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Olivier LE FELLIC, prêtre guillotiné à Lorient
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237. — Olivier LE FELLIC naquit au village de Kéranduic, en Noyal-Pontivy, le 6 août 1754. Son père, Gilles Le Fellic, et sa mère, Marie Le Moign, surtout riches en vie chrétienne, le firent baptiser le lendemain de sa naissance. On le trouve tonsuré au Séminaire de Vannes le 18 septembre 1779, minoré le 11 mars 1780, recevant le sous-diaconat le 23 septembre de cette année, diacre le 31 mars 1781, enfin ordonné prêtre à Vannes le 22 septembre suivant. Deux ans après, il se fixa à Bubry comme prêtre habitué et, le 19 janvier 1784, y obtint la chapellenie de Saint- Yves. Cela ne veut pas dire qu’il en devint titulaire. Saint-Yves, petite chapelle et gros pèlerinage, à une lieue du bourg, appartenait au chapitre de la cathédrale et M. Le Fellic n’en fut constitué que le modeste desservant.
238. — Arrivent les événements de 1789. Le recteur de Bubry, M. Benjamin Videlo, son frère Louis qu’il avait obtenu pour vicaire et tous les prêtres de Bubry, refusèrent à la fois le serment schismatique les 6 et 13 février de cette année ; c’était entrer dans l’orage. Dès lors administrations diverses, ennemis politiques ou personnels, espions de toutes sortes, dénonciateurs de tout acabit, font naître mille difficultés sous leurs pas. S’ils se terrent, leurs cachettes sont connues ; s’ils battent le pays, leurs déguisements sont signalés, et partout et toujours le misérable curé-jureur de l’endroit, un nommé Le Stunff, élu le 3 avril 1791 curé de Bubry, plus impudique encore que constitutionnel, les poursuit d’une haine sauvage. On le voit les dénoncer pour la première fois le 13 septembre 1791, accusant spécialement M. Le Fellic de détourner les gens d’assister à ses offices. Le 15 juin de l’année suivante, le directoire signa leur ordre d’arrestation. M. Le Fellic y fut désigné nommément, mais on ne put le saisir. Malgré ces poursuites, M. Le Fellic n’obéit pas aux lois de déportation du 26 août 1792 et des 21-23 avril 1793. Pour l’en punir, il vit confisquer et vendre son mobilier qui produisit la modeste somme de 39 livres 14 sols ; en même temps que l’administration du Morbihan invitait une fois de plus la municipalité de Bubry à le faire arrêter, à l’occasion d’une messe célébrée à la chapelle Saint-Yves.
Le 29 septembre 1793, on avait organisé toute une expédition pour se saisir de MM. Videlo, Bertrand et Le Fellic. Elle échoua, ce n’était que partie remise. M. Le Fellic, vendu par un traître du village de Saint-Yves, nommé Louis Guillemot, devait bientôt se voir capturé.
239. — Dans la nuit du 9 au 10 décembre 1794, ce prêtre et ses confrères s’abritaient au village de Kerfosse, sous le toit d’un des meilleurs chrétiens de la paroisse, Pierre Le Dilly. Il était à peu près quatre heures du matin. M. Le Fellic venait d'entrer et, au premier étage du logis, s’entretenait à voix basse avec le recteur et son frère, quand tout à coup on frappa violemment à la porte : « La Nation ! ouvrez, au nom de la loi ! ». Mais la sœur de Dilly parlementa et retint quelque temps les gendarmes au rez-de-chaussée, ce qui permit à M. Louis Videlo de percer le toit de chaume de la maison et de s’enfuir ; le recteur et M. Le Fellic furent arrêtés.
Vivement on les entraîna garrottés vers Hennebont.
Que se passa-t-il en route ? Est-ce vrai qu’ils essayèrent de s’enfuir, qu’ils offrirent de l’argent à leurs gardiens pour prix de leur liberté ? Il serait bien imprudent de le croire. Ce qui est certain, c’est qu’à peine arrivés à Hennebont, on les conduisit au district et que de là on les expédia vers Lorient où, seul d’ailleurs, parvint M. Le Fellic, car, en route, près du pont d’Hennebont en Saint-Caradec, M. Benjamin Videlo avait trouvé moyen de prendre la clé des champs.
Pendant la nuit qui suivit, l’abbé Le Fellic, au fond de son cachot, put se préparer à la mort ; il savait bien qu’on ne l’épargnerait pas. Dès le lendemain 11 décembre, à peine le jour levé, il fut amené devant le tribunal criminel. Dans son interrogatoire, il proclama n’avoir pas prêté serment et n’avoir pas quitté le sol du Morbihan. Il prit garde par ailleurs de compromettre qui que ce fût par ses réponses.
240. — Après avoir pris à peine le délai nécessaire pour en rédiger la teneur, le tribunal criminel du Morbihan rendit son jugement dont le texte a déjà été publié ailleurs. « Olivier Le Fellic, prêtre réfractaire, demeuré en France malgré les lois qui lui enjoignaient d’en sortir, devra être mis à mort dans les 24 heures sur la place de la Montagne en la ville de Lorient, conformément au texte de la loi des 29-30 vendémiaire an II.
Le temps de faire au condamné la dernière toilette, et le cortège se forma sans tarder. Des gendarmes et des gardes nationaux le gardaient ; le bourreau marchait à ses côtés. Arrivé au pied de l’échafaud, M. Le Fellic gravit les marches de la plateforme. En un instant il est saisi, lié à la planche fatale, basculé et le couteau tombant consomma son sacrifice ». Il était 11 heures et demie du matin.
Au village de Kerfossé, en Saint-Yves de Bubry, on conserve avec vénération la pièce « où, sous la Révolution, les prêtres ont dit la messe » et l’on garde pieusement le souvenir du martyr.
BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), III, p. 509. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne (1845), op. cit., I, p. 512. — P. Nicol, Les Prêtres de Bubry, 1790-1802, Vannes, in-8°, 1908. — Merlet, Le District de Rochefort, in Revue de Bretagne, 1er sem., 1908, p. 116. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, in-8°, Vannes, 1921, p. 8-19, a publié les principales pièces du procès.
(Sources : Archives départementales du Morbihan, L 1087, 1061, 1073, 1544, L 1571 ; A 22, Z 501 A 22).
(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).
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