr, que nous avons placé dans la rue d'Argentré, les ducs de Bretagne durent le reconstruire dans un autre endroit.

Ils s'entendirent avec les religieux de Redon, établis à l'église de Notre-Dame, devenue depuis la collégiale, et qui, depuis 1172, y avaient remplacé ceux de Quimperlé.

Les moines de Redon cédèrent, en 1234, à Pierre Mauclerc et à son fils aîné leur « cellier situé dans la paroisse de Saint-Cir, sur la rue de la Chalerie, avec tout le chemin qui est près de ce cellier, à partir de la grande rue de la Chalerie jusqu'à la rue neuve et toute la place qui est entre ce cellier et leur maison, sur la rue dans laquelle on a coutume de ployer les cercles, jusqu'au noyer qui se trouvait au-dessus de ce cellier » (Archives départementales, H. 351).

Le duc acquit ce terrain, et le céda aux religieuses de Saint-Cyr, en compensation de celui qu'il leur avait enlevé. Quelques années plus tard, le duc Jean donna aux Cordeliers le terrain sur lequel ils étaient alors à construire. Il en récompensa les religieuses et, en 1246, il leur accorda, en échange, des places, jardins et le mur sarrasin, pour y élever ou y appuyer des constructions, avec le consentement et la volonté de ceux à qui ces choses appartenaient en propriété ou en fief (Archives départementales, H. 351).

A la suite de ces concessions diverses, les religieuses élevèrent leur nouveau prieuré. Il dut comprendre d'abord en un seul ténement les deux côtés de la rue Garde-Dieu.

Dans la suite, en effet, on trouve deux logis séparés par la rue, et désignés tous les deux sous le même nom de Logis de la Garde-Dieu.

Le premier de ces logis était situé du côté de la Mairie, à la suite de l'église de Saint-Léonard et de l'ancien presbytère, et borné, comme tous les logis de ce côté, par le vieux mur de la ville que notre acte de 1246 désignait sous le nom de mur sarrazin. Un titre de 1447 (Archives départementales, H. 351) l'appelle la maison du prieuré du Bourg des Moutiers ; prieuré auquel celui de Saint-Cir était autrefois attaché.

L'emplacement de ce premier logis, qui avait sur la rue 60 pieds de longueur, fut arrenté en 1486 à Jehan Riou prêtre, et devint, dans la suite, le patrimoine de la chapellenie de Saint-Joseph desservie en l'église de Saint-Léonard.

Un aveu de 1574, rendu par le chapelain à la prieure de Saint-Cyr, le désigne sous les termes suivants : « Plus confesse tenir comme homme et subiect de ladite dame, comme chapelain de la chapellenye de Saint-Joseph fondée en l'église de Saint-Léonard, ung corps de logis vulgarement appelé la Garde Dieu, avecques sa court ou jardrin es deux boutz d'icelle maison, le tout contenant, par fons, quatre cordes de terre ou envyron, ainsi qu'il se contient et poursuict au long et au large, le tout situé en ladite paroisse de Saint-Léonard, estant construict sur les murailles de la ville en faczon d'appentil ; d'aultre costé, le pavé qui conduict dudict Saint-Léonnard au convant Sainct-Franczois dudit Nantes ; d'un bout le logis de M. du Boys-Rouaud, d'aultre bout le logeix de la chapellenie Sainct-Michel » (Archives départementales, H. 353).

En 1638, le chapelain arrenta son logis à dame Guyonne Bouriau dame de Quéhillac, à la charge de le rebâtir et de payer à la chapellenie une rente foncière et perpétuelle de 50 livres (Archives départementales, H. 355).

En 1678, ce logis appartenait à Jean-Salomon de Breafort, maître des Comptes, en 1682 à sa veuve Dame Françoise de Moire ; et en 1722, à Jean Charette, chevalier, seigneur de la Colinière, fils de Julien qui l'avait acquis le 25 juin 1718, à la suite d'une adjudication en la succession de Paul de la Chèse, procureur à la Chambre des Comptes (Archives départementales, H. 354). Il était alors chargé d'une rente de 50 livres en faveur de la chapellenie de N.-D. de Saint-Joseph, d'une autre de 36, en faveur de la chapellenie de Saint-Maurice fondée à la Collégiale, et d'une rente de 3 livres 12 sols à la prieure de Saint-Cyr.

Cette première maison conserva son ancien nom jusqu'au commencement du XVIIIème siècle. En 1624, le chapelain rendait son aveu pour « corps de logis autrefois appelé la Garde-Dieu » et, en 1722, le même logis est attribué au seigneur de la Colinière, sous le nom de « petite maison appelée la maison Garde-Dieu ».

L'autre maison de la Garde-Dieu se trouvait de l'autre côté de la rue, à l'angle formé avec cette rue par la rue d'Enfer, sur la gauche en descendant au Port-Communeau.

En 1555, M. Pierre le Mignot et Marie Haureix, son épouse, rendirent leur aveu à la prieure de Saint-Cyr, pour « une maison appelée la Garde-Dieu, située entre la rue et venelle qui conduit du presbitaire de Saint-Léonard au moulin de Coutans, le pavé qui conduit dudit saint-Léonard aux Cordeliers par le derrière, jardin du seigneur de Juzet (Note : Seigneurs de Juzet : Pierre Godard, 1523 ; Jehan Guiheneuc, 1540) et le jardin du presbitaire de Saint-Léonard » (Archives départementales, H. 343).

Pierre le Mignot, « procureur ès parlement, chancellerye et conseil de ce pays et duché de Bretagne », la possédait déjà en 1540. En 1600 elle appartenait à Françoise de Monty, veuve du président Mignot, et en 1628 à Dlle. Marie le Mignot (H. 355 et H. 356, 70). Dans la première moitié du XVIIème siècle, elle s'appelait logis du président Mignot, et fut possédée par le sieur de Saint-Gilles et sa compagne, petite fille du défunt sieur Mignot (H. 354). En 1635, Messire Jacques de Saint-Gilles et Dame Françoise Bouyer, seigneur de saint-Gilles en firent aveu, et le 17 mai 1653, ils la vendirent à messire Yves de Monty, chevalier, seigneur comte de Rezé. Yves de Monty, fils du précédent, en hérita : et à la mort de ce second Yves, elle passa à son fils Jules, abbé de Rezay, qui la céda à son frère Claude, seigneur de la Jaunays, en la possession duquel elle se trouvait en 1721.

Elle consistait alors en « court, écurie, remise de carrosse, cuisine où est un puits, chambres basses et hautes, sur lesquelles choses n'est du aucunes rentes féodales ni purement foncières, rachats, servitudes, charges ny autres devoirs quelconques excepté seulement l'obéissance simple au prieuré de Sainte-Juliette ; bornée par le devant la rue et pavé, par derrière, d'un bout le jardin du nouveau presbytère de Saint-Léonard, et d'autre bout une petite rue conduisant au Port-Communeau ».

Yves de Monty fut un des grands bienfaiteurs de la paroisse de Saint-Léonard. En reconnaissance d'une somme qu'il donna pour la reconstruction du presbytère en 1677, il lui fut permis « d'y faire mettre une pierre ou touffeau contenant ses armoiries en tel endroit qu'il lui plairoit pour marque et intersigne de son bienfait », sans nuire toutefois au droit de la prieure, qui en cette qualité avait le droit de patronage sur la paroisse (Archives départementales, H. 354).

Une concession « accordée sous signature privée, le 12 mai 1678 », lui permit aussi de faire « mettre un siége et accoudoir en le choeur de l'église paroissiale de Saint-Léonard, pour s'y placer et sa famille » (Archives départementales, H. 354).

Ces deux concessions donnèrent lieu dans la suite à des procès entre la famille de Monty et la prieure qui voulut les retirer comme préjudiciables à ses droits.

L'existence simultanée de deux logis distincts, qualifiés tous deux du nom de logis de la Garde-Dieu, est donc incontestable. Ils devaient dépendre primitivement l'un de l'autre. Il est assez probable que le monastère des « Nonains », reconstruit au XIIIème siècle le long des murs romains de Nantes, à la suite de l'église transplantée aussi dans cet endroit, devait occuper tout le terrain compris entre ces murs, la place et la rue du Port-Communeau et la rue d'Enfer. La construction, autorisée par le duc, d'habitations le long des remparts déclassés, aura peu à peu fait établir une rue par devant ces maisons ; et le ténement des religieuses de Saint-Cyr aura ainsi été coupé en deux tronçons, appelés l'un et l'autre du nom de leur origine commune.

On a parfois donné une raison plus compliquée de la dénomination de la rue Garde-Dieu. En voici une que nous trouvons dans l'Indicateur Nantais, publié par Guymar en 1792. D'après cet auteur, « une ancienne tradition dit que cette rue a pris le nom de la garde que les habitants furent obligés de faire pour préserver le Saint-Sacrement qu'on y avait transporté, des attentats des barbares qui avaient fait une invasion dans le pays ».

Guymar ayant négligé d'indiquer la source de cette tradition, il est impossible d'en contrôler la valeur. Au premier abord elle paraît peu vraisemblable. Depuis le XIIIème siècle, il n'y a pas eu d'invasions de barbares à Nantes : avant cette époque la rue n'existait pas.

Les immeubles de la rue situés du côté de la mairie étaient tous bornés par les anciens murs de la ville. La plupart « avait des attaches » à ce mur, en vertu de l'autorisation ducale de 1246, permettant d'appuyer des constructions au mur sarrasin.

Une enquête de 1618 reconnaît que « partie de l'église de Saint-Léonard, chapelle, sacristie et partie du presbitaire sont attachez et annexez à la vieille muraille de la ville, laquelle vieille muraille est faite à cyment » (Archives départementales, H. 355, 142).

Derrière le presbytère on voyait alors « une vieille tourelle de ladite vieille muraille » (Archives départementales, H. 143). Le presbytère se trouvait à la suite de l'église, du côté du choeur. Cette situation ne permet guère d'identifier cette vieille tourelle avec celle dont on a exhumé les fondements, quand on a percé la rue de Strasbourg. Il faudrait donc l'ajouter au nombre des tours relevé jusqu'ici le long de l'enceinte romaine de Nantes.

La profondeur des maisons entre la rue et les anciens murs était de 27 à 29 pieds.

De l'autre côté de la rue, près du nouveau presbytère reconstruit en 1768, on lisait au-dessus d'un portail l'inscription suivante, relevée par Guymar, dans son Indicateur Nantais. PIE CULTA SEMPER MANEAT COLENDA PIIS « Toujours pieusement respectée, qu'elle demeure toujours respectable aux yeux de la piété ».

Tous les anciens titres sont d'accord pour donner le nom de « rue de la Garde-Dieu » à celle qui conduit de la rue de Saint-Léonard à l'église des Frères Mineurs, 1481-1540 etc.

Au XVIIème siècle, nous trouvons cependant la rue d'Enfer appelée quelquefois petite rue Garde-Dieu ou venelle de la Garde-Dieu. Cette dernière dénomination peut s'expliquer : la venelle était considérée comme une dépendance de la rue. D'ailleurs elle longeait un des deux logis appelés Garde-Dieu.

Mais ce qui est inexplicable, c'est que certains plans du XVIIIème siècle donnent à la rue Garde-Dieu le nom de rue d'Enfer. Elle est ainsi nommée dans le plan de de Vigny, en 1755, et dans celui de Cacault. Nous n'avons rencontré aucun titre qui donne à cette rue le nom qu'elle porte sur ces plans. Cacault a donné également, sans plus de raison, le nom de rue Garde-Dieu à une partie de la rue des Pénitentes.

La rue Garde-Dieu figure dans le plan de Nantes de l'an III, sous le nom de rue Soufflot qu'elle conserva pendant toute la Révolution. Jacques-Germain Soufflot, le célèbre architecte du Panthéon, mourut en 1790, avant d'avoir pu achever son chef-d'oeuvre. La rue Garde-Dieu avait repris en 1809 son ancien nom (G. Durville).  

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