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PAIMPONT

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La commune de Paimpont (bzh.gif (80 octets) Pempont) fait partie du canton de Plélan-le-Grand. Paimpont dépend de l'arrondissement de Rennes, du département d'Ille-et-Vilaine (Bretagne).

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ETYMOLOGIE et HISTOIRE de PAIMPONT

Paimpont vient du latin "Caput Pontis" (tête de pont).

Paimpont est une ancienne paroisse primitive qui a pris naissance au milieu du IXème siècle et qui englobait autrefois les territoires de Paimpont, de Saint-Péran et de Tréhorenteuc.

Ville de Paimpont (Bretagne).

La première implantation d'un édifice religieux sur les bords de l'étang de Paimpont (où Judicaël possédait un château) date de 645 quand Judicaël, roi de Domnonée et son ami Méven (Mewen ou saint Méen) construisent un prieuré dédié à Notre-Dame. Ce prieuré ou monastère est donné à l'Abbaye de Saint-Jean de Gaël, devenue plus tard l'Abbaye de Saint-Méen ; ce monastère est érigé en Abbaye indépendante vers 1190 et occupé par des Chanoines Réguliers de Saint-Augustins. Le monastère est détruit lors des invasions normandes au VIIIème siècle. La paix revenue, un second édifice est construit. Devenu trop petit, il laisse la place à l'Abbatiale actuelle, dont la construction commence sans doute en 1199. Le bourg se constitue progressivement autour de l'abbaye et du prieuré fondé au VIIème siècle.

Ville de Paimpont (Bretagne).

L'histoire de la paroisse de Paimpont se confond tellement avec celle de l'abbaye de ce nom qu'on peut dire que cette paroisse n'a d'autres annales que celles de ses anciens moines. La cure de Paimpont était unie au monastère, de façon à ce que l'un des religieux desservait ordinairement la paroisse ; au XVIIIème siècle, ce prieur-recteur était presque toujours le prieur claustral de l'abbaye. Le prieur-recteur de Paimpont avait en 1730 un revenu brut de 1 300 livres, avec 330 livres de charges, ce qui réduisait son bénéfice à 970 livres de revenu. Voici, du reste, quel était vers 1750 l'état de cette paroisse, d'après le Pouillé ms. de Saint-Malo (1739-1767) : « Revenu de la cure, 1 200 livres ; — titulaire de la paroisse, Notre-Dame ; — décimateur, l'abbaye ; — présentateur, le Chapitre abbatial ; — seigneurie, contestée entre les propriétaires des forges et l'abbaye ; — fabrique, aucune, les chanoines réguliers entretiennent l'église et en perçoivent tous les droits ; — presbytère, il n'y en a point. — Nota, la paroisse est située dans la forêt de Brécilien, et les villages qui la composent sont au milieu des bois ; on la divise en sept frairies, auxquelles se rapportent les différents villages, au nombre de vingt ou environ, et qui ont chacune leur chapelle, excepté les trois qui sont plus proches de l'église. La paroisse a cinq lieues de longueur sur quatre de largeur et douze de tour (nota : Paimpont a perdu un peu de son ancienne étendue depuis lors, par suite de l'érection en paroisse de sa trève de Saint-Péran). C'est une cure régulière, qui est ordinairement présentée au prieur de l'abbaye et desservie par les chanoines ; il y a pourtant eu des prieurs séculiers qui ont été approuvés. L'office paroissial n'est pas distinct du canonial » (Pouillé de Rennes).

Ville de Paimpont (Bretagne).

La forêt de Paimpont (7 000 hectares) constitue le reste le plus important de l'ancienne forêt de Brocéliande (demeure légendaire de l'enchanteur Merlin, fils d'une religieuse et d'un démon, et de Viviane, fille d'un seigneur de Comper). On la divise en deux parties : la Basse-Forêt à l'Est et la Haute-Forêt à l'Ouest. On y trouve plusieurs étangs : celui de Paimpont, de Comper, du Pré, de Pont-Dom-Jean, de Charrière-Marquet, de Boutavant, du Pas-du-Houx, de Glyorel, de la Fonderie, des Forges, de l'Etang-Neuf et de Gobu. La forêt de Paimpont formait autrefois la châtellenie de Brécilien. Cette châtellenie après avoir dépendu de la baronnie de Gaël, est divisée entre le seigneur de Lohéac (Forêt de Lohéac) et ceux de Montfort qui la possédent en partie au XIIIème siècle. La Forêt de Lohéac devient la propriété des seigneurs de la Roche-Bernard qui prennent alors le nom de Lohéac, puis passe par alliance, vers 1353, entre les mains des seigneurs de Montfort qui réunissent le tout sur leur tête. Propriété des comtes de Laval (au XVIème siècle), puis du duc de la Trémoille (au XVIIème siècle). L'ensemble est acheté en 1653 par la famille d'Andigné seigneurs de la Châsse et la famille de Farcy qui le revendent en 1820. Voir La Forêt de Paimpont (l'antique Brocéliande).

On rencontre les appellations suivantes : Penpont (en 1192), Paimpont (en 1211), Panispons (en 1303).

Ville de Paimpont (Bretagne).

Note 1 : l'ensemble de la forêt de Paimpont est acquis en 1653 en vue de l'exploitation de sa richesse en minerai de fer. Fondées dès 1653, les forges fournissent un fer et de la fonte de grande renommée. Les forges sont fermées en 1884.

Note 2 : il est évident que la grande forêt de Paimpont, jadis nommée Brocéliande ou Brécilien, dut renfermer beaucoup d'ermites au moyen-âge ; on peut même croire que ce furent des ermitages qui donnèrent naissance aux monastères de Paimpont, Thélouët, Saint-Barthélemy, Saint-Péran, etc., dont nous aurons l'occasion de parler, et qui se trouvaient tous au milieu des bois. Mais l'on ne connaît plus maintenant d'endroits appelés l'Hermitage dans la contrée. Cependant, au XIIème siècle, les ermites étaient nombreux à Brécilien, puisque la Chronique bretonne signale en 1145 les incendies que l'hérétique Eon de l'Etoile allumait dans une foule de retraites érémitiques dispersées sous les ombrages de Brécilien, « cremantur multœ heremitarum mansiones in Brecelien » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 6).

Note 3 : M. Fourmont, recteur de la paroisse de Paimpont, y appela les Soeurs de la Charité de Saint-Louis pour instruire les petites-filles ; elles arrivèrent à Paimpont le 1er mai 1846, au nombre de quatre, trois soeurs et une oblate. Elles s'établirent dans une partie de l'ancienne abbaye des Génovéfains. L'établissement de Paimpont fut créé comme école libre de filles, mais en 1856 il est devenu communal.

Note 4 : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Paimpont : Frère Judes Chevau, chanoine régulier (résigna vers 1639), Frère Guillaume Provost, moine de Paimpont (pourvu le 24 mai 1639), Frère Christophe Guignace, prieur claustral de Paimpont (décédé en 1719), Frère Alexandre-Philippe Devinx, prieur claustral (pourvu le 16 décembre 1719, résigna en 1727), Frère Pierre Murault, prieur claustral (pourvu le 6 décembre 1727, résigna en 1733), Frère Zacharie-Anne Berthelot (pourvu le 16 décembre 1733), Frère Anselme Boustille (remplaça le précédent le 4 août 1742 et résigna en 1746), Frère Paul Pierre (pourvu le 17 février 1746, résigna en 1751), Frère Jacques-Victor Le Breton, prieur claustral (pourvu le 26 mai 1751, résigna en 1771), Frère Edmond-Gabriel Mercier (pourvu le 28 février 1771, résigna peu après), Frère Nicolas-Augustin Groulard (pourvu le 23 septembre 1771 ; décédé en 1773), Frère Jean-François Le Roy (pourvu le 19 janvier 1773, se démit en 1776), Frère Joseph Cazalis, prieur claustral (pourvu le 4 février 1776, prit possession de la cure de Paimpont et de la trève de Saint-Péran ; il se démit en 1780), Frère Denis-Alexandre Giraudot, prieur claustral (pourvu le 28 avril 1780, mourut ou se démit en 1783), Frère Guy-Adélaïde du Boys, prieur claustral (pourvu le 17 octobre 1783, gouverna jusqu'à la Révolution), Louis Bigot (1803-1818), Pierre-Mathurin Genetay (1818-1824), Pierre Thomas (1824-1843), Pierre-Jean-Marie Fourmond (1843-1852), Jean Rouxel (1852-1868), Antoine Joly (1868-1874), Pierre Taillard (1874-1876), Eugène Brindejonc (1876-1883), François Sauvé (à partir de 1883), .... ;

Voir   Ville de Paimpont (Bretagne) " Jean-Guillaume Belouart, prêtre natif de Paimpont, mis à mort par les colonnes mobiles en 1796 ".

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PATRIMOINE de PAIMPONT

l'abbaye Notre-Dame (XIII-XIXème siècle). L'abbaye est fondée au VIIème siècle par Judicaël, roi de Bretagne, puis reconstruite vers 1199 après les invasions normandes. Libérée de la tutelle de Saint-Méen dès le XIIIème siècle, elle est reconstruite au XVème siècle. Les moines bénédictins qui y vivent abandonnent l'ordre de Saint-Benoit pour devenir chanoines Réguliers de Saint-Augustin. Cet ordre occupe l'abbaye jusqu'à la Révolution. L'église devient paroissiale après la Révolution. Dédiée à l'origine à Saint-Méen, elle est par la suite dédiée à Notre-Dame de Pen-Pont (Paimpont). Le manoir abbatial (XVIIème siècle) conserve un écusson aux armes de l'Abbaye d'Hermines plein, timbré d'une mitre et d'une crosse : il possédait autrefois un colombier, un droit de haute justice à deux pots et un droit de cep et collier dans le bourg de Paimpont (voir l'abbaye Notre-Dame de Paimpont) ;

Abbaye de Paimpont (Bretagne).

Nota 1 : « L'abbaye de Notre-Dame de Paimpont, dit M. l'abbé Brune, chanoine de Rennes, fut fondée par saint Judicaël, dans la première moitié du VIIème siècle, et soumise à celle de saint Méen ; mais, en 1211, Tual, qui en était alors prieur, ayant été transféré à l'abbaye de Saint-Jacques de Montfort, obtint du pape Innocent III d'y établir des chanoines réguliers de Saint-Augustin et l'enleva ainsi à la juridiction des abbés de saint Méen. Dans l'intervalle de 1407 à 1452, Olivier Guiho, l'un de ses abbés, fit reconstruire presque tous les édifices qui étaient tombés en ruines ; et, en 1649, Bernard de Sariac y introduisit la réforme de sainte Geneviève qui a subsisté jusqu'à la Révolution » (Voir Archéologie religieuse, p. 321 et 322). On entre encore dans l'ancienne abbaye par son vieux portail de pierre pourvu d'un bénitier. A côté, se trouve l'hôtellerie, où l'on recevait les étrangers. De ce portail, l'antique chemin pavé conduit toujours à travers l'enclos jusqu'à l'église de Notre-Dame, jadis abbatiale et paroissiale à la fois, aujourd'hui paroissiale seulement. « L'aspect de cette abbaye et de ses dépendances, dit encore M. Brune, a quelque chose de triste et de solennel tout à la fois. L'étang qui baigne ses murailles, la forêt de Brécilien toute pleine encore des souvenirs fabuleux qu'y ont attachés nos romanciers du moyen-âge, et dont les immenses contours l'environnent et lui servent de ceinture ; son isolement au milieu d'un paysage de pierres, de landes, d'étangs et de bois ; son vaste enclos dont les portes ne se ferment plus, et dont les murs noircis par le temps s'écroulent de plus en plus chaque hiver ; son jardin trop grand aujourd'hui pour être soigneusement cultivé ; enfin, sa vieille église encore toute humiliée des mutilations que l'impiété et la fureur des révolutions lui ont fait subir, et pourtant fière encore de ce qui lui reste de beauté et de richesses, tout cela présente un ensemble de grandeur et d'abaissement, d'opulence et de misère, de vie et de mort, qui rappelle à la fois les bénédictions que le Ciel a répandues longtemps sur ses premiers habitants, et les fléaux que méritèrent plus tard leurs successeurs dégénérés ; tout cela excite l'intérêt et la curiosité, mais cause aussi à. l'âme une impression de mélancolie et de tristesse » (Voir Archéologie religieuse, p. 322 et 323). De l'ancien monastère, du vieux cloître, il n'existe plus rien. Le grand bâtiment actuel a été construit, au XVIIème siècle, pour abriter les religieux réformés en 1649. Il sert aujourd'hui (c'est-à-dire vers 1907) de presbytère, de mairie et de salle pour l'école laïque des garçons. Dans la partie de l'abbaye actuelle qui sert de presbytère, l'étranger visite toujours avec bonheur, au rez-de-chaussée, l'immense salle qu'on appelle quelquefois la salle du chapitre, et, au premier étage, le vaste corridor (Longueur : 42m25 ; hauteur 3m72 ; largeur : 2m45) qui mesure de 40 à 50 mètres de long sur une hauteur d'environ 4 mètres et une largeur de près de 3 mètres. Ce corridor donne vue sur l'étang de Paimpont et ouvre un certain nombre de chambres, ou plutôt de cellules étroites, froides et peu souriantes pour les membres du clergé séculier et les frères qui les habitent. Deux petits cloîtres sans style et fermés se trouvent accotés à la nef de l'église ; mais des débris de jolies colonnettes qui ont appartenu à l'ancien cloître semblent indiquer que ce dernier fut l'oeuvre de l'abbé Olivier Guiho. Des recherches, faites en juillet 1886, ont amené à découvrir une de ces jolies colonnettes, qui semblerait remonter au XIIIème siècle. C'est la seule, selon toute apparence, qui ait survécu à la ruine. Grâce à cette découverte, il sera désormais facile de reconstruire par la pensée l'antique colonnade du cloître nord, qui conduisait à l'abbatiale. Quant au manoir abbatial, c'est une demeure insignifiante du XVIIème siècle. Il est maintenant (c'est-à-dire vers 1907) occupé par les religieuses de la Charité de Saint-Louis de Vannes, qui tiennent l'école des filles. Le sceau de l'abbaye de Paimpont nous a été conservé appendu à l'acte d'adhésion que fit, en 1303, ce monastère au procès du pape Boniface VIII. Ce sceau est rond et représente un bras mouvant à senestre et tenant deux clefs aux pannetons adossés ; légende : + S. Capituli Be. Mar. Panispotis (Sigillum capitul Beate Marie Panispontis) (Nota : Le nom de Paimpont, d'après cette écriture, vient de la situation du bourg à la tête du pont ou chaussée où les moines distribuaient le pain de la charité aux pauvres du pays) dans le champ, on lit en outre : ad cas (ad causas). Quant aux armoiries de l'abbaye, nous les retrouvons seulement sur le plan du XVIIème siècle, dont nous avons précédemment parlé. C'est un écusson d'hermine plein, soutenu de deux palmes et timbré d'une mitre et d'une crosse. Il se voit encore tristement mutilé, sur la façade de la maison des religieuses, ancien logement des abbés de Paimpont (abbé Louis Gervy - 1907).

l'Abbatiale Notre-Dame (XIII-XV-XVII-XIXème siècle). L'église, de plan en croix-latine, est une construction du XIIIème siècle, réalisée après l'installation à Paimpont des chanoines réguliers augustins. Au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle, les génovéfains, successeurs des augustins, ont conçu un ensemble mobilier remarquable. L'édifice primitif est restauré au XVème siècle sous l'impulsion de l'Abbé Olivier Guiho (1407-1452). Les voûtes du chœur et du transept sont abaissées pour permettre la construction du clocher actuel. Au XVIIème siècle, aménagement intérieur de l'église, destruction des anciens bâtiments monastiques et du cloître, et construction du Grand Logis (XVIIème siècle) et du Logis Abbatial (XVIIIème siècle). Les statues de Saint Augustin, de Sainte Monique, de Saint Mathurin et de Sainte Catherine, ainsi que les deux anges qui entourent Notre-Dame de Paimpont dans la nef de l'église sont des statues baroques du XVIIème siècle. La statue de saint Judicaël, en calcaire, date du XVème siècle. La statue de saint Méen, en bois, date du XVème siècle. La nef est restaurée en 1809. Une galerie est rajoutée au Sud au XVIIème siècle. Le clocher et la chapelle du Rosaire sont remaniés en 1834. Le portail date du XIIIème siècle et comporte deux portes surmontées d'arcs trilobés ainsi qu'une Vierge à l'Enfant et deux angelots. Dans la sacristie (ancienne chapelle), on peut voir les restes des fresques du Moyen Age, une statue de Sainte Anne du XVème siècle, le reliquaire de Saint Judicaël (XIVème siècle). Deux chapelles intérieures : la chapelle du Baptistère (XIIIème siècle) et la chapelle du Saint Sacrement (XVIIème siècle). Les fenêtres de l'église sont du XIIIème siècle. L'église était autrefois entourée d'une litre extérieure et intérieure aux armes des de Montfort, seigneurs de Lohéac qui avaient pris le nom et les armes de Laval depuis 1404. Une des fenêtres du choeur, du côté sud, conservait les armes en bannière de François de Laval, abbé de 1530 à 1554. Les barons de Gaël possédaient dans l'église une chapelle prohibitive appelée "Chapelle des Usagers". Une autre chapelle sert actuellement de sacristie. La nef, le transept et le choeur sont ornés de boiseries du XVIIème siècle. Le maître-autel en bois et en marbre du XVIIème siècle possède dans son baldaquin une statue très vénérée de la Vierge assise. La chaire sculptée date du XVIIème siècle. On voyait autrefois dans l'église les enfeus des seigneurs de Lohéac et de Maure, des comtes de Montfort, et des abbés de Paimpont ;

Eglise de Paimpont (Bretagne).

Nota 2 : Le grand monument de Paimpont sera toujours l'église de Notre-Dame. M. Brune la cite parmi les premières églises en style ogival de la Bretagne. Voici, du reste, comment il s'exprime à la 198° page de son Archéologie religieuse : « Malgré le reproche fait assez fréquemment à la Bretagne de n'avoir adopté que tardivement le style ogival, nous pouvons présenter, dès le XIIIème siècle, nos églises de Dol, de la Guerche, de Saint-Méen, de Redon, de Paimpont, de Saint-Malo ». Cet édifice présente la forme d'une croix latine, sans collatéraux, sauf une espèce de cloître peu élevé et sans caractère architectural, qui règne de chaque côté de la nef et sert d'entrée latérale, au midi. Au nord, le passage se fait par le cloître et le transept qui communique ainsi avec l'ancien monastère. Les voûtes du chœur et de la croisée sud sont en pierre. Celle de la croisée nord était en même matière, quand sa chute imminente la fit remplacer, en 1809, par une voûte en bois. A 4 mètres environ au-dessus des voûtes actuelles, se voit toujours un second lambris en plein-cintre assez bien conservé par endroits. Il est couvert de pentures assurément très anciennes et rappelle celui de l'église de Notre-Dame de Rennes. La tour de forme carrée qui domine l'édifice est tronquée et terminée par un toit conique du plus vilain effet, malgré les quelques ouvertures qui sont venues rompre un peu l'uniformité de cette masse. S'il faut en croire la tradition locale, le clocher aurait été détruit par la foudre, il y a longtemps. En 1793, il supportait quatre cloches qui furent descendues par un serrurier dont nous tairons le nom et transportées à Montfort-la-Montagne. On ne conserva que la moyenne destinée à servir de timbre à l'horloge. Ce fut le 17 germinal an II de la République que fut accomplie cette spoliation sacrilège. L'ensemble de l'édifice, sauf peut-être le chevet, semble appartenir au XIIIème siècle. Il est probable que le restaurateur du monastère, l'abbé Olivier Guiho, se contenta de remanier quelques parties de son église, notamment le chevet, et qu'il y plaça les lambris qui tiennent lieu de voûte. La fenêtre principale du choeur, en effet, se raccorde péniblement avec les pierres d'appareil qui l'encadrent, et l'arcade qui en forme le contour n'a ni la grâce ni l'élancement des baies de la bonne époque du style gothique. « Le portail occidental, dit M. Brune, est la partie la plus soignée de tout le monument, quoique d'une extrême simplicité. Deux légères colonnettes supportent de chaque côté les voussures de l'arcade en tiers-point, formées de tores et de scoties bordées de filets. Le centre est percé de deux ouvertures trilobées, entre lesquelles une forte belle statue de la Vierge, tenant l'enfant Jésus, s'élève sur un léger piédestal, et foule aux pieds un monstre qui expire en se repliant sur lui-même. Dans le haut du tympan, un petit dais en saillie abrite la fête de la madone, mais les vandales de 93 ont décapité la mère, l'enfant et les deux charmants petits anges qui s'inclinaient devant eux, de chaque côté de l'arcade. Espérons que ces précieuses sculptures seront bientôt restaurées par les enfants de ceux qui, dans un moment de terreur, n'osèrent pas se lever pour les défendre » (Archéologie religieuse, p. 324). Le voeu du savant est réalisé. La restauration si désirée a été faite, non par les fils des « briseurs », mais par les soins de M. le recteur de Paimpont qui a eu l'heureuse inspiration de s'adresser, pour cette oeuvre d'art, à un véritable artiste de Rennes, M. Savary, bien connu des amateurs du beau. L'habile sculpteur a utilisé, à merveille, la tête de la madone qu'on avait eu la bonne chance de retrouver quelque temps auparavant. Il a, par une étude sérieuse, reconstitué les traits effacés par le temps ou mutilés par la rage et conservé à son travail de restauration le cachet de l'original. Encore un peu, et la blancheur de la jeunesse se confondra, sous les injures de l'air, avec les sombres couleurs de la vétusté et les rides de l'âge. Du reste, depuis qu'elle est achevée, son oeuvre n'a encore trouvé, parmi les nombreux visiteurs, que des admirateurs enthousiastes. C'est, nous semble-t-il, un éloge qui a son prix. Cette noble simplicité de style qui dénote le XIIIème siècle, se retrouve dans les fenêtres de l'édifice. Pourquoi faut-il que les plus belles et les plus grandes d'entre elles soient à moitié bouchées par le cloître méridional que l'on serait heureux de voir abaisser pour faire place à un toit plat en zinc ? Ce travail s'impose, mais le nerf de la guerre manque. Presque toutes ces fenêtres sont de belles lancettes géminées surmontées d'une simple rosace. Le transept méridional est éclairé d'une assez large rose formée de petites arcades en trilobes que soutiennent des colonnes rayonnant autour d'un cercle polylobé. Au jugement de M. Brune, c'est la seule qui existe dans le diocèse, au moins d'une forme et d'un caractère aussi anciens. Dans la fenêtre placée au midi du choeur apparaissent en bannière les armoiries des Montmorency-Laval, comtes de Montfort et seigneurs supérieurs de Paimpont. Ces armoiries sont celles de François de Laval, fils de Guy XVI, comte de Laval, et de Anne d'Espinay, qui prit possession de l'abbaye de Paimpont le 11 novembre 1530. Il était déjà évêque de Dol et trésorier de la Madeleine de Vitré. Il devint encore abbé commendataire du Tronchet. Il mourut le 2 juillet 1554 et fut inhumé dans la cathédrale de Dol. A l'intérieur, la nef, le transept et le chçeur sont décorés de boiseries d'une ornementation riche et exécutée avec un soin et un talent remarquables ; des bustes et des médaillons sculptés en chêne, des guirlandes de fleurs et de fruits, ainsi que de grosses moulures profondément fouillées annoncent le XVIIème siècle, qui a produit tant de beaux travaux en bois. Les revêtements des murs et les meubles de la sacristie sont, en grande partie, dans le même genre, élégance en plus. L'autel principal, de forme singulière, laisse voir entre les consoles de son majestueux couronnement une statue très vénérée de Notre-Dame, la statue miraculeuse. Un bon nombre d'ex voto, laissés par les pèlerins en présence de cette pieuse image, rappelaient, il y a quelques années, la dévotion et la confiance que les fidèles ont toujours eues pour elle, et qui se manifestent surtout aux fêtes de la Pentecôte, comme nous l'avons dit en parlant du pèlerinage de Notre-Dame de Paimpont. C'est à la Grotte, disions-nous, que sont portées les plaques de marbre de la reconnaissance et de l'amour. M. Brune affirme n'avoir pas vu de pierres tombales dans l'église de Paimpont. Il se demande s'il n'existait pas anciennement un caveau commun pour les membres de la communauté ou bien si les révolutionnaires n'avaient pas voulu effacer jusqu'aux noms des religieux, en brisant les dalles où ils étaient inscrits....???. Deux anciennes statues du XVème siècle, de saint Judicaël (saint Giquel) et de saint Méen, la première en pierre, portent sur la plinthe de leurs bases les armoiries de l'abbé Olivier Guiho. Il y est lui-même représenté deux fois, agenouillé, la crosse en main. A côté de lui figure son écusson orné d'une crosse posée en pal et portant : un chevron accompagné de trois annelets. C'est à cet abbé, désormais connu de notre lecteur, que l'on doit une partie de l'église actuelle de Notre-Dame de Paimpont. Une statue de sainte Monique, placée à l'avant-chœur du côté de l'épître, et représentant la sainte pleurant, sans doute sur la conduite de son Augustin, dont la statue fait le pendant, est, paraît-il, admirable d'expression. Nous ne dirons rien de la chaire, regardée comme un chef-d'oeuvre par tous les connaisseurs. Il est à regretter seulement qu'un apprenti badigeonneur ait caché sous le vernis la teinte toujours si belle du vieux bois travaillé. Quelques visiteurs ont trouvé beaucoup de vie à la statue de sainte Marguerite. Outre les chapelles de Saint-Jean et de Saint-André, on voit souvent mentionnées la chapelle de Bonne-Encontre ou Bonne-Rencontre. Qui nous dira où était cette chapelle ? Les anciens registres mentionnent plusieurs autels qui ont disparu : saint Joachim, sainte Anne, sainte Barbe, saint Nicolas, saint Jacques, saint Sébastien, du Crucifix, des Reliques, ainsi que la chapelle du Rosaire. La chapelle de Saint-Mathurin sert actuellement (c'est-à-dire vers 1907) de sacristie de décharge. En 1806, l'ancien choeur fut démoli et la table de communion, en bois et très belle, au rapport des anciens, reculée d'un mètre. Voici les dimensions de l'édifice dont nous venons d'analyser les principales beautés :

Longueur du choeur.........

10 mètres

Longueur de la nef...........

34

Largeur du choeur et de la nef..................

8     —   20

Profondeur des bras de la croix..............

Largeur des bras de la croix .................................

8     —   70

6     —   30

Hauteur actuelle...............

12   —   50

Hauteur ancienne................

15   —   50

Eglise de Paimpont (Bretagne).

Un dernier voeu, avant de quitter l'église. Quand donc verrons-nous, à la place de ces accidents qui menacent, à chaque instant, le pied du curieux absorbé dans la contemplation, un solide pavé de granit, et, au lieu de ces losanges en verre trop commun, des vitraux d'un goût sérieux ?... Le vieux temple, tout en gardant la sévérité de son style, présenterait une physionomie plus séduisante. Nous attendons que la Providence nous envoie des ressources. Enfin, y aurait-il folie à rêver, pour un avenir plus ou moins éloigné„ la construction d'un clocher qui couronnât dignement ce groupe original de bâtiments et permit à la jolie sonnerie actuelle de produire tout son effet sur les échos de l'étang, les flancs aujourd'hui déboisés de la colline et les capricieux contours de la vallée ??... Folie, si vous voulez... Cette folie m'est chère ! (abbé Louis Gervy).

Nota 3 : Trésor de la sacristie. En entrant dans la sacristie, l'étranger tombe en admiration devant la riche boiserie qui couvre deux côtés de cette pièce carrée. Hélas ! la moitié de ce beau travail des ancêtres a été enlevée, on ne sait trop en quelles circonstances. Qui osera combler cette lacune et concourir avec les illustrations des siècles passés. En attendant, le vestiaire et les quelques armoires qui remplacent l'ameublement disparu amènent le murmure aux lèvres par le pénible contraste entre tant de misère succédant et touchant à tant de magnificence. Puis, les yeux s'arrêtent avec délices sur un gracieux bouquet en coquillages qu'un globe préserve de la poussière et protège contre l'indiscrétion. On lit à la base : « donné par Berhaut de Thélouet, 1861 ». Les dames, les demoiselles surtout se mettent l'esprit à la torture pour essayer de comprendre comment on a pu réussir à imiter si bien, avec les jouets de l'océan, les plus belles fleurs, ou plutôt les plus ravissants sourires de la belle saison, les plus riches toiles de la nature... Pendant ce temps, l'aimable successeur des moines a ouvert avec un sérieux qui tient du mystère le précieux placard. Il montre d'abord avec indifférence un petit morceau d'étoffe plus ou moins orientale qu'il dit sorti du vêtement de la bienheureuse Marie : de veste Beate Marie porte l'inscription. On admire plus facilement le reliquaire qu'on arrive à prouver l'authenticité de la relique... Mais voici un reliquaire d'argent qui renferme une relique insigne de saint Judicaël, et non de saint Méen, comme l'écrit M. l'abbé Guillotin dans son Pouillé historique. Ce curieux reliquaire a la forme d'une main avec l'avant-bras, tenant un livre à fermoirs, dont les ciselures sont dorées. Sur les côtés, on voit gravé l'écusson de Bretagne, avec la devise : « A ma vie, Utinam », et un M gothique majuscule dessiné au milieu des rinceaux qui ornent le revêtement du bras. La tradition en fait un don de la duchesse Marguerite de Bretagne, épouse de François II (1457). Il n'a pas été épargné par les vandales de 93, qui, tout en respectant la relique, ont enlevé l'or et les pierres précieuses du cadeau royal. Voici l'authentique renouvelé de cette insigne relique : « Nous, vicaires généraux du diocèse de Rennes, ayant reçu de M. Bigot, curé de la paroisse de Paimpont, en notre diocèse, un reliquaire en forme de bras contenant un ossement qui, de temps immémorial, a été exposé à la vénération publique dans la dite paroisse, sous le nom de relique de saint Judicaël, avons fait la vérification dudit sépulcre, que nous avons trouvé sans sceau, sans garde et sans authentique. Après en avoir fait l'ouverture, nous y avons trouvé un os de bras déposé sur un morceau d'étoffe de soie cramoisie ; cet os a été enchâssé dans un morceau de bois revêtu de lames d'argent, de manière qu'il nous a paru constant que la relique n'a pu être extraite de la châsse depuis qu'elle y fut déposée, sans une fracture du bois qui la renferme et du revêtement qui la couvre, fracture dont nous n'avons pu trouver aucun signe ni indice. Ce considéré, nous avons reconnu la relique dite de saint Judicaël comme authentique et avons fait fermer l'entrée du sépulcre d'un châssis d'argent, long d'environ cinq pouces et large de deux pouces six lignes, dans lequel est inséré un verre au milieu duquel est appliqué un carton portant le sceau de Monseigneur, qui y est apposé sur les deux extrémités d'un cordon de soye de couleur noire, qui fait aussi la ceinture de la relique. En conséquence, nous permettons à M. le curé de Paimpont d'exposer à la vénération des fidèles le précieux reste du corps de saint Judicaël. Donné à Rennes, le 12° jour de. juillet 1811. Berthault, vic. gén. Graffart, vic. gén. ». Le trésor de notre trésor, la perle de nos richesses, c'est un magnifique Christ en ivoire, véritable chef-d'oeuvre d'un artiste inconnu, qui fait l'admiration de tous les voyageurs et attire dans nos murs presque tous les officiers de l'armée française campés à Coëtquidam (Coëtquidan) à deux lieues seulement de Paimpont. Comme tout le monde, je sens que cet objet est beau, je dis qu'il est beau, parce qu'il est beau. Pour ce qui est d'exprimer ce genre de beauté, je m'y refuse absolument, me voyant, obligé d'avouer mon incompétence. Je l'espère, un autre, un connaisseur fera ce travail, et sa description artistique guidera l'étranger dans ses appréciations et empêchera l'oeil trop habitué à contempler ces merveilles de se blaser et de tomber dans la plus injurieuse des indifférences (abbé Louis Gervy).

le bâtiment claustral (XVIIème siècle), sert de mairie, de presbytère et d'école. L'ancien cloître semble avoir été construit par l'abbé Olivier Guiho (1407-1452) ;

l'ancienne chapelle des Forges de Thélouët ou Tellouet (XVIIème siècle), située route!de Saint-Malon. Cette chapelle a été fondée en 1599. Il y a quelques années à peine, on y célébrait quelquefois, mais rarement, la sainte messe, du vivant de M. Abel Vallée, son propriétaire. Il ne nous appartient point d'écrire son histoire. Disons seulement que, dédiée à saint Laurent, cette chapelle fut fondée par le testament de M. François de la Corbinière, sieur des Forges, le même qui avait déjà doté Gaillarde de sa chapelle (9 avril 1599) ;

Chapelle des Forges à Paimpont (Bretagne).

la nouvelle chapelle des Forges (1877). Cette chapelle Saint-Eloi des Forges, considérée jadis comme chapelle domestique, est maintenant à la disposition du public. Reconstruite aux frais de son propriétaire, elle est desservie au début du XXème siècle le dimanche et le jeudi par un vicaire de Paimpont, faisant l'office de vicaire chapelain, qui reçoit alors son traitement de M. Levesque. Cette chapelle, la plus belle de Paimpont et des environs, est admirablement pourvue d'ornements et de tous les objets du culte. Elle est, du reste, assise au milieu d'un paysage extraordinairement pittoresque et dans le voisinage des plus charmantes habitations du pays ;

la croix Lucas (XVIème siècle), située au lieu-dit Val-sans-Retour ;

la croix de Judicaël (XVIème siècle) ;

la chapelle Saint-Jacques-Le-Mineur (vers 1620). Elle comporte un campanile au centre du toit. Sur une des poutrelles qui soutiennent la charpente, on lit l'inscription suivante : « M. Jacques Saulnier, sieur de la Villeaubry, greffier de Brécilien et Plélan, mari, et honorable femme Jeanne Guyon, ont fait bâtir au propre de luy et fondé cette chapelle 1620 l'as décembre ».Par autorisation de l'ordinaire, le Très-Saint-Sacrement est conservé au début du XXème siècle dans cette chapelle, pour satisfaire la piété des religieuses des Chênes de Paramé, qui dirigent l'école mixte du village. Cette chapelle, très propre, mais insuffisante, a été agrandie par les soins de M.Théaudin, recteur de Paimpont, qui a été aidé par les habitants de Coganne et de Saint-Péran, tous désireux de pouvoir prier à leur aise dans cette chapelle ;

la fontaine de Baranton ou Barenton (Moyen Age). Une croix en bois se dressait à proximité jusqu'en 1850. On y trouvait aussi, à proximité, les ruines d'une chapelle citée dès le XIIème siècle dans le Roman d'Yvan ou du Chevalier au Lion par Chrestien de Troyes. C'est à la fontaine de Baranton que se réunissaient les Fées ; c'est là qu'Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde ont accompli leurs prouesses ; c'est aussi le lieu de rencontre légendaire de Merlin et de Viviane. L'eau de la fontaine a la réputation de guérir la gale ;

la fontaine de Jouvence, située forêt de Paimpont ;

les moulins à eau de la Vallée, du Châtenay, de la Chèvre, Petit-Moulin, le moulin à papier près de la Ville-Danet, le moulin du Gué (tannerie), et les moulins à vent du Marnis, de Beauvais ;

Ville de Paimpont (Bretagne).

 A signaler aussi :

le tombeau des druides ou Hotié de Viviane ou Maison de Viviane (époque néolithique), situé au lieu-dit Val-sans-Retour ;

le tombeau des Géants (époque néolithique et âge de bronze), situé au lieu-dit Val-sans-Retour ;

le tombeau de Merlin (époque néolithique), situé dans la forêt de Paimpont ;

la maison du maître de Forge (XVIIIème siècle) ;

la colonne du Laminoir (XIXème siècle), située au lieu-dit Les Forges ;

la colonne de cheminée (XIXème siècle), située au lieu-dit Les Forges ;

l'habitat ouvrier (XIXème siècle) ;

la chapelle d'Eon de L'Etoile (XIIème siècle), démolie au XVème siècle. Eon, surnommé de l'Etoile (né dans la région de Loudéac) est un moine Augustin de l'abbaye de Paimpont qui crée sa propre secte (vers 1140). Sur la demande personnelle du Pape Eugène III, il est traduit devant le concile d'Epernay en 1148. Considéré comme fou, il est condamné à la prison. La compagnie Eoniste sévit de 1140 à 1148, soit huit années passées à piller les monastères, les églises, les châteaux et à accumuler de considérables fortunes ;

la chapelle Saint-Jacques de Coganne, située route de Saint-Péran. Cette ancienne chapelle frairienne est fondée en 1620 par Jacques Saulnier sieur de Villeaubry (greffier de Brécilien et Plélan) et son épouse Jeanne Guyon ;

l'ancienne chapelle de Hucheloup (1639), située route de Campénéac ;

l'ancienne chapelle Saint-Eloi des Forges, considérée jadis comme chapelle domestique, est entretenue et continue d'avoir un chapelain particulier à la fin du XIXème siècle ;

l'ancienne chapelle Saint-Samson de Thélouet dépendait à l'origine du prieuré de ce nom ; après le départ des Bénédictines de ce couvent, leur chapelle fut considérée comme frairienne ;

l'ancienne chapelle de Saint-Péran, chapelle priorale puis tréviale en 1606 ;

l'ancienne chapelle Saint-Barthélemy-des-Bois, ancienne chapelle priorale, devint aussi aux siècles derniers une chapelle frairienne ;

l'ancienne chapelle de saint Mathurin, attenant à l'église, a servi pendant quelques années de sacristie de décharge ;

l'ancienne chapelle Sainte-Anne se trouvait dans le cimetière de Paimpont ; elle avait été fondée de messes par un prêtre nommé Jean Morfouace, et en 1641 l'abbé de Paimpont, qui en avait la présentation, nomma pour la desservir Etienne Regnard, prêtre de la paroisse, en place de François Masson, devenu infirme. Pourvu le 7 septembre 1641, ce chapelain prit possession le surlendemain (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 48). Sainte-Anne est encore signalée en 1790, et même en 1823, comme l'indique une « délibération relative à la réparation de la chapelle du cimetière ». Aux termes de cet acte, la chapelle est regardée non-seulement comme d'utilité, mais même comme de nécessité publique « pour recevoir les cadavres qu'on serait forcé d'y déposer dans certaines circonstances... » ;

l'ancienne chapelle de Gaillarde, bâtie près du manoir de ce nom, fut fondée, le 7 avril 1599, de quatre messes par semaine par François de la Corbinière, sieur des Forges et propriétaire de Gaillarde. En 1660, Jean du Chesne, sieur de la Noë, et Perronnelle de la Corbinière, sa femme, présentèrent Jean Coquelin pour la desservir ;

l'ancienne chapelle de Barenton. Chrestien de Troyes, mort en 1191, et auteur du roman d'Yvain et la dame de Brécilien, en parle en ces termes : A la fontaine trouveras - Un perron tel comme tu verras, - Et d'autre part une chapelle - Petite, mais elle est moult belle. Le clergé de Concoret avait coutume de se rendre processionnellement à cette chapelle dans les temps de sécheresse pour demander de la pluie (nota : d'après les croyances du moyen-âge, il suffisait de mouiller le perron de Barenton avec l'eau de la fontaine pour faire immédiatement éclater l'orage et tomber la pluie à torrents. — la fontaine de Barenton est sur les limites de Concoret et de Paimpont, mais la chapelle se trouvait dans cette dernière). Lorsque ce petit temple tomba de vétusté, on éleva sur ses ruines une simple croix, et les processions continuèrent de s'y rendre jusqu'à l'époque de la Révolution (Registre ms. de Concoret - Revue de Bretagne, 1868, I, 98) ;

Nota 4 : D'après une tradition locale, Guillaume, seigneur de Montfort, aurait, vers l'an 1445, obtenu de Saint-Jean-de-la-Grille, évêque d'Aleth, la translation d'un petit couvent de religieux de la paroisse de Concoret en celle de Paimpont. Ce seigneur établit les moines dans un vieux château qu'il possédait près de la merveilleuse fontaine de Barenton, dont le perron magique, a excité la verve poétique de tant de trouvères du moyen-âge. Les religieux furent très mécontents de cette translation, et leur supérieur, nommé Eon de l'Etoile, en fut tellement affecté qu'il tomba trois ans dans un complet dérangement d'esprit. Il se mit à prophétiser et à débiter mille extravagances, se disant fils de Dieu et juge des vivants et des morts, par une grossière allusion de son nom d'Eon avec ces mots du Rituel : Per « Eum » qui venturus est judicare vives et mortuos. L'évêque d'Aleth se vit obligé de supprimer la communauté de Barenton, qui soutenait son prieur dans ses folies. Pris et conduit au concile de Reims, Eon fut enfermé dans un monastère pour le reste de ses jours (1148). Après l'expulsion des religieux de Barenton, leur maison fut démolie, et les matériaux furent employés, prétend-on, à bâtir, quelque distance de là, le village de Follepensée, dont le nom semble rappeler les égarements d'Eon de l'Etoile (Louis Gervy) .

l'ancien monastère de Barenton. D'après une tradition locale, Guillaume, seigneur de Montfort, aurait vers l'an 1145 obtenu de saint Jean-de-la-Grille, évêque d'Aleth, la translation d'un petit couvent de religieux de la paroisse de Concoret en celle de Paimpont ; ce seigneur établit les moines dans un vieux château qu'il possédait près de la merveilleuse fontaine de Barenton, dont le perron magique a excité la verve poétique de tant de trouvères au moyen-âge. Les religieux furent très-mécontents de cette translation, et leur supérieur, nommé Eon de l'Etoile, en fut tellement affecté, qu'il tomba dans un complet dérangement d'esprit ; il se mit à prophétiser et à débiter mille extravagances, se disant fils de Dieu et juge des vivants et des morts, par une grossière allusion de son nom d'Eon avec ces mots du rituel : Per eum qui venturus est judicare vivos et mortuos. L'évêque d'Aleth se vit obligé de supprimer la communauté de Barenton, qui soutenait son prieur dans ses folies. Eon, pris et conduit au Concile de Reims, fut enfermé dans un monastère pour le reste de ses jours (1148). Après l'expulsion des religieux de Barenton, leur maison fut démolie et les matériaux furent employés, prétend-on, à bâtir à quelque distance de là le village de Folle-Pensée, dont le nom semble rappeler les égarements d'Eon de l'Etoile. Mais la chapelle construite à Barenton resta debout, car Chrestien de Troyes, mort en 1191, et auteur du roman d' Yvain et la dame de Brécilien, en parle (abbé Guillotin de Corson) ;

l'ancien prieuré de Saint-Barthélemy-des-Bois, situé route de Campénéac. Il dépendait dès 1199 de l'Abbaye de Paimpont. Sa chapelle devint frairienne : on y trouve encore une pierre d'autel, une statue et une fontaine. Ce prieuré, situé dans la paroisse de Paimpont, sur un des points culminants de la forêt de Brécilien, remonte aux commencements mêmes de l'abbaye de Paimpont, car il dépendait de ce monastère dès 1199 (Notice ms. sur Saint-Barthélemy-des-Bois - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). La chapelle priorale de Saint-Barthélemy était très vénérée ; de temps immémorial, une assemblée se tenait à ses portes le jour de la fête patronale, et le 30 octobre 1614 le pape Paul V accorda des indulgences à tous ceux qui viendraient visiter cette église (Inventaire ms. des titres de Paimpont). De leur côté, les ducs de Bretagne François Ier en 1443, et Pierre II en 1452, exemptèrent d'impôts et de redevance de billots tous ceux qui vendaient vins ou autres breuvages à l'assemblée de Saint-Barthélemy ; mais le prieur de Saint-Barthélemy avait, au contraire, le droit d'exiger à son profit de ces mêmes débitants « deux pots et 6 sols par chacune pipe » vendue le jour de cette fête. Le prieur de Saint-Barthélemy avait aussi de beaux droits dans la forêt de Brécilien, confirmés en 1331 par Raoul, seigneur de Montfort ; c'est-à-dire « usage au quartier de la forest qu'on appelle Haulte-Forest pour ses édifices et réparations, aussi pour son chauffage, quel bois il peut prendre sans merc (marque) ni monstrée, ô charettes et chevaux, ainsi que bon lui semblera. Mesme peut tenir et avoir èsdits lieux bestes de quelle espèce qu'elles soient, tant en pesson que pasnage et herbage, sans les escrire ni rien en poier, pourvuz que lesdites bestes soient siennes, gouvernées et conduites par ses varlets » (Usements de la forêt de Brécilien en 1467). Lorsque les seigneurs de Montfort eurent vendu la forêt de Brécilien, les acquéreurs firent une transaction avec le prieur de Saint-Barthélemy ; le 13 février 1666, ils lui abandonnèrent la propriété de 10 journaux de bois en haute futaie dans la forêt, en échange des droits d'usage dont il jouissait ; cette transaction fut approuvée par l'abbé de Paimpont, et le prieur demeura dès lors maître jusqu'à la Révolution de ce canton de forêt, appelé dès lors la Montre de Saint-Barthélemy. Les autres « appartenances du prieuré » consistaient en ce qui suit : la maison priorale et sa métairie ; — le jardin, contenant 5 journaux ; — le verger (un journal) ; — la Closture-du-Haut (14 journaux) ; — la Vieille-Petite-Closture (9 journaux) ; — la Closture-sous-les-Feuilles (15 journaux) ; — enfin, « le déport des feuilles, planté de charmiers ». Le prieur jouissait, en outre, d'une juridiction seigneuriale exercée par les officiers de l'abbaye de Paimpont, par accord du 24 août 1456 ; — et, enfin, d'un trait de dîme en Plélan, s'étendant aux villages du Thélin, de Castonnet, Trégu et Trécoet ; mais il n'en avait qu'un tiers, le reste appartenant au recteur de Plélan et au commandeur du Temple de Carentoir (Inventaire ms. des titres de Paimpont). Le seigneur de Montfort était seigneur supérieur et fondateur du prieuré de Saint-Barthélemy-des-Bois ; aussi prétendait-il en 1682 que le prieur devait célébrer à son intention « la messe aux jours de dimanche, avec prières nominales ». Toutefois, ce seigneur ne présentait point à ce bénéfice, parce qu'il avait été uni à l'abbaye de Paimpont en 1495 par le Pape en faveur de Michel Le Sénéchal, abbé de ce monastère. Depuis cette époque, ce furent toujours les abbés de Paimpont qui administrèrent eux-mêmes ce prieuré ou qui nommèrent des prieurs pour l'administrer. Ils les choisissaient ordinairement parmi les chanoines réguliers, et certains prieurs durent même promettre de ne résigner leur bénéfice qu'en faveur des religieux de leur ordre. Cependant, comme dans les derniers siècles la plupart des prieurs de Saint-Barthélemy étaient des chanoines résidant à Paimpont et y acquittant leurs messes de fondation, la chapelle priorale tomba peu à peu dans l'abandon. Dès 1647, pendant l'assemblée de Saint-Barthélemy, des violences furent exercées contre ce sanctuaire : les portes en furent effondrées, l'autel renversé et les fenêtres brisées. Nous ne savons si ces dégâts furent réparés, mais en 1785 le dernier prieur, frère Gérard-Saladin, ne prit possession que d'une chapelle « tombée en ruines, dont la porte ne s'ouvrait même plus ». Aujourd'hui, il ne reste du prieuré de Saint-Barthélemy-des-Bois que la métairie, vendue nationalement en 1792, l'emplacement de la chapelle, où gisent encore une pierre d'autel et une vieille statue de saint Barthélemy, et au bas de la prairie, dans laquelle se tenait jadis l'assemblée, l'antique fontaine du saint apôtre. Le tout est admirablement posé au sommet d'une haute colline, vers la lisière de la forêt et sous de grands ombrages ; de là on domine tout le pays de Mauron et de Beignon et l'on jouit d'un horizon splendide. Liste des prieurs : — Thomas de Montauban, en 1331 ; devint en 1356 abbé de Paimpont. — Thomas Le Feubvre (1402). — Jean de la Bouère (1456). — Laurent Levesque (1486). — Frère Armel Potier (1498). — Grégoire Picard (1499) . — Michel Le Sénéchal, abbé de Paimpont (1500). — René Hamon, abbé de Paimpont (1508). — Robert Hamon (1540). — Jehan Hamon (1567) ; recteur de Tréhoranteuc et prieur de Boussac, il rendit aveu au roi le 12 mai 1577 ; décédé vers 1579. — Vincent de Loras fut pourvu le 3 mars 1579. — Frère Jehan Dahiot prit possession en juillet 1588 ; décédé en 1592. — Frère François Costard, pourvu le 13 mars, prit possession le 18 mars 1592. — Nicolas Le Roy (1597). — Frère Guillaume Gérard prit possession le 11 septembre 1597. — Frère Jehan Bonnemez prit possession le 17 juin 1598 ; décédé le 14 septembre 1639 et inhumé à Rennes dans l'église des Grands-Carmes. — Frère François Huchet (1640). — Frère Jacques de Saint-Jean, pourvu le 4 juillet 1645, résigna dès le 2 août en faveur du suivant. — Frère Grégoire Huchet, prieur de Penfao, fut pourvu en 1646. — Frère Guillaume Le Large prit possession le 29 juin 1664. — Frère Christophe Guignace succéda au précédent, puis devint prieur claustral de Paimpont. — Frère Pierre Pijart, pourvu le 19 juillet 1691, résigna le 4 mars 1698. — Frère Philippe Verrier, recteur de Lassy, pourvu le 26 février 1700, prit possession le 6 mars suivant. — Frère Hilaire Pélaire fut pourvu le 3 février 1702. — Frère Philippe-Alexandre Dévime (1720). — Frère Pierre Murcault (1727). — Frère Louis-Adrien du Chastellier de la Porte, pourvu en février 1772, prit possession le 9 septembre 1773, puis « apostasia » vers 1784. — Frère Jean-Jacques Gérard-Saladin, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, demeurant à Paris, nommé par le Pape en juillet 1784, ne prit possession que le 3 août 1785 (abbé Guillotin de Corson) ;

l'ancien prieuré de Saint-Péran, aujourd'hui disparu, et jadis membre de l'abbaye de Montfort. Il semble probable que le prieuré de Saint-Péran fut fondé par les seigneurs de Lohéac, qui possédaient alors la partie de la paroisse de Paimpont où se trouvait ce petit monastère. Il devait même être établi en 1257, lorsque Guillaume de Lohéac donna aux chanoines réguliers de Montfort le droit d'usage dans sa forêt de Brocéliande. En 1467, la Charte de Brécilien mentionne ce privilège des prieurs de Saint-Péran, et voici comme elle s'exprime : « L'abbé de Montfort, comme prieur du prieuré de Saint-Péran, situé en la forêt de Brécilien, a usage au quartier de ladite forest qu'on appelle Lohéac, scavoir pasnage, pesson et herbage à toutes bestes qu'il tiendra et aura en ladite mestairie et qui lui appartiennent, lesquelles il pourra faire conduire et mener en ladite forest par son valet, non par mestaier ayant part esdictes bestes, sans les écrire ny rien en poier..... Aussi peut ledit abbé prendre pour son chauffage du bois tant chaist que abattu par pied, s'il n'en trouve de chaist ; et pour les édifices et réparation de sondit prieuré et des clostures d'iceluy peut prendre et faire abattre bois convenable pour ce faire et en user audit prieuré seulement.... Mesme, ledit valet, demeurant audit prieuré, peut, si bon fui semble, prendre et abattre bois pour faire charrette, charretis et roues, et en user au labourage dudit prieuré seulement » (Usements de la forêt de Brécilien). Ce texte a son importance ; il nous confirme dans notre opinion que le prieuré de Saint-Péran fut fondé par les seigneurs de Lohéac et non pas, comme quelques-uns l'ont cru, par les sires de Montfort ; il nous apprend, en outre, qu'au XVème siècle ce prieuré n'était plus habité par des moines, mais uni à la mense abbatiale, puisque l'abbé de Montfort en était lui-même le prieur ; c'était seulement alors une métairie avec chapelle. Aussi les chanoines de Montfort ne firent-ils pas difficulté d'aliéner le prieuré de Saint-Péran, probablement durant le XVIème siècle, qui vit s'effectuer tant de ventes en ce genre. Passées d'abord entre des mains séculières, les terres composant le prieuré de Saint-Péran furent acquises plus tard, en 1677, par les chanoines réguliers de Paimpont ; mais ceux-ci songèrent d'autant moins à rétablir l'ancien prieuré que la chapelle de Saint-Péran venait d'être élevée, en 1606, au rang d'église tréviale (abbé Guillotin de Corson) ;

l'ancien prieuré de Thélouët (ou Thélouet), situé route de Saint-Malon et jadis membre de l'abbaye de Saint-Sulpice-des-Bois. Le prieuré est fondé en 1124 par Raoul II de Montfort pour l'Abbaye Saint-Sulpice de Rennes et fut supprimé au XVIIème siècle. On voyait encore récemment les ruines de sa chapelle romane. L'ancien manoir prioral du XVème siècle est transformé en ferme. Le prieuré avait jadis un droit de haute justice. Le prieuré de Saint-Samson de Thélouet, en la paroisse de Paimpont, au diocèse de Saint-Malo, fut fondé, comme on l'a dit, en 1124 par Raoul, seigneur de Montfort, en faveur des frères et soeurs de l'abbaye de Saint-Sulpice, qui commençait elle-même à s'élever à cette époque. Il nous reste une traduction (du XVIème siècle) de la charte de fondation de ce prieuré, dont rien ne laisse soupçonner la fidélité ; en voici l'analyse. Raoul, seigneur de Montfort, du consentement d'Anne, sa femme, et de Raoul et Guillaume, ses fils, donne aux religieuses et aux frères de Notre-Dame de Nid-de-Merle, « servants en l'église de Saint-Samson de Thélouet, savoir : la terre de Thélouet avec l'église de Saint-Samson et le pâturage en la forest et le cimetière dudit lieu, et mesme la terre de Saint-Ahan et l'église (nota : M. Ropartz, qui a publié dans la Revue de Bretagne, en 1876, une très-intéressante notice sur le prieuré de Thélouet, a lu Saint-Alan et croit que cette église est celle de Saint-Gonlay. Nous ne partageons pas son sentiment, et, jusqu'à preuve contraire, nous pensons qu'il s'agit ici de la chapelle de Saint-Ahan, ou Ehan, en Iffendic, autour de laquelle la prieure de Thélouet avait un fief et recueillait la dîme), semblablement la terre de Comper et l'église avec toute la tenue Rorel, le moulin de Tranchehu et la pescherie des anguilles, la terre de Gauttier, métayer, et de ses frères, et le mangier de Trévoucacel, qui est en la main de dame Anne, et 60 sols des mangiers de Gaël, et 15 sols de ceux en la terre de Saint-Malon. Et fut fait en l'an 1124 » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 115). Cette donation est importante : on y voit trois chapelles ou églises tréviales confiées au zèle pastoral des religieux, et tout un territoire donné à la prieure, qui, suivant la règle de Saint-Sulpice, avait en matière temporelle la souveraine autorité, même sur les moines. Mais cette organisation du prieuré de Thélouet ne tarda probablement pas à se modifier ; bientôt il n'y eut plus de religieux attachés au prieuré, même pour le service du culte à Thélouet, et la prieure fit desservir ses chapelles par les prêtres séculiers des environs. Quoi qu'il en fût, le pape Eugène III prit, dès 1146, sous sa protection le prieuré de Saint-Samson de Thélouet et toutes ses dépendances : « In episcopatu Alethensi ecclesiam S. Samsonis de Teloio cum pertinenciis ejus » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 598). Voici en quoi consistait le prieuré de Thélouet en 1585 : Une chapelle sous l'invocation de saint Samson, — une maison priorale avec cour et jardin, — une métairie au proche ; le tout se joignant et contenant 49 journaux de terre. — La moitié des dîmes en la paroisse de Saint-Gonlay, — un dîmereau au village de Saint-Ehan, en Iffendic, — un dîmereau en Saint-Jean de Montfort, — deux dîmereaux en Bédée, l'un nommé le dîmereau de Thélouet, l'autre dîmereau alternatif du Domaine, — un dîmereau en Irodouer, — un trait de dîmes en Le Bois-Gervilly, — un trait de dîmes en Gaël, — le quart des dîmes de Concoret — et un dîmereau en Talensac. — Sept fiefs ou bailliages nommés : le bailliage de Saint-Gonlay et Saint-Maugan, — le bailliage de Saint-Ehan, en Iffendic (nota : la chapelle de Saint-Ehan existait encore naguère dans le village de ce nom et était un but de pèlerinages assez fréquents), — le bailliage des trois paroisses de Montfort, — le bailliage de Bédée et d'Irodouer, — le bailliage de Montauban, — le bailliage de Concoret — et le bailliage de Gaël. Sur tous ces fiefs et bailliages la prieure de Thélouet avait droit de juridiction haute, moyenne et basse, et les officiers de Montfort, Montauban et Gaël l'exerçaient en son nom (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). En conséquence de la donation du seigneur de Montfort, la prieure de Thélouet avait aussi dans la forêt de Brécilien (aujourd'hui forêt de Paimpont) « droit d'usage à tout bois, tant à mesrain pour maisonner, que pour chauffage et à faire toute closture... et dudit bois peut user sans marque ni montre... mesme a droit de faire amener et conduire par ses varlets ou chambrières toutes espèces de bestes qu'elle aura en son prieuré en ladite forest, tant au quartier nommé Lohéac que à Haute-Forest, sans les escrire et rien payer ». Lorsqu'en 1634 le duc de la Trémoille, seigneur de Montfort, fit le triage dans sa forêt de Brécilien, la prieure de Thélouet fut assurée pour sa part de douze charretées de bois chaque année. Quand, plus tard, ce duc vendit la forêt, en 1653, il réserva un canton de bois appelé Lesseing, contenant vingt-sept journaux, et le donna en toute propriété au prieuré de Thélouet, en échange des droits d'usage qu'il avait dans la forêt (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 115). Le recteur de Saint-Gonlay, qui était un prieur dépendant de l'abbaye de Montfort, était tenu, « le jour et feste de Mr saint Samson, de dire ou faire dire par son vicaire une messe en la chapelle du prieuré de Thélouet, et de mettre sur l'autel 10 sols monnaye » ; il devait, en outre, « au terme d'Angevine, 2 mines de froment rouge et 2 mines de bled seigle, mesure de Montfort ». De son côté, la prieure de Thélouet devait au seigneur de Montfort, à cause des prairies de son prieuré, « 24 sols tournois de rente annuelle ». Elle était tenue, en outre, « de faire célébrer, tous les premiers dimanches du mois, dans la chapelle de sondit prieuré ou dans l'église de Concoret, à l'option du seigneur de Montfort, une messe solennelle avec prières nominales à l'intention dudit seigneur de Montfort, supérieur et fondateur dudit prieuré » (Déclarations de 1585 et 1682). Le monastère de Saint-Samson de Thélouet semble avoir été ruiné à l'époque des guerres de la Ligue. « Pendant que les troupes de la Ligue et du Roi occupaient le château de Comper (1593-1596), dit l'auteur du Ms. de Concoret, les religieuses de Thélouet furent obligées d'abandonner leur communauté ». Cependant, la prieure Andrée Le Provost y résidait encore en 1597. Mais nous avons vu qu'en 1621 l'abbesse de Saint-Sulpice rappela toutes les prieures non conventuelles à la maison-mère ; celles de Thélouet luttèrent longtemps contre cette ordonnance, et la dernière d'entre elles, Mme Ménard de Toucheprez, soutint devant les tribunaux son prétendu droit de résider ailleurs qu'à l'abbaye de Saint-Sulpice. Un arrêt du Conseil d'Etat du 1er février 1725 mit fin à cette querelle, en ordonnant à la prieure d'observer la bulle d'union des prieurés à la mense abbatiale, et un autre arrêt du 15 septembre 1729 unit définitivement le prieuré de Thélouet à la mense de Saint-Sulpice (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 115). Depuis longtemps, au reste, le prieuré de Thélouet n'était plus qu'une ferme dont jouissaient les religieuses. Le bail fait en 1769 à Antoine Le Gay était de 2 388 livres pour le prieuré proprement dit ; la taille du bois de Lesseing et les lods et ventes, montant à 90 livres par an, formaient avec la ferme un total de 2 478 livres de rente. Mais sur cette somme il était dû 500 livres de portion congrue au recteur de Saint-Gonlay, 100 livres à celui de Concoret, et 25 livres au garde forestier ; il fallait, de plus, contribuer à l'entretien des églises paroissiales là où l'on dîmait, et à celui des logements et chapelle du prieuré ; toutes ces dépenses réduisaient à environ 1 600 livres le revenu net du prieuré. A la fin du XIXème siècle, l'on retrouve dans une clairière de la forêt de Paimpont les restes du prieuré de Saint-Samson de Thélouet. L'arcature en plein cintre et les simples tailloirs de la chapelle en ruines indiquent bien la très-ancienne origine de l'édifice et remontent à l'époque de la fondation du monastère ; la maison de ferme voisine n'est autre chose elle-même que le manoir prioral rebâti au XVème siècle ; dans ce logis apparaissent aussi des cellules de religieuses et une vaste salle à charpente ornée et très-élégante. Enfin, tout rappelle encore à Thélouet le souvenir lointain des pieuses servantes du Christ cachées au moyen-âge dans la vaste solitude de la mystérieuse forêt de Brécilien. Liste des prieures : — Soeur Servanne Hastelou. — Soeur Gervaise (?) de Buris succéda à la précédente et reçut du seigneur de Montfort, en juillet 1460, le clos du Chesne-Bour. — Soeur Françoise d'Espinay, fille de Richard, seigneur d'Espinay, et de Béatrix de Montauban, abbesse de Saint-Georges de Rennes, eut en commende le prieuré de Thélouet, pour lequel elle rendit aveu au comte de Laval, seigneur de Montfort, le 26 octobre 1512 ; décédée en 1520. — Soeur Françoise de Lestourbeillon, fille de Bonabes de Lestourbeillon, seigneur de la Beschère, en Acigné, et de Jeanne de Pélineuc, résigna le prieuré vers 1540 en faveur de sa propre soeur, qui suit. — Soeur Marguerite de Lestourbeillon fut pourvue à Rome en 1540. Elle était religieuse de Saint-Sulpice ; mais soeur Françoise Déron, religieuse de Saint-Georges, lui disputa le prieuré, qui fut en définitive adjugé à Mme de Lestourbeillon. Cette dernière résigna plus tard son prieuré en faveur de la suivante, se réservant toutefois la presque totalité des revenus du bénéfice (nota : on voit, en effet, par les comptes de François de la Corbinière, sieur des Forges, fermier du prieuré en 1565, que Marguerite de Lestourbeillon touchait encore les revenus de Thélouet à cette époque). — Soeur Philippe d'Espinay, fille de Guy, seigneur d'Espinay, et de Louise de Goulaine, pourvue en cour de Rome, prit possession de Thélouet en mars 1554. Elle était alors religieuse de Saint-Georges, et elle devint abbesse de ce monastère en 1572 ; elle résigna à cette époque son prieuré en faveur de la suivante. — Soeur Françoise Déron, religieuse de Saint-Georges, prit possession le 18 janvier 1573. — Soeur Marguerite de Lestourbeillon, nièce des précédentes prieures de ce nom, était fille de Jean de Lestourbeillon et de Louise de Quatrebarbes ; elle se fit pourvoir à Rome, prit possession de Thélouet au commencement de 1574 et résigna ce prieuré la même année. — Soeur Andrée Le Prévost, religieuse de Saint-Sulpice, prit possession une première fois, sur une collation ordinaire donnée par son abbesse, le 24 octobre 1574 ; mais sœur Marguerite d'Argentré, que nous soupçonnons avoir été une religieuse de Saint-Georges, prit aussi possession du prieuré. Mme Le Prévost se fit alors pourvoir à Rome, renouvela sa prise de possession le 20 février 1575 et demeura maîtresse de Thélouet. Elle rendit aveu au roi pour ce prieuré le 12 février 1585 ; décédée en 1617. — Soeur Julienne de la Charonnière fut nommée par l'abbesse de Saint-Sulpice le 8 décembre 1617 et prit possession le 19 du même mois. Elle était, en 1619, grande-prieure claustrale de l'abbaye de Saint-Sulpice, tout en conservant Thélouet, pour lequel elle rendit aveu au roi le 14 avril ; décédée en 1625. — Soeur Marie Fleuriot prit possession le 28 décembre 1625 ; elle rendit aveu au roi le 14 juillet 1631 et le 23 mars 1654. — Soeur Marguerite de Thierry fut pourvue par l'abbesse de Saint-Sulpice le 3 mars 1662 et prit possession le 6 avril suivant. Elle remit son prieuré entre les mains de l'abbesse le 20 septembre 1669. — Soeur Jeanne-Marie de Thierry, pourvue le 29 novembre 1669, prit possession le 2 décembre suivant ; elle donna sa démission en 1674. — Soeur Marguerite de Thierry, pourvue le 7 août 1674, prit possession le 8 août. Elle rendit aveu au roi le 18 septembre 1678 et le 15 septembre 1684, et résigna vers 1694. — Soeur Marguerite-Renée-Charlotte Ménard de Toucheprez, religieuse de Saint-Sulpice comme les précédentes, fut pourvue le 12 avril 1694. Elle fut la dernière prieure de Thélouet. Mme de Toucheprez jouissait en même temps du prieuré de Sainte-Radegonde, au Loroux-Bottereau, et elle avait une sœur, Marie Ménard de Toucheprez de Châteaumur, qui était prieure de Couëtoux, en Lusanger. Ces deux religieuses refusèrent quelque temps de se rendre en clôture à Saint-Sulpice, prétendant avoir le droit de résider dans leurs prieurés ; mais il leur fallut bien se soumettre en 1725 (abbé Guillotin de Corson) ;

la fontaine Notre-Dame des Chênes, située près de l'église ;

l'ancien château de Bellanton ou de Baranton, situé au sud du village de la Ville-d'Anet. Il a été détruit en 1372. On voit encore des ruines de La chapelle privée. Le roi Salomon habita Bellanton au IXème siècle. Près du château se trouve le "Champs Clos des Tournois", le "Champ de Bataille" ou le "Cimetière des Anglais", théâtre des exploits de Pontus, fils d'un roi de Galicie débarqué en Armorique à la suite d'un naufrage. On raconte que Pontus avait épousé Sydoine, fille du seigneur de Gaël et habita le château de Bellanton, appelé depuis Château de Pontus ;

l'ancien manoir d'Isaugouët, surnommé aussi Isle au Gouet ou Choucan. Il possédait jadis une chapelle privée et dépendait au XVII-XVIIIème siècle de la seigneurie de Comper. Le château de l'Isle-au-Gouët (Isaugouët), nommé quelquefois château de Choucan, était situé sur une petite élévation à la queue de l'étang du moulin d'Isaugouët. Il était entouré de douves : c'est pour cela qu'on l'appelait le château de l'Isle. On distingue encore l'emplacement de ce château qui dût être abandonné avant 1600. Quoi qu'il en soit, le château d'Isaugouët avait une chapelle, dont on voit encore quelques traces proche de la chaussée de l'étang de Choucan. On croit qu'elle était dédiée à saint Marc, et que c'est pour cette raison que les maisons voisines de l'emplacement de cette Chapelle s'appellent : La Maise-Marc ;

la fontaine de Vignouse, située route de Gaël ;

l'ancien château de la Courbe, situé route de Saint-Malon. Il était déjà en ruines en 1541 ;

la pierre du Hindray ou du Brulis ou le Tombeau de la duchesse d'Angoulême : dalle rectangulaire en schiste rouge, situé route de Saint-Malon ;

l'ancien manoir du Pas-du-Houx, situé route de Saint-Péran ;

Manoir du Pas-du-Houx à Paimpont (Bretagne).

le manoir de Fourneau ou de Saint-Péran, situé route de Saint-Péran. On y voit un puits. Propriété de la famille Rawle ;

Manoir du Fourneau à Paimpont (Bretagne).

les forges de Paimpont. Elles existent au moins depuis le début du XVIème siècle. Les Forges sont vendues en 1653 par la famille de la Trémoille à la famille d'Andigné, seigneurs de la Châsse, et à la famille de Farcy, seigneurs de Paisnel, qui les conservent jusqu'en 1820 ;

Paimont : les forges en 1804

Forges de Paimpont en 1804

Les forges de Paimpont (Bretagne).

on signale au XVIIIème siècle, une source minérale aux Forges de Paimpont ;

le Pont du Secret. Ce pont est le théâtre du combat de Beignon le 3 mai 1794. Le roman de la Table Ronde y place le lieu où la reine Genièvre avoua son amour à Lancelot du Lac ;

le village du Canée, situé route de Beignon. On y travaillait le fil et la toile au XVIIIème siècle ;

le chêne à Dom Iaume, situé route de Campénéac, près du village des Rues d'Anet et sur la "Lande du Chêne à Dom Guillaume" ;

l'ancien manoir de Beauvais, situé route de Campénéac. Il avait jadis un droit de haute justice. Sa chapelle, autrefois frairienne, a été restaurée : elle est surmontée d'un petit campanile en pierre. L'ancienne chapelle Saint-Mathurin de Beauvais est encore desservie à la fin du XIXème siècle par les prêtres de la paroisse. Des travaux d'agrandissement et de restauration, ont eu lieu au mois de juin 1886. Propriété successive des familles de la Trémoille (avant 1630), Poluche sieurs de la Motte (en 1630), le Douarain (avant 1679), de Farcy (vers 1679) ;

la fontaine Saint-Roch, située route de Campénéac ;

l'ancien manoir de Beauregard. Propriété successive des familles Poluche (avant 1631), le Douarain (vers 1631), de Farcy (vers 1679) ;

Le Val sans Retour ou Val Périlleux ou Val des Faux-Amants ou Vallée de Gurwan ou vallée de Ranco, nom donné au vallon situé route de Campénéac ;

Manoir et château de la forêt de Paimpont (Bretagne).

 

Manoir et château de la forêt de Paimpont (Bretagne).

 

Manoir et château de la forêt de Paimpont (Bretagne).

 

Manoir et château de la forêt de Paimpont (Bretagne).

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ANCIENNE NOBLESSE de PAIMPONT

Il y a bien des choses intéressantes à écrire sur la châtellenie de Brécilien, composée de la forêt de ce nom, dans la vaste paroisse de Paimpont. Il paraît certain que la baronnie de Gaël comprenait dans le principe celle de Montfort et la forêt de Brécilien tout d'un seul tenant (A. de la Borderie, Essai sur la géographie féodale de la Bretagne, 119). De bonne heure néanmoins cette vaste baronnie fut démembrée : Montfort et Montauban en sortirent, et Brécilien fut elle-même divisée entre les seigneurs de Lohéac et ceux de Montfort. Nous voyons, en effet, en 1257 Guillaume, sire de Lohéac, donner à l'abbaye Saint-Jacques de Montfort le droit « d'usage en sa forêt de Brécilien, tant à chauffage qu'à merrain » (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 626). Les barons de Lohéac, successeurs de ce seigneur, continuèrent de posséder cette portion de Brécilien, et certains usagers de la forêt étaient même tenus, lorsqu'ils en étaient requis par les officiers de la seigneurie, « de porter lettres et messaiges jusques à Lohéac » moyennant une rétribution de quatre deniers. Au reste, une partie de la forêt de Brécilien a de tout temps porté et porte encore le nom de forêt de Lohéac. Hermine de Lohéac, dernière représentante de la branche aînée de sa maison, s'unit à Eudon, sire de la Roche-Bernard, et en eut un fils, Péan, qui prit le nom et les armes des Lohéac et devint baron de Lohéac et seigneur de Brécilien. Sa petite-fille, Isabeau de Lohéac, en épousant en 1353 Raoul, sire de Montfort, lui apporta la terre de Brécilien. Or, les seigneurs de Montfort étaient depuis longtemps déjà possesseurs de l'autre partie de la forêt de Brécilien ; la preuve en est qu'en 1288 ce fut Raoul, sire de Montfort, qui accorda aux paroissiens de Concoret les droits d'usage en sa forêt de Brécilien. Par suite du mariage de Raoul de Montfort avec Isabeau de Lohéac, tout Brécilien se trouva en mêmes mains et ne forma plus qu'une seule châtellenie. A partir de cette époque, les seigneurs de Montfort, puis leurs successeurs, les comtes de Laval, possédèrent Brécilien. Nous avons des aveux de cette seigneurie rendus en 1502 par Guy XVI et en 1541 par Guy XVII, l'un et l'autre comtes de Laval et sires de Montfort. Mais au XVIIème siècle, leur héritier Henri, duc de la Trémoille et seigneur de Montfort, aliéna la forêt de Brécilien en la démembrant d'une façon déplorable : il vendit en 1629 à François d'Andigné, seigneur de la Châsse, 54 journaux de terre et les fiefs du Perray, et à Benjamin de Laage 140 journaux et les fiefs de Follepensée ; — en 1630, à Jacques Poluche, sieur de la Motte, les maison et terre de Beauvais, l'étang et le moulin de Chastenay, les fiefs de Chastenay, etc. , et à Jacques Saulnier, sieur de la Villaubry, les fiefs de Coganne, Thélouët et le Canet, 84 journaux de terre et les deux étangs du Marais et des Prés de la Ruice ; — en 1631, à François d'Avaugour, seigneur de la Lohière, le Pas-aux-Chèvres et les fiefs de Trudo, Tréal, etc., et à Mathurin de Rosmadec, baron de Gaël, 200 journaux près son château de Comper et les fiefs de Gaillarde ; — en 1632, à Guillaume Rabinard, l'étang et les deux moulins de Carray, le bois des Relaissés et les fiefs de. Saint-Péran. Enfin, par contrat du 19 mai 1653, le même duc de la Trémoille vendit à Jean-Baptiste d'Andigné, seigneur de la Châsse, et à Jacques de Farcy, seigneur de Paisnel, moyennant 225 000 livres, les forges de Brécilien et tout ce qu'il lui restait de la forêt et de la châtellenie de ce nom, à charge toutefois de tenir toute cette terre et tous ses fiefs du comté de Montfort, à devoir de foi et hommage, sans rente ni rachat (Abbé Oresve, Histoire de Montfort, 211 et suivant). Par suite de ce démembrement de la châtellenie, formant à l'origine une imposante haute justice, plusieurs juridictions, qualifiées également de hautes justices, furent créées par les nouveaux propriétaires, et s'exercèrent jusqu'au moment de la Révolution. En 1767 on en comptait huit, qui toutes fonctionnaient au Gué de Plélan : Brécilien, maîtrise des Eaux et Forêts, et Brécilien par Coganne, à MM. de Farcy de Cuillé et d'Andigné de la Châsse, propriétaires des forges, — Brécilien par Thélouët, à M. du Bouexic de Campel, — Brécilien par Beauvais, à M. de Farcy de Saint-Laurent, — Brécilien par le Canet, à M. de Becdelièvre, — Brécilien par Gaillarde, à M. de Montigny, baron de Gaël, — Brécilien par Follepensée, à du Breil de Raiz, — et Brécilien par Saint-Péran, aux chanoines réguliers de l'abbaye de Paimpont (Archives d'Ille-et-Vilaine). On écrirait facilement un volume sur cette célèbre forêt de Brécilien, la Brocéliande du moyen-âge, qui formait de toute antiquité la châtellenie de Brécilien. En 1467 le comte de Laval « pour obvier à plusieurs abus qui se faisoient », fit rédiger sur parchemin en son château de Comper « les usements et coustumes de la forest de Brécilien et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée ». De ce précieux manuscrit, en partie publié par M. de Courson, extrayons ce qui suit : « De ceulx qui ont usaige et droict de prandre et user de boais en ladicte forest », ce sont l'évêque de Saint-Malo, l'abbé de Montfort, l'abbé de Paimpont, les prieurs de Saint-Péran, de Guillermont, de Saint-Barthélemy-des-Bois, de Saint-Lazare, de Saint-Jean et de Saint-Nicolas de Montfort, la prieure de Thélouët, les seigneurs du Bois-de-Bintin, de la Roche-Trémelin, des Brieux, de Ranlou et de Francmont. Il est ensuite fait mention des « communiers » des fiefs du Thélin et de Castonnet, et des « usagiers » de Concoret, qui avaient tous également certains droits d'usage dans la forêt de Brécilien. Les usagers de Concoret étaient tenus de se rendre en procession avec croix et bannière de leur église paroissiale à celle de l'abbaye de Paimpont le lundi de la Pentecôte, pour prendre part au grand pèlerinage qui se faisait ce jour-là en l'honneur de Notre-Dame de Paimpont. Ils avaient tous des hallebardes, fusils ou bâtons garnis de laurier, de fleurs et de rubans. « Comment toutes personnes qui veullent avoir leurs bestes en pasnaige et herbaige en ladicte forest les doibvent escripre deux foiz l'an aux officiers de la forest, scavoir vendeur, conterolle, recepveur ou l'un d'eulx et s'en lèvent les deniers à deux termes de l'an, scavoir à la my-caresme et Sainct-Jehan Decollaisce... et doibt chacune beste soit cheval, jument, beuff ou vache 3 sous par an, etc... ». Vient après cela le chapitre traitant de la punition. à infliger aux « mal usans en ladicte forest, ce qui se fait de quatre manières : « On peut deffandre la forest à aucun malfecteur et l'en forbannir, — ung homme peut estre prins à renczon en ladicte forest, — on peut user de confiscations en ladicte forest, — on peut mettre les malfecteurs ès amendes ». Mais la plus curieuse partie des usements est ce qui suit : « De la décoration de ladicte forest de Brécélien et des mervoilles estans en icelle : Ladicte forest est de grant et spacieuse estandue, appelée mère-forest, contenant sept lieues de long et de lèse deux et plus, habitée d'abbayes, prieurez de religieux et dames en grant numbre, ainsi qu'est déclaré cy devant au chapitre des usagiers, tous fondez des seigneuries de Montfort et de Lohéac qui leur ont donné les droits et privilèges dont devant est fait mention. Item, en ladicte forest y a quatre chasteaulx et mesons fortes (nota : l'aveu de 1541 nomme trois de ces châteaux. « En icelle forest y a forteresses à présent en ruisne tant par fait de guerre que caducité, l'un appelé le chasteau d'Isaugouët, et les autres les chasleaux de Boutavant et de la Courbe ». Le quatrième château devait être celui de Comper. Le seigneur de Brécilien possédait aussi dans sa forêt, en 1541, les métairies nobles de Beauvais et de Hucheloup), grant numbre de beaulx estangs et des plus belles chasses que on pourroit aultre part trouver. Item, en ladicte forest y a deux cens brieux de boays, chacun portant son nom différent de l'autre, et ainsi que on dit, autant de fontaines, chacune portant son nom. Item, entre aultres brieux de ladicte forest y a un breil nommé le Breil au Seigneur, auquel jamais n'habite ni ne peult habiter aucune beste venymeuse ni nulles mouches ; et quant on apporteroit audit breil aucune beste venymeuse tantost est morte et n'y peult avoir vie, et quant les bestes pasturantes en ladicte forest sont couvertes de mouches, si en mouchant elles peuvent recouvrer ledit breil, soudainement lesdites mouches se departent et vont hors d'icelui breil. Item, auprès dudit breil y a ung aultre breil nommé le Breil de Bellenton, et auprès d'iceluy y a une fontaine nommée la fontaine de Bellenton, auprès de quelle fontaine le bon chevalier Pontus fist ses armes, ainsi que on peult voir par le livre qui de ce fut composé. Item, joignant ladicte fontaine y a une grosse Pierre que on nomme le perron de Bellenton, et toutes les fois que le seigneur de Montfort vient à ladicte fontaine et de l'eau d'icelle arouse et mouille ledit perron, quelque chaleur temps assuré de pluye, quelque part que soit le vent et que chacun pourroit dire que le temps ne seroit aucunement disposé à pluye, tantost et en peu d'espace, aucunes fois plus tost que ledit seigneur n'aura pu recouvrer son chasteau de Comper, aultre fois plus tard, et que que soit ains que soit la fin d'iceluy jour, pleut au pays si abundamment que la terre et les biens estans en icelle en sont arousez et moulte leur proffitte ». La charte des usements se termine par « les droiz et privilèges des habitans d'icelle forest » qui, exempts de tout impôt, sont justiciables des seuls officiers de Brécilien, et, tous paroissiens de Paimpont, ne doivent à leur recteur que certains honoraires pour leurs « nopçailles et sépulture ». En revanche, aux fêtes de la Pentecôte à Paimpont, les étrangers « bouilleux et rôtisseurs » devaient au seigneur de Brécilien un devoir de bouteillage et de havage ; de plus, tous les poissonniers traversant la forêt étaient obligés de demander un sauf-conduit au château de Comper et d'y offrir leurs marchandises (Aveu de Brécilien en 1541). On voit par ce qui précède que la châtellenie de Brécilien n'était pas la moins intéressante des seigneuries de Haute-Bretagne. Maintenant encore, après sa disparition, on aime à parcourir les beaux vallons de sa forêt, appelée de nos jours forêt de Paimpont, et l'on y évoque volontiers tous les souvenirs historiques, archéologiques et romantiques qui peuplent toujours ses vastes solitudes (abbé Guillotin de Corson).

(à compléter)

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