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Plougonven : monuments mégalithiques et divisions anciennes. |
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Plougonven dépendait autrefois de l'évêché de Tréguier et de la sénéchaussée de Morlaix-Lanmeur. C'est aujourd'hui la plus vaste commune de l'arrondissement de Morlaix (Finistère) ; avec ses 6932 hectares, elle dépasse en superficie son chef-lieu de canton, Plouigneau, qui n'en compte que 6373. Son territoire mesure 14 kilomètres à vol d'oiseau dans sa plus grande longueur, de Prat-ar-Feunteun, près du pont de Bohast, au village de Kerbiquet, sur les confins de Scrignac, et 6 kilomètres dans sa plus grande largeur, du moulin Cusuillec, presqu'à l'origine du Jarlot, à la montagne de Lannéanou.
Il est entièrement compris, au Nord, à l'Est et à l'Ouest, entre la rivière du Jarlot, et son affluent tout aussi important du Tromorgant, qui viennent confluer à l'extrême pointe de la commune, en face de Berlinga. « A ces deux rivières, écrit Pol de Courcy, promenant gracieusement leurs nombreux méandres, se montrant et se cachant tour à tour sous les buissons de saules et d'aunes, viennent se joindre mille petits ruisseaux qui jaillissent de chaque creux de rocher et gazouillent, comme une nichée d'oiseaux, au fond de chaque ravin » (Bretagne Contemporaine, Finistere, p. 61).
Le Tromorgan sépare Plougonven de Plouigneau, puis de Lannéanou, et vient chercher sa source dans la fontaine publique de ce dernier bourg que contournent de près les limites communales. Elles atteignent, près de la hauteur dite du Télégraphe, un affluent naissant de l'Aulne, et descendent avec lui, en s'infléchissant au Sud-Ouest, à travers la montagne d'Arrée, jusqu'au moulin de Troglos. Là, au milieu d'âpres solitudes, finit le Tréguier et commence la Cornouaille.
Coupant les garennes marécageuses de Keranfors et de Lanvouëdic, la frontière de Plougonven côtoie Scrignac et tourne court au pied des rochers du Cragou, « ces grands schistes abrupts aux profils étranges, sorte de caravane, de procession de roches qui semblent s'acheminer à la file, dans la direction de l'Ouest, vers la mer » (Anatole Le Braz, les Saints bretons d'après la tradition populaire. Annales de Bretagne, IX, p. 252) et qu'on a comparées aussi à de l'écume pétrifiée. De ce point, les limites remontent droit au nord, franchissent, les tourbières du Bouillard, longent le terroir de Kermeur, vert et plantureux dans son cadre de landes mornes, comme une oasis en plein Sahara, et rejoignent le Jarlot presqu'à sa source, à Milin-Cusuillec, pour le suivre désormais, en bordant les communes du Cloître et de Plourin, jusqu'au joli carrefour de vallées où les eaux brunes de son tributaire le Tromorgant viennent enfler les siennes.
Au point de vue orographique, la commune de Plougonven constitue un immense plateau triangulaire, adossé à la chaîne de l'Arrée et s'abaissant du Sud au Nord, par paliers successifs, des crêtes abruptes du Télégraphe (295 et 282 mètres) et de Goariva (294 mètres) à la butte de Bohast, (74 mètres) où la route de Morlaix dévale en cicuitant dans la vallée du Jarlot. On peut noter les cotes intermédiaires de 129 mètres à Croajou-Men, de 144 mètres à Keranogant, de 168 mètres aux Justices près du bourg. Après celui-ci, posé au rebord d'une terrasse élevée de 176 mètres, qui domine le cours supérieur du Tromorgant, l'altitude du plateau subit une chute passagère, et tombe à 147 mètres près du manoir de Mezédern, mais pour remonter rapidement aux cotes 202 (Trélesquin) et 230 (Beuzidou), contreforts avancés de la montagne d'Arrée, dont on voit onduler au-delà les sommets violâtres.
Un gros ruisseau nourri par quatre branches qui drainent les eaux des prés de Roudoufily, des étangs de Penarstang et du Cosquer et des garennes escarpées de Goasanvouez, coupe obliquement le territoire de la commune de sa coulée peu profonde, pour aller grossir le Jarlot au moulin de la Tour, dans un site pittoresque. Le Tromorgant reçoit aussi un mince sous-affluent, qui s'échappe de la fontaine consacrée de Saint-Eutrope, au bourg du même nom, forme l'étang de Rosampoul et va confluer au moulin de Kergréach.
Les continuateurs d'Ogée notaient, vers 1845, à l'article Plougonven, que « l'agriculture n'est pas très heureuse dans ce pays, encore bien qu'elle ait la ressource des engrais de mer. Généralement, ajoutent-ils, le blé que fournit la commune suffit à peine à nourrir ses habitants, qui dans les mauvaises années sont contraints d'en acheter sur les marchés voisins. En revanche, les cultivateurs se livrent avec un certain succès à l'élevage des chevaux, boeufs et porcs » (Dictionnaire d'Ogée éd. Marteville. II. 237). Depuis, cet état de choses, qui tient essentiellement à la nature du terrain, fertile dans la partie nord et surtout la section de Saint-Eutrope, ingrat, argileux et pierreux dans les cantons confinant à la montagne, a éprouvé de sérieuses améliorations. On a défriché des landes, créé de belles prairies, augmenté notablement le rendement des terres à blé, multiplié les fruitiers et les pommiers à cidre. L'élevage est particulièrement florissant, et il se tient au chef-lieu communal, ainsi qu'à Saint-Eutrope, des foires très suivies.
La route de Morlaix à Callac traverse la commune dans toute sa longueur. Elle semble s'être superposés à une ancienne voie gallo-romaine qui reliait l'oppidum nommé par quelques-uns Julia, par d'autres Mons Relaxus, d'où Montroulez et Morlaix, à l'établissement du Vieux-Bourg de Quintin. Transformé en route départementale, ce chemin a perdu tout caractère ancien, sauf entre Plougonven et Lannéanou, où la vieille chaussée, courant à l'Est de la voie actuelle, montre quelques tronçons herbeux encore renforcés d'un grossier pavage dont il serait bien malaisé d'établir l'origine et la date précise. Une autre voie antique coupe de l'Ouest à l'Est la partie Sud du territoire ; c'est le Hent-Leonnec (Chemin léonard) ainsi nommé dans des titres du seizième siècle, qui, par le Vieux-Marché, Guerlesquin, Lannéanou, l'abbaye du Relecq, Plounéour-Ménez et Commana, mettait en communication le Bas-Léon et la Cornouaille avec l'évêché de Tréguier.
Des occupations primitives du sol, il subsiste à Plougonven quelques-uns de ces monuments mégalithiques que la science a cessé d'attribuer aux Gaulois pour y voir l'oeuvre d'une race préhistorique dont on ne sait rien par ailleurs. Il y a un beau dolmen à demi détruit sur les hauteurs de Cosquer-Dolzic, deux menhirs à Kerglas, deux grands tumulus à Goasvalé, un autre moins considérable à Kerandra. L'époque gallo-romaine n'a laissé, semble-t-il, aucun vestige reconnu jusqu'ici dans la commune, si ce n'est cette curieuse sépulture trouvée en 1840 sur un point indéterminé, et qui contenait cinq statuettes égyptiennes, dont trois sont au musée de Quimper. C'étaient, suppose-t-on, les fétiches d'un soldat africain enrôlé dans l'armée romaine et qui s'en est venu mourir sous le ciel brumeux des Cimmériens.
La population de Plougonven est de 4121 habitants, dont 800 environ agglomérés au bourg. En 1778, le dictionnaire d'Ogée lui attribuait, 3000 communiants, (gens en âge de faire leurs Pâques) soit en tout 3600 âmes approximativement.
La toponymie de la commune offre quelques noms intéressants. On y rencontre Lezveuz, (la cour du buis), la Boissière ou ar Veuzit, Beuzidou ou les Boissières, désignations qui situent très souvent l'emplacement de villas gallo-romaines, autour desquelles le buis était employé comme arbuste d'ornement. Prés de Saint-Eutrope, le village de Kerstrat (le lieu de la chaussée) jalonne un vieux chemin qui semble, par les bourg de Plourin et de Plouigneau, relier les deux voies de Châteauneuf-du-Faou à Morlaix et de Carhaix à Lanmeur. Ar Vouden (la Motte) et la Tour signalent un groupement d'ouvrages fortifiés, à proximité de la voie de Morlaix à Callac. Questel (les châteaux) Quistillic et Castel-an-Tour ont peut-être une origine du même genre. La Forest, sur la route de Plourin, marque l'extrémité Nord-Est des grands bois de Bodister, en Plourin, dont les taillis s'étendent encore jusqu'au vieux château de Disquéou. Ty-Avellec (la maison venteuse), est perché sur le flanc ouest, du Ménez-Goariva, dans une situation des mieux aérées. Moguérou (les murailles) peut avoir été bâti sur d'antiques ruines.
La paroisse était jadis partagée en neuf fréries : le Bourg, Kerhervé. la Forest, Kerangueven, le Duc, l'Abbaye, Quilliou, Kermorvan et Kervigaouez. Toutes portaient le nom d'un de leurs principaux villages, sauf celles du Duc et de l'Abbaye, ainsi appelées parce que, composées en majeure partie des terres vagues de la montagne, elles dépendaient, l'une du duc de Bretagne, puis du roi de France, l'autre du monastère du Relecq, (en Plounéour-Ménez) qui accordaient aux riverains l'autorisation d'y faire des défrichements, moyennant le paiement du droit de champart, à la 6ème gerbe. Sous la Révolution, on supprima ces deux dernières fréries, à cause de la tare féodale et religieuse qui s'attachait à leur nom. Elles ont revécu depuis, au nombre des sept sections actuelles. (L. Le Guennec).
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