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LES ANCIENS MANOIRS DEVENUS MAISONS DE FERME |
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§ 1. - LA SEIGNEURIE DE SAINT-PIAT ET LE B. HUBERT DE LA MASSUE.
La seigneurie de Saint-Piat, maintenant en Lanvallay, appartenait jadis aux Hubert de la Massue. L'un d'eux fut compagnon d'arme de Duguesclin. Un autre auparavant s'était illustré dans le clergé : c'est le B. Hubert de la Massue, né vers 1130.
Moine cistercien, abbé de Fontaines-les-Blanches près de Laval, dont il avait été le premier prieur, il devint, en 1184, évêque de Rennes, et enfin chancelier de Bretagne.
En cette qualité, il participa à la rédaction de l'Assise du comte Geoffroy, décidant que les frères ne partageraient plus entre eux les baronnies et les châtellenies, mais que l'aîné aurait la seigneurie, à charge de pourvoir à la subsistance des cadets.
Hubert de la Massue dut présider les funérailles du comte Geoffroy, en 1186, foulé aux pieds des chevaux à Paris, dans le tournoi que Philippe-Auguste, roi de France, donnait en son honneur. Il le fit inhumer devant le maître-autel de l'église Notre-Dame.
L'éminent prélat fut encore chargé par la noblesse de négocier en Normandie, avec Richard Coeur-de-Lion, la liberté de la duchesse Constance, veuve de Geoffroy, que ledit roi d'Angleterre, son frère, retenait prisonnière. Il réussit dans cette démarche délicate.
Revenu à Rennes, il travailla à la reconstruction de sa cathédrale et mourut en 1198. Le calendrier de l'Ordre de Cîteaux le cite comme bienheureux à la date du 10 décembre.
Le 19 octobre 1701, Jacques de Beringhen acquit de Gabriel la Massue la seigneurie de Saint-Piat. D'après l'acte de vente, les seigneurs avaient le privilège de tenir la bride du cheval du roi de France quand il venait à Dinan, et de le conduire au château de la duchesse Anne. Le cheval leur appartenait ensuite. Le roi Henri IV avait confirmé ce privilège, octroyé par le duc de Bretagne.
La seigneurie de Saint-Piat avait droit d'enfeu aux Cordeliers de Dinan, devant l'image Sainte-Agathe ; droit de foire devant la chapelle de la localité ; droit de haute, moyenne et basse justice au même endroit et aussi à Dinan ; droit de saut des poissonniers dans la Rance, en amont de la ville, alternativement avec le roi ; enfin, droit de quintaine sur le champ de Dinan, le lundi de Pâques.
La quintaine était une sorte de jeu, consistant à frapper avec une gaule, en courant, une lance, un javelot, un but quelconque fixé sur un poteau. Tous les hommes, ayant épousé ou banni dans l'année, étaient tenus de courir la quintaine... et ceux qui ne cassaient pas leur gaule à la troisième course étaient condamnés à l'amende.
C'est le duc de Duras qui détenait la seigneurie de Saint-Piat au moment de la Révolution. Nous avons vu le dernier sénéchal, Jean Coupard, devenir député à la Constituante et à la Convention.
§ 2. - LA SEIGNEURIE DE LA VILLE-GIQUEL.
Après Henri de Vaurouët, en 1360, dont le petit-fils Louis devint contrôleur et trésorier de la duchesse Anne, après Jeanne de la Feillée, en 1553, épouse de Jean de la Motte-Cramou, les possesseurs de la seigneurie de la Ville-Giquel furent, pendant cinq générations au moins, les Henry, savoir :
1° Gilles Henry, en 1596 ;
2° Jacques Henry, en 1618 ;
3° N. H. Guy Henry, sieur aussi de la Motte-Quengo en Brusvily et de la Touche-Québriac ou Porée. Il avait épousé Olive Rufier ;
4° Jean Henry, fils du précédent, époux de Gilette Trémaudan, dont la fille Henriette est appelée dame du Pas-de-Pierre et dont le fils Roch eut, en 1633, le titre de sieur de Coetquentel, titre porté en 1781 par Messire François de France, né de Guyonne de Gaudrion ;
5° Malo Henry, en 1629-1694, fils de Jean ci-dessus, qui semble avoir fait en faveur de l'église de Pleudihen (Pleudihen-la-Rance) la fondation reconnue par sa famille en 1752.
La Ville-Giquel passe ensuite aux de Gaudrion et Modeste de Gaudrion, née en 1716 de Michelle Dufresne, la transmet avec sa main à écuyer François Ferron, sieur de la Sigonnière en Saint-Juvat, originaire de Saint-Samson, dont le fils Malo fut, en 1750, inhumé dans l'enfeu de la Ville-Giquel, à l'église de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance). Le 14 mars précédent ledit de Ferron y avait réclamé, avec droit prohibitif, trois bancs et des pierres tombales, comme procureur de sa femme, et, en cette qualité, seigneur de la Ville-Giquel.
Le même de Ferron fut dénoncé, comme contre-révolutionnaire, pour propos tenus au Val-Hervelin en 1791. Comme ayant un fils émigré, il vit, en 1794, ses biens séquestrés. Sa fille Modeste, née en 1743, accusée de correspondre avec les émigrés, fut saisie à Dinan, conduite à Dol, ville voisine de Roz-sur-Couesnon, son précédent domicile, puis traduite à Paris devant le tribunal révolutionnaire, qui l'acquitta, ce qui lui permit de songer en 1797 à revenir à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance).
Après les de Ferron, c'est la famille de Saint-Méloir de Taden qui, par héritage, possède au début du XXème siècle la propriété de la Ville-Giquel.
§ 3. — LA SEIGNEURIE DE SAINT-MELEUC.
D'après certains, cette seigneurie, dont dépendait entre autres le baillage de la Ville-Bodin, aurait été primitivement une commanderie de Templiers. De l'ancien immeuble subsistent encore la maison d'habitation et le colombier, avec la cour pavée et les avenues.
Les De Saint-Meleuc ont pour blason : dix roses d'or, posées 4, 3, 2 et 1 sur fond de gueules. Le premier membre connu de cette famille est Guillaume de Saint-Meleuc, qui, en 1420, comparaît à une monstre de la Bellière. Viennent ensuite :
N. H. Charles de Saint-Meleuc, sr. du Vauclérisse, marié en 1584 à Catherine, soeur de François Grignart de Champsavoy, avec qui il eut tant de démêlés. Une de ses filles, Gilette, fut nommée en 1597 par sa tante Gilette de Saint-Meleuc, dame de la Ville-ès-Génilles, et une autre Jeanne, décédée en 1674, eut le titre de dame de la Saudrais.
Son fils, écuyer Charles de Saint-Meleuc eut de Germaine Bouvet une fille Marguerite, 1624-1685, mariée à Jacques de Gaudrion, le premier écuyer de cette famille, originaire du Berry, si répandue ensuite à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance).
De François de Saint-Meleuc, fils du précédent, déclaré dans un aveu en 1687 vassal du prieur de l'Hôtellerie, naquit : Ecuyer Eustache, seigneur de Saint-Meleuc, 1650-1721, qui en 1685 fut condamné à payer aux Cordeliers de Dinan 18 livres de rentes, pour la fondation des Artur. Il laissa :
Eustache, 1690-1741, seigneur aussi de Beauvais et de Marival, dont :
Alain de Saint-Meleuc, 1722-1767, chef de nom et d'armes, qui, en 1750, revendiqua dans l'église de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) un banc à queue, quatre tombes, des armoiries et la prééminence proche la chapelle Sainte-Marguerite, autrefois fondée du Rosaire. De Jeanne de la Motte, il eut :
Haut et puissant Henry de Saint-Meleuc né en 1757, chef de nom et d'armes, conseiller au parlement de Bretagne, marié en 1786 à Anne Porée de Limonnay en la Gouesnière. Détenu à Saint-Malo, lors de la révolution, il fut guillotiné à, Paris le 2 messidor 1794.
Son fils Marie-Aristide, comte de Saint-Meleuc, 1790-1856, avocat général à Rennes, laissa de dame Caroline Porée du Breil trois fils, entre autres :
Marie-Edmond, comte de Saint-Meleuc, 1827-1907, l'aîné, qui n'a laissé qu'une fille ;
Marie-Alphonse, vicomte de Saint-Meleuc, 1829-1894, le cadet, qui de dame Marie Farcy de la Villedubois a eu notamment :
1° Alphonse-Marie de Saint-Meleuc, né en 1862, allié en 1890 à dame Marie Esmoingt de Lavaublanche ;
2° Raoul, vicomte de Saint-Meleuc, né en 1868 ;
3° Marie-Louise de Saint-Meleuc, née en 1858, mariée en 1879 au général de division Henri de Ferron de la Vairie. C'est l'un des frères de cette dame qui a aliéné le manoir de Saint-Meleuc.
§ 4. — LE PONT DE CIEUX ET LA PÉPINIÈRE.
Le Pont-de-Cieux était une seigneurie et un baillage importants. Le manoir subsiste encore au début du XXème siècle, avec ses mansardes, à fronton triangulaire en pierre.
En 1636, dans le récit de son voyage en Bretagne, Dubuisson mentionne le Pont-de-Siu « où entre un ruisseau d'eau, venant de Coaquen, qui fait moudre un moulin et de là passe au port d'Establehon (ou Saint-Jean) à l'entrée de la manche (ou baie) du Pont-de Siu ».
Alain de Rochefort, sire de Rigourdaine en Plouër, exécuteur testamentaire en 1329 de Raoul de Dinan, vicomte de la Bellière, son oncle maternel, devint, du chef de sa mère, propriétaire du baillage du Pont-de-Cieux, des seigneuries du Clos-Guillaume et de la Millours en Pleudihen.
Le baillage du Pont-de-Cieux, dont prochainement relevait la susdite maison noble du Clos-Guillaume, « devait de rente au jour Saint-Gilles à soleil levant, sous le portail de la maison de Rigourdaine en Plouer, trois couteaux faits de trois forges différentes et de trois façons différentes, gaines pendantes à trois lacets rouges, iceux lacets, ferrés des deux bouts ».
Sont encore dits seigneurs du Pont-de-Cieux : 1° Après 1300 un fils de Jean de Cramou et de Dame Bois-Jean de la Motte ; — 2° M. Claude Trémaudan, époux de Gilette Saint-Pez, en 1591-1615, et Olivier Trémaudan son fils, en 1669 ; — enfin Jean Dufresne en 1720-1773, petit-fils du corsaire malouin, Hervé Dufresne des Saudrais et époux de Hélène Girault de la Bellière. Il avait plusieurs frères prêtres : l'un, Hervé Dufresne, Sulpicien, mort au Pont-de-Cieux en 1767 ; un second, François Dufresne, curé de la cathédrale de Saint-Malo de l'Ile et même, d'après Kerviler, un troisième, Jacques Dufresne, cistercien, interné et décédé en 1793 au Mont Saint-Michel.
C'est au Pont-de-Cieux proprement dit, au Nord-Est, que se trouvait la chapelle de ce nom, contenant les reliques de sainte Félicissime. Les prêtres fidèles y chantèrent la grand'messe en 1791, ce qui lui valut d'être fermée en attendant d'être vendue comme bien national.
Au Nord-Ouest, plus près de la mer, se voit un autre vieux manoir avec jardin clos de murs, avec fenêtres supérieures enjolivées de volutes. C'est la Pépinière.
En furent dits sieurs : 1° les Le François, Olivier en 1608-1638, inhumé aux Cordeliers de Dinan ; N. H. Bertrand, fils Jean, décédé en 1651 et Pierre son fils en 1618-1690 ; — 2° Guy le Roy en 1652 ; - 3° N. H. Joseph Cohue, sieur de la Préjentaie de Dinan, fils de N. H. Macé Cohue et banquier à Saint-Malo, en 1654-1724, qui procéda contre les collecteurs ou percepteurs de la localité, puis N. H. Thomas Cohue, son enfant ; — 4° N H. J. B. Moulin de Saint-Malo, marié en 1745 à Marie Flaud.
Un peu avant la Révolution fut achevée la chaussée de l'étang du Pont-de-Cieux, par ordre des États de Bretagne et sur un devis de l'ingénieur Piou, montant à 20.000 livres.
En 1794, sur requête du meunier Herpeux, la municipalité de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) et le Directoire du District de Dinan firent dresser un état des réparations à effectuer au moulin, qui précédemment appartenait à l'émigré Baude de la Vieuxville.
Dès 1792, le 16 juin, un Dinannais avait soumissionné les jannaies du Pont-de-Cieux, faisant sans doute partie de la chapellenie de ce nom.
§ 5. — LE GRAND-GUÉ ET LA MOTTE-PILANDELLE.
Il y a à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) deux Gués, le Petit-Gué, situé sur le faible ruisseau découlant de la Touche-Porée, et le Grand-Gué, qui borde le ruisseau plus important, formé par la réunion de ce dernier avec la rivière de Coëtquen, à la queue de l'étang du Pont-de-Cieux.
Seul le Grand-Gué possédait et possède encore un manoir, auquel donne accès un bel escalier en pierre. En 1500, d'après Jollivet, la seigneurie et le baillage du Gué appartenaient à Guillaume le Jeune et la Motte-Pilandelle à Gilles du Boisriou.
Furent plus tard sieurs du Gué : N. H. et écuyer Jean Pépin, marié en 1630 à Marguerite Frotet, dame de Sainte-Agathe au bourg de Pleudihen ; — 2° ensuite Françoise Frotet, dame du Gué, alliée en 1668 à N. H. François Pierrez de la Gapaillère, seigneur de la Touche-aux-Bégasses ; — 3° leur fils François Pierrez, qui en 1721 épouse Jeanne Le Fer ; — 4° N. H. Nicolas Blondeau, époux en 1713 de Françoise De Bien, dont Anne Blondeau, dame en 1741 de N. H. Jacques Michel de la Morvonnais, père ; 5° enfin N. H. Julien Gigot, décédé en 1768.
Quant à la Motte-Pilandelle, d'après des aveux conservés aux archives de la Loire-Inférieure, après Gilles du Boisriou ci-dessus en 1500, ce fut Guy de Rieux, seigneur de Châteauneuf, qui la posséda en 1607, puis les Jolif en 1702, ensuite François-Louis Picot de Beauchesne en Langrolay, fils d'une dame Jolif en 1705.
Note : AVEU EN 1705 DE MICHEL PICOT, SIEUR DE BEAUCHESNE, POUR LA TERRE NOBLE DE LA MOTTE-PILANDEL. Le 23ème jour de juillet 1705, avant midy, devant nous, notaires royaux et apostoliques établis et demeurant à S. Malo, a comparu Ecuyer Michel Picot, sieur de Beauchesne, conseiller-secrétaire du Roi, maison et couronne de France et de ses finances, père et garde naturel de François-Louis Picot, son fils, de deffuncte dame Françoise Jolif son épouse, demeurant en cette ville de S. Malo. Lequel par le présent déclare que son dit fils tient et relève prochement et noblement de sa Majesté, à devoir de foy, hommage et rachat, sous la jurisdiction de Rennes, les héritages et fiefs, cy-après employés, luy échus et advenus de la succession de ladite Jolif sa mère, qui les avait possédés, suivant le partage fait entr'elle et ses consorts, le 28 avril 1702, comme luy étant venus des successions de deffuncts nobles gens Jan Jolif et Janne Huchot son épouse, sieur et dame de Limoilou. Quels héritages sont le lieu, manoir et maison noble de la Motte-Pilandel, sittuez en la paroisse de Pleudihen, consistant en : - Un embas ou demeure de métayer, dans lequel il y a cheminée..., contenant de longueur 41 pieds. - La rabine dudit lieu de la Motte, plantée en chênes et châtaigniers. - Le verger estant au bout de la grange, avec un jardin et petite quantité de terre estant au bout du jardin, contenant ensemble un journal et demy, sept cordes. - La pièce du Colombier. - La pièce de la Vigne. - La Jannaie ou pâture avec une fontaine. - Le domaine de la Motte-Pilandel, entouré de fossés, contenant six journeaux, un quart, proche le grand chemin. - Le moulin à vent de la Motte. - Le baillage des Regards ... en Saint Suliac et en Pleudihen, devant quatre pains cornus, 8 chapons, 8 poules et une oie pour la fête de Noël. - Le baillage de Cains en Pleudihen rapportant 10 sous et 6 boisseaux de froment. - Laquelle jurisdiction a droit de basse et moyenne justice et est tenue du roi, à devoir de foy, hommage et rachat. Fait et passé à Saint-Malo de l'Isle. Signé : Picot de Beauchesne. (Archives de la Loire-Inférieure, B. 2153).
Outre un baillage à Cains en Pleudihen, cette seigneurie avait un moulin à vent, une basse et moyenne justice. D'après les archives de la Loire-Inférieure, Henri Baude, seigneur de Saint-Père, décédé à Quimper en 1754, possédait en communauté avec sa femme une rente féodale de 80 livres tournois sur le moulin susdit, et sur les moutures de la Motte-Pilandelle et du Gué.
Lors de la Révolution, la Motte-Pilandelle fut vendue, comme bien national, en 1796, après avoir été confisquée sur le comte Hyacinthe Gibon-Kérisouet, époux de Françoise le Bonhomme de Tressé, qui, après l'émigration, fut officier dans la garde royale des Bourbons et mourut général de division en 1830 près de Redon.
(abbé Eugène Brébel).
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