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Les clochers et cloches de l'église paroissiale de Pleyben. |
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L'ÉGLISE PAROISSIALE : FONDATION, AGRANDISSEMENTS.
L’église actuelle de Pleyben a succédé à d’autres, plus modestes sans doute, depuis l’érection de la paroisse.
On ne possède aucune pièce authentique relatant la construction de cet édifice, ni de donnée précise sur le temps où s’exécuta le travail.
Seul l’examen des caractères architectoniques du monument peut autoriser à placer tout à fait à la fin du XVème siècle et au début du siècle suivant, la partie la plus ancienne de l’église, l’abside, qui, avec les piliers des arcades, semble la seule demeurée de l’édifice antérieur. Celui-ci dût être presque entièrement remanié vers la fin du XVème siècle, si l’on s’en rapporte à une pièce du 16 Novembre 1497, demeurée aux archives paroissiales. Nous savons par un autre document latin de 1531 que l’ancienne église possédait 6 autels, une nef centrale et deux bas-côtés. Deux transepts furent établis en 1564, puis en 1583 furent placées les fenêtres gothiques et la petite porte ornementée du côté Sud.
Au XVIIème siècle, ce fut la réfection totale de la toiture, l’exhaussement des murs et des pignons. Enfin au début du XVIIIème siècle, un malencontreux accident, occasionné par la foudre au lanternon principal du grand clocher, détermina la création de la sacristie actuelle et du pignon du transept Midi (1700 à 1719), en style renaissance. Depuis cette époque, aucune modification importante n’est intervenue en l’église paroissiale.
LES CLOCHERS.
Deux beaux clochers font l’orgueil de la paroisse de Pleyben.
Ils datent, l’un, de la fin du XVème siècle, ou du début du XVIème siècle, dénommé « Clocher de Sainte Catherine », l’autre, de la seconde moitié du XVIème siècle et de la première moitié du XVIIème, appelé « Clocher de Saint Germain ».
Le petit clocher gothique de Sainte Catherine, si léger, si élégant, suffirait à lui seul pour faire la gloire de plus d’une paroisse de notre diocèse. Il loge actuellement trois des cloches de Pleyben, mesure environ 32 mètres de hauteur, et paraît encore bien robuste après plus de 400 ans d’existence.
Celui de Saint Germain, le grand clocher renaissance, à la différence du clocher précédent, est daté.
Ses assises furent posées en 1588, mais la tour ne fut complètement achevée qu’en 1642, faute de main-d'oeuvre suffisante, de matériaux à employer sur place, et aussi de fonds suffisants pour faire face aux dépenses énormes nécessitées par l'oeuvre.
Le travail d’achèvement, entrepris en 1633, fut mené en 9 ans sous l’habile direction de Maître Guillaume Kerleroux, dit « maistre archeptecte et maistre picqueur de pierres » assisté d’un entrepreneur de l'oeuvre ou « bastiment », Yvon Olina. Ces deux artisans, étrangers à Pleyben, avaient la spécialité des constructions de clochers : le diocèse de Quimper lui en doit quelques-uns, des mieux venus. Kerleroux et Olina étaient, croyons-nous, originaires du Léon, plus particulièrement du pays de Lampaul-Guimiliau.
Ils étaient aidés dans leur besogne par un grand nombre de tâcherons, picoteurs, maçons, darbareurs ou gâcheurs de mortier, manoeuvres, qui « applaçaient » les pierres qu’extrayaient les périeurs ou pierriers en la carrière de Kerguélen, en Edern, et que menaient à pied-d’oeuvre les « chartiers » de la paroisse de Pleyben auxquels venaient s’adjoindre volontairement et gracieusement ceux de Gouézec, Lothey, le Cloître-Pleyben. La fabrique de Saint Germain les défraie de leur « paine et dérangement » en leur offrant pain et viande pour leurs « debvoirs », à la suite de chaque charroi.
Un plantureux festin leur est servi, à deux reprises, à titre de civilités, et dont voici quelques détails : 5 boisseaux de froment, deux côtes de lard et jambon, deux vaches, onze veaux, trois barriques de vin, représentant 184 livres de dépenses et laissant supposer un nombre respectable de convives.
Les comptes des fabriciens de 1633 à 1642 renferment le détail des salaires payés aux diverses personnes qui concoururent à l’érection du grand clocher : le calcul atteindrait des milliers de livres, 3.758 livres, d’après un calcul superficiel, bien au-dessous de la réalité, si l’on tient compte de la gratuité consentie par de très nombreux transporteurs de matériaux.
Quelle somme énorme pour l’époque où ils vivaient, représentait le nouveau clocher dont ils avaient lieu d’être si fiers, n’y ayant ménagé ni leur temps, ni leurs sueurs, ni leur argent.
Il est permis toutefois de leur demander pourquoi ce nouveau clocher puisque l’ancien faisait si bonne figure : à cette question nous pensons qu’il n’est pas d’autre réponse à faire que de dire que le clocher de Sainte Catherine parut, à un moment quelconque, aux habitants de Pleyben trop mesquin pour leur belle église et leur importante paroisse. Ils voulurent donc y ajouter une tour plus monumentale : n’était-il pas décent, en effet, que Saint Germain, patron principal de la paroisse, eût, lui aussi, son clocher, tout comme avait le sien Sainte Catherine d'Alexandrie, qui est honorée à Pleyben comme patronne secondaire ? Qu’il est majestueux à contempler, ce clocher dont la pointe extrême s’élève à 47 mètres 50 au-dessus du pavé de l’église ! Frappé par la foudre, en 1699, le lanternon principal fut replacé et remis « en mesme et prestin estat qu’il estoit de précédant » en 1714.
La tour Saint-Germain n’a subi, depuis cette époque que des travaux de consolidation obviant au fléchissement de la masse, de rejointoiement général en 1913, effectué par les soins du Ministère des Beaux-Arts.
Il convient de noter que les travaux de réfection du lanternon principal, de construction du transept midi et de la sacristie furent l'oeuvre d'ouvriers, tous originaires de Pleyben, dont les noms sont insérés au livre des comptes de fabrique de 1700 à 1720.
Les maçons pleybennois de 1913 se sont montrés dignes de leurs devanciers, et le clocher de Saint-Germain restauré par eux garde sa fière allure.
Le porche qui s’ouvre à sa base est de 1588 : il est, dit M. le chanoine Abgrall, par sa date, le premier exemplaire des édifices de ce genre, exécutés dans ce style. A l’intérieur, le collège des Apôtres, présidé par le Sauveur : cet ensemble est de 1654 et n’a pas connu de mutilations sous la Révolution.
Dominant le porche, une belle niche abrite la statue de Saint-Germain, dont le socle porte l’inscription : « En l'honneur de Dieu et Dâe (Dame) et Monseigneur S. Germain, ceste croix fust comèce ».
Ce texte se rapporte au Calvaire où la statue se trouvait primitivement placée : la date de 1555 gravée sur la chape du saint prélat nous donne celle même du commencement du Calvaire.
Un cadran solaire adossé au contrefort de droite porte l’image de Saint Germain avec la date : 1619 : sancte Germain.
LES CLOCHES.
Cloches et tours de Pleyben rendent jalouses les paroisses voisines moins fortunées, si nous en croyons un quatrain breton qui met en parallèle : Mean-fount Brasparts. - Tour braz Pleyben - Cloc'h braz Pleyben - Mean-fount Brasparts.
Heureuse et paisible rivalité que celle de nos clochers à jour et de leurs cloches, et cependant les archives de Pleyben nous ont gardé le souvenir d’un vol de cloche survenu en 1599 au cimetière même de Pleyben, au mois de Mars.
« Aucuns particuliers de la treffve de Lambaoul se seroient advancés de venir prandre et deffaict prindrent une grande cloche appartenant à l’esglise parrochiale de Pleiben, dénommée la dicte cloche la Katherine ».
Les voleurs furent intimés à comparaître au tribunal de Quimper le 4 Septembre 1602, en restitution de la cloche « non vitiée » au cimetière de Pleyben où elle était.
Nous ne savons la suite qui fut donnée à l’affaire, mais le souvenir en est demeuré et l’on répète encore de nos jours à Pleyben : Pôtred Lambol, quivijerien, - O deuz laëret cloc'h sant Germen !.
La tradition veut que la Catherine, qui semble être demeurée toujours exilée, revienne une fois l’an revoir son vieux clocher.
Les archives nous ont laissé des détails assez précis sur la fonte de cloches, en 1639, au pied même du clocher par François Peletier, maître fondeur de la ville de Morlaix, qui reçut pour son travail 415 livres huict sols thournois.
Les cloches fondues en 1639 durent être remplacées en 1667. Marché fut conclu pour la fonte de 4 cloches sur place par « honorable homme Maistre Léonard Hervé, marchand fondeur de la Ville de Nantes, travaillant actuellement dedans le païs » pour la somme de 3.517 livres thournois.
Les cloches furent « reçues » le 12 Janvier 1669 et trouvées conformes aux conditions du marché.
Des 4 cloches fondues en 1667, il en demeure encore une au grand clocher de Pleyben : c’est le bourdon actuel, pesant 1.490 kilos et portant l'inscription suivante : Sancta. Maria. Virgo. mater. Dei. Monstra. te. esse. matrem. parochiae. de. Pleyben. Hervé ma. faict en l’an 1667.
Cette cloche fondue sous le règne de Louis XIV, compte en 1938 près de 271 ans : que de joies et de douleurs ont fait vibrer tour à tour l’airain de ses vastes flancs !.
Primitivement placée dans le grand lanternon au sommet du clocher, elle dut, il y a quelque 40 ans, quitter cette pittoresque demeure dont elle compromettait la solidité et descendre dans le corps même de la tour, où elle se balance majestueusement aujourd'hui encore !.
Les trois cloches qui naquirent en même temps qu’elle, en 1667, ont été peut-être fondues sous la Révolution : en tout cas, la tour Sainte-Catherine loge actuellement 3 cloches : la Catherine, la plus petite, bénite en 1831, puis Germaine Mélanie et Marie Catherine, bénites en 1870, le 9 Octobre, par M. Caugant, alors curé-doyen de Pleyben.
La voix puissante du carillon actuel porte au loin la renommée de Saint Germain de Pleyben, et le cantique du saint patron émet ce voeu : Gant an ezen, mintin ha noz - Grit ma nijo keit ho pennoz - Ha m’en em led son ar c'hleier - Var hon tiez, hor parkeier !.
Le gros bourdon de 1667, demeuré au clocher, dut sa conservation en 1789, au fait qu’il servait à marquer l’heure. Les « citoyens » affranchis de tout dogme, ne crurent pas expédient de s’affranchir du temps et de sa mesure, et épargnèrent les cloches sonnant ou frappant l’heure.
L’horloge sauva le bourdon : elle était, en effet, placée dès 1679 au corps du grand clocher et était due à « Sire Allain Jégouic, maistre horologier, demeurant au passage de Nostre Dame de la Croix, en la paroisse de Haut-Corlay », qui donne quittance de 325 livres tournois, aux termes du marché passé avec la fabrique Saint Germain.
Signalons ici l’existence à Pleyben, au début du XVIIIème siècle, d’un maître horloger, Charles Guéguen, talent duquel eurent recours, outre Pleyben, en 1701, la cathédrale de Quimper, en 1703, l’église de Lochrist, au Conquet, aussi en 1703, l’église de Lesneven, en 1709, celle de Saint-Guénolé, en Ergué-Gabéric, le 19 Septembre 1749.
La signature du dit Charles Guéguen aux registres paroissiaux de Pleyben, où il naquit et demeura, est toujours accompagnée, en guise de paraphe, d’une roue dentelée, symbole de sa profession d'horloger.
(abbé Monfort)
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