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HISTOIRE DE L'EGLISE DE PLEYBEN

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L'église de Pleyben, en Cornouaille, dédiée à saint Germain l'Auxerrois, est, dans son ensemble, une église du XVIème siècle, terminée avant le groupe d'édifices religieux que nous avons visités dans le Léon. L'église de Saint-Thégonnec a subi son influence directe.

L'état du monument nécessitait, à la fin du XVème siècle, des dépenses pour le « rétablissement » et « l'entretien » de la charpente, des murs, des vitraux, etc., dépenses, approuvées en 1497. Il est difficile d'affirmer que la façade occidentale actuelle est antérieure à cette date. En ce cas, elle le serait de fort peu d'années, mais je croirais beaucoup plus volontiers, d'après les profils et l'ornementation, qu'il ne reste rien de l'édifice réparé en 1497, et que la reconstruction de l'église sur un nouveau plan commença par l'ouest au XVIème siècle seulement.

En 1531, le délégué de l'évêque de Quimper consacre six autels, l'église ayant été polluée par une rixe accompagnée d'effusion de sang.

L'inscription de 1564, qui se trouve a l'angle du chœur et du croisillon sud, se rapporte, comme nous le verrons, à l'abside.

La date de 1571, inscrite sur la charpente du croisillon nord, indique l'époque où l'on couvrait le transept.

Puis, sur le mur du bas-côté sud, on lit celle de 1583 ; vers 1588-1591, les paroissiens accolèrent le magnifique clocher-porche qui devait faire la célébrité de Pleyben, et que Saint-Thégonnec s'empressa de copier dix ans plusrd.

A cette époque, l'église avait donc atteint le développement qu'elle présente aujourd'hui, mais, en 1699, la foudre fit tomber le couronnement du clocher sur le croisillon sud. Il fallut donc refaire en partie le mur de fond, tout le pignon et la charpente de ce bras du transept : les travaux m'étaient pas terminés en 1719.

Un texte découvert par M. le chanoine Le Coz, qu'il faut, rapprocher de la date de 1718 sculptée sur la façade extérieure de ce croisillon et de l'examen des décrochements, prouve cette refaçon. Il en résulte aussi que la sacristie, placée à l'angle sud-est de l'église, fut refaite en même temps, à la suite de ce sinistre, par le même architecte, Jules Bizée.

Le lanternon du clocher fut sans doute également remonté vers la même époque.

Le bas-côté nord paraît avoir été remanié au commencement du XIXème siècle et porte la date de 1811 inscrite sur l’un des contreforts.

Enfin, une restauration générale fut entreprise de 1857 à 1860, comme le prouve l'inscription qui se voit près du chœur.

Plan de l'église de Pleyben (Bretagne).

Intérieur. — L'église présente en plan une nef de cinq travées, plus large et plus haute que ne le sont en général celles de nos églises rurales, entre deux bas-côtés fermés à l'orient par un arc-diaphragme, un transept très saillant et un chœur à cinq pans. Elle n'est pas voûtée, et la nef ne reçoit pas d'éclairage direct.

Les arcades sont composées de deux voussures aux arêtes abattues en cavet, relancées en pénétration entre des piles cylindriques entourées à la base d'un banc circulaire. Pareille disposition se retrouve à Penmarc’h.

La quatrième pile nord présente seule une mouluration flamboyante au-dessus du banc — arête dont le biseau inférieur se raccorde par une doucine avec le talon dérivé du socle. On remarquera sous les sommiers des arcades, à la deuxième et à la troisième pile, du même côté, une astragale en torsade.

Ici encore, l'irrégularité de l'ouverture des grandes arcades entraîne des inégalités dans le tracé. Les unes sont franchement brisées, les autres en cintre presque surbaissé. Celles de la cinquième travée sont plus larges que toutes les autres.

Une pile octogonale barlongue épaule l'extrémité orientale de chaque ligne d'arcades, en même temps qu'elle reçoit, en retour d'équerre et toujours en pénétration, l'arc-diaphragme en plein cintre qui limite le collatéral de ce côté.

Les trois fenêtres du bas-côté nord paraissent avoir été retouchées, ainsi que toute cette partie de l'église, où certains remplages modernes sont très médiocres.

Les contreforts intérieurs du clocher-porche méridional font saillie dans le bas-côté sud. De part et d'autre de sa porte unique, on trouve, à l'est, une porte en anse de panier entre deux fenêtres en tiers-point, dont l’une est coupée par deux meneaux;; à l'ouest, une autre fenêtre n'a qu'un seul meneau. La porte de l'escalier qui monte à la plate-forme du clocher s'ouvre dans le contrefort oriental.

Les bras du transept, rare en cette région, s'éclairaient par deux grandes baies percées, l'une dans le mur de fond, l'autre dans le mur de chevet. Aujourd'hui, cette dernière est bouchée dans le croisillon sud, sans doute depuis la construction de la sacristie qui la masque. Dans le croisillon nord, la partie inférieure a seule été murée. Chaque fenêtre renfermait trois meneaux, à l'exception de la baie méridionale, plus profonde, qui en a quatre. Nous verrons à l'extérieur que ce pignon, remonté dans un style nouveau après le sinistre de 1699, encadra l'ancienne forme réemployée.

Dans le transept, comme dans le bas-côté sud, les profils sont ceux des grandes arcades. Les remplages forment des combinaisons de mouchettes et de soufflets sans redents. A signaler toutefois comme des exceptions la fenêtre du chevet du croisillon méridional et celle qui éclaire l'extrémité occidentale du bas-côté.

Le chœur est bâti sur un plan-pentagonal bien marqué, contrairement à l'usage, qui prévalut par la suite, et dont nous avons déjà vu plusieurs exemples, de réduire à l'extrême la partie droite, jusqu'à en supprimer l'apparence extérieure. En outre, les angles de cette partie droite, ainsi que les murs de chevet du transept, sont portés par de larges encorbellements moulurés au-dessus de nouveaux pans coupés. Le chœur était destiné à être voûté, comme en témoignent suffisamment les sommiers des branches d'ogives rayonnantes qui sont demeurés liés avec les assises de la muraille. Deux solutions s'imposent : ou c'est un simple repentir inspiré par l'économie, ou alors la voûte aurait été détruite, en 1699, par la chute du clocher. A la suite de cet accident, on aurait renoncé à la remonter, mais les analogies de la charpente avec celle du croisillon nord, datée de 1571, si différente des parties refaites dans le croisillon sud après le sinistre, me font préférer la première hypothèse.

Le profil de ces ogives en pénétration, retombant sur un culot, comprend une nervure curviligne séparée par une gorge de deux nervures latérales semblables et orientées dans le même sens. Les trois pans du fond sont seuls percés de fenêtres en tiers-point à trois meneaux dans l'axe et à deux meneaux sur les flancs. Ces remplages n'ont pas de redents et les profils sont différents pour les trois baies, où l'on trouve la contre-courbe, les nervures curvilignes, les baguettes à filets saillants et des colonnettes flamboyantes dont les bases ont des profils variés.

L'inscription suivante est encastrée dans le mur de chevet du croisillon sud, près de la porte percée obliquement qui conduit à la sacristie :

A Lonneur De Dieu Notre Dame Monseigneur Sainct Germain et Sainte Catherine Cele OEuvpre Fut Faicte Lan. Mil Cinq Cents Soixante Quatre. Vénérable Maistre Alain Kergadalen Recteur lors.

La charpente de l'église est l'une des plus intéressantes de la Bretagne, qui en compte un assez grand nombre pour mériter une étude d'ensemble.

Le lambris n'en laisse voir que les entraits engoulés, dépourvus de poinçons, et les sablières sculptées. Il affecte la forme d'un berceau surbaissé, dans la nef et dans le transept, dont la mutuelle pénétration produit une sorte de voûte d'arêtes à la croisée, et d'un demi-berceau brisé dans les bas-côtés. Il imite enfin, sur le chœur, des branches d'ogives qui rayonnent autour d'une clef.

Sauf un curieux blochet orné d'un démon qui porte un phylactère, à l'extrémité orientale du bas-côté sud, il n'y a rien à noter dans les collatéraux, mais, dans la nef, la saillie des clefs qui décorent habituellement l'intersection de la lierne centrale et des aisseliers courbes frappera au premier examen. Ce sont de véritables clefs pendantes, dont la multiplicité choquait Palustre, mais dont l'extrême variété nous ramène aux fantaisies des sculpteurs du moyen âge. 

Nous retrouvons d'ailleurs quelques sujets de ce temps aux sablières, que je ne crois pas antérieures à la seconde moitié du XVIème siècle.

Du côté nord, de l'ouest à l'est, la décoration est ainsi composée : têtes plates et figures couchées alternées ; hommes nus, tenant des cartouches, mascarons cornus et figurines alternés ; hommes nus et lions tenant des cartouches, un groupe où M. le chanoine Abgrall reconnaît saint Philippe expliquant à la reine Candace les prophéties d'Isaïe lues par son ennuque ; des masques et des personnages alternés ; enfin un cadavre sculpté, analogue aux représentations notées par M. Mâle entre 1526 et 1557 et encastrées dans des murs de chapelle Gisors, à Clermont (Oise), à Moulins.

Du côté sud, de l'est à fouést, on voit les travaux des champs ; des anges, des enfants, des mascarons, une tête de mort ; l'un des anges tient le voile de la Sainte-Face ; le Portement de Croix ; des cartouches encadrant un mascaron, portés par des anges et des figurines habillées dont deux brandissent avec la main libre un masque, semble-t-il. Un blochet, du côté du chœur, représente un joueur de biniou. Aucun ordre ne préside à la distribution de ces motifs, fort naïvement traités.

La sablière occidentale du croisillon nord montre deux soldats tirant au sort la robe de Notre-Seigneur et des figures burlesques. Un personnage sculpté dans un blochet tient une tête de mort.

Sur la sablière opposée, un ange porte un cartouche daté de 1571, à côté de la scène du marché de Judas.

Le croisillon sud porte la trace des refaçons du commencement du XVIIIème siècle. A l'est sont représentés des anges tenant une aiguière, des coupes, une trompette ; la Nativité, la Présentation, la Circoncision, et, dans un cartouche, la Samaritaine versant à boire à Jésus. A l’ouest, ce sont des anges, tenant un cartouche à personnage dont le cœur est dévoré par un oiseau de proie, les symboles des cinq plaies, des griffons.

Sur le carré du transept, une croisée d'aisseliers couvre les intersections des lambris, se recoupant en voûtes d'arêtes. La grande clef pendante est flanquée de quatre anges sonnant de la trompette, et, à la retombée des quatre branches d'aisseliers, correspondant au point d'assemblage des sablières, l'artiste a sculpté dans les blochets l'image des quatre évangélistes. Sur les aisseliers se détache toute une série de figures où les sibylles se trouvent comprises.

Mais il semble que cet artiste ait perdu l'intelligence de ce qu'il sculptait et qu’il se soit borné à appliquer une formule transmise, sans la comprendre et au besoin en la déformant. C'est ainsi que telles sibylles ont leurs attributs confondus avec les instruments de la Passion ; l'Hellespontique, qui porte une croix, et la Delphique, une couronne d'épines, sont ici prises pour des anges et représentées avec des ailes.

Sur la branche sud-est, il est facile d'identifier, en partant de la clef, la sibylle Cimmériehne, avec la corne d'allaitement ; celle de Samos, avec la crèche ; celle de Tibur, avec la main coupée ; la quatrième figure porte un vase qui pourrait être la cuve de la sibylle de Cumes. L'Hellespontique et la Delphique, ailées comme je l'ai dit, sont aussi nettement visibles au bas de la branche sud-ouest.

La première figure de la branche nord-ouest porte une palme au lieu de la fleur de la sibylle Érythrée, et la suivante, un attribut où l'on pourrait reconnaître le manche de fouet de la sibylle Agrippa. Enfin, sur la quatrième branche, l'identification de la Persique et de sa lanterne ailée, de la sibylle. Europe et son épée, est certaine, tandis qu'une troisième figure porte un objet où j'hésite à voir le flambeau de la Libyque.

La sibylle de Phrygie manquerait, si elle n'est pas la quatrième figure de la branche nord-ouest dont l'attrbbut est brisé.

Les autres personnages n'ont aucun rapport les avec les sibylles : un ange priant, un évêque, une femme qui se tient le ventre, un priant barbu.

Il reste un mont à dire de la charpente de la petite abside. A la retombée des quatre branches d'aisseliers, rayonnant autour d'une clef, les blochets figurent des anges. Ceux de l'entrée du chœur représentent l'Annonciation, la Vierge de l'Annonciation, du côté de l'Épître, l’archange Gabriel, du côté de l'Evangile. Sur les sablières ont été sculptées les cinq plaies, le divin Cœur, dans un cartouche tenu par des anges, au nord; la Sainte-Face, au sud.

Extérieur. — La façade occidentale offre une disposition intéressante de clocher-porche, dérivée, comne je l'ai déjà dit, du clocher normand du Kreisker. La cage est extrêmement réduite, et la plate-forme en encorbellement est descendue au sommet du soubassement. En outre, la tour étant trop petite pour contenir l'escalier, on l'a logé dans une tourelle latérale, accolée au petit côté de clochers barlongs comme à Guimiliau, Guerlesquin, Saint-Thégonnec, etc., mais ici complètement détachée d'un rez-de-chaussée aveugle et carré où elle est reliée par une passerelle, comme à Pluguffan, Cleden-Poher et Plogonnec. L'effet est original et gracieux. La passerelle, dont la balustrade continue celle de la plate-forme, est portée par une pile et deux arcades en tiers-point. La tourelle d'escalier, dont la porte d'entrée s'ouvre à l’aplomb, dans le bas-côté sud, passe du plan carré au plan octogone, à partir du comble. Quatre pinacles allongés remplissent les angles sur les pans non orientés. Enfin, une petite flèche octogone la couronne comme le clocher.

Des gâbles décorent les faces de la cage du clocher et dissimulent, grâce à quatre pinacles, le passage du plan carré au plan octogone. Des crochets frisés ornent toutes les arêtes. Les contreforts, qui contrebutent la poussée des grandes arcades et marquent, avec les contreforts obliques des extrémités, les divisions intérieures de l'église, sont aussi détachés et indépendants du clocher, contrairement à l'usage. Ils sont divisés en plusieurs corps par des bandeaux larmiers, ornés d'une niche tréflée avec gâble à crochets sur leur face occidentale, et s'amortissent en pinacle.

Au pied du clocher s'ouvre un porche à double porte en anse de panier, encadrée par une archivolte à deux voussures en tiers-point.

Le linteau qui souligne le tympan aveugle et nu repose sur le trumeau orné d'un boudin central et sur les piédroits de l'arc, dont il recoupe les moulures. Trois cordons en accolade à crochets frisés abritent de leur larmier chaque porte et l'archivolte d'encadrement. Ce dernier est en outre flanqué de hauts pinacles et couronné d’un fleuron. La voussure des portes, ainsi que la face inférieure du linteau, est décorée de feuillages refouillés à la gouge.

Enfin, les nervures curvilignes continues, dégagées par des cavets qui composent la mouluration, retombent sur des bases à pans et socles primatiques caractéristiques de l'ornementation flamboyante.

L'élévation latérale nord, en moellon, comme à Saint-Jean-du-Doigt, est absolument sacrifiée et paraît avoir été toujours plus ou moins soustraite à la vue. Elle a subi des retouches au XIXème siècle.

L’élévation latérale sud comprend les trois fenêtres du bas-côté, partagées par la saillie du grand clocher-porche, ajouté à la fin du XVIème siècle, le transept et la sacristie, qui masque l'abside de ce côté.

Les fenêtres du collatéral sont ornées de gâbles qui dépassent les murs goutterots en appliquant de vérilables lucarnes sur le comble unique de l'église. La date de 1583 est inscrite entre les deux baies placées à l'est du clocher. On croit lire aussi le chiffre 1584 au sommier du troisième gâble, à l'extrémité occidentale. Un défaut d'éclairage ne m'a pas permis de vérifier cette inscription, qui n'a rien d'invraisemblable, étant donnée l'homogénéité de la décoration. Malgré l'époque avancée, on n'y relève rien du style nouveau. Des crochets frisés rehaussent les ramparas et les arêtes des pinacles, dont les fûts, couverts de losanges en creux, traversent les paillants ornés d'animaux fantastiques.

Une petite porte, en anse de panier, sépare les deux fenêtres orientales et présente les mêmes éléments décoratifs. Le cordon en accolade est coupé à la base du fleuron par une traverse horizontale qui unit la pointe des pinacles.

Le clocher-porche, accolé sur le bas-côté, et où l’on relève les dates de 1588 et 1591, porte l'empreinte du style de la Renaissance. C'est le prototype certain du clocher de Goulven, sauf la flèche, commencée vers 1593, et surtout du clocher de Saint-Thégonnec, commencé vers 1599.

La tour, massive et carrée, prend une grande importance, relativement à la hauteur totale, proportion encore exagérée à Saint-Thégonnec. Les contreforts d'angle, en équerre, ne montent pas au delà des premières assises de la cage, amortie par la plate-forme en encorbellement. Un tambour octogone reçoit le dôme à pans dont les arêtes s'ornent encore de crochets frisés, seul élément de décoration gothique. Le lanternon qui sert d’amortissement a dû être refait après la chute de la foudre en 1699. Quatre autres lanternons, à triple étage, rachètent le plan carré de la plate-forme sur les pans non orientés du tambour. Les autres pans sont ajourés d'une fenêtre en plein cintre, sous une lucarne en « œil-de-oeuf » qui manque à Saint-Thégonnec. Deux hautes baies étroites et cintrées ajourent chacune des faces nues de la cage.

La tourelle octogone de la vis d'escalier repose sur les contreforts d'angle nord-ouest. On a vu qu'on y accédait par une porte et une première vis ménagées dans l'angle nord-est.

Les flancs du soubassement possèdent une decoration d'arcatures aveugles à deux étages de frontons courbes et triangulaires. Ces dernières se retrouvent sur les faces des contreforts, amortis en console renversée, dont les parties hautes sont taillées en panneaux de boiseries, et dont le soubassement présente, sur chaque face, une niche fronton courbe sur colonnettes à volutes ioniques, avec interposition de tronçons d'entablement bombés.

Entre ces contreforts, l'architecte inconnu appliqua, sur la façade méridionale, un portique à double étage, dont le premier ordre, plus ou moins corinthien avec une frise bombée, encadre l'entrée du porche, et dont le deuxième ordre, formé de colonnes et de chapiteaux ioniques, soutient une galerie en encorbellement. Une porte, fronton courbe, la dessert et une balustrade analogue à celle de la plate-forme la défend. Au centre du tympan ainsi tracé, une niche, dont le dais est un dôme sur tambour évidé à pans, renferme la statue de saint Germain l'Auxerrois, patron de la paroisse. L'inscription gravée sur le socle de cette statue prouve qu’elle figurait sur le calvaire, avant son déplacement. Les statues du groupe de l'Annonciation, placées de part et d'autre sur les ressauts du premier entablement, ont pu être aussi ajoutés par la suite.

La porte est encadrée par une archivolte en plein cintre à double ébrasement, dont la voussure, décorée de palmettes, retombe sur des colonnes cannelées, dites de Philibert Delorme, ornées de bagues sur les commissures. On a déjà vu la fortune de ce procédé, répété à Saint-Thégonnec (1599-1610), à Landivisiau (1604), à Guimiliau (1600-1617), à Trémaouézan (1623), à Bodilis (1631), à Gouesnou (1642), à Ploudiry (1665) et à Plabennec (1674). Malgré la date de 1570 que l'on trouve à l'intérieur du porche à Bodilis, je pense, comme M. le chanoine Abgrall, que la date de 1631., inscrite à l’extérieur, lui convient davantage et que le type original de la série se trouve à Pleyben.

Les voussures de l'arcade sont vides, tandis que, vingt ans plus tard, l'architecte de Guimiliau ne résistera pas au désir d'y replacer les scènes de la tradition gothique. Au-dessus de la clef, qui forme un modillon vertical, on lit la date de 1588.

A l'intérieur, le porche, est voûté sur croisée d'ogives et de liernes, dont le profil unit par des doucines un boudin central à filet saillant avec deux baguettes latérales engagées. La clef est une rosace à quatre rangs de pétales. Sur les flancs, munis de bancs de pierre moulurés, douze niches d'apôtres reposent sur un entablement soutenu par des pilastres. Cette disposition a été reproduite avec beaucoup de richesse à Bodilis, par exemple, où les pilastres et les panneaux intermédiaires sont abondamment sculptés. Ici, ils sont nus. Seule, la frise de l'entablement est ornée d'enroulements, de cartouches, etc. Celle du nord porte la date de 1591.

Au-dessus de la corniche à denticules ; les grands dais qui surmontent les niches des apôtres sont amortis par un double tambour à pans, et par une calotte sphérique : deux colonnes doriques les soutiennent. Le bord inférieur du tambour est découpé et le plafond de la niche simule une voûte à huit, branches d'ogives autour d'une clef pendante.

L'importance des dais gothiques se perpétue sous cette forme, dont on a vu le développement, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des porches de Saint-Thégonnec, de Guimiliau, de Bodilis.

Dans le mur du fond, l'arcade en plein cintre de la porte unique retombe sur les impostes de pilastres carrés. Elle est encadrée par un portique dont les colonnes cannelées à chapiteaux composites reçoivent un entablement à frise bombée et sculptée, qui supporte à son tour la niche du tympan. Un fronton triangulaire, sur colonnettes de même style, y abrite une statue du Christ en longue robe à plis, datée de 1654. J'ai dit, à propos de Guimiliau, combien ce type, si curieusement archaïque, avait été répandu dans le pays.

Deux petites cuves de bénitier, décorées de feuillages et de moulures, flanquent le portique à la hauteur de la main.

Tel est ce magnifique clocher-porche, si nouveau par son système décoratif, mais dont la structure générale procède encore des dispositions normandes du Kreisker.

Le transept existait dès le XVIème siècle, nous l'avons vu. La porte occidentale du croisillon sud et la moulure du soubassement s'apparentent de fort près aux murailles du bas-côté, mais le pignon, abattu en 1699, a été entièrement refait. Si nous ne le savions par un texte et par l'inscription datée de 1718, les décrochements le prouveraient suffisamment. Les contreforts d'angle sont de la même époque avec leurs lanternons, pareils à ceux de la sacristie voisine.

L'ancienne forme de la baie de fond réemployée ne s'ajustait pas avec la nouvelle, tracée avec une ouverture de compas un peu différente. Il a fallu combler l'intervalle par du mortier. Le remplage a quatre meneaux étrésillonnés dans la partie basse par une traverse découpée en arcades surbaissées. La baie du mur de chevet, murée, comme il a été dit, est masquée par la sacristie.

Ce petit monument, auquel on travaillait en 1719, et qui est plus élégant que la sacristie de Guimiliau, construite en 1683, a le même plan quadrilobé, avec contreforts dans les angles. Autour de la coupole centrale, quatre voûtes en cul-de-four appareillées avec de longs claveaux ont une forme elliptique. Le comble du massif cylindrique central affecte la forme d'un dôme surmonté d'un lanternon, sous lequel les culs-de-four font des appentis indépendants. Les deux corps en retraite des contreforts continuent à chaque étage les moulures des murs, goutterots, qui font tout le tour du monument et leur petit lanternon dérive du type habituel. Les guirlandes des calottes et les urnes drapées des amortissements y ajoutent seulement, la note nouvelle et gracieuse du XVIIIème siècle. Ce charmant édifice, parfaitement appareillé, même à l'intérieur, est dû à Jules Bizée, architecte du pignon voisin : il fut execute par François Favennec, entrepreneur à Pleyben.

J'ai cité, à propos de Sizun, quelques absides du XVIIème siècle à trois pans ornés de gâbles. Celle de Pleyben, qui en a cinq, dont seulement trois ornés, appartient au milieu du XVIème siècle. En, effet, le soubassement est décoré de rosaces à figures humaines, absolument comparables à celles d'Yves Croazec, au pied de la tour de Saint-Mathieu de Morlaix, commencée en 1548. L'inscription déjà signalée à l'intérieur nous apprend que l'œuvre fut « faicte » l'an 1564, mais elle doit commémorer la fin de cette campagne. Un cordon en accolade à crochets et fleurons frisés encadre chacune des trois baies en tiers-point. L'architecte a enrichi les rampants des gâbles de soufflets sans redents et de crochets frisés sur les arêtes.

Les contreforts d'angle présentent sur la face extérieure, au-dessus du soubassement, une niche à dais en accolade, et, à l'étage supérieur, deux pinacles jumelés réunis à la masse par de petits arcs-boutants. Un dernier pinacle, à l'intersection des gâbles, couronne ce corps en retraite, traversé par une gargouille en forme d'ange qui passe entre la pointe des doubles pinacles.

On voit combien les absides de Guimiliau, Lampaul, Sizun, etc., en dépit d'une décoration différente, perpétuent des dispositions toutes gothiques ; seules ici les rosaces du soubassement annoncent la Renaissance.

Eglise de Pleyben (Bretagne).

Vitraux. — La verrière centrale de l'abside, un peu postérieure à 1564, représente la Cène, le baiser de Judas, le jardin des Oliviers, le Christ devant Pilate, le Portement de croix et la Crucifixion.

 

Mobilier. — Le retable du maître-autel a été commandé, en décembre 1666, pour 1.500 livres tournois, à Yvon, Jean et Pierre Le Déan, maîtres-sculpteurs, le premier établi à Brest, les deux autres à Quimper. C'est une des meilleures œuvres de cette partie de la Bretagne.

Il comprend proprement un tabernacle central, entre deux petits retables, posés sur des gradins décorés de cartouches et d'arabesques, d'où sortent des bustes d'angelots jouant avec des dauphins. L'étage inférieur du tabernacle présente trois pans flanqués de tourelles d'angle à lanternons dont les niches renferment les quatre évangélistes ; les faces abritent les statuettes, un peu plus petites, du Christ, de saint Pierre et de saint Paul. Des colonnettes torses remplacent les tourelles d'angle, au second étage, en retraite, garni comme le premier d'une balustrade.

A chaque extrémité de l'autel, une tourelle à niche, avec balustrade et lanternon, une colonne torse et une colonne lisse à pampres et chapiteaux corinthiens, encadrent la statuette de saint Jean-Baptiste, du côté de l'Epître, et de saint Germain, du côté de l'Évangile. Entre le tabernacle et ces niches, deux colonnes torses à pampres flanquent un petit retable imitant une chapelle en perspective, avec panneaux de boiserie en relief, celui du fond rehaussé d'un médaillon, le Christ, du côté de l'Evangile, et la Vierge, du côté de l'Epître. Le sculpteur a placé de larges fleurons moulurés sur tous les amortissements et aux points de repos des figurines d'angelots.

Le retable de l'autel du Rosaire, dans le croisillon nord, fut fait en 1698 par deux ouvriers de Pleyben, Jean Cevaër, sculpteur, et J. Le Seven, menuisier, pour la somme de 825 livres. Entre deux colonnes torses et sous un entablement recourbé en fronton, le groupe habituel du Rosaire est comme encadré par le panneau découpé d'une armoire au fond de laquelle il serait placé. Ce type de retable devait, être assez économique et paraît avoir été fort en vogue, surtout, auprès des confréries du Rosaire. Nous l’avons déjà rencontré à Lampaul, à Guimiliau et ailleurs.

Les médaillons des quinze mystères, reliés par des branches de feuillage, composent cet encadrement. Dieu le Père, entre deux anges, surplombe le fronton, flanqué par deux vases de fleurs ; saint Luc et saint Jean figurent en relief sur les piédestaux.

Les fonts baptismaux se composent d'une cuve octogone avec son déversoir, comme à Saint-Melaine de Morlaix.

Le buffet d'orgues, fourni par Thomas Dallam, membre de cette dynastie déjà citée de facteurs d'orgues anglais, sur un marché passé en 1688 constitue un bon point de repère pour dater et comparer les buffets analogues que flous avons rencontrés, par exemple à Saint Melaine de Morlaix, Saint-Thégonnec, Guimiliau, Lampaul, et dont il existe de nombreux exemples ailleurs. Les éléments de la décoration se composent de rinceaux, de cartouches dans les panneaux, d'urnes drapées.

La statuaire de l'église est, comme d'habitude, très pittoresque, mais vraiment peu artistique. On remarquera, dans la nef, au nord, de grandes statues de saint Herbot, saint Corentin, sainte Geneviève, saint Joseph ; au sud, saint Antoine, saint Éloi, saint Jean, le Crucifix et la Vierge.

Prés des fonts baptismaux, dans le bas-côté nord, le groupe du Baptême du Christ, les statues de saint, Zacharie et de sainte Élisabeth. L'ange placé à droite de l'autel du Sacré-Cœur, dans croisillon sud, provient de ce groupe. De ce côté du transept, on voit saint Guénolé et un groupe fort naïf de saint Yves entre le riche et le pauvre.

Eglise de Pleyben (Bretagne).

Dans le croisillon nord, saint Sébastien et sainte Apolline. A droite et à gauche du chœur, sur les pans coupés, saint Pierre et saint Renan ; et dans la partie droite du sanctuaire, au sud, une grande statue de saint Germain, sous un dais gigantesque.

En face, une curieuse armoire en bois présente un tympan orné des cinq plaies et des jambages où l'artiste a sculpté des figurines superposées d'anges et de paysans bretons.

La plus grandie cloche, signée Hervé, porte la date de 1667. Une autre, déposée dans le cimetière, avait été volée, en 1699, par des paroissiens de Lampaul-Guimiliau.

 

Porte monumentale du cimetière. — La porte monumentale est peu importante. C'est une arcade cintrée, sous un fronton courbe, daté de 1725. Au sommet, on a placé, comme à Lampaul, le Christ en croix, entre la Vierge et saint Jean ; au revers, une Vierge de Pitié et la Trinité.

 

Chapelle-ossuaire. — C'est probablement, le plus ancien monument de ce genre qui nous ait été conservé. Les ossuaires gothiques, comme celui de Saint-Jean-du-Doigt, sont généralement montés en même temps que l'église, à laquelle ils sont accolés.

Catte chapelle flamboyante non orientée, de plan rectangulaire, se termine par un chevet plat percé d'une fenêtre en tiers-point. La muraille latérale, du côté de l'Épître, fait clôture comme à Saint-Thégonnec et à Lampaul. L'autre est percée d'une porte entre six paires d'arcades géminées en anse de panier, sous autant de cordons en accolade à crochets et fleurons frisés.

La facade opposée au chevet présente deux arcades et les bénitiers extérieurs traditionnels. L'ossuaire fut restauré en 1637 et en 1733, date d'une inscription.

Eglise de Pleyben (Bretagne).

Calvaire. — Le calvaire, déplacé, en 1738, moyennant 1.800 livres, avait été construit, de 1632 à 1640, sous la direction d'Yvon Olina, maître-piqueur de pierres de Pleyben. Le granit à gros grain venait des carrières de Kergalven, dans la paroisse d'Édern, et le granit, à grain fin, dit de Kersanton, employé pour la statuaire, venait de Logonna et arrivait par mer jusqu'à Port-Launay.

Il a été restauré en 1907. Les statues sont probablement l'œuvre d’Ozanne, ancêtre d'une famille d'artistes brestois bien connus, qui signé sous le groupe de la Cène : Faist : a : brest : par M : IV : Ozanne : architecte :.

Le groupe du Lavement des pieds, porte le millésime de 1650. C'est le dernier en date des grands calvaires bretons, Tronoen, Plougouven (1554), Guimiliau (1581), Plougastel-Daoulas (1602), et pourtant il semble au premier abord plus archaïque encore que celui de Guimiliau.

Ozanne a fait de l'archéologie en habillant, ses personnages à la mode du siècle précédent, mais les dispositions générales sont perfectionnée. Le massif, toujours octogone, est considérablement allégé. Ce ne sont plus les contrerorts qui sont percés d'une arcade, c'est le noyau qui est traversé, par deux berceaux plein cintre se coupant à angle droit. Une voûte d'ogives, ornée d'un boudin filet saillant, soutient la plate-forme à la croisée.

La frise de statues, qui fait encore le tour du monument en épousant la forme des contreforts, est reportée au-dessus des clefs de voûte et occupe à meilleure distance une surface moins exagérée. Les personnages de ce registre, posés sur une corniche, et ceux de la plate-forme, les uns et les autres plus dispersés, échappent enfin à l'impression d'encombrement qui domine ailleurs. Les scènes de l'étage inférieur commencent au contrefort sud-ouest et se lisent en suivant le sens inverse des aiguilles d'une montre. Elles appartiennent aux cycles de la Nativité, de l'Enfance et de la Passion.

Eglise de Pleyben (Bretagne).

A l'étage de la plate-forme, les groupes, disposés pour et non par ordre chronologique, représentent, aux angles, les cavaliers et les soldats romains, Jésus livré aux bourreaux, la rencontre de Véronique ; et, sur les faces, les grandes scènes du Portement de croix, de la Descente aux limbes avec une pittoresque représentation de l’Enfer, de la Mise au tombeau, comprenant un huitième personnage, comme à Lampaul, et la Résurrection.

Les trois croix s'élèvent au centre du monument, sur des fûts écotés, comme à l'ordinaire. Celle de Notre-Seigneur porte un bras transversal pour les statues de la Vierge et de saint Jean. Deux anges recueillent le précieux sang.

Les larrons, dont les noms — Dismas et Gismas — se trouvent inscrits aux pieds de leurs croix, sont accompagnés de l'ange et du démon qui vont emporter leur âme.

(Par M. le Vicomte Alfred de la Barre de Nanteuil).

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