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LA PAROISSE DE PLELAUFF EN 1839. |
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En décembre 1839, M. l'abbé Mahéo rédigeait sur sa paroisse la notice suivante que nous reproduisons en grande partie. Mathurin Mahéo, né en 1798 à Saint-Caradec, fut recteur de Plélauff de novembre 1826 à sa mort survenue le 31 décembre 1860. La notice qu'il a rédigée est intéressante par la date à laquelle elle a été composée. Ce ne sera, en effet, qu'entre 1859 et juin 1860 que sera reconstruite l'église paroissiale : reconstruction dont M. Mahéo fut l'architecte et l'entrepreneur. Ce fut sa dernière œuvre : sa mort survint six mois après l'achèvement des travaux. Notice intéressante car elle concerne une paroisse du Vannetais rattachée au département des Côtes-du-Nord.
Etymologie du nom de la paroisse. — D'après la compulsion des anciens registres de la paroisse, il constate selon nous, que le nom actuel de Plélauff, qui en breton se nomme encore Pellan, a été substitué, soit exprès, soit par corruption en voulant franciser ce nom, à cette dénomination bretonne de Pellan, qui en langue celtique signifie plus loin, la plus éloignée. Ce changement de nom s'est opéré depuis 1660. Avant cette époque, on lit sur les registres, en toutes lettres paroisse de Pellan. A dater de la susdite année on a écrit Plouslauff, Ploelauf, Pleslauff, Pellauff, Pelloff, enfin depuis un demi siècle on s'est arrêté à Plélauff. D'après notre jugement particulier, nous serions porté à croire que le premier nom de Pellan qui s'est maintenu jusqu'à la date citée, serait le vrai nom de la paroisse ; et voici sur quoi fondé : cette paroisse faisant, avant le concordat de 1801, partie du diocèse de Vannes, et se trouvant sur l'extrême lisière de ce diocèse et partant des plus éloignées, on l'aura ainsi appelée Pellan, la plus éloignée.
Cette paroisse est sous l'invocation de Saint
Pierre. Recteur : Mathurin Marie Mahéo, prêtre de la paroisse de Saint-Caradec.
(Prêtre auxiliaire) : M. Joseph Rot, prêtre de Rostrenen, professeur au Petit
Séminaire de Plouguernevel.
Position topographique. — Cette paroisse est bornée
au Nord par Goarec, à l'Ouest par Plouguernvel et Mellionnec, au Sud par
Lescoët, à l'Est par Perret et Laniscat.
Population. — Sa population est de 1.400 à 1.500 âmes [Note : actuellement environ 800 habitants. — Dans une lettre du 22 novembre 1841 par laquelle il sollicite un vicaire, M. Mahéo écrit qu'il accepterait — au besoin — un vicaire qui ne saurait pas le breton « pourvu qu'il fut homme de bonne volonté... J'ai bien une centaine de personnes au moins à même de se confesser en français. Je sais d'ailleurs, par expérience, qu'avec de bonnes dispositions, il serait, au bout de six mois, même d'utiliser son saint ministère »].
Etendue. — Sa topographie représentant un V allongé lui donne assez d'étendue. Le bourg placé sur le bord du Doret à la pointe inférieure du V se trouve à une grande lieue et demie de chaque extrémité du V.
Production du sol. — Le sol qui est un fond sablonneux est, par sa nature, très productif, quoiqu'à l'apparence il paraisse être le contraire. Il est parsemé généralement d'une quantité prodigieuse de beaux granits gris et blancs. Il fournit beaucoup de seigle, d'avoine. Il est propre au froment, mais pas autant pour le blé noir : il est très bon pour le chanvre et les pommes de terre, mais fort peu pour le pacage des bestiaux.
Industrie des habitants. — L'industrie des habitants consiste dans le commerce des grains, des bestiaux, la filature et le tissage du chanvre dont ils font leurs principaux habits.
Costume. — Ils conservent toujours le costume et les usages vannetais. Le costume de Cornouailles commence pourtant à prendre un peu parmi les enfants.
Besoins. — Les femmes pauvres ne sachant pas tirer partie de l'industrie linière se livrent pour la plupart à la mendicité dans les premières années de leur mariage (...).
Valeur du bénéfice avant 1789. — Il pouvait valoir aux environs de 2.400 F. Cette paroisse n'avait pas d'annexes.
Epoque de son érection en succursale. — La paroisse de Plélauff a été érigée en succursale dépendante du canton du Goarec, sous l'invocation de Saint-Pierre, le 22 novembre 1803, par décret approuvé le 15 janvier 1804.
Noms des pasteurs
qui l'ont gouvernée avant la Révolution de 1790. — Vénérables et discrets
messires :
1611 : Salliou, recteur ; Xourmellon, curé (sic) ; Le
Bourhis, prêtre ; P.f. Rolland, prêtre ; Michat, prêtre ; Le Polotec, prêtre ; Henry
Kermellec, prêtre ; Le Barz, prêtre.
1636 : Hingant, recteur ; Le Maout,
curé.
1659 : Guillaume Guegan, recteur ; Mathurin Kerfanto, curé.
1673 : Yves Mavio, recteur ; (?) le Poullin, curé ; Le Baillif, prêtre ; Allain
le Du, prêtre ; Claude Denys, curé.
1698: Noble Claude de la
Haye Jan, recteur ; Allain le Trotter, curé.
1720 : noble Pierre Louis le
Métayer de Kerio, recteur.
1722 : Henri Erio (?) curé.
1729 : Pierre
François Rolland, curé.
1740 : Jean Hamon, curé.
1742 : noble Augustin le
Métayer de Kerio, recteur.
1760 : Georges Paissel, recteur.
1761 : Maurice
Le Braz, curé.
1765 : noble Charles Kervegan, recteur.
1767 : Le Bôt, curé.
1770 : Le Floc'h, recteur.
1771 : Chateslier, recteur.
1773 : Géran
Plénet, curé.
1776 : Le Goff, curé.
1779 : Louis Goujon, recteur.
1786 :
Pierre Marion, curé.
Depuis la Révolution. — M. Pierre Marion, prêtre de l'Isle-aux-Moines, diocèse de Vannes, y venu en qualité de vicaire en 1786, y passa les jours de la Terreur en digne et fidèle ministre de J.-C. et fut nommé desservant le 1er mai 1804, par Mgr Caffarelli. Il l'a gouvernée depuis cette époque jusqu'au jour de sa mort, 31 octobre 1815.
Notice sur M. Marion. — Traqué comme une bête fauve de grenier en grenier, il fut blessé par les bayonnettes et les sabres des colonnes mobiles de Rostrenen et de Pontivy dans le sondage des greniers où il se trouvait caché sans jamais pourtant devenir leur captif.
A M. Marion a succédé M. Mathurin Ollivier, prêtre de Saint-Martin-des-Prés, neveu de l'ancien grand vicaire de ce nom. Il fut nommé desservant le 11 septembre 1816 ; il l'a gouvernée depuis cette époque jusqu'au 1er janvier 1819, d'où il a été transféré à la succursale de Laniscat. A M. Ollivier a succédé M. Guillaume Le Gall, prêtre de Plouguiel, transféré de Paule à Plélauff le 1er avril 1820. Il l'a gouvernée jusqu'au 15 septembre 1826. A cette époque il a été transféré à la succursale de Saint-Conan. A M. Le Gall a succédé M. Mathurin Marie Mahéo, prêtre de Saint-Caradec nommé desservant le 16 novembre 1826.
Mémoire sur l'église. L'église, d'après ce qu'un a pu remarquer par les divers replâtrages y faits dans ces dernières années, a été allongée à trois diverses reprises, probablement au fur et à mesure de l'accroissement de la population. On ne trouve point de date de son érection primitive, mais de vieux ifs séculaires d'une énorme grosseur tombant de vétusté, font assez croire qu'elle remonte bien haut. Ce n'était d'abord qu'une nef, longue de 70 pieds sur 18 de large avec un chœur de 3 pieds devant l'autel ; lorsqu'en 1646, la trouvant trop petite pour la population, M. Hingant, recteur, jugea à propos d'y ajouter une aile, au midi, en forme d'une branche de croix et d'y superposer une tour en bois (les cloches jusqu'à cette époque furent sur des poteaux en dehors de l'église). Cette tour, y compris la propre hauteur de la chapelle qui lui sert de soubassement, peut avoir 90 pieds de hauteur. Des dons volontaires, fruit d'un appel fait aux paroissiens, fournirent les moyens de faire face à cette dépense. Cette nouvelle chapelle fut dédiée à la très Sainte Trinité.
M. Goujon, recteur, fit en l'année 1787, un vestibule au-dessus et devant la porte d'entrée du milieu de la longue façade du midi, formant un carré de 9 pieds. La muraille lézardée menace ruine. Il détacha aussi l'ossuaire qui attenait au corps de l'église, et lui fit une bâtisse particulière sur le coin du cimetière au sud-est de l'église. Ce travail est d'un mauvais goût.
Des salpétriers firent pendant la tourmente révolutionnaire de profondes excavations dans l'intérieur de l'église pour y trouver des matières nécessaires à leur prétendu métier. M. Marion y porta remède et refit le pavage au retour de la tranquillité.
Cette église de forme irrégulière, sombre et écrasée par son peu d'élévation qui en faisait une sorte de catacombe, dût rester telle jusque 1827 et (années) suivantes pendant lesquelles elle a reçu successivement quelques embellissements par les soins du recteur actuel (...). Il a fait faire en 1827 un chœur long de 18 pieds avec un rang de stalles de chaque côté et un autel à la romaine. On y fait facilement les offices solennels. Cette dépense fut aux environs de 900 F. peinture comprise.
Le nouveau chœur ayant empiété sur la nef, l'église devint trop petite : on fut donc obligé de songer à la croître (sic), et, par là, de la régulariser. On se mit à l'œuvre avec la modique somme de 81 francs. On transporta les débris de la chapelle de Saint Paul, du village de Rosquériec. Enfin, on vint à bout de terminer le travail dont les dépenses furent aux environs de 3.000 francs sans faire ni quête ni dette. Les dons volontaires et les oblations à l'église firent les frais. Il demeura, même, après tout payé, une pièce de six livres et quelques sols. (...) Cette chapelle qui est parallèle et de même grandeur que celle susmentionnée, est boisée selon l'ordre dorique et a un autel d'assez bon goût. Elle est dédiée à N.-D. du Rosaire [Note : En marge, il est spécifié : « Confection de l'aile gauche, dite N.-D. du Rosaire —1828 »].
Fonts baptismaux bâtis en 1831. — Les anciens fonts se trouvant placés à peu près au bas de l'église environnés d'une balustrade massive en forme de baraque qui obstruait une grande partie de la nef, on jugea à propos de faire de nouveaux fonts. Pour cela on fit une large trouée dans le mur de la longère nord, vis-à-vis du vestibule précité : on creusa, au dehors, dans l'intérieur du cimetière et on y pratiqua une petite chapelle de forme octogone, joignant à l'église par une grande voûte, fermée par une porte en grillage. Dans le fond, tourné vers la porte d'entrée de l'église, est placé un petit autel dédié au Saint Précurseur. Ce petit autel est fort commode et fort solitaire pour la messe. Dans l'angle gauche, se trouve placée la piscine sacrée qui ne gêne point le coup d'œil pour la vue de l'autel.
Cette chapelle des fonts est boisée en grand selon les principes de l'architecture moderne et peinte en conséquence. Elle est par trop belle pour le corps de l'église. Cette bâtisse commencée avec 27 francs a coûté 1.600 francs. On y a fait face sans quête ni emprunt (...).
La chapelle latérale, façade du Midi, dite jusque 1836, chapelle de la Très Sainte Trinité, était une espèce d'arsenal, un méchant trou noir (...). L'auteur, encouragé par une famille recommandable de la paroisse (la famille Le Métayer de Kerdaniel) qui faisait de grandes avances et voulait résolument qu'on bâtit une chapelle en l'honneur de Ste Philomène, vierge et martyre, dont le nom et la puissance commençaient à poindre en France [Note : Suite à la découverte, en 1802, dans les catacombes du corps de Philomène et à la fixation par Grégoire XVI, de sa fête au 9 septembre, la dévotion à Ste Philomène se répandit au cours du XIXème siécle. Le Curé d'Ars contribua à cette dévotion], saisit avec empressement cette heureuse circonstance (...). Il fut entendu que sans multiplier les édifices religieux dans la paroisse, ce qui augmente les frais d'entretien et occasionne des déplacements pour les prêtres, il était convenable de porter secours à cette chapelle (…). On conclut pour la fête de Pâques 1836 les marchés nécessaires. (M. Mahéo poursuit en précisant que la translation des reliques se fit le dimanche 14 août 1836 et que le pape Grégoire XVI accorda par indult du 6 mars 1838 des indulgences aux pèlerins).
Besoins de l'église. — Elle est assez régulière maintenant. Elle aurait cependant besoin d'une prolongation d'une quinzaine de pieds dans son cul de lampe et d'une sacristie au midi du Chœur. La sacristie actuelle étant beaucoup trop petite. Le terrain le permet d'ailleurs [Note : M Couffon dans son Répertoire indique que la démolition de cette ancienne église commença le 6 juin 1859. La reconstruction fut terminée le 30 juin 1860 Le recteur, M. Mahéo fut à la fois l'architecte et l'entrepreneur de cette nouvelle église].
Des Autels. — Il y a quatre autels neufs dans l'intérieur de l'église, savoir : le maître-autel au milieu. Celui du Rosaire à gauche, celui de Ste Philomène à droite et celui de St Jean-Baptiste aux fonts.
Des statues. — Elles sont, à savoir : de St Pierre, St Fiacre, St Gildas, Ste Philomène, Ste Barbe, le Père Eternel, un Ecce Homo, N.-D. du Mont-Carmel et Ste Melaine.
Des tableaux. — Ils sont au nombre de quatre, savoir : un du Rosaire, deux de Ste Philomène et un représentant le baptême de Notre Seigneur par St Jean.
M. Mahéo fait ensuite l'inventaire de la sacristie, mentionne deux cloches fondues récemment et qui ne portent pas d'inscription, signale que le cimetière qui entoure l'église est trop petit et que l'ossuaire est assez vaste et construit dans un mauvais goût.
Chapelles détruites. — Il y en a quatre dont il ne reste plus que quelques ruines. Ce sont : celle de St Melaine, celle de St Hervé, une de St Paul et une de St Yvi.
Notice sur la chapelle de St Melaine. — La chapelle de St Melaine, d'étroite dimension, était bâtie sur le versant nord d'un côteau, au bord d'un fort ruisseau, à la queue d'un étang du moulin dit de Rohan. Ce lieu est fort marécageux et offre peu d'avantage pour la reconstruction de ladite chapelle. M. Marion, recteur, éleva un petit pavillon, en forme de chapelle sur les ruines de l'ancienne, semblable aux huttes des douaniers sur les côtes. Malgré cela, la dévotion envers ce grand saint n'a pas discontinué. Une fontaine qu'on vient de réparer à neuf, située dans les environs de ces ruines est vidée, différentes fois le jour, pendant le printemps, par les nombreux pèlerins qui viennent implorer la protection du saint contre la fièvre. Il s'y rend du monde de 4, 6 et même 8 lieues à la ronde, et, ce, de temps immémorial.
La tradition de ce pays et des cantons environnants veut, de tout temps. que St Melaine soit né dans cette paroisse, dans un château dont il ne reste plus que les ruines environnées par des douves profondes [Note : Sur cette question voir notamment abbé de Garaby : Vies des bienheureux et des saints de Bretagne. St-Brieuc, Prud'homme, 1839, p. 290 — A. Oheix : St Melaine est-il né à Plélauff, 1908 (extrait de l'Association Bretonne — H.F. Buffet : En Bretagne Morbihannaise (1947), pp. 212-213 et note. — Il s'agit d'une fausse localisation]. Voici ce qui corrobore la tradition à cet égard : un bois taillis, situé tout auprès, se nomme bois de St Melaine ; bois du château. Un village à une toute petite distance, se nomme Kernabat, village de l'abbé. La légende ne contredit en rien notre croyance à cet égard. Elle dit qu'il était né sur le territoire de Vannes, in agro Venetensi, il ne faut pas oublier que cette paroisse faisait partie du territoire de Vannes jusqu'à la Révolution.
M. l'abbé de Garaby dans un ouvrage récent, dans sa vie des saints de Bretagne, dit formellement, après des autorités qu'il cite, que St Melaine est originaire de Plélauff.
Le recteur actuel se prépare à lui bâtir une nouvelle chapelle sur l'emplacement même du château où il a dû naître. Mgr de la Romagère l'y a autorisé par une ordonnance qu'il sollicita dès les premières années de son entrée dans la paroisse. Elle est datée du 14 novembre 1827. Il fait extraire et piquer des pierres en ce moment pour cette destination.
Notice sur St Yvi. — Il y a auprès des ruines de cette chapelle une fontaine qui porte le nom du saint. On y vient, de deux à trois lieues à la ronde, tremper des linges pour guérir les enfants de la colique.
Chapelles conservées. — Elles sont au nombre de deux : une dédiée à la Très Sainte Vierge, dite Notre Dame de la Croix ; l'autre dédiée à St Hervé et nommée quelquefois St Ahouarnou.
Mémoire sur N.-D. de la Croix. — Cette chapelle assez propre à l'extérieur, était pitoyable dans son intérieur avant 1833. A cette époque, l'auteur y a fait les embellissements dont nous aurons à parler (...). Cette chapelle, en grande dévotion dans la paroisse, consistait avant 1833 en une nef longue de 44 pieds et large de 17 pieds, mal éclairée, le pignon de l'est prêt à tomber et n'ayant point de chœur. Tout, ce qu'elle avait de mieux était sa façade du midi en granit et son clocher avec une jolie petite flèche.
Cette chapelle étant trop petite pour la population, l'auteur jugea à propos de l'agrandir en l'allongeant de 21 pieds dont il a fait un chœur élevé à 3 pieds au-dessus du pavé de la nef, qui se présente fort bien. Il a fait faire quatre fenêtres neuves et élargir les deux anciennes toutes bien coordonnées. Un bel autel à la Romaine, bien marbré, donne un air d'élégance à cette chapelle qui se trouve en belle position à une toute petite distance du bourg. Le montant de la dépense a été de 54.000 francs : l'auteur n'a pas été aussi heureux en cette rencontre que dans ses entreprises précédentes. Il a été obligé de faire un emprunt de 1.500 francs. Il avait commencé avec 511 francs [Note : Chapelle inscrite le 15 juin 1925 à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Récemment, elle a été restaurée. Le jubé a été replacé à sa place primitive].
Clocher de N.-D. de la Croix. — Ce clocher existait avant la Révolution tel que nous le voyons aujourd'hui. M. Marion voyant qu'il menaçait ruine, le fit descendre pierre à pierre en 1808, et le fit reconstruire avec les mêmes pierres et dans la même forme, sans y mettre aucune date. Les contemporains nous ont donné ces détails. Il peut avoir une centaine de pieds de hauteur. Un ouragan avait renversé sa croix de fer et une partie de la flèche en février 1834. Elle a été réparée.
Nous n'avons pu malgré nos recherches trouver ce qui peut nous faire connaître l'âge de cette chapelle. Les seuils des portes usés par le frottement des pieds, les sybilles et autres déesses du paganisme peintes sur le revers d'une tribune qui se trouve au bas de la chapelle en forme de jubé, des ifs desséchés qui l'avoisinent nous portent à croire qu'elle date de fort loin.
M. Mahéo poursuit en soulignant que cette chapelle n'eut pas à souffrir de la Révolution. Ses vitraux gothiques ne furent pas brisés. « Elle fut une des premières (chapelles) du pays qui fut ouverte au culte. Aussi l'habitant de Plélauff l'invoque-t-il par dessus tout dans ses besoins. Il ne manque jamais de lui apporter les prémices de sa récolte et de ses troupeaux ; et c'est encore à elle qu'il offre la plus belle pièce de l'humble habit d'un père, d'une mère, d'une épouse qui ne sont plus ».
Mémoire sur la chapelle de St Hervé dite aussi St Ahouarnou. — Cette chapelle bâtie dans le goût moderne, avec un cul de lampe en octogone, toute en pierres de granit, sur le versant d'un terrain gravement accidenté, se trouve enfoncée et comme ensevelie dans la terre du côté du grand village de Guendol, près duquel elle est située. Elle a dû être jolie autrefois ; aujourd'hui elle ne l'est guère. Une sacristie dont on ne voit plus que la porte qui communique avec le corps de la chapelle, a disparue. Le pignon au-dessus de la grande porte est horriblement penché et menace ruine. La toiture demande à être relevée à neuf. Elle est, on peut bien dire, sans lambris. L'auteur y a pourtant fait quelques réparations des plus urgentes. Le petit clocher, placé sur le milieu du faîtage, menaçant de tout entraîner dans sa chute, a été consolidé. Une cloche du poids de 200 L. y a été placée. On a remplacé l'autel en pierre par un autel neuf en bois ; des vitraux neufs, avec grillages en dehors pour les garantir, permettent maintenant d'y dire la messe en toute saison. Les portes, une espèce de jubé qui se trouve au bas, ont (été) réconfortés. — Nous n'avons pu trouver aucune date de sa construction (...).
Deux terrains, l'un inculte, à l'entour de la dite chapelle, et l'autre labourable au nord du premier, le tout contenant environ quatre-vingt-quatre ares de terre, estimés avec la chapelle, à dix francs de revenu annuel, furent conformément à l'art. 105 de la loi du 5 ventose an 12, mis en vente à la préfecture de Saint-Brieuc le 27 avril 1808. La première mise à prix fut de 120 francs. Guillaume Le Quinio, alors comme aujourd'hui, maire de la commune se porta comme acquéreur avec intention d'en faire cession à la fabrique. Il demeura adjudicataire et acquéreur moyennant la somme de 125 francs, selon acte signé par Boullé, préfet et Guillaume Le Quinio, cultivateur, le 27 avril 1808.
Guillaume Le Quinio, acquéreur de la chapelle de Saint-Hervé et dépendances, en a par acte du 27 septembre 1808, fait donation de la susdite chapelle et dépendances à la fabrique de Plélauff, laquelle a été autorisée à l'acceptation par un décret de Napoléon en date du 19 mai 1815.
Calvaires. — Ils sont au nombre de 8, savoir : quatre en granit, dont un situé au village de Kernivinen est remarquable par ses ciselures et les trois autres fort ordinaires (la Révolution ne leur a fait aucun mal). Quatre autres en bois sont postérieurs à la Révolution. Un de ces derniers, érigé en 1838 auprès du presbytère est remarquable par sa position au milieu de quatre beaux marronniers et le talus qui l'environne. (...)
Dans les pages qui suivent M. Mahéo note : Ce qu'il y a à remarquer, c'est la position du presbytère [Note : On m'indique que sur la porte d'entrée du vieux presbytère figurait l'inscription « Fait par KUEGAN. recteur » — on sait par ailleurs que les plantations anciennes de buis, comme aussi les toponymes Boissière, Beuzit sont souvent l'indice d'établissements gallo-romains] qui apparaît de loin au milieu d'une forêt de huis gros et grands comme des arbres. Ce huis fait l'admiration des voyageurs. Il est au dire des marchands qui font ce commerce le plus beau de France. On en a refusé 1.400 francs. Le presbytère n'ayant guère d'autre abri, il serait selon nous imprudent de s'en défaire (...)
Châteaux. — Il a existé deux châteaux dans la paroisse : celui de St Melaine dont nous avons parlé plus haut et celui de Crénan. Les pierres de celui-ci ont été en partie employées à la construction du Petit Séminaire de Plouguernevel, en 1784 ; une autre partie a servi à bâtir les maisons du bourg, enfin les fondements ont servi en 1828 a la confection de la chapelle du Rosaire de l'église paroissiale. On n'a aucune donnée sur ce château ; on sait seulement qu'il avait une tour crénelée.
Gentilhommières. — Elles sont au nombre de quatre, savoir : celle dite de la Chasse ; de Quilivan ; de la Ville Neuve et du Roscoët. Ces maisons n'offrent rien de remarquable. Ce qu'il y a de mieux est la Ville Neuve tenue et habitée par Mme Vve Le Métayer de Kerdaniel. La position de cette dernière au confluent du Doret et du Blavet est charmante.
Bonnet-Rouge. — Le Bonnet-Rouge est une enceinte de murailles située sur une pointe qui s'avance à pic au-dessus du canal du Blavet, à une hauteur de 90 à 100 mètres, et présente la forme d'un promontoire d'une surface ronde, environné d'un large mur, garni de précipices de tous côtés, moins une partie du Midi qui encore offre un accès fort difficile. Il est rempli aujourd'hui de bois taillis en chênes. Un if verdâtre qui se trouve comme un pivot au milieu de cette enceinte, étend ses branches et a l'air d'y régner en maître. Il y a plusieurs traditions sur ce lieu ; voici les plus vraisemblables et les plus accréditées :
1° : Les uns prétendent que ç'a été un château fort du trop fameux comte Conomor, époux et meurtrier de Ste Tréphine, qui y tenait garnison et de là répandait la terreur dans le pays.
2° : Les autres, que ce pouvait être tout bonnement un haut lieu où l'on allumait des feux au soleil levant.
3° : Les autres enfin, que c'était une maison ou temple de druides. Ce qui autorise cette dernière tradition, c'est que ce lieu se trouve sur une pointe de terrain tourné vers le soleil levant, et qu'à l'ouest, à l'extrémité d'un bois, dit le bois de Goarec à une bonne portée de fusil du Bonnet-Rouge, se trouve un cromlec'h assez bien conservé.
Cromlec'h du Bois de Goarec. — Ce cromlec'h a une dizaine de mètres de longueur, sur un de largeur et autant de hauteur. Découvert dans son milieu, il a les deux extrémités recouvertes de deux énormes dolmens dont le plus grand a environ trois mètres de longueur sur un de largeur ; l'autre présente un bloc d'un énorme carré.
Auprès du cromlec'h précité, se trouvent encore deux tumulus et diverses ruines amoncelées. Les tumulus sont tournés vers le Sud, tandis que les dolmens le sont vers l'Est. Le cromlec'h est creusé du Nord au Sud et environné de palissades.
On trouve encore dans le même bois diverses pierres de forme irrégulière et horizontalement placées (...) [Note : Ce cromlec'h semble bien une allée couverte. — Sur les monuments anciens de Plélauff, on consultera le Répertoire Archéologique de Gaultier du Mottay paru dans les Mémoires de la Sté Archéologique des C.-du-N. Nouvelle série, Tome 1er — de la Chénelière : Inventaire des Monuments Mégalitiques dans Société d'Emulation des Côtes-du-Nord tome 17 (année 1880) p. 123 — J.N. Eveillard : La Voie romaine de Rennes à Carhaix. Brest, 1975. pp. 86 et 117 (au sujet d'une mine ancienne de plomb) — P.R. Giot, J. L'Helgouac'h, J.L. Monnier : Préhistoire (tome I) et Protohistoire de la Bretagne (tome II). Rennes, Ouest-France (1979). Tome I, pp. 296, 298, 302, 320 : Tome II, p. 49 et 371. En outre des ouvrages que nous avons indiqués en tête et dans les notes de cette communication].
M. Mahéo termine cette
notice par la biographie de Noël-Pasco, originaire de Plélauff, principal du
collège de Vannes et grand vicaire général honoraire décédé en 1822.
Plélauff
le 7 décembre 1839.
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