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PRISE DE POSSESSION DU PALAIS DE RENNES PAR LE PARLEMENT DE BRETAGNE

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Depuis qu'aux termes des lettres patentes du roi Charles IX, données à Fontainebleau le 4ème jour de mars 1560, le Parlement de Bretagne est été définitivement et sans retour fixé dans la ville de Rennes, malgré les efforts en sens contraire de la ville de Nantes, la construction d'un palais de justice devint la préoccupation constante du corps municipal rennais. Arrêté dès 1564, comme le prouve une délibération du 4 octobre de cette année, suspendu longtemps par diverses causes, le projet de cet édifice ne put être sérieusement repris qu'en 1618. Le 15 septembre de cette année furent posés les fondements du Palais, dont le plan avait été tracé par le célèbre de Brosse, et à la décoration duquel concoururent Jouvenet, Coypel, Erard et Ferdinand.

En 1655, l'oeuvre était assez avancée pour que le Parlement de Bretagne pût quitter les vieilles salles des Cordeliers, son asile provisoire, et se transporter dans le nouvel édifice que Rennes lui avait élevé à grands frais. Car on a calculé que le total des dépenses, jusqu'à l'achèvement complet de ce monument, a coûté à la caisse municipale la somme énorme de 2.350.060 livres.

Le récit qu'on va lire est la version officielle, consignée dans les registres du greffe de la Communauté de Rennes, de la première et solennelle entrée du Parlement de Bretagne dans son Palais, sur l'invitation du Corps de Ville. Dans les formes naïves de cette narration renaît la physionomie de l'époque ; elle remplace, selon nous, avec avantage, dans son originalité, la description la plus pompeuse qui pourrait flatter davantage le goût du lecteur, mais qui serait bien loin de présenter le même intérêt. Laissons donc parler le digne greffier de la Maison Commune ; il va nous faire assister à la cérémonie dont il a été l'heureux témoin :

« Du lundy onziesme de janvier 1655. — Le Corps de ville se seroit assemblé en son hostel au sept heures du matin et seroit allé revestu de ses habits dhonneur avecq ses officiers ordinaires en l'ancien pallais, où estant le sr. pr. sindicq auroit faict ses compliments à la Cour et prié Messires du Parlement devoir agréable de quitter cette vieille maison empruntée pour aller se loger en leur Pallais neuf, ce que mesdicts sieurs tesmoignent agréer et avoir à coeur, incontinent ils seroient sortis en corps en robes rouges, et ledict Corps de ville ensuilte et seroient allés entendre la messe en leglise des Pères Cordeliers où ledict corps se seroit placé dans la nef sur des bancs destinés à cet effect ; et la messe dicte, lon seroit allé sur le perron du Pallais neuf pour y entendre et recepvoir Messires de la Cour qui incontinent après y seroient arrivés, marchant devant eux processionnellement avecq la croix les Religieux de st. François. Sur lequel perron, y estant la Cour, comme dict est, attendue par le Corps de ville, elle y auroit esté receue et complimentée par le sr. pr. sindicq aux termes qui suivent :

Y ayant, Messieurs, un siècle tout entier et plus que la ville de Rennes a ce bonheur de conserver cherement dans lenceinte de ses murailles une des plus souveraines et augustes Compaignies du Roiaume, qui est celle du Parlement de Bretagne, le plus digne ornement de cette capitalle, quoyque touttes ces longues années semblassent nous debvoir mettre à couvert de lenvie et de la jalousie de nos voisins, nous avons nonobstant dans la vicissitude des temps essuyé les attaques de nos plus proches qui se seroient mis en debvoir a diverses reprises de nous priver de ce bonheur, se faisant forts de nostre impuissance de ne pouvoir dignement loger chez nous le temple de la Justice, ny luy exiger des autels ; Mais comme la fortune aide tousiours aux nouveaux conquérants et que la nécessité se fait des armes de tout ce quelle rencontre, aussy trente six ans appres avoir jetté les premiers fondements de cet auguste et magnifique pallais, nous sommes enfin, Messieurs, grâces à Dieu, heureusement venus à bout de cette haulte entreprise dont nous nous pouvons venter quelle ne cede en rien en sa belle structure a tous les plus superbes bastiment du Roiaume. Vostre pallais, Messieurs, est desméhuy parfaict, il nen fault plus doubter, et en estat de vous y recepvoir, dans lequel par lordre expres de nostre communauté, nous vous prions de toute lestendue de nos affections d'y voulloir faire vostre premiere entrée, et vous aller placer, sans plus longue demeure, revestus de vostre pourpre esclatante marque de roiauté, sur vos siéges couverts de fleurs de lys pour y tenir vos grands jours et rendre vos oracles. Ce sont les prieres que vous font par ma bouche tous les peuples lesquels, vous donnant parmi nos rues milles benedictions, veullent que ce jour solennel, soubz vostre bon Plaisir, soit marqué sur vos registres pour lun de vos plus heureux. Vous leur donnerez, Messieurs, et à nous cette satisfaction sil vous plaist, et pour comble de nostre bonheur nous nous promettons que vous nous permettrez de nous vanter destre parfaictement unis daffections et de volontés avecq vous comme dun lien indissoluble semblable à ce noeud gordien qui ne peut avoir qu'un dieu pour Alexandre.

A quoy Monsieur le president de Marbœuf ayant reparty en peu de parolles toutes pleines d'affection envers la communauté de Rennes, Messieurs auroient faict leur entrée dans le pallais neuf par la salle des procureurs où, devant un autel préparé à cet effect, le Thedeum auroit esté chanté par les Pères Cordeliers ; et de là seroit on allé en la Grande Chambre de l'audience où tout le Corps de ville estoit present et placé sur des bancs dans le parquet.

A l'issue de laquelle audience ledict corps de ville se retirant avecq ses officiers ordinaires, seroit allé mettre le feu dans le buscher qui estoit dressé en la place du devant le Pallais, où les peuples assemblés sans nombre auroient tesmoigné leurs rejouissances par leurs cris de Vive le Roy ! Et ce faict le Corps de ville se seroit retiré en son hostel ; et y auroit esté arresté que les miseurs en charge dellivreroient à chacun de Messieurs de la Communauté qui estoient presents deux livres de bougyes, scavoir à MM. De la Chalotaye ; De la Hurlaye, connestable ; le procureur-sindic ; Des Bouchers ; De Beaumont Bougret ; Delahaye Legal ; Des Fosses Cormier ; Du Closdavy Ruellan ; De la Boulaie Penhouet ; Deshaiers ; Forestier ; Gardin ; Bureau ; Blohio ; Lesné ; Brillais ; Bourdon ; Landemorin Jamois ; Nivet ; Baranton. Signé : DUCREUX, greffier ; P. DE CARADEUC ; Georges GLEET ; François DOUART, scindicq de Rennes ». (P. D.-V.).

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