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PAROISSE SAINT-SIMILIEN (à Nantes)

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Place et Quartier Saint-Similien

Si l'on veut examiner le plan historique de la ville de Nantes et du Marchix de 1604, qui se trouve dans l'histoire des Progrès de la ville de Nantes (par Ange Guépin, Nantes 1832), on y voit que, dans la ville neuve du Marchix, existait « le grand cimetière », à l'endroit où s'élevait l'hôtel du « Boeuf couronné » place Saint-Similien, et autour de l'église Saint-Similien, « le petit cimetière ». A noter que saint Similien est le troisième évêque de Nantes et le second successeur de saint Clair, après Ennius (ou Ermius).

Le « Grand cimetière » était le cimetière paroissial et possédait une chapelle dédiée à Saint Symphorien (Note : Saint Symphorien subit le martyre vers l'an 179, clans la ville d'Autun, métropole très influente, d'où sa réputation s'étendit dans les centres du bassin de la Loire et dont les rapports avec la cité nantaise sont aussi anciens que fréquents (Nantes avant les Normands par M. L. Maître, page 499). « Nous croyons, dit le recteur, M. de Gaubert Lebreton, à la page 219 de son Manuel de Miséricorde, cette chapelle très ancienne, par l'usage universel où étaient les premiers chrétiens, de construire dans leurs cimetières, des chapelles où ils se faisaient un pieux devoir de rendre à Dieu des voeux, des prières et des sacrifices pour le repos et le bonheur des âmes dont les corps y reposaient ». Ces notes ont paru si intéressantes à M. Auguste Savagner, éditeur de « l'Histoire des évêques de Nantes », par Travers, qu'il les a fait ajouter à la page 575 du tome 1er.

D'autre part, M. Léon Maître nous dit à la page 501 de son livre Les villes disparues de la Loire-Inférieure « que la chapelle de St Symphorien est bâtie en petit appareil conforme aux règles d'Auguste ; que rien n'empêche de la faire remonter au Ier ou au IIème siècle. Evidemment, ajoute-t-il, nous sommes encore en présence d'un édifice sacré, emprunté à une villa païenne, pareille à celles que nous avons signalées sur ce pittoresque coteau de Saint-Similien, et alors, rien dans nos constatations ne vient en opposition avec les traditions diocésaines qui placent le premier oratoire chrétien ouvert par Saint Clair, dans ce quartier ». Comme on le sait, Saint Clair a été le premier évêque de Nantes ; il fut évêque de l'an 70 à l'an 96, d'après Albert le Grand, et de 275 à 310, suivant d'autres historiens. Deux opinions sont en présence au sujet de notre premier évêque ; l'école traditionniste pour la fin du 1er siècle ; l'école historique pour le 3ème. « Une antique tradition lui assigne comme date la fin du 1er siècle de l'ère chrétienne, cette tradition est regardée comme incontestable par nos anciens historiens, Lebaud, Alain, Bouchard, d'Argentré, Du Paz et nos écrivains nantais, Boutin, Biré, Charon ». Le Proprium sanctorum nannetensium de 1675, dans la leçon V, page 204, à l'office de la fête de Saint Clair, nous dit encore que Saint Clair reposa dans le Seigneur le six des Ides d'octobre, l'an 96 de l'Incarnation. « Puis voilà qu'au XVIIème siècle, Dom Lobineau, Dom Morice, l'abbé Travers, et autres, sans souci de cette pléiade illustre et savante, reculent jusqu'à la fin du IIIème siècle, la prédication de Saint Clair » (p. 3 du Compte rendu de M. de la Nicollière à l'abbé Cahour, de son Traité de l'apostolicité de l'église de Nantes) On a retrouvé dans cette ancienne chapelle Saint-Symphorien, et encastrée dans le mur, l'inscription tumulaire suivante

Ci-gît le corps 

de Mre. Louis Rebuffé 

doyen des Prêtres du chœur de Saint-Similien 

décédé le 20 juin 1777, âgé de 66 ans 

(Note : Les lettres en italique figurent celles qui sont effacées par le temps. L'inscription intégrale a été rétablie au moyen des registres de Saint-Similien. — Archives municipales, série GG). 

Quant aux Recteurs de la paroisse, trois moururent au XIXème siècle et furent inhumés dans le grand cimetière. Le petit cimetière qui entourait l'église Saint-Similien servait à l'inhumation des enfants morts avant l'âge de sept ans, et à l'endroit où se trouvait la croix de Mission, il existait un autre petit cimetière ou enclos pour les enfants morts sans baptême.

Suivant délibération de la communauté de la ville du 22 avril 1788, le petit cimetière fut supprimé pour l'établissement d'une place devant l'église qui ne fut faite qu'en 1825 ; les murs ne disparurent qu'à cette époque. Le Couvent de Sainte-Elisabeth, qui se trouvait près de la place de ce nom et dont la chapelle transformée en chambres et en grenier à foin est au numéro 20 de la rue des Arts, avait un cimetière, mais qui n'était pas paroissial : il était réservé exclusivement à la sépulture des Religieuses. Il existait bien encore dans la paroisse Saint-Similien un autre lieu de sépulture, mais il était privé comme le précédent et était particulier pour les lépreux. On l'appelait le cimetière Saint-Lazare, du nom de l'hôpital ou lazaret bâti dans ladite rue, où se trouvaient à la fin du XIXème siècle, les maisons numérotées 44, 46 et 48. Dans l'Hôpital, il y avait une chapelle. Au cours du XVIème siècle, les cas de lèpre qui s'était répandue, à la suite des Croisades, avec une si effroyable rapidité dans tout l'Occident, devinrent de plus en plus rares et disparurent enfin complètement. En 1569, le doyen des Couroux, ayant constaté, avec l'assistance de deux commissaires, que l'Hôpital était inoccupé, la suppression du cimetière Saint6Lazare fut prononcée. A cette occasion, il ne nous paraît pas inutile de faire connaître en quelques mots quelle était la triste situation faite à cette classe d'infortunés. Au chapitre II du Livre des Hôpitaux de Nantes, par M. Léon Maître, nous lisons : 

« Au XIIème siècle, la lèpre devint si commune, qu'on fut obligé d'avoir des prêtres, des églises et des cimetières particuliers pour les lépreux. Cette classe de malheureux était partout rejetée au dehors des villes, et vivait dans un exil perpétuel, séparée de la société des fidèles. Toute autre société que celle de ses semblables était interdite aux lépreux. La cérémonie qui se pratiquait le jour où il était proscrit à jamais de la compagnie de ses parents et amis ressemblait à celle des funérailles ; un prêtre revêtu d'un surplis et d'une étole allait avec la croix le chercher dans sa demeure, le conduisait à l'église en chantant les versets de l'enterrement et lui jetait une pelle de terre sur les pieds comme aux défunts. Son costume se composait d'une robe et d'une tunique à capuchon qu'il ne devait jamais quitter quand il paraissait en public ». Jusqu'en 1754, l'église paroissiale servait aussi aux inhumations [Note : Le 12 décembre 1754, un arrêt de rappel de celui du 16 août 1719 fut rendu par la Cour du Parlement de Rennes, sur conclusions du Procureur général du Roi, et applicable à toute la province, portant défense d'inhumer dans les églises. La paroisse Saint-Similien se conforma à cet arrêt, mais il n'en fut pas de même dans certaines paroisses du ressort de la Cour ; c'est pourquoi l'on trouve de nombreux arrêts de rappel, notamment des 3 juin 1755, 21 avril, 12 juin et 16 octobre 1758, 17 août 1761 et 17 octobre 1776 (Arrêts du Parlement de Bretagne, t. II)].

Dix-sept y furent inhumés en cette année-là ; le dernier ou l'avant-dernier qui fut inhumé fut Pierre Rebuffé, père de l'abbé Louis Rebuffé, enterré près de la chapelle Saint-Symphorien. Dès 1772, on songeait déjà à créer un nouveau cimetière public ; la communauté de la ville en fit la proposition. En 1784, la Ville fixa son attention sur un terrain connu sous le nom de Tenue des Carmes, et sur lequel se trouvait la vieille chapelle de Miséricorde (Renoul, p. 139 et 142). Le 4 mars 1787, le général de la paroisse Saint-Similien prenait à cette fin la délibération dont voici la copie textuelle : « Le dimanche, quatre mars 1787, le général de la paroisse de Saint-Similien [Note : L'art. XVII de l'édit du mois d'avril 1695, ensemble les lettres patentes du 20 août 1726, et les arrêts et règlements de la Cour de Rennes, concernant les généraux des paroisses, établissaient qu'aucun acte ne pouvait être fait, concernant l'administration des paroisses, sans le consentement exprès du général de la paroisse, qui avait certains droits politiques et recevait ses ordres du Parlement (Voir en outre, Arrêts du Parlement de Rennes des 29 octobre, 7 décembre 1718 et 8 mai 1743 (Recueil des Arrêts de règlement du Parlement de Bretagne, concernent les paroisses, tomes I et II)], étant assemblé dans la sacristie, lieu ordinaire des délibérations, avec les marguilliers en charge, qui ont représenté avec M. le recteur, que la population de cette paroisse ayant considérablement augmenté depuis quelques années, par suite des nouveaux édifices que l'on y a construits et que l'on y construit encore tous les jours, le cimetière actuel était devenu évidemment insuffisant pour la sépulture des paroissiens ; que les voisins du cimetière se plaignent chaque jour des vapeurs incommodes qui s'en exhalent surtout en été ; que le clergé même ne peut approcher des fosses pour la décence des inhumations ; que le fossoyeur est obligé de mettre trois ou quatre corps dans la même fosse et d'y revenir avant que les derniers corps mis y soient consumés ; enfin, que lesdits sieurs représentants ont ouï dire qu'il n'y avait pas de terrain plus propre ni plus proche pour faire un nouveau cimetière que la Tenue des  Carmes. Sur quoi, le général délibérant, a reconnu que la représentation faite par les marguilliers en charge était utile, et en conséquence A Arrêté : d'appeler les propriétaires pour avoir leur avis ». « Fait et arrêté ce 4 mars 1787. Signé : DE GAUBERT LE BRETON, Recteur de Saint-Similien, SEHUELT, CHARLES LE ROUX, JULIEN LE ROUX, F. PREVOST, DOUILLARD, A. BOURDAIS, ETIENNE GILAIZEAU, BREARD, FOURE jeune, G.-F. MOREAU, CHARLES PACQUETEAU, JEAN HUBERT, FORTUNE, DE LA HAYE. Contrôlé à Nantes le 29 mars 1787 par Sauvaget qui a reçu trois livres quinze sols » (Pièce originale entre les mains de l'auteur de cette note). 

Le dimanche 18 mars 1787, eut lieu une deuxième délibéra­tion et qui tendait au même but.

Dans le courant de 1790, le général de la paroisse présenta requête à l'effet d'obtenir la suppression du Grand Cimetière ; cette demande fut favorablement accueillie et des commissaires furent nommés pour la vérification des lieux. Les conclusions du rapport établirent que « les motifs sur lesquels se fondait la demande étaient vrais et notoires, et que l'établissement d'un nouveau cimetière hors de l'enceinte de la ville était couvenable sous tous les rapports et conforme aux lois et règlements ». Ce ne fut cependant que le 6 juin 1791 que le Conseil général arrêta définitivement l'acquisition de la Tenue des Carmes. (Paroisse et Quartier Saint-Similien, par Renoul, page 146). En voici la délibération :

« Pour se conformer aux sages règlements qui ont été prescrits, d'éloigner les cimetières des lieux habités, il serait urgent d'en établir un commun pour les paroisses Saint-Nicolas, Saint-Similien et Notre-Dame de la Chezine de cette ville ; que depuis longtemps les citoyens demandent et indiquent la tenue de Miséricorde, bien national, ci-devant tenue des Carmes, située dans la paroisse Saint-Similien et à distance à peu près égale de Saint-Nicolas, de Saint-Similien et du lieu où l'on se propose de bâtir l'église de Notre-Dame ; qu'elle semble assez vaste pour cette destination ; le Conseil général arrête : que la municipalité provoquera l'exposition en vente par le directoire de la tenue de Miséricorde et en prendra adjudication ».

Cette adjudication eut lieu, en effet, au profit de la commune le 29 novembre 1791 ; on s'occupa bientôt de disposer le terrain, mais ce ne fut que le huit mai 1793 qu'eut lieu la première inhumation. Et en effet, si nous ouvrons les registres de Notre-Dame de la Chézine, on y lit ce qui suit : « Le huit mai mil sept cent quatre-vingt-treize, été inhumé au cimetière de cette paroisse, proche la chapelle de Miséricorde, le premier, Jean Clouet, veuf de Julienne Guilbaud, décédé hier, rue de Flandres, âgé d'environ trente-cinq ans. Signé : DUCHEMIN, vicaire »

En marge est écrit : « Le cimetière a été béni ce soir, et on y a conduit ledit Clouet ». [Note : Il a été également inhumé à la date du 20 mai 1793, au cimetière de Miséricorde, M. Charles Maugeais, curé de Vertou, né à Nantes, en Saint-Nicolas, décédé en la paroisse de Notre-Dame de la Chezine, à Nantes, le 19 mai 1793. Il est le premier prêtre inhumé dans ce cimetière. Le 21 juin 1793 a été de même inhumé au "cimetière de Miséricorde " André Gratin, commandant le 6ème bataillon de la garde nationale, adjudant-major de la légion nantaise, tué au combat de la Louée (route de Clisson) le 20 juin 1793 (Renoul, page 153)] ». Il n'existe pas d'autre mention, le registre portant le procès-verbal de la bénédiction a disparu. L'ouverture du cimetière de « Miséricorde » date donc bien du huit mai 1793, et non de 1803, ainsi qu'il a été dit, par erreur, dans un journal de la localité. 

Peu de temps après l'ouverture de ce nouveau cimetière eut lieu l'attaque de la Saint-Pierre (29 juin 1793) et les soldats vendéens et républicains tombés aux portes de Rennes, Vannes et Miséricorde y furent inhumés ; de là une des causes que ce cimetière fut aussi tôt rempli.

NOTA. — A l'échauffourée qui eut lieu le 17 mars 1793 (Miséricorde n'était pas encore inauguré) entre les royalistes, qui avaient établi un camp retranché au Pont-du-Cens, et la garde nationale, route de Rennes, dans les faubourgs de la ville, on dit que trois soldats républicains furent tués et inhumés au « Grand Cimetière ». C'est là qu'il faut chercher l'explication du bouton de cuivre de la tunique d'un soldat républicain, bouton retrouvé sur l'emplacement de l'hôtel du « Boeuf Couronné » que l'on vient de démolir pour la nouvelle place Saint-Similien.

Alors un sieur Richelot demande et est autorisé à établir un cimetière dans une vaste carrière, près de la Sauzinière, route de Rennes [Note : Cette carrière se trouvait à l'endroit où est fin du XIXème siècle « l'Avenue du Lavoir, au n°. 89 de la route de Rennes »] ; en même temps, on réquisitionne de la chaux pour en recouvrir les corps qui devaient y être inhumés (6 nivôse an II) 26 décembre 1793 (Notes manuscrites de M. Lallié). C'est à cette époque que fut fermé le cimetière de « Miséricorde ».

Un extrait des registres de l'Administration du Département, en date du 14 messidor, an III (2 juillet 1795), porte « que dans la séance publique de ce jour, l'Administration présidée par M. Brière, assisté de MM. Dupoirier, Haumon, Francheteau, David, Marcheze et Claviez, M. Grelier étant procureur-général syndic. Vu la délibération du Conseil général de la commune, portant que la nécessité de suspendre l'inhumation des cadavres dans le cimetière de la route de Rennes, le bureau ayant jeté les yeux sur l'ancien cimetière dit « Brigandin », le Conseil général délibère que cet ancien cimetière sera demandé au district de Nantes pour les besoins de la cité. L'Administration, considérant que la multitude de cadavres qui ont été inhumés dans le cimetière de la route de Rennes (c'était la vaste carrière de la Sauzinière servant à inhumer depuis la fin de 1793) pourrait occasionner les plus grands maux si l'on continuait à y enterrer encore ; que, d'ailleurs, ce cimetière n'est point entouré de murs, ce qui offre un spectacle désagréable, et que l'on ne peut réparer à cause de sa proximité des fortifications. Arrête : que le district de Nantes est autorisé à mettre le terrain connu sous le nom de « Brigandin » à la disposition du Conseil général de la commune de Nantes, pour servir aux inhumations, etc., etc. » (Notes manuscrites de M. Lallié et Archives municipales de Nantes).

NOTA. — Comme on le voit, on demandait au District de Nantes l'autorisation de pouvoir inhumer au « Brigandin », cimetière inauguré dés le 25 octobre 1774, puis fermé le 5 pluviôse an II, 24 janvier 1794. Le premier qu'on y avait enterré se nommait René Jannequin, et était âgé de 13 ans (Continuation de l'Histoire de Nantes, par Proust).

On lit sur le registre de l'état civil de la paroisse Saint-Saturnin, que le 25 octobre 1774 le nouveau cimetière de la Bouteillerie acquis des R. P. Chartreux, a été béni solennellement par vénérable et discret missire René Ertault de la Bretonnière, doyen des recteurs de la ville, et recteur de Saint-Saturnin. Il avait été question, un moment, d'établir ce cimetière rue Talensac, près le Port-Communeau, mais ce projet fut abandonné.

Le cimetière de la route de Rennes ne fut pas immédiatement fermé, car on lit dans la Revue des provinces de l'Ouest que le 29 mars 1796 le général François-Athanase Charette de la Conterie, tombé ce jour-là sous les balles républicaines, place Viarmes, fut inhumé au cimetière de la route de Rennes, en présence du détachement qui avait accompagné le cadavre au lieu de la sépulture.

Rappelons à ce propos et au sujet du moulage de la figure de Charette, fait par le citoyen Jean Cazanne, plâtrier-figuriste, rue Crébillon, que les esprits déjà surexcités par la mise en scène de l'exécution de Charette, répandirent le bruit qu'on avait enlevé son corps, pour ranimer par sa vue le courage des Vendéens, consternés de la mort de leur chef, et provoquèrent ainsi une perquisition qui fut opérée par trois commissaires de la commune de Nantes, les citoyens Brussetié, P. Guillet et Maillard, les 11 et 12 germinal an IV (31 mars et 1er avril 1796), et permit de constater que Charette était parfaitement inhumé au lieu indiqué (Procès-verbaux des 11 et 12 germinal an IV, Archives de la Mairie de Nantes).

Voici l'extrait de l'acte de décès du général vendéen François Athanase Charette de la Conterie, dressé seulement le 25 germinal an IV, (14 avril 1796), c'est-à-dire quinze jours après son exécution sur la place Viarmes, dénommée alors : Section de la Fraternité et Agriculteurs.

« Registre des décès du district de Nantes, section de la Fraternité et Agriculteurs. Le vingt-cinq germinal, an quatre de la République une et indivisible, à trois heures du soir, devant moi, Louis Ogier, officier public, élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu en la maison commune, Pierre HAUDAUDINE, négociant et officier municipal de cette commune, âgé de trente huit ans, demeurant section Jean-Jacques, cours du Peuple, et Jean Julien GRASSET, homme de loi, âgé de cinquante deux ans, demeurant section la Halle, rue Jean-Jacques-Rous seau, lesquels nous ont déclaré que François Athanase CHARETTE DE LA CONTERIE, ci-devant lieutenant de vaisseau, natif de Couffé, en ce département, époux de Marie-Angélique JOSNET DE LA JOUSSETIERE, est mort le neuf de ce mois (Note : Le 9 du mois de germinal correspond au 29 mars 1796), à cinq heures du soir, section et place des Agriculteurs, âgé de trente trois ans. D'après cette déclaration et le procès-verbal de Jean Michel Emmanuel PETIT, commissaire de police, qui s'est assuré du décès dudit François Athanase CHARETTE DE LA CONTERIE, j'ai rédigé le présent acte que les comparants ont signé avec moi, lesdits jour et an. Signé : HAUDAUDINE, GRASSET et OGIER ».

NOTA. — On sait qu'aux termes de la loi, l'acte du décès dressé sur les registres de l'état civil, doit simplement relater : 1° le fait même du décès, 2° l'individualité de la personne décédée, sans qu'il soit fait mention des circonstances qui ont précédé ou accompagné le décès. 

On s'explique très bien qu'il était de toute nécessité de suspendre les inhumations au cimetière de la route de Rennes, quand on sait, qu'outre les personnes décédées de mort naturelle et qu'on y avait enterrées, on y avait également inhumé du 26 nivôse au 30 thermidor an II, (du 15 janvier au 17 août 1794), 5659 cadavres, victimes de la tourmente révolutionnaire et qu'on entassait pêle-mêle, à peine recouverts de terre (Archives municipales de Nantes, rapport Daubigny, commissaire aux inhumations, nommé par arrêté du Conseil général de la commune de Nantes, le 26 nivôse an II, (15 janvier 1794).

En 1803, la municipalité voulant réinhumer au cimetière de Miséricorde, le fit entourer de murs, et dès que les travaux furent achevés, eut lieu la bénédiction du cimetière, le 4 décembre 1805. En voici le procès-verbal, extrait du registre de la paroisse Saint-Similien, de l'année 1805 :

« Le mercredi quatre décembre de l'année mil huit cent cinq, en conséquence de la Commission d'Illustrissime et Révérendissime Père en Dieu, Mgr. Jean-Baptiste Duvoisin, évêque de Nantes, laquelle nous avons reçue avec respect, Nous, Curé de Lette paroisse, nous sommes rendu processionnellement pour l'exécuter, environ les trois heures de l'après-midi, au cimetière dit de Miséricorde, à raison de la chapelle dédiée à Notre-Dame, sous ce titre, à la droite, avant d'arriver audit lieu de sépulture, et là, suivant ce que prescrit le rituel du diocèse, en avons donné la bénédiction aussi bien que de celle de la Croix de pierre [Note : Cette croix, taillée dans le granit et dont la forme indique une ancienneté relative (dit M. de la. Nicollière dans une note insérée dans " l'Espérance du Peuple " le 5 novembre 1890), se trouvait avant et après la Révolution, rue Noire, à l'endroit où l'on voit la pompe municipale adossée au mur des RR. RP. Capucins. En 1805, M. Letourneux, curé de Saint-Similien, l'obtint du propriétaire et la fit transporter au cimetière Miséricorde, où elle est actuellement, dans la partie droite du cimetière, le long du mur, face à une allée], érigée au milieu, en présence de MM. Alexis-Prudent-Ursule Le Maignan, Jacques Landron, Yves-Jean-Louis Pilard, vicaires, et de MM. Maurice-Valentin Landeau, et René-Louis Lefièvre, clercs sacristes de l'église Saint-Similien. Beaucoup de fidèles étaient présents à la cérémonie. Jean-Honoré LETOURNEUX, Curé de Saint-Similien ».

C'est à cette date qu'il faut placer la réouverture de ce cimetière inauguré, ainsi que nous l'avons démontré, le huit mai 1793. Il est bon de dire que du 26 janvier 1803 au 3 décembre 1805, la paroisse Saint-Similien fit ses inhumations au cimetière dit « Brigandin » ou « de la Bouteillerie ».

Voici l'inscription placée alors sur le portique et qui rappelait la clôture qui fut faite du cimetière de « Miséricorde » :

« L'an XI de la République Française, Bonaparte, premier consul,

Etant

Etienne-François-Louis-Honoré Letourneux

Préfet du dépt. de la Loire-Inférieure

Auguste-Louis Deloynes, maire »

« Ce champ de sépulture, sous le nom de clos de Miséricorde, a été entouré de murs, et ce portique élevé sur les plans, dessins et conduite de Michel-Mathurin Pecot, architecte-voyer » (Manuel de Miséricorde, p. 35). Ce cimetière a été agrandi en 1810, 1830, 1848, 1851, 1869, 1880, et 1890-1891 [Note : Le 28 septembre 1823, un jour de dimanche, avant la messe paroissiale, eut lieu à Miséricorde, une cérémonie dite de réconciliation du cimetière, faite par M. Paty, alors curé de Saint-Similien, assisté de son clergé, auquel s'était joint celui de Saint-Nicolas, venu là pour inhumer un corps, qui dut attendre à la porte que la cérémonie fut achevée. Un suicide avait eu lieu sur une tombe amie et le cimetière avait ainsi été pollué (Note manuscrite de l'auteur)].

Il nous reste maintenant à déterminer à quelle époque parait remonter le Grand Cimetière ou cimetière Saint-Symphorien. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, d'en donner une date un peu précise ; toutefois, nous sommes certain de n'être pas accusé de témérité en affirmant qu'il devait exister dès les premiers siècles de l'Eglise. Tout le démontre.

Primitivement, ce cimetière devait avoir une étendue beaucoup plus grande que la délimitation de l'emplacement où se trouvait jadis (en 1894 ?) l'hôtel du « Boeuf couronné » et qu'on lui connaît. Sur le plan de la ville de Nantes de 1601, dont nous avons parlé, on voit que la chapelle Saint-Symphorien ne se trouve pas dans le fond du cimetière, ce qui nous indique que les immeubles portant, en 1894, les numéros 10 et 12 de la rue Le Nôtre ont été édifiés sur une partie de ce cimetière.

Toujours est-il qu'en 1879, lorsque M. Louis Rivet, l'entrepreneur bien connu de notre ville, fit des excavations au delà du n° 12 de la rue Le Nôtre, pour le compte de la Compagnie du Gaz qui désirait y faire des installations, il trouva des sarcophages en pierre blanche, renfermant encore des ossements et beaucoup de briques à rebords ou briques romaines. Tout porte à croire que la rue du Tertre, alors, et en 1894, la rue Le Nôtre a dû être prise sur le Grand Cimetière ; antérieurement à cette époque, en 1835, dans le jardin de l'immeuble portant le n° 21 de la dite rue, le propriétaire trouva un cercueil de plomb et il y a quelques années seulement, dans ce même jardin, et tout près de, la maison, des ouvriers, en y travaillant, découvrirent un squelette, auprès duquel était un vase funéraire. Vers 1855, le propriétaire de la maison n° 9, rue Sarrazin (Note : La rue Sarrazin portait autrefois le nom de rue du Martray-Saint-Jacques), fit pratiquer dans cette rue, et près de sa maison, une tranchée pour l'écoulement des eaux de sa cave ; il y trouva plusieurs squelettes inhumés les uns auprès des autres. Assez récemment encore, en janvier 1874, on baissa l'entrée de la rue Saint-Similien pour le nivellement de la place, et on trouva également plusieurs squelettes proche les nos 40 et 42 (Note : Les maisons viennent de disparaître pour la nouvelle place) ; la place Saint-Similien elle-même occupe actuellement une partie du Grand Cimetière (Note manuscrite de l'auteur). Ainsi, si de l'angle du presbytère Saint-Similien, au haut de la rue Moquechien, aujourd'hui rue Jeanne d'Arc, on prend cinq mètres environ sur la largeur de cette rue, et que de ce point, l'on mène une ligne droite allant rejoindre l'angle de la rue Saint-Similien, on aura la limite du Grand Cimetière, ou cimetière paroissial. Cette partie ne fut pavée qu'en 1874 ; avant cette époque, on pouvait fort aisément reconnaître l'ancienne délimitation du Grand Cimetière, dénommé aussi cimetière Saint-Symphorien, à cause évidemment de la chapelle qu'il renfermait et qui était dédiée à Saint Symphorien. Nous partageons donc entièrement l'opinion de notre érudit archiviste départemental, M. L. Maître, qui dit à la page 498 de son livre sur Nantes avant les Normands « que sur le coteau qui abrite la ville de Nantes du côté Nord, on constate la présence d'un vaste cimetière qui s'étend sur tout le versant, depuis la place du Martray jusqu'au Bourgneuf ».

Il nous semble avoir retracé avec une scrupuleuse exactitude l'histoire de ce vieux quartier Saint-Similien. La démolition de la partie ancienne de l'église et les fouilles que l'on y opère sont intéressantes ; de nombreux cercueils de pierre, provenant en grande partie des carrières de la Vienne, ont été trouvés ; plu­sieurs, nous dit-on, datent de l'époque mérovingienne (420 à 752). La fondation de l'église Saint-Similien remonte, on le sait, au IIIème siècle.

Il est probable que l'un de ces sarcophages ait servi de tombeau à Clément, qui fut évêque de Nantes en 498, qui fit bâtir l'église Saint-Saturnin à l'endroit où l'on voit à la fin du XIXème siècle les magasins du " Pauvre Diable ", près de la place Sainte-Croix, mourut à Nantes le mercredi 13 novembre 502 (Note : Episcopat nantais, par M. de Kersauson, page 19) et fut enseveli dans l'église Saint-Similien. Tout au moins est-on en droit de le supposer (L.-C.).

Nota : il existait jadis plusieurs institutions charitables : la confrérie Saint Isidore ou des Laboureurs fondée en 1655, l'école de la Charité de Mlle. Duras pour l'instruction des Filles dès 1708, l'institution laïque de La Charité dans le but était le soulagement des pauvres. On totalisait jadis quatre chapelles publiques (succursales) : Saint Symphorien, Saint Yves (rue de la Boucherie), Saint Lazare ou Saint Ladre et Notre-Dame de Miséricorde. Plusieurs chapelles privées sont mentionnées à travers l'histoire : le Verbe Incarné (au coin de la rue Mercoeur et de la place Brancas), Le Loquidy (chemin de Barbin), La Housselinière ou Notre-Dame de Bethléem fondée en 1644 (près de l'embouchure du Cens), le Couvent de Sainte Elisabeth, Les Carolines (rue Paré), Notre-Dame de Bonne Nouvelle fondée par Jean V, Saint Marc, La Providence (près du ruisseau du Gué Moreau), La Barberie, ....

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