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La paroisse de Ploubalay durant la Révolution.

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Renseignements ecclésiastiques. — Ploubalay, autrefois cure du diocèse de Saint-Malo, relevait alors de l’archidiaconé de Dinan et du doyenné de Poudouvre, au siège de Saint-Enogat.

Après avoir été à la présentation de l'abbé de Saint-Jacut, cette paroisse, au moins depuis la fin du XVIIème siècle, était passée à l'alternative, c'est-à-dire à la présentation du pape et de l'évêque diocésain, chacun en leurs mois.

D'après une déclaration signée vers 1695 par le recteur Pierre Torseul, les droits de seigneur fondateur et prééminencier dans l'église de Ploubalay appartenaient au propriétaire de la châtellenie du Plessis-Balisson, érigée en comté en 1680 au profit de François du Breil, sous le titre de comté de Rays. En conséquence, les châtelains du Plessis pouvaient placer à Ploubalay, au-dedans comme au-dehors de l'église, une litre armoyée de leurs armes. De 1747 à la Révolution, ces personnages furent représentés par une famille de riches armateurs malouins, les Baude de Saint-Père, barons de Pont-l'Abbé, qui avaient acquis pour 307.000 livres, en 1747, la terre du comté de Rays, au siège du Plessis-Balisson.

Voici ce qu'écrivait le 6 décembre 1790, concernant les revenus de sa cure, le dernier recteur de Ploubalay sous l'ancien régime : « Je jouis d'un presbytère, avec une cour, un cellier, une étable, trois petits jardins et une écurie où l'on peut tout au plus loger deux chevaux » (Le presbytère actuel continue du reste d'utiliser les logements de l'ancien, que le Pouillé de Mgr. de la Bastie jugeait « peu de chose et très éloigné de l'église »).

« Les revenus consistent dans la neuvième partie de toutes les dîmes de la paroisse et dans les novalles. Le neume et les novalles, années communes, produisent environ 130 boisseaux de froment, 113 de blé noir, 25 d'avoine et 3 de mouture, mesure de Dinan.

L'apprécis de cette mesure est pour le froment, pareillement année commune, 7 livres, 7 sols, 9 deniers. Il y a, par conséquent, chaque année, pour 960 l. 7 s. 9 deniers de froment, 402 l. 10 s. de blé noir à 3 l. 10 s. le boisseau ; 75 l. d'avoine à 3 l. le boisseau ; 15 l. de mouture à cent sols le boisseau ; enfin, pour environ 50 l. de pois et de lin, ce qui forme un total de 1.502 l. 17 s. 6 d. » (Archives des Côtes-d'Armor, série L/v , district de Dinan).

Plusieurs autres personnes, soit laïques, soit ecclésiastiques, se partageaient le reste des dîmes de Ploubalay, car ce reste, en effet, constituait de beaucoup la plus grosse part de ce riche revenu. Ainsi, les bénédictins de Saint-Jacut, auxquels le pape Alexandre III confirmait dès l'an 1163 ce qu'ils possédaient de biens dans l'église de Ploubalay, déclaraient en 1574, que leurs dîmes en cette paroisse leur rapportaient 18 mines 10 boisseaux de blé. (Abbé Lemasson : Histoire du Royal Monastère de Saint-Jacut de l'Isle, in-8, St-Brieuc, 1912, p. 26 et 125). Les Carmes du Guildo, de leur côté, récoltaient la dîme dite de l'Isnoble, laquelle se levait à la douzième gerbe et rapportait 390 livres en 1774. Enfin, les Trinitaires de Dinard et le Chapitre cathédral de Saint-Malo recevaient aussi leurs parts. Quant aux seigneurs laïques, ils s'étaient réservé entre autres les grandes dîmes de la Mallerie, louées 600 livres en 1746, après que le chapitre de Saint-Malo y avait levé 40 boisseaux de froment et autant de paumelle, celles du Bourbonnier, celles de Saubosq ou de la Coudrais, celles de Lanrodel et celles de Rays ou de Piquant. (Archives des Côtes-d'Armor, E 167).

« L'église de Ploubalay, note le Pouillé de Mgr. de la Bastie, est en bon état, mais mal pourvue d'ornements. Il n'y a qu'un seul calice, encore est-ce une fondation » (de M. Jean Guillet, en son vivant recteur de cette paroisse, qui l'avait légué à l'église, à condition que l'on célébrât pour lui à perpétuité un service le jour de saint Jean-Baptiste). Un inventaire, daté du 14 avril 1714, nous documente en effet sur la pénurie de l'église de Ploubalay en argenterie. Il ne s'y trouvait à cette époque qu'un soleil ou ostensoir d'argent, un grand ciboire et une petite custode en argent, un calice appartenant à la confrérie du Rosaire et celui légué par Jean Guillet, plus une croix de procession en argent [Note : Cette pénurie durait encore en 1769. Cette année, l'évêque de Saint-Malo, faisant sa visite pastorale, prescrivait au général de Ploubalay de se procurer près de qui de droit « plusieurs ornements, un rituel ainsi qu'un processionnal, et de faire réparer le lambris de l'église »]. Aussi, l'année suivante, un procès était-il engagé avec les décimateurs ecclésiastiques pour les obliger à remédier à cette détresse, ainsi que le voulaient les ordonnances en vigueur à cette époque. Ceux-ci offrirent alors de faire à leurs frais couvrir et lambrisser le choeur et de fournir en outre trois chasubles neuves, un graduel, un antiphonaire, ainsi qu'un processionnal. Ledit procès durait encore en 1718 (cf. Revue de Bretagne, sept. 1912, p. 129). Nous ignorons comment il se termina.

A la fin des guerres de la succession de Bretagne, l'église de Ploubalay s'était encore trouvée dans une misère plus profonde. Si bien que le pape Grégoire XI, alors en résidence à Avignon, avait accordé en l'an 1372 une indulgence de 100 jours à tous ceux qui, venant dans l'église de Ploubalay à chacune des principales fêtes de l'année, y feraient une aumône destinée tant à réparer cet édifice qu'à le pourvoir d'ornements, car les soudards avaient fait main basse les années précédentes sur le mobilier de l'église. (Cf. Archives du Vatican : Reg. Avinionences 185, folios 228 et 271).

On remarquait dans l'ancienne église, qui remontait au XIIème siècle (Odorici) ou au XVIème siècle (abbé Dubois), une chapelle privative, dite chapelle de la Guérais, sise du côté droit de cet édifice. Lorsqu'an y transporta la statue de Saint Jean, à la désaffectation de la chapelle de Saint Jean Haridy, elle perdit son nom pour s'appeler désormais chapelle Saint-Jean. Parmi les autres autels qui se trouvaient dans cette église, nous citerons celui du Saint-Esprit, situé dans la chapelle du Rosaire, celui de Saint Fiacre et celui de Saint Christophe, ce dernier placé sous la tour. La tour elle même, ainsi que son clocher, avaient été reconstruits vers 1655, écrit M. Fouace, sur le très intéressant registre paroissial que ses innombrables travaux ne l'ont pas empêché de rédiger, vers les débuts du XIXème siècle.

Plusieurs maisons nobles de la paroisse possédaient aussi le privilège d'avoir dans l'église banc armoyé et enfeu prohibitif. Nous citerons Launay-Comats ; le Pont-Cornou ; la Ravillais ; la Mallerie ; la maison de Rays, près de l'étang de ce nom ; la Ville-Asselin ; la Gaudinais et bien d'autres encore dont nous avons découvert les noms dans les titres féodaux conservés aux Archives des Côtes-d'Armor, série B et série E.

Quant aux chapelles éparses dans la paroisse, elles étaient nombreuses. Le recteur, M. Torseul, dans sa déclaration déjà citée, énumère vers 1695 : 1° « la chapelle de St-Jean de la Fardelays ou St-Jean Haridy, non fondée, très ancienne et située à un quart de lieue du bourg ». Cette chapelle fut vendue 200 francs le 16 novembre 1810, au sieur Hannelais, notaire à Plancoët ; 2° la chapelle du Bois-Gardon, construite dans le champ qui porte encore le nom de Clos de la Chapelle, Elle était ruinée dès 1712, mais le 15 septembre 1607, Christophe Gohin, sieur du Bois-Gardon, hypothéquait à perpétuité le pré du Bois-Gardon, d'une contenance de 3 jx., en garantie d'une somme de 18 l. qu'il affectait annuellement comme honoraires d'une messe que l'on devrait faire célébrer chaque semaine après son décès, dans la chapelle précitée ; 3° La chapelle de la Ville-Briand, datant, croyons-nous, des environs du XVIème siècle. Cet édifice, toujours existant, sert vers 1925 de chapelle de secours, et on lui a fait subir une restauration à la fin du XIXème siècle. Cette chapelle, autrefois fondée et desservie, est dédiée à Saint Sébastien, dont elle possède des reliques authentiques, don du pape Pie IX à un Briot de la Mallerie, volontaire pontifical. En attendant que l'église paroissiale fût remise en état, à la pacification religieuse instaurée par Bonaparte, le culte public s'y célébra, quelque temps.

Les autres chapelles de Ploubalay étaient Sainte-Anne du Bois-Jean, où l'on vénérait une petite statue miraculeuse de cette sainte, aujourd'hui conservée en l'église de Languenan. A l'occasion de la fête de Sainte Anne, il s'y tenait autrefois une assemblée le 26 juillet. En 1857, M. Deshays, de Saint-Malo, alors propriétaire du Bois-Jean, fit reconstruire ce sanctuaire, mais sur le territoire de Languenan. Quoique à présent désaffecté, cet édifice conserve encore un bel autel en tuffeau. Nous verrons à propos du Plessis-Balisson, que les seigneurs du Bois-Jean avaient naguère richement doté cet antique sanctuaire.

La chapelle Sainte-Barbe de Rays existait encore en 1712, mais en 1789, il n'en restait plus que des ruines, paraît-il. Elle faisait autrefois partie des dépendances de l'ancien manoir de Rays, aujourd'hui disparu, mais dont nous trouvons les seigneurs dès le XIIIème siècle.

La chapelle de la Coudrays fut construite ou recontruite au XVIIIème siècle par les Gouyon de Launay-Comats, lorsqu'ils édifièrent leur beau château de la Coudrays, que les hommes de 1794 s'acharnèrent à leur démolir en partie. Bien que restaurée au milieu du XIXème siècle, cette chapelle tombe actuellement (vers 1925) en ruines.

La chapelle de la Crochais est toujours existante, mais ne sert, plus au culte. Avant 1790, elle était fondée et desservie, le plus souvent par l'un des prêtres de Tréméreuc. Dédiée à Saint Jean-Baptiste, elle possédait autrefois des reliques de Saint Sérafion. Sauvés au cours de la Révolution par une personne pieuse, ces restes précieux furent confiés, mais sans l'authenticité, au clergé de Ploubalay. En 1722, fut transférée en cette chapelle la fondation que, par son testament du 9 août 1362, Philippine de Dinan, vicomtesse de la Bellière, avait assurée pour le repos de son âme, laquelle se desservait en la chapelle Sainte-Catherine, en l'église de Pleurtuit, jusqu'à ce que cette chapelle ne fût tombée en ruines. (Guil. de Corson : Pouillé, etc., op. cit., V, P. 487).

La chapelle de la Mallerie était située en la cour du château de ce nom, autrefois résidence des de Ferron, des du Matz, puis, au XVIIème des du Breil de Rays. , Elle était dédiée à Saint François d'Assise. Elle n'existe plus aujourd'hui, mais un bénitier très curieux se voit encore près de son emplacement.

La chapelle de la Gonnais, toujours debout, mais désaffectée, est située dans la cour de l'ancien manoir noble du même nom, à moitié ruiné aujourd'hui (1925), mais au XVIIIème siècle habitation d'une branche de le famille Labbé. La chapellenie de la Gonnais fut originairement desservie en la chapelle de Saint-Nicodème de la Boussarde, en Pleurtuit, dans laquelle, par son testament du 9 août 1655, Françoise d'Yvignac, fondait quatre messes par semaine, et choisissait sa sépulture (G. de Corson : Pouillé, op. cit., V, p. 499). Dans la suite, le desservice de la Boussarde fut transféré à la Gonnais, où il y eut régulièrement un chapelain attaché et résidant jusqu'à la Révolution Française. Le principal des revenus de cet ecclésiastique était assis sur la ferme de la Basse-Touche, en Pleurtuit, pour laquelle nous le voyons faire hommage en 1730 et 1748 (Archives de Loire-Inférieure, B 1273). En 1769, le 29 mai, à l'occasion de sa visite pastorale, Mgr. des Laurents trouva les ornements et le linge de cette chapelle de nulle valeur, et ordonna de réparer et de « décrasser » tout ce qui en serait susceptible et de remplacer le reste aux frais de qui de droit. On assure qu'autrefois les cultivateurs d'alentour plaçaient volontiers leurs récoltes sous la protection de Saint Nicodème, le bienheureux patron de cette chapelle.

Signalons aussi à titre de mémoire, qu'une chapelle très ancienne, dédiée à la Madeleine, existait encore en 1670 dans la lande de Banceline, et que l'on y inhumait à cette date le corps de M. Pierre Touasnon, du Plessis-Balisson. Des titres mentionnent cet édifice dès 1392 (Bibliothèque Nationale, col. Duchesne, vol. 76, col. 250).

Plusieurs confréries florissaient aussi à Ploubalay sous l'ancien régime. Le Pouillé de Mgr. de la Bastie nous a gardé les noms de la confrérie du Saint Sacrement, fondée en 1655, qui possédait 15 livres de revenu fixe, et celle du Saint Rosaire, érigée le 25 mars 1635, qui se contentait de 3 livres seuleinent, mais recevait, de la part des fidèles, bon nombre d'offrandes, lesquelles s'élevèrent à 51 livres en 1773.

Quant aux fondations de cette église, voici ce qu'écrivait à leur sujet le recteur, le 6 décembre 1790 : « Il y a plusieurs petites fondations dont le recteur est tenu d'acquitter les charges. Elles consistent en une maison, étable et environ 7 journaux de terre, tant en prairies et vergers que sol labourable, lesquels, en raison de la bonté particulière de la terre, pourraient s'affermer 23 livres le journal, ce qui, joint aux autres rentes foncières, ferait une somme de 391 livres.

« Les charges de ces fondations sont : 34 l. 7 s. 6 d. de rentes ex-seigneuriales ; 12 livres ci-devant dues aux Cordeliers de Dinan ; 150 l. 15 s. pour l'honoraire de 201 messes basses, à raison de 15 s. chaque ; 182 l. pour 52 services ou messes chantées à raison de 3 l. 10 s. chaque. Il y a encore, de plus, la contribution foncière ; l'ensemble forme un total de 379 livres de charges au minimum ».

Le presbytère, dont le bâtiment principal avait été reconstruit sous le rectorat de M. Laurent Gervaise, licencié en Sorbonne (1748-1755), fut affermé pour trois ans par les soins du district de Dinan au sieur Paytra, ex-curé constitutionnel, pour 90 francs par an, à compter du 1er vendémiaire an III (1795). Un nouveau bail fut conclu pour 57 fr. 50, pour une durée de six ans à compter du 1er vendémiaire an VI (1798), au profit de Julien Hamon, cautionné par Jean Lécuyer. Nous croyons que ces personnes agissaient dans la circonstance pour le compte du clergé fidèle.

D'après un compte de fabrique de 1773, dont notre ami, M. le chanoine Hervé, a pris copie pour nous aux Archives des Côtes-d'Armor, série G, les revenus de l'église s'élevèrent cette année à 460 livres et les dépenses à 201 livres. Dans les recettes, les pommes du cimetière figurent pour 3 l. 5 s. et la vente de l'herbe du même lieu, alors situé tout autour de l'église, pour 2 l. 2 s. Mais l'on ne voit pas, comme aux environs de Dinan, que les paysans fussent dans l'usage de faire des dons en nature à l'église, dont sa part de casuel dans les enterrements et services constituait le plus clair de ses revenus. Quant aux dépenses, nous relevons 9 l. 12 s. pour le blanchissage du linge ; 92 l. 13 s. pour les cierges et la bougie, et 5 l. 6 s. pour le pain d'autel. (Archives des Côtes-d'Armor, série G).

Voici le nom des diverses pièces de terre, propriétés de la fabrique de Ploubalay, liquidées lors de la Révolution : furent vendues le 21 mai 1792, pour 2.015 livres, une maison et une étable sises au village de Pontarson, léguées le 19 décembre 1618 par Françoise de Launay, dame de la Grée ; pour 900 livres, la pièce du Perdriel, léguée en 1677 par Mme Le Maigre, de la Basse-Touche ; pour 1.050 livres, le clos Dinannais, mesurant 2 journaux, donné par René Lévesque le 29 mars 1650 ; pour 1.825 livres, le clos Bertrand et la prairie de l'Ache, donnés le 28 mai 1652 par écuyer François Bouan et Jacquemine Rogon, son épouse, sr. et dame de la Ville-ès-Galloux ; pour 3.500 livres, une prairie de 5 journaux située près de Pontorson ; pour 1.275 livres, un champ d'un journal et demi dit la Prestimonie. La pièce des Bergeons, située près du bourg, d'une contenance d'un demi-journal, fut adjugée à Jean Giblaine, de Créhen ; enfin, le notaire Hannelais, de Plancoët, acheta le 17 janvier 1806 le placître du Tertre-Bonnier.

Mais il ne suffisait pas aux hommes de la Révolution de spolier les fabriques de leurs immeubles ; il leur fallait aussi dépouiller complètement les églises de tout leur mobilier cultuel, pour rendre impossibles les cérémonies catholiques. On enleva donc de Ploubalay une cloche, trois clochettes, trois tasses, douze chandeliers en cuivre, six chandeliers en fer, six chandeliers soufflés en argent, cinq chandeliers postiches, un réchaud, quatre plats d'étain, trois grilles en fer et trois lampes, etc. On fit aussi porter à Dinan, le 27 mai 1794, vingt-deux chasubles, six dalmatiques, deux voiles humérals, deux bannières, vingt-et-une nappes d'autel, dix-sept surplis et rochets, et bien d'autres ornements que nous ne pouvons énumérer ici. Le tout produisit 167 frs. 20 le 3 août 1794. Quant à l'argenterie de cette église, elle fut estimée comme suit à Dinan le 24 août 1794, avant d'être envoyée à la Monnaie : une croix, un encensoir et sa navette et quatre burettes, pesant ensemble 16 marcs, 4 onces d'argent blanc ; un ostensoir, un ciboire, un calice, deux patènes et deux petites custodes, le tout pesant 9 marcs, 5 onces et 4 gros aussi d'argent blanc. D'autres pièces d'orfèvrerie furent encore versées à Dinan en 1794, mais au titre de Lancieux et Ploubalay réunis. Nous ne les énumérerons donc pas ici, mais seulement à l'article Lancieux.

Le 15 novembre 1796, le maire Homery déclarait que « le clocher et la tour de l'église de Ploubalay étaient considérables par leur élévation, mais se trouvaient en mauvais état et en partie découverts. L'église, qui mesurait 120 pieds de long, 47 de large au bout orient et 35 à l'occident, servait depuis deux ans de caserne à la troupe, qui l'avait dilapidée et mise de nulle valeur. Présentement, ajoute-t-il, on l'utilise comme magasin pour les lits de camp et le bois de chauffage du cantonnement. Elle n'a jamais été louée ».

Le 1er juin 1791, le Directoire de Dinan proposa de conserver le territoire de Ploubalay comme paroisse, à l'exception de ce qui serait attribué au Plessis-Balisson, c'est-à-dire « une ligne qui, suivant le ruisseau qui descend à Rio, passe au nord de Launay-Comats ainsi que de la Gonnais, et se rend à la Lande de Canteloup pour aller de là à Languenan ». Comme compensation de ce que Ploubalay cédait au Plessis, « la paroisse de Lancieux, dont la partie habitée la plus éloignée est au plus à trois quarts de lieue du bourg de Ploubalay, était annexée à cette localité ». Lancieux fut de fait groupé avec Ploubalay pour l'administration temporelle, depuis février 1794 jusqu'au mois de décembre 1795, et, pour le spirituel, dès l'arrivée à Ploubalay de l'intrus Paytra, ainsi que nous le verrons plus loin.

Sous l'ancien régime, Ploubalay était groupé pour la station des prédications avec Lancieux, Trégon, le Plessis-Balisson et Créhen. Ses jours d'adorations étaient fixés aux 5, 6, et 7 février de chaque année, et l'on observait encore ces dates en 1809.

Dès l'an 1163, le titulaire de cette paroisse était l'apôtre Saint Pierre. Maintenant, Saint Pierre et Saint Paul se partagent cet honneur. Il paraît cependant bien qu'originairement, ce titre appartint à Saint Balay ou Valay, sur lequel on pourra lire Duine : Memento des Sources hagiographiques, savant ouvrage auquel nous avons renvoyé à diverses reprises. Plusieurs légendes, aux environs de Dinan, se sont attachées au nom de Saint Balay ou Valay. On les trouvera rapportées dans Jolivet : Les Côtes-du-Nord, arrondissement de Dinan, déjà cité, ainsi que dans P. Sebillot : Petite légende dorée de Haute-Bretagne, op. cit.

 

PRIEURE DE SAINT-CADREUC. — Ce prieuré, mentionné dès l'an 1163, comme une dépendance de l'abbaye de Saint-Jacut, était, croyons-nous, une fondation des bannerets du Plessis-Balisson, qui, durant une partie du Moyen-Age, assurèrent par le moyen de ses moines les secours spirituels à une partie de leurs vassaux, alors que la paroisse du Plessis n'existait pas encore. Du reste, jusqu’au XVIIème siècle, le prieur, bien que non résident, avait toujours l'obligation de faire célébrer chaque dimanche une messe à la chapelle Saint-Cadreuc.

D'après l'inventaire qui en fut fait en 1790, les bâtiments de ce prieuré consistaient : 1° en une chapelle abandonnée, sans aucun ornement, et à peu près en ruines ; 2° en différents locaux tous en assez mauvais état de réparations. Une partie de ceux-ci (salle, cuisine et chambres) servait anciennement de logement au prieur, mais alors tous ces bâtiments n'étaient pas trop considérables pour l'exploitation de la métairie dépendant du prieuré, qui s'étendait sur 45 journaux de terre.

A cette époque, cette ferme était louée 735 livres, et certaines charges en plus, à Joseph Levavasseur et à son épouse, veuve de Jean Gugain, lesquels avaient dû en surplus payer pour 600 livres de vins et commissions avant de pouvoir signer leur bail, le 20 juin 1783. Il est vrai qu'à celui-ci, les locataires joignaient celui de la dîme. de Saint-Cadreuc, et de quelques autres dîmereaux qui y étaient rattachés. Mis à prix 14.960 livres, le prieuré de St-Cadreuc et toutes ses dépendances furent adjugés 29.500 livres, le 4 mars 1791 à Guy-Pierre Reslou, sieur du Guemen, homme de loi à Dinan.

Son dernier prieur titulaire fut Dom Philippe-Nicolas Dupont, religieux de la congrégation de Saint-Maur et prieur de l'abbaye de Saint-Georges de Rocheville, au diocèse de Rouen.

L'on trouvera quelques détails sur les prieurs de Saint-Cadreuc dans les Annales de la Société Hist. et Arch. de l'arrond. de Saint-Malo, année 1915-18, p. 73, sous la signature de P. Lemée : « Inventaire des papiers concernant le prieuré de St-Cadreuc ». Les Archives des Côtes-d'Armor contiennent aussi, série H, un plan des bâtiments et des terres de ce prieuré, auquel étaient annexés naguère deux viviers et un colombier. Voir aussi les Archives de Loire-Inférieure, B 822.

Sur Saint Cadreuc lui-même, sur le compte duquel on a beaucoup discuté, sans parvenir à l'identifier avec certitude, lire l'article de Duine consacré à Saint Carantoc, in-Memento des Sources Hagio. On y trouvera tous les éléments de la question. Dans Saint-Jacut, son histoire, son culte, etc., in-8, Saint-Brieuc, 1912, nous avons réédité, la très curieuse légende de ce saint, déjà publiée par La Borderie.

 

CLERGÉ.ALEXANDRE-MATHURIN LE BORGNE, recteur, naquit à la Richardais, en Pleurtuit, le 1er mars 1753, d'Olivier et de Guillemette Cousin, et lit ses études au collège de Dinan. On le note au Séminaire comme possédant « peu de voix, mais sachant un peu son chant ». Il reçut la prêtrise à Saint-Malo, le 20 septembre 1780, après avoir mérité la note « très bien » à tous ses examens. M. Le Borgne était vicaire de Ploubalay depuis 1781, lorsqu'il obtint au concours, le 12 février 1789, à l'âge de 36 ans, la cure de cette paroisse, vacante par le décès de M. Pierre Le Forestier, précédent recteur, inhumé à l'âge de 51 ans, le 1er décembre 1788 [Note : M. Pierre Le Forestier, fils de Guillaume et de Jeanne Le Marchand, de Médréac, avait lui aussi obtenu le rectorat de Ploubalay au concours, le 10 février 1783, étant aumônier des religieuses du Bon-Pasteur, en Saint-Servan, Il succédait à l'abbé Julien Louet, né à la Frotterais, en Lancieux, le 15 mars 1720 lequel fut pourvu de la cure de Ploubalay le 15 août 1772, alors qu'il était déjà recteur de Saint-Martin de Josselin, et mourut à Ploubalay, âgé de 62 ans, le 16 novembre 1782].

M. Le Borgne prit possession de sa nouvelle paroisse le 21 avril 1789. Quelques jours après s'ouvraient à Versailles les Etats Généraux qui allaient tout à la fois transformer et désorganiser la France. Elu le 15 juin 1790, quoique absent du corps électoral, par 57 voix sur 72 votants, l'un des administrateurs du district de Dinan, il reçut ce jour même un exprès l'invitant à se rendre le lendemain en cette ville pour l'ouverture de la séance du nouveau pouvoir. M. Le Borgne ne se déroba point aux fonctions auxquelles on l'appelait, mais déclara au contraire, le 16 juin, à Dinan, « accepter avec reconnaissance la place dont l'assemblée des électeurs l'avait honoré ».

Il est hors de conteste que le recteur de Ploubalay, dont les sympathies allaient au nouvel état de choses, prêta tout d'abord serment à la Constitution Civile du Clergé, puis, mieux éclairé sur la valeur de la réforme ecclésiastique que ledit serment prétendait consacrer, il se rétracta le 17 avril 1791. M. Le Borgne continua néanmoins de remplir ses fonctions d'administrateur du District jusqu'au 28 octobre de cette même année, date à laquelle « le sort » (aidé par la loi dans la circonstance) le désigna, ainsi que son confrère l'abbé Cattenos, pour sortir l'un et l'autre du Directoire du district de Dinan.

Du reste, à compter du jour de se rétractation, M. Le Borgne se vit privé, de par la loi, de tout traitement et pension comme recteur de Ploubalay, ainsi qu'il lui fut signifié le 16 février 1792 par ses anciens collègues, messieurs les Administrateurs du District. Ces excellentes gens eussent aussi bien voulu le voir remplacer dans sa cure, mais les candidats successivement élus à Ploubalay, Delépine, de Lanvallay, désigné le 12 juin 1791, et Marc Droguet, de Plévenon, choisi le 2 octobre suivant, se dérobèrent tous les deux à cet honneur, dont les désagréments leur semblaient devoir à Ploubalay dépasser les profits.

C'est qu'en effet la population de cette paroisse soutenait énergiquement son recteur et ses deux vicaires, et cela au vu et su des administrateurs du District, qui écrivaient le 14 juin 1792 aux officiers municipaux de Ploubalay : « Nous n'ignorons pas que plusieurs d'entre vous sont particulièrement dévoués au parti des prétres factieux qui troublent l'ordre public ». Vouloir en effet remplir son devoir, pour un prêtre, à cette époque, était se vouer à l'exécration des partisans de la Révolution, et se faire tenir pour responsable des multiples difficultés qui ne pouvaient manquer de surgir de l'application de la détestable Constitution Civile. L'intrus de Pleurtuit, surtout, nommé Hamart-La Chapelle, désirait ardemment le départ des prêtres de Ploubalay : « Ces messieurs, écrivait-il en décembre 1791, affectent de nous contrebarrer en soutenant le fanatisme et en entretenant dans leurs folles opinions les partisans de l'erreur, en soutirant les mariages de notre commune, en baptisant les enfants, en attirant tous nos paroissiens à leurs instructions ; ils ont entraîné, tant au catéchisme qu'à leur première communion, plus de deux cents enfants de ma paroisse ». (B. Robidou : Hist. et Panorama, 2 éd., op. cit., p. 321) [Note : Aux observations de la municipalité de Pleurtuit à ce sujet, les municipaux de Ploubalay s'étaient bornés à répondre « que leur église serait toujours ouverte à tous ceux qui voudraient y venir ». D'où colère des patriotes de Pleurtuit, qui écrivirent au district de Dinan pour demander à voir les registres de baptêmes et de mariages de Ploubalay, dont ils soupçonnaient les prêtres d'administrer les sacrements aux gens de Pleurtuit (6 mai 1792)].

Aussi, pour en finir une fois pour toutes et se débarrasser de ces gêneurs, Hamart proposait-il aux membres du Directoire un candidat auquel on eût conféré d'urgence le titre de curé d'office de Ploubalay, et dont l'arrivée dans cette paroisse eût obligé, au nom des arrêtés en vigueur, les prêtres légitimes à déguerpir aussitôt. Mais les autorités du District n'acceptèrent pas cette combinaison : « Nous sentons si vivement, lui répondirent-ils, combien il est désagréable pour nous d'avoir un curé d'office comme Barrett à Tréméreuc, que nous serons désormais très circonspects quand il s'agira de solliciter de tels remplacements ». Or, l'ineffable Barrett, ainsi que nous le verrons plus loin, n'était rien d'autre qu'une créature de l'intrigant Hamart. — Telles étaient les raisons pour lesquelles, au grand déplaisir des « patriotes », mais par suite de l'impossibilité de mieux faire, M. Le Borgne et ses vicaires, bien qu'insermentés, étaient toujours à la tête des fidèles de Ploubalay aux débuts de juin 1792.

« Le 8 de ce mois, écrivaient les membres du district de Dinan à l'administration centrale des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), mourut sur le territoire de Ploubalay, une femme appelée Renée Cabaret, épouse d'Olivier Dagorne, meunier du moulin du Plessis. Sa maison se trouvait de beaucoup plus rapprochée du Plessis-Balisson (dont le curé, Jérôme Huet, était assermenté), que du bourg de Ploubalay, et elle avait coutume d'assister souvent aux offices de cette première paroisse. Avant sa mort, on n'eut pas le temps de prévenir les prêtres de Ploubalay de venir l'administrer, et ce fut le curé assermenté du Plessis, dans lequel elle avait confiance, qui lui donna les derniers sacrements.

Le lendemain de son décès, dont on avait instruit les prêtres de Ploubalay, on la porta de bon matin en cette paroisse pour la faire enterrer ; mais le curé et ses vicaires s'y refusèrent, sous le prétexte qu'ayant été administrée par un curé assermenté, elle n'était plus de leur communion, et qu'ils ne pouvaient lui rendre les devoirs funéraires comme à une autre catholique. En vain quelques gardes nationaux voulurent les forcer d'inhumer cette femme avec les cérémonies ordinaires : ils n'y voulurent jamais consentir. Ils leur proposèrent seulement de l'enterrer comme de simples particuliers, mais ils refusèrent de prendre leurs habits sacerdotaux.

Quand les gardes nationaux virent leur obstination, ils l'enterrèrent eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils la mirent dans la fosse qu'ils avaient préparée pour elle. La conduite de ces ecclésiastiques irrita tellement quelques-uns des spectateurs « bons patriotes » qu'ils furent sur le point de les frapper. Les menaces qu'on leur a fait dans la circonstance les a fait prendre la fuite, et personne ne sait où ils sont actuellement ».

L'on ajoutait : « Il n'y a plus à Ploubalay à l'heure actuelle qu'un prêtre, mauvais patriote, qui dit la messe chez le sieur Briot, à la Mallerie, et le dimanche matin à Ploubalay » (Registre de correspondances du district de Dinan du 7 juillet 1791 au 1er août 92, aux Archives de Dinan et Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 30).

Nous n'avons pu retrouver le nom de cet ecclésiastique, mais nous sommes incliné à l'identifier avec le prêtre Briand qui signe, à partir du 12 juin 1792, les registres de catholicité à Ploubalay jusqu'au 17 septembre de cette année. C'est le même, croyons-nous, dont nous constatons la signature à Saint-Jacut, depuis le départ de M. Bêttaux jusqu'au 27 septembre 1792. Peut-être s'agit-il de l'abbé Nicolas Briand, de Dinan, dont nous avons déjà parlé par ailleurs, mais ce n'est là qu'une hypothèse. A cette époque, nombre d'ecclésiastiques avaient été contraints de quitter leurs domiciles pour se réfugier souvent fort loin de chez eux.

La disparition des prêtres de Ploubalay n'empêcha pas d'ouvrir une information judiciaire contre le recteur et, le 30 juillet 1792, il se vit traduire par contumace devant le jury d'accusation de Dinan. Mais celui-ci décida que, « si répréhensible et scandaleuse qu'ait été la conduite du recteur et des vicaires de Ploubalay, aucune disposition du Code pénal ne semblant s'appliquer à leur cas, ils devaient être mis hors de cause ». Cependant, comme « l'inculpation dont ces ecclésiastiques étaient chargés, semblait assez grave et assez importante pour fixer l'attention des législateurs », les jurés décidèrent de soumettre le cas à l'Assemblée Législative et de solliciter près d'elle à ce sujet une addition au Code pénal. (Archives du Greffe du Tribunal de première instance de Dinan).

Malgré les poursuites dont l'abbé Le Borgne était l'objet, il eut quand même le courage de braver la loi du 26 août 1792 et celle plus terrible encore du 21 avril de l'année suivante, en demeurant caché parmi ses ouailles ; ce qui n'empêcha pas du reste les autorités du district de Dinan de prononcer, le 6 septembre 1793, la confiscation des biens du « sieur Le Borgne, émigré », et de faire mettre en vente, en mai 1794, son modeste mobilier, lequel rapporta 1.381 livres au profit de la République.

Cette République, persécutrice et sanguinaire, on doit l'avouer, l'abbé Le Borgne ne l'aimait guère. Aussi, tout en accomplissant au péril de ses jours, dans sa paroisse ainsi qu'aux alentours, un ministère caché très actif, n'avait-il nul scrupule à se mêler de chouannerie, le rétablissement du trône lui semblant inséparable de celui de l'autel. C'est ainsi que le colonel de Pontbriand, dans ses intéressants Mémoires, édités chez Plon, signale, à la page 334 de cet ouvrage, l'abbé Le Borgne comme l'un des aumôniers des chouans de la division de Dinan, et Armand de Chateaubriand, du Val-Guildo, dans l'étude que lui a consacrée E. Herpin, de Saint-Malo, raconte, à la page 27 de ce volume, que, « chargé de déposer entre les mains de gens bien connus une assez grande quantité d'assignats destinés à être distribués aux mains de ceux qui travaillaient à maintenir le peuple dans, les bons principes, il débarqua le 11 décembre 1794, au soir, sur la côte, et se logea à Ploubalay, dans une maison dont les maîtres avaient la dysenterie, et s'y cacha. Au bout de 24 heures, il vit le recteur de cette paroisse, qui, toujours fidèle aux bons principes, n'avait jamais quitté le pays ». En conséquence, il lui confia ses assignats pour en faire l'emploi projeté. Au reste, l'historien Muret indique dans son Histoire des Guerres de l'Ouest, in-8, Paris, 1845, V, p. 548, le recteur de Ploubalay comme l'un des trésoriers des chouans de la division de Dinan.

L'absence de tout document nous porte à croire que l'abbé Le Borgne, ainsi que son confrère, le recteur de Saint-Jacut, ne firent au printemps de 1795 aucun geste tendant à leur faire accorder l'autorisation officielle de célébrer publiquement le culte dans leurs paroisses respectives. Le souvenir, toujours amer, de leur premier serment, leur faisait en effet désormais envisager avec horreur tout nouveau serment ou même toute simple promesse imposée par les hommes au pouvoir.

D'après un document conservé aux Archives Nationales, F 7, 5159, M. Le Borgne trouva bien des fois asile chez Jean Lesiré, son paroissien, alors fermier à Canteloup. Nous regrettons de ne pas connaître les noms des autres personnes qui ne craignirent pas, au péril de leur liberté et même de leur vie, de donner asile au prêtre proscrit.

Après avoir risqué bien des fois son existence et enduré des souffrances de toutes sortes, M. Le Borgne tomba malade dans un grenier de la ferme de la Barre, en Ploubalay, sur les confins de Pleurtuit. Il y mourut le 13 févriers 1797, âgé seulement de 44 ans. Son corps fut transporté de nuit chez Renée Beaumont, au village de Bieuret, où l'abbé Fouace, recteur de Tréméreuc, demeuré lui aussi dans sa paroisse, au péril de ses jours, vint célébrer ses funérailles. Puis, malgré les dangers qui les pouvaient menacer, les habitants de ce quartier, portant des torches et des lumières, conduisirent solennellement au cimetière les restes de leur pasteur, dont voici la déclaration de décès telle qu'elle figure sur les registres d'état-civil de Ploubalay :

« Aujourd'huy, 26 pluviôse l'an V, etc., ont comparu la citoyenne Renée Beaumont, âgée de 37 ans, demeurant au village de Bieuret, Pierre Tahier, laboureur, âgé de 40 ans, demeurant à la Ville-Belay, et Mathurin Jamet, aussi laboureur, âgé de 31 ans, demeurant à la Ville-Cartier, les trois en cette commune, etc., lesquels ont déclaré que Alexandre Le Borgne, cy-devant recteur de cette commune, est mort hier dans la maison de ladite Renée Beaumont, à Bieuret, » etc. Signé : Charles La Carrée, officier publie provisoire ; Mathurin Jamet, et Pierre Tahier.

JEAN DE LA VILLEGIROUARD vicaire, fils de René et d'Arthuse Le Compte, naquit dans la « ville » du Plessis-Balisson, le 6 mai 1757. Son père, commerçant au Plessis, se rattachait à la famille noble des d'Espinay de la Villegirouard, naguère possessionnée en Languenan, et dont les la Villegirouard tout court formaient une branche bâtarde.

Après avoir subi de bons examens, l'abbé Jean reçut la prêtrise à Saint-Méen, le 18 décembre 1784, et obtint, peu après, le desservice de la chapellenie de la Gonnais ; puis il reçut, en février 1789, des lettres de vicaire pour Ploubalay, en remplacement de M. Le Borgne. M. de la Villegirouard, à aucun moment, ne semble avoir prêté le serment constitutionnel, mais il lutta tout au contraire contre ses fauteurs et ses adhérents. Bien qu'obligé de se tenir caché après l'enterrement de la femme Dagorne, le 8 juin 1792, il crut de son devoir de ne pas s'exiler lors de l'application de la loi du 26 août suivant, et continua en conséquence de résider à Ploubalay, où il fit durant toute la Révolution du ministère caché, ainsi que dans les localités voisines de Pleurtuit, de Languenan et de Corseul. Les agents du pouvoir ne l'ignoraient pas, mais cette considération ne les empêcha nullement d'ordonner la saisie, puis la vente des biens de ce prêtre comme émigré à l'étranger, car telle était alors la justice des Jacobins. (Cf. Archives des Côtes-d'Armor, série Q, contentieux des prêtres et loi du 12 mars 1794).

Le 30 octobre 1797, un ardent ennemi du clergé insermenté, le dénommé Hannelais, de Plancoêt, après avoir adressé au département une longue lettre de dénonciation contre les prêtres fidèles cachés dans son canton, auxquels il imputait tous les forfaits possibles, ajoutait : « Villegirouard, prêtre de Ploubalay, limitrophe de ce canton, et qui n'y vient que trop souvent, est un être de la même trempe et qui fait beaucoup de mal, mais ni le commissaire, ni l'administration de ce lieu ne vous le feront connaître, car ils sont ses protecteurs » (Arch.ives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 113).

Boullé, prévenu contre M. de la Villegirouard par des rapports de cette espèce, l'accuse entre autres choses, dans son enquête, « d'avoir trempé dans la chouannerie », et l'indique comme habitant depuis 14 ans Ploubalay. [Note : M. de la Villegirouard, qui ne fit qu'assez tard sa soumission à la Constitution de l'an VIII, ne reçut son certifiçat d'amnistie que le 10 juin 1803]. Mgr. Cafarelli l'y confirma dans ses fonctions de vicaire, puis, à la mort de M. Fouace, Mgr. de la Romagère l'en nomma curé le 21 mars 1824, et chanoine honoraire en 1836. M. de la Villegirouard dut résigner ses fonctions à la fin de cette même année, à cause de son grand âge et de ses infirmités. Il se retira dans sa maison du Chaffaut, où il mourut le 7 mai 1839. Son tombeau se voit encore dans le cimetière de Ploubalay, et une longue épitaphe latine y rappelle ses mérites, entre autres l'établissement, sous son administration, des deux écoles chrétiennes de Ploubalay. L'abbé de la Villegirouard avait exercé 52 ans, lors de son décès, le ministère dans cette paroisse.

PIERRE-FRANÇOIS OLLIVIER, vicaire, était originaire de Saint-Briac, où il naquit le 11 mars 1763, mais il appartenait par ses origines à une famille dont une partie des membres habitait Lancieux.

Son père François, maître de barque, et sa mère, Marie Joulain, avaient déjà donné un prêtre à l'Eglise dans la personne de Jacques-Joseph, né le 26 mars 1757, ordonné prêtre le 31 mars 1781, et, que nous trouvons remplissant les fonctions de vicaire de Saint-Lunaire lors de la Révolution. Il mourut à Jersey, exilé pour la Foi, le 23 décembre 1794. (L'Estourbeillon, op. cit.).

Le titre clérical de Pierre Ollivier est du 11 octobre 1785, et il reçut la prêtrise le 20 décembre 1788, après avoir mérité d'être noté au Séminaire comme « fort bon sujet, passant d'excellents examens ». Venu au mois de juillet 1789 à Ploubalay comme vicaire, pour remplacer l'abbé Bêttaux (car à la suite d'un procès intenté aux décimateurs par le recteur Louet et continué par son successeur, Mgr. Cortois de Pressigny, évêque de Saint-Malo, avait créé officiellement en 1786 un second vicariat dans cette paroisse). M. 0llivier se vit choisir, en 1790, comme l'un des officiers municipaux de cette localité.

Une lettre, adressée par Pierre 0llivier, le 6 décembre 1790, au Directoire du District, nous apprend comment le traitement des vicaires était assuré autrefois à Ploubalay par MM. Les décimateurs :

« Je prends la liberté de vous représenter, écrivait-il, que je n'ai pu me faire païer ma pension pour cette année. Cinq décimateurs y contribuaient ci-devant. Voici leurs noms, avec le tableau de ce qu'ils doivent à chacun des curés de Ploubalay : M. l'Abbé de Saint-Jacut 178 livres, 10 sous ; M. le Prieur des Carmes du Guildo: 81 livres, 9 sous ; M. le Prieur des Trinitaires de Dinard : 32 livres, 18 sous ; MM. les chanoines de la cathédrale de Saint-Malo : 29 livres, 19 sous ; M. Briot de la Mallerie : 27 livres, 2 sous ; total : 350 livres ».

L'une des grosses difficultés pour les ecclésiastiques, après la confiscation des biens d'Eglise par l'Assemblée Constituante, fut en effet de se faire payer, en 1791 et 1792, les traitements que les députés leur avaient votés en échange. Les caisses du receveur du District étaient le plus souvent vides, lorsqu'ils s'y présentaient pour toucher leur mandat, dont ils n'avaient du reste obtenu l'ordonnance qu'après de multiples démarches et toutes sortes d'ennuis. Les registres des Directoires des Districts, conservés en partie aux Archives des Côtes-d'Armor, peuvent attester, à ceux qui en douteraient, la parfaite exactitude de ce que nous avançons.

Nous ne croyons pas que l'abbé Ollivier se soit jamais assermenté. Formant bloc avec son recteur et son confrère La Villegirouard, il lutta comme eux de toutes ses forces contre la Constitution Civile, et nous ne savons pour quelle raison il cessa d'habiter le presbytère de Ploubalay, le 21 mai 1792, pour se réfugier dans une maison amie.

Loin d'obéir aux lois qui obligeaient à s'exiler les ecclésiastiques fidèles, M. Ollivier fit au contraire, au péril de ses jours, le plus de ministère possible durant toute la Révolution ; ce qui ne l'empêcha pas de voir figurer son nom sur la liste des émigrés, et les agents au pouvoir de faire mettre en vente nationalement ses propriétés et celles de son frère, à Saint-Briac, en l'an 1794. Elles rapportèrent 16.220 livres à la République. En 1826, ses héritiers, en compensation de cette spoliation, obtinrent une indemnité de 5.270 frs. 78.

Ce prêtre, très absolu sans doute dans ses convictions, ne signa que le 2 juin 1803 la promesse de soumission exigée par Bonaparte. Aussi, le préfet Boullé le note-t-il à cette époque comme habitant à Trégon depuis six mois, « ayant fomenté la chouannerie l'an II, III et IV », et désire le voir renvoyer dans son diocèse. Mgr. Cafarelli n'en jugea pas ainsi, et nomma l'abbé Ollivier vicaire de Ploubalay, avec recidence à Trégon, que Bonaparte, lors de l'organisation du nouveau diocèse de Saint-Brieuc, venait de supprimer comme paroisse à cause de son exiguité. Cet ecclésiastique demeura dans cette situation inférieure jusqu'en 1810. Nous ignorons ce qu'il devint jusqu'au 1er avril 1820, date à laquelle il fut appelé au rectorat de Saint-Samson-Jouxte-Livet, qui venait d'être rétabli. Il conserva ce poste jusqu'en 1826.

M. Ollivier mourut démissionnaire à l'abbaye de Saint-Aubin des Bois, à l'âge de 67 ans, le 20 septembre 1831. Dans « Le Modèle des Curés, ou esquisse sur la vie et les vertus de M. Armel », l'auteur assure que « M. Ollivier, homme de beaucoup de talent, du fond de son obscurité, forma pour l'Eglise et la société plusieurs hommes utiles par leur science et leurs vertus », entre autres le saint abbé Armel, que nous voyons à l'article Lancieux.

Ploubalay, qui avait fourni au cours du XVIIIème siècle bon nombre de vocations sacerdotales : deux Cochet, deux Savary, René Ohier, Josselin, Lemasson, Morel, Martin, etc.., ne comptait plus, à notre connaissance, qu'un seul prêtre originaire : M. CHARLES BETTAUX, que nous voyons à l'article Saint-Jacut. Encore cet ecclésiastique appartenait-il plus à Lancieux, qu'à Ploubalay, si l'on n'envisage que sa famille, et non les hasards de sa naissance.

Nous avons déjà vu qu'en 1790, l'abbesse des Clarisses de Dinan, Marie-Olive La Choüe, était native de Ploubalay.

Au mois de juillet 1781, MM. Jean-Christophe Le Saout, « grand curé » de Saint-Malo de l'Isle, et François-Bernard Morin, son vicaire, obligés de quitter cette ville, à l'installation du curé intrus Duhamel, trouvèrent à Ploubalay un généreux asile, vraisemblablement jusqu'au 24 septembre 1791, date à laquelle l'amnistie votée par l'Assemblée Constituante leur permit de rentrer à Saint-Malo. Ces prêtres avaient refusé de s'assermenter les 28 janvier et 3 février précédents. M. Morin fut expulsé de Saint-Malo à nouveau le 22 mars 1792. Nous savons qu'il passa, réfugié à Etables, une partie de la Révolution. Sur M. Le Saout, cf. L. Maréchal : La Famille de La Mennais, in-8, Paris, 1893, p. 76, 242, 243, 244, 255.

 

LE CLERGÉ A PLOUBALAY EN 1803. — Le 8 avril de cette année, M. JOSEPH-LOUIS FOUACE recteur de Tréméreuc, et l'un des ecclésiastiques les plus distingués de l'ancien archidiaconé de Dinan, fut désigné comme curé de Ploubalay. Il prêta serment en cette qualité le 22 mai et prit possession le 29 mai de la prédite année. Nous voyons sa biographie à l'article Tréméreuc.

A M. de la Villegirouard, qui demeura vicaire de Ploubalay, ainsi que nous l'avons vu, on adjoignit comme collègue M. GERMAIN LEMOINE, dit Basseville, originaire de Pleurtuit, où il était né le 9 octobre 1749, de Jean et de Jeanne Le Bouvier. A Dinan, où il fit ses études, on le note « à peu près passable, bon médiocre, lent dans ses réponses ». Ordonné prêtre le 21 septembre 1776, il était chapelain à Pleurtuit lors de la Révolution. Comme tel, il ne s'assermenta ni ne s'exila, et passa les mauvaises années caché dans le pays, y exerçant clandestinement son ministère auprès de ses compatriotes. (Rég. Paroisse de Pleurtuit cités par Guil. De Carson). M. Lemoine mourut retiré chez son beau-frère, à la Ville-ès-Rats, en Pleurtuit, le 16 novembre 1823, âgé de 74 ans.

 

CLERGÉ CONSTITUTIONNEL. JEAN PAYTRA, curé, naquit à Plévenon, ancien diocèse de Saint-Brieuc, le 27 mars 1766, de Jacques-Herménegilde, maréchal-ferrant, et de Renée Thoreux. Il achevait sa seconde au Collège de Rennes en septembre 1787, lorsqu'il obtint un dimissoire pour se faire tonsurer. Il reçut dans cette ville le sous-diaconat et le diaconat, fut ordonné prêtre par Jacob, à Saint-Brieuc, le 7 avril 1792, et l'assemblée électorale du district de Saint-Malo l'élut, mais en vain, à la cure de Saint-Lunaire, le 29 juillet de cette année. (Archives d'Ille-et-Vilaine, série L 1, 3, 13).

Après avoir exercé quelque temps les fonctions de vicaire à Toussaints de Rennes, Paytra accepta de venir vicaire à Saint-Malo de Dinan, où il fut installé comme tel le 15 août 1792. Sur les entrefaites, on lui écrivit, raconte Delarue. (District de Dol, op. cit., t. V, p.86) pour lui proposer la cure de Saint-Léger, dans le canton de Combourg, mais ce poste, trop inférieur, et qui ne comptait que 372 habitants à cette époque, ne le tenta pas. Il n'en fut pas de même quand il se vit élire, le 18 septembre suivant, à l'âge de 26 ans, par les électeurs du district, à l'importante paroisse de Ploubalay. Ayant accepté, sans doute par « patriotisme », Jacob lui expédia deux jours après l'institution canonique, et, le 30 de ce même mois, le jeune Paytra s'installait à Ploubalay, jurait d'être fidèle à la liberté ou de mourir en la défendant, et, déjà au courant des difficultés de l'existence, ne manquait pas de rappeler, en envoyant un certificat de prestation de serment, qu'il avait désormais droit à un traitement de 2.400 livres, puisque les paroisses de Ploubalay et de Lancieux, alors réunies pour le spirituel, atteignaient un total de 2.816 habitants.

Mais la situation de Paytra au milieu d'une population alors en majorité royaliste (cf. Pommeret : L'Esprit public, etc., op. cit., p. 141) était intenable. Il s'en aperçut vite. Essaya-t-il de lutter ? Aucun document officiel ne nous l'apprend. Toujours est-il qu'ayant été élu le 7 novembre 1792 curé de Talensac, dans le district de Montfort, le dit Paytra accepta ce poste, où son installation eut lieu le 11 novembre suivant. Faut-il croire, ainsi que le porte une lettre particulière conservée aux Archives d'Ille-et-Vilaine, série L 394, que Paytra « avait été chassé ignominieusement de Ploubalay » ? Le fait n'a rien d'impossible, et ce qui le confirmerait, c'est une réponse datée du 21 janvier 1793, que le prêtre constitutionnel Legendre (cf. art. Saint-Solen) adressait au Directoire de Dinan pour le remercier de l'avoir fait élire à la cure de Ploubalay le 29 novembre 1792 : « Je viens, leur dit-il, de, recevoir une lettre par laquelle vous m'annoncez ma nomination à la cure de Ploubalay... Je ne connais nullement cette paroisse. Cependant, un marchand vient de me dire que les habitants étaient recommandables par leur incivisme, et qu'ils avaient déjà chassé un curé... ». En conséquence, Legendre, en Normand avisé, refusa le dangereux cadeau qu'on eût désiré lui faire.

Cependant, Paytra ne s'éternisa pas à Talensac, et lâcha à son tour cette cure pour retourner à Ploubalay, où nous le voyons figurer le 22 décembre 1793 parmi les fondateurs de la Société populaire de cette commune, avec les meilleurs révolutionnaires de la localité et ceux du canton de Saint-Briac. Sept jours après, nous le retrouvons au milieu d'une sorte d'échauffourée, provoquée nous ne savons comment, et à la suite de laquelle la municipalité lui refusa les clefs de l'église pour célébrer les vêpres.

Mais déjà les jours de l'église constitutionnelle étaient comptés, et de la Montagne devait bientôt souffler un ouragan impétueux qui jeta bas ce fragile édifice. Dès le 12 mars 1794, Paytra, peu rassuré sur son sort, abdiquait son état et fonctions, mais, néanmoins, des ordres impératifs du représentant Ruamps l'envoyèrent le lendemain méditer à Dinan, dans la prison Saint-Charles, la valeur de la reconnaissance des révolutionnaires envers ceux qui avaient tout sacrifié pour les servir.

Pour voir finir sa captivité, le dénommé Paytra signa, le 9 juillet de cette année, avec la majorité de ses collègues en schisme internés avec lui, la promesse de se conformer à l'arrêté Le Carpentier du 13 juin précédent. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 67).

En conséquence, Jean Paytra, sans perdre de temps, se hâta d'épouser le 23 juillet 1794, devant la mairie de Saint-Malo, une ouvrière tailleuse habitant dans cette ville, rue de la Justice, et qui n'était que de six ans plus âgée que lui. Cette aimable citoyenne, malouine d'origine, était née le 4 décembre 1759 du mariage de feu Pierre D..., forgeron, et de Jeanne-Nicolas G..., et répondait aux prénoms de Jeanne-Mathurine. Nous ignorons si elle donna des descendants à son pseudo-mari.

Après cette union sacrilège, Paytra, qui avait loué la cure de Ploubalay, brigua vainement le poste d'instituteur dans cette commune. Il lui fut répondu le 17 août 1794, par l'organe de la « Société populaire », qu'il ne pouvait être admis à gérer cette place, vu sa qualité de ci-devant prêtre. Dès lors, l'apostat dut chercher fortune ailleurs, car la pension de 800 livres, payables en assignats, que la Convention avait accordée le 2 frimaire an II aux ecclésiastiques abdicataires, ne pouvait lui fournir, ainsi qu'à sa conjointe, des moyens d'existence suffisants. Nous le retrouvons, le 6 septembre 1794, secrétaire greffier de la municipalité de Saint-Enogat, aux appointements de 500 livres par an, et sa femme, institutrice des filles. Tous deux avaient le logement gratuit.

L'an III (1795), Paytra et sa compagne, celle-ci qualifiée ancienne institutrice, figurent sur la liste des instituteurs nommés par le district de Saint-Malo.

Il est vraisemblable que la mort de Jeanne-Mathurins D... vint rompre les liens matrimoniaux de Jean Paytra. En tout cas, il finit par se rétracter et se faire relever des censures qu'il avait encourues, car Mgr. Cafarelli lui accorda, le 25 mai 1803, un exeat définitif pour quitter le diocèse de Saint-Brieuc, mais nous ignorons vers quelles contrées l'ex-curé de Ploubalay dirigea ses pas.

 

SUPPLÉMENT.

Noms des officiers chouans notés comme vivant à Ploubalay (extrait du t. V de la Vendée Militaire, édition Drochon, p. 223) :

« André-Jean Le Séchère, capitaine, deux blessures, un an d'emprisonnement pour la cause. Paysan ayant bien servi dans les deux guerres ».

« Guy Josselin, capitaine dans la division de Dinan de 1794 à 1796, membre du Conseil ».

Les 4 et 6 fructidor an VII, Claude Ohier et Christophe Tardivel, ex-chouans, reçurent un sauf-conduit et acte de leur soumission. (A. Lemasson).

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