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Plomelin durant la Révolution LA PAROISSE DE PLOMELIN |
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Le recteur Jean Lagadec fut nommé, en 1790, trésorier de la municipalité de Plomelin. La municipalité s’occupa à ce moment de l’entretien des pauvres de la paroisse. Réunie le premier dimanche de chaque mois, elle mettait au point la liste des indigents qui serait publiée au prône de la grand'messe. Défense de donner l’aumône à d’autres. Les mendiants non reconnus comme tels devaient être dénoncés et semoncés. En cas de récidive, ils seraient conduits au district. Quant aux mendiants étrangers, on les arrêterait au premier village où ils seraient trouvés ; deux fusiliers les reconduiraient dans leur commune ; en cas de récidive, ils seraient menés au district.
La municipalité se chargeait des enfants de moins de dix ans, qu’elle plaçait chez des particuliers. Ceux-ci les nourrissaient et devaient les traiter « selon Dieu et leur conscience » ; en cas de mauvais traitement, on les placerait ailleurs.
En ce qui touche les malades indigents, une quête serait faite chaque année à leur intention, et, de surcroît, on les recommanderait prônalement à la charité des paroissiens.
Un membre de l’assemblée fit à ce propos une motion généralement applaudie. Il est reconnu qu’un coup de vin est pour les malades un remède efficace ; nul n’ignore, d’autre part, qu’à la campagne le vin d’auberge est de qualité inférieure « plutôt propre à empoisonner qu’à faire du bien ». Le personnage en question propose, pour procurer du bon vin aux malades, d’acheter une barrique aux frais de la municipalité. Ceux qui sont aisés le prendront à l’auberge, en payant le litre, les pauvres l’auront gratuitement. On donnera seulement une bouteille par jour et l’on n’accordera la troisième qu’après avis du recteur, qui s’assurera de l’état du malade. Celui qui sera chargé du vin rendra compte tous les mois de la situation.
Les festins de noces, à l’époque, duraient de cinq à six jours. On propose d’interdire les excès qui avaient lieu à cette occasion. Pour les baptêmes, on restait longuement fricoter dans les auberges ; la fête durait jusqu’à la tombée du jour, et la pauvre mère se trouvait délaissée chez elle … A ces abus la municipalité offre de porter remède, et défend aux aubergistes de donner à boire après six heures du soir (Archives municipales de Plomelin).
Le recteur Lagadec déclarait, le 25 Janvier 1791, à la municipalité qu’il se proposait de prêter le serment civique, après accord avec le maire sur le jour. Il ne tarda pas à émettre ce serment (Peyron, Documents...., I, p. 123).
En Juillet 1792, Jean Lagadec, membre du Directoire du district, prit part, avec un certain nombre de ses paroissiens, à la fête de la Fédération qui se célébra à Quimper. « On a vu avec plaisir, note le secrétaire Desnos, un piquet de grenadiers, le sabre en main, conduire à une certaine distance de la ville leurs frères d’armes du canton de Plomelin [Note : Plomelin était chef-lieu d’un canton comprenant les communes de Plomelin, Bodivit, Tréméoc, Pluguffan et une partie de celle de Combrit], distinction due à un canton dont les habitants, guidés par les leçons d’un curé patriote, ont toujours fermé l’oreille aux insinuations perfides des ennemis de la chose publique, qui dans la quinzaine après la réception des rôles de leurs contributions, les ont versées au trésor public, et qui, enfin, dans ces derniers temps, ont montré leur zèle pour l’ordre en éloignant de leurs parages, par une surveillance continuelle, des brigands soudoyés par un malheureux cultivateur, instrument et victime de la ligue impie du fanatisme et de l’aristocratie » [Note : Allusion à Alain Nédélec, cultivateur et juge de paix du canton de Fouesnant, dont l’élection venait d’être invalidée].
Les 16, 17 et 18 Août 1792, le recteur de Plomelin abrita dans son presbytère des Girondins proscrits [Note : Depuis le 14 Août 1792, Lagadec avait un compagnon de presbytère en la personne de l’abbé Alain Le Page, qui, le 8 Janvier 1793, signera « agent national ». A la date du 12 Septembre 1792, le registre porte la signature de Le Serandour « vicaire épiscopal du Finistère ».
Le 9 Juin 1793, il préside la séance du district. Le 2 Octobre, il est élu président de ce district, mais à partir du 20 du même mois, sa signature disparaît des registres.
Le 26 Décembre, l’ordre arrive de Brest de l’arrêter, ainsi que le vicaire de Pont-l'Abbé, Marin Perdoux. Lagadec est amené au Comité nocturne de Quimper, au milieu d’une nuit froide ; le lendemain, il est traîné à Brest, de brigade en brigade.
Quels étaient les crimes de Lagadec ? Il avait donné asile à des Girondins. Et le 19 Juin précédent il avait présidé la séance du Conseil de district de Quimper, où le substitut Vinoc avait prononcé un violent réquisitoire contre les terroristes Marat, Robespierre, et concluait en demandant que leur agent dans le Finistère, le citoyen Royou-Guermeur, fût tenu en état de surveillance. Ce dernier ne l’avait pas oublié et il ne lui avait pas fallu six mois pour tenir sa vengeance (Archives départementales, Fonds P. Hémon).
Combien de temps Lagadec resta-t-il en prison ? Nous l’ignorons. Ce que nous savons c’est que le 15 Floréal an II (4 Mai 1794) il se présenta en sa commune pour ratifier de sa signature la renonciation qu’il faisait à ses fonctions de prêtre et de curé.
Trois jours plus tard, le 18 Floréal, le Conseil de la commune de Plomelin, vu la démission ci-dessus : 1) Considérant la disposition des esprits ; 2) Considérant qu’il est de son devoir de prévenir les troubles pouvant résulter de la cessation du culte ; 3) Considérant que la démarche du sieur Lagadec, bien qu’elle soit conforme aux vues de la Convention, ne peut que nuire à la chose publique au lieu de la servir, a été d’avis d’appeler le citoyen Lagadec et de l’inviter, au nom de son patriotisme et de son amour pour la tranquillité, de reprendre ses fonctions. Ledit citoyen a comparu et sentant toute la sagesse de nos représentations s’est rendu à nos voeux, déclarant qu’il était disposé à tout sacrifier pour le bien et à signer avec nous.
TANIOU fils, DANIEL, maire, J. LAGADEC, curé, TANGUY, secrétaire (Archives municipales de Plomelin).
Ce qui n’empêchera pas le Comité de Surveillance de Quimper de viser le 16 Vendémiaire an III (17 Octobre 1794) « le certificat de Lagadec, ex-ministre du culte ».
Jean Lagadec fut agent national de Plomelin jusqu’au 8 Février 1795, jour où il fut nommé instituteur de la commune. Il dut résigner ses fonctions, les deux charges étant incompatibles.
Le 31 Mai le district enregistrait sa nomination de commissaire pour le recensement des grains et farines dans le canton de Tréméoc.
Le 2 Vendémiaire an IV (24 Septembre 1795), il se présenta en la maison commune en qualité d’ « ex-curé constitutionnel de Plomelin », déclarant qu’il se proposait de faire sa résidence en la commune « pour y exercer son culte connu sous la dénomination de culte catholique, apostolique et romain » et qu’il y vivrait soumis aux lois de l'Etat.
Le 1er Brumaire an IV (23 Octobre 1795), il reconnut en la maison commune que l’universalité du citoyen français est le souverain, puis promit soumission et obéissance aux lois de la République.
Le 16 Novembre 1795, la direction du district le désignait pour remplir les fonctions de commissaire du Directoire exécutif près des administrations municipales du canton de Plomelin.
Le 8 Germinal an IV (18 Mars 1796), la municipalité, présidée par François Guitot, ordonne de dénoncer et d’arrêter tout étranger et prêtre réfractaire trouvé sur le territoire de la commune, puis il frappe d’amende ceux qui leur donneraient asile, les rendant responsables des suites de l’affaire.
Le 29 Messidor et le 2 Thermidor an VI (17 et 20 Juillet 1798) il y sera question de faire des visites domiciliaires pour rechercher les suspects et estimer les biens nationaux du canton.
Le 1er Vendémiaire an VII (22 Septembre 1799), Jean Lagadec, Le Cam et Diquélou, respectivement. ministres du culte à Plomelin, Pluguffan et Tréméoc, se présentèrent à Plomelin, à la municipalité du canton, pour y prêter le serment de haine à la royauté, d’attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III.
Le 23 Prairial an VIII (12 Juin 1800), le Préfet nomme maire de Plomelin le citoyen Le Déan, et adjoint le citoyen Lagadec. Ce dernier signe encore à la fin de cette année « adjoint au maire ».
Jean
Lagadec et son neveu, le vicaire de Plomelin, assistèrent au synode tenu par
Audrein à Quimper, le 15 Juillet 1800 (H. Pérennès).
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