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LA REVOLTE DU PAPIER TIMBRE A NANTES (1675)

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Pour combler le déficit occasionné par la guerre de Hollande, Colbert eut recours à la création d’impôts nouveaux : le timbre du papier, l’impôt sur le tabac, et la marque de la vaisselle d’étain.

Dans toute la région de l'Ouest, notamment à Rennes et à Bordeaux, ces impôts provoquèrent la colère populaire.

A Nantes, le peuple grondait et menaçait ; les bourgeois n’étaient guère moins hostiles aux édits et peu disposés à jouer le rôle de contribuables par persuasion qu’on leur demandait de remplir afin de calmer la populace.

La nouvelle de la sédition de Rennes vint jeter de l’huile sur le feu. Le 22 avril, des attroupements animés se formèrent dans les rues, le capitaine Ribier sortit du château avec trente soldats, tambour battant et mèche allumée. Les groupes les regardaient d’un air provocant. Le commandant du château et le commissaire des guerres « pensant qu’il fallait tenter préalablement toutes les voies de la douceur et de la politique », s’interposèrent et réussirent à éviter une collision ; la journée se passa ; tout se borna à des cris « contre des gens qu’on appelle maltôtiers ».

Le lendemain 23 avril, au point du jour, le tumulte recommence, le peuple s’attroupe, se lance contre les bureaux du tabac et de l’étain, enfonce porte et fenêtres, pénètre dans la maison et saccage le mobilier. L’émeute menaçait les bureaux du papier timbré et des devoirs. Le commandant du château, l’évêque de Nantes, plusieurs gentilshommes et notables de la ville, parcourent les rues à cheval, parlent aux mutins, et réussissent à les calmer. On eut le bon esprit de laisser les soldats consignés au château. En somme, quelques dégâts matériels sans gravité, et ce fut tout.

Mais l’irritation persistait, les bourgeois, toujours hostiles, refusaient de prendre les armes ; des étrangers suspects parcouraient la ville. Une véritable émeute éclata dix jours après, le 3 mai, « des plus grandes et des plus considérables qui se soit jamais faite dans une ville », écrit le gouverneur à Louvois. « Les gros marchands de la Fosse restèrent, dans l’émotion, soumis et fidèles » ; mais les révoltés furent pendant quelques heures maîtres de la ville. Un Bas-Breton, des environs de Châteaulin, Goulven Salaün, « misérable valet de cabaret », monta à l’horloge de la ville et donna le signal en sonnant le tocsin. Comme partout, le peuple ameuté pilla les bureaux du papier timbré, et brûla le papier. Un boucher, un tripier et deux femmes, Michelle Roux, « dite l'Eveillonne », et une autre, nommée Lejeune, semblent avoir pris la tête du mouvement. L'Eveillonne ayant été arrêtée et enfermée au château, ce fait exaspéra la foule. A ce moment l’évêque sortit et voulut par de bonnes paroles calmer les émeutiers. Mais ceux-ci le saisissent, l’enferment dans la chapelle Saint-Yves et déclarent qu’ils le traiteront comme on traitera l'Eveillonne : si on la pend, il sera pendu immédiatement. Devant ces menaces, le gouverneur de Molac crut devoir relâcher la femme, et l’évêque fut remis en liberté. Cette mesure apaisa les séditieux qui finirent par se disperser.

Les troubles de Rennes et de Nantes irritèrent fort les ministres. Venant après la rébellion de Bordeaux, ils indiquaient un état d’esprit inquiétant. Colbert et Louvois, qui ne s’entendaient guère en général, se trouvèrent d’accord pour réprimer rigoureusement ce mouvement insurrectionnel. Colbert d’ailleurs n’admettait pas l’opposition et encore moins la résistance, il ne put pas toujours faire tout ce qu’il aurait voulu, mais quand il put agir il brisa sans pitié les obstacles. « Le roi est résolu de faire un grand exemple et de ne pas souffrir plus longtemps la mauvaise conduite de quelques-unes des villes de Bretagne ; il veut y faire faire des exemples assez sévères pour pouvoir contenir le reste de la province, » écrit Louvois. Le ministre de la Guerre envoie à Nantes un bataillon de la Couronne et 600 cavaliers des maréchaussées de France ; ces troupes devront vivre aux dépens de la ville tant que M. de Chaulnes (gouverneur de Bretagne) l’estimera nécessaire pour faire un rude exemple. « Pendant leur séjour le gouverneur fera exécuter à mort ceux qui se trouveront convaincus d’avoir eu part dans les séditions ».

L’ordre était formel et précis. De plus, on rappela le Marquis de Molac, qu’on accusait de mollesse. Le duc de Chaulnes arriva lui-même à Nantes le 22 mai 1675 ; il est certain qu’il essaya plutôt d’adoucir des ordres rigoureux. Il ordonna d’arrêter cinq individus, soupçonnés d’avoir provoqué les troubles, mais quatre avaient fui, le cinquième était le Bas-Breton qui avait sonné le tocsin. En deux jours son procès fut fait par le Présidial ; il fut condamné à mort, soumis à la question et pendu sur une des places de la ville. « Les habitants, grondeurs, disaient que si l’on avait voulu arrêter les gens de la ville, ils auraient plutôt été tous pendus que de le souffrir ». Le duc bannit à perpétuité Michelle Roux, dite l'Eveillonne, « bien que, à son avis même, elle ne fut pas dans la fond fort criminelle ». Quelques autres furent arrêtés, puis relâchés ; un savetier fut condamné « à être attaché au pilori, sur la place du Bouffay » (d’après B. Pocquet, Histoire de Bretagne, Tome V, p. 485-487).

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