Retour page d'accueil       Retour Page "Ville de Paule"   

La chapelle de Lansalaun ou de Notre Dame du Folgoët en Paule, classée monument historique le 23 avril 1920, est un édifice très simple du début du XVIème siècle. Elle comporte une nef, flanquée au midi d'un bas-côté, et est couverte d'une charpente apparente. Son chevet plat est percé, dans l'axe de la nef, d'une grande fenêtre qui a conservé sa verrière primitive consacrée à la Vierge.

Celle-ci est d'une grande importance puisqu'elle porte en bas l'inscription suivante malheureusement incomplète.

" L'an mil V ctz XX VIII fut fait cette verrière N. recteur et N... fabriques lors de ceste chapelle ".

La fenêtre est divisée par trois meneaux en quatre lancettes dont les trois de droite renferment un arbre de Jessé tandis que celle de gauche contient trois panneaux, dont les sujets auraient dus être, logiquement, intercalés parmi ceux ornant les mouchettes du tympan.

Ceux-ci n'étant eux-mêmes pas représentés dans l'ordre naturel, nous les décrirons de haut en bas :

1° - La mouchette supérieure représente l'Assomption de la Vierge. Sur un fond rouge, la Vierge, en robe blanche et manteau bleu, est encadrée de quatre anges. Les deux du haut sont en robes blanches et ailes bleues ; celui du bas, à gauche, en robe violet pâle et ailes jaunes, le quatrième, en robe verte et ailes jaunes.

2° - La fuite en Egypte. Saint Joseph, en robe rouge, manteau et collet jaunes cache-nez bleu et chapeau violet, conduit l'âne portant la Vierge et l'Enfant. La Vierge est en robe rouge et manteau bleu. Le sol est une prairie verte, le fond rouge.

3° - La Circoncision. La Vierge est en manteau bleu et voile blanc. Le vieillard Siméon, en vert, soutient l'enfant près du grand prêtre en robe rouge. Au premier plan, saint Joseph, en manteau rouge à manches jaunes et collet violet, derrière lui la prophétesse Anne en bleu.

4° - Mariage de la Vierge. Celle-ci est en blanc avec un manteau bleu ; le grand prêtre en bleu et or, saint Joseph en robe verte et manteau violet ; enfin, le prétendant évincé, brisant sa baguette, en tunique verte et chausses jaunes.

5° - Massacre des Innocents. Au premier plan, un guerrier casqué et portant une cuirasse jaune sur un pourpoint brun-clair à manches rouges et des jambières jaunes, brandit une épée. Derrière lui, un second soldat, en cuirasse bleue et pourpoint jaune, fait le même geste. A droite, une mère à genoux, en robe blanche et manteau bleu, tient son enfant, une autre, en manteau vert à manches jaunes, se baisse.

6° - L'annonce à saint Joachim. Sur un fond rouge, l'ange, en robe blanche et ailes bleues, ordonne à saint Joachim de se rendre à la porte dorée. Le saint est en robe verte et manteau violet.

7° - La rencontre à la porte dorée. Devant la porte dorée, représentée par un édifice bleu sur fond rouge, saint Joachim, en robe verte et manteau violet à revers roses, s'approche de sainte Anne, vêtue d'une robe bleue et d'un manteau rose violacé.

8° - Naissance de la Vierge. Sainte Anne, en robe bleue, est couchée dans un lit à rideaux et couverture rouges. Une servante, en robe verte et la tête couverte d'une coiffe blanche, lui apporte un breuvage. Au premier plan, une autre, en coiffe blanche et robe bleue, tient l'enfant. Près du lit, saint Joachim, un bâton à la main, est en robe verte, manteau violet et calotte jaune.

9° - Présentation de la sainte Vierge au temple. Au premier plan, un bâton à la main, saint Joachim, en robe jaune et manteau rouge à col violet, et sainte Anne, en robe violacée et manteau vert, regardent avec étonnement la sainte Vierge. Le grand prêtre est en manteau rouge et coiffé d'une mitre d'or.

Passons maintenant aux trois panneaux de la lancette gauche, ce sont de bas en haut :

10° - L'Annonciation. L'ange Gabriel, en robe blanche et ailes vertes porte une tunique de damas or à ceinture rouge. La Vierge, à genoux, en robe rose violacée et manteau bleu, est sous un dais rouge rayé de blanc, illuminé par le Saint Esprit sous la forme d'une colombe rouge entourée de rayons d'argent. Dans l'angle droit de la scène, Dieu le Père, couronné d'or et en robe blanche, se détache sur fond bleu.

11° - La Nativité. Au centre, au premier plan, l'Enfant est posé sur une corbeille d'osier jaune. A gauche, la Vierge, à genoux sur le carrelage vert. Elle porte une robe rose violacée et un manteau bleu à ceinture jaune. A droite, également à genoux, saint Joseph en robe violette, manteau rouge à points blancs et col rose violacé.

12° - L'Adoration des rois mages. La Vierge, en robe rose et manteau bleu, est assise et tient l’Enfant ; derrière elle saint Joseph. Au premier plan à droite, à genoux devant l'Enfant, Gaspar, vêtu d'une robe rouge et blanche et d'une veste violette à col rouge. Son chapeau violet à couronne d'or est posé à terre près de lui. Le roi nègre, en chapeau rouge et blanc, porte une robe également rouge et blanche et un manteau vert. Enfin, le troisième roi est en chapeau vert et en robe bleue à col rose.

13° - L'Arbre de Jessé. Il occupe, ainsi que nous l'avons dit, les trois lancettes droites. Jessé, en robe de damas or et manteau rouge et blanc, est assis sur un siège d'or, les pieds appuyés sur un coussin bleu à glands d'or. Au-dessus de lui, un dais, dont le ciel violet à franges d'or est surmonté de boules d'or soutenues par des angelots, et dont les courtines blanches et rouges, doublées de violet, s'étendent, également soutenues par des angelots au-dessus d'Isaïe et de Jérémie. Ces angelots ont les ailes les uns roses, les autres vertes.

A droite, Isaïe, en robe rouge et blanche à broderies d'or ornées de lettres, manches vertes, capuchon violet brodé d'or, chapeau rouge à gland d'or, aumônière bleue et or, chausses bleues, souliers jaunes. Sur un long phylactère le verset connu. A gauche, Jérémie, en chapeau violet à cordelière verte, riche manteau rouge et blanc, dont le col violet est orné de lettres, et chausses jaunes.

Au-dessus de Jessé, Josias, en robe rouge et blanche, manteau d'or, chausses violettes et bas roses, chapeau violet à broderie d'or.

Au-dessus de lui, autre roi, en robe verte à col d'hermines et aumônière d'or, chausses violettes et bas verts, manteau rouge à pois blancs.

Surmontant ce dernier, la Vierge, tenant l'Enfant, est assise sur un trône d'or sous un dais rouge et blanc soutenu par deux angelots à ailes vertes. Elle porte une robe rose et un manteau bleu (vêtements refaits). Cette lancette est surmontée d'un écusson aux armes des Jourdain du Pélem.

Au-dessus d'Isaïe, un roi, en manteau rouge et blanc à manches violettes et ceinture d'or. Il porte des chausses violettes, des bas verts et des chaussures jaunes ; et est coiffé d'un bonnet rouge à rubans violets et verts.

Au-dessus, roi, en manteau violet à capuchon or et bas des manches rouges, chausses rouges à jarretières vertes, turban blanc et rouge. A côté de lui, un roi, coiffé d'un chapeau rouge, porte un manteau vert à fourrure dont le bas des manches est rouge, des chausses bleues et des chaussures violettes. Enfin, au haut de la lancette, un roi, en robe violette et manteau rose violacé à col vert moderne).

Dans la troisième lancette de l'arbre, au-dessus de Jérémie, un roi, en chapeau vert, robe rouge et blanche, manteau vert, chausses violettes et bottes rouges. Au-dessus, Achaz en turban violet, manteau rouge et blanc à manches vertes et violettes, chausses bleues, bottes violettes à revers roses. Le surmontant, David, reconnaissable à sa harpe. Coiffé d'un casque or, il porte une robe verte, un manteau violet à manches rouges et des souliers rouges. Au-dessus, roi, en robe violette à manches vertes, manteau rose violacé et chausses bleues.

Enfin, roi, en turban or, manteau rouge à manches vertes et chausses violettes. L'ensemble de l'arbre se détache sur fond bleu.

De carton tout néerlandais, comme le montrent les costumes, cette verrière, par son beau coloris et sa facture soignée, est certainement l'une des plus remarquables des Côtes-d'Armor. Malheureusement, il faut le reconnaître, la composition n'en est pas très heureuse. Les branches de l'arbre de Jessé ne possèdent pas la belle ordonnance qu'elles ont quelques années plus tard à Moncontour et à La Ferrière. D'autre part, l'artiste a été manifestement gêné par les quatre lancettes de la fenêtre ; et il s'en est tiré en mettant de petits panneaux dans la quatrième, au lieu de répartir l'arbre sur les quatre lancettes, comme il avait été fait par exemple à Roye (Somme). C'est le même procédé qu'employèrent d'ailleurs les maîtres verriers du Finistère, lorsqu'ils eurent à représenter la grande scène de la Crucifixion dans des verrières dont le nombre des lancettes dépassait trois, à la Roche-Maurice par exemple (Contribution à l'étude des anciennes verrières - Société d'Emulation des Côtes-d'Armor, 1935).