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LES SEIGNEURS DE L’ILE D'OUESSANT |
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Note : Les sires de Rieux se disaient Seigneurs du sang de Bretagne, et l'on voit par les procès-verbaux des états de Bretagne de 1576 à 1582, que cette qualification leur fut confirmée, à eux et à leurs cadets, comme descendants de Rodoald de Rieux, petit-fils d'Alain le Grand ou Re-Bras, qui leur avait transmis, à titre d'héritage la ville de Rieux, où ils tenaient maison princière. Kerdanet, Notices, etc P. 198. Gilles de Rieux prit part à la septième croisade. 1248. Devise de la famille : A Tout heurt Bellier, à Tout heurt Rieux et aussi : Tout un. Armes : d'Azur aux neuf besans d'or.
René de Rieux, marquis de Sourdéac, nouveau propriétaire d'Oixant était le petit-fils de Jean IV, sire de Rieux et de Rochefort, baron d'Ancenis, comte d'Harcourt, vicomte de Donges, seigneur de L'Argoët ; [Note : Orthographe. Mélanges d’Hist. et d’Archéol. Bretonnes. Rennes, 1855, t, 1, PP. 85 et 117] né le 27 juin 1447, maréchal de Bretagne — 1470 — général des armées du duc. 5 septembre 1472. Capitaine de la ville de Rennes et de ses dépendances, 1476, de celle de Nantes, 1488. Il fut nommé tuteur testamentaire de la duchesse Anne de Bretagne, 11 septembre 1488, En 1513 il portait le titre de lieutenant général du roi et du duc mon souverain seigneur. D. Morice, mém., t. III, P. 907. Il mourut le 9 février 1518, des suites d'une maladie contractée au siège de Salza, sur la frontière d'Espagne, où il commandait l'armée de Louis XII avec le maréchal de Gié. Jean IV avait eu trois femmes.
1° En 1451, Françoise Raguenel, dame de Malestroit, de L'Argoët [Note : Le 1er mai 1471, Jean de Rieux et sa femme fournissaient au duc de Bretagne un minu pour L'Argoët], Chateaugiron, Chateloger, Poligné, Derval, Gueménée, Penfao, Beauregard, Fougeray, etc. Elle était fille de Jean IV [Note : La sœur cadette avait épousé Tanguy du Chastel, vicomte de la Bellière, mort en 1477], seigneur de ces terres et de Gilette de Chateaugiron ; elle naquit en 1447 et mourut en 1481 [Note : Une fille unique : Françoise, née en 1461, mariée en 1488 à François de Laval, baron de Chateaubriand, auquel elle apporta tous les biens des Malestroit, à l'exception de L'Argoët. Généalogie de la maison de Cornulier, 3ème partie, P. 50. 2ème partie, P. 100 — François, fils naturel de Guy XV dit Guy XVI, etc., Soc. d'émulation des Côtes-du-Nord, 1892, P. 7. D'après la Généalogie de la maison de Cornulier, 2ème partie, P. 98, ce fut Nicolas, fils de Jean de Laval et de Jeanne du Périer qui succéda à son oncle Guy XV, en 1501, sous le nom de Guy XVI. — Guy XVI, comte de Laval].
2° Claude de Maillé, fille de Hardouin, seigneur de Maillé et de Péronnelle, d' Amboise, dont il n'eut pas d'enfants et qui périt l'année de son mariage — 1495 — suffoquée par le feu qui prit par accident durant une fête qu'on lui donnait au château d'Elven, chef-lieu de L'Argoët.
3° Isabelle de Brosse, dite de Bretagne, fille de Jean III, comte de Penthièvre, vicomte de Bridiers et de Louise de Laval, mariés en 1468. De cette union naquirent :
Claude, sire de Rieux et de Rochefort, comte d'Harcourt, vicomte de Donges, baron d'Ancenis, seigneur de L'Argoët, né le 15 février 1497. Il fut fait prisonnier à la bataille de Pavie, 24 février 1525, où il exerçait les fonctions de maréchal de bataille ; il avait épousé :
1° Le 10 novembre 1518, Catherine de Laval, fille de Guy XVI et de Antoinette Daillon, décédée le 31 décembre 1526 ; 2° le 13 décembre 1529, avec dispense du pape Clément VII, sa parente au 4ème degré [Note : D. Morice. Pr. t. III, P. 986] Suzanne de Bourbon, fille de Louis, prince de la Roche-sur-Yon et de Louise de Bourbon-Montpensier. Claude de Rieux mourut le 19 mai 1532, à l'âge de 35. ans et fut enterré dans la collégiale de Rochefort à côté de sa première femme ; il laissa de ces deux mariages :
1° Renée, héritière de la maison de Laval ; Guionne XVIII, épouse, en 1540, de Louis de Sainte-Maure, marquis de Neesles, comte de Joigni, morte en 1567 ;
2° Claude, née le 8 février 1526, épouse, le 19 mars 1547, de François de Coligni ;
3° Claude II, sire de Rieux, né en 1530, décédé à l'âge de 18 ans ;
4° Louise, née en 1531, mariée le 30 décembre 1550 à René de Lorraine, marquis d'Elbeuf.
En 1522, Claude produisit au roy le Minu de la seigneurie de Chateauneuf pour payer le rachat dû au décès le 20 janvier 1520, de sa cousine Jeanne de Rieux, fille de Gilles de Rieux, décédé en 1501 et de Anne du Chastellier [Note : Association Bretonne, 1892, PP. 209 et 210. Les seigneurs et le marquisat de Chateauneuf, par M. l'abbé Guillotin de Corson. — Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, par M. le chanoine Guillotin de Corson. Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou. 1893, P. 423].
Suzanne de Bourbon produisit au roi François Ier, le 28 mars 1533, un Minu de L'Argoët [Note : L'Argoët passa, en 1352, des Malestroit aux Chateaugiron, dits de Malestroit ; de ceux-ci, aux Raguenel, seigneurs de la Bellière, dits aussi de Malestroit. Le duc d'Elbeeuf, fils de Louise de Rieux et de René de Lorraine, marquis d'Elbeeuf, vendit en 1640 la juridiction de L'Argoët au seigneur marquis d'Assérac. Jean de Rieux demanda et obtint en 1623 l'érection en comté de sa seigneurie. Le comté fut saisi en 1651 sur Jean-Emmanuel de Rieux, et adjugé le 28 juin 1656 à Nicolas Fouquet, sur-intendant des finances ; quant au domaine, c'est-à-dire le parc d'Elven, il était passé au sieur Rozey, par acte du 25 mars 1655. En 1659, Fouquet réunit le domaine et la juridiction. Par acte du 19 mars 1673, il fut attribué à Marie-Madeleine de Castille de Vellemareuil, veuve Fouquet, pour assiette de ses deniers dotaux. Cette dernière en fit la cession, le 10 janvier 1686, à Louis de Trémereuc, président au Parlement de Bretagne. En 1694 L'Argoët était passé dans la maison de Cornulier par le mariage de Anne-Louise de Trémereuc avec Toussaint de Cornulier, président à mortier au parlement de Bretagne. L'Aveu fourni le 16 juillet 1694 contenait 2,751 liefs ou articles distincts. Généalogie de la maison de Cornulier AP 126 ; B 146 ; C 52], comme ayant la garde de son fils Claude ; et le 7 mai 1542, au Dauphin, duc de Bretagne [Note : François, Dauphin, né en 1517, duc de Bretagne en 1532, mort en 1535. — Henri, né en 1518, Dauphin en 1536 par la mort de François, son frère aîné, duc de Bretagne, la même année et, en 1547, roi de France, sous le nom de Henri II. Ils étaient fils de François, duc de Valois, comte d'Angoulême depuis François 1er, et de Claude, fils de Anne de Bretagne et de Louis XII. — Société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1892, P. 10. — Les Jetons de Bretagne, par M. Fornier] un Aveu, en qualité de tutrice de ce même Claude, décédé le 26 avril 1548 ; sa succession revint à Renée de Rieux, sa soeur aînée ; Suzanne de Bourbon décédait en février 1570.
Le deuxième fils de Jean de Rieux et d'Isabelle de Brosse, dite de Bretagne, fut François, sieur d'Assérac.
Des unions assez nombreuses s'étant produites entre les branches d'Assérac et de Sourdéac, de la famille de Rieux, nous croyons utile de nous arrêter sur la ligne d'Assérac, en nous aidant du travail de M. l'abbé Guillotin de Corson, et en y faisant quelques légères additions [Note : Association Bretonne, 1892, les Seigneurs et le Marquisat de Chateauneuf. — Michel de Rieux, fils de Jean, mort le 3 mars 1423, eut en partage la seigneurie de Rieux-Chateauneuf ; il naquit, en 1394 et mourut le 12 janvier 1473. — Les grandes seigneuries de la Haute-Bretagne, par M. le Chanoine Guillotin de Corson. Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. X, 6e l., 1893, P. 423].
François, sieur d'Assérac, au décès du père, épousa Renée de la Feillée, fille aînée de François, vicomte de Plouider et de Cyprienne de Rohan, dame du Gué de l'Isle. Il en eut deux fils :
1° Jean, en faveur duquel la terre d'Assérac fut érigée en marquisat par lettres-patentes d'Henri III, datées de Lyon, en septembre 1574, et qui fut lieutenant du roi en Bretagne en 1576 ;
2° René, seigneur de la Feillée, l'Isle Dieu et Belle-Isle, chevalier de l'ordre du roi, chambellan de ce prince et du roi de Navarre, lieutenant de 100 h. d'armes et de la compagnie du prince de Condé, né en 1540, mort le 25 avril 1575. Levot, Biog. bretonne, t. II, p. 710. Suivant l'inscription mortuaire, il mourut le 25 août. Il était époux de Marguerite de Conan, dame d'honneur de la reine, propriétaire de la châtellenie de l'Isle d'Yeu, fille de François, seigneur de Rabestan, maître des requêtes de l'hôtel du roi, et de Jeanne Hennequin [Note : Annuaire de la Soc. d'Emulation de la Vendée, 1883, PP. 213, 218, 236. Jean de Rieux fut poursuivi avec Ange de Crapador ou Crapado, « pour une entreprise qui estait pratiquée contre ma ville de Rennes. Le Sr de Crapador s'est trouvé coulpable et a eu la teste tranchée et quelques autres gentilzhommes » — 19 février 1593. Henri IV au due de Nevers. Lettres missives, etc., t. III. P. 727. — Récit de cette exécution. Journal de maistre Jehan Pichart, notaire royal et procureur au Parlement. D. Morice, t. III, col. 1732].
De ce mariage :
1° Jean, époux de Jeanne-Hélène de la Motte-Vauclerc, dame de la Hunaudaye, veuve de François de Coligny, sire de Rieux, et fut tué à Paris l'an 1595 ; il eut pour fils René, né le 6 août 1592, noyé dans le Tibre, à l'âge de 17 ans, le 13 août 1609, en se portant au secours de l'un de ses pages qui allait périr [Note : Ann. de la Société d'émulation de la Vendée, 1867, P. 291 — 1883, P. 219].
2° Jean, dit le Jeune, prénommé comme son aîné [Note : Ann. de la Société d'émulation de la Vendée, 183, P. 219]. D'après M. le chanoine Guillotin de Corson [Note : Association Bretonne, 1802, P. 214, renvoi 2], Jean épousa Suzanne de Rieux [Note : Suzanne de Rieux était la seconde fille de Guy de Rieux, seigneur de Chateauneuf et de Jeanne du Chastel ; elle épousa Pierre de Montmorency, marquis de Thury, troisième fils de Pierre de Montmorency et de Jacqueline d'Avaugour. Lettres missives de Henri IV, t. III, P. 115. Selon Moréri, t. IX, P. 201, col. 1, Suzanne de Rieux, fille de René décédé le 25 août 1575 fut marié le 21 juillet 1601, à Pierre de Montmorenci, seigneur de Lauresse, gouverneur du Perche et de Château-du-Loir. — Il y a confusion entre les deux Suzanne — Suzanne fille du deuxième mariage de Guy, alliée à Jean de Rieux, marquis d'Assérac, son cousin. Moréri, P. 201], fille de Guy I, seigneur de Chateauneuf, et de dame Madeleine d'Espinay ; c'est une erreur. En effet, d'un acte du 19 octobre 1634, intervenu entre Pierre Cornulier et Jean-Emmanuel de Rieux, mentionné ci-après [Note : Généalogie de la maison de Cornulier, par Lainé, 3ème partie, P. 20], il ressort qu'une obligation avait été consentie, le 23 octobre 1619, par Jean, chef de nom et d'armes de Rieux, marquis d'Assérac, et Marie de Rieux, père et mère dudit seigneur.
De ce mariage naquit Jean-Emmanuel, marquis d'Assérac. Il épousa, le 20 février 1639, Anne Mangot, fille de Claude, garde des sceaux de France, et de Marguerite le Beau, dame de Villarceau, dont il était veuf en 1642. Il était depuis l'année 1645 l'époux de Jeanne-Pélagie de Rieux, fille de Guy II de Rieux, comte de Chateauneuf, mort le 9 décembre 1637, et de sa seconde femme, Catherine de Rosmadec, qu'il avait épousée le 3 mars 1631, et qu'il perdit en 1647 ; elle fut inhumée dans la chapelle de Nazareth, près Plancoët, qu'elle avait fondée [Note : Association Bretonne, 1892, PP. 213 et 214, — Revue de Bretagne, t. X. année 1893, P. 424. — Moreri, t. IX, P. 202].
Au décès de son beau-frère, René-François de Rieux [Note : Né le 8 février 1635, décédé le 13 novembre 1656, Association Bretonne, PP. 213 et 214], Jean-Emmanuel joignit à ses titres de marquis d'Assérac., comte de L'Argoët, seigneur de l'Ile d'Yeu, gouverneur de Guérande, du Croisic et de Saint-Nazaire, celui de marquis de Chateauneuf. Il fut tué en duel cette même année 1656, et enterré dans l'église d'Herbignac, près la tombe de sa première femme, Anne Mangot. La seconde femme du marquis, d'Assérac, Jeanne-Pélagie de Rieux, née le 21 décembre 1632, a eu un rôle important à l'époque de Fouquet [Note : Notice sur le Croisic, Caillo jeune, PP. 159 et 192. — Ann. de la Société d'émulation de la Vendée, 1883, P. 220. — Lettres du cardinal de Mazarin, A. Chéruel, t. III, PP. 622 et 623, en notes 10].
Il laissa un fils, Jean-Gustave de Rieux, époux ; le 28 juillet 1677, à Saint-Germain de Rennes, de Marie-Hélène d'Aiguillon, fille de César, marquis de la Juliennais. Il mourut à Paris le 29 janvier 1713 ; il avait donné naissance à deux enfants ; l'un vit le jour le 27 février 1681, fut nommé Jean Sévère, le 28 juin, dans l'église de Chateauneuf, et mourut célibataire ; l'autre, Louis-Auguste, devint colonel du régiment du Perche, par commission du 15 mars 1718.
Depuis le 23 août 1681, Chateauneuf avait été saisi sur Jeanne-Pélagie de Rieux et acheté moyennant 322,550 livres par Henri de Beringhen.
Le petit-fils de Jean Sévère, Louis de Rieux, fut le dernier à porter ce grand nom ; il fut saisi à Quibéron et fusillé sur le Champ des Martyrs en 1795 [Note: Guillotin de Corson, Association Bretonne, 1892, PP. 214 et 215. — Les seigneuries de la Haute-Bretagne, Guillotin de Corson. — Revue de Bretagne, t. X, 1893, P. 424].
Le troisième et dernier fils de Jean IV de Rieux et d'isabelle de Brosse fut Jean, né en 1507. François, son frère, qui avait eu la terre d'Assérac en partage au décès de leur père, l'abandonna à Jean. Il devint seigneur de Chateauneuf au décès de Claude de Rieux, né en 1530 et mort à l'âge de 18 ans ; il acquit celle de Sourdéac [Note : Jehan du Périer, sieur de Sourdéac, en 1485. D. Lobineau, t. II, col. 1426, 1451.— Echanczon du Roy d'Angleterre, P. 1471.— Pensionnaire du duc, P. 1584. — Les grandes seigneuries de la Haute-Bretagne, par M. le chanoine Guillotin de Carson. — Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. X, année 1893, P. 423].
A l'âge de 18 ans, il fut pourvu de l'abbaye de Prières [Note : Succéda à M. de Hangest et se démit l'an 1533 en faveur de Guillaume Car. D. Taillandier. Catalogue des évesques et abbés de Bretagne, P. CLVJ] et nommé à l'évêché de Saint-Brieu, vacant par la mort d'Olivier du Chastel. Il administra le temporel de l'évêché du 6 septembre 1525 [Note : Il eut pour suffragant Geofroi, évêque de Tibériade. — On appelait évêques suffragans ou coadjuteurs ceux qui faisaient les fonctions épiscopales pour ceux qui les employaient. On les appelait aussi évêques portatifs. Ils ne succédaient pas de droit aux évêques dont ils étaient coadjuteurs. — Abbé Ruffelet, Annales Briochines, sous l'année 1544] jusqu'au moment de sa démission, en 1544. Il mourut le 24 décembre 1563 et fut enterré dans le chanceau de l'église de Chateauneuf.
Il avait épousé, en 1548, Béatrice de Jonchères, dame de la Perrière, en Anjou, veuve de Jean de Montécler, seigneur de Bourgon, fille unique de Claude et de Marie de Chahanai.
De ce mariage :
1° Guy, seigneur de Chateauneuf, vicomte de Donges, époux le 11 juin 1560, à Rennes, de Anne du Chastel, fille de Claude, baron du Chastel, du Juch, de Coëtivy, vicomte de Pommerit, lieutenant du roy en Bretagne, et de Claude d'Acigné, vicomtesse de la Bellière. Guy était gouverneur de Brest en 1590. Marie, sa fille, épousa le 29 août 1587, à Chateauneuf, Guy de Scépeaux, baron de Beaupréau [Note : Jean d'Espinay, fils de Guy et de Louise de Goulaine, épousa Marguerite de Scépeaux, comtesse de Duretal. Jeton de 1578. Société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1892, p. 5].
Vers 1572, Guy de Rieux [Note : Vers le mois de juin 1587. — A Monsieur de Chasteauneuf. Monsieur de Chasteauneuf. N'ayant point oublié l'amitié que m'avés portée autrefois, je croy que vous ne serez aussi tant départy de la mienne qu'il ne vous soit demeuré quelque reste de bonne volonté, qui puisse reprendre accroissement quand vous aurez bien cogneu ce que je suis envers tous les gens de bien. Et pour ce que je vous tiens de ce nombre, et que la justice de ma cause les doibt assez convier de ne m’estre contraires, ce mot sera pour vous resveiller et vous faire ressouvenir que je suis celuy qui ne change point, qui ne puis haïr sans grande occasion ce que j'ay une fois aimé ; et que si vous avez mesme humeur, qu'il ne tiendra qu'à vous que ne m'ayez aultant que prince du monde, et que je fus jamais, pour Vostre bien affectionné et meilleur amy. Signé : Henri. L. Missives, t. II, P. 290] devint l'époux de Magdeleine, fille de Jean, marquis d'Espinay, et de Marguerite de Scépeaux ; elle mourut le 27 septembre 1597. Depuis le 12 février 1591, il était décédé. Il mourut en mer, en revenant du siège d'Hennebont et regagnant son poste, à Brest. — Mémoires de Jean Du Mats, seigneur de Terchant, etc. D. Taillandier, t. II, P. CCXCIV [Note : Voir. La tour de Cesson, et le fort de Saint-Brieuc, par J. Trévidy, Société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1893, P. 110. Note sur les deux frères de Rieux. — Si Guy de Rieux est bien mort en 1591, comme l'écrit du Mats, dans son journal de 1589 à 1598, il a adressé antérieurement la lettre au sieur de Kerallec, insérée au t. III des Preuves de Dom Morice, P. 1548. Elle se termine par cette mention : ce 19 septembre, à Quintin, sans indication de millésime. Dom Morice, en l'intercalant entre un document daté du 31 août 1592 et un autre du 18 décembre, même année, aurait par suite commis une erreur].
2° Renée, fille d'honneur de la reine Catherine de Médicis, connue sous le nom de la Belle Chateauneuf [Note : Elle était si belle qu'on fut, pendant longtemps en usage à la cour de dire, lorsqu'on voulait louer une jolie personne « qu'elle avait quelque chose de l'air de Mademoiselle de Chateauneuf » (voir note A). Miorcec de Kerdanet ; Notices, etc P. 198. — Elle tua de sa propre main en 1577, Antonetti, comite des galères, à Marseille, son premier mari. Elle épousa ensuite Philippe Altoviti, florentin, baron de Castelane, en Provence, qui fut tué par Henri d'Angoulesme, grand prieur de France, l'an 1586], née vers 1550.
(Note A) : Novembre 1564. — Catherine de Médicis. — A mon cousin le prince de Condé. — « Mon cousin, il y a quelque temps que l'héritière de la maison du Chastel de Bretagne fut mise entre les mains de ma cousine vostre femme et nostre dame, qui vous fust despechée du Roy Monsieur mon filz, dont les principaulx parents firent grande instance dès lors.Touttefois pendant que ma dicte cousine a vescu je n'ai poinct voulu qu'elle en fut ostée ; mais puisqu'elle est allée de vie à trèspas et qu'elle est d'assez bon lieu pour estre nourrie auprès de moy, je vous prie de me l’envoyer et donner ordre qu'elle me soit amenée la part que je serai le plus tôt qu'il sera possible, et ce sera chose que j'auray bien fort agréable, et m'assurant que vous n'y voulez faillir, je prieray Dieu, mon cousin, vous avoir en sa sainte et digne garde. — De Arles ce... jour (de novembre 1564) ». — Lettres de Catherine de Médicis, t. II, P. 234, col, 2.
3° René, l'acquéreur d'Ouessant.
4° Françoise, religieuse à l'abbaye de Nazareth, à Vannes.
René de Rieux ci-dessus désigné, naquit en 1558. Il était comte de Bouttevellaye et de Branferenne. Il avait été enfant d'honneur de Charles IX Il présida l'ordre de la noblesse, aux Etats de Bretagne, tenus à Quimper en 1586 et fut député de la même noblesse du duché de Bretagne et de ses dépendances, aux Etats de Blois, en 1588.
A la mort de Guy de Rieux, décédé en 1591 en revenant du siège d'Hennebont, Sourdéac se saisit du gouvernement de Brest. Taillandier, t. II, P. CCXCIV.
A l'Assemblée générale des trois Etats de Bretagne, tenue à Rennes le 29 décembre 1592, il fut fait lecture et enregistrement des lettres-patentes par lesquelles S. M. créait Sourdéac lieutenant-général dans les Pays-Bas de Bretagne, non sans protestation du sieur Montbarot, nommé par lettres du 31. août 1592, lieutenant-général de la province. D. Morice, t. III, PP. 1547 et 1551. Le 19 septembre 1595, le roi érigeait l'île d'Oixant en marquisat. Le 18 décembre même année, Sourdéac quittait le commandement de sa compagnie de gendarmes pour prendre celui de 50 sallades [Note : Armure de tête qui différait du casque en ce qu'elle n'avait pas de crète et qu'elle n'était qu'un simple pot. D. Morice. — On disait aussi Celade, de Celata qui signifie Casque, armet. Note de la page 393, t. III. Lettres de Peiresc. — Composition de la Compagnie. — D. Marice, Pr. t. III. P. 1635], destinés à tenir garnison [Note : Garnison de Brest en 1595. — Cabinet historique, par L. Paris, t. III, P. 48, n° 89] au château de Brest. Les lettres-patentes de 1595, relatives à l'érection de la terre d'Oixant en marquisat n'ayant pas été présentées en temps utile à l'enregistrement du Parlement de Bretagne, le roy, sous la date du 16 juin 1598, délivrait des lettres de surannation. Malgré sa situation, Sourdéac se trouvait intéressé, en 1598, dans l'armement de la Colette, de Brest, bâtiment appartenant à Jean-Charles-François Le Cholevet [Note : Orthographe probablement vicieuse. Il y a lieu de lire, pensons-nous, Le Cholennec, famille nombreuse de commerçants de Brest. Dans notre notice : 3 anciens plans de Brest. Soc. Ac. de Brest, 189-90, P, 175, nous avons mentionné l'existence en 1576, à peu près à l'endroit où est placée la grille actuelle de la porte de l'Arsenal — porte Tourville — d'une grande maison ; devant se trouvait une chaussée pour y faire décharger les marchandises et agrès des vaisseaux qui ne pouvaient demeurer à l'air sans dépérir : c'était probablement le domicile de Le Cholennec. Plus tard, cette maison devint la demeure de Lestobec, autre vieille famille brestoise qui s'occupait aussi du négoce], armateur de cette ville. Ce bâtiment fut capturé par les Anglais, ce qui amena Henri IV à porter plainte à sa bonne sœur et cousine Elisabeth, reine d'Angleterre [Note : Lettres des 22 août, fin de septembre 1598, 5 octobre 1599. Lettres missives de Heuri IV, t. V, PP. 16, 17, 36, 169. — Le dit Sourdéac se confiant en la bonne amitié qui est entre nos royaumes, païs et subjects et particulièrement en l'honneur que vous lui auriés faict de lui promettre toute faveur et courtoisie bailla au dit Martin un navire, nommée la Colette de Brest, pour aller et venir en Espagne, etc., le capitaine se nommait Martin d'Assiaigne, ou d'Issiaigne, et avait été fait prisonnier à la côte de Léon — Brest — par Sourdéac, en même temps que Antonio-Henrico de Riveros. — L. de Henri IV à la Reine d'Angleterre, 22 août 1598].
Le 2 janvier 1599 [Note : Sous les ordres de Sourdéac se trouvait Georges Leziart, seigneur du Matz. — Lettre du 27 janvier 1598 à lui adressée par Henri IV. Lettres missives, L. VIIII, P. 696. — Il y était encore en 1621. Le 29 juillet il assista au mariage de Mathieu Le Barzic et de Catherine Mestrius, fille d'un serviteur du gouverneur Sourdéac. Eglise du château de Brest], S. M. accordait à Sourdéac le collier de ses ordres [Note : Services divers rendus à Henri IV. — Traite pour le Roy avec du Plessis de Cosmes (voir Note A) pour la reddition de Craon, 17 avril 1595. « M. Sourdéac vous a mené une très belle hacquenée et m'en donne une qui sera aussi pour vous. » Heuri IV à Gabrielle d'Estrées, 14 mai 1598. L. missives, t. VIII, P. 707. (Note A) : Pierre Le Cornu, seigneur du Plessis de Cosmes — primitivement le Diable — nom changé en 1330 pour celui de Le Cornu. L. missives, t. IV, P. 338, t. V, P. 517. D. Morice, Pr. t. III, P. 1667. — Généalogie de la maison, de Cornulier, deuxième partie, P. 89 — Le Cornu, seigneur de la Courbe de Brée, compromis dans cette affaire. Bull. de la Soc. Arch. du Finistère, 1892, PP. 32 et 33, en note] et le 3 juin 1603 elle lui donnait commission pour recevoir chevalier de l'ordre de saint Michel, le sieur Du Plessis de Querleach [Note : Le manoir du Plessis, dont le sieur Kerlech (Querleach) portait le nom, était situé dans l'ancien évêché de Léon. L. missives, note, t. VIII, P. 889. — Levot. Abbaye de Saint-Mathieu, Soc. Ac. de Brest, 1872-73, mentionne 3 abbés de ce nom, 1315, 1343, 1380. Guillaume de Kerlech, abbé de Saint-Méen, en 1430. D. Taillandier, Pr. t. II, catalogue, etc., P. XCVIII. — Claude de Kerlech, puis Baron de Kerlech (1576), était de l'illustre maison du Chastel ; il descendait de Bernard, juvénieur du fameux Tanneguy qui avait pris le nom de Kerlech en épousant l'héritière de cette maison. Claude fut autorisé en 1578, à reprendre le nom de du Chastel. Soc. Arch. du Finistère. 1887, P. 188. Renée, fille de Guy de Rieux, seigneur de Chateauneuf et de Madeleine d'Epinay, avait épousé François de Kerlec, seigneur du Plessis-Kerlec, de Kergo, du Val-Cerrel et de Trézeguidi. Moréri, t. IX, P. 201, col. 2. — René de Kerlech du Chastel, seigneur du Plessis, de Reserve, de Quérandron, de Ruen, de Langourla, du Rusques, de Quistriva, déclaré noble d'ancienne extraction ; employé au rolle de la Juridiction royalle de Sainct-Renan, 31 may 1669. Nob. de Bretagne, par Beauregard, P. 213]. Vers la même époque, Sourdéac se trouvait en contestation avec les trois ordres de l'évêché de Cornouaille, au sujet d'une somme d'argent qu'il leur avait prêtée ; il avait envoyé sa plainte au Conseil ; mais Henri IV transmit au chancelier l'ordre suivant pour en arrêter les effets... « pour vous dire que je ne veux pas que l'on juge le procès pendant en nostre Conseil privé entre luy — Sourdéac — et les trois ordres de l'évêché de Cornouailles, pour raison de certains deniers à eux prêtés et délivrés par luy pour subvenir à leurs affaires ». Cette lettre qui porte la date du 10 mai, sans millésime, figure à la page 89, du t. IX, des Lettres Missives de Henri IV et M. Guadet, chargé de la rédaction de ce recueil, estime qu'elle a pu être écrite dans l’une des années écoulées entre 1600 et 1607.
En 1600, le Parlement de Bretagne fut appelé à se prononcer sur un différend existant entre Sourdéac et l'évêque de Léon, relativement à l'acquisition de l'île d'Ouessant. En conséquence, le 22 octobre 1609, il fut procédé au mesurage, prisage des terres de l’isle d’Ouessant, rentes et revenus en icelle appartenant au seigneur évesque de Léon, suyvant et exécutant l'arrest de la cour du Parlement de ce païs, l'onzième mars 1600, entre Messire Rolland de Neufville, évesque dudict Léon, et Messire René de Sourdéac. A cette époque la seigneurie d'Oixant rapportait 1150 l. 8 d. tournois de rente par an.
La remonstrance très humble en forme d'advertissement que font au Roy et à Nosseigneurs de son Conseil les Capitaines de la marine marchande, nous apprend ce qui suit : [Note : Pièce imprimée sans indication de date ni de lieu, vers le commencement du XVIIème siècle. Un exemplaire, peut-être unique, se trouve dans le recueil des frères Dupuis, conservé à la bibliothèque nationale — Nouv. Annales des Voyages et des Sc. géographiques, t. I, année 1843 P. 73]
« En l'année 1612. Le capitaine Duparc, dit Chartier de Brest, et 78 hommes de son esquipage, partis avec congé du Gouverneur, dans un navire de Monsieur Sourdéac, pour faire voyage vers l'Amérique, passant chemin entre le Portugal et les isles Assores [Note : Azores signifiant Faucon], sont attaqués et pris par trois vaisseaux d'Espagne qui tuèrent 17 de ses gens à l'abordage, et après le combat, le [Note : Levot, Histoire de Brest., t. I, P. 93, en transcrivant ce passage, a lu : les pendirent] pendirent et iettèrent à la mer et emmenèrent à Lisbonne prisonniers ceux qui estoient restez, où enfin condamnez à estre pendus, et amenez au gibet pour l'exécution, eurent la vie sauve par les religieux de la Miséricorde qui se rencontrant là de fortune, les demandèrent à la iustice, ainsi qu'est leur privilège en la dite ville et furent ces pauvres misérables à l'instant mis aux gallères où ils sont encore de présent ».
Cinq années après avait lieu le mariage de Marie, sa fille. Nous reproduisons cet acte appelé à nous permettre de rectifier une erreur historique.
« Aujourd'hui, huitiesme de janvier 1617, sont célébrées en la face de notre mère la saincte église les espousailles, en l'esglize de céans, du hault et puissant seigneur Sébastien de Plœuc, marquis du Tymeur, baron de Quergorlay, du Plessis, de Contera, et de très haulte et puissante demoiselle Marie de Rieux, fille de très hault et très puissant seigneur Messire René de Rieux, seigneur de Sourdéac, marquis d'Oixant, vicomte de Bouteuvillers et Branfent ; [Note : Nous rapportons cet acte littéralement. Sourdéac se qualifiait de vicomte de Bouttevellaye et de Branferenne. Marie, alliée, selon Moreri à Sébastien de Plœuc, marquis du Tymeur, baron de Kergorlai, morte l'an 1628. t. IX, P. 202, col. 1] lesquelles espouzailles ont esté faites par Révérend René du Louët [Note : De la famille du Louet de Coëtjunval. — 1558, 11 septembre, naquit au manoir de Coëtjunval, près le Folgoët, Jean du Louet « c'estait un jour de dimanche dit son grand-oncle Hamon, c'estait un premier jour de la lune et sous le signe de Virgo dont il devait estre de longue vie ». Mais l'oncle s'étant trompé, ajouta plus tard cette remarque « et non pourtant, car il mourut à l'âge de trente-cinq ans, parce qu'il fut saigné, dont il n'avait que faire de saignée ». Kerdanet, Notice sur le Folgoët, P. 92. René du Louet, abbé de Daoulas (1581), mort le 12 juillet 1598. René du Louet, chantre de l'église de Léon, sacré à Paris le 1er février 1642 ; fit son entrée solennelle à Quimperlé le 22 février 1643 ; mourut le 18 février 1668, à l'âge de 84 ans], chantre de Léon, en la présence dudit seigneur de Sourdéac, père et de très hault et très puissant seigneur, Messire Guy de Rieux, fils aisné dudit seigneur, et frère de la dite demoiselle, ou estoient très haulte et très puissante dame Morier du Goulen [Note : De la famille de Goulaine. — Il y a peut-être lieu de dire Marie de Goulaine], mère dudit seigneur de Ploeuc et plusieurs aultres grans et notables seigneurs et demoiselles et aultres personnages. Fait à Brest audit jour 8e janvier 1617. Signé : Fleury, Prestre » [Note : Signait les actes de l'église du château depuis 1608. C'était l'ancienne église paroissiale de Brest, sous le vocable de la Trinité, de la Vierge Marie et de saint Mathieu. Enfermée dans l'enceinte du château en 1595 ; elle fut réédifiée par Frézier en 1741 et disparut en 1819 ; elle était derrière le bâtiment dit la Caserne de Plougastel].
Sourdéac mourut le 4 décembre 1628, à Assé en Anjou [Note : Suivant Jean Pichart, Sourdéac avait été un des généraux les plus braves, un des hommes les plus adroits et des meilleurs coureurs de son temps. Il avait laissé des mémoires sur la Ligue. « Je n'en ai vu qu'un fragment qui commence à l'année 1595 jusqu'à l'année 1597. L'on ne peut s'empêcher de regretter la perte de ce qui précède ». D. Taillandier. Epitaphe sur le trespas de messire René de Rieux, seigneur de Sourdéac, lieutenant pour le Roy en Basse-Bretagne. En latin. Cecinit R. P. Cyrillius Pennectius, Carmelita Paulensis. Albert le Grand. Pèlerinage au Folgoët, P. 109, col. 2]. Il avait épousé Suzanne de Sainte-Melaine, fille de Jean et de Renée d'Andigné. Elle était baronne de Bourlevesque, dame de Montmartin, du Pré, Coesme, Lusée et du Pin. A son décès arrivé à Brest, le 24 mai 1616, suivant ses dernières volontés, son cœur fut transporté le 26 du même mois à l'église de Notre-Dame du Folgoët, pour y être inhumé [Note : Albert le Grand. Pèlerinage au Folgoët. Convoy et Pompe funèbre P. 165, col. 1] ; quant à son corps, il fut enterré à Nantes, dans le couvent de Saint-François.
De son côté, René de Rieux, dès 1592, avait fait don à cette église « d'une grande ymaige de la glorieuse vierge Marie, de bon et fin argent, du poids de 13 onces, et d'un grand tableau enrichy d'or et d'aultres peintures où est pareillement l'ymaige de lad. dame et vierge, pour estre mis sur le grand autel de la dite église ou aultre lieu commode et convenable ». Le 10 j uillet 1606, il avait fait don à la sainte chapelle du Folgoët « d'une croix, d'un calice, de chandeliers et de burettes en argent armoriés de ses armes ». Depuis le 17 janvier 1595, Sourdéac avait fondé au Folgoët la grande messe du St-Esprit, tous les dimanches à 9 heures du matin, « durant la vie dudit Fondateur, en son intention et celle de la dame, sa compaigne, leurs enffants et successeurs... et aprez le décez du dit seigneur, à estre dicte, une foys la sepmaine à jamays ». Il afecta à cette fondation une somme de 500 écus qui a été depuis employée dans l'acquisition du lieu d'Enescadec en Plouguerneau. Kerdanet, Notre-Dame du Folgoët, P. 96.
D'après Levot, Biog. Bretonne, t. II, P. 711, Sourdéac laissa deux fils.
Guy (Ier), fut gouverneur de Brest. Guy II de Rieux fils de Gui Ier, fut, comme son père, gouverneur de Brest, dit M. l'abbé Guillotin de Corson ; c'est là une erreur [Note : Assoc. Bretonne, 1892, P. 212] que fait disparaître l'acte de mariage du 8 janvier 1617, transcrit plus haut.
René, né au château de Brest, 1588. Il fut nommé en 1600 abbé commendataire de Daoulas — il en fut le premier — et du Relec, d'Orbais, ordre de saint Benoît, au diocèse de Soissons, conseiller du roy en ses conseils d'Etat et privé, grand maistre de son oratoire, évesque de Léon en 1613 [Note : Le roi nomma à ce siège Charles Talon, curé de Saint-Gervais (le 28 août 1635) ; il ne prit possession de l'évêché dont il se démit en 1637 et le roi éleva sur ce siège Robert Cupif vicaire général de Quimper-Corentin, en 1639. Lettres du cardinal de Richelieu, t. IV, P. 653, renvoi 3. Selon Moréri, t. IX, P. 202, René mourut le 8 mars 1651, à 63 ans], aumônier de la reine Marie de Médicis. Il fut privé de l'administration de son domaine, après une longue procédure, par une sentence définitive rendue le 31 mai 1635, pour avoir favorisé la sortie de la reine Marie de Médicis hors du royaume, et avoir séjourné dans les Pays-Bas sans permission du roi. Absous des peines portées contre lui en 1635 et rétabli dans tous ses droits le 6 septembre 1646, il retourna dans son église le 26 décembre 1648 ; il mourut, d'une attaque d'apoplexie le 5 mars 1651, à l'abbaye du Relec, avec la réputation d'avoir été l'un des prélats les plus splendides et les plus éloquents du royaume. Ce sont les titres que lui donnent les auteurs du temps et les PP. Anselme, Ange et Simplicien.
Il y a enfin lieu d'ajouter à la descendance de Sourdéac, Marie, ci-dessus désignée, que M. Levot a omis de mentionner, ainsi que Anne, supérieure des Bénédictines, morte le 15 avril 1663 et Magdeleine, religieuse à l'Encloître, en Poitou (Marie-Magdeleine de la Passion).
Cette Marie de Rieux n'était pas la propriétaire de la seigneurie du Chastel, au bourg de Recouvrance, paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon, comme l'indique Levot [Note : Histoire de Brest, t. I, P. 229]. Cette terre était entre les mains de Marie de Rieux, fille de Jeanne du Chastel et de Guy de Rieux, seigneur de Chateauneuf, décédé en 1591. Depuis le 29 août 1587 [Note : Guillotin de Corson. Assoc. Bretonne, 1892, P. 212], elle avait épousé Guy III de Scépeaux, baron de Beaupréau ; elle mourut en 1611. Ce fut en sa faveur que le roi Henri IV autorisa en 1604 l'établissement, au bourg de Recouvrance, des deux foires annuelles et du marché dont il est question dans l'histoire de Brest de Levot, [Note : Histoire de Brest, t. I, P. 95. — Jeanne de Scépeaux épousa Henri de Gondi, duc de Retz, gouverneur de Bretagne ; elle mourut le 20 novembre 1620, laissant deux filles].
Il existait, nous l'avons vu, une alliance entre les Sourdéac et les de Plœuc.
Vincent de Plœuc et du Tymeur devint l'époux d'Anne du Chastel, fille de Guillaume du Chastel, seigneur de Kersimon et du Poulmic [Note : Anne du Chastel, dame héritière du Poulmic, transporta ce fief par mariage à Vincent de Plœuc, seigneur du Tymeur. — Il passa de Anne de Plœuc, par mariage, à Jean de Goulaine, baron du Faouet. Fréminville, Antiq. du Finistère, 2ème partie, P. 500] qui battit les Anglais en 1558 et de Marie de Kerazret. Elle mourut le 25 juillet 1573 ; en 1580 il était marié à Moricette de Goulaine, fille de Anne de Plœuc et de Jean de Goulaine. Vincent descendait de Sébastien de Plœuc, marquis du Tymeur, dont le mariage fut célébré le 8 janvier 1617 [Note : Sébastien serait le petit-fils de Vincent et peut-être serait-il père de Gabriel vivant en 1650].
Marie du Tymeur [Note : La devise de la famille était : l'âme et l'honneur], fille des précédents, épousa Guillaume de Pen-an-Coët, comte de Kérouazle, commandant de l'arrière-ban au diocèse de Léon. De ce mariage naquirent 1° Louise-Renée, née au château de Kerouazle [Note : Guillaume, seigneur de Queroualtz, de Quilimadec, noble d'ancienne extraction, 8 juin 1669, juridiction royale de Saint-Renan. — François de Penhoat, Pen-an-Coat ou Pen-an-Coët — en français Chef du Bois — épousa, le 10 mai 1330, Jeanne de Pen-an-Coët, dame de Kerouazle, et s'obligea par une clause expresse de son contrat de mariage à faire prendre à ses enfants le nom et les armes de leur mère. Levot, Biog. Bretonne, t II, P. 24], paroisse de Guilers, en 1649, duchesse de Portsmouth et d'Aubigny, comtesse de Farnham et de Kerouazle, baronne de Petersfield, décédée à Paris, le 14 novembre 1734 ; 2° Henriette-Mauricette, épouse en premières noces du comte de Pembrocke et en secondes de Timoléon Gouffier-Thois [Note : Timoléon Gouffier, seigneur de Thois, de Brasseux, etc. 5ème fils de François, seigneur de Crèvecoeur et d'Anne de Carnazet, fait chevalier de l'ordre du roy, gentilhomme de sa chambre, capitaine de 50 hommes d'armes de ses ordonnances, mestre de camp et vice-amiral sur les côtes de Picardie. Il servit avec fidélité sous les rois Henri III et Henri IV dans les troubles de la Ligue et mourut en 1614. Lettres, etc., de Henri IV, t. III, P. 510 en note. Timoléon de Gouffier, 11ème du nom, époux, en 1628, de Catherine de Roncherolles ; ils eurent pour fils Timoléon de Gouffier, 3ème marquis de Thois, mestre de camp d'un régiment d'infanterie, époux de Henriette-Mauricette de Pen-an-Coet. Moréri, t. V, P. 297].
Une autre fille de Sébastien-René de Plœuc, marquis de Tymeur, Moricette ou Mauricette-Renée épousa en 1644, Donatien de Maillé et devint marquise de Carman, comtesse de Maillé et de la Marche, baronne de la Forest et de Lesquelen, dame des seigneuries de l'Islette, Hommes, Plessix-Bonnay, Ville-Romain, du Boys, et propriétaire de la seigneurie et chastellenie du Breignou, Guypronvel, le Pont, etc.
C'est à elle que frère Cyrille Le Pennec, de St-Paul, carme indigne, dédia son Histoire des églises et chappelles de Nostre-Dame basties en l'évesché de Léon, éd. 1647.
En 1659, elle reçut du célèbre Julien Furic, advocat de Quimper, la lettre suivante insérée dans ses entretiens civils qu'il lui dédia :
« Madame, je viens de promener mes muses pour tascher de les mettre en belle humeur, et il n'y a sorte de caresses que je leur aye faictes ; mais elles m'ont toujours fait dire par leur interprète, qu'elles avaient la langue liée et qu'elles n'osaient parler en votre présence ; voilà donc comme tout cède à votre éloquence, Madame, sans en excepter mesme celles qui l'inspirent aux autres, qui président aux grâces et qui font les passions et les extases des amants ».
De Maillé, époux de la marquise, mourut le Vendredi-Saint de l'an 1652, à l'âge de 53 ans, d'une blessure reçue huit jours auparavant, dans un combat singulier contre Claude, marquis du Chastel et de la Garnache [Note : Claude du Chastel, marquis de la Garnache, de Goulaine, de Mesle, comte de Beauvoir-sur-mer et. de Saint-Nazaire, baron de Grouxlot, époux de Yolande [à noter que Yolande était fille de Aufroy ou Anfroy du Chastel, seigneur de Mesle, Chateaugal, Glomel et de Renée, Dame de la Marche. Il n'y eut point d'enfants et en lui s'éteignit cette ancienne et illustre maison. Généalogie de la maison de Cornulier, en Bretagne, par Lainé, A, P. 110] de Goulaine. Couffon de Kerdellech. Recherches sur la chevalerie du Duché de Bretagne, t. I, P. 304].
Ils eurent un fils, né au château du Tymeur, en Poullaouen, en 1647 ; il devint, suivant Julien Furic, une personne si accomplie, mesme à l'âge de douze ans, que l'on ne pouvait presque rien ajouter à la nature ; les belles connaissances ne lui estaient guères moins propres que la valeur ; il tirait les grâces de Madame sa mère [Note : En 1660, Charles de Percin ou Persin, marquis de Montgaillard, était époux de Mauricette de Plœuc], comme il tirait le courage et l'adresse de MM. ses ancêtres ; elles étaient de souche dans sa maison avec les autres qualités qui font les héros [Note : Histoire des églises et chappelles de N.-Dame, basties en l'évesché de Léon. Albert le Grand, par Kerdanet, PP. 493, 494, 495].
C'est probablement Henri de Maillé qui devint l'époux de celle que madame de Sévigné, dans ses lettres des 22-26 juillet 1671, à Madame de Grignan, appelle la Murinette beauté.
Voici l'acte de leur mariage relevé sur les registres de la paroisse des Sept-Saints frères Martyrs de Brest :
10 septembre 1674. — Messire Henry de Maillé, chevalier, seigneur, marquis de Carman, comte de Maillé, marquis de Foret, fils aîné de feu messire Donatien de Maillé, baron de la Foretz, seigneur, marquis de Carman, et de dame Mauricette de Plœuc, son épouse, et demoiselle Marie-Anne du Puy Murinais, fille de messire Antoine-François du Puy Murinais, chev., seigneur de Bellegarde et de dame Anne Barbes, son épouse, ont contracté mariage par paroles de présent, selon la forme du sacré Concile de Trente, en la chapelle de St-Charles-Borromée, sur le quay [Note : La chapelle de Saint-Charles-Borromée était contigue à la maison du Roi ou intendance de la marine. La situation de ces deux édifices, disparus en 1787 et debout depuis 1667, peut être fixée comme suit : à l'éndroit où est le poste militaire de la porte Tourville se trouvait une petite place faisant face aux deux édifices, bordant le quai, un peu élargi dans les dernières années], dans la paroisse des Sept-Saints de Brest ; et la bénédiction nuptiale leur a été donnée par Mgr l'illustricisme et révérendissime évesque de Léon, célébrant la première messe en la dicte chapelle, en présence de MM. le duc de Chaulnes, le comte d'Estrées, de Seuil (l'intendant de la marine), etc., etc. [Note : P. Levot, Histoire de la ville et du port de Brest, t. I, P. 226, n'a pas précisé l'emplacement de cette chapelle. Il n'en est fait mention, à notre connaissance, dit-il, que dans l'acte suivant — transcrit plus haut par nous-même. Nous hésitons pas à la désigner comme l'annexe de l'intendance de la marine. Le nom de cette chapelle n'est donné nulle part ; elle avait cependant un vocable et, malgré les termes d'un rapport de l'ingénieur de Lavoye, en date du 24 septembre 1676, — Levot, t. I, P. 145, — qui contient ce qui suit : Quant à la chapelle qui joint la maison du Roy qui n'est fondée que depuis environ huit mois, etc..... qui n'est pas achevée, nous émettons l'opinion que c'était la chapelle de l'arsenal, dans laquelle l'évêque de Léon célébrait, le 10 septembre 1674, la messe pour la première fois et que l'intendant avait mise à la disposition des futurs époux Maillé et du Murinais, bien qu'elle ne fut qu'ébauchée pour ainsi dire].
Selon l'acte ci-dessus en effet Henri était devenu le fils aîné ; la filiation des époux Donatien de Maillé et Mauricette de Plœuc indiquée par Moréri, t. VII, P. 72, est la suivante :
Charles-Sébastien, colonel du régiment de Navarre, tué en Bretagne, l'an 1672, à l'âge de 25 ans. — Naissance 1647.
Henri, celui dont nous nous occupons, mort le 4 décembre 1728, dans sa 78ème année. — Naissance 1650.
Donatien-Antoine, capitaine au régiment de Navarre, tué à Sénef l'an 1674. — Date de naissance inconnue.
Plus deux filles.
Henri de Maillé, veuf le 7 juillet 1707, de Marie-Anne du Puy du Murinais, épousa une demoiselle de Kersaingilly.
Du premier mariage naquit en 1675 Donatien de Maillé, colonel d'un régiment de ce nom. Commission du 20 mars 1702, mort dans ses terres le 22 octobre 1745.
La terre de Ouessant passa ensuite à Gui III de Rieux [Note : Guy II, fils de Guy Ier de Rieux, seigneur de Chateauneuf, mort en 1591 et de Anne Du Chastel épousa 1° Léonore de Rochechouart, décédée le 8 avril 1630 ; 2° le 3 mars 1631, Catherine de Rosmadec ; il mourut le 9 octobre 1637. — Association, Bretonne, 1892, P. 213]. Il succéda à son père René, marquis de Sourdéac, dans le gouvernement de Brest [Note : Seigneur de Sourdéac, marquis d'Ouessant, vicomte de Boutevillaye. Les Bénédictines du couvent de Sainte-Scholastique de Laval, par M. l'abbé Angot. Revue Hist. et Arch. du Maine, 1885, 1er sem., P. 333. Selon Levot, Histoire de Brest, Sourdéac était vicomte de Boutevellaye et de Branferene ou Branfereu, t. I, P. 96]. A quelle époque le fait se produisit-il ? En 1628, selon Levot [Note : Hist. de Brest, t. I, P. 116]. Cela est inexact. En effet, il existe à la mairie de Brest — église du château — un acte signé par Fleury, prieur de Brest, attestant que Lodoissam Mariam, fille d'illustre et puissant seigneur Guy de Rieux, marquis d'Oixant, gouverneur, et de Louise de Vieux-Pont, a été baptisé par René de Rieux, évêque de Léon. Il est ainsi daté :
Sexta february millesimo sexenta anno vigesimo quarto.
Au pied se trouve, en latin, la certification écrite en entier de la main de l'Evêque de Léon.
Guy était donc en fonctions dès 1624 et par suite on peut se demander si c'est au père ou au fils que Louis XIII racheta le gouvernement de Brest, moyennant 100,000 écus. Henri Martin, Hist. de France, t. XII p. 511, a écrit : « Le gouvernement de Brest fut racheté au marquis de Sourdéac, chef de la puissante maison de Rieux, et confié à un soldat de fortune ». René de Rieux, marquis de Sourdéac, était le chef de la maison ; il vécut jusqu'en 1628. Toutefois, depuis 1624 au moins, le fils jouissait du gouvernement de Brest et de celui de Ouessant. Le père en avait-il conservé la propriété ? Le titre de marquis d'Ouessant, porté par le fils, indique qu'il y avait eu abandon de ce marquisat. Il est bien probable qu'il en avait été de même pour le gouvernement de Brest.
Le roi Louis XIII accorda donc à Sourdéac un témoignage de son intérêt. En 1626, il lui acheta le gouvernement de la ville et du chasteau de Brest, moyennant 100,000 écus. Cette charge fut alors donnée au sieur de Hecourt [Note : Le même vraisemblablement que celui mentionné dans une lettre, sans date et probablement de l'année 1628 ; elle est adressée au sieur de Prouage et ainsi analysée dans le t. VII, P. 794, des Lettres de Richelieu…… il est aussi question d'un sieur Hécourt auquel Richelieu veut rendre service.... mais je ne pourrais consentir qu'il entreprist, sur ma charge. Un Heucourt — Hécourt, peut-être — était gouverneur de Chinon en 1634. Lettres de Richelieu, t. IV, P. 783. Ce dernier gentilhomme Picard avait épousé la troisième fille d'Isaac Arnauld et de Marie Penin. Lettres de Chapelain, t. I, P. 308. Il existait un régiment de Heucourt mentionné dans une lettre du 25 avril 1635. Lettres de Richelieu, t. IV, P. 731. Heucourt et son fils figurent dans une lettre du 22 octobre 1636, t. V, P. 637. Heucourt fut condamné à mort. Lettre du 13 septembre 1638, t. VI, P. 169], et comme ce dernier avait porté plainte contre le retard apporté par le garde des sceaux Michel de Marillac [Note : Né à Paris, en 1563, garde des sceaux le 1er juin 1626, disgracié le 12 novembre 1630, le lendemain de la journée des Dupes, mort à Chateaudun le 7 août 1632 Son frère, Louis, comte de Beaumont, Le Royer, maréchal de France en 1629, eut la tête tranchée, le 10 mai 1632, en place de Grève, « pour réparation des crimes de péculat, concussions, exactions, foulle et oppressions faites sur les sujets du Roy »] dans la remise de ses provisions, « le roi tout en colère luy approchant la main fort près du visage, luy dit : Je vous ay desjà par quatre fois commandé de donner à Hécourt les provisions de Brest ; je veux qu'il les ayt aujourd'huy » [Note : Récit de Jacques Dupuy à Peiresc. Lettre du 26 décembre 1626. Lettres de Peiresc, t. I, P. 797].
Une lettre du 4 janvier 1627, de Jacques Dupuy à M. de Valarès, nous apprend ce que devint Sourdéac en quittant Brest ; on y lit : « Il ne se fait rien à l'assemblée des notables ; Marillac, le capitaine, y a esté mis de Nouveau » et en séance au-dessus des comtes de Tillières et de Fossé. Le premier a quitté de dépit. M. de Sourdéac est aussi agrégé depuis peu » [Note : Lettres de Peiresc, t. III, P. 804].
Hécourt exerça-t-il le commandement de Brest ? Il est permis d'en douter. En effet, Pons de Laurières, marquis de Thémines, maréchal de France depuis 1616, semble avoir été le successeur immédiat de Sourdéac.
Thémines [Note : Décédé à Auray le 1er novembre 1627. Son fils, capitaine des Gardes de Marie de Médicis, tua en duel Henri, frère aîné de Richelieu, nommé en 1619 au gouvernement d'Angers que convoitait Thémines. Chargé des affaires de la Nouvelle-France pendant la prison du prince de Condé, qui en était vice-roy. 1617, Histoire de la Nouvelle-France. Charlevoix, t. I, P. 156], fils de Jean et de Anne de Puymisson, capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances du Roy, chevalier de ses ordres (Saint-Michel et Saint-Esprit), sénéchal et gouverneur du Quercy, fut nommé gouverneur de Brest en 1626 [Note : Bretagne. — Dépouillement de la collection des Bl.-Manteaux, dite de Bretagne, t. V, P. 194 à 208. Le Cabinet historique. L. Paris, t. VI deuxième partie, Catalogue Général, numéro 49, P. 31] et le 29 août même année il obtint les provisions de gouverneur de Bretagne [Note : M. Avenel. Lettres du Cardinal de Richelieu, t. II, P. 351, en note, donne comme date des provisions du gouvernement de Bretagne, celle du 23 juin 1626. Il s'agit probablement des provisions du gouvernement de Brest. — Cabinet historique, t. VI, deuxième partie, numéro 47, P. 21], à la suite de l'arrestation du duc de Vendosme et de son frère le grand Prieur [Note : Enfermés au château deAmboise le 12 juin 1626, puis à Vincennes, pour la conspiration de Chalais, condamné le 18 août, exécuté le 19. Alexandre, Grand Prieur de France, dit le Chevalier, mourut à Vincennes le 8 février 1629 ; César, son frère, fut mis en liberté à la fin de l'année 1629].
Par lettre du 24 janvier 1627, datée de Fougères, de Thémines sollicita le gouvernement « de l'Isle et Tour du Conquets ; » [Note : Lettres du cardinal de Richelieu, t. II, P. 352] dans une autre lettre du 23 février, étant à ce moment à Redon, il donnait avis qu'il s'achemine en toute diligence « du costé de Brest, selon le commandement du Roy » [Note : Lettres du cardinal de Richelieu, t. II, P. 352]. Il exposait qu'on ne lui paye point ses appointements et qu'il ne peut plus supporter ses dépenses et par lettre du 3 mars 1627 cardinal fit droit à sa demande : « Le roy veut qu'il soie payé » [Note : Lettres du cardinal de Richelieu, t. II, P. 410].
Vers la fin du mois de mai 1626, une flotte anglaise s'était montrée au Conquet ; on en redoutait le retour l'année suivante et Peiresc écrivait d'Aix, à la date du 1er août 1627, « à Monsieur Dupuy à Paris... il nous tardera de voir si l'advis de la descente au Conquest se trouvera véritable et si M. de Thémines aura eu assez de forces pour repoulser cette flotte. J'espère que Dieu qui a tant eu de soing jusqu'à cette heure de cette couronne, n'en aura pas moings à ce coup, s'il luy plaint ».
La flotte anglaise ne parut pas.
Premier écuyer de Marie de Médicis, Guy III de Rieux accompagna cette princesse hors de France ; déclaré criminel de lèse-majesté, il eut ses biens confisqués par arrêts des 17 et 20 novembre 1631. Il confia ensuite sa fille Henriette aux religieuses de Sainte-Scholastique de Laval. Elle était née en 1634. de son mariage avec Louise de Vieux-Pont [Note : Alexandre de Vieux-Pont [voir note : Alexandre de Vieux-Pont, marquis de Neufbourg, en Normandie, lieutenant-général du gouvernement de Bretagne, marié à Renée-Lucrèce de Tournemine, marquise de Coetmeur, dame de Kermelin ou Kermilin. en Trefflaouénan. Le château de Kermilin fut pris et saccagé en 1590 par les Ligueurs. Annuaire de Brest, 1841, P. 221. col. 1. Le mariage eut lieu en juin 1617. Renée-Lucrèce mourut le 25 septembre 1646. Moreri, t. IX, P. 202, col. 1], seigneur de Neufbourg, château de Normandie, à 20 kil. environ de Louviers, eut selon le P. Anselme deux de ses filles mariées, la première le 11 juin 1617 à Guy de Rieux, seigneur de Sourdéac, 1er écuyer de la reine-mère qui sortit avec elle du royaume, et fut déclaré criminel de lèse-majesté par arrêt du 20 novembre 1631 ; et Renée, mariée le 11 juillet 1624 à J.-B. de Créquy, baron de Bernieulles. Lettres du cardinal de Richelieu, t. I, P. 126, note]. En 1638, quatre années de la pension se trouvaient en arrière : c'était une somme de 2,400 livres. Les Bénédictines mirent opposition à la vente des biens du père, le 27 novembre 1636. Guy étant mort à sa terre de Neufbourg , en Normandie, le 14 novembre 1640, les religieuses donnèrent procuration pour toucher la somme de 2,700 l. représentant neuf années de la pension de la jeune fille [Note : Les bénédictines de Sainte-Scholastique de Laval. Revue historique et archéologique du Maine, 1885. PP. 333 et suiv., 1er semestre] ; elle épousa ultérieurement Paul des Armoises, seigneur d'Aunoy [Note : Moreri, t. IX, P. 202, col 1].
Alexandre de Rieux, fils de Guy III de Rieux et de Louise de Vieux-Pont, fut le troisième seigneur d'Ouessant. Il était chevalier, seigneur, marquis de Sourdéac, d'Oixant, de Neufbourg, Coetmeur, Quermelin, comte d'Audour [Note : On nommait Daudour une ancienne et importante seigneurie située dans l'archidiaconé de Léon et qui, avec les fiefs de Coetmeur et de Kermilin, forma plus tard ce que l'on appelait le comté de Coetmeur. Cartulaire de Redon. Aurélien de Courson, P. 182, § 21. On l'appelait Monsieur de Landthivisiau — Landivisiau — et cela au moins depuis 1657. Voir lettre de cette année au marquis de Sourdéac. Albert le Grand, Vie de saint Thurian, P. 399, col. 1] et de Landivisiau où il faisait généralement sa résidence.
Il s'associa avec l'abbé Perin qui obtint le 28 juin 1669 des lettres-patentes pour établir partout le royaume des académies d'opéra et des représentations de musique en langue française [Note : En novembre 1672, Perrin céda son brevet à J.-B. Lulli et Sourdéac se trouva évincé de l'association. Brevet du Roy en faveur de Guichard, intendant des bâtiments et des Jardins du duc d'Orléans, accordé en août 1674. pour établir des cirques et des amphithéâtres, sous le titre d'académie royale de spectacles. Correspondance administrative sous Louis XIV, t. IV, PP. 595 et 596]. Il mourut le 7 mai 1695, laissant de son mariage contracté le 10 janvier 1641 avec Hélène de Clère, fille de Louis baron de Beaumetz et de Louise des Courtils, morte le 3 février 1703, dont il vivait séparé :
1° René-Louis, le comte de Rieux au décès de son frère Paul-Hercule [Note : Vu le mémoire [à voir note : Ce mémoire porte la date du 29 septembre et se trouve à la bibliothèque de Rennes. Biogr. Bretonne, t. II, P. 913] présenté au roi en 1710, par René de Sourdéac, lit-on dans l’arrêt du 29 mai 1717, rendu sur la réclamation de Louise de Rieux, et dont il sera fait mention ultérieurement dans cette étude], le 30 octobre 1709 ; il mourut en février 1713.
2° Louise, qui devint propriétaire d'Ouessant, par suite de l'abandon que lui fit de ses droits René-Louis, son frère, héritier sous bénéfice d'inventaire.
En effet, à la suite des spéculations d'Alexandre de Rieux, ses biens furent confisqués et l'île d'Ouessant vendue pour la somme de 24,200 l. ; Louise de Rieux intervint à ce moment.
Un arrêt du Parlement de Paris du 15 février 1701, donna acte à Louise de Rieux de la déclaration par elle faite qu'elle entendait retenir l'île d'Ouessant et tous ses droits, en qualité d'héritière, par bénéfice d'inventaire, d'Alexandre de Rieux, son père. Acte fut également donné à Messieurs Jean de Gaumont, cons. en notre cour des aides, Pierre Yvonnet, écuyer, sieur de Banneville, Nic. Huot, sieur de Vauberag, créanciers des directeurs des droits des autres créanciers de la succession, de ce qu'ils consentaient que l'île d'Ouessant appartint à la demanderesse, en payant dans la huitaine la somme de 1,200 l., sur et en déduction de celle de 24,200 l., prix de l'adjudication.
En conséquence, cette île fut adjugée à Louise de Rieux, par droit de retenue, en sa dite qualité, par arrêt de la 4ème chambre des enquestes, rendu le même jour, contradictoirement entre la dite demoiselle et les directeurs des créanciers du feu seigneur son père, relativement à l'adjudication qui en avait été faite à la direction, le 14 septembre 1710.
Louise de Rieux, quatrième propriétaire d'Ouessant, donna pouvoir le 30 mars 1719 à Jean-Sévère, comte de Rieux, son cousin, d'administrer l'île en son nom ; deux mois après, par contrat passé à Paris le 31 mai, devant Baudin et son collègue, et insinué [Note : Ordonnance de Villers-Cotterets, août 1539, sur les Insinuations] par le receveur des domaines en Bretagne, à Brest, le 16 janvier 1720, Louise de Rieux délaissa l’île d'Ouessant, à titre de partage final et irrévocable à son dit cousin, pour la somme de 24,200 livres [Note : Daniel Fontaine, habitant Ouessant, fut chargé par le comte de Rieux de prendre, en son nom, possession de l’île. L'acte de prise de possession est de février 1720. La publication et les bannies du contrat eurent lieu les 21, 28 juillet, 14 août 1720. Extrait du registre du greffe de la Cour royale de Brest portant admission des bannies et appropriement du sieur dit comte de Rieux, de l’île d'Ouessant, avec réserve en faveur du Roi, des absents et de quelques opposants, en fournissant pour eux leurs moyens dans le temps de l'ordonnance. 30 août 1720].
Au moment où Louis-Auguste, frère cadet du précédent, se maria avec Louise-Marie-Marguerite Butault de la Chataignerais, Pot-d'Or et autres lieux [Note : Fille de Jacques-Julien-Joseph, seigneur de Mersan et de Marie-Françoise Le Jacobin de Kerempart ; elle mourut peu de temps après son mariage], la propriété de l’île lui fut transférée par l'aîné, suivant contrat du 27 juin 1733, passé devant Thomas et son collègue, notaires dans le marquisat de Blain, contrôlé à Brest le lendemain.
Louis-Auguste de Rieux et son frère, Jean-Sévère, étaient, comme nous l'avons indiqué, fils de Jean-Gustave, époux le 28 juillet 1677 de Hélène d'Aiguillon, fille de César, marquis de la Juliennais.
Louis-Auguste comte de Rieux, « notre très cher et bien aimé cousin », devint lieutenant-général des armées du roi (août 1744). Il épousa en secondes noces très haute et très puissante dame Claude-Louise-Jeanne d'Illiers d'Entragues [Note : Année 1608. — César de Balzac, seigneur de Gié, avait pour sœur consanguine la marquise de Verneuil, car il était le second fils de François de Balzac, seigneur d'Entragues et de Jacqueline de Rohan, sa première femme. Il fut conseiller d'état, lieutenant général au gouv. d'Orléans et le premier colonel des Carabins. Lettres missives de Henri IV, t. VII, P. 490. Les Carabins étaient des compagnies de cavalerie légère qui servaient d'éclaireurs dans les armées. Lettres du Cardinal Mazarin, t. III, P. 282, en note. 24 mai 1660. — Mariage de Léon de Balsac d'Illiers, marquis de Fiez et de Anne de Rieux, demeurant à l'Isle-D'yeu depuis plus d'un an [voir note : Acte in-extenso. Ann. de la même Soc., 1875, P. 116. — Léon Pelagi. César de Balsac d'Illiers, chev. de Gié, lieutenant de vaisseau, fils de Léon, marquis d'Entragues et de Anne de Rieux, épousa à Brest, le 19 janvier 1700, Françoise de Betz de la Harteloyre. Soc. Ac. de Brest, 1887-88, P. 269. — Il mourut en 1701 et sa fille unique, Claude-Louise-Jeanne devint l'épouse de Auguste, comte de Rieux. Soc. Ac. de l'Aube, 1878, P. 379] elle était fille de Guy et de Louise de Vieux-Pont ...... Léon Balsac d'Hilliers ou d'Illiers était fils de Catherine-Charlotte de Balsac d'Entragues mariée à Jacques d'Illiers, seigneur de Chantemerle, qui fut héritier de la maison de Balsac, à condition d'en prendre le nom et les armes. — L'Ile d'Yeu d'autrefois et l’île-Dieu, d'aujourd'hui. 0.I. Richard. Annuaire de la Soc. d'Em. de la Vendée, 1883, P. 253. Le Bourg de l'Ile D'yeu, même soc., 1875, P. 122] et mourut le 1er mars 1767. Son fils Louis, fut le dernier à porter ce grand nom selon les indications de M. l'abbé Guillotin de Corson. D'après Mazas, le comte de Rieux Louis-François, né à Paris, le 11 septembre 1750, servit comme suit :
Mousquetaire, 1re compagnie, en 1766, rang de s-lieutenant sans appointements en 1768, capitaine commandant la compagnie du mestre de camp de Berry-Cavalerie en 1770 ; pourvu d'une compagnie en 1772, rang de mestre de camp en 1774, en quittant sa compagnie, mestre de camp commandant du régiment de Berry, même année, en 1780, chev. de St-Louis en 1784, brigadier en 1784, maréchal de camp en 1788 Avait un brevet de retenue [Note : Ce brevet stipulait la somme que devait payer au titulaire d'une charge, ou à ses héritiers, celui qui succédait dans sa charge ou son gouvernement. — Note de la P. 391, du t. V, des Lettres du Cardinal Mazarin] de 75,000 l. Le comte de Rieux obtint les honneurs de la cour [Note : Soc. Ac. de Brest, 1891-92, P. 96, renvoi numéro 3] le 17 janvier 1786.
Louis-Auguste de Rieux et sa femme, par contrat du 30 avril 1674, par devant messires Régnault et Péron, notaires au Chatelet à Paris, à la suite d'un arrêt du Conseil d'Etat tenu à Versailles, le 4 février, et d'un acte interprétatif du précédent, rendu le 14 avril, vendirent, cédèrent, quittèrent, transportèrent et délaissèrent au roi dès maintenant et à toujours, l’isle, fief, terre et seigneurie et marquisat d'Ouessant, moyennant une Somme de 30,00o l. et une rente viagère de 3,000 l. payable de six mois en six mois, par le trésorier de la marine à Paris. La rente était reversible, au décès du comte, sur la tête de sa femme et celle de son fils. Quant à la somme de 30,000 l., elle devait être payée sur les premiers fonds ordonnés pour les dépenses de la marine, sans attendre la perfection et clôture de l’appropriement, formalité prescrite par les coutumes générales du pays et duché de Bretagne [Note : Titre XV, articles CCLXlX et CCLXX. Hévin, PP. 75 et 76]. De leur côté, le comte et la comtesse de Rieux affectaient et hypothéquaient spécialement la terre et la baronnie de La Hunaudaie, près Lamballe, produisant, année commune, compris les baux et les réserves, 25,000 l. environ [Note : Terre possédée pendant longtemps par les Tournemine, Jeanne-Hélène de la Motte-Vauclerc, héritière de la Hunaudaie du chef de Catherine de Tournemine, sa mère, porta cette terre dans la maison de Rosmadec. Sa fille Catherine l'a portée dans celle de Rieux. Annales Briochines, Abbé Ruffelet, sous l'année 1487].
Des lettres délivrées à Compiègne le 3 juillet 1764, approuvèrent, ratifièrent et confirmèrent ledit contrat. Il fut envoyé à la cour des comptes à Nantes. Il contient les annotations suivantes : soit montré à M. le procureur général du roi. — Fait à la chambre des comptes à Nantes, ce 23 juillet 1764, signé : Rocquard. Enfin, il fut insinué, gratis, par Vinay, le 24 août même année.
Le roi déclara « qu'après l'acquisition ainsi faite et consommée, c'est-à-dire l'accomplissement des diverses formalités requises par la coutume générale de Bretagne, la dite île serait et demeurerait à perpétuité au département de la marine, pour être régie sous ses ordres, par le secrétaire ayant le département de la marine, à tel usage que nous le jugerions convenable, dérogeant en tant que de besoin à tout ce qui pourrait être à ce contraire ». Fait au Conseil d'Etat du roi, S. M. y étant, tenu à Versailles le 4 février 1764.
Nous verrons ultérieurement ce qui en advint.
(A. Kerneis).
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