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PLEUDIHEN : l'affaire de la Cour-Porée |
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La grande Affaire de la Cour-Porée et la Démolition du Château de Coetquen, en 1794.
Cette affaire de la Cour-Porée préoccupa les autorités révolutionnaires toute la fin de 1794 et les amena à ordonner de multiples arrestations. Nous la relatons, toujours d’après les registres de la mairie de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) et du Directoire du district de Dinan, relatifs à la Révolution, complétés par quelques détails de l’ouvrage de M. Dubreuil, Le Régime révolutionnaire dans le district de Dinan.
Le 13 fructidor 1794, le Directoire du district de Dinan déféra au conventionnel en mission à Port-Malo les lettres trouvées le 11 sur le commissionnaire manchot et boiteux, Joseph Jan, d'Illifaut, et contenant les noms d'Alourbon, de Gileau, avec celui de la citoyenne Guitton, de la Cour-Porée. Une des lettres portait intercalés des mots non apparents, tracés avec une liqueur blanche, mais rendus visibles par l’approche de charbons ardents.
Le 14 fructidor, sur l’ordre du conventionnel Lyons, de passage à Dinan, ordre confirmé le lendemain par son collègue malouin Tréhouart, Hédal, de Dinan, va arrêter les suspects à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), chez le fermier de Gileau, chez la veuve Gallet, Charles Alourbon et la veuve Guitton.
Le 16, comme Hédal croit avoir trouvé les preuves écrites d’une horrible conspiration à la Cour-Porée, repaire de contre-révolutionnaires, dont deux ont réussi à lui échapper ; il demande à Dinan et obtient un renfort dirigé par l’ex-professeur du collège, Dubos.
Le Directoire du district se déclare en permanence, fait conduire à Dinan et interner à la Victoire Olive Guitton, René Lardou de (S.) Hélen et tenir au secret la femme Ansquer, veuve Guitton.
Les trente-cinq pièces écrites trouvées dans les habits des fugitifs et chez la susdite Veuve Guitton semblent accuser une recrudescence de chouannerie. Il en ressort que les chouans se croient assurés des communes avoisinant Port-Nieux en Plévenon.
Ces mots d’une lettre saisie « traiter avec activité et profusion l’affaire de Dinan » paraissent indiquer une action tentée auprès des prisonniers anglais du chef-lieu du district. Dans une autre lettre, il est question d’un nommé Flaud, à faire venir de Saint-Maden.
Aussi Hédal et Dubos, avec Aubry, commandant du détachement de la Cour-Porée, sont-ils envoyés jusqu’à Paris instruire de l’affaire le Comité de Salut public.
Le 17 fructidor, vu le rapport favorable la concernant, le Directoire du district fait élargir la femme Gallet, de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance).
Cependant on envoie de Dinan deux commissaires à (S.) Hélen, deux autres près de Plerguer. On décide la réunion du conseil du district ou d’arrondissement et la réparation, sous la direction du général Chabot, des murs de Dinan, avec les pierres amoncelées de l’église des Jacobins.
Le 18, le
conseil du district ordonne d’arrêter et de conduire à Dinan tous les
ex-nobles des deux sexes avec leurs domestiques, et cela dans le court délai de
six heures, à la diligence des municipalités, à peine de mort pour les
contrevenants.
Effrayé peut-être de sa responsabilité, l’agent municipal de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), Péan, qui quitte du reste la commune, envoie sa démission au Directoire du district, qui invite la municipalité à présenter son remplaçant.
Le Dinannais Murciani est chargé de saisir et d’amener à Dinan Pierre Pellouas, François et Jean Olivier, de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) ; les trois Leport, de Saint-Suliac, avec Olive Busnel, leur belle-soeur.
Le 19 fructidor, deux commissaires envoyés de Dinan arrêtent à Mordreuc le suspect Perrineau.
Y compris Joseph Jan, le prêtre Pierre Restif saisi à Saint-Malo et autres habitants d'Illifaut, on eut bientôt 55 personnes détenues à Dinan, du chef de la prétendue conspiration.
Le 20, le Directoire du district fait loger ailleurs les enfants de la femme Guitton, hébergés d’abord chez Plessix, et enjoint à la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) de leur prendre des effets à la maison maternelle, en y levant au besoin les scellés.
Pluet, maire de Saint-Samson, ayant donné avis à Dinan que les Ferron, filles du propriétaire de la Villegiquel, refusent de quitter la Mettrie, sous prétexte qu’elles ne peuvent mettre leurs appartements sous clef, on envoie un serrurier aviser. Deux jours après, sur la demande formulée par Anne Ferron, détenue en ville, on envoie mettre en liberté le chien de la Mettrie.
A Dinan, Guérin, juge de paix, et Sabot montent dans la tour de l'Horloge pour inspecter l’horizon. Un incendie, qu’on soupçonne être un signal concerté par les aristocrates, éclate au faubourg (S.) Malo. Trois hommes armés de fusils y perquisitionnent. On veille toute la nuit.
Le 21 fructidor, de la tour de l'Horloge, Sabot aurait aperçu des feux artificiels du côté de Coetquen et du Chêne-Ferron.
Cependant on élargit Marot, Robert et Fontaine, de la Cour-Porée. En revanche, on incarcère à Dinan Philippe Lemeur, de (S.) Hélen, dit Kernéven, qui se défend d’être noble, mais qui a insulté le maire de la commune.
Le 23, le Directoire du district de Dinan fait relâcher le domestique de Leroux, François Delarue, Brugalet, Souquet, les deux Dogan, Louise Conen veuve Souquet, Disser et les trois Leport. Au contraire, Alourbon de Gileau est mis au secret au château de Dinan.
Le 24 fructidor, Beaugrand, ingénieur de l’arrondissement est chargé de raser « de jour à autre » le château fort de Coetquen et d’en combler les douves, vu que le château, situé dans la forêt du même nom, assez près de la Cour-Porée, peut servir de refuge aux chouans. Cet ordre est renouvelé deux fois, notamment le 29 fructidor.
Le 1er vendémiaire, Pourcel est chargé d’en assurer l’exécution, comme commissaire du Directoire du district, qui, le 15 vendémiaire, décide que la susdite démolition sera mise en adjudication.
On met en liberté à Dinan Le Meur, de (S.) Hélen, que la municipalité a obligé à tort, comme noble, à se rendre dans cette ville avec ses domestiques et qui, lui, accuse le maire et le curé intrus de dilapider les fonds nationaux.
Le 26 fructidor, l’agent national de Dinan se plaint que les nobles réunis en ville se groupent et complotent, faute de surveillance.
Le 29, Souquet et son domestique Marot, ayant insulté Miriel, officier municipal de (S.) Hélen et le poste de la Cour-Porée, sont dénoncés et devront être amenés à la prison de Dinan. Ils sont relâchés le 9 vendémiaire suivant, sur requête du père du premier, et autorisés à aller récolter le blé-noir.
Le second jour sans-culotide, ou après le 30 fructidor, le Directoire du district décide d’aller à l’hôtel du Commerce saluer les députés Legris et Bourel, dont l’arrivée à Dinan est annoncée. Il les voit le lendemain, après Hédal et Aubry, qui sont allés les chercher à Paris.
Le 7 vendémiaire, par arrêté pris à Dinan, ces deux conventionnels nomment agent national de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) l’ex-député à la Législative François Michel, retiré avec son frère aîné Jacques dans cette commune, et présenté le premier vendémiaire par la municipalité.
Mais le 8, devant les proportions que prend l’affaire de la Cour-Porée, ils décident de surseoir au sujet de la pétition des habitants de Saint-Hélen, déjà renvoyée au général Chabot par le Directoire, et tendant à obtenir qu’on achève de débarrasser les routes des arbres mis en travers lors de l’invasion des Vendéens en Bretagne, au mois de novembre précédent.
Le 12 vendémiaire, le Directoire du district autorise le commandant de la garde nationale de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) à supprimer le poste établi à la Cour-Porée, après avoir invité la municipalité de (S.) Hélen à nommer un gardien pour la retenue de la veuve Guitton, dont on fait ensemencer les terres, le 25, par le fermier.
Dans l’occurrence, la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) avait fait arrêter dans la commune et conduire à Dinan les ci-devant nobles : Françoise Abilan, née roturière, mais veuve de François Leroy, ex-noble ; Rose Leroy, sa fille ; Marie, Olive et Anne Rougeul, la dernière épouse de Thomas Brébel, passeur à Livet ; enfin Madeleine de Garaby, épouse de l’écuyer Ginet.
Le 18 frimaire, le Directoire du district dénonce le gardien du château de Dinan, qui, permettant des sorties aux détenus, en a laissé échapper deux, inculpés dans l’affaire de la Cour-Porée.
Le 30, Pierre Arot demande l’élargissement d’une autre inculpée, Françoise Landais, veuve de son frère. Le Directoire du district, consulté, est d’avis de garder à Dinan, sous la surveillance des autorités, la veuve Arot, qui a ménagé une entrevue à la femme du concierge des prisonniers anglais avec Jeanne Perriniaux, domestique de Mme Guitton, chargée de leur remettre des assignats et des lettres, mais qui ne semble pas cependant avoir eu l’intention de corrompre les prisonniers, qui a déjà subi trois mois de prison et est obligée de pourvoir à sa subsistance et à celle de ses enfants en bas âge.
Enfin le 3 nivôse, les représentants Legris et Bourel, de retour à Dinan, font élargir vingt-quatre des personnes impliquées dans l’affaire de la Cour-Porée. Les dix-sept autres restent momentanément incarcérées, entre autres la veuve Guitton, la veuve Leport et Julienne Leport, Pierre Pellouas et François Juhel, comme plus fortement soupçonnés d'avoir aidé les Chouans à organiser à la Cour-Porée un centre d’embauchage.
Le 7 frimaire, le Dinannais Beslay avait reçu 216 livres pour ses vingt-sept jours d’enquête à l’occasion de la prétendue conspiration ci-dessus, qui amena les autorités révolutionnaires à faire en tout 25.000 à 30.000 livres de frais et dont le résultat le plus effectif fut la démolition de l’important château de Coetquen, construit, surtout fortifié en 1440.
(abbé Eugène Brébel).
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