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Le prieuré de Notre-Dame (ou Sainte-Marie) de Montonac en Nivillac

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PRÉFACE.

Sur la lisière occidentale de la forêt de la Roche-Bernard, en un lieu boisé, tranquille, écarté des routes, et à peu près à égale distance des villages de la Ville-Avril et de Keriaho, se trouve la ferme de Moutonac, jadis appelée Montonac, dans le territoire de la paroisse de Nivillac, au diocèse de Vannes [Note : Jusqu'en 1790, Nivillac, comme tout le doyenné de la Roche-Bernard, appartint au diocèse de Nantes et au Comté Nantais, auquel la Vilaine formait une frontière naturelle. La petite ville de la Roche-Bernard, ainsi que le territoire des paroisses de Pénestin, Ferel, Camoel, Nivillac, Saint-Dolay et Téhillac, fut enlevée au comté Nantais en 1790, et régulièrement attachée au diocèse de Vannes, en 1801. La Roche-Bernard a été érigée en paroisse et cure de doyenné, le 13 septembre 1802]. C'est là que Simon II de la Roche fonda, un peu avant 1115, le prieuré de Notre-Dame [Note : Nous disons Notre-Dame ; car c'est ainsi que se traduisent habituellement, dans notre région, les noms de lieu désignés en latin par Sancta Maria. Cependant des documents en français, des XVIème et XVIIème siècles, présentent souvent la forme Sainte Marie de Montenac. Ce prieuré a aussi porté, comme nous le dirons plus bas pendant un certain temps seulement, aux XVIème et XVIIème siècles, le nom de Saint-Georges] de Montennac, Montengnac ou Montonac, en faveur de l'abbaye Augustine de Toussaint d'Angers.

Il reste peu de vestiges de ce prieuré, enrichi et protégé, pendant des siècles, par les seigneurs de la Roche-Bernard et leurs vassaux [Note : L'on verra que le prieuré reçut la plus grande partie de ses biens au cours du XIIème siècle. Pour les XIIIème et XIVème siècles, le Cartulaire ne mentionne que cinq donation, et qui ne semblent pas importantes, aux n°s XLI, XLIV, XLV, XLVII, XLIX. Les n°s XXXIII et XXXV font allusion à des donations d’époque indéterminée]. Dévastés et incendiés par les révolutionnaires, en 1793 et années suivantes, ses bâtiments et sa chapelle ont disparu presque complètement, et leurs débris ont été employés à la construction de la ferme actuelle. Seul subsiste un vieux corps de logis, sans doute la maison prieurale, présentant, quoique fort remanié, quelques parties dignes de remarque : une porte et deux fenêtres, toutes trois assez étroites, et une ancienne cheminée. La porte, s'ouvrant dans le pignon Ouest, est rectangulaire et bordée d'une moulure en creux ; des deux fenêtres, aussi rectangulaires et regardant le Nord, l'une est garnie d'une moulure en creux, surmontée d'un arc en accolade, l'autre d’une simple moulure en creux. A l'intérieur, se voit une grande cheminée dont le manteau repose sur les chapiteaux de deux colonnettes avec bases, en granit taillé, ornées d’une moulure verticale en relief.

L’extérieur du bâtiment semble remonter à la première moitié du XVIème siècle ; mais la cheminée nous paraît plus ancienne ; et nous l’attribuerions volontiers, à cause de ses moulures et de la forme des bases de ses colonnettes, à la fin du XVème siècle.

Près de la façade méridionale du logis, est placé un cadran solaire, portant cette inscription gravée : — 1631 — F. PAR. PIERNEPVOV.

Non loin de cette ferme, vers le Sud-Est, à mi-côte d’une petite prairie que traverse un ruisseau, se trouve une fontaine, ombragée par un pin d’Italie et dont la grotte de pierre est moderne. Au-delà de la prairie, vers l’Est, commencent les taillis de la forêt.

La chapelle, orientée au levant, s’élevait à quelques pas et au Nord-Ouest des bâtiments du prieuré. Elle avait subi, au cours des siècles, des transformations qui avaient fort réduit son importance primitive [Note : En 1573, le prieuré et la chapelle de Montonac étaient en ruines. Voir « Visites paroissiales du doyenné de la Roche-Bernard », aux Archives de Nantes, G 46, fol. 90 : « 1573. Prior prioratus de Montonac : Dnus Yves Picault. Non residet. Domus et capella sunt penitus dirutœ, et indigent maxima reparatione. Nulla ibi administrantur sacramenta, quamvis in dicta capella debent esse fontes baptismales et sacrarium. Dnus Symo Guillotte deservit pro priore »]. Après l’incendie de 1793, ses murs, malgré plusieurs démolitions partielles, restèrent debout jusqu’à nos jours, et ne furent détruits à peu près entièrement qu’en 1903.

Dans son état ancien, elle renfermait diverses sépultures, même de personnages considérables du pays et de seigneurs de la Roche-Bernard [Note : Voir le Cartulaire de Montonac, n°s II, III, XIII, XV, XIX, XXIV. Le n° II porte : « in cœmeterio ecclesiae » ; le n° XIX : « Corpus ejus ad ecclesiam suam deferre » les autres n°s : « In cœmeterio nostro », mots qui peuvent désigner soit l'église elle-même, soit le cimetière voisin. En tout cas, il est bien à croire que Rivallon III et Joscelin Ier, seigneurs de la Roche, ainsi que leur frère Daniel, ont été inhumés dans l’église du prieuré (n° XIII)]. Pendant la persécution religieuse de la fin du XVIIIème s., on y célébra encore la Messe et on y administra les sacrements en secret. Le fermier actuel [Note : Vivant en 1913] a connu, dans sa jeunesse, une femme qui y avait été baptisée.

A côté de l’édifice, vers le Nord, était le cimetière du prieuré.

Aujourd’hui, il ne reste de cette chapelle que la base du mur circulaire de l’abside, sur une hauteur d’un pied et demi environ, et enfouie sous une haie de laurier. Dans ce fragment de mur, on remarque une pierre, creusée en forme de petite cuvette percée d’un trou, pour faire écouler l’eau des ablutions de la Messe. A la place de l’autel, on a élevé, sur un socle de maçonnerie, une croix de granit, et une plaque de pierre, encastrée dans une des faces du socle, porte cette inscription gravée : D. 0. M. HIC OLIM IN SACELLO NVNC SVB CRVCE DNI PIORVM CORPORA IACENT 1903. C’est, en effet, sous cette croix que furent réunis, en 1903, les nombreux ossements humains, épars dans la chapelle et dans la prairie voisine, après que l’on eut démoli ce qui subsistait encore des murs du sanctuaire. Un petit jardin, garni d’arbustes et clos d’une barrière, a été planté dans l’abside. De la nef il ne reste rien : un chemin en occupe l’emplacement ; mais comme ses murs n'ont disparu qu’en 1903, on sait encore à peu près où se trouvait la façade Ouest, percée d’une grande baie, et son tracé nous est indiqué par la base des murs de l’abside. Tel qu’il se trouvait au XVIIIème siècle, l’édifice n’était pas grand : il mesurait environ, dans œuvre, six mètres de largeur, et sa longueur totale paraît avoir été de douze ou quatorze mètres au plus ; il n’était pas voûté ; une petite porte latérale s’ouvrait dans son flanc Sud. On y voyait de vieilles statues qui, dit-on, ont été transportées, au début du XIXème siècle, dans l’église de Nivillac, mais que l’on ne retrouve plus aujourd’hui dans cette église, rebâtie depuis 1900.

La modeste chapelle de Montonac, dont les ruines subsistèrent jusqu’à nos jours, en remplaçait certainement une autre, plus ancienne et plus importante.

La foire de Montonac, fondée par les prieurs, commençait anciennement le 3 Mai, fête de l’Invention de la Sainte Croix, plus tard le 4 Mai, dans une vaste lande, à peu de distance du prieuré, vers le Nord. L’on pouvait arriver facilement de tous côtés à cette lande, défrichée aujourd’hui ; au moyen-âge et jusque dans le XVIème siècle, les marchands de toutes sortes y affluaient de loin, attirés par les avantages que leur procurait ce grand marché annuel [Note : Voir les n°s LIII, LVII du Cartulaire].

La foire s’y tint encore quelques années, au XIXème siècle ; mais depuis longtemps elle a été transférée au bourg de Nivillac, où elle s’ouvre toujours le 4 Mai, bien moins importante que jadis, sous le nom de foire de Moutonâ.

Tel est aujourd’hui le prieuré de Montonac, dont les possessions et les droits sont en grande partie énumérés dans le présent cartulaire.

En 1563, ses droits de juridiction et ses rentes féodales furent vendus à Jean Apvril, seigneur de Lourmoie ou Lourmaie [Note : Archives de Nantes, registre B 1916, Fol. 379 r° : « Aveu du 19 décembre 1678, pour la Réformation du terrier du domaine royal : Déclaration de Messire Germain de Talhouët, chevalier, sgr de Bonamour, Lourmaye, la Bouexière, la Joue, la Grée Nevet, possesseur du fief et roole de Monthonac, Président aux Requestes du Parlement de Bretagne... ». -Fol. 380 v° et 381 r° : « Déclare posséder le rolle rentier de Monthonnac, allienné par le prieur dudit lieu à son prédécesseur, avecq la jurisdiction, seigneurie, servitude et obéissance sur les hommes et subjects qui posseddent les tenues cy après : Premier, sur la tenue et mestairie de Querriahaud, possédée par Messire [Jacques] Le Pennec, sieur du Boisjollan et dudit lieu de Querriahaud... (V. plus bas, n°s II, note 6 ; III, note 3 ; IV, note 3). Item sur la tenue de la mestairie de Maumont, possédée par Maistre Jacques Philippes, sieur du Boisrond,... 18 sols de rente... » (V. n°s, XVII, note 4 ; XXV, note 11). - Fol. 383 r° : « Item sur la tenue de la Ville Apvril..., 12 sols de rente... » (V. n° III, note 3). « Item sur la tenue de Cautandé, alias la mettairye du Portal,… 9 sols de rente... » (V. n°s. XXIII, note 3 ; XXV, note 10). - Fol 386 r° : « Par sentence rendue par MM. les Commissaires, le 1er aoust 1680, « le sieur de Bunamour, deffendeur, ne pourra prétendre à aucun droit de jurisdiction pour le fief de la Grée, et ne pourra faire exercer au fief de Monthonac, dépendant du prieuré dudit lieu, que moienne et basse justice, conformément à la vente qui en a esté faites en 1563 rapportée au fol. 92 r° et v° du compte de l’aliénation des biens ecclésiastiques, qui a esté rendu à la Chambre des Comptes de Nantes, cotté dans l’Inventaire des aveux de Nantes XIe XXXVI » (V. n° LII note 4). - Nous lisons dans « l’Histoire de la guerre de la Ligue en Bretagne, par le chanoine Moreau ; édit, avec préface et notes par M. Le Bastard de Mesmeur » (Saint-Brieuc, Prud'homme, 1857, pages 241-212) : « Le Président Lagré-Lourmais, d'après La Roche-Bernard, nommé en surnom Jean Avril, arriva à Quimper sur la vesprée, le lundi dixième octobre 1594. Il était Auvergnat de nation ». Jean Avril, sgr de Lourmoie, en Nivillac, était premier président de la Chambre des Comptes de Bretagne depuis 1584. Le Maréchal d'Aumont, qui assiégeait Quimper, l'avait fait venir, et comptait l'envoyer aux habitants, pour les engager à se rendre. C'est lui, sans doute, qui avait acquis Lourmoie et les droits seigneuriaux de Montonac, et ces biens passèrent ensuite, par héritage, à Germain de Talhouët-Bonamour. V. « Hist. de la Chambre des Comptes de Bretagne, par H. de Fourmont » ; Paris, de Signy, 1854, pages 118, 127, 311], en Nivillac, et en 1790, il ne lui restait plus qu'un médiocre revenu [Note : Deux pouillés du diocèse de Nantes, du XVIIème siècle, édités dans « Nantes et le pays Nantais, par Dagast-Matifeux » (Nantes, Morel, 1879, pages 79, 114), portent le revenu du prieuré de Montonac, l'un à 500, l'autre à 600 livres].

La déclaration des revenus et charges du prieuré simple de Sainte-Marie de Monthonac, faite à Angers, le 25 février 1790, fut publiée au prône de la grand-messe de Nivillac, le 7 mars suivant, par le vicaire de la paroisse, M. Boterf, et déposée au greffe du même lieu par René-Jean-Baptiste Thomas de la Borde, avocat au Parlement, lieutenent-général au siège de la Roche-Bernard, ancien maire de cette ville. Elle porte que le bénéfice consistait alors en une chapelle, le logement d'un métayer à côté, et en terres labourables. Les revenus comprenaient encore une dîme à la onzième gerbe, sur les gros grains de la paroisse de Nivillac ; une autre dîme, nommée guellat (sans doute pour cueillat), sur la paroisse d'Herbignac ; une rente de trente-deux boisseaux de blé seigle, mesure de la Roche-Bernard, sur toutes les dîmes du recteur de Saint-Dolay (V. n°s LIV, LV) ; une autre rente de trente-deux boisseaux de seigle, même mesure, due par indivis par l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois et le recteur de Nivillac ; le devoir de coutume qui se levait à la foire de Sainte-Croix, se tenant au prieuré (V. n°s LIII, LVII) ; le droit de pâcage pour porcs et bestiaux, dans la forêt de la Roche-Bernard (V, n°s VIII, XXXIII, LIII) ; le tout affermé à Guillaume Thomas et René Beragrais, pour 1201 livres 10 sols. Les fermiers devaient, en outre, l’acquit d’une Messe, tous les dimanches et fêtes de l'année, évalué à 60 livres, plus le paiement des décimes, estimé à 213 livres 3 sols 6 deniers. Les charges, à savoir frais du service divin, décimes au diocèse de Nantes, frais de régie, entretien de la chapelle et des bâtiments, atteignaient 497 livres 3 sols 6 deniers [Note : « Les bénéfices de l'abbaye de Toussaint d'Angers dans le pays Nantais, par M. J. Senot de la Londe » dans le Bulletin de la Soc. Archéolog. de Nantes, 1902, pp. 204-206 : « Prieuré de Sainte-Marie de Monthonac, en la paroisse de Nivillac »].

 

Le Prieuré de Montonac, aux XVIème et XVIIème siècles.

Le nom de « Sainte-Marie alias Saint-Georges de Montonac, prieuré non conventuel », se rencontre en 1555, On trouve encore : « Saint-Georges de Montonac ou Monthonac », en 1591, 1600, 1616 ; et « Saint-Georges ou Notre-Dame de Monthonac », en 1597.

Ce prieuré est attribué à l'Ordre de Saint Augustin, et cité comme dépendant de Toussaint d'Angers, en 1555, le 9 août 1572, en 1573, les 13 février et 16 juin 1597, les 27 mai, 6 juillet, 18 et 21 août 1600, les 3 janvier et 23 avril 1613, le 11 mai 1616.

On le mentionne comme de l'Ordre de Saint Benoit et dépendant de Saint-Gildas-des-Bois, le 27 septembre 1591, les 10 et 22 juin et 13 juillet 1600.

Concurrence entre Toussaint d'Angers et Saint-Gildas-des-Bois, au sujet du prieuré de Montonac.

I. - Le 27 septembre 1591, Roland Regnault, moine de Saint-Gildas-des-Bois, est nommé prieur de Montonac, « de l'Ordre de Saint-Benoît », à l’Evêché de Nantes, sur provisions apostoliques, visées à Nantes.

En 1597, Julien Durant, chanoine trésorier de la cathédrale de Nantes, est nommé prieur commendataire de ce même prieuré, « de l’Ordre de Saint Augustin », par suite de la même résignation de l’ancien prieur, qui avait motivé la nomination de Roland Regnault. Il est vrai qu’en 1591, cet ancien prieur n’était pas mentionné comme résignant, mais simplemente comme incapable. Julien Durant prend possession de Montonac le 13 février 1597, et, le 16 juin suivant, transige avec Roland Regnault qui résigne à son tour, moyennant une pension annuelle sur les fruits du prieuré.

II. - Le 10 juin 1600, Frère René de la Mothe, clerc tonsuré et moine bénédictin de l’abbaye de la Chaume, est nommé prieur de « Saint-Georges de Montenac, de l'Ordre de Saint-Benoît, et dépendant de Saint-Gildas-des-Bois » (vacant par la mort de Julien Durant, en mai 1600), par François du Cambout, abbé commendataire de Saint-Gildas-des-Bois. Il prend possession de Montonac, le 13 juillet suivant.

Mais dès le 27 mai 1600, Christophe Murigneu, clerc de Lyon, avait déjà été nommé, à Rome, prieur de Montonac, « de l'Ordre de Saint-Augustin ». Il prit possession de ce prieuré par procureur, le 21 août 1600.

En janvier 1613, nous voyons Monthonac, cité comme prieuré de l'Ordre de Saint Augustin et dépendant de Toussaint d'Angers, aux mains d'un moine de cette abbaye.

Nous ne savons à quelle époque, comment ni pourquoi le nom de Saint-Georges, qui ne se trouve point dans notre cartulaire, fut joint à celui de Notre-Dame de Montonac, et même lui fut substitué ; non plus que la cause du passage temporaire de ce prieuré dans l'Ordre de Saint Benoît et dans la dépendance de Saint-Gildas-des-Bois. Peut-être faut-il voir, dans ce dernier fait, une conséquence des événements de la Ligue en Bretagne.

Documents concernant le prieuré de Montonac, aux XVIème et XVIIème siècles.

I. - Visites paroissiales du doyenné de la Roche-Bernard.

Archives de Nantes, registre G 45, fol. 60 v°. :

9 août 1572. Prior prioratus de Montonac, ordinis Sancti Augustini canonicorum regularium, a monasterio Omnium Sanctorum Andegavensi dependens.

Nunc tenet Dnus Yvo Le Breton, ut asseritur, prior. Non residet. Tenetur ad tres Missas qualibet hebdomada, Dominicali comprehensa, et ad sacramentorum administrationem. Pro priore deservit Dnus Symon Guiltotte.

Archives de Nantes, registre G 46, fol. 90 :

1573, Voir plus haut, page 6, note 1.

II. - Registres des Insinuations Eclésiastiques du diocèse de Nantes. Tome II, fol. 177 : 1555. Prieuré de Sainte-Marie, alias de Saint-Georges de Montenac, O. S. A., membre de Toussaint d'Angers, vacant, par le décès de Pierre de Maubusson, conféré à Galteri. Prise de possession : 1555.

Tome XII, fol. 118 : 1591 : Saint-Georges de Montonac, O. S. B., non conventuel, membre de Saint-Gildas-des-Bois. Fr. Roland Regnault, moine de Saint-Gildas, preneur, par incapacité de Pierre Garel, se disant clerc ou prêtre.

27 septembre 1591, à Nantes, à l'Evêché : Visa des provisions apostoliques, par Fr. de Bodieu et J. Durant.

Tome XVI, fol. 159 : 1597. Prieuré de Saint-Georges ou de Notre-Dame de Monthonac, O. S. A., non conventuel. Noble, Vén, et Discr. Mre Julien Durant, prêtre du diocèse de Nantes, chanoine et trésorier de la cathédrale, preneur, prieur commendataire, par résignation de Pierre Garel, clerc.

13 février 1597. Prise de possession par ledit Julien Durant.

Tome XVI, fol. 194, 196 ; 16 juin 1597. Accord au sujet dudit prieuré.

Ledit Julien Durant, nouveau titulaire, consent une pension annuelle de 45 écus d'or, valant 135 livres tournois, sur les fruits de son prieuré à Roland Regnault, moine de Saint-Gildas-des-Bois, qui en avoit été pourvu, par suite d'incapacité de Pierre Garel, ancien commendataire, et pour terminer le procès qui existait entre eux à ce sujet.

16 juin 1597. Signature apostolique de la résignation de Roland Regnault, moine O. S. B.

Tome XVIII, fol. 218 : 1600. Prieuré de Saint-Georges de Monthonac, O. S. B., membre dépendant de Saint-Gildas-des-Bois. Noble et Diser, Frère René de la Mothe, clerc tonsuré, moine O. S. B., demeurant à l'abbaye de la Chaume, diocèse de Nantes, preneur dudit prieuré, vacant par le décès de Julien Durant.

10 juin 1600. Provisions accordées audit René de la Mothe, par Francois du Cambout, abbé commendataire de Saint-Gildas-des-Bois, et protonotaire du Saint-Siège. Témoins : Raoul Boucaud, notairea royal, et Pierre Riotau, notaire de la Cour des Regaires, demeurant a Nantes.

22 juin 1600. A Machecoul, au tablier d'Honoré Chyron, notaire royal. Fr René de la Mothe, novice O. S. B., prieur de Monthenac, demeurant à l'abbaye de la Chaume, donne procuration à J. Noblet, pour prendre possession dudit prieuré.

13 juillet 1600. Prise de possession dudit prieuré, par Mire Jean Noblet prêtre du diocèse de Nantes, procureur de René de la Mothe.

1600, Prieuré de Saint-Georges de Montonac, O. S. A., non conventuel. Mire Christophe Murigneu, clerc du diocèse de Lyon, prieur, par décès de Mire Julien Durant, mort en mai 1600.

27 mai 1600. Signature des provinsions apostoliques, à Rome.

6 juillet 1600. A Rome. Procure dudit Murigneu à Bernardin de Monty, citoyen Florentin et banquier à Nantes, pour gérer son prieuré.

18 août 1600. A Nantes. N. H. Bernardin de Monty, procureur spécial de Christophe Murigneu, constitue Guillaume Nicolas, prêtre du diocèse de Nantes, procureur dudit Murigneu, pour prendre possession.

21 août 1600. Prise de possession du prieuré de Monthonac, par Guillaume Nicolas.

Tome XXIV, fol. 29 : 1613. Montenac, prieuré ou chapelle régulière O. S. A., au diocèse de Nantes, et membre de l'abbaye de Toussaint d’Angers. Fr. Jean Rasseteau, diacre, religieux profès de ladite abbaye, preneur, par suite du décès de (un blanc) ou autrement (sic).

3 janvier 1613. Provisions de prieur de Montenac, données audit Fr. Jean Rasseteau, par Jean de la Barre, chanoine d'Angers et vicaire-général de Germain Merceron, abbé commendataire de Toussaint.

23 avril 1613. Prise de possession dudit prieuré, par Jacques des Vaux, prêtre du diocèse d'Angers, demeurant ès maison du prieuré de la Madeleine sur les Ponts de Nantes, procureur dudit Rasseteau.

Suit un état des lieux, qui montre l’indigence du prieuré et de sa chapelle. « Le calice est d'étain, et encore est-il emprunté. En guise d'orseaux, le prêtre desservant dit se servir d'une escuelle de bois et d'une petite bouteille de terre, où il met le vin ».

Tome XXIV, fol. 251 : 1616. Prieuré de Saint-Georges de Montenac : 11 mai 1616. A Rome. Signature d'une pension de 150 livres tournois sur ledit prieuré, en faveur d'Etienne Pellart, clerc du diocèse de Saint-Malo, résignant, à servir par Symphorien Murignieu, clerc du diocèse de Lyon, nouveau titulaire.

Registre de 1642, fol. 31, 38 : 6 juillet 1642. Jean du Puy, prêtre, prieur commendataire du prieuré de Monthonac, en Nivillac, a résigné en Cour de Rome, en faveur de Mire Pierre Gonthier, prêtre du diocèse de Chartres, qui lui abandonne, en échange, la cure et l'église de Questembert, diocèse de Vannes. La permutation ayant été agréée par le Pape, en 1639, l'évêque de Nantes, Gabriel de Beauvau, accorde son visa aux bulles apostoliques.

10 juillet 1642. Mire Pierre Gonthier prend possession du prieuré de Monthonac.

 

INTRODUCTION.

I. Description et rédaction du manuscrit.

Le cartulaire du prieuré Augustin de Notre-Dame de Montonac est un document inédit [Note : Ce cartulaire provient des archives de l'église paroissiale de Saint-Dolay]. S'il concerne l'histoire du comté Nantais, il reproduit en même temps une partie des archives disparues de l’abbaye de Toussaint d'Angers. En effet, de ces archives il ne nous reste que de courts extraits, simples notes de référence, prises au XVIIIème siècle par D. Etienne Housseau [Note : D. Etienne Housseau, Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, décéda en 1763], d'après des originaux rapidement parcourus au cours de ses recherches dans le chartrier de Toussaint, et consignées dans le précieux recueil dit aujourd'hui Collection de Touraine, formé par ce savant Bénédictin [Note : Bibl. Nat., Mss. franç. V. le tome 13, 1ère partie, de cette Collection]. Quatre de ces extraits proviennent des chartes de notre cartulaire [Note : V. Cartul. de Montonac : titre, Observation générale..., et n°s XXXII, note 16, et XXIII, note 39 (deux extraits)], et deux autres se rapportent à deux de ces mêmes chartes [Note : N°s. XIV, note 8, et L, note 1] : nous en donnerons le texte intégral au cours du présent travail [Note : V. les deux notes précédentes].

L’abbaye de Toussaint d'Angers avait un cartulaire, contenant la copie des principales pièces de ses archives et qui est cité formellement par D. Housseau [Note : Cartul. de Montonac : titre, Observation générale... ; et n°. XXXIII, note 39], mais a péri dans la tourmente révolutionnaire. Le cartulaire de Montonac en représente une faible partie, et aucune de ses chartes ne se retrouvant plus dans les grandes Histoires de Bretagne de D. Lobineau et de D. Morice, nous pouvons le présenter aux érudits comme un instrument de travail nouveau et digne d'attention, malgré sa portée restreinte. Il fournit un complément à la généalogie des seigneurs de la Roche-Bernard et à l’histoire de l'abbaye de Toussaint [Note : N°s. XIII, XXXII, XXXIII, XXXVI-XXXVIII] et offre aussi le nom de plusieurs prieurs de Montonac et de prêtres des paroisses voisines, qui étaient tombés dans l'oubli [Note : Titre et n°s I, II, XIII-XIX, XXVI, XXVII, XXIX, XXXII, XXXV, XXXVIII, XXXIX, XLI-XLIII, XIVI-XLVIII, L, LIV]. Enfin on y rencontre bon nombre de noms d'homme et de lieu, et divers renseignements d'une certaine importance historique.

Sur les cinquante-sept pièces qui le composent, les n°s I-XXXI, n°s XXIX ? XXXIII, XXXV, XLI, LI mentionnent des terres et revenus en Missillac ; — de terres et revenus en Assérac, dans les n°s XXXIII, XLVIII.

Il est fait mention de la paroisse de Montonac, constituée par le fief du prieuré sur diverses paroisses dans les n°s XXXVI, XLIV-XLIX.

Le n° XXIV ne présente point de nom de lieu. Le titre et les n°s, XII, XIII, XXXII, LII, LVI concernent le prieuré en général.

 

Observations sur le Cartulaire de Notre-Dame de Montonac.

I -

Mentions inédites de divers personnages.

I. ECCLÉSIASTIQUES :

1° Prieurs de Montonac :

Rivallon, premier prieur, 1102-1114 ; décédé vers 1170 : titre et n°s II, XIII-XIX, XXVI, XXVII, XXIX.

Guischard, prieur en 1222 et 1234 [Note : En 1199, un prieur de « Montennac », dont le nom n'est pas donné, fut témoin d'une donation à Saint-Gildas-des-Bois par Olivier de la Roche-Bernard (D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, col. 769)] : n°s XXXII, XXXV.

Hamelin, prieur en 1272 et 1273 : n°s XXXVIII, XXXIX, XLI-XLIII.

Olivier de Bocynno, prieur et recteur de l'église de Montonac, en 1297, 1303, 1310 : n°s XLVI-XLVIII.

Michel, prieur en 1317 : n° L.

Frère Mathieu de Saint-Germain, autrement appelé Baligant, prieur de Montonac en 1356 : n° LIV.

Guillaume Gaultier, prieur commandataire vers 1553 : n° LV.

Frère Pierre Quennetier, prieur en 1680 : n° LVI [Note : En 1790, le prieur se nommait L. Rossignol, religieux de l'Ordre de Saint-Augustin, nommé en 1765 (« Etat du diocèse de Nantes en 1790 », par M. l'abbé Grégoire ; Nantes, Forest et Grimaud, 1882, p. 213)].

2° Ecclésiastiques divers :

Rotaudus, sanctissimus et religiosissimus vir, prieur de Toussaint d'Angers en 1102-1114 : nos I, XIII.

Simon, abbé de Saint-Gildas-des-Bois, vers 1140-1150 : n° XIV.

Jacques, abbé de Toussaint d'Angers, en 1222 : n° XXXII.

Frater Garinus, abbé de Toussaint d'Angers, le 28 août 1264 et en février 1266 : n°s XXXVI, XXXVII.

Thomas, archidiacre de la Mée, le 26 novembre 1234 : n° XXXV.

G., doyen de la Roche-Bernard, en 1280 : ns XLV.

Thomas, recteur de Saint-Dolay, entre 1160 environ et 1169 : n° XIX.

Alain de Keroullay, recteur de Saint-Dolay en 1356 [Note : L'« Histoire Généalogique de plusieurs illustres maisons de Bretagne », par le P. du Paz (p. 145), nomme l'un des prédécesseurs de ce recteur : Pierre Raguenel, recteur de Saint-Dolay de 1293 à 1308, et frère de Robert Raguenel, seigneur de Chastel-Oger en Saint-Herblon, diocèse de Rennes, qui fut chambellan des ducs Jean II, Arthur II et Jean III, et épousa Jeanne de Dinan, vicomtesse de la Bellière] n° LIV.

F., frère du prieur Guischard, vicaire perpétuel de Nivillac en 1222 : n° XXXII.

M., vicaire perpétuel d'Herbignac en 1222 : XXXII.

Daniel, personne (recteur) de Missillac en 1272 : n° XLI.

II. - RENSEIGNEMENTS INÉDITS SUR LA GÉNÉALOGIE DES SEIGNEURS DE LA ROCHE-BERNARD, SERVANT DE COMPLÉMENT AUX TRAVAUX PUBLIÉS SUR CE SUJET [Note : La « Généalogie des barons de la Roche-Bernard », par M. l'abbé Le Mené (Bulletin de la Soc. Polymath. de Vannes, 1879. pp. 213-217), dressée d'après les mentions que présentent les Preuves de « l’Hist. de Bret. » de D. Morice. Nous l'avons adoptée comme base de notre travail. V. aussi « l’Ancienne baronnie de la Roche-Bernard », par M. Léon Maître ; Nantes, Emile Grimaud, 1893, in-4°, pp 17-22. Le. P. Anselme n'a point traité de cette généalogie, dans son « Hist. grénéalog. des grands officiers de la Couronne »].

1° La maison de la Roche-Bernard vers 1100-1140.

Rivallon III sgr de la Roche-Bernard, jusqu'ici inconnu, doit se placer, d'après nos n°s, XIII, XIV, XVII. aux environs de 1140, entre Simon II, son père (1100 circa-1140 circa), et Joscelin Ier, son frère 1150 circa-1158). V. le cartulaire, titre, note 2 : n° I, note 1, et n° XIII, note 3.

Notre n° XIII nous permet de dresser la généalogie des seigneurs de la Roche à cette époque, ainsi qu'il suit : Simon II eut pour frères Conan et Buic [Note : Des deux autres frères de Simon II, Daniel et Rivallon II, le premier est omis dans notre n° XIII, et le second n'y est cité que comme père de Bernard, Bernardus filius Rivalloni, Bernard étant simple témoin des donations de Simon II], et, pour fils, Rivallon III, Daniel et Joscelin Ier. Or Buic, frère de Simon II, d'une part, et Rivallon et Daniel, fils du même Simon, d'autre part, ne semblent mentionnés que dans notre texte [Note : M. le Mené d’après D. Morice (Pr., I, col. 494), cite bien un Daniel, mais comme frére de Simon II, et sans parler de Buic. Il ajoute que Jocelin Ier était « peut-être » fils de Simon ; car il n’avait point connaissance du Cartulaire de Montonac].

Rivallon III se fit religieux à Montonac, après la mort de sa femme ( N°s XIII, XIV) et eut pour successeur son frère Joscelin Ier. Tous deux paraissent avoir vécu peu de temps. Eudon Ier successeur de Joscelin, n'était point fils de Simon II, puisqu'il ne figure pas parmi les frères de Rivallon III, dans le petit tableau généalogique de notre n° XIII. On peut le supposer fils de Rivallon III, ou peut-être de Bernard fils de Rivallon II.

2° Autres mentions inédites de seigneurs de la première maison de Roche-Bernard.

1° Olivier (fils aîné de Joscelin Ier), seigneur de la Roche-Bernard était décédé Avant le 14 octobre 1222 (N° XXXII).

2° Alain Ier, frère cadet d'Olivier, était sgr de la Roche-Bernard avant le 14 octobre 1222 (N° XXXII), et était décédé en juin 1231 (N° XXXIII).

3° Joscelin II (petit-fils de Joscelin Ier) était sgr de la Roche-Bernard en juin 1231 (N° XXXIII) et vivait encore en février 1266 (N° XXXVII) [Note : Nous savons par ailleurs que, le 8 septembre 1267, il était déjà décédé, puisque, à cette date, Guillaume de la Roche (peut-être son fils) lui avait succédé. V. notre n° XXXVIII, note 1, et D. Morice, Pr., I, col. 1006].

4° Berthelot de la Roche, de la maison, mais, non point sgr de la Roche-Bernard, vivait en janvier 1272 et en avril 1273, qualifié alors écuyer et valet (N°s XXXVIII-XL, XLII).

5° Alain de la Roche, dit le Seigneur des Bois (Dominus de Nemorihus), fit une donation au prieuré de Montonac, le 10 février 1316 (N° XLIX). Il ne paraît par avoir été sgr de la Roche-Bernard.

Généalogie de la maison 
de la Roche-Bernard d'après le Cartulaire de Montonac.

Généalogie de la maison 
de la Roche-Bernard d'après le Cartulaire de Montonac.

 

II

Noms d'homme.

I. CHARTES DU XIIème SIÈCLE. L'usage des noms patronymiques n'y est pas encore constant. Un peu moins de la moitié des personnages cités ne portent qu'un seul nom : Oliverus, Rotaudus, Guerrer, Bocardus, Esvellardus, Guinomar, Goi, etc.

Quelquefois ce nom unique est accompagné de la mention du père : Simon filius Bernardi, Rivallonus filius Simonis (deux seigneurs de la Roche-Bernard), Evenus filius Cumic, Tuallus filius Goridiani, Rotaudus filius Gotiguerini, Riodus filius Pagani, Matheus filius Sertho, etc.

Les personnages formant un peu plus de l'autre moitié portent un prénom suivi d'un nom patronymique déjà fixé. Parmi les noms patronymiques, les uns sont des noms de fonction : Daniel Sirvent, Rotaudus Le Ballif... ; d'autres, des sobriquets : Renaudus Tallebois, David Folic, Serho Le Blanc, Audronus Cafart... ; d'autres, des noms de père ou d'aïeul : Guiheno Guischart, Rivallonus Booz... Enfin plusieurs seigneurs portent la nom de leur fief, qui, n'étant point précédé du mot dominus, paraît bien un véritable nom patronymique, attaché à la famille, et non point une simple désignation de seigneurie : Evenus de Mirsillac, Resus de Hirbignac, Freodus de Condest, Gralon de Roo, etc.

L'on doit observer que plus les chartes sont anciennes, moins on y trouve de noms patronymiques.

Deux personnages méritent une mention spéciale : l'un appelé Maheus Serho dans la charte n° XXIX (1169 circa-1170 circa), dont le père est nommé Matheus filius Sertho dans les chartes n°s XVII (1140 circa- 1150 circa) et XXI (1160 circa-1169) ; et l'autre appelé Oliverius Bocardi filius et aussi Oliverius Bochart dans une même charte, le n° XXIX. Ce sont là deux exemples curieux de nom patronymique en formation. Dans le premier, un petit-fils prend, pour nom patronymique, le nom unique de son grand-père ; dans le second, un fils prend le nom unique de son père.

Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés que des laïcs. Les ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, ne portent jamais qu'un nom, sauf une exception : un religieux de Montonac est appelé Goffridus Orbus, c'est-à-dire Geoffroi L'Orphelin, dans les chartes n°s, XIII (résumant les premières donations faites au prieuré) et XVII (1140 circa 1150 circa).

L'on peut donc dire qu'au XIIème siècle, l'usage des noms patronymiques était déjà adopté et tendait à se généraliser, au moins pour les laïcs d'un rang supérieur, dans la région de la Roche-Bernard.

Des prénoms et noms uniques fournis par notre texte, pour la même époque, la moitié environ est d'origine bretonne, l'autre moitié d'origine germanique ou ecclésiastique : cette constatation nous fait reconnaître les traces de l'occupation bretonne dans le Comté Nantais septentrional. Parmi les noms bretons, on trouve : Conen, Buic, Rivallonus, Resus, Freodus, Tuallus, Evenus, Rio, Guiheno, Sertho, Audronus, Gotiguerinus, Guinomarus, Graalon, Grunhellus, Goi, Gouhelfriol, Goslenus, Derean, etc.

Parmi ceux d'origine ecclésiastique, Simon, Matheus, Patrus, Sebastianus, Mauritius, Thomas sont empruntés au calendrier latin : deux seulement à l'Ancien Testament : David et Daniel. Quant aux Bernard de la Roche, ils nous paraissent avoir été désignés par le nom, simplement germanique, du chef de leur maison, qui vécut au Xème siècle.

Deux de nos chartes les plus anciennes, les n°s II et III, du commencement du XIIème siècle, nous montrent deux domaines, la Villa Oliveri et la Villa Bocardi, voisins de Montonac, portant le nom de leurs seigneurs encore vivants et figurent dans les mêmes chartes à titre de donateurs, Oliverus et Bocardus. Les noms de ces domaines étaient donc nouveaux, à l'époque où leurs seigneurs, de concert avec Simon de la Roche, en faisaient don au prieuré. L'on peut en conclure qu'il s'agit ici de terres récemment défrichées, et ayant reçu le nom des seigneurs qui les avaient mises en valeur. Il est vrai que ces terres pouvaient avoir été défrichées et nommées par des ancêtres des donateurs, du même nom que leurs descendants ; mais il serait singulier que le fait se fût produit deux fois, à l'occasion de domaines très rapprochés.

II. CHARTES DES XIIIème ET XIVème SIÈCLES. Tous les personnages laïcs, mentionnés dans ces chartes, portent chacun un prénom, suivi d'un nom patronymique. Une seule exception à cette règle se présente dans la charte n° XLV (1280), où un donateur est désigné par le seul nom Rivallerus.

Le nom patronymique, comme au XIIème, siècle, est tantôt le nom d’une fonction : Wilhelmus Le Veier, Guillelmus Forestarius..., tantôt, un sobriquet : Berthelotus Benvenus, Thomas dictus Magnus, Pierre Douzil, Breor Macheglan… ; tantôt un nom d’ancêtre : Johannes Gucho, Guillaume Gestin, Guillebon Marquier… ; tantôt, pour les seigneurs, le le nom de leurs fief : Olivier de la Haye, Guillelmus de Landa, Guillaume de Béac, etc.

(Paul de Berthou).

Voir aussi  Ville de Nivillac (Bretagne) " Cartulaire de Notre-Dame de Montonac ou Montonnac ".

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