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L'EXTERIEUR DE L'EGLISE DE PLEYBEN. |
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L'église de Pleyben, dédiée à saint Germain l'Auxerrois, et construite en 1564, comme nous le verrons par une inscription intérieure, est un des grands et beaux monuments religieux de notre pays. De quelque côté qu'on l'aborde, elle présente un coup d'oeil admirable, à cause du groupement de ses deux clochers très différents de forme et cependant s'harmonisant si bien ensemble. Occupons-nous d'abord de l'extérieur, en commençant par la façade ouest. Sur cette façade, offrant les caractères de la dernière période du style ogival, est planté le petit clocher gothique, dit clocher de sainte Catherine, si léger, si élégant, si original, avec la galerie aérienne qui le relie à la tourelle octogonale servant de cage d'escalier. Sous ce clocher s'ouvre la porte double à anse de panier et accolade qui donne accès dans le bas de la nef, et qui est surmontée d'un grand tympan encadré par des moulures et une contre-courbe feuillagée. Sur la façade sud, immédiatement après la première travée, nous trouvons le porche surmonté du grand clocher, appelé clocher de saint Germain. Cette partie a été ajoutée plus de vingt ans après la construction du reste de l'édifice, puisque à l'intérieur de l'église on lit la date de 1564 et que dans le porche se trouvent les dates de 1588 et 1591. |
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Gravure (XIXème siècle) |
Quoique séparées par un si court espace de temps, ces deux constructions offrent des caractères tout à fait différents. Tout l'ensemble de l'église est bâti dans les données gothiques ; le clocher au contraire et le porche nous reportent en plein style de la Renaissance.
Ce porche est, par sa date, le premier exemplaire des édifices nombreux et remarquables de ce genre, exécutés dans ce style. Ce qui en fait la caractéristique, ce sont les deux colonnes engagées qui soutiennent la grande arcade d'entrée, et qui se composent de tambours cannelés alternant avec des bagues ornementées et saillantes, sur le modèle des colonnes et des pilastres inventés par Philibert Delorme pour l'ornementation extérieure du Palais des Tuileries, et qu'il nomma : colonnes françaises.
Le porche de Pleyben a sa base entourée d'un cordon de niches assez élevées mais peu profondes, formant plutôt une sorte d'arcature extérieure. Les colonnes à tambours cannelés et à bagues saillantes, dont nous avons déjà parlé, sont couronnés de chapiteaux corinthiens, très finement sculptés, qui soutiennent une archivolte terminée par une belle clef en kersanton, avec volute en feuille d'acanthe, au-dessus de laquelle on lit la date de 1588.
Sur cette façade et sur les contreforts qui en ornent les angles, les niches prennent une plus grande valeur, sont ornées de belles colonnettes et surmontées de frontons courbes. Dans les soubassements des contreforts, dans les bases des colonnes extérieures et dans la frise qui règne à l'intérieur du porche sous les niches des apôtres, on trouve absolument les mêmes caractères que dans le porche de Guimiliau : panneaux à forts encadrements, cartouches, têtes grimaçantes, le tout travaillé moins richement, il est vrai, et plus grossièrement à cause du grain de la pierre mise en oeuvre. Sur la frise intérieure, du côté est, on lit la date de 1591. Comment la faire concorder avec celle de la façade qui est antérieure de trois ans ? Il est vrai que cette diversité de dates se rencontre dans plusieurs autres porches, ce qui indiquerait simplement, peut-être, qu'on passait plusieurs années à les construire.
Les apôtres, dans leurs niches, sont un peu raides de maintien, mais ne manquent pas de grandeur. Chacun d'eux porte son attribut et tient un phylactère avec un article de symbole. Au-dessus de la porte du fond est une statue du Sauveur, vêtu d'une robe à longs plis serrés, sans ceinture. D'une main il tient le globe du monde et de l'autre il bénit. Sur le socle de cette statue est gravée cette inscription : M. IAN. COFFEC. RECTEVR. 1654.
Cette représentation de N. S. en robe longue, sans ceinture, se trouve dans un grand nombre de porches de cette époque : Landivisiau, Landerneau, Bodilis, Guimiliau, Brasparts, Plomodiern, Loc-Mélard, etc.
Au-dessus de l'entablement de la façade sont les statues agenouillées de la sainte Vierge et de l'ange Gabriel, se faisant face et représentant l'Annonciation. L'ange tient une banderolle avec les paroles de la salutation : AVE. MARIA. GRATTA. PLENA., sur le socle on lit : M : Y : P.
Au milieu se trouve une belle niche abritant la statue de saint Germain, patron de l'église. Il est vêtu d'une chape ornée d'orfrois historiés, porte une crosse très riche et est coiffé d'une mitre couverte de belles broderies. Sur le socle de cette statue est gravée cette inscription : EN. LHONNEVR. DE. DIEV. ET. NOTRE. DAME. ET MONSEIGNEVR. S : GERMAIN : CESTE : CROIX : FVST. COMMENCE.
Pour comprendre ce texte il faut savoir que le calvaire, qui se trouve maintenant à quelque distance de l'église, se trouvait autrefois tout prés de la façade du porche ; et c'est là ce qui est indiqué par l'inscription.
Plus haut règne une galerie ou balustrade, puis vient la base de la tour percée de deux longues baies sur chacune de ses faces, et couronnée par une balustrade en encorbellement. Aux angles se dressent quatre beaux clochetons, au milieu desquels s'élève une grosse coupole octogonale qui est surmontée elle-même d'une lanterne élancée et élégante, formant un très heureux couronnement au clocher.
Passons outre et admirons dans les travées suivantes les deux fenêtres surmontées de leurs jolis pignons, et la porte qui les sépare, encadrée dans ses petits contreforts, ses pinacles, son accolade feuillagée ; puis contournons la branche du transept sud dont nous remarquerons les belles dimensions et les jolis clochetons couronnant les contreforts d'angle. Nous trouvons ensuite la sacristie qui, à elle seule, suffirait pour constituer un monument très remarquable. C'est le même plan qu'à Guimiliau, mais encore avec des dispositions plus heureuses : une coupole centrale flanquée de quatre demi-coupoles latérales, et, pour séparer ces dernières, des contreforts surmontés de pinacles superposés, d'une grâce et d'une élégance rares. Si cet édifice est admirable à l'extérieur, il faut l'admirer autant à l'intérieur : l'habile agencement des arcades et des voûtes, la disposition des pilastres, la forme des chapiteaux, nous montrent dans les ouvriers de cette époque une richesse d'imagination, une abondance de ressources, une originalité d'exécution que nous ne trouvons plus dans notre siècle de prétendu progrès.
Avançant toujours, nous nous trouvons en face de l'abside, et là, après avoir examiné la sacristie, nous sommes encore charmés en nous retrouvant en plein gothique fleuri. Dans la partie inférieure règne un soubassement dont les médaillons, têtes grimaçantes, fleurons, rosaces, etc., nous reportent à l'ornementation du règne de François Ier, puis plus haut, les fenêtres flamboyantes, les gables surmontés de galeries à jour et de crosses végétales, les contreforts chargés de niches, de bandeaux feuillagés, de clochetons de gargouilles et de pinacles, nous donnent l'expression de la dernière période du gothique.
(abbé Abgrall)
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