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L'église Saint-Eutrope de Plougonven.

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Aux issues du parc, on parvient au bourg trévial de Saint-Eutrope, encadrant de ses maisons blanchies use place en pente au nord de laquelle s'élève l'église. Cette église est, comme je l'ai dit par ailleurs, une fondation des seigneurs de Rosampoul, et on y lisait autrefois cet écrit qui résume son histoire /

« Mémoire de la construction de l'église de Saint-Eutrope.

En l'an 1442 fut la chapelle de Monseigneur Sct-Eutrope faicte et édifiée par nobles personnes Maurice de Kerloaguen et Louise Bechete, (sic) fille du seigneur des Landes au pays de Sainctonge, sa femme espouse, seigneur et dame de Rosampoul, en leurs terres et héritage.

Le 12ème jour de janvier 1451 fut ladicte chapelle avec le cymittière d'icelle benoiste par Révérend Père en Dieu Messire Jehan de Ploec, evesque de Tréguier.

Le 2ème dimanche d'août, 1451 fut ladicte chapelle dédiée par R. P. en Dieu Jehan de Quoatquis, evesque de Tréguier.

L'an 1650, ladicte chapelle fut érigée en treffve par l'Illust. et Révérend Baltazar Grangier, evesque et compte de Tréguier, à la poursuite et requeste de Messire François du Parc, chevalier, et Marie Le Duc, sa compagne, seigneur et dame de Kergadou, Rosampoul, conseiller au Parlement de Bretagne ... » (Archives du Finistère, 242 G. 2).

Les titres du gouvernement de Saint-Eutrope sont conservés aux Archives départementales sous les cotes 242 G. 1, 2 et 3. Ils ont malheureusement perdu leurs pièces les plus précieuses, une bulle de 1454 accordant 40 jours de pardon aux visitants et une autre bulle de 1474 « estant sur une grande peau de parchemin, scellée de grands sceaulx garentis de fer d'Alemaigne » accordant 100 jours d'indulgence lors de diverses fêtes à ceux qui visiteront la chapelle vere penitentibus et confessis. Pourtant, il subsiste encore de nombreux actes concernant les libéralités pieuses des seigneurs de Rosampoul et le bien-fondé de leurs droits de fondateurs. J'en ai extrait quelques noms de gouverneurs et de chapelains.

Philippe du Méné, gouverneur en 1502. — Hervé Larcher. id. 1518. — Jehan Rosampoul, chapelain, 1540. — Yves Guéguen, id. 1540. — Jullien Bourven id. 1542. — Yves Lachiver, gouverneur 1543. — Jean Larcher. id, 1569. — François Thépault, id. 1598. — Pascot Guéguen, id. 1600. — Charles Salvar, prêtre de Cornouaille, id. 1607. — Guillaume Prigent, chapelain, 1609. — Pierre Paul, gouverneur, 1610. — de la Tour, id., résigne en 1672. — Rolland Le Lay, chapelain 1688. — Clech, recteur de Pleumeur, id., 1700. — Bodou, gouverneur, 1703. — Joseph du Parc, clerc tonsuré, id. 1716. — René Gabriel Le Rouge de Guerdavid, id. 1739. — Jean-Marie Allain, id. 1746.

Curés depuis l'érection en trève : Pierre Paul, 1651. — Hervé Crassin, 1663. — Claude Le Gall, 1685. — Jean le Gorrec, 1686. — Henry Logeat, 1690. — Alain Le Dilacer, 1719. — Pierre Le Pape, 1727. — Laurent André, 1732. — G. Gestin, 1734. — L. Martin, 1760. — Yves-Marie Le Disez, 1784. — Yves-Marie Le Huérou, 1791, insermenté.

J'ai déjà relaté par ailleurs l'érection en trève de la chapelle de Saint-Eutrope, le 8 janvier 1651. Quelques lettres adressées au recteur par M. François du Parc, seigneur de Rosampoul, témoignent combien cette affaire lui tenait à coeur. Les cérémonies furent faites avec une bannière et une croix d'emprunt, le brodeur et l'orfèvre n'ayant pu livrer leurs travaux à temps. Pour remercier Missire Jean le Bihan, recteur, de ses bons offices. M. du Parc fit annexer à son bénéfixe, en 1657, l'une des chapellenies dépendant de Rosampoul. « Je voudrois que les fruicts de ladite chapellenie, lui écrit-il aimablement, fussent de plus grande valeur qu'ils sont pour l'estime que je fais de votre personne ».

Le procès verbal des prééminences de l'église de Saint Eutrope, dressée en 1679 (Archives du Finistère. A.19) nous décrit l'ancien état de cet édifice avant sa reconstruction au XVIIIème siècle. Dans la maîtresse vitre, on voyait les armes de Bretagne et celles des Le Lévyer de Rosampoul : d'argent à la fasce d'azur surmontée d'une merlette de même et accompagnée de trois trèfles de gueules. Au milieu du choeur s'élevait une tombe haute « sur la table de laquelle est une figure de cavalier couché en habit d'arme » armoriée des armes des du Parc (d'argent à trois jumelles de gueules, une étoile d'azur en chef) et alliances. Le choeur contenait deux bancs dépendant de Rosampoul et une fenêtre revendiquée par le sieur de Goasvalé comme ayant été donnée à son père par le sieur du Parc Kerhadou (ou Kergadou).

Messire Hervé Crassin, curé, déclara au commissaire qu'il ne connaissait d'autre fondateur que le sieur de Kerhadou du Parc et récitait à son intention les prières nominales. A droite du choeur était l'autel de Sainte Magdeleine, avec une fenêtre contenant le blason de Kerloaguen, d'argent à l'aigle éployée de sable becquée et membrée de gueules, également sculpté sur le piédestal des statues de Sainte Anne el Sainte Magdeleine. Plus bas, dans la nef, l'autel Notre-Dame de Délivrance, voisin d'une statue de Saint Ronan, était éclairé par une fenêtre armoriée des armes alliées de Kerloaguen et de Coatanscour(d'argent au chef endanché de gueules), dépendant de la terre de Lesven. Plus bas encore, une petite baie à une rose et deux panneaux offrait les débris d'un écusson indistinct.

A gauche du choeur se trouvait l'autel de Saint Nicodème, dont la vitre contenait les armes des seigneurs de Kerdréoret du nom de Kerret : d'or au lion de sable coticé de gueules, alliées à celles des Kermerchou. Le baldaquin de bois des fonts était décoré des armes des du Parc, et au dessus de la grande porte, il y avait un écusson sculpté en granit, aux armes pleines de Kerloaguen.

Tombants de vétusté à la fin du XVIIIème siècle, l'église de Saint Eutrope fut démolie vers 1780, et le service religieux transféré provisoirement à Saint-Albin. On avait demandé un beau plan de reconstruction à l'habile architecte qu'était M. Besnard, ingénieur de la province, mais on ne se hâtait guère de commencer les travaux, et pour stimuler le zèle des tréviens, l'évêque dut menacer, en juillet 1782, d'interdire Saint Albin si, dans un an, les murailles de la nouvelle église ne s'étaient pas élevées à six pieds au-dessus du sol. Le registre des délibérations du corps politique (1782 à 1790) (Archives de la mairie de Plougonven) est presque uniquement consacré à cette importante question. M. du Parc avait promis 300 livres payables le jour de la pose de la première pierre, et fait couper 101 chênes du placître pour fournir le bois nécessaire, mais ces arbres pourrissaient sur place, faute d'être utilisés. Les ressources de la trève étant plus que modiques, on fit subir force retranchements au plan de M. Besnard, et le sieur Toscan, entrepreneur, se mit à l'ouvrage en 1784. Le 17 mai 1789, le gros oeuvre était terminé, la toiture posée, et l'on procédait à l'adjudication du pavage de l'église en pierre de Locquirec. Le 2 février 1792, la construction du mur du cimetière avec ses 5 escaliers à 2 marches fut adjugée à Yves Marec et Hervé Lazou.

L'inventaire des effets de l'église, dressé le 27 fructidor an II par le maire et les officiers municipaux de Plougonven, énumère 2 calices d'argent dont un doré, un soleil sans siegle (pied) et un ciboire d'argent, 5 missels, 2 graduels, 2 rituels, un vespéral, 11 pots à fleurs, les reliques de Saint-Eutrope montées en argent, 2 lampes, une croix et une statuette de la Sainte Vierge un argent, 2 bannières, un encensoir et 5 flambeaux de cuivre, 11 jasubles, 4 tuniques, 6 chapes, 5 aubes, 4 devants d'autel, un lutrin au chœur, etc. (Archives du presbytère). En 1795, l'abbé Yves Morvan officia quelque temps à Saint Eutrope, qu'il dut abandonner bientôt. Après le Concordat, cette église fut desservie par un simple chapelain, encore fort irrégulièrement. En 1834, l'abbé Caroff y assurait le service divin. La fabrique de Plougonven émet en 1838 un voeu pressant tendant à son érection en succursale, qui semble s'être fait attendre encore plusieurs années.

Restaurée assez récemment, l'église de Saint Eutrope est d'une grande simplicité de lignes ; son clocher pourtant, conçu dans la bonne tradition bretonne, la relève par sa flèche, son double beffroi et sa galerie à balustrade de pierre. Il porte cette inscription en langue bretonne, abritée sous une corniche très saillante :

AR : BROVIDANC : DRE : LARGUENTE

HO : FOURNISSAN : ER : BAOURENTE

GANT : AR : CHARITE : UNISSET

E : DEUS : AN : ILIS : MAN : SAVET.

1785

La Providence par sa largesse — Fournissant à la pauvreté — Et s'unissant à la charité, — A élevé cette Eglise.

Au maître autel, statues de Saint-Eutrope en évêque, bénissant, et de Saint-Joseph. Les autres images en vénération sont Saint-Trémeur, portant sa tête entre ses mains — Vierge-Mère gothique — Saint-Yves tenant un rouleau de papier et une bourse — Sainte Anne — 2 saints évêques bénissant (probablement Saint-Maudez et Saint-Ronan) — jolie Sainte Marguerite agenouillée sur son dragon — Vierge-Mère — et enfin un beau Saint Nicodème mutilé de sa main droite. Coiffé d'un chaperon à bords retroussés, il tient un livre à fermoirs. Une escarcelle, un encrier et une écritoire ciselés avec soin dans tous leurs détails sont suspendus à sa ceinture. Deux petits bénitiers gothiques en pierre se voient dans les chapelles latérales. Près de la porte ouest, au bas de la nef, une dalle tumulaire offre un blason à demi-effacé, où j'ai déchiffré un coupé au 1 de Kerloaguen, au 2 de Garspern, parti de Le Saux (sept mâcles). Ce sont les armes de Pierre de Kerloaguen, seigneur de Rosampoul, et de sa femme Louise Le Saux, dame de Pratanros, mariés avant 1500.

Il y a quelques années, on voyait dans le cimetière l'ancien tombeau des du Parc de Rosampoul, retiré du choeur de l'église pendant ou après la Révolution. Ce mausolée avait été érigé par François du Parc, conseiller au Parlement, à son père Yves du Parc, sieur de Kergadou et de Garspern, maire de Morlaix en 1615, époux de Françoise Huon, mort en 1641 et enterré d'abord à Plougonven. Lorsque François du Parc eut acheté Rosampoul, il fit transférer à Saint Eutrope les restes paternels et les couvrit d'une belle tombe seigneuriale.

Ce monument a été transporté en 1913 au musée de Quimper par les soins du vicomte G. du Parc, châtelain d'Herzèle (en Belgique), chef, au début du XXème siècle, de la famille et descendant direct dudit Yves du Parc. La statue tumulaire offre de grands rapports avec celle de Jacques Barbier, sieur de Kernao, exécutée en 1638 par Rolland Doré, sculpteur à Landerneau, et doit provenir de son atelier. Elle porte une armure complète, cuirasse, épaulières, brassards, cuissards composés de lames nombreuses, genouillères et grèves. La tête seule est nue et repose sur un coussin. Une longue rapière suspendue au flanc gauche du gisant a sa garde couverte d'un grand écusson blasonné aux trois jumelles brisées d'une étoile des du Parc-Le Bervet. Sur les côtés de la tombe, d'autres écussons en bannière, entourés du collier de Saint-Michel, sont chargés des armes du Parc alliées ou écartelées avec celles des Huon (trois chevrons brisés d'une fasce), et des Le Duc (trois étoiles).

Vers 1864, il y avait près de cette tombe une vieille dalle armoriée portant deux écussons, l'un de Kerloaguen mi-parti d'un vairé, l'autre une croix cantonnée de 4 étoiles (Keraudren ?) mi-parti d'un lion. Je n'ai pu la retrouver. L'ancienne croix a également disparu ; elle avait été sculptée, selon marché de 1655, par Jean Le Bescond, architecte et tailleur de pierre à Landerneau, qui l'avait ornée des statuettes de la Ste Vierge, St-Jean, St-François, St-Yves et St-Eutrope (Archives da Finistère 242 G 3). Cette dernière seule existe encore, logée dans une petite niche à l'Est de l'enclos. La croix actuelle date de 1847.

Au bas du bourg, près de la route de Plougonven, coule la fontaine consacrée sous un bel édicule de granit à pignons aigus. Au dessus de la piscine, un écusson porte l'aigle héraldique des Kerloaguen ; une croix de pierre couronne le fronton Nord et offre à son avers une statuette de Vierge-Mère. La niche qui abritait celle du saint patron est aujourd'hui vide. On vient à Saint-Eutrope de tout le pays de Tréguier afin de se guérir de l'enfle (hydropisie), et l'on en emporte de l'eau pour les malades.  (L. Le Guennec).

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