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HISTOIRE MILITAIRE ET CIVILE DE PLEUDIHEN AU MOYEN AGE |
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§ 1. - REVUE D'ARMES OU MONSTRE (Montre) DE LA BELLIÉRE EN 1420.
Cette monstre est citée par Dom Morice, dans le tome II de ses Preuves de l'Histoire de Bretagne.
Elle était destinée à préparer la délivrance du duc de Bretagne Jean V, détenu à Chantoceaux, dans la Loire-Inférieure, par les Penthièvre.
Raoul, sire de Coetquen, qui la présida, y signale 312 hommes d'armes, 126 archiers et 27 arbalestriers, porteurs de noms encore usités à Pleudihen et aux environs. Citons :
Chevaliers et hommes d'armes : le vicomte de la Bellière, Perros Davy et Guillaume de Pelan, Jehan Renaut, Olivier et Robin Botherel, Guillaume de Saint-Meleuc, Guillaume et Robert Le Borgne, Jehan Gourdel, Raoul Bouvet, Jehan et Raoul Crespel, Guyon et Jehan de la Bintinaye, Simon du Frétay, Macé et Jehan Ratier, Guillaume et Jehan Rouxel, Alain, Bertrand et Pierre Piedvache, Jehan et Guillaume Uguet, Jehan Martin.
Ecuyers : Jehan Blanche... Joseph Graffart, Etienne Samson.
Arbalestriers
: Jehan de France, Jehan et Eon Bouvet.
En 1437, parmi les nobles de l'évêché de Dol, prêtant serment de fidélité au duc de Bretagne, figurent encore Robin Raguenel, Jehan Hus, Jehan Le Bret, sieur de Montferrant, Jehan Guitton, Olivier de la Motte et Th. Boutier.
§ 2. LA GARNISON DE PLETDIHEN (Pleudihen) EN 1557. - LES GARDES-COTES.
On lit aux Preuves de Dom Morice, tome III, ... 1205 : « Alors se tint la monstre ou revue générale des gentilshommes, arquebusiers à cheval du ban et arrière-ban de l'évêché de Saint-Malo. Elle fut présidée par noble et puissant Noël du Tréal, seigneur de l'Aventure et de Beaubois (en Bourseul), capitaine desdits gentilshommes, quels (qui) on tenu garnison aux paroisses de Saint-Suliac et de Pletdihen, au nom de Mgr le duc d'Etampes, gouverneur et lieutenant-général pour le roi en Bretagne ».
Le 15 juillet 1695, Vauban accusait encore la présence à Pleudihen d'une garnison, cette fois de dragons, dans une lettre adressée au roi Louis XIV, du port de Brest, qu'il venait de fortifier, de préserver contre un coup de main des Anglais, débarqués aux environs.
« J'ai, écrivait-il, mis deux escadrons du régiment de Verrüe, (l'un) à Lamballe, évêché de Saint-Brieuc ; l'autre à Pludehen, évêché de Saint-Malo (?), de l'autre côté de la Rance. Celui-ci peut être à portée du dit Saint-Malo et de Cancale, où je suis, en quelque façon, assuré que les ennemis n'iront pas... ».
Pour repousser les Anglais qui, à l'encontre et au moment même de ces prévisions, trop optimistes, attaquaient Saint-Malo, il est vrai par mer, Vauban comptait non seulement sur les troupes régulières, mais encore sur les milices gardes-côtes de Bretagne, évaluées à 66.778 hommes, tenues de faire et garder des retranchements sur le littoral et alors réparties en 13 capitaineries, dont celles de Raiz en Ploubalay et du Pontbriand en Pleurtuit (Défense des côtes de Bretagne, par Binet).
Selon Paris-Jallobert (Association Bretonne, 1893) et le général Magon de la Giclais (Inventaires malouins), le nombre de ces capitaineries varia avec le temps. Au XVIIIème siècle, elles comprenaient les trois de Saint-Malo, avec Pleudihen, de Cancale et de Dol, bientôt réunies en une seule. Placées sous la haute direction d'un inspecteur général, qui avait rang de colonel et qui, en 1780, était M. de Saint-Pern de Couellan, elles comportaient chacune un état-major, composé d'un capitaine général, d'un major et d'un aide-major.
Elles étaient divisées en dix compagnies de 50 hommes, comprenant un capitaine avec un lieutenant et un enseigne, souvent roturiers, 3 caporaux, 3 anpesades ou aides-caporaux à haute paye, un tambour et 41 hommes, dont 16 fusiliers proprement dits et 25 canonniers, les cinq premiers dits canonniers chefs.
Les hommes, exempts de la taille, étaient recrutés dans les paroisses voisines de la côte, jusqu'à deux lieues à l'intérieur des terres. Outre l'obligation stricte de se réunir, sauf empêchement constaté, au premier avis de l'invasion des côtes, ils avaient une autre consigne. Ils devaient être passés en revue par compagnie, deux fois le mois, le dimanche ou les fêtes, pendant la belle saison. On n'avait que le temps d'inspecter les armes et d'en surveiller un peu le maniement.
Les capitaines étaient détenteurs d'habillement. D'ordinaire c'étaient des militaires du pays qui avaient servi et obtenu un grade dans les troupes régulières. Ils recevaient directement du roi leurs lettres de commandement et ils ne pouvaient sortir de la circonscription de leur capitainerie sans l'autorisation du gouverneur de la province.
Au moins parfois, croyons-nous, ils avaient un rôle analogue à celui des maîtres de port de nos jours. Ce qui semble le prouver, c'est l'extrait suivant des Preuves de l'Histoire de Bretagne de Dom Morice, tome III, col. 1473.
« René Tournemine, baron de la Hunaudaie, vicomte de Pléharel, sieur de Montafilant, lieutenant-général de Sa Majesté au gouvernement de Bretagne, commet Gilles Le Chauff à la charge de capitaine et commissaire des ports, havres et côtes de la mer à l'évêché de Dol — hormys les paroisses de Saint-Jagu et Pludihen, enclavées en l'évêché de Saint-Malo — avec pouvoir de visiter les vaisseaux et navires entrant et sortant, les dégrayer et arrêter s'ils contreviennent aux ordonnances et défenses de Sa Majesté, et leur donner passeport et visitation, lorsqu'il en sera besoin ».
D'après les registres paroissiaux de Pleudihen, on trouve dans cette paroisse, après 1700, deux commandants ou capitaines gardes-côtes : écuyer Malo de Gaudrion t 1748 et Yves Le Forestier t 1751, ce dernier époux de Julienne de Gaudrion.
A Pleudihen aussi, on voit un lieutenant de la paroisse Noble homme Etienne Guymont, marié en 1701 à Jeanne Porée, avec des capitaines de la paroisse en plus ; N. H. Pierre Thomas, sieur de Launay avant 1744 ; — N. H. Etienne Blondeau t 1753 et Jacques B., son fils, aussi sieur de Launay. Mais ces lieutenants et capitaines dits de la paroisse ou du fond de la paroisse, préposés à la police locale, n'avaient rien de commun avec les officiers gardes-côtes.
§ 3. — PASSAGE DU ROI CHARLES IX PAR LA PLAINE DE MORDREUC EN 1570.
Le 1er mai 1570, les bourgeois et marchands de la bonne ville de Saint-Malo furent avertis qu'il plaisait au roy de venir par la mer, depuis Dinan jusqu'à leur cité. Or donc firent-ils « accoutrer une vingtaine de galions, pour aller quérir Sa Majesté ».
Un manuscrit de l'Hôtel de Ville de Paris, cité par Barthélemy Pocquet dans son Histoire de Bretagne, nous a conservé le récit curieux de cette descente royale de la Rance.
Le prince arriva à Dinan et coucha le 23 mai au château avec sa mère, son frère le futur Henri III, le duc de Mayenne …. Il en sortit le lendemain pour se diriger vers Saint-Malo, escorté par les Dinannais jusqu'à la Courbure, sur la Rance, à l'entrée de Taden, où refluait alors librement la mer et où la jeunesse malouine, avec les juges et officiers municipaux, l'attendait sur une flottille.
Vingt-quatre rameurs montaient un bateau équipé à la mauresque, affectant la forme d'une galère, garni de riches tapisseries et de passe-volants.
« Le roi s'y embarqua, avec la Reyne mère, Monsieur et autres grands seigneurs et demoiselles, jusqu'au nombre d'environ quarante personnes, lesquelles dévalèrent la rivière et vinrent jusqu'à la plaine de Mordreuig, où furent rencontrés les galions de la ville de Saint-Malo, qui étaient allés au devant, qui partirent de ceste ville le mercredi 24 de may, environ les sept heures, où s'étaient embarqués nombre de bourgeois et de marchands, lesquels estant sur la rivière tirèrent plusieurs coups d'artillerie en voltigeant, pour saluer le Roy avec le son des trompettes, tambourins et instruments. Cela fait, on aborda un bateau accoutré en grand navire, monté aussi par 24 hommes, où le roy s'embarqua et Monsieur son frère, M. le chevalier et autres seigneurs et nagea en rivière jusqu'à Soulidort ».
Le roi reçut des mains du sénéchal de Saint-Malo, Jean Le Gobien, les clefs du château dans une grande bourse de velours vert. Le lendemain, comme c'était le Jeudi du Sacre, la cour assista à la Fête-Dieu, à la procession et dans la cathédrale, au milieu des lumières et des draperies, semées de fleurs de lys d'or.
(abbé Eugène Brébel).
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