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Le mobilier de l'église paroissiale de Pleyben. |
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LES STATUES.
Elles sont nombreuses en l’église de Pleyben et très vieilles, pour la plupart. D’un compte de fabricien de 1640 nous relevons les « imaiges » de Saincte Katherine, saincte Pouline, sainct Anthoine, sainct Germain, du Crucifix, de Nostre Dame, de sainct Jehan, de sainct Pierre, de saincte Genoffvève, de sainct Sébastien, de sainct Yves, que nous retrouvons encore en 1938 en vénération, après plus de 300 ans d’existence. Taillées dans le chêne ou le granit, elles ont défié les siècles et cadrent admirablement avec les autels, les boiseries sculptées qui forment la riche ornementation de l’intérieur de l’église.
LES AUTELS.
M. le chanoine Abgrall, dans un chapitre qu’il consacre aux retables du Diocèse, s’exprime ainsi : « La magistrale, la plus riche, et, en même temps la plus correcte de ces oeuvres, est, sans contredit, le retable du maître-autel de Pleyben ».
Ce retable, à tourelles est l’une des plus belles pièces de notre mobilier liturgique. On y relève 90 figurations de personnages. Ce délicat travail est dû au talent d’artistes quimpérois, « honorables gentz Yvon, Jean et Pierre le Déan, maistres sculteurs » qui firent marché avec le général de Pleyben, le 7 Décembre 1666, pour la somme de 1.500 livres tournois.
L’autel du Rosaire est surmonté d’un retable à colonnes. Il fut confectionné, en 1698, par deux artisans de Pleyben, Jean Cévaër, et Jean le Séven, le premier, maître-sculpteur, le second, maître-menuisier, pour la somme d’environ 1.565 livres.
On doit à ces deux ouvriers les autels de la chapelle de Notre-Dame de Guennili en Pleyben, celui du Rosaire à Lopérec, les rétables de Saint-Sébastien en Saint-Ségal et ceux de Sainte-Marie du Menehom, qui sont de vrais chefs-d’oeuvre de sculpture sur bois.
Le retable qui domine l’autel du Sacré-Cœur est loin de valoir celui du Rosaire : il n’est pas de la main des artisans ci-dessus. Cet autel était jadis l’autel de la Confrérie des Trépassés, dont il porte encore les attributs allégoriques : tibias croisés, sablier...
Nota 1 : Le retable à tourelles du Maître-autel de l'église de Pleyben (1666-1667) : Dans le chapitre qu'il consacre aux retables, M. le Chanoine Abgrall s'exprime ainsi : « La plus magistrale, la plus riche et, en même temps, la plus correcte de ces oeuvres est sans contredit le retable du maître-autel de Pleyben. Sur des gradins, chargés d'admirables arabesques entremêlées d'anges, de dauphins et de cartouches s'élève une magnifique ordonnance architecturale composée d'un tabernacle central, de forme octogonale et à étage triple, de deux panneaux à frontons courbes, traités en perspective pour leur donner plus de profondeur, et aux extrémités, deux autres édicules à double étage, le tout agrémenté de délicates colonnettes torses, entourées des feuillages les plus déliés. Aux angles du tabernacle sont assis les quatre Evangélistes ; sur la porte est la statuette de Notre-Seigneur, et sur les deux côtés, dans des niches à coquille, Saint Pierre et Saint Paul ; dans les tourelles des bouts, saint Germain, le patron, et saint Jean-Baptiste. Dans les panneaux intermédiaires, au milieu d'un encadrement d'une extrême richesse, sont enchâssés les bustes de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge ; et tout cet ensemble est couronné de balustrades, clochetons, lanternes et frontons garnis de guirlandes, draperies festonnées, angelots, têtes de chérubins et détails prodigieux d'architecture ». Ce délicat travail est dû au talent d'artistes quimpérois ainsi que nous l'apprenons par les pièces suivantes des archives paroissiales. « Le septième jour de décembre mil six cents soixante six, après midy, devant nous notaires de la Cour du Roy à Quimper, et celle des Regaires de Cornouaille, avecque soubzmission y jurée et prorogation de juridiction, ont comparus en leurs personnes Noble et discret Mr. Jan Baptiste de Kerret, vicaire perpétuel de Pleiben, demeurant en son presbitaire de la dite paroisse, et Nicolas Foll maintenant fabricque de l'esglize parrochiale de Pleiben, stipulant pour luy et ses successeurs fabricques, et estant tant que les parroissiens de Pleiben l'auront agréable et de l'ordre de l'Illustrissime et Révérendissime Evesque et Comte de Cornoaille, Missire René du Louët, demeurant le dit Foll au lieu du Ferzou prédicte paroisse, d'une part, et honorables gentz Yvon, Jan et Pierre Le Déan, maistres sculteurs demeurants scavoir le dict Yvon en la ville de Brest, et les dicts Jan et Pierre en ceste ville et fauxbourg de Quimper, d'autre part. (Note : Ces sculpteurs du Roi, Jean et Pierre Le Déan, travaillèrent aussi à Pont-Croix et à Bodilis). Entre lesquelles partyes a esté faict le marché qu'ensuict, quy est que les dicts Le Déans ont promis et par ceste promettent et s'obligent de faire un tabernacle avecque ses gradins, parements d'autel, deux credansses un à chacun boult de l'autel et un balustrade et les chaizes pour les célébrants, le tout de boys de chesne sans aucun estoffement, le tout conformément au dessain par les dicts Le Déans présenté, chiffré d'iceux, ensemble du dict sieur Vicaire et des soubsignants notaires ; lequel tabernacle sera mis sur le grand autel de la dicte esglize parrochiale de Pleiben, à fournir le dict ouvrage et dessain soubz quinze mois prochains en faveur de la somme de quinze cents livres tournois, laquelle somme promet et s'oblige le dict fabricque au dict nom paier en trois termes à raison de cinq cents livres en et dans chacune, scavoir cinq cents livres dans le quinziesme jour de janvier prochain venant, pareille somme au premier jour d'aoust ensuivant aussy prochain, et le surplus quy est pareille somme lors de la perfection et aplanement du dict boys de chesne requis et nécessaires, et seront tesnus les dicts Déans d'aller toucher leurs payements quy leur seront faicts par le dict fabrique aux termes cy-dessus dans la dicte paroisse, et sera tesnu pareillement le dict Foll au dit nom d'aller quérir à ses propres fraicts le dict tabernacle et despandances en ceste ville. A tout quoy faire, tenir, fournir et accomplir lesquelles partyes s'obligent chacune d'elles en ce que le faict luy touche sur obligation de touts leurs biens meubles et immeubles présants et futurs, et par leurs sermants, mesme les dicts Déan et Foll au dict nom, de prison fermée, l'une voye d'exécution pour défaut l'aultre se y pouront faire unaniesment et ensemblement comme pour deniers royaux et gages de Cour, l'un des dicts Déans obligé pour l'aultre et un seul pour le tout in solidum avec renonziation au bénéfice de division ordre et droit de division de leurs biens, et personnes, lequel dessain a esté délivré présentement au dict sieur Vicaire pour communiquer aux dicts paroissiens, et, passé de ce, iceluy sieur Vicaire promet le dellivrer aux dicts sieurs Déans soubz les festes de Nouel prochain sur obligation de touts ses biens et par ses saints Ordres, et seront tenus les dicts sieurs Déans d'aplaner le dict tabernacle en place à leurs propres fraicts lors de la perfection d'iceluy, lequel tabernacle aura de haulteur onze pieds y comprins l'imaige de la Résurrection et douze pieds de largeur, la Balustrade dix huict pieds de long, non compris les deux vantz des balustres pour aller à l'autel, les chaizes des cellébrants de sept à huict pieds de haulteur, avecque le marchepied en dedans de la balustrade. Ainsy voullu, promis, juré, gréé, renoncé, condamné et le gréé prins à Quimper au rapport du soubzsignant notaire royal, soulz les signes des dicts sieur Vicaire, Déans et les nostres et disant le dict Foll ne scavoir signer a pryé Jean Piot de signer ceste pour luy, ainsy signé à l'original de ceste estant sur vellin par devers Verron notaire royal soubsignant, René du Louët, evesque de Cornoaille, Jean Baptiste de Kerret, Jan Piot, Yvon Le Déan, Jean Le Déan, Pierre Le Déan, et de nous René Morice, notaire des Regaires et Jean Verron, notaire royal registrateur. René MORICE, notaires des Regaires. J. VERRON, notaire royal. Reçu du dit Foll fabrique tant pour le rapport de l'original et dellivration de ceste coppye, soixante sols ». Le document ci-dessous a trait à l'exécution des conditions apposées au dit marché : « Le saiziesme jour de Janvier avant midy mil six cent soixante sept, devant nous notaires en la Cour royalle de Châteaulin avec soubmission y jurée et juridiction ont comparu en leurs personnes honorables gentz Yvon, Jean et Pierre Le Déan desnommés en l'acte du marché cy-dessus de l'autre part, lesquels ont reçu présentement un louis d'or et deux louis d'argeant de France et aultre bonne monnoie et ayant cours, de Nicolas le Foll fabricque de l'église parroissiale de Pleiben, aussy et présent, la somme de cincq cents livres pour avoir emboursé la dicte somme de cincq cents livres ont quitté et quittent le dit Foll de la dicte somme sans préjudice du surplus avant l'attouchement duquel surplus et restant quy est mille livres du contenu au dict acte, les dits Déan promettent fournir bonne et resséantes cauptions de bourgeois de la ville de Quimper, et ont aussy les dicts Déan esté présentement saisis par le dit Foll du dessain du tabernacle mentionné au dict acte, dont ils l'ont quitté pareillement. Faict et gré au bourg de Pleiben soubz les seings des dicts Déans et nous notaires les dits jour et an ». YVON LE DEAN, PIERRE LE DEAN, JEAN LE DEAN. L'HARIDON, Notaire Royal, QUEFFELEC, Notaire Royal. L'initiateur principal de cette oeuvre d'art, aujourd'hui classée parmi les monuments historiques, fut donc Messire Jean-Baptiste de Kerret, alors vicaire perpétuel de Pleyben, dont la générosité non moins que le goût éclairé a contribué à doter l'église de Pleyben de maintes pièces de grand intérêt. A défaut de l'attestation authentique des copies reproduites plus haut, la présence dans la tourelle à côté de l'Epître de la statuette du Précurseur, son saint patron, eût été de nature à éveiller l'attention sur son initiative en cette entreprise : cette image sculptée a la valeur d'une signature. Reconnaissons d'ailleurs que ses successeurs à la tête de la paroisse de Pleyben ne se sont pas montrés moins dignes de continuer l'oeuvre d'embellissement qu'il avait si magnifiquement commencée.
Nota 2 : Retable à colonnes de l'autel du Rosaire de l'église de Pleyben [Note : La Confrérie du Rosaire fut érigée à Pleyben, en 1644, sur l'initiative du sieur Coffec, vicaire perpétuel, par le Fr. Jourdain de Saint-Yves, dominicain du couvent de Morlaix. (Notice sur la Confrérie du Rosaire à Pleyben, par M. le Chanoine Le Coz, présentée au Congrès marial du Folgoat, 1913)]. Les archives, en effet, ont également gardé le contrat passé en 1698 pour la construction du retable à colonnes qui surmonte l'autel du Rosaire. Mais, à la différence de ce qui se produisit en 1667 pour la confection du retable à tourelles, l'on ne fit pas appel cette fois à la main-d'oeuvre étrangère. A Pleyben même, de véritables artistes sculpteurs s'étaient révélés, et c'est à ces artisans, modestes ouvriers du bourg, que s'adressa M. Yves Coquet, pour lors Vicaire perpétuel. Les merveilleuses sculptures sur bois dues à leur savante maîtrise, et qui existent encore, témoignent que Messire Yves Coquet avait vu juste en discernant le talent de deux ouvriers, ses paroissiens. Les lignes qui vont suivre nous dévoileront les noms de ces maîtres-sculpteurs qui illustrèrent de si remarquable façon et l'église de Pleyben et sa chapelle annexe de Saint-Sébastien, en Saint-Ségal, auxquelles devra s'ajouter le sanctuaire de Sainte-Marie du Menez-Hom, et très probablement aussi l'église paroissiale de Lopérec. Le retable actuel de l'autel du Rosaire, classé comme monument historique, a succédé à un premier retable. Dans les comptes des fabriques du Rosaire, Jan Le Goff fabrique en charge en 1699, dit « avoir payé aux ouvriers qu'il fallut employer pour aider à placer le retable neuff et déplacer le vieux, cincq livres huict sols ». Le marché de cette oeuvre eut lieu le 14 octobre 1696. En 1697, le fabricque en charge du Rosaire, Yves Kerbrat, déclare « avoir payé deux livres six sols en faisant le marché avec les sculpteur et menuisier pour le retable du Rosaire, plus au nottaire pour façon de l'acte du dit marché et controlle il a paié neuff livres dix sols. Plus demende descharge de la somme de cincq cents livres qu'il a paié aux dits sculpteur et menuisier suivant quittance au pied du dict acte, à valloir à leur marché ». Voici des quittances délivrées par ces maîtres-ouvriers aux fabriques du Rosaires : « Nous soubsignés, maistres sculpteur et menuisier chargés de faire le retable du Rosaire en l'église parroissiale de Pleiben, suivant acte du quatorziesme octobre mil six cents quatre vingts seize, reconnoissons avoir ce jour receu du Sr. Yves Kerbrat, fabrique du dit Rosaire à valoir au dit marché, scavoir moy Jan le Cévaër la somme de cent vingt livres thournois, et moy Jan Séven la somme de quatre vingt livres thournois, desquelles sommes nous luy tiendrons compte et à la dite confrairie avec ce que nous avons cy-devant receu. Fait à Pleyben le troisième jour de may mil six cent quatre vingt dix sept » J, CEVAER, JEAN LE SEVEN. « Je qui soussigné, connois avoir eu et receu d'Yves Kerdevez demeurant au lieu de Kerossant, paroisse de Pleiben, fabrique cette année de la Confrérie du Rosaire, la somme de soixante livres thournois, a valloir au marché d'un retable du Rosaire commencé par moy, sans préjudice d'autre quittance cy-devant donné. Fait à Pleiben le quatorziesme juillet mil six cents quatre vingt dix sept apprès midy » JEAN LE SEVEN. « Nous soussignés, maîtres sculpteur et menuisier, reconnoisons avoir receus de Jan le Goff, fabrique du Rosaire, a valloir au marché et renable du retable du Rosaire chacquun cent livres. Ce jour vingt et huictiesme d'octobre 1698, et ce sans préjudice d'autres quittances que nous avons cy-devant donnés » J. CEVAER, JEAN LE SEVEN. « Je qui soubsigne maître sculpteur connois avoir ce jour receu de Jan le Goff fabrique du Rosaire en l'église de Pleyben la somme de trois cents vingt et cinq livres thournois, laquelle somme avec celles que j'ay cy-devant receu tant du dit Goff que d'Yves Kerbrat et d'Yves Kerdevez, précédents fabriques, fait en tout la somme de huit cent vingt et cincq livres, dont j'ay convenu à l'amiable avec les paroissiens de Pleyben suivant la taxe de Monsieur le baron de Trésiguidy, pour la sculpture du retable que j'ai fourni au Rosaire de la dite église dont je quitte généralement et sans réservation le dit Goff en la dite qualité et tous autres. Fait à Pleyben le trentième de novembre mil six cens nonante et huit » J. CEVAER. En 1699, Jan Le Goff, fabrique, dit « avoir emprunté de la fabrice de Saint-Germain pour aider à faire le retable neuff trois cents nonante livres. Item il a paié à Jan Cévaër, maître-sculpteur, pour parpaiement de son travaill au retable neuff quatre cent vingt et cincq livres thournois suivant quittance du 30 Novembre 1698. Demende encore descharge de la somme de quatre cent quarante livres qu'il a paié à Jan le Séven, maistre menuisier, pour son travaill et la fourniture de tout le bois pour le dit retable, de tout quoy il a parpayé suivant quittance du 10 may 1699 ». Si l'on tient compte de la somme de 825 livres portée à la quittance générale de J. Cévaër et des quittances partielles fournies par Jean le Séven, l'on voit que la somme totale délivrée aux deux maîtres s'élève à environ 1565 livres. Dans une notice publiée par M. l'abbé Madec, recteur de Saint-Ségal, sur la chapelle Saint-Sébastien située sur le territoire de sa paroisse, on trouve la note suivante de M. le Chanoine Abgrall, architecte diocésain : « En étudiant à fond la question des ouvriers auteurs des sculptures de Saint-Sébastien on se convainc qu'ils ont été formés à Pleyben. Les chefs-d'oeuvre de Pleyben qui constituent un ensemble unique dans le diocèse, ont été exécutés presque en totalité par des ouvriers de la paroisse : les archives conservent les noms des artistes et le prix des travaux. Le Vicaire perpétuel de Pleyben, M. Yves Coquet, qui fit construire l'autel du Rosaire à Pleyben en 1698, employa à Saint-Sébastien, de 1698 à 1710, les mêmes ouvriers, Jean Cévaër et Jean le Séven. Ceux-ci seraient ensuite allés à Sainte-Marie du Ménez-Hom, dont les retables ont été achevés en 1710 et 1715. D'ailleurs, l'ornementation des retables de Sainte-Marie du Ménez-Hom et de Saint-Sébastien, avec leurs statues identiques, sort visiblement des mêmes ateliers. Les retables de Saint-Sébastien ne portent pas de date apparente, et c'est regrettable ». Cette dernière phrase appelle une remarque ; on lit en effet sur le linteau de la porte de la sacristie à la chapelle Saint-Sébastien, l'inscription suivante : FAIT L'AN 1706. F. AUTRET F. 1707. Et cette date concorde exactement avec celle assignée par M. Abgrall aux sculptures de cette chapelle : de 1698 à 1710. Le Vicaire perpétuel de Pleyben étant en même temps recteur de Saint-Ségal, il est tout naturel de penser qu'il n'aura pas hésité à confier à Cévaër et le Séven, dont il venait d'expérimenter l'adresse et l'habileté, le nouveau travail d'embellissement qu'il projetait à Saint-Sébastien. Dès l'achèvement du retable du Rosaire en 1698, Jean Cévaër entreprend l'exécution d'un second retable, celui-ci destiné à la chapelle de Notre-Dame de Guennily, en Pleyben. La liasse E N° 1 des archives renferme une quittance ainsi conçue : « Je soubsigné, cognois et confesse être satisfait de la somme de cent cinquante livres pour un retable que je fait sur le grand autel de Nostre Dame de Guennily, de laquel somme Yves le Bennégès a payé la somme de 57 livres et Péron le Guillou cinquante et quatre, et Yves le Quéau quatre livres 10 soulz, et trante et quatre livres dix soulz de Paul Lenez, et le tout par les mains du dit Lenez lors fabrique. Ce jour 31 Juillet 1699. En foy de quoy je signe » J. CEVEAR. Le retable de Guennily, quoique très modeste, rappelle encore aujourd'hui dans ses guirlandes, le délié des sculptures de la chapelle Saint-Sébastien et celles de Sainte-Marie du Menez-Hom. La reproduction exacte des détails de l'autel du Rosaire de Pleyben en celui de l'église de Lopérec, nous autorise aussi à croire qu'on doit les attribuer à la même main. Le Séven et Cévaër travaillèrent toujours de concert ; en 1711 (Liasse H N° 24), un différend survint entre eux et Jean Gargam, fabrique marguillier du Cloître au sujet de travaux exécutés en l'église du Cloître-Pleyben qui possède deux autels avec retables à colonnes. Cévaër dut mourir vers 1717 : cette même année, sa veuve confirma dans une quittance générale, toutes celles produites par feu son mari aux fabriciens de Pleyben, durant les 18 années précédentes. La paroisse de Pleyben peut citer à bon droit ces noms de Jan Cévaër et de Jean Le Seven, parmi ceux qui lui font honneur. (Note : Dans une quittance générale des sommes qu'ils ont reçues pour leurs travaux des dits retables, Jean Cévaër se dit résidant au bourg paroissial de Pleyben, et Jean le Séven au village de Trévoan, en la trêve du Cloître, paroisse de Pleyben).
LES ORGUES.
D’une pièce des archives, datée de 1629, il apparaît que l’église de Pleyben possédait des orgues, placées dans une chapelle du côté de l'Evangile, dite de Saint-Sébastien. Elles furent remplacées, en 1688, par les soins de Maître Thomas Dallam, sieur de la Tour. Ce facteur d’orgues était Anglais d’origine : on lui doit plusieurs orgues du diocèse. Le marché passé entre lui et le général de Pleyben pour la confection des orgues nouvelles montait à 4.000 livres : la réception eut lieu le 19 Février 1693.
Les orgues en question furent renouvelées en 1784, puis en 1877 : le buffet qui les contient au bas de la grande nef rappelle ceux de Guimiliau, Lampaul et Saint-Thégonnec.
Les archives de Pleyben nous ont gardé les noms des organistes de 1634 à nos jours : les appointements qui leur étaient attribués se révélaient insuffisants à leur entretien et celui de leur famille.
VOÛTE SCULPTÉE ET FRISES.
L’église est couverte d’un lambris de bois en berceau ogival, divisé en panneaux par des nervures ornées de clefs pendantes, d’une extraordinaire variété. Ces clefs sont au nombre de 116 : on y remarque 62 exécutants, angelots, musiciens et acrobates. Sur les nervures formant la croisée des transepts se voient les sibylles antiques avec leurs attributs, les prophètes de l'Ancienne Loi, enfin, en encorbellement, les quatre évangélistes.
A la base de cette voûte, tout autour de l’immense vaisseau, règne une frise de bois sculpté, datant de 1571, où les scènes mythologiques alternent avec les épisodes tirés de l'Evangile ou des autres Livres saints. La description de ces scènes a été faite de main de maître par M. le chanoine Abgrall dans son opuscule consacré à l’église de Pleyben (1908).
Nous avons relevé 524 personnages dans toute la boiserie sculptée de l'’église de Pleyben : quel travail de patience, et quel nombre d’heures et de journées il a fallu pour l’exécuter ! Nos pères, désireux de léguer à leur postérité des ouvrages durables, y employaient tout le temps voulu.
LES VERRIÈRES.
Derrière le maître-autel s’élève la maîtresse-vitre avec ses quatre baies renfermant les scènes de la Passion et de la Résurrection du Sauveur. C’est une œuvre très belle de la fin du XVIème siècle ou du commencement du XVIIème, habilement restaurée en 1879, date à laquelle furent adjoints les vitraux qui l’accostent, représentant l'arbre de Jessé, d’une part, et l’interprétation figurée de cette parole du Sauveur : « Je suis la vigne, vous êtes les branches ».
Dans les transepts, deux vitraux modernes et de belle venue, dues au talent de M. Plouquet, artiste verrier de Paris, retracent la vie de saint Germain d'Auxerre et de sainte Catherine d'Alexandrie, patrons de l’église de Pleyben. Ils ont été placés, en 1917, par les soins de M. le chanoine Yves Le Coz, alors curé-doyen de Pleyben.
Nota 3 : Marché de l'horloge de l'église paroissiale de Pleyben : Il est remarquable que Pleyben qui avait fini par trouver parmi ses artisans deux maîtres-ouvriers capables de produire en sculpture les plus beaux chefs-d'oeuvre, découvrira aussi en son sein un maître-horloger dont la réputation s'étendra au loin dans le pays. Fils de Mr. Charles Guèguen, horloger au bourg de Pleyben, il est signalé au compte de fabrique de 1701 avoir reçu 150 livres pour avoir renouvelé l'horloge de l'église paroissiale de Pleyben. Nous lisons aussi dans le t. III de l'Inventaire Sommaire des Archives Départementales, p. CCXVIII, que Charles Guéguen, de Pleyben, travaille en 1703, à l'horloge de la cathédrale de Quimper. — Le 23 décembre 1703, il passe marché pour la confection d'une horloge destinée à l'église de Lochrist au Conquet. — En 1706, il fait un devis pour l'horloge de Lesneven, laquelle devra être faite pour le 15 Juin suivant. Elle aura 3 pieds et demi de long ; 3 de haut ; et 2 de large. Elle sera en pendule pour régler la sonnerie, devra sonner l'heure sur la grande cloche et les quarts et demies sur les autres. Le 27 Décembre, Charles Guéguen soumissionnait et obtenait le travail, pour 740 livres, contre Joseph Mory, Maître horloger de Landerneau. Toutefois les choses traînant, il y eut une autre adjudication en Avril 1709, et Charles Guéguen l'emportait encore sur son concurrent ; le marché toutefois ne montait plus qu'à 327 livres. (Archives Municipales de Lesneven). Le 19 septembre 1749, il passait marché pour la confection, moyennant 350 livres, d'une horloge neuve avec montre pour l'église Saint Guénolé en Ergué-Gabéric. La signature du dit Charles Guéguen aux registres paroissiaux est toujours accompagnée d'une roue dentelée, symbole de sa profession d'horloger. Mais en 1679, Pleyben attendait encore son maître horloger et faisait appel à la main-d'oeuvre étrangère. Liasse A N° 49. — 1679. « Ce jour quastriesme de Juin, après midy an mil six centz septante et neuff, présant ont esté en personnne devant nous notaire de la Cour royalle de Châteaulin y debuement soubmis, Michel le Guillou fabricque et marguillier de l'église paroissiale de Sainct Germain Pleiben, demeurant au lieu de Stéréon en la dite paroisse, d'une part, et Sire Allain Jégouic, maistre horologier, demeurant au passage de Nostre Dame de la Croix en la paroisse de Haut-Corlay, d'autre part ; entre lesquelles parties est convenu que icelluy Jégouic a par ceste promis et s'oblige de faire un horloge dont l'heure sonnera sur la grosse cloche du cloché neuff de la dicte église de Sainct Germain Pleiben, et pour cest effect, faira la quarée de la ditte horloge de trois pieds de long, de deux pieds de laize et deux pieds et demie de hauteur ; la roue des minuttes aura de diamètre dix-huict pousses et d'épesseur par dehors quatre lignes ; la roue de rencontre aura de diamètre traize pousses, d'épesseur à la dentz trois lignes ; la grande roue de la sonnerie aura de diamètre dix-huict pousses et d'épesseur par dehors quatre lignes et demie ; les autres secondes roues grandes et fortes à proportion des autres cy-devant. Les poids de la dicte sonnerie se montera avec une cigogne et sujet avec la ferraille dans la monstre qui sera placée au bout de la dicte horloge qui paroistrera en dehors vis-à-vis de la grande croix en la semetière, parce qu'il en fournira la carrée de bois pour la dicte montre preste à estre marquée, que le dit Jégouic marquera, sauff au dict fabricque de la faire peindre ; en outre les poids et mouvements se monteront avec une croisé, le marteau qui sonnera sur la grande cloche paisera trante cincq livres ou plus ; le dict entrepreneur s'oblige de faire sonner la demie heure sur telle cloche quy luy sera désignée au dict clocher et fournira les cordes pour monter les poids de la dicte horloge, lesquels poids luy seront donnés des pierres faictes et dressées par des tailleurs de pierres, et fournira aussy les fils de fer et les marteau recquis et nécessaires pour ce ; promet et s'oblige le dict entrepreneur de rendre tout ce que dessus et poser en place à ses frais et despants, soulz la Toussainct prochaine venante, et rendre la dicte horloge renable au désir du dessain cy-dessus laquelle il remettra en estat en cas de piesces faillantes soulz jour et an après avoir esté posée en place. En fabveur de ce que dessus le dict Guillou au dict nom promet et s'oblige de payer et faire avoir au dict Jégouic la somme de trois cents vingt et cinq livres, à valloir en laquelle somme le dit Guillou a présantement payé et solvé comptant au dict entrepreneur, la somme de quattre vingt dix livres tournois le tout en bonne monnoie, consenti quitance vallable ce touchant et le parsus payables lorsque la dicte horloge sera placée et le tout parfaict. Ainsi faict, promis, gréé, juré, obligé, consenti et condemné par la dicte Cour et le gré prins au bourg de Pleiben au tablier du soubzignant Frabolot, soubz le signe des dictes parties et des présants et acceptants ». Ainsi signé à l'original. A. JEGOUIC, MICHEL LE GUILLOU, H. LE PAGE et G. FRABOLOT, notaire royal. G. HEMERY, JAN BAPTISTE DE KERRET vicaire perpétuel. « Ce jour dix neuffiesme de septembre après midy an mil six centz septante et neuff presant a esté en personne devant nous soubzignants notaires de la Cour royalle de Chateaulin y debuement soubmis, Sire Allain Jégouic maistre horologier desnomé au marché cy-dessus, lequel connoit avoir esté payé tant présantement que avant ce jour du prix du marché avec luy aresté par Michel Le Guillou, fabricque de l'église de Pleiben, dont le dit Maistre Allain Jégouic le quitte et tous autres au dict nom, qui est la somme de trois cents vingt et cinq livres tournois, dont au moyen il quitte le dict fabrique au dict nom sur obligation de ses biens et sermant, sans que le dict Guillou entende déroger aux points et conditions que par le dict marché. Ainsi faict, promis, gré, juré, obligé, consenti et condemné par la dicte Cour et le gré prins au bourg de Pleiben soubz le signe des dites parties et les nostres ». Ainsy signé à l'original. A. JEGOUIC, MICHEL LE GUILLOU, et de nous H. LE PAIGE et G. FRABOLOT, notaires royaux. G, FRABOLOT, notaire royal. « Le dix-neuffiesme de septembre après midy an mil six cents septante et neuff, Sire Allain Jégouic maistre horologier desnommé en l'acte devant, a mis en place l'horloge et monstre qu'il a deub faire en l'église de Pleiben au désir du marché cy-devant, ainsy que le Sieur Vicaire de la dicte paroisse et Michel le Guillou fabricque d'icelle l'ont reconnu, lesquels ont réservé de faire autre regnable à dire d'experts, au cas que les parroissiens le jugent à propos et aux frais de qui il sera deub et ne déroger au mesme condiction du dict acte cy-dessus. Ainsy signé à l'original. JEAN BAPTISTE DE KERRET, Vicaire de Pleiben. A. JEGOUIC. et de nous H. LE PAIGE, et G. FRABOLOT, notaires royaux. G. FRABOLOT, notaire royal. Receu du dict Guillou pour ceste copie quinze sols et vingt et deux sols pour autre copie délivré au dict Jégouic, y comprins le timbre » (Archives du diocèse).
(abbés Monfort et Abgrall)
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