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NOTICE ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE SUR PACÉ

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Paceium, Pace, Pache : le nom de cette paroisse est écrit de ces diverses manières dans les anciens titres des XIIème, XIIIème, XIVème et XVème siècles, qui en font mention ; dédiée sous le vocable de Saint-Pierre, c'est une des plus anciennes paroisses du diocèse de Rennes.

Dès le XIIème siècle, les droits de patronage et de présentation à la cure ou rectorat de Pacé appartenaient à l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes. La possession en fut confirmée aux bénédictins par plusieurs évêques de Rennes, par l'archevêque de Tours et par des bulles des papes, dont le texte est conservé dans l'ancien Cartulaire de Saint-Melaine. (An. 1152, 1170, 1185, 1204, 1213, etc.).

Le même Cartulaire renferme deux actes de 1233 et de 1240, relatifs aux droits du recteur de Pacé et à ceux du prieur de Pacé. (Le prieuré de Pacé avait pour titulaire un moine bénédictin de Saint-Melaine, qui percevait les grosses dîmes anciennes et novales sur toute la paroisse). Dans l'un des actes précités, Rivallan, prêtre de Pacé, c'est-à-dire recteur à portion congrue, cède à l'abbaye de Saint-Melaine son dîmage au 30ème qu'il percevait, et abandonne certains droits qu'il réclamait sur d'autres portions de dîme et sur une rente censuelle due par la terre de la Martinière : il reçoit en échange les revenus de la Tiercerie et neuf quartiers de seigle qui lui seront fournis annuellement par le prieur de Pacé, à la Nativité de la sainte Vierge, sur la grande dîme. Février 1240.

Dans l'autre charte, un autre recteur de Pacé (personna), nommé Radulfe ou Raoul des Ifs, transige avec l'abbé de Saint-Melaine sur un débat existant entre les deux parties, au sujet de la portion congrue attribuée au rectorat, et dont Raoul demande l'augmentation, conformément aux décisions du Concile général, dit-il. Ce Concile général, invoqué par le recteur de Pacé, était le célèbre Concile de Latran tenu par Innocent III, en 1215, et qui, disent les auteurs canonistes, est appelé le grand Concile ou le Concile général par excellence, à cause du grand nombre d'évêques et d'abbés qui s'y trouvèrent réunis. Les 32ème et 33ème canons de ce Concile donnèrent effectivement des règles concernant la portion congrue des curés, c'est-à-dire au sujet de la pension que leur devaient ceux qui percevaient les grosses dîmes.

L'église de Pacé, telle qu'elle subsiste aujourd'hui, est en grande partie moderne : elle se compose d'une nef avec deux transepts inégaux en dimension. Le choeur et toute la partie supérieure de la nef ont été rebâtis à neuf, ainsi que le clocher établi sur le milieu de l'église. Les seules portions de cet édifice qui soient dignes d'être notées semblent appartenir au XVIème siècle, quelques fragments peut-être à la fin du XVème.

Le transept méridional, formant chapelle autrefois privative, est voûté en pierre à arêtes, dont les arcs doubleaux très-saillants affectent la forme ogivale : au point d'intersection, la clef de voûte est décorée d'un écusson entouré d'une grosse cordelière, sur le champ duquel est sculpté un bras ou main gantée tenant un faucon ; on y remarque encore des traces de couleurs.

Ces armoiries, qui sont celles du fondateur de la chapelle, sont reproduites sur une dalle tumulaire incrustée dans le pavé joignant l'autel dédié à sainte Anne. L'effigie d'un chevalier y est gravée, au simple trait, avec son écusson placé à gauche de la tête : ce sont les armes des seigneurs de la Tousche Milon qui portaient, d'argent au bras gauche vêtu et ganté de gueules soutenant un épervier de sable membré d'or.

On lit sur les bords de cette pierre tombale l'inscription suivante très-fruste et à demi effacée : Cy gist noble home Yvon Millon, sieur de la Tousche-Millon et de Bergeal, en son temps trésorier des guerres du feu notre souverin seigneur et de la Duchesse, qui décéda le XXVIII jour d'octobre l'an mil IIIIc IIIIxx et neuf. Dieu lui face pardon. Amen.

La fenêtre ouverte dans le mur Sud de cette chapelle a conservé ses meneaux flamboyants : le réseau du tympan garde encore quelques débris d'une verrière du XVIème siècle ; on y reconnaît des anges tenant les instruments de la Passion.

Vis-à-vis l'étroite arcade en ogive qui fait communiquer avec la nef la chapelle dont je parle, et qui forme le transept méridional, s'ouvrent dans le côté Nord de la nef deux arcades à ogives évasées, donnant accès dans le transept septentrional plus large et plus long que celui du Midi. Une colonne monocylindrique, courte et grosse, soutient la retombée des deux arcs reçus d'autre part sur deux piliers engagés, de forme analogue au premier support isolé, et chacun de ces supports est couronné d'une espèce de chapiteau orné, l'un d'une guirlande de feuilles de vignes, l'autre d'une rangée de feuilles grasses, le troisième d'une sorte de poste courante.

Ce transept est divisé intérieurement en deux parties par un arceau qui vient reposer à angle droit sur la colonne médiane de la double baie ouvrant sur la nef.

L'autel adossé au mur oriental de ce transept est dédié à la Vierge. On y remarque un retable en pierre blanche grossièrement sculpté, et daté de 1624. En partie recouvert par la boiserie formant actuellement le fond de l'autel, ce retable présente deux bas-reliefs : à gauche l'Annonciation, à droite la Naissance du Sauveur.

Deux fenêtres ogivales, mais dépourvues de meneaux, éclairent cette partie de l'église, qui pourrait bien n'être que de la fin du XVIème siècle. La porte occidentale offre une ornementation assez commune dans nos églises rurales, à la fin du XVème siècle. L'archivolte, dessinée en ogive par des moulures toriques retombant sur des colonnettes à chapiteaux grossièrement ébauchés, encadre un cintre plein. Au-dessus du portail existe une pierre sculptée, où l'on distingue encore un écusson couché dont le blason est fruste et timbré d'un heaume ou cimier.

Une porte latérale s'ouvre aussi dans le mur Sud de la nef ; elle est également ogivale et protégée par un porche ou chapitreau en bois, très-insignifiant. Tout à côté, dans le mur occidental de la chapelle des Milon, est pratiquée une petite porte plus curieuse que les deux autres ; les détails, sculptés dans un grès verdâtre, y sont traités avec plus de soin et de délicatesse ; son archivolte se relève en accolade dont les moulures prismastiques sont ornées d'expansions végétales, de choux frisés, et accompagnées d'aiguilles latérales. L'écusson du tombeau et de la volte, décrit ci-dessus, reparaît ici sur le tympan de cette porte.

A un quart de lieue sud-est de l'église, sur la grande route, se trouve le village du Pont-de-Pacé, où il y avait autrefois une chapelle fondée en 1399 par écuyer Bertrand de Champaigné. L'acte d'amortissement, sollicité et obtenu par ce seigneur du Duc de Bretagne Jean IV, était conservé dans les anciennes archives de la paroisse ; en voici le texte : « Jehan duc de Bretagne, comte de Richemont, a tous ceux qui ces presantes lettres verront et orront salut. Comme nostre bien amé et feal escuyer Bertrand de Champaigné nous ait signifié en suppliant qu'il est a propos et a intention et vollunté de faire et ordonner ce­taine fondation et dotation d'une chapelle et chapellenie en la paroisse de Pacé, et qu'en icelle soient dittes et cellebrées certain nombre de messes en perpetuité à la dotation desquelles il bailleroit, entrautres choses, certaines dixmes quil a et luy appartiennent de son heritage es paroisses de Cesson et de Gevezé, à la valleur de soixante sols de rente environ, de nous prochement tenues, suppliant que luy voulsissions amortir celles dixmes. Savoir faisons que nous qui toujours avons desiré et desirons le bien et augmentation de leglise, inclinés en sa supplication, de notre grace spatiale et aussy pour ce que a tousjoursmais nous et nostre chere et tres amée compagne la Duchesse et nos successeurs soyons participans es messes, bonnes prieres, oraisons et autres biens qui seront dites et faicts en ladite chapelenie, et pour contemplation de nostre dit escuyer et autres causes qui a ce faire nous ont emeu et emeuvent, avecques la deliberation de nostre Conseil, avons voulu et voulons qu'a toujoursmes en perpetuel celles dismes, deslors et sitost que notredit escuyer les aura distribuées et baillées en la fondation et dotation de laditte chapelle et chapellenie, soient eües et dittes pour choses amortyes, et par ces presantes les amortissons pour nous, nos heritiers et successeurs, sauff et reservé nos droits de souveraineté et principauté, la garde de leglise, le droit parochial et tout autre droit : Et pour ce que il soit plus ferme et valable nous avons faict mettre et aposer a ces presentes nostre grand sceau en las de soye et cire verte. Donné en nostre Chastel de Lhermine le 3ème jour de may lan 1399. — Et sur le reply est ecrit : par le Duc de son commandt ou en son conseil auquel vous estiez les evesques de Dol et de Vennes, le senechal de Broerech et pluseurs autres. — Signé Charon et scellé de cire verte en las de soye rouge et verte ».

Plusieurs autres chapelles existaient avant la révolution, et on en voit encore quelques-unes sur le territoire de la paroisse de Pacé. 1. Celle de la Glestiére, bâtie en 1626, par écuyer Briand Challot, sr. de la Glestiére et de la Bourdonnays. 2. Celle de la Rossignolière ou Rouxignollière, en 1648, par Jan Bossart, écuyer, sr. du Clos, conseiller et advoçat du roi au siége présidial de Rennes. 3. Celle du Haut Bois de Pacé, en 1673, par M. Bertrand Le Page, sr. des Fontaines. (Celle de Champaigné et celle de Texue ont disparu).

La chapelle de la Bretonnière, aujourd'hui détruite, était fort ancienne : elle fut en 1216 l'objet d'un accord très-curieux entre l'abbaye de Saint-Jacques de Montfort, dont elle était la propriété et qui y entretenait des chanoines pour la desservir, et l'abbaye de Saint-Melaine qui avait le patronage de Pacé (Cartulaire de Saint Melaine).

Voici les noms des principaux fiefs qui existaient en Pacé, d'après les réformations des XVème et XVIème siècles :

Champaigné, dont le nom rappelle une des plus antiques races de ce pays, alliée et confondue dès le commencement du XVème siècle à la noble lignée des Montbourcher.

La Rouxignollière, possédée par les Montbourcher dès le XIVème siècle. — Champalaune, aux Saint-Pern, depuis le XVème siècle.

Tixile ou Texüe, ancien fief de chevalerie.

La Tousche, la Bretonnière, le Breil, la Glestière, le Bois de Pacé, la Ville Benoiste.

Enfin la Mandardière. Quelques détails sont nécessaires sur cette dernière seigneurie. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une ferme, mais elle présente un certain intérêt archéologique : d'abord un remarquable portail d'entrée ou porte cochère, à laquelle une inscription en majuscules gothiques tracée sur les claveaux du cintre de la voûte donne un cachet particulier en la datant. Voici cette inscription : « L'an mil IIIIc et XIIII, fist fere R. Mandart ceste porte par Yamet le Perrudel ».

Au-dessus de cette inscription est sculptée une "M" capitale gothique accostée de deux roses.

La forme de ce portail mérite d'être notée, parce qu'il offre un type souvent reproduit dans nos contrées à la même époque et, même jusqu'au milieu du XVème siècle. Une archivolte supérieure en ogive, dessinée par une simple moulure en bizeau, recouvre les doubles tores ou boudins que reçoivent de chaque côté de la baie deux colonnettes à chapiteaux et à bases allongées. Un cintre surbaissé prend naissance à la hauteur des chapiteaux et forme la courbure de la voûte du portail, laissant entre l'arc qu'il décrit et la pointe de l'ogive un tympan dans lequel sont sculptées les armoiries du seigneur de la Mandardière, constructeur de ce château. Deux lions supportent son écu aux six crozilles ou coquilles, par 3, 2, 1, incliné à droite selon l'usage du XIVème siècle et timbré d'un heaume avec des volets pendants. (Manuscrits de la Bibl., n° 25. Heures aux armes des Mandard).

Le même écusson se remarque aussi à l'intérieur de la cour, au tympan d'une petite fenêtre ogivale à double archivolte et à colonnettes, dont les chapiteaux sont des masques humains, laquelle a échappé à la destruction de l'ancien manoir [Note : Raoul Mandard, chevalier, qui fit probablement élever ce portail, était un des nobles gentilshommes qui suivaient le sire de Montfort en 1415 (Abbé Oresve, Généalogie des sires de Montfort)].

A trois champs de distance, vers le nord-ouest de la Mandardière, j'ai observé les débris encore reconnaissables d'une motte placée dans l'angle d'un champ et dont les fossés sont presque entièrement comblés.

Bertrand de Montbourcher, seigneur du Bordage, de Champeigné et de la Rossignolière, par son mariage avec Thiephaine de Champeigné, fut un des premiers chevaliers du pays de Rennes à signer l'acte d'association de la noblesse bretonne en 1378, pour sauvegarder l'indépendance du duché, contre Charles V, roi de France, qui en avait prononcé la confiscation. On voit figurer dans la même association Bertrand de Saint-Pern, seigneur de Champalaulne, Robin Mandard, seigneur de la Mandardière, Robert de Tixue, Thibaut de Champeigné, Jehan Botherel, Alain de Champaigné, James de la Touche, Pierre le Seneschal et autres nobles de la paroisse de Pace. (P. D. V.).

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